« I would have left right this second otherwise. » Pourquoi tu n’es pas surprise par cette affirmation ? T’en souris, tes prunelles descendant de nouveau sur le contenu de ton verre en pensant furtivement s’il en serait de même avec vous. Si tu parles clairement de ce qui vous attend sur la table, t’as l’impression que tout ce que peut potentiellement dire Jordan à cet instant résonnera comme un double sens qui va te torturer la tête alors qu’il n’y a pas besoin de l’être.

Alors pour ne pas penser à là-haut, t’agis en bas. Sous la table qui n’est pas couverte. Le sourire, les yeux de Jordan parlent pour lui ; I’m not gonna stop. Parce qu’il t’incite sans rien dire et tu n’as jamais été la dernière pour relever un défi. Encore moins quand il s’agit de l’allumer, de le séduire ; t’apprécies quand il te regarde comme s’il va te bouffer sur place. I wouldn’t mind. Mais il est trop poli, Jordan. Et vous vous feriez dégager du restaurant. Ce qui serait dommage vu que tu l’attendais avec impatience, ta rencontre avec cette fameuse margarita. Tu te demandes s’il est venu ici avec Rosa - probablement que oui. T’aurais aimé savoir l’historique qu’il a avec cet endroit ; s’il l’apprécie, s’il vient souvent, il doit avoir des anecdotes à raconter. Mais à la place, c’est une information que t’as donnée sans t’en rendre compte qui capte son attention. « You’re 33 ? Damn. » T’hausses un sourcil ; déjà car tu ne t’attendais pas à ce qu’il le souligne et encore moins que ça le fasse réagir. “I know, I look amazing. Even timeless.” Ce n’est si vieux que ça. Même si tu commences à te dire que tu t’éloignes gentiment de tes années de folie - nah, it will be apart of me.

« Never would have thought you’d be older than me. » Oh. C’est à ton tour d’être surprise. “People say I’m childish. Never understood why.” As if. Il est plus jeune que toi et il est clair que ça ne se voit pas. Tu ne t’es jamais intéressée à ce détail. Ce n’est pas le genre d’informations qui t’importe. L’âge n’est qu’un chiffre ; et cela ne t’empêchera pas de le laisser te parcourir plus tard chez lui. « Didn’t think I would be dating a cougar one day. » Outch. Il a de la chance que tu résistes à la tentation de lui fourrer ton pied entre ses jambes un peu trop brutalement et sans faire exprès, ahem. “You bastard” mais tu n’empêches pas l’insulte qui sort de tes lèvres parce qu’être traitée de cougar, vraiment, Jordan ? Elle n’a pas non plus soixante ans, for christsake. « I’m 25. » Là, tu plisses les yeux en le regardant devenir sérieux. Ton cerveau n’a jamais été aussi rapide à remonter dans l’historique de vos conversations et de faire le tri dans les dialogues pour essayer de déceler une indication qu’il est juste en train de se foutre de toi. Tu continues à remonter ton pied, ceci dit, ton buste te penchant un peu plus sur la table, ta main libre allant chercher une tortilla pour la tremper dans la sauce et la croquer en regardant toujours bien trop fixement Jordan. “So that’s why you’re looking for a mommy. And a daddy.” que tu dis de façon presque obscène avant de passer son doigt dans ta bouche simplement pour le nettoyer, ne le lâchant pas des prunelles, provocante à souhait. Tu ne crois absolument pas à ce qu’il te dit - il peut être plus jeune mais les années approximatives que t’as en tête ne peuvent pas correspondre avec vingt-cinq ans - mais tu finiras bien par trouver la vérité quelque part. T’as envie de savoir sa date de naissance, aussi. C’est le genre d’informations importantes, n’est-ce pas ? When it matters, yeah. T’oublies beaucoup de choses, mais pas les anniversaires. But I won’t wait for his birthday to be his meal, let me tell you that. Je crois que l’observation brûlante que tu fais de sa personne suffit à le comprendre, Birdie. Que tu essaies de calmer en buvant de nouveau quelques gorgées - mais ça te donne un peu plus chaud. “Damn, it’s spicy. Feeling a bit hot.” Blâme la sauce, c’est ça.

“I know, I look amazing. Even timeless.” Mais ça se voit sur son visage que ta réaction l’interpelle. Elle essaie de diminuer la chose mais comme t’es un petit con, tu ne fais qu’accentuer l’information. Tu te demandes comment tu as pu ne pas l’avoir plus tôt d’ailleurs. A croire que vous ne parlez réellement pas tant que ça de ce genre de chose. Elle était majeur pour sûr, c’était la seule info qui était primordiale. “People say I’m childish. Never understood why.” Elle te fait beaucoup rire et tu te demandes si l’âge est un problème pour elle. Si t’es en train de toucher une corde sensible à répétition. Car tu n’as pas fini. “You bastard” Joke on you. Parce que tu aimes ce genre de jolis mots envers toi dans sa bouche. T’es un peu maso dans ton genre si elle ne l’a pas encore remarqué au détour de tout tes côtés adorables. Tu tentes le coup de bluff sur ton âge. Gardant ton sérieux le plus longuement du monde. Hochant la tête encore, au cas où elle doute de ta parole. Tu vois qu’elle est en train d’analyser ton visage pour voir si c’est de la connerie. It is.

Tu la regardes prendre une chips alors que tu vas boire une gorgée de ton verre. Le sourire sur tes lèvres revenus parce que ça te fait bien trop rire tout ça. “So that’s why you’re looking for a mommy. And a daddy.” Tu avales de travers, tu ne t’attendais pas à ce qu’elle dise un truc pareil. Ca te fait beaucoup rire. It’s funny cos it’s true. Tu tousses un peu en riant en même temps en reposant ton verre sur la table alors qu’elle se lèche les doigts. “Damn, it’s spicy. Feeling a bit hot.” Tu as rapidement repris tes esprits.

« Hot mommy. » Tu ris encore plus de le dire comme ça. Ca t’amuse plus que ça ne le devrait. Le sourire sur tes lèvres est si large. « Or daddy. You tell me which one you’d rather be. I’ll take it. I’m missing both. » Tu te marres quelques secondes de plus avant de boire une nouvelle gorgée de ton verre. Une qui passe dans le bon canal cette fois. Tu jettes un oeil aux chips que tu ne touches pas. Tu n’as pas faim. « How’s our kid doing by the way? I haven’t got an update in a while. Should I be worried ? » Tu relèves les yeux vers elle. Un sourire mi-amusé mi-tendre se forme sur tes lèvres de parler de ton hoodie de la sorte. Tu cherches juste à utiliser ces termes qu’elle a décrété elle même. Ces termes qui vous unissent bien plus que de raison si vous êtes parents de quoi que ce soit. Ca te plait plus que tu ne le devrais, car c’est la seule chose qu’elle accepte ouvertement. Certainement car ce n’est qu’une plaisanterie. Tu vois au delà. T’es sûr qu’elle aussi. C’est pas rien ces mots qui vous englobent tous les deux comme ça. Tell me babe... Que tu penses alors que ton mollet va chercher le sien sous la table.

Tu le vois avaler de travers et t’es satisfaite de toi ; que Jordan ne pense pas qu’il puisse deviner tout ce que tu vas dire avant que tu le fasses. Ravie de constater qu’il ne l’avait visiblement pas vu venir celle-là, tu continues ton manège, l’expression mi charmeuse mi amusée placardée sur le visage. Au moins, c’est un terrain que tu connais et que tu maîtrises ; il aurait été hors de question de parler de ce qui avait été prononcé et entendu avant. Pour le moment, en tout cas. Feeling mommy is less scary. Tant que c’est all fun and shit, right ? Clairement. Même si tu sais que ça l’est de moins en moins. « Hot mommy. » Tu n’avais pas prédit non plus que ça te ferait une douce sensation en bas des reins de l’entendre dire ça. C’est que ça sonne attirant, il faut l’avouer. L’impression que t’as un certain contrôle ; yeah, of his body when he let me. Et il te laisse faire, exactement comme là avec son pied qui grimpe, qui descend, qui caresse doucement, lentement ; y a absolument rien à faire pour calmer les ardeurs qui pointent le bout de leur nez. « Or daddy. You tell me which one you’d rather be. I’ll take it. I’m missing both. » Tu reprends une chips avec de la sauce - il se trouve que t’as le ventre qui a faim - tout en haussant les épaules. “I’ll be whoever you want me to be.” T’insistes avec un clin d'œil avant de lâcher sa main pour que tes phalanges aillent caresser la peau de son poignet. C’est un champ libre et vaste que tu lui offres, là ; tes doigts contre ses veines, tes mots pouvant être interprêtés bien trop librement sans que tu puisses y faire quoi que ce soit. We can be whatever we want. Et c’est quoi, exactement ? Still not gonna think about it.

« How’s our kid doing by the way? I haven’t got an update in a while. Should I be worried ? » Tu te mords la lèvre car t’as un moment (stupide) de doute, te demandant si tu n’avais pas loupé une étape, là. Cette seconde idiote où t’as eu la vague sensation de tomber dans un précipice intense après t’être prise les pieds dans un tapis quelconque. Weird. Mais tu te rappelles ; le kid a peut-être des bras, mais il n’a pas de jambes, pas de forme physique humaine et il est confortablement dans ta chambre sans rien dire. Et pour ne rien perturber davantage, Jordan vient se mettre à ton propre jeu par-dessous la table et t’appuies doucement contre son poignet, comme un avertissement que s’il continue, tu risques de ne pas avoir le temps de finir la meilleure margarita du monde - selon lui. “You don’t trust me ?” Oh Birdie, tu n’es pas obligée de tourner ça de cette tournure. “It saw the countryside of Australia. Was pretty happy about it. I didn’t let it out of my sight for one second.” Et là, t’es honnête ; ce n’est pas pour rien que tu l’as pris avec toi et que t’as supporté les railleries d’Heather à ce propos. Tu reprends quelques gorgées de ta boisson. “You don’t have to worry. I care about it.” because it matters to you, que tu dis doucement, tes phalanges remontant sa paume pour y caresser le creux de sa main ; d’un point de vue extérieur, il serait compliqué de comprendre que vous parlez d’un vêtement. Toi-même n’évoques plus seulement l’habit mais la signification qu’il a derrière. T’aurais envie de demander quand précisément il en aurait besoin, car tu sais qu’il doit partir en juillet. Mais t’as pas encore le courage de penser à ça - de penser à trois semaines de séparation au lieu d’une ; when, how did it become like that ? “You will have it for next month, I promise.” que tu t’efforces à dire quand même, un petit sourire de coin alors que rien de penser au mois prochain te chagrine - for christsake, I’ll survive. Cela ne peut pas empêcher qu'il va y avoir un vide, Birdie. “It will be all washed and clean and all.” Parce que tu sais que Jordan apprécie l’organisation, la propreté et le rangement ; ça sera sûrement le seul vêtement que tu plieras de ta vie.

“I’ll be whoever you want me to be.” Tes sourcils qui s’haussent à cette phrase. Tu la regardes. Surpris une fois de plus. Are you sure about that? Parce que ces mots ont une étendue bien plus large que cette conversation. Elle vient de te filer une ouverture pour que tu lui dises ce que tu veux qu’elle soit pour toi. She’s joking. Bien sûr qu’elle va faire passer ça pour une vanne Jordan. C’est de Birdie qu’on parle. Sa main va s’aventurer sur ton poignet, ton bras toujours posé sur la table. Tu la laisses s’en occuper comme bon lui semble parce que ça te plaît qu’elle n’arrive pas à enlever ses mains de toi. It’s starting to be hot in here.

“You don’t trust me ?” Elle choisit la défensive après ta question qui l’a prise de court. Tu l’as bien vu. Elle appuie sur ta peau alors que tu la touches un peu plus sous la table. What? You can but I can’t? Tu prends ça comme ça, car tu sais que c’est tout à fait son genre. “It saw the countryside of Australia. Was pretty happy about it. I didn’t let it out of my sight for one second.” Son update est de qualité. « Sounds nice. » When do I get this tour? Mais tu vas pas t’imposer, comme elle ne le fait pas lors de tes propres déplacement. Ton petit commentaire laisse quand même sous entendre que ça a l’air bien et que tu voudrais voir de tes propres yeux. “You don’t have to worry. I care about it.” Et ça te rend le coeur tout mou de l’entendre dire ça. Tu le sens qu’elle ne bluff pas sur le coup. Ca s’entend dans le son de sa voix, ça se lit dans le fond de ses yeux. Ses doigts qui vont et viennent sur ta peau. Tu la regardes faire. « I know you do. » Tu attrapes sa main pour mêler de nouveau vos doigts ensemble, caressant sa peau de ton pouce.  “You will have it for next month, I promise.” Tu hoches la tête.

“It will be all washed and clean and all.”
« I wouldn’t mind if you leave your sent on it. »

Tu te mords la lèvre d’avoir avouer ça. Le rouge qui te monte légèrement aux joues. Magic hoodie + odeur du petit oiseau, t’es sûr que ça sera encore plus performant pour te protéger dans ton prochain vol. C’est so cheesy Jordan. Shut up. « It’s getting hot in here. » Que tu annonces alors que tu défais ta main de celle de Birdie afin de pouvoir ôter ton hoodie. Te voilà à présent dans un tshirt qui affiche ton amour pour Lady Gaga avec l’inscription « I’m a little monster ». Tu poses ton hoodie sur le dossier de ta chaise avant de te réinstaller correctement. Retournant prendre la main de Birdie comme si elle était ta source d’énergie. Tu bois une gorgée de ton verre alors qu’une serveuse vous fait un sourire en plaçant deux menus sur votre table avant de repartir de son côté. Tu te mordilles l’intérieur de la joue. Dinner makes it look like a date. Oh come on Jordan, un verre aussi. It’s longer. Reparles de son âge et ça va aller. « You hungry? » Tu demandes malgré tout parce qu’il parait que c’est important de manger pour vivre. Si elle a faim, tu ne t’opposeras pas. Ca va là nan? Tu gères Jordan. Think so? Mais oui. Et tu devrais manger un truc aussi. T’as rien dans l’estomac depuis le smoothie XXL de ce matin. Did the job. Oui il t’a tenu toute la journée.

« Sounds nice. » Les yeux se remplissent toujours de nostalgie et d’une affection non mesurable ni dissimuable quand tu évoques Elimbah. Tu lui en as déjà parlé, t’as déjà caressé l’idée de l’y voir là-bas, émise la même idée à voix haute sans plus y penser que cela tellement que ça te semble naturel. Pourtant, y emmener Jordan aurait un goût particulier que tu n’avais pas forcément prévu. I wanna taste it. Ce goût si spécial qu’il a l’air de te donner sur le palais et dans ton être entier. Tu t’y complais, tu t’y réconfortes, tu commences à avoir l’habitude même si ça te dérange toujours un peu, quelque part. Un fond qui reste réticent, sur ses gardes parce que c’est la grande inconnue, qu’il y a des risques, des chances de se tromper ; pourtant, plus le temps passe et plus tu lui accordes de l’importance. De la place. De la valeur. A Jordan. A vous. A votre entité unique. Sounds and tastes nice. “You will have to check by yourself.” Oui, il devra. C’est une obligation après lui avoir vendu du rêve d’araignées géantes, non ? Comme une invitation pour un parc d’attraction - oui, seulement là, c’est le laisser entrer dans ton passé, quel genre de gosse tu étais. Ce n’est pas un simple manège et ça te stresse plus que la venue d’Heather au même endroit.

« I know you do. » Vous êtes véritablement très doués pour avoir deux conversations simultanées ; tu le vois qu’il a compris. Il lit entre tes lignes en plus de les voir venir quand t’es trop prévisible et ça te fait gentiment sourire - la connexion qui se précise un peu plus alors qu’il emprisonne de nouveau tes doigts contre les siens. Une accumulation de gestes et d’actions qui font comprendre un peu plus pourquoi c’est lui qui est resté et pas les autres. Il te fait sentir spéciale et personne de normalement constitué ne peut résister. « I wouldn’t mind if you leave your sent on it. » Ta main vide s’aplatit sur ton visage pour essayer d’y étouffer le sourire niais qui y apparait mais c’est trop tard ; il est déjà de sorti et il est visible malgré ton échec cuisant de cacher la moitié de ta joue et de ta bouche. Alors tu continues avec un léger rire tout en serrant tes phalanges contre sa pression. C’est presque gênant à quel point c’est adorable. I love it. Qu’il te fasse sentir comme une adolescente éprise ? Yeah. Ce n’est pas la sensation la plus désagréable du monde ; bien au contraire. “You sure it will still work ? That’s risky.” I don’t want anything bad happening to you. Encore moins à cause de toi, même si tu t’attends toujours à être son propre malheur d’une façon ou d’une autre. “I think it deeply misses you. I wore it too much, it needs its dad as well.” Le sourire est fin mais tu ne peux pas t’empêcher de penser que c’est à toi que son odeur manque. Celle qui disparaît doucement mais sûrement.

« It’s getting hot in here. » Wonder why. Tu profites de récupérer ta main pour aller picorer dans les chips alors que tes lèvres plongent de nouveau dans le liquide. Tes yeux l’observent se débarrasser de son énième hoodie - t’as la sensation qu’il doit en acheter des nouveaux quasiment toutes les semaines tellement qu’il a l’air d’en avoir pleins. Tu te fais une note d’aller voir par toi-même quand tu seras chez lui. Juste pour compter combien il y en a. Et combien tu pourras piquer sans que ça se sache - hahaha. La discrétion n’est toujours pas ton fort, princesse. Quand il a fini, y a sa main qui vient de nouveau chercher la tienne, maintenant perlée de sel, et tu secoues la tête de le voir incapable de s’en détacher. “Oh, baby, look what you started, the temperature's rising in here, is this gonna happen?” que tu chantonnes doucement, ton pied s’enroulant gentiment autour de son tibia - mais certainement pas innocentement.

Les menus vous sont apportés et tu lève un regard interrogateur vers Jordan. « You hungry? » “Of you, very much.” que tu teases encore. Tu passes deux ongles sur ta joue, tournant un des menus vers toi ; tu n’as pas la même sensation que ce qu’il se passe chez Jordan. Si tu le savais, sûrement que tu lui demanderais de ne pas en faire une telle montagne. Avant de douter clairement toi-même de tes propos. Mais tu l’ignores complètement, tes yeux lisant le menu avec un intérêt certain, ton estomac se réveillant un peu plus aux images, aux odeurs et aux propositions écrites. “I could eat a cow.” C’est ta façon de dire que oui, t’as faim. “Are you ? Because I thought you only wanted to drink.” Non pas que le changement de plan te dérange. Bien au contraire, la carte a vraiment l’air d’être à tomber. Ce n’est pas toi qui réfléchit à la question. Au sujet. A la signification. Vous êtes dans un restaurant, tu as faim, la logique semble se compléter, non ?

“You will have to check by yourself.”
« Ok. »

Ton sourire qui se fait un peu plus doux. Tu attendras qu’elle propose une vraie date. Tu ne t’imagines pas la relancer là dessus. Tu sais qu’il y a des chances qu’elle change d’avis. Comme toi avec ce resto qui est un si big deal pour toi. Toute la symbolique autour d’un repas en tête à tête au resto avec quelqu’un qu’on fréquente qui est bien forte pour toi. Elle a l’air bien plus à l’aise de son côté. Vous vous complétez bien trop parfaitement parfois. Le sentiment qu'il y a un équilibre naturel entre vous. C'est bien la dernière chose que tu aurais cru possible vu tous vos baggages respectifs mais c'est sûrement ce qui fait que c'est juste ce qu'il vous faut.

Sa réaction à ton aveux à propos de son odeur sur ton hoodie ne se fait pas attendre. Tu la trouves adorable à un point tellement que tu sens le rouge de tes joues s’accentuer. C’est marrant comme vous pouvez coucher ensemble et passer des heures à poil l’un contre l’autre mais c’est lors de petit moment comme celui là que tu te sens vulnérable. Tu t’exposes toujours un peu plus et bien que tu sois effrayé par ce qu’il peut en résulter, tu le fais quand même. Birdie est de la même trempe dernièrement. Elle a dit bien des choses qui te sont encore irréels. How did we end up there? T’as aucune idée mais c’est autant un pur bonheur qu’un immense flippe. Sa réaction te fait battre le coeur si vite… My god… T’as envie de te facepalm. Tu te trouves pathétique. Pathetic but cute. Hmm. “You sure it will still work ? That’s risky.” Tu hoches la tête, évitant ses yeux quelques instants avant de remettre la connexion. It’ll work better. Car tu vas pouvoir te perdre dans tes souvenirs de Birdie au lieu de penser à ta mort prochaine dans l’oiseau d’acier.

“I think it deeply misses you. I wore it too much, it needs its dad as well.” Un doux sourire sur ton visage de l’entendre. Cet aveux qu'elle te fait si facilement. Ton visage toujours plus en feu et tu t’enlèves ton hoodie comme si ça allait être une solution à ton mutisme. T’es trop cute Jordan. She’s the cutest. “Oh, baby, look what you started, the temperature's rising in here, is this gonna happen?” Elle veut te tuer. Y'a pas d'autres explications. Quand Birdie chante et qu’en plus il s’agit de chansons que tu connais très bien et qui sous entendent tellement de choses, ça te fait beaucoup trop de choses. My god... Elle ne s’arrête pas là en plus, elle joue de son pied sous la table. She wants to kill me. Mais vous êtes interrompu et t’as l’impression que la soirée va se rallonger. Car la miss a faim. “Of you, very much.” Tu la regardes faire l’air de dire ’yeah ok you won'. Car tu l'avais défié un peu plus tôt - par la pensée - tout porte à croire qu’elle a bien entendu le message. “I could eat a cow.” Elle a réellement faim.

“Are you ? Because I thought you only wanted to drink.”
« It’s ok,  we can stay, I should eat something anyway. »

Ta jambe qui se colle à la sienne. « I need strength to take care of your body all night long. » Tu es dans la totale exagération mais c’est pas l’envie qui te manque d’appliquer ces plans.« A little less conversation, and a lil more touch your body. » ’Cause I’m so into you…  Tu prends une légère liberté dans les paroles pour que ça colle avec ce que tu as dit juste avant. Tu prends aussi soin de ne pas dire la suite direct de ces paroles. C’est implicite à ton avis. Elle le sait de toute façon. Tu ne regardes pas le menu parce que tu as déjà en tête ce que tu vas prendre. Tu retournes poser ta main sur Birdie. Sur son avant bras car elle est occupée avec ses mains mais tu veux quand même être en contact. T’es si faible Jordan. Shut up. T’aurais bien envie de l’embrasser mais le fait d’être assis l’un en face de l’autre n’aide pas à ce que tu puisses le faire. Tu caresses doucement sa peau de ta main, le coude de ton autre bras posé sur la table pour tenir ta tête alors que tu la regardes lire le menu. Tu es en train de tomber de plus en plus pour elle… Ton coeur qui bat plus vite au fur et à mesure et tu t’en rends compte alors que tu as envie de bouffer son adorable visage. De la serrer fort contre toi. De nicher ton nez dans ses cheveux. De lui enlever enfin son tshirt pour voir s'il te va. How does she get more and more cute ? Tu n’arrives pas à déloger ton regard d’elle. Should I make a move and ruin the whole evening? Tu le considères vraiment. Maybe. Sa peau si douce sous ton pouce. Ta respiration qui se fait plus profonde alors que t’es encore en train de considérer, dire quelque chose mais… No.

« Ok. » Il prend la peine de répondre sur ce point. Un simple ok qui pourrait te faire brièvement douter mais à tout bien reconsidérer, à aucun moment Jordan n’a émis l’hypothèse qu’il pourrait refuser à ce que tu l’embarques quelque part. Tes yeux papillonnent faiblement vers le bas, le teint perdu un peu de son assurance tout en passant ta main libre contre ton verre. “Even if it’s not LA or Mexico kind of level.” Tout comme avec Heather mais en pire, tu préfères l’informer que ça n’a rien avoir. Lui faire comprendre que ce n’est pas le monde qu’il a l’habitude, qu’il n’y aura pas d’avion à prendre, pas d’hôtel où loger et encore moins de célébrités sur place. Choisir de prévenir plutôt que de guérir est pour une fois la démarche que t’as décidé de suivre - et surtout parce que t’ignores s’il accepterait vraiment. Ce qui est ridicule. Il t’a proposé Los Angeles ; mais dans six mois, ça fait trop loin pour que tu réalises. Mais pourquoi aurait-il envie de s’engoufrer dans la campagnie australienne en premier lieu ? C’est étrange car tu ne te posais pas autant de questions avec tes autres visiteurs. Le tourbillon dans ta tête commence à te retourner de nouveau et t’es à deux doigts de te laisser submerger si tu ne fais rien ; alors respire, Birdie. Ce n’est rien. T’essaieras de le kidnapper quand t’auras tâter un créneau de disponible et tant pis si tu te prends un renvers ; tu survivras. Même si tu le prendrais mal, c’est certain.

« It’s ok, we can stay, I should eat something anyway. » Ton sourire est à la hauteur du bonheur que ressent ton estomac d’avoir autre à se mettre que des chips qui ne font qu’ouvrir l’appétit au lieu de le diminuer. Tout comme les petites flammes qu’il continue de faire danser quand sa jambe se rapproche de la tienne. Ce sont les petites attentions qui provoquent les grands brasiers et que tu sois damnée si tu ne réussis pas à tenir au moins un malheureux repas avant d’enclancher un contact plus téméraire que ton pied autour de son mollet ou de vos mains qui ont l’air de vouloir se mouler l’un dans l’autre jusqu’à ne plus se lâcher. « I need strength to take care of your body all night long. » Tu ne retiens pas la commissure de tes lippes, les fissures qui craquèlent gentiment sur ton visage sous la pulsion d’une expression que l’on pourrait qualifier d’éprise sans que tu ne puisses réellement l’assumer. T’es à peu près sûre que ton intérieur est fait de guimauve et que tu serais un bon sujet pour ton frère dans de quelconques expériences ; tu aurais bien aimé qu’il soit dans les environs. Il ne t’aurait pas aidé, pas sur ce sujet, mais il aurait aiguillé. A sa façon. Car Jordan n’a pas fini de te surprendre et tes réactions encore moins. La conversation se réchauffe et pourtant, il y a une base plus profonde qui te laisse à penser que ce n’est pas des paroles en l’air. Tu n’en as pas envie. Il a un passe temps droit illimité sur toi. Lui plus que n’importe qui d’autre. « A little less conversation, and a lil more touch your body. » ’Cause I’m so into you… Il te prend dans ton propre jeu - ou plutôt, dans son jeu à lui mais ta chanson à toi - et tu te demandes comment c’est possible d’avoir le souffle coupé et en même temps le palpitant qui s’emballe. Encore ces non-dits, ces mots suggérés mais non exprimés, ni en chanson, ni en dialogue, mais qui planent autour de vous comme des spectres. “Yes please,” que tu murmures avec taquinerie. T’as cruellement envie et besoin qu’il fasse tout ça. Taking care, touching, kissing, loving.  

Avant qu’une envie persistante d’avoir un comportement déplacé dans un lieu public ne pointe le bout de son nez comme un moustique envahissant et agaçant, tu plonges ton attention sur le menu. Manière aussi de couper le contact visuel avec Jordan, même si vos jambes liées et sa main maintenant perdue contre ton bras te font juste penser qu’il est bien trop loin et que ça ne commence à ne plus être suffisant. Tu souris malgré tout car pour une fois, c’est lui qui garde le contact en permanence. Tu le remarques de plus en plus ; tu n’es plus obligée de venir le chercher, il le fait par lui-même. C’est plaisant. C’est agréable. Ta moue est concentrée sur le menu mais tes yeux se relèvent sur la tête de Jordan. Absolument adorable avec sa tête contre sa main. Il a presque l’air rêveur. En te regardant. Est-ce que ça ne te rendrait pas timide, Birdie ? “Stop staring at me that way. You look stupid.” Ça te rend définitivement timide. Car ton timbre est rieur mais tu te caches derrière le menu pour qu’il ne te voit plus. Ou que tu n’ai plus à le voir. Dammit. C’est nouveau mais ça va aller, Birdie. I look foolish. Tu commences à craindre de ce qu’il pourrait se passer avec une atmosphère comme ça. Is this… how a date looks like ? Echanger des regards profonds et langoureux au-dessus de plats et de boissons, l’expression de Jordan en te regardant, les mains qui se cherchent et les pieds qui dansent, c’est le truc typique, non ? “Okay, I’ve made my choice” que tu dis de façon hyper cérémonieuse en posant ton menu sur la table dans un geste grandiloquent. Tu coupes court à la conversation interne car t’es à peu près sûre que ton assurance a pris un coup assez énorme pour les mois à venir. All because of him. A sa présence, à ses airs, à ses expressions, aux découvertes qu’il provoque en toi.

“So what can I get you ?”
“The chicken tostada looks good, it has my vote.”
“Very well. You sir ?”
“You didn’t even check the menu.” You were just staring stupidly at me. Ce qui ne manque pas de provoquer un nouveau balbutiement de ton cœur quand tu reposes ton attention sur lui. Little monster. Il en est un, dans un sens. Il est celui qui est en train de dépoussiérer ton organe vital et te prouver qu’il peut encore fonctionner. De toutes les manières possibles. Ton petit monstre qui t’enveloppe dans une bulle d’amour que t’avais pas envisagée - lui non plus, sûrement. Qui te rend niaise au possible. Vers qui tu tends la main pour aller chercher la sienne, cette fois-ci. Le temps qu’il donne son menu. I love his face so much. S’il n’y avait que son visage, Birdie. I wanna kiss him. Juste pour prouver que tu n’es pas cheesy à ce point.

“Even if it’s not LA or Mexico kind of level.”
« Yeah… »

It’s ok if you change your mind. Tu comprends cela dit qu’elle soit en train de douter. C’est pas rien. T’as pas oublié qu’elle doit avoir de la famille là bas. Ca te fait filpper aussi mais tu vois principalement des côtés positifs à ce que ça ne soit pas Mexico ou LA. Pas d’avion à prendre. De ce que tu te souviens, c’est à quelques heures de Brisbane. Pas besoin de penser à ta mort prochaine dans les airs.

Tu pensais pas que ça lui ferait autant plaisir que tu acceptes de rester pour manger. Elle doit avoir réellement très très faim. Et c’est vrai que la bouffe ici est d'une grande qualité. Elle a eu tout le loisir de voir les plats des gens non loin ainsi que tous les compliments que tu as fait sur l'endroit. Rester manger signifie que tu vas juste te torturer un peu plus longtemps du coup Jordan mais… Pour l’instant ça va. Ok tes joues sont super rouges, mais t’as pris la peine d’ôter ton hoodie et ça va mieux maintenant non ? Hmm. I guess. Ta main qui reste sur elle à tous les instants. Because you can. Cos she’s adorable.

Tu fais ton petit effet avec ta réparti suivi de la reprise de la chanson qu’elle a entamé juste avant. Elle a oublié que ton cerveau est 75% de paroles de chansons et que tu sais très bien jouer à ce jeu là. C’est d’ailleurs ton préféré et qu’elle s’y prête te laisse tout sauf indifférent. Elle a choisit la meilleure chanson aussi, dans le fond, dans la forme. Elle a ce regard envers toi qui veut dire bien des choses. “Yes please,” Des choses qui ne se produirait que dans tes rêves les plus fous. Tu ne veux même pas croire que ça puisse être la réalité. Is this the same Bird as a few months back? Celui qui t’a demandé de quitter sa maison. She needed time. On dirait bien oui. Et s’en suit un moment de contemplation de l’oiseau devant toi. Elle lit le menu alors que tu l’observes faire. C’est une image que tu n’avais jamais eu d’elle. C’est un moment que tu n’aurais jamais pensé avec elle. C’est la chose la plus adorable de toute la planète. Tu veux la chérir bien plus que tu ne peux le faire dans ce restaurant. Tu te fais quelques scénarios improbables dans ta tête où tu lui dis que tu l’aimes, que tu veux être exclusif et ça te rend ton coeur tout mou d’imaginer qu’elle dirait oui. Mais tu gardes tout ça bien dans ta tête, n’ayant pas le moins du monde envie de ruiner cette soirée qui te file des sensations que tu n’avais pas eu depuis si longtemps. Tu ne veux pas que ça s’arrête. I wanna hold her so close…

“Stop staring at me that way. You look stupid.”
« Stop looking so cute then. »

Et voilà qu’elle se cache derrière le menu, la rendant encore plus adorable. Tu comprends que tu la mets réellement mal à l’aise mais… T’as malheureusement pas prévu de changer ta façon de la regarder. I want your stupid love. “Okay, I’ve made my choice” Ta main qui glisse doucement sur sa peau. Tu te satisfais de son bras quand tu voudrais la toucher bien plus encore.

“So what can I get you ?”
“The chicken tostada looks good, it has my vote.”
“Very well. You sir ?”
“You didn’t even check the menu.”
« I’ll get the churros with chocolate please. »

Tu n’as effectivement pas pris la peine de regarder le menu parce que tu savais déjà ce que tu allais prendre. Tu t’es redressé pour libérer ton bras et déconnecté de Birdie pour donner les menus à la serveuse avec un doux sourire. Sourire qui n’est pas pour les qualités du services, mais pour l’oiseau qui est encore là à te faire tout ressentir. C’est d’ailleurs elle qui vient renouer le contact de vos mains. Ton coeur qui se gonfle de nouveau. Elle ne peut pas tenir deux minutes sans ta présence au plus près. Tu aimes te rendre compte de ça. Ca fonctionne dans les deux sens.

« So… » So quoi Jordan ? I don’t know. Tu te rends compte que tu ne sais pas quoi ajouter et ça te fait doucement rire. « Seems I’m not good at staring and talking. » Peut être que tu devrais chanter à la place de parler. Tu vas reposer ton coude sur la table pour soutenir ton menton alors que tu la regardes toujours. Parce qu’elle te coupe le souffle Jordan ? Maybe that. Parce que t’es de nouveau nerveux ? Yeah. This is a date. Car il y n’a plus de doute. C’est fou comme t’es encore là dessus Jordan. It’s huge. Est-ce qu’elle le voit comme ça elle aussi ? Nah. She’s chill. Elle a faim et vous êtes dans un resto, ça doit s’arrêter là pour elle. « Do I still have glitters on my face? » En tout cas ta main dans la sienne, elle y est toujours. Tu joues stupidement avec sa main, vous liant et déliant indéfiniment. Stupid Love de Lady Gaga jouant dans ta tête depuis qu’elle t’a qualifié de la sorte un peu plus tôt et… la chanson est trop parfaite ça t’énerve même un peu. Nobody’s gonna heal me if I don’t open the door. Kinda hard to believe, gotta have faith in me… Freak out freak out freak out…  Ouais cette dernière partie qui est la plus juste. Tu es nerveux. Tu es aussi heureux à ce moment précis. Le mix d'émotions que tu n'avais pas eu depuis des années. T'as l'impression d'être un ado de nouveau. Allez respire Jordan. Y’a pas de raison à ce que la soirée parte en vrille. Regarde la a être la plus soft. She’s into me. Même plus que ça.

« Yeah… » Tu caresses ton arcade, soucieuse sans t’en rendre vraiment compte. Il n’y a jamais eu aucune honte envers Elimbah. Il n’y a jamais eu aucune tâche que tu souhaites camoufler concernant ton quartier d’origine. Il fait partie de tes racines, de tes origines, là où tu t’es construite. Il n’y a aucun mal à vouloir emmener Jordan là-bas. C’est même une proposition assez naturelle ; non, ce n’est même pas une proposition, c’est une évidence. Tu sais que tu l’y emmeneras. T’espère juste qu’il a bien compris que ce n’était pas une grande ville, ni par son ambiance et encore moins par son confort. Soucieuse qu’il soit déçu, qu’il n’aime pas, qu’il s’ennuie, voilà une liste que tu n’avais jamais songé auparavant mais qui se faufile dans ta tête. C’est parce que son opinion compte, parce que l’image qu’il peut avoir de ta personne est importante. De plus en plus. Tu ne veux pas être ennuyante. Ou te risquer de détruire ce qu’il a comme idée sur toi. Pourtant il t’a vu dans des états tellement divers et variés que ces peurs n’ont pas lieu d’être. Il est toujours là, en face de toi, à caresser ta main quand ce n’est pas ton bras parce qu’il le peut. Et parce qu’il le veut, certainement. Tout qui pointe que c’est important et grand qui se joue.

« Stop looking so cute then. » Et le voilà, le chatouillement dans l’intérieur. Le léger rose qu’on ne pourrait pas te penser capable de te teinter et pourtant. Vous avez beau vous être vus, admirés, embrassés, caressés, explorés de mille façons vos épidermes, vos corps, vos parcelles de peau, il se trouve qu’un simple restaurant suffit à vous rendre aussi timides et réservés que des personnes qui viennent à peine de se rencontrer. Qui l’autorise à dire ça en premier lieu ? I’m not “cute”, que tu réfutes intérieurement, maugréant face à ce terme que tu juges ne te correspondant pas. Même si ça n’empêche pas la chaleur de monter jusqu’à tes joues, de te faire pincer les lèvres et de te faire encore manquer un battement - t’es à peu près sûre qu’il va finir par provoquer une crise cardiaque à force d’avoir les mots les plus touchants, adorables et romantiques qui soit. “I’m not.” Que tu dis quand même avec un dégoût surjoué qu'il ne peut pas voir, planquée derrière ton menu pour encore cinq secondes, le temps que ton sourire cheesy disparaisse un peu pour un peu plus d’assurance ; tu n’es plus une adolescente, for godsake. C’est ce que t’essaies de faire croire mais c’est pourtant ce que tu es, là.

« I’ll get the churros with chocolate please. » Tu te remémores vaguement ce que Will pouvait te dire quand il était avec Sofia ; ou même ce que cette dernière avait pu t’évoquer quand vous étiez en tête à tête. Elle avait parlé de ses yeux, de se sentir bien avec quelqu’un, d’un baiser sous la pluie - tu t’étais moquée d’elle, à l’époque, évidemment, bien sûr que tu t’en étais moquée alors que tu n’avais que vingt ans. Tu étais pourtant pleine d’espoir à cet âge-là mais tu n’as jamais été comme ça. Mais c’est sûrement parce que les personnes que tu as fréquenté dans ton passé ne t’en ont pas laissé l’occasion. D’explorer cette partie de toi. Celle qui souhaite désespérement une place auprès de quelqu’un, comme tout à chacun s’accorde sur cette terre. Gamine, t’as toujours cru Will pour ce rôle-là, sans pour autant jamais avoir resenti quoique ce soit d’autre que de la fraternité pour lui, même quand vous êtes sortis ensemble. Avec Dan, les choses étaient trop tumultueuses, trop floues, trop à distance, des caractères incompatibles qui ne pouvaient pas s’accorder. Jordan te fait sentir exactement tout ce que t’as renfloué pendant des années, tout ce que t’as dénigré depuis ton entrée dans le monde adulte, depuis cette étape de ta vie qui t’a simplement muré pour te protéger. Et protéger les autres de toi. “Straight to the dessert.” que tu commentes subtilement, malgré ta cage thoracique qui a l’air de se compresser de plus en plus.

« So… » T’aimes pas ça. T’appréhendes un peu. C’est toujours mauvais signe de comment ça par ça. Tu dramatises un peu la situation. Tu te mords la lèvre en l’observant rire sous cape ; ça te détend un peu car ça veut dire qu’il ne va pas enclancher une conversation que tu ne souhaiterais pas avoir. Comme un adieu. Comme si ça en a l’air. Si cette situation prouve quelque chose, c’est bien le contraire d’un au revoir ; c’est même carrément le contraire alors que vos doigts ne se quittent absolument et toujours pas. « Seems I’m not good at staring and talking. » Tu ne peux pas t’empêcher de rire à ton tour. “You’re too good at them.” que tu corriges rapidement. C’est bien là le problème - si c’est vraiment un problème qu’il agisse de façon aussi adorable, avec son menton de nouveau sur sa paume et que t’as juste envie de capturer l’instant pour toujours, ainsi que de presser ses lèvres contre les tiennes. S’il te regarde comme ça, t’es à peu près sûre de pouvoir lui donner tout ce qu’il demandera. Même le plus absurde ou le plus délicat. Preuve si t’en avais encore besoin de montrer à quel point t’es attachée. Entichée.

« Do I still have glitters on my face? » Tu penches ta tête sur le côté tout en amenant ta main libre contre sa joue pour y caresser juste en dessous de ce qui reste du travail de son ami. “Well, let’s say that Teddy would probably be a bit pissed to see his work being destroyed like that. But yeah, you do. Probably more than me.” Parce que toi, t’as tellement fourré ton visage contre ses vêtements ou contre son cou que ça ne serait pas surprenant que tout soit quasiment parti. “You still look awfully handsome.” And I still want to steal a kiss. Que t’émets en lecture intérieure alors que ton pouce vient soudoyer la commissure de ses lèvres avant que ta main abandonne leur visite sur son visage pour monter ton verre à tes lèvres et grappiller les dernières gouttes de ta margarita. “Did you used to come here with Rosa ?” Que tu demandes soudainement, la question n’ayant pas pu échapper à ton esprit depuis de longues minutes. Il t’a parlé que des personnes qui l’ont amené ici, qu’il connait le lieu depuis longtemps, cela ne serait pas étonnant qu’il y soit venu avec sa femme - ex femme ? Il a toujours sa bague, après tout, que tu vois très bien sous son menton. T’appréhendes un peu la réponse mais tu veux juste savoir ; ce n’est pas tant la jalousie qui te guette mais plus la signification qu’il pourrait y avoir derrière. Mostly people brought me here il a dit. Cela ne devrait pas être un si big deal. Et pourtant, ça l’est ; parce que toi, ce n’est pas des gens qui t’amènent ici, c’est lui. Cumulé à sa façon de ne pas te quitter des yeux, à l’interruption de l’inconnue, à la pile de réflexions que vous avez pu avoir dans le passé sur vous, à l’électricité douce de vos doigts liées… Something’s happening. And that’s the big deal.

“i’m not.” Elle continue à être encore plus adorable que la fois d’avant. How the fucking fuck. Ton coeur qui va pas tenir de la voir comme ça et toujours plus. Heureusement qu’elle est pas collée à ton torse, ou ton cou, car elle pourrait sentir bien trop facilement les battements de ton coeur qui t’ont l’air d’être si fort.

“Straight to the dessert.”
“I’m not very hungry.”

En fait t’as pas du tout faim Jordan. En même temps à quel moment t’as faim ? Et à quel moment tu te sens obligé de te justifier de ton choix. Elle ne t’a rien dit de particulier. Elle juge pas. Tu avais juste envie de l’accompagner à avoir une assiette devant toi. Tu sais que ça aurait eu moins l’air d’un date si tu ne prenais rien Jordan. I know. Est-ce que maintenant tu as envie de faire en sorte qu’il y ait tout d’un rendez vous ce soir ? Shut up. Dans tous les cas tu as pris ton plat préféré. C’est de la pure gourmandise. C’est la seule chose que tu mangeras avec plaisir.

“You’re too good at them.” Qu’elle te renvoie aussitôt. Tu doutes franchement de ce qu’elle vient de dire car tu ne trouves pas de mots pour enchaîner la conversation subtilement, naturellement. Tu réfléchis un peu trop ce soir et c’est ça qui coince. En plus qu’elle te déconnecte tes neurones régulièrement par toute la mignonnerie de sa personne. Il n'en reste que c’est plutôt bon signe si elle ne se rend pas compte de combien tu es gauche. De combien à part quand elle t’a avoué son âge, tu ne t’es pas trop laissé aller. Tu commences à avoir peur que cette soirée se termine mal car tout se termine toujours mal. Dans ta tête en tout cas. Jamais habitué à ce que les choses tournent en ta faveur malgré que tu aies eu énormément de chance au cours des dix dernières années de ta vie. Tu resteras un pessimiste malgré tout l’optimisme que tu te plais à afficher. C’est des combats de tous les instants avec tes pensées. Là tu veux réellement que toute ce qui compose ce jour soit un point de sauvegarde de ta mémoire sur une journée absolument parfaite avec Birdie. Même si la suite est incertaine, si tu vas tout faire s’envoler à cause d’une chose ou d’une autre. Rien n’entachera jamais que tu seras reconnaissant envers elle éternellement pour cette journée parfaite avec tout autant d’émotions qui parcourent ton corps que tu n’avais pas ressenti depuis bien longtemps.

Elle va poser sa main sur ta joue quand tu lui poses ta question. Elle va pouvoir sentir combien elle est chaude - ta joue. “Well, let’s say that Teddy would probably be a bit pissed to see his work being destroyed like that. But yeah, you do. Probably more than me.” Justement pour ça que tu lui demandes, car elle n’en a plus trop de son côté. Faut dire que t’es perché plus haut qu’elle qui a eu son visage niché contre ton torse la plus grande partie des moments où vous n’étiez pas en train d’échanger votre salive. “You still look awfully handsome.” My god Bird… Parce que tu ressens si fort ses mots, faut dire qu’elle est aussi en train de glisser ses doigts sur tes lèvres et qu'elle te dévore des yeux. Y’a rien qui aide pour ne pas te faire réagir. “I’m not.” Tu reprends ses mots pour te faire passer pour drôle plus qu’autre chose. Parce qu’effectivement tu te sens beau sous ses yeux. Elle te libère de son emprise, tu la regardes boire une gorgée. “Maybe I am a little.” Tu te sens encore plus drôle et c’est aussi loin de la vérité une nouvelle fois. Thank you for making me feel pretty. Tu émets une pression sur sa main que tu as toujours dans une des tiennes. Tu es véritablement touché.

“Did you used to come here with Rosa ?” Tu avais le feeling qu’une question de la sorte brûlait ses lèvres. Elle a déjà essayé de te faire répondre un peu plus tôt mais t’as esquivé. T’as des mauvais souvenirs de personnes que tu voyais qui te posaient des questions sur Rosa et qui n’appréciait pas les réponses. La différence là c'est que ce n’est pas la première fois que vous parlez de Rosa avec Birdie et l'oiseau est toujours là. Elle ne t’a pas tapé de crise pour ça. C’est ton passé en même temps, comment quelqu’un de sensé pourrait te blâmer d’avoir vécu une vie avant eux ? “Yeah. But it was more of a family gathering than a date.” Tu te mords la lèvre. “She has a very big family.” Que tu ajoutes pour expliquer que vous n’étiez pas juste tous les deux. Sa famille à l'époque est maintenant la tienne. Tes yeux qui sont focalisés sur rien. T’es dans tes songes. Tes souvenirs. Apparemment, t’as envie d’en dire un peu plus. De partager. “She took me on dates. Like. Proper ones. Restaurants and all but it wasn’t here.” Et pour toi, elle t’a emmené, invité, à ces dates, car elle a tout payé. Tu sais que ça c’est pas tant important que ça qui paie à la fin du repas. Rosa te l’a bien fait comprendre un millier de façon différentes mais quand même, savoir que tu pouvais pas lui offrir un resto ça t’a dérangé, au début de votre relation. “You write me poems and songs. I’m fully unable to do any of that. Let me do what I can for you.” Qu’elle t’avait dit pour te faire te sentir mieux. Pour te mettre les choses dans une autre perspective. Vous apportiez des éléments différents dans votre relation chacun à votre manière. T’as arrêté de te sentir mal après ça. T’avais compris que vous étiez une team et pas en compétition. Tu remontes tes yeux vers Birdie. “Is there any other question you’re dying to ask since we got here?” Un sourire amusé sur tes lèvres alors que tu l’affiches consciemment. Ca te détend quand tu la teases. Ta mains toujours en train de caresse la sienne.

“I’m not very hungry.” C’est à son bon vouloir. “I’ll steal some of your churros, then… Pretty please ?” que tu demandes avec une moue d'enfant suppliante. Et après, tu veux qu'il arrête de dire que t'es mignonne. T’as pris le plat, lui le dessert, il y a une logique qui te semble évidente dans vos envies du moment. Il ne te laisse pas être seule à manger et c’est assez gentil de sa part même s’il n’a pas faim ; manger devant quelqu’un qui vous regarde est une expérience assez dérangeante en soi. Même toi tu le penses, alors c’est pour dire. Et s’il n’a pas faim tant que ça, il ne verra aucune objection à ce que tu lui en piques, n’est-ce pas ? What yours is mine. Les lignes s’aminscissent, elles s’amenuisent et la pensée qui plane n’est qu’une mise en bouche sur tout ce que tu peux penser de la situation. Ou tout ce que tu ne veux pas penser.

Ce qui devient de plus en plus dur au fil des minutes qui s’écoulent. Les instants s’accumulent avec Jordan, les gestes et les contacts parlent beaucoup pour vous ; ils disent des choses que les paroles n’osent pas franchir pour le moment, quand bien les pensées tourbillonnent et sont belles et bien là. Tu as bien vu qu’il y a quelque chose à propos du restaurant qui fait réagir Jordan différemment. Pourtant, le restaurant est très bien, pour le peu que tu puisses constater pour le moment. Tu jugeras un peu mieux quand l’odeur des saveurs deviendra un plat concret devant tes yeux ; pour le moment, ce que tu as de concret devant tes prunelles brillantes, c’est le grand blond au visage parsemé de bleu, ses propres iris semblant briller plus que les paillettes elles-mêmes. Cette réflexion provient sûrement d’une opinion complètement subjective qui se plaît à croire que c’est grâce à toi s’il a le regard comme ça. S’il a toujours cette expression indéchiffrable mais qui t’émerveille quand même. Oh Birdie, tu n’es pas aveugle. Tu n’es pas ignorante. Tu ne pourras plus vraiment continuer à l’être après ça. Parce que tu marches sur le même fil, au final, et c’est là la surprise de l’humanité. Il réussit à ébranler toute ta confiance, tout ce que tu pensais connaître et, pire, tout ce que tu te refusais d’assumer.

Il est surprenant de voir que pourtant, il ne fait rien de particulier. A part te couver de cette attention qui te rappelle gentiment les mots prononcés tantôt “you’re special to me”. A part être juste lui qui est déjà beaucoup. Plus que ce que tu penses mériter. La patience d’un saint, depuis le début, depuis le premier jour. C’est ce qui te fait succomber toujours un peu plus. Les sollicitudes. Discrètes mais présentes. Et ça n’aide pas ton être le réclamer un peu plus fort à chaque fois. Vous n’avez pas cherché à ce que ça vous arrive mais il faut croire que l’univers a des plans. Tu veux bien suivre ce que l’univers a prévu pour toi, pour une fois. Tu te ferais marionnette sans aucun souci si cela te permet de continuer de ressentir la crainte de la passion au fond de toi. “I’m not.” Il a des soucis à s’accepter physiquement, ce n’est pas grave ; tu le feras pour deux. T’es là pour ça. Exactement comme lui est là pour te faire accepter non pas ton physique mais ton coeur. Tes émotions. Que tu es capable d’autre chose que de la gaminerie. Que tu peux avoir de la valeur. La vraie, la véritable. Que ce n’est pas juste pour jouer. Ce n’est pas une façade. “Maybe I am a little.” Ton léger sourire ne surprendra personne, pas plus que la pression qu’il fait sur ta main. You’re welcome.

Vient le sujet Rosa que t’abordes toi-même, son ombre n’étant jamais très loin au-dessus de vous. Tu ne peux pas t’empêcher d’être curieuse de ce côté-là. De savoir si tu dois faire un parallèle entre elle et toi. Si ça a vraiment une signification, du coup. Tu te renseignes aussi sur les habitudes d’un couple qu’il a déjà été dans le passé. Contrairement à toi, il a déjà connu cette situation. Tout ce remue ménage. Les processus, les démarches, jusqu’au mariage. Tu n’as pas beaucoup d’exemples autour de toi. “Yeah. But it was more of a family gathering than a date.” T’hausses les sourcils. Ignorant si t’es soulagée ou déçue. Ou un peu déconcertée d’entendre le mot “date” s’échapper de ses lèvres. “She has a very big family.” Il perd son regard dans le néant et t’attends sans rien dire. T’espères juste qu’il ne s’éloigne pas trop de toi. Que les souvenirs de Rosa ne le suppriment pas de toi. Tu sais qu’il y a une Maria dans son environnement. Sa belle-mère. Qui l’a vu dans un sale état, apparemment. What an impression. Depuis quand tu te soucies quelle impression tu peux avoir pour une dame que tu ne connais pas ? Cela n’est pas un souci. Maria a dû oublier le parasite d’un instant que t’as été. “She took me on dates. Like. Proper ones. Restaurants and all but it wasn’t here.” Tu trouves ça adorable que ce soit Rosa qui l’y amenait plutôt que l’inverse. La galanterie peut fonctionner dans les deux sens, après tout. “She sounds like… Something.” Elle devait avoir une sacré personnalité de ce que t’as pu en récolter ici et là ; ce qui va avec le physique que t’as vu. Tu te rappelles vaguement de Jeremy qui l’a charié en disant que tu lui rappelles quelqu’un. Tu te demandes alors si t’as des ressemblances avec Rosa. Mais est-ce que parler de son ex-femme décédé est une bonne idée présentement ? Non, tu ne penses pas. Ca te semble déplacé. Et tu ne veux pas te risquer à te faire des comparaisons dans ta tête. T’es douée pour des scénarios quand tu t’y mets. Mais cela ne t’empêchera pas de tâter le terrain de temps en temps. Rosa est une personne importante pour Jordan. Elle a contribué à ce qu’il est maintenant. T’es à peu près certaine qu’elle se débrouillait mieux que toi ; après tout, elle l’amenait aux restaurants, une idée qui n’a même pas effleuré ton esprit jusqu’à présent. C’est une question d’habitude. Chez lui, en soirée, à l’hôtel, tout semble plus naturel qu’un restaurant qui donne une dimension sérieuse. Officielle.

Ce qui entraîne la deuxième vague de pensées. “Is there any other question you’re dying to ask since we got here?” Tu lâches un léger rire tout en secouant la tête. “I’m not dying, thank you very much.” Si, un peu, de l’intérieur, quand il sourit, quand il continue à caresser ton épiderme, quand il approche son genou du sien, quand il te fait comprendre que t’es spéciale. Tu meurs un peu plus à chaque fois mais de la plus douce des manières. Tes yeux prolongent leur arrêt sur la table en réfléchissant même si tu sais déjà ce que tu veux demander. Sûrement qu’il perdra un peu de son amusement mais hey, il l’a cherché en premier lieu. “Why do you seem so nervous about this ?” T’es un peu vague, Birdie. “The restaurant, I mean.” Tu t’empresses de préciser au cas où. “Since you asked me, you’re… Acting a bit weird about it.” Il avait bredouillé quand il t’a invité alors que vous étiez littéralement nus, il a répété plusieurs fois que vous pouviez seulement y boire et prendre des plats à emporter comme si l’idée de rester lui semble absurde. Insurmontable. Improbable ? T’as senti que sa joue était chaude. Qu’elles s’étaient colorées légèrement plusieurs fois. Tu n’es pas dupe, tu agis seulement tel quel. Ta main libre file sous la table pour attraper son genou. “Is this okay for you ?” Does it remind you of Rosa taking you on dates ? Tu ne veux pas influencer sa réponse alors tu ne dis rien dans ce sens. T’as juste le souci que ça ne le dérange pas et qu’il ne va pas finir par brûler de gêne un moment ou un autre. Let me penetrate your mind, Jordan. Y a une seule façon acceptable de mourir par le feu et ça sera par celui que tu créeras quand vous serez chez lui. Aucune autre ne sera tolérée.

“I’ll steal some of your churros, then… Pretty please ?” Elle veut vraiment te prendre le max de trucs. Tu donnes beaucoup déjà, sans qu’elle ne demande rien souvent. Tu sais mettre des stops quand c’est trop - pensée pour la carte gold - quand elle atteint la limite, mais les churros sont bien loin d’être proche de celle ci. Tu hoches la tête avec un sourire amusé aux lèvres. Bien sûr qu’elle pourra t’en prendre des churros. Si t’en veux encore, tu en commanderas d’autres, et elle t’en piquera d’autres. Au fond, ça te plaît bien de vous imaginer partager. Peut importe de quoi il s’agit. Y’a un vous qui te réchauffe le coeur.

“She sounds like… Something.” Un doux sourire sur ton visage de l’entendre dire ça comme ça. Tu hoches la tête pour lui confirmer que oui, elle était vraiment un être exceptionnel. Elle avait une de ces sagesses, tu ne sais toujours pas d’où elle la sortait véritablement. Elle n’a pas eu une enfance facile et t’étais si loin d’être à sa hauteur pour bien des choses. Elle t’a fait grandir de tellement de manière. Tu n’aurais jamais assez de mots pour la remercier de sa présence dans ta vie. Ton album est intégralement un immense merci à sa personne et tous les moments que vous avez vécu ensemble. Tout ce qu’elle représente pour toi. Tout ce qu’il s’est passé dans ta tête qui touche même de manière infime à elle. Everything. C’est un moyen de la voir continuer de vivre sur cette planète au travers de ton art de manière intemporelle. Tu avais dans l’idée de rajouter une note sur ta page wikipedia à propos de l’hommage qu’est ton album, histoire que plus de monde que tes proches le sache. Tu ne l'as pas encore fait. Mais tu le noteras dans le booklet de ton album quand tu le sortiras enfin en version physique. C’est prévu.

“I’m not dying, thank you very much.” Elle nie et tu veux pas la croire. Mais elle est super chou et elle rit, du coup tu souris aussi te disant que tout va bien, attendant de voir la suite parce que tu sais qu’elle va poser sa question. “Why do you seem so nervous about this ?” Bird… “The restaurant, I mean.” T’avais bien compris. “Since you asked me, you’re… Acting a bit weird about it.” Bien sûr qu’elle a remarqué. C’était impossible à louper en même temps vu comme t’as noyé le poisson. T’as pas mal d’émotions qui s’emparent de toi et tu ne te rends pas compte que t’as baissé tes yeux quand tu sens sa main sur ton genou. “Is this okay for you ?” Elle est si prévenante. Ca te touche plus que tu n’aurais cru. Tu prends la parole, et la perche de cette dernière question, le niveau de ta voix plus faible, t'es dans une certaine émotion de toute la situation.

“It’s more than okay.” Tu prends une grande inspiration. Elle vient de t’ouvrir une giga porte pour dire plein de chose que tu gardes dans ta tête et qui te font justement être si nerveux. La symbolique derrière ce dîner pour toi. Tu te passes ta main libre sur ton menton, puis tes lèvres, cherchant les mots. Tu vas élaborer car les quelques mots que tu viens de dire ne répondent pas à sa question. “I’m nervous because this is a date. At least to me it feels like one. It was already one when I asked you out. And you said ok… And maybe it’s just dinner and drinks to you. I don’t know. I didn’t ask. Didn’t want you to change your mind.” Ton visage est relevé mais tu évites de la regarder directement dans les yeux. Tu te pinces la lèvre inférieure de ton index et ton pouce brièvement avant de reprendre. T'as ce besoin de te toucher pour te rassurer et t’encourager à continuer car, maintenant que t’es lancé faut que tu dises tout ce qui te tracasse. Elle l’a remarqué. “I don’t want to upset you and ruin… Whatever this is to you with my labels because this is legit the best I’ve been feeling in so long and you also seem to have a really nice time.” More than just nice. Mais tu veux pas t’imaginer trop non plus.

Tu déglutis. Bizarrement ta main dans la sienne ne bouge plus depuis que tu as commencé ta confession. T’es comme sur pause dans tes attentions envers elle. Craignant le pire. Comme toujours. Please don’t get upset. Tu sais qu’elle a besoin de temps et tu ne veux pas qu’elle s’imagine que tu veux aller plus vite que la musique si quelque chose en ressortira de tout ce bordel qu’est votre histoire. Tu remontes tes yeux vers elle. Please don’t get upset. Tu n’as aucune idée dans quelle direction son esprit peut aller, tu ne veux pas avoir la confiance. Tu ne l’as très clairement  pas, mais c’est elle qui a demandé des éclaircissements sur ton compte à juste titre, parce que t’es nerveux et ça la dérange visiblement. Tu ne pourras t’en prendre qu’à toi même dans tous les cas. Cette pensée te fait un petit peu de bien. Surtout que tu aurais été incapable de faire autrement car tes émotions te contrôlent plus que tu ne les contrôles. Shouldn’t have asked her out tho. Elle a dit oui. Elle voulait aussi. Même si éventuellement ça n’a pas la même signification pour elle.

Il hoche la tête. Sans rien dire, mais deux fois, il le fait.
Une fois pour confirmer que t’auras le droit et la permission de goûter ses churros.
Une autre fois pour appuyer tes propos concernant Rosa.

Un jour, tu auras la curiosité de lui en demander plus. Elle t’intrigue, Rosa. A force de l’entendre évoquer sans jamais la connaître, t’as comme l’impression que tu peux déjà établir les lignes de la personne qu’elle était. Mais elle reste un grand mystère et tu n’as jamais été la dernière pour aller trifouiller les fils, même d’un passé aux souvenirs douloureux. Cependant, Jordan évoque toujours son image, sa présence, ses messages, il a toujours sa bague donc tu supposes que ce n’est pas un terrain miné. Mais ce soir n’est pas le soir. Il t’a déjà assez donné l’impression qu’il allait fondre sur place - et pas de la manière dont tu aimerais. Ou qu’il espère peut-être que le sol l’engloutit. T’en sais rien parce qu’il ne dit rien, justement. D’habitude, vos interactions sont fluides. Mais dans certaines situations, vous vous retrouvez avec un étalage d'œufs à la place du sol solide. On ne veut pas les briser, les œufs, on veut qu’ils restent intacts mais cela alourdit considérablement l’ambiance autour de vous et ça te dérange. Tu n’aimes pas ça et tu refuses que cela continue dans ce sens. C’est bien, Birdie, on pourrait croire que tu commences à jouer l’adulte.  

C’est exactement sur ce bouton que t'appuie dans un élan de courage soudain ; ou peut-être de stupidité. Non, du courage, vraiment, parce que t’es à peu près sûre du tournant de sa réponse quand bien même tu n’as pas toutes les cartes en main. Que tu n’es pas dans sa tête, que tu n’as pas ses bagages, son expérience. Tu ne peux qu’appréhender gentiment, te mordant la lèvre quand il baisse les yeux. T’es soucieuse pendant les secondes qui séparent ta question de sa réponse. “It’s more than okay.” Okay, c’est une bonne chose, ça. Mais cela n’empêche pas que tu suis le mouvement de sa main contre son visage, te créant ce noyau au fond de toi d’incertitude. Tu n’as pourtant rien à te reprocher. “I’m nervous because this is a date. At least to me it feels like one. It was already one when I asked you out. And you said ok… And maybe it’s just dinner and drinks to you. I don’t know. I didn’t ask. Didn’t want you to change your mind.” Un rendez-vous. A date. C’est ça qui le chagrine depuis le début ? Tu es tellement ignorante, Birdie, quand il s’agit de ce domaine-là. Du jeu de la cour pour aller prendre quelque chose de bien plus profond que ton physique. Des pas à effectuer pour conquérir autrui. Tu n’as jamais fait dans les dates. Ce n’est pas une question d’envie mais d’opportunité certainement. Tu n’as pas pris l’ampleur de l’événement. Oui, pour toi, ce n’est qu’un repas et des boissons. Agrémenté d’une envie irrésistible de l’embrasser toutes les trente secondes et de le toucher toutes les cinq. Ponctué de regards appuyés et de sous-entendus entre deux paroles qui te font perdre un peu plus la tête. Exactement comme tu n’avais pas capté que tu es celle depuis une décennie - tu ne pouvais pas savoir, ceci dit. Mais maintenant qu’il dit tout ça, que ça se cumule et s’additionne au fur et à mesure, tu réalises encore plus fort. L’étendue de ce qui se profile. De ce que Jordan veut. Ce qu’il cherche. Ce qu’il souhaite. Venant de toi. Ce qui est assez inédit et surprenant.

Inutile de préciser que l’expression du cœur qui bat à la chamade n’a jamais pris autant son sens en toi qu’à ce moment précis. T’es un peu déphasée sur la situation mais cela ne t’empêche d’avoir envie de l’inciter à arrêter de torturer sa pauvre lèvre qui n’a pas demandé à être meurtri sous l’agitation de son propriétaire. “I don’t want to upset you and ruin… Whatever this is to you with my labels because this is legit the best I’ve been feeling in so long and you also seem to have a really nice time.” I do. Dis quelque chose, Birdie. Ne laisse pas trop de temps. Il va encore plus douter. S’inquiéter plus fort. Parce qu’il a déjà pensé à tout ça alors que toi, ça t’a à peine effleuré l’esprit. “I do.” que tu dis à voix haute alors qu’il remonte ses yeux sur toi. Il paraît si vulnérable. T’as tellement envie de le prendre contre toi. C’est à cause de toi qu’il a des doutes, aussi. Tu lui as donné des occasions de voir ta façon de penser dans le passé. Mais vous êtes repartis sur de nouvelles bases. Tout en gardant cet historique qui vous est propre. Celui où vous avez toujours eu cette connexion. Ce truc ayant rendu votre relation assez unique depuis le début. Tu pourrais croire que c’est parce que vous avez été amis avant d’être tout le reste - mais ça a été le cas avec Dan aussi et le résultat a été désastreux. T’as jamais voulu que ça recommence et pourtant. Jordan n’est pas Dan. Ça se répète en boucle dans ta cabosse mais tu le sais. C’est une évidence même. Il te donne envie d’y croire, lui. Il te donne l’impression d’être importante. De valoir quelque chose. I don’t deserve him. Tu passes ta langue sur tes lèvres ; il va falloir répondre. Trouver quelque chose à dire. D’habitude, tu trouves les mots mais là, c’est un vocabulaire inédit qui s’ouvre à toi. T’as aussi envie de le prendre dans tes bras. D’être plus proche. Comme pour vous réconforter tous les deux. Lui pour atténuer ses inquiétudes. Toi pour confirmer ce que tu ressens déjà depuis longtemps sans vouloir l’assumer. Pas que cela empêchera les grimaces et les exaspérations face à ton comportement que tu juges réellement candide et niais.

Tu lâches sa main, tu lâches son genou et tu te lèves. Pour faire glisser ta chaise à côté, pour qu’il n’y ait plus qu’un angle qui vous sépare au lieu d’une table entière. T’en as rien à faire de perturber l’ordre des choses ni même de faire du bruit avec les pieds qui grincent contre le sol. T’as le cœur qui bat toujours aussi fort quand tu te rassois. Tes jambes rentrent dans les siens mais ça ne te pose pas de problème. “Every moment with you is a nice time,” que tu dis doucement. Tu couvres sa main de la sienne, tes yeux se portant sur le geste car ta confiance aussi a ses limites. Surtout sur un sujet pareil où tu n’y connais rien, où t’as peur de faire comme avant et de dire ce qu’il ne faut pas. Seulement là, c’est moins violent qu’avant. T’acceptes un peu plus la situation. Et t'embrasse aussi avec plus d’enthousiasme ce qu’il te fait vivre. Car il y a définitivement pire sentiment dans le monde que celui d’être subjuguée par un autre être vivant. “It’s my first date then, you know. Usually I’m the kind of girl you bring to have fun, not for… this. That says a lot about me.” Que t’émets toujours aussi doucement avec un léger sourire qui se veut amusé mais au final, qui est aussi un peu attristé de ce constat. “So you freaking out about it freaks me more out than the actual thing.” Parce que ça ne reste toujours qu’un repas partagé comme vous en avez déjà eu dans le passé - pas dans ce cadre, certes. Cela prouve que ça ne te dérange pas plus que ça. C’est même carrément naturel ; mais c’est un truc conséquent pour Jordan alors t’évite de rajouter de ton détachement qui ne ferait que venir ébranler ce qu’il peut penser sur tes propres pensées vous concernant. Ce n’est pas parce que tu ne vois pas ce tête-à-tête au même niveau que lui que ça signifique qu’il en va de même pour votre relation. Il y en a une et Jordan a visiblement envie de la mettre, cette étiquette. “I like you. I like you very much. I don’t know where we’re going but I apparently still intend to go on that road anyway. Life’s an adventure and I’m very well known to enjoy experiences.” Especially new ones. Jordan en est une à lui tout seul, d’expérience. Tu traces des dessins abstraits sur le dos de sa main, ton attention toujours focalisée dessus. Ça servait bien à quelque chose de te rapprocher de lui si tu n’es pas fichue de le regarder. I can feel him. “I don’t need labels to know how much I like being with you. You make me feel different. Kinda unique - which I am obviously, but in a way I’m not used to. You are apparently the only stupid ass pretty enough to catch my attention lately.” T’essaie d’alléger ton dialogue parce qu’il est clair que les conversations d’adulte ont tendance à te foutre un peu mal à l’aise. Surtout quand ça concerne les sentiments où tu n’as pas l’impression de réussir à t’exprimer correctement. Cependant, tes propos maladroits sont véridiques. A aucun moment tu n’avais ton attention ailleurs que sur lui quand il est dans les environs. Il y a peut-être eu des écarts de fait avec Heather à Elimbah mais depuis qu’il est là de façon plus présente - dans tes pensées surtout - tu as été plutôt sage. Tu le constates un peu plus en y repensant, en le constatant. Quelque chose qu’il ne sait pas puisqu’il ne le voit pas. Tu coinces de nouveau ton pied autour de son mollet le plus proche tout en relevant timidement ta tête vers lui. Please, kiss me now to prove everything’s okay.

T’es en train de débattre est-ce que tu dis quelque chose de plus ? Est-ce que tu enfonces ton clou ? Est-ce que t’as été assez clair ? Est-ce qu’elle attend plus ? Elle te regarde mais sans rien dire et ces secondes te semblent être des heures. Should I- “I do.” Mais voilà qu’elle parle enfin. Pour confirmer qu’elle passe un bon moment. Tes yeux dans les siens à présent, elle n’a vraiment pas l’air d’être en train de s’énerver. For now. Ait un peu d’espoir Jordan. Tu laisses le silence de votre bulle vous englober. Si c’est tout ce qu’elle dit, ça te convient, car c’est positif. Car elle est toujours là aussi. Elle a l’air de vouloir dire plus mais sans savoir par où commencer. You don’t have to. Tu ne voulais tellement pas que cette soirée se continue comme ça. En grandes conversations. En grands mots. En nouveau palier pour vous deux. Tu sais que quoi qu’il arrive, tu viens de lui avouer quelque chose d’assez immense par rapport à tout ce que vous preniez soin de ne pas dire, mais de faire quand même. Tu pensais tellement pas que tes sentiments pour elle en arriverait à là. C’était beaucoup plus simple quand ça n’était que des moments fun avec elle, sans toutes ces pensées à son propos ensuite, tout ces battements de ton coeur en plus mais tu en es là et faut que tu gères maintenant.

Elle se lève, se détachant totalement de toi. What. Ton coeur qui commence à descendre en chute libre dans ta cage thoracique mais qui calme son ascension lorsqu’elle s’installe plus proche de toi. Jesus. Vos jambes les unes contre les autres. As it should. Elle reprend la parole. “Every moment with you is a nice time,” Ok encore du positif. Elle n’est pas contrarié. Not yet. Come on Jordan, elle parle doucement, elle prend ta main dans la sienne. Elle ose pas te regarder. Elle est en train de faire un truc de fou là. Can’t be.

“It’s my first date then, you know..” It can be, Jordan. Omg.
“Usually I’m the kind of girl you bring to have fun, not for… ” A date.
“this. That says a lot about me.” It says a lot about them.

Tu n’en reviens pas que ce soit réellement son premier rendez vous avec quelqu’un. Que tu aies, cet honneur, que personne n’a osé avant toi. Et bien sûr que ça la touche et qu’elle ne comprend pas. Toi ce que tu ne comprends pas c’est comment personne n’a vraiment voulu avoir de date avec elle. Maybe she didn't want. Tu es curieux de ce côté là. Tu auras peut être le courage de lui demander un jour.

“So you freaking out about it freaks me more out than the actual thing.” Sorry. Même si t’aimerais bien pouvoir contrôler ça. C’est plus fort que toi. Tu te mordilles la lèvre, essayant de te relaxer. Elle est toujours là. Elle s’est rapproché de toi. Elle dit plein de mots que tu ignorais. This is huge progress. Yup. Et c’est ton tour d’aller poser une main sur elle. Sur son poignet. Tu veux qu’elle sente que t’es là toi aussi, même s’il n’y a pas de doute possible vu comme vos jambes et deux de vos mains étaient déjà en contact. Tu voulais un peu plus encore.

“I like you.” I might love you.
“I like you very much. ” I might love you very much.
“I don’t know where we’re going but I apparently still intend to go on that road anyway.” Yes please
“ Life’s an adventure and I’m very well known to enjoy experiences.” I’ll make sure you enjoy it all.

Is this my turn to talk ? Tu regardes vos mains jointes. Elle te caresse comme pour te rassurer. Tu fais de même sur sa peau. Tu remontes tes yeux aux siens alors qu’elle reprend. Sans te regarder toujours, mais tu sais pourquoi. C’est tout sauf un exercice facile. She’s not done.

“I don’t need labels to know how much I like being with you. You make me feel different. Kinda unique - which I am obviously, but in a way I’m not used to. You are apparently the only stupid ass pretty enough to catch my attention lately.” C’est presque un bug général de ta personne avec tous ces mots en plus qu’elle vient d’ajouter. My god… La main qui était sur son poignet qui va se poser sur sa cuisse alors qu’elle case un peu mieux son pied avec ta jambe. Elle relève enfin les yeux vers toi. Tu te répètes tout ses mots dans ta tête, histoire de réaliser l'étendu de tout ses mots qui te touchent plus les uns que les autres. I’m one very lucky human… Parce que si date il y a, tu veux croire que l’extension de ce dernier, c'est le label couple. Mais tu n’iras pas jusqu’à le lui faire dire. Y'a eu bien assez de confessions pour ce soir, enfin, à une chose près, qu'il faut que tu laisses sortir. Car comment ne pas lui avouer ça après tout ce qu'elle vient de te dire ? « I’ve got to admit something. » Tu te mords la lèvre alors que ta main sur sa cuisse se fait immobile. Tu cherches tes mots, baissant brièvement les yeux avant de les remonter de nouveaux dans ceux de ton oiseau. « I’m actually 30. » Un sourire de petit con qui s'accroche aussitôt sur tes lèvres. Un sourire bien trop large. Un sourire qui montre que ta nervosité s’est calmé de manière considérable. Que tout ce qu'elle a dit, ça a fait le job escompté à ton avis. Te calmer. Arrêter d'avoir des craintes par rapport à tout ce que ce soir représente. Car c'est que du positif.

C’est un exercice dont les rouanges ne te sont pas familières. Parler de ce qu’il y a dans ton coeur - assume-le, bon sang, que t’en as un, qu’il parle, qu’il vibre, qu’il ressent - ce n’est pas une évidence ni inné. T’es plus apte à évoquer les mille et un délires qui te passent par la tête sans arrêt qu’une seule idée de ce qu’il se passe dans ta poitrine. Alors tu n’es pas sereine. Ni dans tes propos ni dans ton timbre. Tu n’es pas plus sereine de savoir si c’est ce que Jordan attend de toi. Si c’est ce qu’il veut entendre. Si ça ne l’est pas assez, il devra pourtant s’en contenter parce que tu n’es pas capable de plus à l’heure actuelle. C’est encore difficile de te laisser pleinement aller ; tu préfères encore tout démontrer par les gestes. C’est bien plus simple, ça aussi. Son contact physique que tu cherches et recherches constamment, le besoin similaire qu’il finit par aussi ressentir, te réconfortant dans l’idée qu’il ne va pas te lâcher. I’ll be there to catch you. Il l’a dit lui-même et c’est une des sensations les plus plaisantes à ressentir. La douce électricité de chaque membre que vous avez liés appuyant cette idée folle que vous êtes quelque chose sans l’avoir vu venir. Tu n’as pas vraiment besoin de ses mots, qu’il le dise et qu’il l’évoque - c’est même à chaque fois paralysant et terrifiant tellement qu’il est bien plus doué à ce jeu que tu ne le seras jamais, la faute à l’expérience dirons-nous - mais ça reste agréable à entendre. Ça t'aide à t’attacher. A te laisser guider et aller dans la direction qu’il veut. Tu es faible mais c’est pour la bonne cause, là. Tu es faible mais de la plus belle des façons. Pour la plus noble des raisons.

Tu pourrais rajouter que ça te file la frousse. Que t’as peur - pour lui plus que pour toi même si l’un ne va pas vraiment sans l’autre. Mais tu trouves que ton discours tient la route. Qu’il n’y a pas besoin de plus. Jordan sait que tu n’as aucune confiance dans ce domaine. T’espères qu’il se rappelle de la chanson. Parce que toi, tu t’en es rappelée si bien que les paroles accrochées sur les parois de ton crâne que t’es allée la chercher. Et tu l’as écouté avec le sentiment que c’était toi qui avait écrit les paroles. C’est rare que tu sois sensible à ce point, surtout en écoutant une chanson. Mais celle-là était percutante. Alors ce n’est pas pour rien que tes épaules se sont affaissées et que tes yeux se sont intéressés à la danse de vos mains plutôt qu’aux reflets dans les siens. Tu juges que quand il quitte ton poignet pour ta cuisse, c’est plutôt bon signe. De toute façon, t’as le sentiment que tu t’en es plutôt bien sortie. Tu t’attendrais presque à recevoir un bon point. Pour avoir parlé, t’être exprimée, le plus simplement du monde - hell that wasn’t that easy. T’es reconnaissante qu’il n'ait pas réagi pendant que tu parlais - autrement que par le mouvement de ses mains. Même si cela n’empêche pas que tu n’es toujours pas rassurée quand tu relève tes prunelles.

« I’ve got to admit something. » Tu retiens une grimace en torturant à ton tour ta lippe inférieure. A l’image de Jordan faisant la même et qui n’est pas pour te rassurer. Si jamais il fait machine arrière, t’es à peu près certaine que tu te mettras à rire nerveusement avant de déguerpir. Oh l’ironie, franchement. Dans quel monde cela pourrait arriver, surtout après tout ce qu’il t’a dit jusqu’à présent ? Oui mais il n’empêche qu’il baisse la tête, qu’il la relève et spill it out que t’aurais envie de lui dire. « I’m actually 30. » That- Tu passes ta main dans ses cheveux avant de la glisser sur son visage pour la repousser en arrière dans un léger rire qui est ô combien appréciable après un stress que t’ignorais aussi fort. “You freaking asshole.” Oh il le mérite, celui-là, clairement, avec le sourire et l’expression qui vont très bien avec l’insulte que tu viens de lui balancer à la figure. T’ignores si elle sort pour la petite pression passagère qu’il vient de te foutre ou pour avoir menti tantôt - et te foutre aussi une petite panique passagère. Sûrement le premier cas de figure parce que pour le deuxième, tu restes sceptique. “Well, I’ll still find a way to check that info because I’m very doubtful about that point.” Il est bien trop fier de lui et toi, t’es bien trop ravie de pouvoir détendre chaque nerf de ton corps qui n’ont vraiment pas l’habitude de ce genre de choses. “You owe me thirthy kisses, then. For compensation for being an ass.” Que tu lui demandes en imitant sa position tantôt, ton menton dans ta paume libre, le coude contre la table et le sourire sur les lèvres, l’expression ne trompant personne. A very lovely attractive ass tho. Qui te capte et t’emprisonne sans que personne ne sache comment. Just by being Jordan, that’s enough for me.