L’octopus ouvre ses portes et, si je fais abstraction du froid polaire qui régnait jusque là avec mon complice - nous nous sommes disputés et nous ne nous ressemblons plus ces derniers jours, je parviens à ressentir l’excitation de l’inauguration. Une excitation  qui m’a poussée à oublier que nous étions en froid et à attraper ses doigts entre les miens quelques minutes plus tôt. Ou bien était-ce de le voir, de lui parler, et d’être si proche de lui alors qu’il n’a pas dormi au loft depuis quelques jours. Je l’ignore, ce que je sais, c’est qu’il ne m’a jamais autant semblé si séduisant que ce soir dans son costume trois pièces. Ce que je sais aussi, c’est qu'il a mis les boutons de manchette que je lui ai offerts, et que je porte la paire de boucles d’oreille gravée à la date de notre nouveau départ, son présent pour mon anniversaire. C’est assez pour que j’espère une trêve. C’est assez pour que je m’accroche à l’espoir que, ce soir, il me rejoindra et me tiendra contre sa peau, plutôt que de dormir seul sur le bateau ou au studio, loin de mes bras.

L’octopus est son idée et notre œuvre. L’octopus a été rénové avec goût et sous mon giron pendant qu’Amos s’occupait de tout ce qui avait trait au jeu et à la sécurité. Les sous-sols, ceux-là même qui accueilleront le QG du Club, mon organisation, sont inaccessibles à toute personne n’appartenant pas à l’organisation et hautement sécurisés. Des sprinkleurs installés pour noyer la poudre en cas de contrôles aux coffres forts en titane en passant par les dizaines de caméras installées dans toutes les pièces, toutes les nouvelles installations feraient passer Mitchell et son bar clandestin pour des amateurs. Le système pensé par Amos pour blanchir l’argent et rémunérer grassement les équipes est d’une ingéniosité que l’ancien boss du Club ne possédait pas et, ce soir, ce n’est plus à propos de lui. L’américain appartient au passé et l’Octopus représente le futur de l’organisation. Je représente le futur de l’organisation, et je suis dévorée par la fierté.

Avec Alec derrière les fourneaux, les petits fours distribués aux invités de l’inauguration sont parfaitement exécutés et le champagne coule à flot pour encourager les clients à dépenser leur argent sur les tables de Poker ou les machines à sous. Ce qui se joue sous la surface ou dans les salons privés, ils ne s’en doutent même pas et, moulée dans ma robe argentée, j’observe avec satisfaction ces inconnus qui jouent, qui commandent au bar ainsi que mes équipes. Amos est occupé plus loin à serrer des mains et, si je sais qu’il déteste les bains de foules, il est pourtant doué dans l’exercice. Je me perds trop souvent à l’observer, je me perds trop souvent à le désirer mais, sur l’heure, occupée à discuter avec Sasha, je suis plus concentrée. « Je t’avais dit non, qu’il y avait un plan pour l’après ? » Une flûte de champagne entre les doigts, mon sourire crie ma suffisance. « Et t’as même pas eu à prospecter comme un agent immobilier. » Je houspille la brune, mais je dois admettre que jusque-là, elle joue son rôle d'hôtesse chargée d'accueillir les invités à merveille.

Pas de réunion au sous-sol ce soir. Pas d’affaire sombre sous la surface puisque, la veille, j’ai déjà réuni les équipes dans l’espace qui nous est réservé, j’ai exposé le mode de fonctionnement qui devient le nôtre, j’ai renfloué les dealeurs et attribué sa mission à chacun. Ce soir, ceux qui veulent jouer jouent, c’est aussi simple que ça. Plus tôt, avant que les portes n’ouvrent, j’ai posé ma main entre les deux omoplates de Stacey pour la rassurer, alors qu’elle s'installait derrière l’une des tables de jeu. Je suis passée par les équipes pour saluer Alec, Byron, et le reste des employés du restaurant. J’ai échangé un mot ou deux avec Geo, concernant les équipes de sécurité, pour leur donner des consignes pour la soirée. Maintenant, je profite. A présent que la fête bat son plein, j’observe, je discuter avec les uns et les autres, j’adresse des sourires étincelants aux clients et un clin d’oeil à ceux que je reconnais, et je m'enivre de la réussite de l’inauguration autant que je m’enivre de pouvoir et de champagne.


@Amos Taylor
@Sasha Sinclair  
@Alec Strange
@Stacey Gallagher
@Byron Oberkampf  
@Geo Caulfield
& tout ceux qui veulent
Have fun  

Il y a de la nervosité dans les gestes que j’exécute alors que je m’apprête à quitter la maison familiale en direction du casino. Ma petite sœur le sent très bien puisqu’elle vient m’interroger à ce sujet. Je lui souris alors, cherchant à retrouver un peu de contenance pour lui prouver que je ne suis pas du tout stressée par ce nouveau boulot qui m’attend. Bien sûr, elle n’en connait que les contours, ne lui ayant pas expliquer dans le détail les réels objectifs de ma mission. Evidemment, Mila a dix sept ans, trouve ça trop cool que sa grande sœur bosse dans un casino et, qui plus est, qu’elle soit croupière. Elle en rêve presque, me demandant même si mon boss ne cherche pas à embaucher pour le weekend. Mon « non » sort un peu trop vite et est catégorique, lisant l’incompréhension dans les yeux de ma petite sœur. J’atténue vite les choses mais il est certain que jamais je ne la traînerai là-dedans. Je m’en veux déjà suffisamment de l’impliquer indirectement dans tout ça. Mais c’est aussi pour elle que je le fais. C’est pour elle que j’ai commencé à travailler pour le Club, c’est pour elle que j’ai accepté cette nouvelle mission, c’est pour elle que j’ai décidé de m’investir un peu plus dans l’organisation quand l’offre qui m’a été faite n’était pas négligeable. Financièrement parlant. Mais aussi concernant notre sécurité. Sa sécurité. J’ai fait ce choix en contrepartie d’en faire un autre qui m’a obligé à trahir celui qui m’a accueilli à bras ouvert dans le Club. Celui qui a toujours eu ce mot gentil à chaque fois qu’il me voyait derrière le comptoir du bar, celui qui avait toujours eu une oreille attentive à mon égard, soucieux que tout se passe bien pour moi. J’ai toujours vu le bon en lui alors que beaucoup n’y voyait que le mal. Mitch’ a su me mettre en confiance en se montrant bienveillant avec moi, ce qui a fait que j’ai toujours eu cette loyauté envers lui. Cependant, celle-ci a disparu à partir du moment où j’ai confirmé l’avoir vu et, surtout, à partir du moment où j’ai vendu sa planque. Et si j’ai fait ce choix, c’est uniquement parce que la proposition faite par Amos et Raelyn était bien trop alléchante pour que je passe à côté. Parce qu’il me fallait une solution concrète pour voir le bout du tunnel, ce tunnel bien sombre dans lequel je suis avec ma sœur depuis plus de six ans désormais. Alors, le prix a payé a été celui-ci et j’espère ne pas avoir à le regretter…

Arrivant au casino avant l’heure d’ouverture, c’est en cuisine que je me dirige. Peut-être pour retrouver une sorte de réconfort en allant voir deux personnes qui me sont proches. Mais aussi pour instaurer ce petit rituel que j’avais toujours dans les anciens locaux, allant saluer Alec et discuter avec lui avant mon service. C’était aussi l’occasion de retrouver Byron, avec qui j’ai lié une amitié depuis. Une amitié qui s’était créé principalement parce que je me joignais à lui pour légèrement chambrer Alec. Alors ce soir, quand je pénètre dans cette cuisine qui est à l’opposé de la précédente, je cherche avant tout Alec du regard, finissant par le voir un peu plus loin. Un mince sourire au bout des lèvres, je m’approche alors et il peut sans difficulté se rendre compte de mon appréhension.  Même si dernièrement, il y a eu une certaine tension entre nous, il sait trouver les mots et les gestes pour me rassurer. Je le remercie d’un sourire sincère, lui étant toujours reconnaissante pour tout ce qu’il a pu faire pour moi car c’est à lui aussi que je lui dois cette place au sein de l’organisation. Cette place qui m’a permis de m’en sortir davantage au quotidien avec ma sœur, sachant aussi bien me protéger elle que moi. Je lui souhaite à mon tour bonne chance et retrouve Byron avant de sortir « Qu’est-ce qui t’es arrivé ? » je lance les yeux écarquillés. Celui-ci a le visage sacrément amoché, je viens alors à l’observer sous tous les angles en écoutant son explication.

Le moment est arrivé. Celui de prendre place derrière la table de jeu. Je prends une profonde inspiration alors que je m’installe et sent alors une main rassurante sur mon dos. Celle de Raelyn, à qui je fais un grand sourire. J’observe les personnes qui se font de plus en plus nombreuses alors que les portes du casino sont désormais ouvertes. Les premiers joueurs arrivent. Je n’ai jamais été croupière, je ne connaissais rien de ce métier il y a encore quelques semaines de ça. Mais j’ai été formée, comme d’autres et je pense pouvoir m’en sortir malgré tout ce soir. Mais il y a l’appréhension de devoir gérer aussi quelque chose de plus gros, cette tâche qui m’a été donnée de faire partie de la mécanique du blanchiment d’argent, pour permettre au dealeur d’être payé à leur juste valeur, sans que rien ne puisse être démasqué. Tout a été pensé dans les moindres détails, tout est bien ficelé et c’est finalement cette nouvelle responsabilité qui m’a été confiée qui explique qu’en ce début de soirée, j’ai toujours ces mêmes gestes hésitants. Je repère alors Amos au loin et mon sourire est quelque peu crispé avant que je ne reporte mon attention sur la table de jeu. Je ne le vois pas alors approcher ce n’est que lorsque le son de sa voix me parvient aux oreilles que je viens à relever la tête « Tout va bien. Tu peux sourire, je te promets que tu ne resteras pas figée ». Ses mots sont rassurants et permettent de me détendre un peu, relâchant la tension que j’ai dans mes épaules. Entre deux battements de cartes, je lui réponds sur le même ton « Peut-être que ça m’aiderait au final », je lance alors non sans avoir ce fameux sourire au bout des lèvres. « L’appréhension du premier soir » j’ajoute alors qu’un homme vient alors à lancer une raillerie. « Tu ne la ressens pas, toi ? ».

Je pousse un grognement en constatant qu’il est presque l’heure de partir pour l’inauguration de l’Octopus, le nouveau casino de la ville. Je ne peux pas dire que j’ai particulièrement envie de sortir ce soir, mais je me fends le cul à y aller quand même. Pour ma sœur Stacey, parce qu’elle est toujours là pour moi quand j’ai besoin d’elle – et même quand je n’en ai pas besoin. C’est grâce à elle si j’ai décroché mon emploi au St Vincent's Hospital, c’est donc tout naturel que je sois présent pour elle pour l’encourager à son premier jour de travail. Qui plus est, je sais que ça me fera le plus grand bien de sortir après avoir passé un mois enfermé entre quatre murs à cause de ma commotion cérébrale. Aussi bien en profiter pendant que Maddox est avec Danika, sa mère. Mon téléphone vibre dans ma poche tandis que je boutonne ma chemise et je lève les yeux au ciel lorsque je constate que c’est Mila qui m’appelle. Je mets mon téléphone sur main libre et je le dépose sur l’évier pour pouvoir continuer de me préparer. « C’est non, pas la peine de gaspiller ta salive. » Mais elle rouspète, des fois je me demande si elle a bien dix-sept ans ou si elle en a dix. Elle tente de me convaincre de la laisser venir au casino avec moi en me sortant l’argument qu’elle sera en âge d’y aller dans quelques mois à peine de toute façon, donc que le staff n’y verra que du feu si je lui fais des fausses cartes, mais c’est non. Et même si j’avais voulu, autant dire que je n’ai aucun talent en découpage, elle n’aurait jamais réussi à franchir la porte. « Fuck, je passe dans un tunnel, je vais te perdre. Bye Mila! » Je fais des bruits de bouche sans même essayer d’avoir l’air crédible et je raccroche.

Je gare ma moto à proximité du casino et je constate qu’il y a déjà pas mal de monde qui attendent en file pour entrer. Les portes viennent à peine d’ouvrir, je suppose, parce que les gens commencent lentement à avancer. Je suis la file jusqu’à ce que mon tour d’entrer arrive. Lorsque je franchis finalement les portes de l’Octopus, je me promène un peu pour visiter, jusqu’à ce que j’aperçoive au loin ma sœur à une table de jeu. Elle semble particulièrement stressée, mais comme il s’agit de sa première journée dans ce nouveau poste, je mets la faute là-dessus sans me douter qu’elle aussi me cache une partie de sa vie. Comme Danika avec les combats illégaux. D’un pas décidé, je m’approche de @Stacey Gallagher au même moment qu’un autre homme que je n’ai jamais vu auparavant. J’hésite à aller les voir, ne souhaitant pas causer du tort à ma sœur pendant qu’elle travaille. Je décide toutefois d’y aller, quitte à ne lui dire que bonjour et à la laisser tranquille par la suite. En arrivant près d’eux, je pose une main dans le dos de ma sœur en lui souriant. « Hey sis’. » Je lève la tête et j’observe les alentours en acquiesçant d’un mouvement de tête. « C’est pas mal comme endroit. » dis-je avant de rapporter mon attention sur @Amos Taylor qui, je suppose, doit être un employé du casino également. Je lui tends une main en le scrutant attentivement. « Lawrence, son frère. »

Alec m’avait averti de l’ouverture à venir du casino, un lieu qui paraissait anodin et qui pourtant allait abriter les activités du Club, devenant ainsi le nouveau QG de l’organisation. Il avait l’opportunité d’avoir à nouveau son restaurant et de faire ainsi ce qu’il aimait le plus. Quelque chose qui d’ailleurs semblait lui redonner un peu de baume au cœur après les récents événements survenus au sein du Club. Cette organisation à laquelle il appartenait, cette vie qu’il a choisi et que j’ai choisi d’accepter en étant avec lui. Une vie à laquelle il ne souhaitait pas me mêler, préférant que notre relation reste secrète aux yeux de ceux avec qui il travaillait. Pourtant, l’inauguration de l’Octopus allait m’obliger à me rendre sur place le jour J. Sans grande surprise, ma rédactrice en chef m’a mise sur le dossier, me demandant de couvrir l’événement afin d’écrire un article pour le Brisbane Times. Ainsi, Alec et moi avons prévu que, durant cette soirée, nous prétendrons ne pas nous connaitre, ou, si nous venons à être amenés à nous parler, nous ne laisserons rien transparaitre, les échanges restant purement et simplement professionnels. Je lisais bien l’inquiétude d’Alec dans son regard, lui qui cherchait avant tout à me protéger. Je lui promettais que tout se passerait bien et que je ne m’éterniserais pas de toute manière. Une fois que j’aurai tous les éléments pour faire mon article, je rentrerai chez lui où je l’attendrais.

C’est donc la direction de Fortitude Valley que je prends. Arrivé devant le bâtiment soigneusement rénové, je reste quelques instants à en observer la façade. Non pas parce que j’ai un goût particulier à observer l’architecture de celui-ci mais parce qu’il y a une certaine appréhension d’entrer dans ces lieux. Surtout quand vous connaissez l’envers du décor mais que vous devez prétendre que vous n’êtes au courant de rien. Peut-être la peur aussi d’être exposée aux yeux de tous, quand peut-être les quelques regards qu’Alec et moi pourrions échanger pourrait finir par nous trahir. Une grande inspiration plus tard, me voilà en train de passer les portes du Casino. L’avantage d’être journaliste me permet de ne pas avoir à faire la queue en affichant mon badge sous les yeux du vigil à l’entrée. En entrant, mes yeux analysent chaque recoin de la salle. Le lieu est déjà bien rempli, les serveurs s’affairent à satisfaire les papilles et la soif de chacun des clients présents ce soir. L’agitation émanant aussi des tables de jeu environnantes mais aussi des machines à sous est assez vives. Le lieu ne laisse pas présager ce qui se passe derrière ce grand spectacle. Mon regard vient ensuite à chercher des visages, ceux qu’Alec a pu me décrire. C’est celui notamment de Raelyn Blackwell, dont il m’a évidemment parlé que je repère en premier en pleine discussion avec une jeune femme brune. Tout en marchant, je pense repérer celui qui est à la tête du Casino, Amos Taylor. Je me stoppe soudainement dans mes pas quand j’aperçois alors Cabbott, l’ex et/ou actuel petit-ami de Danika. Une grimace se dessine sur mon visage alors qu’un serveur me propose une coupe de champagne. Je risque en effet d’en avoir besoin « Merci », j’adresse alors au jeune homme, sourire aux lèvres. Je m’arrête à une table de jeu pour observer une partie de blackjack, tout en continuant de regarder de temps à autre autour de moi. Je repère au loin Geo, nos regards se croisant alors. Je lui adresse un mince sourire, sachant pertinemment qu’il est dans la même optique qu’Alec, ne voulant pas que quiconque connaisse notre lien. Et justement, en parlant de ce dernier, je l’aperçois en train d’échanger avec quelques clients, probablement en train de le féliciter pour son travail. Malgré tout, un mince sourire là aussi se manifeste sur mon visage en sa direction, alors que je me saisis d’un mini four qui me passe sous le nez. Sans grande surprise, le mets est délicieux.

Le phénix renaissait toujours de ses cendres, et le Club était plus flamboyant que jamais. Depuis le mois de février, Sasha n’avait aucune idée de ce qu’il allait advenir du Club à l’avenir, et de ce qu’elle allait faire. Raelyn lui avait promis que la prostitution et elle, c’était terminé. Elle avait fait du bon boulot, elle avait su se montrer à la hauteur de ses engagements. Raelyn lui avait appris à fouiner partout, à écouter aux portes et à propager des rumeurs telle une petite souris qui fout son museau partout. Elle avait opéré, à son échelle à ce chamboulement. Désormais, le changement du Club marquait un nouveau chapitre dans l’histoire de celui-ci.
L’Octopus serait le repère de tous les membres de l’organisation mais également la couverture qui servirait pour le blanchiment d’argent et qui permettrait au Club de prospérer, écrasant un peu plus chaque jour la Ruche et ses boules de bowling derrière lesquelles elle tentait encore de se cacher.

Raelyn lui reprochait souvent d’être un peu trop sûre d’elle et de manquer d’humilité, mais ce soir il était difficile pour Sasha de ne pas se sentir invincible lorsque le Club revenait plus fort que jamais. Le casino étincelait. Les yeux de la jeune femme étaient émerveillés par toute cette organisation, l’idée de génie d’Amos et le travail de sa boss. L’ambiance était festive. Les serveurs étaient sans cesse sollicités pour une coupe de champagne, les hommes dégainaient leurs airs les plus sérieux aux tables de poker, tandis que les plus déterminés ne lâchaient pas les machines à sous. « Je t’avais dit non, qu’il y avait un plan pour l’après ? » Et quel plan. En réalité, avec Amos et Raelyn aux commandes, elle n’avait pas eu à s’inquiéter. Lui qu’elle considérait comme étant sa figure paternelle jouait très bien son rôle ne cessait de serrer des mains à des hommes qui avaient plutôt l’air important (et qui ont sans doute dû faire appel aux services de Sasha). Elle savait que ce serait difficile d’échanger quelques mots car il serait bien trop occupé à s’assurer que tout se déroulerait dans l’ordre et à discuter avec les hommes les plus importants de Brisbane. « Et t’as même pas eu à prospecter comme un agent immobilier. » Son sourire s’agrandit. « Quand bien même j’aurais fait de la prospection foncière, je dois avouer que je n’aurais pas fait mieux. Je m’incline. » Vêtue d’une robe noire pour respecter le dress code de son job de la soirée, Sasha accueille et guide les invités afin qu’ils trouvent facilement leurs repères dans ce nouveau casino. Néanmoins, elle travaillait doublement ce soir car elle devait toujours être alerte et analysait son environnement pour qu’aucun moment de la soirée ne lui échappe car Raelyn lui demanderait sans aucun doute un débriefing en fin de soirée. Elle observait également de temps en temps Stacey qui découvrait son nouveau rôle de croupière. La brune s’assurait que tout se passait bien pour elle car cette dernière semblait stressée pour la soirée d’inauguration. Chacun avait trouvé sa place dans ce nouveau rouage. La jeune femme et sa boss balayaient la salle du regard et les yeux de Sasha se posaient sur une jeune femme blonde qui venait tout juste d’arriver, une coupe de champagne à la main. Elle attira particulièrement l’attention de Sasha car celle-ci semblait chercher quelqu’un parmi tous ces convives. Raelyn lui avait appris à être observatrice et plus rien ne lui échappait désormais. Son regard se stoppa vers une direction que les yeux de Sasha suivirent. Et elle semblait observer Alec car un léger sourire se dessina sur son visage. La brune n’était pas dupe, mais sûre de rien encore. Elle fera en sorte de toujours l’avoir dans son champ de vision. « Reste plus qu’à profiter de la soirée et faire passer un bon moment à nos invités. Je te laisse, il y a d’autres invités qui arrivent. À plus tard chef. » Dit-elle en tapotant son épaule. Alors qu’elle se dirigea vers l’entrée, elle en profita pour adresser un petit signe de la main et un joli sourire à Alec. Elle ne perdait toujours pas de vue son objectif de regagner sa confiance. Des clients se dirigeaient vers elle, et c’est avec un grand sourire que Sasha répéta une énième fois son speech préparé pour l’occasion.

Ma venue à l’inauguration du Casino se range dans le compartiment “mauvaises idées” mais ce n’est pas pour autant que je pense un seul instant passer mon tour. C’est important pour moi, au-delà de toutes les questions des gangs, que ce soit le Club ou la Ruche. Lou m’a libérée mais je n’ai pas pris mon envol. Je m’informe, tête le terrain, cherche à comprendre toutes les variables. Je prends mon temps, largement retardé dans ma quête par l’état de santé de ma mère qui se dégrade un peu plus chaque jour. Mon avenir n’est pas ma priorité, j’ai bien trop à faire avec les femmes, de trois générations différentes, qui occupent ma vie. Je ne viens pas en tant qu’ancien Mantha et encore moins en ma qualité de semi-abeille (semi seulement puisque je ne me salis pas les mains et me contente de servir de carnet d’adresses). Après tout, ce n’est officiellement qu’un simple Casino et de ce fait, tous les civils sont conviés à son ouverture, sans distinction aucune.

Chacun s’active à sa tâche, le personnel semble courir de tous les côtés pour mener à bien sa mission et accueillir comme il se doit les invités. J’ai pris mon temps pour arriver parce que le fait que je préfère me fondre dans la masse n’étonnera personne. Il y aura des membres du Club mais j’ose espérer qu’ils ne seront pas seuls, sinon tout mon plan risquerait de rapidement tomber à l’eau. J’aurais dû en créer un plus élaboré, c’est vrai. Je pourrais dire ‘cela m’apprendra pour la prochaine fois’ mais il n’y en aura aucune. Je ne suis même pas le genre de personne qui traîne dans les Casinos, et ce n’est pas par manque d’argent sale à dilapider ici ou là. Du coin de l'œil, je cherche des portes dérobées et un membre du personnel encore plus louche que les autres. Ce ne sont pas des informations que je pourrais donner à qui que ce soit mais quitte à foncer dans la gueule du loup, autant tenter d’anticiper à quelle sauce je pourrais être mangé. L’image est amusante, vous ne trouvez pas? Un loup mangé par ses comparses, quelle ironie. La loi de la jungle est ce qu’elle est, mais au moins j’en ai l’habitude.

Ma mine éternellement fermée laissera les inconnus penser que je suis un de ces gros joueurs qui se donne un air. Les autres sauront que ce n’est que mon expression naturelle et que faire mes premiers pas dans l’Octopus n’y changera rien. Rapidement, mon occupation passer de cherche ceux qui sont trop à l’aise à ceux qui ne le sont justement pas du tout. Je connais les différents types de personnes qui en viennent à rejoindre les gangs, cela ne m’intéresse plus. Les agneaux qui s’approchent volontairement des loups sont ceux qui attisent bien plus ma curiosité, raison pour laquelle mes pas s’arrêtent à la hauteur d’une jeune femme blonde @Mia Mckullan, trop belle et trop lisse pour ce genre d’endroit. “Ne le prenez pas mal mais vous avez l’air perdue.” Qu’elle le prenne mal si tel est son désir, après tout je m’en moque. Ce n’est simplement pas l’effet escompté. “Joueuse?” Nous sommes dans un Casino alors cela coulerait de source, n’est-ce pas?

Foncer tête baissée n'était pas dans les habitudes de Chad. S'il n'avait jamais été question de laisser l'invitation d'Amos sans réponse, celle de venir ou non accompagné s'était peut-être immiscée dans son esprit, même de façon fugitive. De toutes les inaugurations, celle d'un casino se passait généralement de sobriété. Caviar et champagne allaient côtoyer une foule gratinée. Paillettes, sequins et autres étalages de luxe ostentatoires étaient peut-être à son goût, mais Chad avait douté un instant que Casey soit assez attaché pour lui faire le plaisir de revêtir ce costume dans lequel il était si élégant. Et puis, c'était surtout l'occasion rêvée de lui présenter non pas un mais deux de ses frères, devant un parterre d'yeux spectateurs. Éternel pessimiste, Chad avait déjà réfléchi à leurs différentes solutions de repli si jamais le courant ne passait pas, à commencer par se réfugier à une table de poker avec une poignée d'inconnus. La rencontre n'avait rien de solennel, et pourtant Chad y accordait beaucoup d'importance. A la hauteur de celle qu'il accordait à sa relation nouvelle avec Casey, à qui il avait implicitement promis de ne plus faire les mêmes erreurs que dans leur passé secret. Il s'en voulait un peu, mais le parallèle avec les présentations de Kelly à sa famille était inévitable. De fait, celui qui l'avait plus ou moins remplacée dans sa vie se devrait de rivaliser avec toute l'affection que les Taylor, à l'unanimité, continuaient de porter à son ex femme. La barre était haute, de toute évidence, ce même si Chad se gardait bien de partager ses craintes avec le principal intéressé, qui se tenait tout près de lui au moment de franchir la porte d'entrée. Chad n'avait pas non plus renversé les codes en jetant son dévolu sur un costume deux pièces marine, et une cravate striée bleu lavande. Du haut de ses presque deux mètres, il promenait un regard perdu en quête d'un visage familier. Amos étant le principal organisateur de la soirée, il doutait pouvoir lui grappiller plus de quelques minutes de son temps, entre deux poignées de main et des salutations de rigueur. Parmi les lubies de son frère, celle-ci semblait la plus démesurée. Le personnel s'activait, sans pour autant faire preuve de la fébrilité que Chad ressentait à leur place, et le bruit caractéristique des machines à sous n'était pas sans faire écho à tout l'argent qu'Amos avait dû dépenser pour s'offrir un tel cadeau. Si Chad s'interrogeait, il avait aussi une immense fierté de se considérer, même sans la moindre légitimité, comme une partie de cet héritage. Un peu plus loin, et sans surprise, Amos jouait son rôle d'hôte en accordant à chacun de ses convives une attention personnelle, parfois obligée. Sans un geste, Chad essayait de capter son regard par-dessus les têtes gominées et les exclamations de joie et de déception synchronisées.

Si mon bref échange avec Amos quelques minutes avant l’ouverture des portes du Casino a fait battre mon coeur un peu plus vite et m’a fait monter le feu aux joues, j’ai réinvesti le costume de la patronne et associée à l’instant même où j’ai mis un pied en salle. Bien sûr, je ne peux m’empêcher d’adresser quelques coups d'œil appuyés à mon complice, mais je garde l’autre braqué sur mes équipes et les invités. Si j’ai aperçu la chevelure rousse d’Ariane, je n’ai guère pris le temps de la saluer pour l’instant puisqu’après Stacey, c’est au niveau de la sulfureuse Sasha que je me suis arrêtée. Elle est un argument de vente à elle toute seule, dans sa robe noire qui lui va comme un gant et ne semble pas avoir perdu de son mordant pour ce soir.  « Quand bien même j’aurais fait de la prospection foncière, je dois avouer que je n’aurais pas fait mieux. Je m’incline. » Un sourire étire mes lèvres, et je jette un coup d'œil à mon amant. « Je suis moins à féliciter pour l’idée que pour la réalisation. Mais je transmettrai. » J’adresse un clin d'œil à la brune, avant de me concentrer à nouveau sur la foule. Bien sûr, je l’écoute toujours d’une oreille et je suis certaine qu’elle fait exactement la même chose que moi : nous sommes des femmes et des femmes capables d’à la fois converser, surveiller les quidams qui s’installent aux machines à sous le tout en gardant un sourire poli et radieux au coin des lèvres en toutes circonstances.

Si le regard de la brune semble tourner vers une petite blonde qui semble ne pas trouver sa place, le mien est happé par l’homme qui fait son entrée : Ichabod Bates, ancien leader des Manthas que l’on prétend acoquiné à la reine des abeilles depuis quelques mois. Que fait-il ici ? Est-ce elle qui l’envoie, ou sa curiosité naturelle qui le pousse à venir voir si l’herbe peut être plus verte ailleurs ? Bossait-il déjà pour elle lorsque nous nous sommes croisés cet hiver ? Ma flûte de champagne coincée entre mes doigts, je le détaille sans l’approcher. « Reste plus qu’à profiter de la soirée et faire passer un bon moment à nos invités. Je te laisse, il y a d’autres invités qui arrivent. À plus tard chef. » Avant qu’elle ne s’échappe, j’enroule mes doigts autour du bras de Sasha avant d’attirer son attention sur l’ancien Manthas du bout du menton. « Surveille le, tu veux bien ? » Je n’ai pas besoin qu’elle acquiesce, je ne suis déjà plus là. J’ai confiance en l’ancienne escort : sous sa protection, Bates ne nuira pas à grand monde mais je me dirige pourtant vers Geo, qui se fond dans la masse dans un costume dans lequel il a l’air de ne pas se sentir à son aise. Je ne lui demande pas s’il a quelque chose à signaler : il me l’aurait dit et je ne m’encombre pas de telles banalités. « Tu vois l’homme qui parle avec la blonde, à côté de la table de blackjack. Grand, brun, avant bras manquant. » Difficile à manquer. « Garde le à l'œil. » Si l’américain se joint à Sasha, Bates sera bien surveillé et moi, je dormirai sur mes deux oreilles. Mon ordre soufflé, je scanne à nouveau la salle, sans me l’avouer à la recherche d’Amos : nos regards ne se sont pas croisés depuis déjà trop longtemps.

Le tremblement de terre ayant ébranlé le Club et redistribué les cartes au sein du milieu paraissait presque lointain, d’un œil extérieur. Les choses se déroulaient rapidement à Brisbane et tout ce qui n’était pas l’instant présent semblait appartenir à un passé qu’il convenait d’effacer, aussi radicalement que possible. Une tête à peine coupée que de nouvelles avaient déjà poussé, fortes et flamboyantes. Je n’envisageais pas de prétendre le contraire, l’Hydre était belle ce soir et la régénération assumée, affirmée. Sous le vernis clinquant de l’argent, des dorures et de l’alcool coulant à flot, il me semblait pouvoir entendre les battements d’un cœur plus sombre dissimulé aux regards. Foulant le sol vernis avec détachement et vaquant entre les tables, j’étudiais avec indolence les consommations aller bon train et les groupes se former. Observatrice par nature, je ne taisais pas l’instinct étant le mien de flairer, récolter, analyser. De visages, j’en épinglais quelques-uns, certains reconnaissables, d’autres plus vagues sans que je ne sache réellement à quels faits les associer de simple mémoire. De nombreux inconnus également, je n’en étais pas surprise, les portes de l’établissement ouvertes à tous pour ce soir et les autres à venir puisque telle était l’ambition affichée. À tous. L’invitation en ces termes m’avait fait sourire et l’œil pétillant d’Amos également. Il était fier et n’avait pas eu à insister outre-mesure pour que je le sois à mon tour, de lui et son accomplissement. L’organisation dissimulée à l’abri des lumières étincelantes et l’obscurité ténue délimitant la frontière entre ces deux mondes, je ne l’oubliais pas et n’étais pas disposée à me montrer suffisamment crédule pour feindre l’ignorance. Je n’étais pas ici à titre officiel néanmoins et ne m’engageais ainsi à aucune autre responsabilité que celle de me montrer présente pour Amos. Je devinais cette soirée capitale à ses yeux, un commencement plus qu’un achèvement lorsque j’avais craint, il y a quelques années encore, ne jamais plus apercevoir son regard briller de la lueur de nouveaux projets.

Celui-ci était grand, possiblement démesuré et sans aucun doute ambivalent. L’euphémisme m’arracha à peine un froncement de sourcils pourtant lorsqu’à l’autre bout de la pièce, je l’aperçus finalement, la satisfaction empreinte sur un visage qu’il présentait confiant à la foule, presque souriant en s’arrêtant deci delà, les mains serrées et les échanges inaudibles auxquels je décidais de le laisser. À l’autre extrémité, une chevelure platine déjà aperçue en pénétrant dans la salle se rappela à ma mémoire et je me détournais de Blackwell simplement, vaguement amusée à l’idée de porter à mes lèvres une coupe qu’elle n’aurait pas désiré m’offrir, peu importait à quel point nous étions parvenues à nous entendre lorsque cela s’était avéré nécessaire. Le brouhaha s’intensifiant de ce côté-là, je m’en approchais sans y penser, évoluant entre les tables acculées de monde et les machines à sous avant de reconnaître la silhouette de Chad aux côtés de laquelle je vins me poser naturellement, le regard dirigé dans la même direction que le sien. « Tu es devenu joueur ou ton frère a enfin trouvé le moyen de nous plumer tous les deux ? » Un sourire imperceptible s’esquissa sur mes lèvres alors que je lui accordai finalement un regard en coin. Cela faisait bien trop longtemps. Je n’eus pas le temps de lui en faire part plus explicitement, Amos nous rejoignant déjà alors que je le suspectais de n’avoir pu apercevoir au loin que la silhouette de Chad, me dépassant de trois têtes au milieu des convives. « On jurerait que tu as fait ça toute ta vie. » lui lançai-je agrémenté d’une œillade complice alors qu’il se détachait de son frère. Il se débrouillait bien, autrement dit ; et mieux que cela même pour quelqu’un ayant toujours fui les mondanités.

Byron est rapidement devenu un ami même si nous n’avons pas travaillé au même moment dans le restaurant d’Alec. Des taquineries auprès de ce dernier nous a fait nous rapprocher. Il est un de mes repères comme Sasha ou Alec dans le Club. Alors, naturellement, lorsque je vois son visage défiguré, je ne peux que lui demander ce qu’il lui est arrivé et l’examiner sous toutes ses formes « L’autre soir au Canvas, je me suis un peu fighté avec un con ! Il m’a frappé sans raison. Je me suis défendu ! ». Je grimace et plonge mon regard dans le sien, pas vraiment convaincu que l’adversaire soit l’unique fautif « Evidemment. T’es sûr que tu l’as pas cherché un peu ? ». Je roule des yeux et laisse apparaitre un sourire amusé au bout des lèvres. « Tu veux goûter un truc ? Allez, je t’autorise ! ». J’apprécie sa proposition mais mon estomac est noué. L’appréhension liée à cette nouvelle casquette de croupière me met dans cet état, l’appréhension aussi de ne pas être à la hauteur quand, pourtant, je maitrise mon sujet sur le bout des doigts. Je viens à poser une main sur l’épaule de mon ami « Merci mais j’ai pas d’appétit. Peut-être en fin de soirée, garde-moi un truc de côté ». Je dépose un bisou rapide sur sa joue et m’éclipse pour me rendre dans la salle de jeu.

***

« Pas peut-être. C’est certain ». Cela me fait un peu plus sourire, Amos cherchant uniquement à me détendre par ces quelques mots. Mon appréhension se lit sur mon visage, c’est certain. Il faut pourtant que je parvienne à me détendre et surtout, que je fasse bonne figure devant les quelques clients ou plutôt joueurs qui sont déjà installés à ma table. La confiance doit transparaitre, l’hésitation quant à elle doit disparaitre. Je confesse cependant à mon patron cette petite angoisse, celle qu’il est finalement normal de ressentir en ce premier soir d’ouverture. Je me permets de lui demander s’il ne la ressent pas lui-même « Je vais bien ». Ma tête tourne aussitôt vers lui. Je ne sais pas s’il dit cela parce qu’il est vraiment confiant et sait que tout va marcher comme sur des roulettes ce soir. Ou s’il cherche juste à conserver cette image de l’homme sûr de lui, dirigeant son nouvel empire d’une main de maitre. Je me contente d’un « Tant mieux alors » avant que cette voix me parvienne dans les oreilles, une de celles que je pourrais reconnaitre parmi mille. « Hey sis’ ». Sa main dans le dos me fait me retourner, mon sourire deux fois plus présent. Jusqu’à ce que je réalise le lieu dans lequel nous nous trouvons et surtout la face cachée du Casino et qu’un certain stress se manifeste. Un stress lié à l’idée que mon frère fricote avec ce monde duquel je souhaite le tenir éloigné « Law’ » je dis alors que la partie se termine et que les joueurs se dirigent désormais vers une autre table. « C’est pas mal comme endroit ». Je suis son regard alors que je réalise un tas avec les cartes qui sont éparpillés sur la table. « Lawrence, son frère ». Mon cœur tambourine dès l’instant où il adresse ces quelques mots à Amos. Je tente de garder un sourire de façade alors que les deux échangent quelques mots « Amos. Son patron. On a beaucoup travaillé pour obtenir ce résultat ». Les lieux sont évidemment clinquants et impressionnants et je m’accorde ces quelques secondes de répit pour m’en rendre réellement compte. « D’ailleurs, vous m’excuserez, mais madame m’attends et c’est une impatiente ». Mon regard se pose alors sur Raelyn puis sur Amos « A plus tard » je dis doucement avant qu’il ne s’éloigne. Mon attention se reporte sur mon frère « Qu’est-ce qui t’amène ici ? », j’aurai préféré qu’il ne vienne pas même si je sais que son geste part d’une bonne intention, parce qu’il joue juste son rôle de grand frère. J’essaye de ne pas lui montrée mon inquiétude de le voir ici alors j’ajoute. « C’est Mila qui t’envoie ? Je suis persuadée qu’elle t’a appelé pour essayer de te convaincre de l’amener avec toi, je me trompe ? », mon sourire est un peu plus amusé alors que de nouveaux joueurs approchent de la table de jeu. « Je vais bien si c’est ce que tu te demandes ». Au même titre qu’Amos tout à l’heure, je prétends que tout va bien et que je ne ressens aucun stress face à la nouveauté et en plus, maintenant, face à sa présence ici.  

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