“It's not enough to be up to date, you have to be up to tomorrow.”
Elle roula des yeux en l'entendant parler de la poubelle télévisuelle. Elle savait que regarder la télévision était un fléau. Elle savait même que parfois, elle perdait quelques neurones. Mais, la télévision lui avait sauvé pas mal de soirées de célibataire. Elle ne les comptait plus les soirées, calée sous un plaid, un pot de glace sur les genoux, et le regard rivé sur le trône du salon. Elle avait ri. Elle avait juré. Elle avait pleuré ; il faut bien l'avouer. Mais la télévision lui avait sauvé pas mal de soirées. Un rire amusé s'échappa de ses lèvres quand elle entendit ses propos et vint aussitôt plaquer sa main contre ses lèvres, comme pour étouffer son éclat de rires. Les yeux encore mouillés et brillants à cause des larmes qui avaient coulés, elle avait les joues rosies et un fin sourire au bord des lèvres. Une montagne de sentiments avec lesquels elle apprenait à jongler. On lui avait dit que cela allait être difficile, qu'elle allait devoir passer par quelques montagnes russes avant de trouver son équilibre. « Il ne faut pas chercher à comprendre le délire, d'ailleurs je ne suis pas certaine qu'il y ait un concept. C'est ça qui est bien. Tu peux mettre ton esprit sur pause pendant quelques heures … et puis, tu peux même t'en servir comme étude sociologique si tu en as le besoin. » qu'elle dit avec entrain. Le duo retrouve alors place sur le canapé et elle se jette immédiatement sur son thé dont elle boit aussitôt une longue gorgée. Il est moins brûlant, juste parfait selon elle. Se redressant, elle tendit le bras pour saisir le sceptre, la télécommande et s'occupa de trouver le canal qu'elle cherchait. De son autre main, elle lui tapota la cuisse : « Ta vision de l'humanité va être à jamais modifié, Tim. Prépare-toi. » Elle dit cela avec un sourire en coin bien que son ton est celui d'une personne sérieuse. C'est ainsi qu'ils passèrent les prochaines minutes. Elle jettait parfois quelques coups d'oeil à Tim, qui avait des airs complétement perdu. Sans doute était-il en train de découvrir un autre monde. Mais elle avait prévenu. Sa vision de l'humanité serait à jamais modifié. « Merci au fait --- » qu'elle souffle soudainement pendant les publicités. « --- je suis devenue une pompe à hormones, et je chiale pour un rien. Merci de ne pas te laisser démonter par mon côté drama queen du moment. » Elle lui adresse une moue désolée, en haussant les épaules d'un air innocent. Oui, elle était vraiment une pompe à hormones, comme quoi il ne fallait pas être enceinte pour se faire démonter par les hormones. « Alors, ton avis sur ce bijou télévisuel? Tu as le sentiment d'avoir loupé quelque chose jusque là ou alors tu viens de te rendre compte que c'était peut-être mieux avant de regarder cette poubelle télévisuelle ? » Elle émit un petit rire amusé, impatiente de connaître l'avis de son ami sur cette émission de télé-réalité ridiculement pathétique.
Timothy n'est franchement pas convaincu d'avoir raté des années dorées de l'histoire télévisuelle en se retrouvant scotché devant de telles ignominies. Il est fort probable qu'il n'y comprenne rien: on parle tout de même d'un garçon qui a plus ou moins trente ans de retard en termes de relations humaines. Il n'a pas tout à fait les codes intégrés au fond de son crâne et voir des gens se comporter comme des goujats ne risque pas de l'aider à les obtenir par ailleurs. De toute évidence, Decastel est beaucoup trop gentil pour trouver un attrait particulier au concept. Il a beau être souvent fatigué à cause de ses différents emplois dont celui de père célibataire, il n'est pas sûr de pouvoir débrancher son cerveau suffisamment longtemps pour trouver une quelconque addiction en allumant son poste de télévision. Pourtant, Niamh lui narre à quel point cette idée l'a aidée par le passé, comme quoi chacun a ses préférences quand il est question d'éteindre le flot de ses pensées. Pour Timy, il est plutôt question d'aller se perdre dans un jardin, voire de planter et découvrir de nouvelles variétés de fleurs, il est très loin de se contenter de la télévision pour se sentir mieux. Il l'a d'ailleurs acquise seulement récemment et il ne l'allume pas beaucoup, se disant qu'il le ferait surtout lorsque les jumeaux auront l'âge de lui demander des programmes qui leur conviennent. En plus, il vérifie toujours âprement ce qu'il regarde alors, les petits ne feront pas tout ce qu'ils veulent devant ce genre d'objets. "J'ai pas cette ambition. J'ai à peine le bac, tu sais." Oh que non, Tim n'est pas le genre de garçons qui a fait de longues études et qui prendraient des notes des heures durant pour tâcher de comprendre l'espèce humaine. Il préfère ne rien savoir la majorité du temps, c'est quelque chose qui le conforte, rester ignorant et ne pas trop s'incruster dans les habitudes du peuple. Il a déjà du mal à se supporter lui-même alors, il s'attend au pire quand Niamh lui demande s'il est prêt. Il n'a pas l'air de l'être beaucoup clairement mais il laisse la jeune femme allumer la télévision et il se retrouve de longues minutes devant des dialogues qui n'ont aucune cohérence pour lui, autant dire qu'il fronce les sourcils la majorité de l'émission. "Je pleure plus que toi, je suis sûr alors t'inquiète pas pour ça." Il n'a pas tellement l'excuse des hormones de son côté, ce qui empire nettement sa situation mais Tim est juste sensible, allez savoir si c'est un vrai défaut. Au moins, le français pense qu'il n'est pas aussi stupide que ces gens-là. "C'est affreux ce que tu me fais regarder. J'ai envie de m'arracher les yeux et les oreilles. J'envisage même de jeter ma télévision, ça évitera que les jumeaux finissent devant ce genre de stupidités." Il a tellement envie de les préserver, ces petits bouts, mais Tim a conscience que le monde a changé, que ce qu'il a vécu de difficile pourra devenir un véritable calvaire pour la génération actuelle. Et il a peur, très peur. "J'ai pas envie que mes enfants deviennent aussi idiots. Ca me fait très peur, tout ça." Sa sensibilité, à nouveau alors qu'il est tout crispé dans son coin de canapé. Pourvu que ce mal n'atteigne pas Gabriel et Willow, Tumothy n'y survivrait pas.
“It's not enough to be up to date, you have to be up to tomorrow.”