Another night, another day goes by I never stop myself to wonder why You help me to forget to play my role You take my self, you take my self control
C’est rare, très rare qu’Eddie prenne un jour de congé et la dernière fois qu’il s’est absenté toute une journée remonte à son escapade à Sydney avec sa sœur pour l’anniversaire de celle-ci. C’est un luxe que le danseur ne peut s’accorder que de façon très exceptionnelle avec les gros projets à venir au théâtre et notamment le sien, ce spectacle qu’il monte seul pour prouver à Charles sa polyvalence et mériter officiellement la confiance de ce dernier. Le metteur en scène a d’ailleurs eu un peu de mal à gober la raison de son absence aujourd’hui, car c’est très inattendu qu’un gars comme Eddie se retrouve égérie d’une marque de glaces et ce n’est définitivement pas un registre dans lequel ses collègues auraient pu l’imaginer s’illustrer un jour. Eddie a eu droit à pas mal de questions sur une éventuelle reconversion, qui n’est évidemment pas prévue mais il faut croire qu’on ne peut pas s’octroyer une petite parenthèse sans forcément donner l’impression de délaisser sa passion. Pourtant ils le connaissent assez bien pour savoir que la danse est toute sa vie, alors ça dissimule sûrement l'envie à peine voilée de le voir raccrocher plutôt qu'autre chose. C’est pour l’argent qu’il fait ça, mais il s’est bien gardé de le dire car ses problèmes financiers ne sont connus de personne et le dernier lieu où il souhaite propager l’information est bien sa compagnie. Ça leur ferait trop plaisir d’apprendre qu’il galère, lui le traître opportuniste sur qui le karma allait bien finir par se retourner salement un jour dixit ses détracteurs, mais ceux qui ne peuvent plus l’encadrer verront bientôt sa tête à la télévision ainsi que dans les rues et ça, il faut avouer que c’est assez jouissif pour le danseur. Il ne connaît pas encore l’exacte portée de la campagne à laquelle il va prêter son image mais si c’est très largement diffusé il ne s’en plaindra pas Eddie, et ce n’est pas quelque chose dont il pourra avoir honte car il y a pire, quand même. Il s’est tout de même un peu renseigné sur Häagen-Dazs mais il ne leur a pas trouvé d’historique de polémiques, et de toute façon si c’est une marque avec laquelle l’agence Shining Stars travaille c’est logiquement sans danger. Il fait confiance à Halston, c’est elle qui lui a déniché ce contrat et elle n’aurait pas pris le moindre risque vis-à-vis de son image et de sa carrière, il en est intimement convaincu. Et Eddie n’a pas menti en disant qu’il prendrait au sérieux leur collaboration à partir de maintenant en se rendant disponible dès qu’il le faudrait, il le montre ce matin en se levant aux aurores pour honorer un rendez-vous très matinal avec la marque de glaces. La journée promet d’être longue mais l’argent qu’il a à y gagner vaut bien ça, et ce n’est pas à lui qu’on apprendra qu’on n’obtient rien sans rien dans la vie. Le danseur est d'ailleurs très ponctuel pour une fois et ça aussi c'est déjà un exploit en soi, et bien la preuve qu’il compte beaucoup sur ce contrat.
Le programme du jour est chargé entre le shooting photo et le tournage du spot publicitaire, dont il ne connaît pas le script à l’avance. C’est un sacré challenge pour Eddie qui n’a jamais pris la pose devant ce genre d’objectif et dont les performances d’acting se limitent pour le moment à un petit rôle dans un film, mais c’est sur lui que la marque mise alors il se doit d’assurer et de les convaincre que leur choix était le bon. Qu’ils n’ont pas fait d’erreur en le prenant lui plutôt qu’un autre malgré son peu d’expérience, et s’il prend tout ça au sérieux c’est autant pour la rémunération à la clé que pour les éventuelles retombées positives qu’une telle exposition pourrait lui apporter. Et il y a une troisième raison, plus personnelle encore. Il veut aussi prouver à Halston que leur collaboration vaut la peine d’être maintenue, et qu’il peut rester parfaitement professionnel malgré leur récent dérapage. Il se doit notamment d’être bon aujourd’hui parce qu’il représente son agence, s’il se foire Halston le saura et elle ne tolérera probablement pas ça de sa part. Peu importe à quel point ils ont pu être intimes tous les deux, il reste son protégé avec tout ce que ça implique. À peine arrivé Eddie est briefé sur les attentes de la marque et sur le déroulement de la journée, ça ne va pas traîner apparemment alors il va lui falloir être réactif. Il passe très vite entre les mains d’un coiffeur et d’un maquilleur, puis un jeune homme lui apporte sa tenue pour le shooting. Une chemise blanche avec un nœud noué autour du cou et un classique pantalon noir, des vêtements sobres qui permettront sans doute de bien mettre en avant le produit. Ses cheveux redevenus noirs risquent de pas mal ressortir aussi, et c’est sa mère qui va être contente de le voir arborer ses cheveux naturels quand elle le verra passer à la télé, elle qui déplorait depuis des années de le voir les teindre à tout bout de champ. En plein shooting une femme qu’il identifie comme l’assistante du photographe s’avance vers lui, et il peine à décrypter son regard avant que celle-ci ne fasse entendre sa voix. « T'es vachement photogénique Eddie, t'as déjà pensé à faire de la photo ? T'es quoi déjà, danseur ? » Photogénique, lui ? Ce n’est pas la première fois qu’Eddie entend ça mais il n’a jamais trop su quoi en penser, et en même temps il n’a jamais posé de façon professionnelle non plus avant aujourd’hui. Il se rangera peut-être à leur avis en voyant les photos, qui sait. « Alors non pas du tout, mais.. merci ? Et oui c'est ça, danseur. » il confirme en ne perdant pas la pose qu’on lui a demandé de garder, et au moins il n’y a pas méprise quant au fait qu’il n’est pas acteur de profession. Il préfère que les choses soient claires Eddie et il constate que la marque a retenu les informations glissées dans son casting vidéo, ça le met plutôt en confiance pour la suite même s’il est déjà étonnamment détendu pour quelqu’un qui se prête au jeu du mannequinat pour la toute première fois de sa vie. Le pot de glace entre ses mains commence à sérieusement lui geler les doigts mais ça c’est un détail, le plus important c’est qu’on n’y voit que du feu sur les photos et Eddie semble plutôt doué pour donner l’illusion qu’il passe un bon moment mine de rien. Allez, encore quelques prises et ce sera dans la boîte.
Le tournage du spot publicitaire s’achève à son tour et ça c’était un peu plus sportif par contre, il ne soupçonnait pas à quel point la marque pouvait être exigeante au point de lui faire recommencer la même scène dix fois juste pour un souci d’éclairage vraiment minime. « Okay on le tient ! That's a wrap, guys ! On remballe, merci à tous. » Eddie comprend qu’il est libre et peut donc souffler, sa mission s’arrête ici à moins qu’on ne le rappelle par la suite pour compléter tout ça. On lui propose de voir les photos prises un peu plus tôt en avant première mais il prétend vouloir garder la surprise, une bonne excuse pour ne pas dire qu’il a surtout peur de cringer en se découvrant là-dessus. Il suppose qu’ils retoucheront quelques petites choses et c’est le résultat final qu’il voudra bien voir, pas les captures brutes. Le danseur commence donc à rassembler ses affaires mais il ne se doute pas qu’il va être retenu ici encore un peu. « Ah mais c’est Halston Hargreeves ! » La voix du photographe qui s’élève pour prononcer ce nom qu’il ne connaît que trop bien l’arrache à toutes ses pensées du moment, Eddie se retourne alors pour découvrir que l’agente est effectivement venue les honorer de sa visite. Par chance il est à son avantage, sous son meilleur jour grâce à la petite préparation à laquelle il a eu droit tout à l’heure. C’est une surprise et une bonne pour le coup, car il ne s’attendait pas du tout à ce qu’elle fasse le déplacement jusqu’ici, et accessoirement jusqu’à lui. « Oh.. bonsoir. T'es venue. » il remarque alors qu’il étire un sourire trahissant sans peine le fait qu'il est content de la voir, mais sa façon de formuler ces mots témoigne aussi d’une certaine prudence car il n’est plus très bien sûr de savoir comment appréhender l’agente à présent. Leurs derniers échanges se sont tous terminés dans la frustration pour lui et pourtant il prend toujours autant plaisir à la retrouver, à croire qu’il est un peu maso. « Tu.. Comment tu vas Halston ? » Une semaine s’est écoulée depuis leur dernière entrevue chargée en émotions, à nouveau une petite distance s'est imposée entre eux mais il se réjouit de voir qu'elle aura duré moins longtemps cette fois. Car une semaine c'est long quand on ne sait pas comment l'autre va, il s'est pas mal inquiété Eddie parce qu'il l'a laissée dans un assez triste état la dernière fois qu'ils se sont vus. Ce jour-là il a eu la frayeur de sa vie et Halston a affronté une sacrée déception, ils n'en sont pas vraiment sortis indemnes l'un et l'autre mais le danseur s'en est sûrement mieux remis qu'elle, d'où sa question peut-être un peu risquée. « On vient de terminer le shooting photo et le tournage de la pub là, ça s'est bien passé je crois. » Il jette un coup d’œil vers les représentants de la marque présents autour d’eux au cas où quelqu’un voudrait confirmer ses dires mais ils sont tous affairés ailleurs. Il pense en tout cas pouvoir dire qu’ils étaient satisfaits de lui mais ça Halston en aura ou non la confirmation dans un second temps quand la marque reviendra vers elle, du moins c’est ce qu’il suppose. « T’es certainement là pour voir si je remplis bien mon rôle d’égérie et pour vérifier que je fais pas trop honte à l’agence. » il déclare avec une pincée d’autodérision, assez rare chez lui. Elle vient forcément aux nouvelles pour savoir si la marque est contente de la prestation de son protégé, c’est bien plus crédible que le fait qu’elle aurait pu vouloir le voir lui, n’est-ce pas. En l’ayant plus ou moins rembarré l’autre jour, oui, Eddie ne se fait plus trop d’illusions. C'est évident qu'en tant qu'agente elle vient superviser les choses alors il s’agirait de garder les pieds sur terre. Le danseur manifeste subitement une certaine nervosité alors qu’il en était très loin jusqu’ici et l’arrivée de l’agente parvient à tout chambouler, une fois de plus. Oh Halston, je déteste la facilité avec laquelle tu me rends faible.
Dernière édition par Eddie Yang le Dim 4 Juil 2021 - 16:24, édité 2 fois
Étourdie, Halston l’avait été, un peu trop à son goût. Elle avait commis trop d’impairs, l’un d’entre eux lui avait coûté la discrétion à laquelle elle tenait tant. Une semaine auparavant elle avait retiré son pantalon dans son bureau, elle avait pensé à verrouiller sa porte avant de le faire, mais ce qu’elle avait totalement oublié c’était ce que contenait ses poches, elle avait emballé le vêtement tâché sans s’en soucier. Le premier réflexe qu’elle eut en rentrant chez elle, fut de se diriger vers la poubelle de sa cuisine, dans laquelle se trouvait sa colocataire et de jeter cet habit dont elle ne voulait plus entendre parler. Elle l’avait fait avec tant de hâte, qu’un des tests de grossesse qui s’y trouvait tomba sur le sol. Le bruit provoqué par cette chute fut minime, Sophia n’aurait même pas dû l’entendre vu qu’elle parlait au même moment, mais elle se tut immédiatement. Elle regarda son agente, elle devint silencieuse. Halston fixa la rousse mais ne dira pas un mot, ses yeux parlèrent à sa place. L’actrice se leva, attendit de voir quelques secondes si elle allait bouger, avant de la serrer dans ses bras. La brune relâcha tout, elle se permit de pleurer publiquement, ce qu’elle n’avait pas su faire avec Eddie. L’agente de stars avait été dans l’impossibilité de le faire avec lui, avant tout parce qu’elle avait un rôle à tenir, mais aussi parce qu’elle n’en était pas assez proche pour qu’elle puisse accepter qu’il la voie ainsi. C’était idiot, parce qu’elle s’était déjà mise dans une position de faiblesse avec lui, à l’avoir fait venir dans son agence pour effectuer ce test, surtout en lui ayant fait comprendre que ce potentiel bébé elle en voudrait bien. Elle avait annoncé que l’un d’entre eux serait perdant, leurs attentes étant opposés. Elle devait en sortir gagnante, tout lui avait indiqué que c’était le cas, mais ses pronostics s’étaient avérés complètement faux. Elle avait totalement oublié ce qu’elle avait dit à son ami James il y a presque deux ans : qu’elle abandonnerait son désir de maternité si elle quittait Nolan. Le divorce lui avait permis de se séparer de beaucoup de choses, de sa première agence, de sa ville, de sa famille, elle s’était donc mise à croire qu’elle avait aussi laissé ce rêve aux États-Unis, elle avait fait preuve d’une naïveté sans pareille. Un rêve n’était ni un objet ni une personne, c’était logique qu’elle ne pouvait pas juste le déposer dans un coin et l’oublier. La première nuit qui suivit cette déception le lui rappela cruellement, rejouant cette scène en la modifiant : elle n’y saignait pas à cause de ses règles mais parce qu’elle y faisait une fausse couche. Plongée son cauchemar, elle s’était vue s’effondrée dans les bras d’Eddie avec des mains ensanglantées, qu’elle déposa sur ses joues avant de lui dire que tout était de sa faute, parce qu’il n’avait pas voulu de cette grossesse. Elle l’avait littéralement traité de meurtrier. Elle se réveilla en plein milieu de la nuit en haletant, elle déposa une main sur sa tête et se dit qu’elle ne tournait vraiment pas rond, pour que son subconscient imagine de telles choses. Le danseur n’était pas une mauvaise personne, il ne méritait pas d’être dépeint ainsi dans son sommeil, c’était une certitude.
Le tournent nocturne de la brune la poussa à faire quelque chose d’assez inattendu : profiter des nombreux jours dont elle disposait pour en poser cinq et prendre un billet d’avion pour Los Angeles. Il y avait une bonne raison dernière ces vacances posées à la dernière minute, elle avait appris durant son dernier échange téléphonique avec Hartley qu’il serait en congé. Cette démarche soudaine n’étonnera pas plus ses collègues que cela, cela faisait trop longtemps qu’elle n’était pas partie et ils se doutaient que le retour de l’affaire MeToo avait été éreintant pour elle. Elle qui ne savait pas vraiment vers qui se tourner pour se confier, avait trouvé en son petit frère la personne idéale, puisque lui ne jugerait pas ce qu’elle avait fait pour Nolan contrairement à Sophia. Dès qu’elle arriva à l’aéroport, elle le prit dans ses bras et exprima à quel point elle était contente de le retrouver et qu’elle regrettait de ne pas l’avoir fait plus tôt. Elle découvrit avec émerveillement son nouveau refuge, qui était quand même bien mieux que son bureau, une maison écologique sur mesure en plein milieu d’un immense jardin, où se trouvaient de nombreux animaux. Seul point noir au tableau : son téléphone ne cessait pas de sonner, pour des raisons professionnelles et elle n’arrivait pas à se résoudre de ne pas y répondre, jusqu’à ce que son frère ne l’en prive. Une confiscation nécessaire pour qu’elle se déconnecte réellement, alors elle le laissa le ranger dans l’endroit de son choix. Halston était loin de se douter de la surprise qu’il lui avait préparé, la venue de ses aînés et de leurs petites tribus. Elle en pleura d’émotion, comprenant qu’elle était encore la bienvenue au bercail, même si elle avait décidé de s’exiler à l’autre bout du globe. Elle regretta de ne pas avoir prévu d’amener de cadeaux pour ses neveux et nièces, mais on ne lui en tiendra pas rigueur, on lui dit que seule sa présence comptait. Après ce qu’elle venait de vivre quelques jours plus tôt, il aurait pu être néfaste pour la brune de se retrouver avec les descendants de sa lignée, mais cela ne lui procura une joie immense. Elle aimait se retrouver au milieu de leurs rires, écouter leurs toutes leurs anecdotes qui n’étaient pas forcément très compréhensibles. Elle adorait se faire appeler tata et elle en regrettait presque d’être partie vivre à Brisbane. Ils firent ce qu’ils n’avaient pas effectué depuis longtemps : une grande photo de famille. Elle demanda à son hôte de lui rendre son portable pour faire un autre cliché où tout le monde se trouvait de dos, qu’elle posta sur Instagram avec la mention suivante : among my own. Tous ces instants partagés avec sa famille rendirent son départ plus difficile, mais elle savait que ce court laps de temps sur sa terre d’origine avait été suffisant pour recharger ses batteries.
La Hargreeves rentra chez elle un dimanche soir et sa rouquine était là pour l’accueillir, cela lui réchauffa le cœur de voir à quel point elle avait pu être entourée ces derniers jours. Elle n’était pas si seule que cela, en fin de compte. Elle se posa sur le rebord de son lit et ouvrit le planning du lundi sur son téléphone, elle le fit défiler et s’arrêta dès qu’elle vit le nom d’Eddie. Elle glissa son pouce dessus et se mit à sourire, il s’agissait du jour de son shooting et du tournage de la publicité, son visage n’allait plus trop tarder à apparaître à la télévision et à être affiché un peu partout. L’agente de stars se pinça les lèvres, combien de jours avait-elle encore passer sans lui parler une seule fois ? Beaucoup trop. Elle avait continué de penser à lui tous les jours, même lorsqu’elle était au pays de l’oncle Sam. Une de ses absences fut très remarquée par son cadet, qui se mit à la questionner. C’est sans aucun détour qu’elle lui dévoila que c’était le danseur qui occupait son esprit. Il lui avait demandé ce qu’elle attendait pour complètement arrêter de se conformer à ce que la société attendait d’elle et elle ne savait pas quoi y répondre. Ce souvenir lui permit de décider d’une chose : elle irait lui rendre visite le lendemain à la fin de sa journée. Le matin, elle choisit avec soin la tenue qu’elle allait porter, une robe blanche doublée, des sandales à talons argentées et une ceinture qui lui marquait bien la taille. La colocataire de la brune ne manquera pas de remarquer à quel point elle s’était faite coquette, elle lui dit qu’elle était satisfaite de la voir ainsi, parce qu’elle ne se négligeait plus. C’est avec le sourire qu’elle quitta sa maison, avec le souhait que sa journée défile suffisamment vite pour qu’elle puisse enfin retrouver le son amant d'une nuit. Un vœu qui fut exaucé, elle ne manqua pas de remarquer que l’heure d’aller au studio de tournage avait sonné. Elle déclina son identité et pénétra doucement dans le bâtiment, avant de se caler dans un coin où elle verrait suffisamment le danseur tout en étant loin. Elle cessa de se fondre dans le décor au moment où le photographe l’interpella, ce qui fut un signal suffisant pour qu’elle ne s’avance enfin. Les bras croisés dans son dos, elle observa la réaction d’Eddie avec délectation, elle ne l’avait jamais vu faire un aussi grand sourire. L’agente de stars ne sera même pas décontenancée par sa question, à laquelle elle répondit rapidement, sans fioritures inutiles. « Bien. » Elle pencha sa tête sur le côté et l’observa plus en détails, il était élégant tout en sobriété, ses cheveux ébènes brillaient, elle aurait bien glissé ses doigts dans ses mèches s’ils n’avaient pas été en public. Il lui expliqua brièvement le déroulé sa journée, avant d’ajouter qu’il pensait que ça s’était bien passé. Elle n’aura pas le temps de lui dire qu’elle en était ravie, parce qu’il avait détourné sa tête à la recherche de personnes pouvant confirmer ses dires. Il ajouta qu’elle était certainement ici pour le fliquer, ce qui ne manqua pas de la faire réagir, elle déposa son index sur sa bouche avant de lui répondre. « Shhh ne dis pas de bêtises. » Il pensait vraiment qu’elle s’amusait à vérifier le travail de ses protégés à chaque fois ? Il était certes débutant, mais elle avait pleinement confiance en ses compétences et ce défi était moins corsé que le premier qu’il avait relevé pour elle. « Tu ne crois pas qu’un simple coup de fil ou un email aurait suffi pour vérifier ? » Une façon détournée de lui dire qu’elle était là avant tout pour sa personne, elle lui devait bien ça après les deux fois où elle l’avait quitté sur de mauvaises notes. « Je suis sûre que tu t’en es tiré à merveille. » Le photographe qui se trouvait derrière lui, leva son pouce en l’air. Elle afficha un sourire en coin. « J’espère que tu as passé une bonne semaine. » Et que tu as pensé à moi autant de fois que moi j’ai pu penser à toi, que tu ne m’en as pas trop voulu pour ce silence. « Tu es vraiment beau comme ça au naturel, même si tu n’étais pas mal en blond non plus. » Halston n’avait pas de type d’hommes en particulier, mais elle avait toujours eu un faible pour les bruns. Elle décida finalement de faire abstraction de l’endroit où ils se trouvaient, pour passer une main dans sa chevelure.
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Lorsque le photographe prononce le nom de son agente Eddie connait un petit moment de flottement, le temps de réaliser que c’est bien réel et qu’il n’est pas juste en train de penser un peu trop à elle au point d’imaginer qu’elle pourrait apparaître d’un coup. Car c’est un fait, Halston occupe beaucoup ses pensées dernièrement et ça faisait bien longtemps qu’une femme ne s’y était pas immiscée de cette manière. Il ne comprend pas ce qui lui arrive mais il repense à ce qu’ils s’étaient dit dans l’intimité de sa chambre, à ce sort qu’ils se seraient mutuellement jeté. Dans son cas il paraît bel et bien ensorcelé car il a de plus en plus de mal à la sortir de sa tête, et il se rend compte qu’il ne vit pas aussi bien son absence qu’il l’aimerait. Car il ne veut pas devenir dépendant Eddie, il ne veut pas s’accrocher en vain alors qu’elle ne lui a justement pas laissé grand-chose à quoi s’accrocher. Elle l’a bien dit la différence d’âge est un problème pour elle, il est trop jeune et elle n’exclut même pas qu’il puisse être un beau parleur, preuve qu’elle ne lui fait pas forcément confiance. Cette dernière discussion le travaille beaucoup et il regrette de ne pas avoir fermement contré ces idées quand il en a eu l’occasion, alors qu’il ne pense pas du tout comme elle et veut encore croire qu’aucun obstacle n’est insurmontable quand la volonté est présente. Pour le coup Halston a bien choisi son moment pour apparaître car si elle l’avait fait cinq minutes plus tôt elle aurait pu perturber le danseur dans son shooting, et ça ce serait forcément vu sur les photos. Eddie ne peut pas cacher que la revoir lui fait plaisir, il doit d’ailleurs être plus transparent qu’une vitre là tout de suite. Un simple coup de fil ou un e-mail auraient apparemment suffi à Halston pour vérifier qu’il a bien rempli son rôle d’égérie, alors doit-il comprendre que sa présence ici n’est pas uniquement motivée par l’envie de garder un œil sur lui en tant que protégé ? Qu’elle voulait le voir lui, surtout ? C’est ce qu’il en conclut intérieurement et cette idée lui plait beaucoup, comme on s’en doute. « J’ai de la chance que t’aies fait le déplacement alors. » il formule sans perdre son grand sourire et c’est à chaque fois une chance de la revoir, même lorsqu’elle le fait venir à son bureau de bon matin pour lui faire une annonce aussi impactante qu’une bombe. Eddie en est à un stade où il se contente de n’importe quoi venant d’elle, c’est un peu triste mais il accepterait même des miettes de sa part tellement les signes provenant d’Halston se font rares. Il a beaucoup attendu dans le vide encore ces derniers jours, convaincu que ce n’était encore pas à lui de se manifester vu la façon dont ils s’étaient quittés. Et justement elle espère qu’il a passé une bonne semaine, c’est quelle doit donc quand même un peu s’inquiéter que ce ne soit pas le cas. Eddie hausse brièvement les épaules, son intention n’est pas de lui mentir. « Honnêtement ? Non c’était pas dingue. » Et tu y es pour beaucoup Halston, ton absence n’a pas aidé. Il ne le précise évidemment pas car loin de lui l’envie de la faire culpabiliser alors que sa semaine n’a pas dû être simple non plus après l’épisode du test de grossesse. Elle a beau dire qu’elle va bien il craint que ce ne soit pas totalement vrai, même s’il ne creusera pas la question pour ne pas l’embarrasser inutilement et risquer de réveiller des souvenirs potentiellement douloureux. « Mais tu vois c’est plaisant d’être là et de tenter un truc très inédit. Je crois que j’avais besoin d'un peu de nouveauté. » C’est assez rafraîchissant et ça tombe finalement à point nommé dans cette vie qui tourne en rond, où chaque journée se ressemble et où il peine à trouver la moindre note de fantaisie. Tout est si fade et encore plus quand on est seul les trois quarts du temps. Le danseur vit au rythme d’une routine qui commence à peser lourd, alors quand il y pense il n’a peut-être pas que de l’argent à tirer de cette nouvelle expérience.
Est-ce qu’il ne serait pas en train de rougir là, alors qu’elle souligne combien elle le trouve beau au naturel ? Si certainement mais il faut dire que ce genre de compliment fait d’autant plus plaisir quand il vient d’elle, sachant qu’Eddie n’a pas le souci de plaire à grand monde mais à l’agente si, indéniablement. Elle ne le trouvait pas trop mal non plus en blond et sa mère ne serait pas du tout de cet avis, cette couleur n’avait d’ailleurs pas fait l’unanimité autour de lui et pourtant Eddie y reviendra, à la première occasion c’est probablement le blond qu’il retentera. « Beau au point de booster les ventes de glaces tu penses ? » il demande avec malice. À l’approche de l’hiver australien ce serait un exploit de sa part et de la part de la marque, car la campagne aurait forcément connu un lancement plus retentissant en plein été. « Ils se sont bien occupé de moi, je crois qu’on peut dire que je suis au top de mon potentiel physique là. Et du coup j’ose pas imaginer le contraste avec l’image que t’avais eu de moi au réveil.. » S’il n’ose pas l’imaginer c’est bien parce qu’il sait qu’il avait eu une mine froissée par la fatigue d’une nuit bien trop courte après les folies faites de leurs corps, il y a environ un mois de ça. Halston peut dire qu’elle l’a déjà connu sous son meilleur jour et sous son pire, mais il retient en tout cas que n’importe quelle couleur de cheveux semble lui convenir. C’est bon à savoir pour sa prochaine folie capillaire, même s’il laisse pour le moment ses cheveux tranquilles car leur entretien coûte cher lorsqu’ils sont colorés et la moindre économie est actuellement bonne à faire. Mais comment ne pas remarquer qu’ils sont drôlement assortis, vêtus elle comme lui de blanc ? Les yeux du danseur se posent avec admiration sur la taille fine joliment marquée de l’agente, avant de détailler cette robe à la longueur idéale qui découvre ses jambes juste ce qu’il faut. Elle semble avoir apporté un soin tout particulier à sa tenue et Eddie a envie de croire que c’est pour lui qu’elle s’est faite aussi belle, même s’il rêve peut-être éveillé en pensant ça. « Et toi t’es sublime dans cette robe. » Il ne peut pas le garder pour lui, pas alors qu’il ressent l’immense fierté d’avoir acquis l’intérêt d’une aussi belle femme au moins le temps d’une nuit. Elle passe une main dans ses cheveux et il frissonne à ce contact, mais il n’est pas tranquille avec toute l’équipe d’Häagen-Dazs encore sur place et susceptible de laisser traîner leurs yeux dans leur direction. Ce n’est qu’une main passée dans ses cheveux mais il ne sait pas comment ça peut être perçu d’un point de vue extérieur, et Eddie ne veut pas passer pour un pistonné auprès de la marque s’il paraît trop proche de son agente. Ici il s’en soucie oui, il tient trop à ce contrat pour prendre ce genre de risques alors qu’il est si près de concrétiser tout ça. « Attends.. pas ici.. » il murmure avant de prendre discrètement la main d’Halston pour l’entraîner avec lui dans le couloir. Il veut se retrouver rien qu’un instant avec elle à l’abri des regards, et une fois qu’il en a la garantie il plonge ses yeux dans ceux de l’agente tout en lui souriant. Eddie n’a plus qu’une envie à partir de là et elle la devinera peut-être en le voyant se rapprocher doucement tout en se mordant la lèvre. Il pose une main au niveau de sa taille et finit par lui voler un baiser, furtif, car il est encore hésitant à l’idée de retrouver avec elle l’intimité qu’ils n’ont pas eue depuis la nuit passée ensemble. Eddie se détache très vite et bêtement il en vient à se demander s’il avait le droit de lui dérober ce baiser, alors qu’il est le premier à ne pas vouloir se prendre la tête. Il se sent niais d’un coup et il n’aime pas ça. « J’en avais très envie. » Déjà la dernière fois ça l’avait démangé et encore le danseur se réfrène beaucoup ici, au point que ce chaste baiser le frustre car ça fait plus d’un mois qu’il ne l’a quasiment pas touchée, et plus d’un mois qu’il est aussi incapable d’en toucher une autre. Elle n’imagine sans doute pas combien il se fait violence pour ne pas entreprendre plus, mais le lieu ne s’y prête de toute façon pas. « Si t'as rien de prévu là on peut aller profiter des animations du pride month dehors et ensuite.. aller boire un verre, ou ce que tu voudras. » Son regard rencontre une nouvelle fois celui d’Halston à qui il ferait peut-être bien de préciser qu’il pense à prendre un verre dans un bar et non chez elle ou chez lui, pour éviter que les choses ne dérapent à nouveau. Ce n’est pas dit qu’elle adhérera à l’idée de toute façon et peut-être vaudrait-il mieux attendre d’avoir quelque chose à fêter comme la dernière fois, idéalement un shooting réussi quand ils auront confirmation que le rendu est aussi satisfaisant qu’espéré. C’est surtout qu’ils connaissent le risque s’ils se retrouvent dans un contexte similaire à celui de l’autre fois, même si Eddie n’a pas besoin d’un lieu ou d’un contexte particuliers pour avoir certaines pensées et envies vis-à-vis d’elle, et c’est bien là tout le problème. Garder le contrôle, il ne voulait pas en entendre parler l’autre jour mais le challenge pour lui est véritablement celui-là.
Si Halston n’avait pas été reconnue par le photographe, elle aurait très certainement essayé de se faufiler derrière Eddie pour essayer de lui causer une petite frayeur, hélas son visage et son nom commençaient à être un peu trop connus dans le milieu artistique. Lorsqu’on prenait en compte que rares étaient les heureux élus qui pouvaient accéder à des métiers si convoités, il était plutôt logique qu’elle soit souvent amenée à croiser les mêmes têtes. Cependant l’agente de stars n’arrivait pas à se souvenir de l’appellation de cet homme, elle se contentera donc de faire un signe de la main pour lui dire bonjour, elle n’avait pas non plus très envie de s’attarder sur lui. Il n’avait pas l’air de lui en vouloir, puisque se remit rapidement à travailler, lui laissant toute la tranquillité nécessaire pour pouvoir retrouver le danseur. Il était agréablement surpris de sa visite imprévue et elle était heureuse qu’il l’accueille bien, parce qu’elle n’avait pas oublié qu’elle l’avait rejeté la dernière fois qu’elle l’avait vu. Elle lui avait également causé une des plus grosses peurs de sa vie, parce qu’elle s’était faite un film qu’elle lui avait partagé un peu trop tôt et elle s’était sentie idiote. C’était absurde de sa part de l’avoir convoqué dans son bureau, pour lui dire qu’elle en attendait peut-être l’enfant et qu’elle aimerait savoir s’il serait présent pour lui, alors qu’elle le connaissait à peine. La brune n’agissait pas de manière sensée avec lui, elle le prouvait une fois de plus en allant lui rendre visite dans un but purement personnel. Il s’estimait chanceux qu’elle ait fait le déplacement jusque lui. « Plutôt oui. » La liste des exceptions qu’elle faisait pour lui ne cessait de s’allonger, alors qu’elle lui avait pourtant fait comprendre que rien ne serait possible entre eux. Elle mourrait d’envie de voir comment il allait et comment il l’accueillerait, il n’y avait rien de mieux que de voir une personne en face pour en sonder la sincérité. Halston pensait qu’il devait avoir bien digéré leur dernière entrevue, qu’il devait avoir l’esprit tranquille maintenant qu’il était certain de ne pas devenir père, mais la réponse qu’il apporta à sa question fut étonnante. Elle se sentit directement pointée du doigt, à travers son regard, comme si elle l’avait déçu. L’agente de stars se demanda si elle ne s’accordait pas une importance démesurée, pourquoi un jeune homme comme lui se soucierait autant de ne pas avoir de nouvelles d’elle ? Alors qu’en dehors du travail, elle n’avait été qu’un coup d’un soir ? Elle exécrait cette désignation, mais cette étiquette collait tout de même bien à la situation. Une case dont elle aurait pu sortir, parce qu’il ne voulait pas l’y enfermer, il en voulait plus et ne s’en était pas caché. Toutefois, la brune n’arrivait pas à prendre tout ça au sérieux, justement parce qu’une liaison ne les mènerait nulle part, mis à part dans leurs lits. Il ne pouvait pas avoir ne serait-ce qu’un semblant de sentiment pour une femme de son âge, ce n’était pas concevable. Elle préféra largement les paroles qui suivirent, parce qu’il lui disait qu’il appréciait d’être là et de faire de nouvelles choses. « Ahh voilà quelque chose que j’aime entendre. J’espère que tu auras encore soif de nouveautés, parce que je pourrais sûrement t’en apporter. » La danse devait être particulièrement rébarbative et fatigante, elle ne comprenait pas comment il avait fait pour s’en contenter jusqu’à présent.
Eddie l’inexpressif semblait appartenir au passé, après avoir affiché de magnifiques sourires, il se mit à rougir parce qu’il venait de recevoir un compliment de sa part. Halston lui avait fait comprendre assez tôt qu’elle trouvait qu’il avait un physique plaisant, mais la première fois il avait pu comprendre qu’elle le disait uniquement en se référant à des normes et non pas à ses goûts personnels. C’était la femme qui lui avait parlé et non l’agente et il devait l’avoir saisi pour se mettre dans cet état. « Oui parce que tu donneras peut-être bien chaud à certaines clientes… qui vont chercher à calmer leurs ardeurs avec de la glace. » Elle se mit à rire doucement et à repenser au pantalon moulant qu’il avait porté la dernière fois à son agence, heureusement qu’il ne l’avait pas sur lui cette fois, elle n’aurait pas aimé partager cette vision avec autant de monde. Le danseur se montra plutôt modeste, en attribuant le mérite aux maquilleurs, comme s’il n’était pas si bien que cela habituellement. Qu’est-ce que ça pouvait lui changer du narcissisme de Nolan et cela lui faisait du bien, même s’il allait un peu loin à lui parler de la tête qu’il pouvait avoir au réveil. Elle ne s’en souvenait pas tant que ça, à vrai dire elle l’avait à peine regardé, elle avait été trop occupée à rechercher ses vêtements et à faire déguerpir sa colocataire pour ça. « Parce que moi j’étais une reine de beauté avec mes cheveux ébouriffés peut-être ? » Est-ce qu’elle ne lui donnait pas une perche pour parler de son corps là ? Parce qu’il avait eu une vision assez globale d’elle à son réveil, puisqu’elle était debout à plusieurs mètres de lui vêtue uniquement d’une culotte. Elle espérait qu’il ne lui en parlerait pas ici, qu’il garderait ce genre de pensées pour lui. Lorsqu’il la complimenta à son tour, elle fit légèrement pivoter ses épaules et replaça une de ses mèches derrière une oreille. Elle eut l’impression d’être redevenue une adolescente qui se retrouvait pour la première fois devant le type pour lequel elle avait le béguin. Pourquoi tu me rends comme ça Eddie. Elle ne pensait pas que le simple fait d’avoir touché ses cheveux, l’encouragerait à la faire partir d’ici pour un endroit plus confidentiel. L’agente suivie son protégé sans se poser trop de questions, jusqu’à ce qu’il n’entame un certain rapprochement. Il n’allait quand même pas l’embrasser ? Eh bien si, mais de manière très fugace. Elle se retrouva désarçonnée, elle ne savait plus quoi dire et ni comment agir. Il lui donna une explication dont elle n’avait pas besoin, parce que son comportement montrait clairement qu’il avait assouvi une envie incontrôlable. La brune cligna plusieurs fois des yeux, qu’est-ce qu’elle devait faire ? Lui rappeler qu’ils devaient avoir une certaine distance ? Faire comme si rien ne s’était passé ? Il ne lui laissera pas le temps en tergiverser, en lui proposant de passer du temps avec lui. Elle n’avait rien de prévu ce soir-là, mais sa conscience professionnelle lui disait de refuser. Halston se demanda si elle pouvait se contenter de la poignée de minutes qu’elle venait de passer avec lui et tout son corps lui disait que non, ses lèvres les premières. « Non je n’ai rien à faire ce soir alors je veux bien de ton petit programme. » Qui était quelque peu flou sur la fin, mais ils auront tout le loisir d’y réfléchir plus tard.
Ils se dirigèrent vers la sortie et aperçurent que le défilé avait lieu à seulement quelques mètres d’eux. L’agente de stars ne pensait pas qu’il y aurait autant de monde, elle trouvait ça un peu impressionnant. « C’est la première fois que tu y assistes ou tu le fais tous les ans ? » Halston n’avait jamais participé une seule fois à une marche des fiertés, certainement parce qu’elle ne se sentait pas à sa place en tant qu’hétérosexuelle. Lorsqu’elle confia cette information à sa colocataire, celle-ci lui dit qu’elle pouvait tout simplement y aller pour soutenir ses proches homosexuels, elle l’encouragea vivement à faire le défilé avec elle, mais elle refusa. L’agente de stars savait que la rouquine insisterait fortement pour qu’elle y reste longtemps, alors qu’Eddie serait certainement plus apte à accepter qu’elle n’ait pas envie de s’y éterniser. C’était donc avec une certaine confiance qu’elle s’avança vers la parade avec lui. Elle se retrouva entourée de personnes qui n’hésitaient pas à s’embrasser langoureusement, elle se sentit immédiatement mal à l’aise. Elle ne jugeait pas qu’ils devaient avoir honte d’aimer qui ils le voulaient, mais elle n’arrivait pas à être confortable avec de telles démonstrations en face d’elle, elle trouvait que le port de pancartes et quelques revendications à haute voix était suffisant. « HAALSIIE. » Elle ne se s’attendait pas à ce que la première personne qui hausse le ton à ce point, utilise l’un de ses surnoms. Halston devina rapidement qu’il s’agissait de Sophia, qui ne tarda pas à les rejoindre. Elle était perchée sur des plateformes transparentes, dont les talons faisaient une bonne quinzaine de centimètres, ce qui lui permettait de surplomber le binôme. Les yeux de l’actrice étaient cachés par d’immenses lunettes de soleil en forme de cœur, mais elle tourna sa tête dans une direction qui ne laissait pas douter qu’elle observait son amant d’une nuit. Pitié tiens ta promesse de ne pas l’embarrasser. « Boonsoir. » Tu peux en rester là et disparaître, tu serais bien gentille. La rousse se détourna et posa sa main sur sa poitrine. « Je suis tout simplement o.u.t.r.é.e que tu fasses la pride sans moi, Halsie, quelle infidèle tu fais. » L’agente de stars fit la moue, elle ne s’attendait pas à être prise la main dans le sac, il était vrai qu’il n’était pas tout à fait correct de s’y afficher alors qu’elle avait refusé de s’y rendre le matin même. « Je suis ici par hasard. » La rousse regarda de nouveau le danseur. « Par un hasard qui s’appelle Eddie ? » Pourquoi tu pointes l’évidence comme ça ? À quoi ça te sert au juste ? L’actrice se rapprocha de lui et passa son bras par-dessus son épaule. « Allez comme je suis sympa, je veux bien la partager avec toi. »Je ne suis pas ta chose Sophia et puis ne te montre pas aussi tactile avec quelqu’un que tu ne connais même pas. La colocataire sembla avoir entendu ses pensées, puisqu’elle s’éloigna de lui. Halston regarda son amant d’une nuit, elle essaya de lui faire comprendre en un regard de ne pas prendre au sérieux tout ce qu’elle pouvait dire. L’attention de la brune fut détournée par une femme qui venait en contresens, celle-ci demandait aux hommes si elle voulait bien qu’elle les embrasse, elle s’emparait parfois de leurs lèvres alors qu’elle avait à peine leurs consentements. Elle portait un t-shirt où il était inscrit FREE KISS et elle commençait à s’approcher d’Eddie dangereusement. L’agente s’interposa entre elle et son protégé, ce qui ne manqua pas de faire réagir l’inconnue. « Chasse gardée hein ? » Bas les pattes, grognasse. La brune fronça des sourcils et lui lança un regard sombre, ce qui suffit à la faire partir. Sophia se mit à singer une tigresse en face d’elle. « Grraouh tu sors les griffes Hal. » L’agente de stars se détendit et se tourna vers le danseur. « Ce n’est pas pour rien que j’appelle mes acteurs mes protégés. » Elle lui fit un clin d’œil, même si personne n’était dupe sur la véritable signification de cette protection, qui n’était rien d’autre qu’une poussée de possessivité.
Another night, another day goes by I never stop myself to wonder why You help me to forget to play my role You take my self, you take my self control
« Au revoir, Eddie. » Les derniers mots et l’image d’Halston lui tournant le dos face à la fenêtre de son bureau le hantent encore une semaine après, et il se remémore parfaitement le sentiment qui l’a habité juste avant de la laisser seule en tête-à-tête avec son travail - et sûrement aussi sa peine. Cette impression d’être de trop, de déranger par le simple fait d’exister à ce moment-là. Une fois de plus Eddie s’est éclipsé parce qu’elle lui a fait comprendre qu’elle ne voulait plus de lui auprès d’elle, et cette fois c’était plus frustrant encore car ils n’en ont pas parlé, réellement. De cette grossesse imaginaire, de cet enfant qui n’a en fait jamais existé en dehors de leurs deux têtes. Sa peur à lui, son espoir à elle, ils n’ont pas abordé la chose de la même façon ce jour-là et il s’est beaucoup demandé après coup si Halston ne lui en voulait pas un peu pour ça. Il n’a pas caché que devenir père à son âge serait dévastateur et pourtant il s’est dit prêt à assumer les conséquences de ses actes, il estime ne pas s’être dégonflé. Et Halston avait semblé agréablement surprise en apprenant qu’il serait là pour elle si le test s’avérait positif, mais se pourrait-il que la donne ait changé une fois que la réalité l’a durement rattrapée ? Ne comptait-elle justement pas un peu trop sur lui pour lui offrir cet enfant qu’elle désirait tant ? Depuis Eddie nourrit une peur, celle d’être devenu inutile dès lors qu’ils ont eu la certitude qu’il n’y avait pas de bébé. Peut-être qu’elle ne voyait en lui qu’un géniteur potentiel, peut-être qu’elle n’en a plus rien à faire de lui depuis qu’il n’a même pas été foutu de la mettre enceinte. Halston est pourtant là aujourd’hui, à ses côtés. Elle laisse même entendre qu’elle a fait le déplacement spécialement pour lui, c’est donc qu’elle considère encore ce qu’ils ont vécu et partagé tous les deux - non ? C’est ce qu’il suppose parce que ça l’arrange mais il pense trop Eddie, il se met en tête des choses qui sont peut-être d’une aberration totale mais il peut tout s’imaginer à partir du moment où ils n’en ont pas discuté. Elle l’a laissé avec ses interrogations et ses doutes, et elle voudrait qu’il ait passé une bonne semaine ? Ça ne pouvait pas en être une, et il aurait eu besoin d’être rassuré sur certaines choses seulement ils ont recommencé à mettre cette fichue distance entre eux. Il a voulu l’appeler, oui, tous les jours il y a pensé. Ou juste lui envoyer un message, ça l’a démangé un nombre incalculable de fois ça aussi. Eddie n’a finalement rien fait de tout ça parce qu’il ne voulait pas paraître forceur, mais il n’est pas certain de pouvoir supporter le silence de l’agente après chaque moment passé tous les deux. Une coupure durant laquelle il a le temps de se faire mille et un scénarios dans sa tête, à chaque fois, c’est juste bon à le torturer et ça obstrue tellement ses pensées qu’il est presque incapable de songer à autre chose à côté. Alors il espère que cette fois Halston ne revient pas vers lui pour mieux disparaître ensuite, cette fois il veut croire qu’elle ne le laissera pas dans un état de perdition et de frustration intenses. Mais au moins il ressent quelque chose grâce ou à cause d’elle, et ça ne lui était pas arrivé depuis bien trop longtemps. « Je suis preneur de nouveautés venant de toi. » il formule tandis qu’il se reconnecte à leur conversation, une fois passée la confusion de la retrouver. L’acting est peut-être bien un monde auquel il va s’ouvrir plus qu’il l’avait d’abord dit, car il doit reconnaître que cette nouvelle expérience est bonne à prendre et casse un peu sa routine. « Surtout que.. » Allez Eddie, il est grand temps de l’avouer ton vilain petit secret. Elle n’a rien remarqué parce qu’il donne encore très bien le change, mais au moment même où il lui parle le danseur lutte contre une douleur pulsative que les médicaments n’atténuent plus vraiment. C’est tellement devenu son lot quotidien qu’il s’y habituerait presque, et même s’il décidait de réagir maintenant ce serait sûrement déjà trop tard. « Rien, oublie. » Il lui offre un sourire un peu forcé pour balayer ce qu’il vient de dire en espérant qu’elle n’insistera pas, car le lieu n’est vraiment pas bien choisi pour lui parler de ça. Il le faudrait pourtant, Halston a le droit de savoir et il vaudrait mieux qu’il l’avertisse plutôt qu’elle l’apprenne au tout dernier moment. Il lui en parlera, oui, mais simplement pas maintenant.
Quelle aubaine que le retour de ses cheveux noirs plaise autant à l’agente alors qu’il a été motivé par le souci de faire quelques économies, et non par un réel désir de renouer avec le naturel. Eddie les teint depuis ses dix-huit ans alors ça lui fait tout drôle, mais s’il avait su qu’il gagnerait aussi bêtement des points aux yeux d’Halston de cette façon il aurait abandonné les colorations bien plus tôt. Elle prétend qu’il pourrait donner chaud à certaines clientes et ça le fait sourire, tandis qu’il dépose sur elle un regard légèrement licencieux. Et à toi Halston, est-ce que je vais te donner chaud ? C’est un peu tout ce qui l’intéresse lui, il se fiche bien de créer une vague de chaleur chez les consommatrices de la marque si elle n’est pas comprise dans le lot. « Eh bien à t’entendre je pourrais voler la vedette au produit. » Ce qu’il a tout de même du mal à croire, même si l’assistante du photographe n’a pas manqué de souligner sa photogénie il doute quand même d’être beau au point d’en faire oublier l’objet même de la campagne. Mais beau, il l’est certainement bien plus apprêté comme ça qu’il ne l’était le matin suivant leur torride nuit. Il n’aurait pas voulu croiser un miroir ce matin-là Eddie, même si l’agente considère qu’elle ne devait pas être tellement plus présentable. Oh, à vrai dire il ne s’en souvient pas bien car la première vue qui lui a été offerte au réveil n’est pas le visage d’Halston mais plutôt.. son dos, sa chute de reins et ses jambes, le tout bien peu couvert puisqu’il se souvient d’une culotte, et juste ça. « C’est pas la première image qui m’a frappé en ouvrant les yeux ce matin-là.. » Il n’en dit pas plus pour ne pas instaurer de trop grand embarras entre elle et lui mais l’allusion est évidente, et à nouveau l’association d’un regard et d’un sourire vient trahir les pensées du danseur. C’est la dernière fois qu’il a pu admirer le corps d’Halston sans vêtements et il se réjouit que l’alcool ne lui ait pas volé ce souvenir, sa mémoire est heureusement intacte pour ça. Il n’en mène quand même pas large Eddie, et il cache de moins en moins bien que cette proximité avec l’agente lui manque. Tout lui plaît chez elle, y compris la réaction qu’elle manifeste quand il souligne combien il la trouve belle dans cette robe blanche. Il le pense tellement fort qu’il aurait du mal à ne pas le dire, et ses yeux en disent de toute façon très long à cet instant. Quant à ses lèvres elles semblent en manque de celles d’Halston, au point qu’il ne résiste pas à l’envie de les rencontrer le temps d’un court baiser. Elle ne dit rien après ça et ne fait rien non plus, et ce n’est pas forcément rassurant de son point de vue. Ce baiser qu’il lui vole n’est pas vraiment représentatif des envies qui sommeillent en lui à l’égard de l’agente, elle ne lui inspire rien de tellement chaste mais il se met des limites, tout simplement parce qu’il est incapable de dire où ils en sont. Et si ce baiser était déjà trop ? Elle ne l’a pas embrassé depuis leur nuit à deux et il se pose des questions, forcément, parce que Halston ne pouvait soi-disant pas résister à ses lèvres. C’est une chose qu’elle avait dite sous l’effet de l’alcool, comme beaucoup d’autres dont il questionne encore la réelle signification. Il se sort finalement de cette étrange situation en lui proposant de passer quelques heures ensemble, sans sous-entendu clairement évoqué car Eddie demeure prudent. L’agente dit ne rien avoir contre son petit programme et ça le détend d’un coup, il comprend qu’il va pouvoir passer un peu de temps avec elle et cette idée vient littéralement de sauver sa soirée. Elle est libre pour lui, libre pour quoi en revanche ce n’est pas très clair mais ils ne sont pas forcés de tout prévoir à l’avance.
La seule chose de sûre actuellement c’est leur participation à la marche des fiertés, qui bat son plein tout près du bâtiment dans lequel Eddie vient d’achever son tournage. « C’est la première fois, et je ne sais pas trop pourquoi je ne m’y étais encore jamais rendu. » Ce n’est pas une question d’orientation sexuelle et de légitimité dans son cas, encore moins de tolérance car Eddie a beaucoup de défauts mais certainement pas celui de juger et/ou rejeter les personnes LGBTQ+. L’un de ses plus proches amis et camarades d’Insane Boyz est ouvertement gay et ça n’a jamais été un problème entre eux, pour Wesley il compte même assister au défilé des créateurs prévu dans quelques jours. Alors non il ne saurait pas dire ce qui a empêché sa participation jusqu’ici mais il est content d’être là aujourd’hui, la cause lui parle même si tous ces brassages de foule autour d’eux troubleraient presque la tranquillité du danseur. Ça s’embrasse, ça fanfaronne et ça danse, il garde alors un œil sur Halston qu’il ne voudrait pas perdre au milieu de tout ça. Et puis Eddie a de nouveau la confirmation que le monde est petit, bien petit pour mettre sur sa route la fameuse colocataire d’Halston qui les avait surpris au lit un peu plus d’un mois plus tôt. Sophia vient d’apparaître devant eux et le danseur reste un instant stupéfait, c’est à la fois surprenant et gênant pour des raisons qu’on imagine sans mal. « Bonsoir Sophia. » il laisse sobrement entendre à l’attention de la rousse qui prétend être outrée qu’Halston participe à cette pride sans elle. La justification de l’agente le fait sourire, la réplique de la rousse encore plus même si là tout de suite il ne sait plus trop où se mettre. Sophia accepte de partager l’agente avec lui tout en se montrant quelque peu tactile à son égard, ce qui lui vaut d’opérer un léger mouvement de recul. « C’est.. bien aimable de ta part. » De l’autoriser à fréquenter Halston en sa présence, oui, il suppose. En réalité il apprécie moyen Eddie parce qu’il prend conscience de toute la place qu’occupe l’actrice dans la vie de l’agente, ce qui ne lui en laisse finalement pas tellement à côté. « Elle est toujours comme ça ? » qu’il demande à Halston dès lors que la rousse s’est un peu éloignée, car c’est sa première véritable rencontre avec elle et il vient sans doute d’avoir un aperçu de la façon d’être de celle-ci. Mais Sophia n’est pas leur seul problème à gérer car bientôt une femme vient dans sa direction avec l’intention évidente de l’embrasser, Eddie le comprend très bien et pourtant il ne réagit pas, car tout va bien trop vite pour lui. C’est finalement Halston qui coupe la femme très entreprenante dans son élan en se plaçant entre elle et lui, surprenant grandement le danseur au passage. Wow. Cette possessivité est très inattendue mais elle lui plait beaucoup. Eddie ne peut dissimuler un petit sourire satisfait alors que les réactions autour d’eux ne se font pas attendre, Halston vient ni plus ni moins de marquer son territoire et c’est le truc le plus sexy qu’elle pouvait faire. « Ça t’aurait vraiment dérangée ? » Il croit bien l’avoir ressenti de cette façon et ça le flatte, il aime sentir qu’Halston pourrait être jalouse d’un vulgaire baiser échangé avec une parfaite inconnue y compris dans un cadre propice à ce genre de choses. Ce ne serait pas grand-chose et ça ne signifierait strictement rien, mais visiblement l’agente s’en fiche bien. « Et moi qui comptais offrir un free kiss à Sophia.. » Sur ces mots le danseur opère un déplacement vers l’actrice tout en guettant la réaction de l’agente du coin de l’œil. « Enfin si elle est d’accord. » Ils sont censés bien s’entendre non, c’est bien ce qu’Halston préférerait alors autant devenir carrément proches. Il tente un truc très risqué Eddie alors qu’il n’a pas du tout envie d’embrasser la rousse, et ça n’est pas non plus son genre de laisser traîner ses lèvres comme ça. Ce qu’il voudrait c’est qu’Halston se rende compte que sa colocataire est de trop car il aspire toujours à se retrouver seul avec elle, et il ne sait pas du tout comment se débarrasser de l’actrice devenue très vite encombrante. Son regard ne trompe alors pas et semble lui hurler que c’est elle qu’il veut, et certainement pas Sophia.
Creuser davantage la question pour savoir pourquoi il lui avait répondu ça, était tentant, mais d’un autre côté Halston avait peur de ce qu’il pourrait lui dire si elle faisait ça. Est-ce qu’il lui dirait que ça ne la regardait pas ? Il y avait peu de chances que ça soit le cas, puisqu’il avait été honnête en ne prétendant pas que la semaine avait été bonne. Il était plus probable qu’il lui parle de la façon dont s’était terminée leur dernière entrevue, qu’il n’ait pas aimé qu’elle ait refusé sa présence, comme si elle l’avait jugé inapte à la réconforter, ce qui ne serait pas entièrement faux. Elle pourrait lui dire que rien ni personne n’aurait pu lui remonter le moral à ce moment-là, même pas son petit-frère, mais est-ce que cela aurait changé quoique ce soit ? Elle n’en était pas si sûre. L’agente de stars aurait été la première à avoir été froissée à sa place, elle ne supportait pas qu’on refuse le soutien émotionnel qu’elle pouvait proposer, pourtant c’était exactement ce qu’elle avait fait avec lui. Elle n’avait pas été capable de se mettre à sa place et elle ne s’en était pas voulue lors de cet instant, sa déception avait pris tout l’espace. La brune n’avait pas non plus été tendre en son égard, en le traitant de baratineur, le fait qu’il soit capable d’être silencieux pendant des semaines avait exacerbé cette impression. S’il tenait tant que ça à ce qu’il se passe quelque chose entre eux, pourquoi ne l’avait-il pas prouvé en faisant le premier pas ? Est-ce qu’il avait trop de fierté pour ça ? Certainement, après tout il ne lui avait pas caché que ce défaut était un de ses traits de personnalité, il devait craindre le rejet plus que tout. Elle était pareille à ce niveau, son côté vieux jeu n’arrangeait rien, puisqu’elle croyait que c’était à l’homme de se démener, de mener le jeu de la séduction et non à la femme. Cela l’enfermait dans une passivité qu’elle avait pourtant de plus en mal de mal à supporter, mais elle s’avérait être un véritable bouclier anti souffrance. Eddie se montrait volontaire à l’idée d’avoir de nouveaux contrats, elle pouvait difficilement entendre quelque chose de plus satisfaisant que ça de sa part. Il ajouta deux mots qui l’intriguèrent, avant de se stopper brutalement. Surtout que quoi ? Que ça lui permettrait de passer plus de temps à ses côtés ? Que la danse ne lui rapporterait jamais assez d’argent ? Qu’il commençait à se faire trop vieux pour s’éterniser là-dedans ? Halston se faisait beaucoup trop de suppositions. « J’espère que tu ne me caches rien de grave. » Elle ne pouvait se contenter que de ça, ne voulant pas se fatiguer à essayer de lui tirer les vers du nez et ne souhaitant pas non plus de prendre le risque qu’ils se fâchent.
Le regard qu’il posa sur elle manquait clairement de pudeur, heureusement que personne ne les observait à ce moment-là, parce qu’elle se sentait déjà rougir. Elle n’arrivait toujours pas à croire qu’elle ait pu être un objet de désir pour lui, son manque de confiance en elle ne cessait jamais de l’handicaper. Et si elle l’avait dragué plutôt que de lui proposer de devenir acteur ? Est-ce qu’elle aurait plus facilement accepté cette différence d’âge ? Peut-être bien, peut-être qu’ils seraient tout autre chose actuellement. Elle ne s’empêchait pas de penser à une issue négative pour autant, celle où il l’aurait finalement laissé tomber pour une femme plus jeune et cela la consolidait la décision qu’elle avait prise. Le monde du cinéma avait ancré dans son esprit qu’une femme de plus de trente ans ne valait plus grand-chose, c’était un terrible constat mais elle n’arrivait pas à lutter contre. Toutes les demoiselles qui avaient accusé son ex-mari d’agressions avaient au moins dix ans de moins qu’elle, toutes les conquêtes qui lui avaient été prêtées après leur divorce paraissaient juvéniles. Comment pouvait-elle croire qu’elle avait encore de la valeur avec tout ça ? Qu’elle n’avait pas besoin de traquer le moindre de ses cheveux blancs, qu’elle n’avait pas à appliquer de crème anti rides ? Eddie ne se rendait pas compte de la chance qu’il avait de ne pas devoir se soucier de tout ça. Il lui disait que selon ses paroles il pourrait voler la vedette au produit, elle savait déjà que lorsqu’elle tomberait sur les affiches ça serait effectivement le cas pour elle. « C’est possible, mais si ça devient le cas je crois que Shining Stars va être rayé de la liste de leurs partenaires. » Ça ne serait pas une grosse perte pour eux, ils ne comptaient pas sur la publicité pour vivre, ils seraient bien suicidaires de le faire alors qu’ils savaient que ça leur apportait rarement de gros revenus. Les stars n'aimaient guère s’y prêter de toute manière, à part lorsqu’il s’agissait de devoir promouvoir leurs propres marques. Eddie se souciait d’un drôle de problème, qui n’en était un que pour lui, l’image qu’elle avait bien pu avoir de lui au réveil. Il n’y avait que dans les films que l’on resplendissait dès qu’on ouvrait les yeux, Halston n’était pas naïve, elle ne s’attendait pas à ce qu’il soit canon en toutes circonstances, il l’était déjà bien assez souvent sans faire d’efforts conséquents. Elle ne manqua pas de souligner qu’elle non plus, n’était pas à son avantage, mais il ne la contredira pas. Le danseur lui prouva qu’il se souvenait de manière un peu trop précise de ce qu’il avait perçu ce matin-là. Elle s’empourpra et détourna son regard. L’agente garda curieusement plus d’assurance quand il la complimenta sur sa tenue, certainement parce qu’elle l’avait choisi tout spécialement pour lui et que cette validation était plus que souhaitée. Le baiser qu’il lui subtilisa la laissa bien plus perplexe. Il lui était compliqué de refuser ce contact avec ces lèvres qu’elle avait tant désirées, qui n’avaient rien perdu de leur attrait, mais elle ne pouvait pas non plus l’embrasser sans avoir peur des conséquences que cela engendrerait. Elle ne voulait pas lui donner de faux espoirs et elle ne voulait pas non plus se mettre de fausses idées en tête. Il lui serait tellement facile de perdre le contrôle si elle était amenée à rapprocher de lui de cette manière, le meilleur moyen de garder la tête froide restait de ne pas donner la moindre suite, de ne pas faire un seul commentaire. Il n’avait pas l’air de mal prendre ce manque de réaction, puisqu’il lui proposa de profiter des animations du mois de la fierté avec lui. Elle fit preuve de faiblesse en acceptant, mais est-ce que ça aurait été bien raisonnable de lui causer une nouvelle déception ? Cela ne l’aurait-il pas encore plus encouragé à lâcher l’affaire ? Elle n’en avait pas du tout envie, non elle ne voulait pas laisser le champ libre, le laisser se tenter par l’idée de passer sa soirée avec une autre femme…
Une fois à l’extérieur de la bâtisse, Halston se trouva un nouveau point commun avec Eddie, qui n’avait jamais assisté à la parade auparavant tout comme elle. Cela ne pourrait rendre que l’expérience plus profitable pour tous les deux, ainsi ils auraient tous les deux des surprises, bonnes comme mauvaises, même si elle espérait que les négatives n’existeraient pas. « Tu n’en as juste jamais pris le temps alors. » Il n’avait rien contre la diversité des orientations sexuelles, sinon il ne lui aurait jamais proposé d’assister à toutes ces animations, elle ne le voyait pas se forcer pour ce genre de choses. Elle savait que l’acceptation de la différence était encore loin d’être acquise, elle voyait bien dans son métier que cela dérangeait de sortir des cases, plusieurs de ses acteurs en avaient fait les frais. Elle avait entendu bien des choses comme « je ne travaillerai jamais avec des pédés », « une femme qui n’aime pas les hommes est un immense gâchis, il faut que les spectateurs s’imaginent qu’ils ont leur chance avec mon héroïne », « une personne bisexuelle est une personne instable, incapable de jouer correctement » et bien d’autres inepties. L’agente de stars n’était donc pas contre le fait d’afficher son soutien à sa petite échelle, en pointant le bout de son nez à cette parade. La brune se garda de dire à haute voix ce qu’elle pensait de ce qu’elle voyait, même si Eddie devait facilement percevoir qu’elle n’était pas dans son élément. L’apparition de Sophia fut à la fois une bénédiction et une malédiction, une bénédiction parce que cela lui permettait de penser à autre chose et une malédiction parce que cela l’empêchait d’avoir le danseur pour elle toute seule. Elle espérait que la rouquine ne leur tiendrait pas trop la jambe, mais elle n’y croyait pas trop. La présence de sa colocataire se fit tellement imposante, qu’elle ne prêta même plus attention aux réactions du brun. Halston le regarda de nouveau après avoir suivi l’actrice du regard, qui se montra gênante en laissant comprendre que l’agente était sa propriété. Si Nolan était là il en profiterait pour lui dire ‘ tu vois à quel point elle peut t’accaparer maintenant ? Cette fille a toujours été un problème ’. Elle secoua légèrement de la tête, ne souhaitant pas donner raison à son ex. Eddie la questionna sur la récurrence du comportement de la rousse, elle eut un petit sourire embarrassé. « Oui, avec tout le monde. » On ne pouvait pas reprocher un manque de constance à Sophia, même si c’était justement quelque chose de problématique, elle ne savait pas se positionner de façon différente selon la personne qu’elle avait en face. L’agente de stars avait d’autres chats à fouetter, en la personne d’une blonde qui devait très certainement être en manque, pour s’amuser à embrasser n’importe qui. Il était hors de question qu’elle puisse s’approcher de trop près de son amant d’une nuit, alors elle n’hésitera pas une seule seconde à se mettre entre eux. Personne ne s’attendait à ça d’elle et cela ne la rendait que plus satisfaite de l’avoir fait. Eddie lui demanda si ça l’aurait vraiment dérangé, quelle question bête, si ça n’avait pas été le cas elle serait restée stoïque. « Bien sûr que oui, elle t’aurait souillé, ça aurait été comme si tu avais embrassé de manière indirecte tous ceux qu’elle avait touché juste avant toi. C’est dégoûtant. » L’agente de stars n’y allait pas de main morte pour décrire ce que cela lui inspirait, même si elle n’était pas complètement honnête. Le danseur lui confia qu’il aurait bien aimé offrir un baiser à Sophia, elle ne savait pas si elle devait le prendre comme une plaisanterie ou non. Il se rapprochait de l’actrice, mais elle pensait qu’il ne s’agissait que de bluff, jusqu’à ce qu’il ne cherche à avoir son consentement. Halston devint livide, elle pensa que Sophia avait intérêt de bien réfléchir à sa réponse.
WIN : La rouquine fut flattée qu’Eddie puisse vouloir l’embrasser, mais pour une fois dans sa vie elle se dit qu’elle irait peut-être un peu trop loin si elle faisait ça, elle préféra donc refuser son offre en lui disant qu’elle tenait à la vie. L’agente de stars était ravie, pour une fois qu’elle arrivait à lui aspirer de la crainte, il faudrait qu’elle marque d’une pierre blanche ce jour sur un calendrier. SO CLOSE : L’actrice se fait désirer quelques secondes, avant de faire mine de bien vouloir de ce rapprochement, avançant sa tête vers celle du brun, mais elle ne fera que de frôler ses lèvres avant de reculer. « Je ne suis pas une fille aussi facile, cher Mr Yang. »Halston avait cru à son petit manège, elle fut soulagée qu’elle ne soit pas allée jusqu’au bout. FAIL : Sophia ne manque jamais une occasion de pouvoir embêter sa colocataire, cette occasion étant trop belle elle accepta d’offrir ce free kiss à Eddie. L’agente en fut particulièrement vexée, mais elle essaya de ne pas le montrer. Soudainement, elle sentit le regard d’un homme plutôt pas mal se poser sur elle, elle décida donc de prendre sa revanche en lui faisant un smack. La rousse fut tout simplement interloquée par ce qu’elle venait de voir.
LE DESTIN
l'omniscient
ÂGE : des milliers d'années, mais je suis bien conservé. STATUT : marié au hasard. MÉTIER : occupé à pimenter vos vies, et à vous rendre fous (a). LOGEMENT : je vis constamment avec vous, dans vos têtes, dans vos esprits, et j'interviens de partout, dans vos relations, dans vos joies, vos peines. POSTS : 31460 POINTS : 350
TW IN RP : nc PETIT PLUS : personne ne sera épargné, c'est promis les chéris.AVATAR : je suis tout le monde. CRÉDITS : harley (avatar), in-love-with-movies (gif) DC : nc PSEUDO : le destin. INSCRIT LE : 15/12/2014
Another night, another day goes by I never stop myself to wonder why You help me to forget to play my role You take my self, you take my self control
Il est rare qu’Eddie commence une phrase et ne la termine pas, mais il n’est pas concevable pour lui d’aborder un sujet aussi important au détour d’un couloir où leur tranquillité n’est même pas garantie. Halston est avant toute son agente alors c’est une discussion qu’ils devront avoir, sachant que ce qu’il lui cache pourrait indirectement impacter leur collaboration. S’il effectue un séjour à l’hôpital et se retrouve ensuite mis au repos forcé il ne pourra sûrement plus être opérationnel pour rien, et ce n’est pas ça qui risque d’arranger ses soucis d’argent. Il a trop tiré sur la corde et négligé cette blessure Eddie, il va devoir en assumer les conséquences et ce ne sera certainement pas beau à voir. Personne, absolument personne n’est au courant d’à quel point la situation avec son genou est sérieuse, pas même sa compagnie ce qui n’est pas du tout professionnel de sa part. Il fonce droit dans le mur et il conviendrait de se demander pourquoi, car il aurait pu réagir très tôt en se ménageant, au lieu de faire tout le contraire. Halston espère qu’il ne lui cache rien de grave et le danseur détourne soigneusement le regard, car bien sûr que si c’est grave mais il ne faut pas compter sur lui pour l’admettre. Il ne peut plus minimiser les choses maintenant que la réalité l’a rattrapé, et pourtant ça l’arrange de croire qu’il peut encore s’en sortir et éviter cette opération qui devient de plus en plus inévitable. Si elle savait tous les risques qu’il a pris ces derniers mois au mépris d’une blessure pourtant sérieuse Halston lui arracherait les yeux, car un comportement aussi irresponsable ne passera probablement pas quand elle l’apprendra. Il est son protégé après tout, il se doit de rester actif et disponible, et puis elle l’apprécie peut-être assez pour accorder de l’importance à sa santé, aussi. « T’inquiète pas. » il souffle dans un sourire, sans rien confirmer ni infirmer. Il n’est même pas sûr qu’elle s’inquiète vraiment mais il anticipe, et c’est tellement facile à dire. Ainsi il élude le sujet pour éventuellement y revenir plus tard, mais pas aujourd’hui c’est certain.
Les yeux du danseur s’attardent un instant sur Halston après le court baiser qu’il a initié entre eux, dans l’attente peut-être qu’elle fasse ou dise quelque chose après ça. Mais rien, l’agente semble rester de marbre et il se demande forcément si elle a ressenti quelque chose à ce contact ou si le fait de l’embrasser aujourd’hui n’a plus du tout la même saveur que pendant leur nuit ensemble. Elle ne cherche pas à prolonger ce baiser, elle ne vient pas en provoquer un autre derrière en guise de réponse, il ne se passe en fait rien et Eddie est perdu devant cette absence totale de réaction. Il doit être le seul à qui ce baiser pourtant court et chaste retourne le bide, de son côté Halston ne donne même pas l’impression de l’apprécier et ça ne fait que renforcer ses doutes après leur dernière entrevue. Elle ne cherche plus vraiment de proximité avec lui en dehors d’une main passée un peu plus tôt dans ses cheveux et ça le perturbe à quel point le fossé est grand entre l’attitude d’Halston aujourd’hui et toutes les choses qu’elle lui a dites, et faites, un mois plus tôt dans sa chambre. Elle était une autre femme sous l’effet de l’alcool, tandis que lui prouve bien que même sobre il recherche cette proximité avec elle. Les mots formulés par Halston la semaine dernière ne trouvent plus le moindre sens aujourd’hui, ses belles paroles Eddie n’y croit plus trop car elle ne lui montre pas que cette distance lui déplaît, au contraire elle la renforce malgré sa présence en ne réagissant pas. Où est leur alchimie, celle qu’elle ne pouvait pas nier ? « Me priver de toi a été difficile », c’est elle qui l’a dit mais c’est fini, ça, apparemment. Eddie aimerait tant redevenir sa bouffée d’oxygène mais elle ne doit plus vouloir de lui, pas de cette façon et cette pensée lui provoque un petit pincement au cœur. Il a peut-être bien surestimé ce qu’ils ont vécu tous les deux, et cru trop facilement l’agente lorsqu’elle soulignait leur connexion soi-disant si spéciale. Si elle cherche à mettre des barrières entre elle et lui Halston y parvient très bien, car le danseur a vraiment l’impression d’être face à un mur auquel il fait de grands signes, en vain. Eddie n’est toutefois pas du genre à renoncer comme ça car son intérêt pour l’agente est loin d’être mort en ce qui le concerne, et il ose proposer à celle-ci de profiter avec lui des festivités du mois des fiertés. Ce qu’elle lui accorde, il aura au moins obtenu ça d’elle aujourd’hui et même si elle n’est disposée à lui offrir que sa présence c’est déjà ça, et en l’occurrence c’est tout ce qui lui a manqué cette semaine. Alors oui il s’en contente, du moins pour le moment, en pensant naïvement que ce moment à deux les rapprochera à nouveau. Sauf que deux ils ne le restent pas longtemps, et à partir de là ça ne s’annonce déjà pas très bien.
Il n’a jamais pris le temps de participer à la moindre marche des fiertés, c’est vrai, mais quand il le prend il est apparemment voué à y rencontrer la colocataire d’Halston. Elle est envahissante cette Sophia, un peu trop à son goût et puis tactile aussi, une sans-gêne par excellence sur laquelle Eddie pose un regard méfiant. Halston laisse entendre qu’elle se comporte de cette façon avec tout le monde et il est vrai que sur le moment il se demande s’il ne ferait pas mieux de les laisser là, toutes les deux. Il s’efface tout naturellement au côté de la rousse qui prend beaucoup de place, mais son attention est assez vite détournée vers la scène qui se joue entre l’agente et une blonde qui lui aurait peut-être sauté dessus si elle n’était pas intervenue. Sur le moment ça le flatte Eddie mais était-ce vraiment de la possessivité il n’en sait rien. Il veut le croire mais il peut aussi très bien se faire des films, car l’instinct de l’agente aurait aussi pu être de lui éviter un baiser auquel il n’aurait pas consenti. Et en fait il se pourrait bien que ce soit plutôt ça, et pas ce qu’il s’imagine car Halston prétend qu’elle ne pouvait pas le laisser se faire salir par une femme dont les lèvres ont déjà traîné un peu partout. C’est dégoûtant d’après elle, mais la mine justement dégoûtée du danseur n’a pas grand-chose à voir avec ce qu’elle vient de souligner. Si c’est juste pour ça qu’elle s’est opposée à ce baiser alors il est bien bête, et la déception se lit sans mal sur son visage. Le terme protégé prend d’un coup tout son sens, mais Eddie ne l’entend pas de cette oreille. « Et alors ? J’ai pas besoin de ce genre de protection Halston, et je ne vois pas pourquoi tu t’en soucies. » Du fait qu’il puisse être souillé, qu’est-ce que ça peut bien lui faire il se le demande et il ne peut pas retenir une réflexion de plus après ça. « C’est pas comme si t’avais prévu de m’embrasser ensuite. » Bim, c’est sorti tout seul. Tout ce qu’il a réussi à obtenir depuis leur nuit c’est un petit baiser qu’il a volé lui-même donc ce qu’il peut faire de ses lèvres ça ne doit plus trop la concerner à présent. Alors oui il l’a mauvaise et pourtant il s’accroche Eddie, jusqu’à jouer avec le feu. Il a bien quelque chose en tête en proposant ce free kiss à Sophia mais tout va dépendre d’Halston et de la réaction de celle-ci. Il est en manque évident d’intimité avec l’agente mais il ne le formulera pas comme ça, alors maintenant il n’a plus qu’à espérer que son petit plan fonctionne et que la rousse reparte gentiment d’où elle vient sans monopoliser ses lèvres au passage. Mais ce n’est pas du tout ce qui se passe, la situation échappe à son contrôle car Halston ne réagit pas comme il l’avait espéré, et Sophia est aussi bien plus réceptive que prévue. Un smack est échangé avec l’actrice et aussitôt leurs lèvres détachées son regard cherche à savoir si l’agente est piquée, et c’est difficile à dire car elle ne montre rien. Mais elle cherche peut-être bien à se venger en offrant un baiser au premier type qui passe, oui, devant leurs yeux ébahis. La rousse est choquée et elle n’est à vrai dire pas la seule, le danseur restant lui aussi déconcerté face à ce renversement de situation qu’il n’a pas du tout vu venir. Il n’a officiellement plus envie de jouer Eddie, son petit plan s’est lamentablement retourné contre lui. Il a récolté un baiser dont il ne voulait pas sérieusement et il a surtout assisté à celui entre Halston et ce gars bien trop chanceux, ce qui réveille aussitôt en lui un sentiment contre lequel il est bien incapable de lutter ici : la jalousie.
Cet homme qu’Halston vient d’embrasser sous leur nez s’ajoute à une configuration compliquée où il avait déjà bien assez à gérer avec Sophia. Si encore il pouvait partir aussi vite qu’il est arrivé ça l’arrangerait bien, mais au lieu de ça il reste là à tourner autour d’Halston. Il est loin d’être moche en plus, le danseur est bien forcé de le reconnaître. « Intéressant, tu m’as l’air de ne pas avoir froid aux yeux toi ! Y’a moyen d’avoir ton numéro ma belle ? » Le regard d’Eddie s’assombrit immédiatement en entendant ça. Mais il se croit où celui-là ? Et cette façon qu’il a de la regarder, non, ça ne va pas le faire du tout. À son tour d’intervenir et le concernant c’est une vraie possessivité qu’il va faire ressortir, peu importe qu'elle soit légitime ou non. « Je ne crois pas non. » il lance au type qui en redemanderait visiblement bien volontiers, qu’il finit par attraper par le bras pour l’écarter d’Halston car qu’il ne s’imagine surtout pas que le danseur le laissera approcher l’agente de nouveau après ça. « Pardon mais tu es ? » Ah, il s'agirait de lui poser des questions dont il détient la réponse. Officiellement il pense bien n'être personne pour elle, mais ce gros lourdingue n'a pas à le savoir. Eddie soupire lourdement, pourvu que le type ne résiste pas car il n’a pas du tout envie de se battre avec lui. Il est costaud en plus, il n’est pas du tout sûr de faire le poids. « Peu importe qui je suis, t’auras pas son numéro. Maintenant dégage. » Eddie en devient agressif, cette histoire le tend lui qui pensait pourtant avoir signé pour passer une bonne soirée. Il raisonne de façon bien égoïste à cet instant, s’il ne peut pas être proche d’elle alors pourquoi un gars de passage qu’elle ne connaît ni d’Ève ni d’Adam le pourrait ? Et là elle ne considère pas être souillée du coup, en ne sachant pas si le gars n’a pas embrassé la moitié des personnes présentes ici avant elle ? Mais c'est qu'il ne bouge pas ce gars, Eddie pense pourtant s'être exprimé dans un anglais compréhensible. « T’es sourd ? » Visiblement non car il finit par les laisser, et le danseur n’a alors plus un regard pour personne. Il est profondément vexé et il regrette, aussi, d’avoir initié ce jeu absurde dont il ne pouvait ressortir que perdant. La prochaine fois qu’il s’abstienne de vouloir la provoquer ce sera bien mieux, car il devrait savoir que rien ne se passe jamais comme il le prévoit. « Bon.. où est-ce que j’ai foutu ma moto déjà.. » il s’interroge à haute voix en scrutant tout autour de lui et si son intention paraît être de partir, c’est effectivement bien ce qu’il compte faire après ça. Eddie s’éclipse alors sans un mot ni pour Halston, ni pour Sophia qu’il tient pour responsable de tout ça, car si elle ne s’était pas pointée ils n’en seraient pas là il en est persuadé. Et puisque quelqu’un est de trop ici il décide que c’est lui, une nouvelle fois, même si cette fois il part de lui-même avant qu’Halston ne le congédie. Le danseur commence à s’éloigner sans trop savoir où il va, remontant la rue à contre-sens d’un pas vif et se heurtant à quelques personnes dont l’enthousiasme tranche sacrément avec l’air dur et fermé qu’il affiche.
Est-ce qu’elle ne risquerait pas grandement de flancher, à passer toute la soirée avec lui ? Halston préférait se dire qu’elle savait se montrer forte, n’était-ce pas ce qu’elle venait de faire en ne donnant aucune suite à ce baiser ? Elle ne pensait pas qu’il se lancerait dans une nouvelle tentative de sitôt, elle devait l’avoir particulièrement refroidi. De plus ils seraient loin d’être seuls, les animations du mois des fiertés attiraient toujours de plus en plus de monde, être bien entourés ne pourrait que les empêcher de faire quoique ce soit. La folie et la bonne humeur des participants n’étaient pas très contagieuses, l’agente de stars avait du mal à faire semblant qu’elle appréciait de se retrouver au milieu de tout ça. Heureusement qu’elle avait refusé d’y aller avec Sophia, qui avait prévu de s’y rendre avec un slogan des plus provocateurs sur son t-shirt, comme à son habitude elle n’allait pas manquer d’attirer l’attention. La brune ne pensait pas que les probabilités de la croiser seraient aussi grandes et pourtant, l’actrice semblait avoir un radar spécialement conçu pour pouvoir la détecter elle. Elle ne pouvait pas l’éjecter ou prétendre qu’elle allait bientôt partir, parce que sa soirée avec Eddie ne faisait que commencer, lui faire passer un message discret pour qu’ils s’éclipsent serait trop compliqué. Elle allait donc réaliser son souhait de faire cette parade à ses côtés, à contre cœur. Halston se demandait où avaient bien pu passer tous ses amis, chez qui elle s’éclipsait tout le temps ? Bien évidemment ils n’étaient pas là quand elle avait besoin d’eux. La rouquine devait être particulièrement contente de l’avoir surprise avec Eddie, elle s’était montrée digne de la Gestapo quand elle s’était mise à la questionner à son sujet. Si elle pensait qu’elle allait faire sa connaissance ce soir, elle se mettait sûrement un doigt dans l’œil, parce qu’elle semblait déjà l’avoir mis bien mal à l’aise. Ils n’étaient de toute manière pas dans un contexte propice au bavardage, il était difficile de s’entendre avec tout le brouhaha qui régnait autour d’eux, seule la voix de l’actrice portait vraiment. Elle avait toujours été douée pour se faire entendre, tout l’inverse de la brune. L’agente de stars ne pouvait pas passer à côté des dernières paroles de son interlocuteur, qui s’avéraient plutôt salées. Il avait pourtant savouré cette interposition et maintenant qu’elle en avait donné les raisons, il n’en voulait pas ? C’était un changement d’avis un peu trop prompt de sa part. S’il s’attendait à ce qu’elle avoue que c’était avant tout sa possessivité qui l’avait poussé à agir ainsi, il pouvait toujours attendre la tombée de la neige. La supposition qu’il ajouta l’abasourdit, qu’est-ce qu’il en savait au juste ? Elle avait envie de lui dire qu’il ne pourrait jamais prédire ses prochaines actions, mais elle se retint de le faire. « Eddie… tu m’exaspères. » Cela ne se lisait peut-être pas sur son visage, mais elle bouillonnait de l’intérieur. Tu ne comprends donc pas l’évidence imbécile ? Je veux que tes lèvres n’appartiennent qu’à moi. Le danseur décida d’ajouter de l’huile sur le feu, en proposant d’offrir un baiser à sa colocataire. Halston s’était mise à fixer la rousse. Ne fais surtout pas ça, pas toi. Sophia était comme une petite sœur pour elle, elle ne pouvait pas la trahir ainsi. Cependant, la brune avait oublié que son actrice était maîtresse dans l’art de la provocation, en plus de ne pas être du genre à refuser un rapprochement avec une personne attrayante. L’agente de stars eut l’impression d’être dans un mauvais rêve, ce qui la rendit immobile. Pourquoi ils devenaient si complices tout à coup ? Pourquoi ils lui faisaient ça ? Est-ce qu’il n’y en avait pas un seul des deux qui tenait à elle ? Il n’allait pas s’en tirer comme ça. Elle jaugea un des hommes qui se trouvaient juste à côté d’eux, avant d’aller lui subtiliser ses lèvres. L’américaine n’avait rarement fait preuve d’autant d’audace qu’à cet instant, elle se rendait à peine compte de ce qu’elle venait d’infliger à un inconnu.
L’homme en question était plutôt consentant, il ne s’attendait pas à ce qu’elle agisse ainsi, ce qui était normal puisqu’absolument personne n’aurait pu parier sur ce revirement de situation. Il se lança dans une tentative d’obtenir son numéro, ce qui eut l’effet immédiat de la gêner, parce qu’elle n’avait pas prévu qu’il se mettrait à la draguer de cette manière. Ta naïveté te perdra, ma fille. L’agente de stars ne savait plus où se mettre, elle n’avait jamais été bien douée lorsqu’il s’agissait d’éconduire un homme, elle l’avait prouvé quelques mois plutôt en cherchant l’aide d’un barman. Elle était soulagée d’avoir Eddie et Sophia à ses côtés, rien ne devrait lui arriver tant qu’ils seraient là. Le danseur se mit à répondre à sa place, il était bien courageux de le faire alors que le dragueur en question était plus costaud que lui, il se permit même de l’éloigner d’elle. Quel homme, je ne devrais pas m’en réjouir mais qu’est-ce que j’aime te voir devenir si possessif envers moi. Elle était presque tentée de répondre à sa question à sa place, pour lui dire qu’il s’agissait de son mec, mais est-ce qu’elle aurait l’air bien crédible après ce qu’elle venait de faire ? Certainement pas. Le ton monta et c’est à ce moment-là que Sophia décida d’intervenir. « Du calme les gars, on n’est pas dans l’esprit de la fête là. Il a raison mec, elle ne veut pas te donner son numéro. » Tout le monde s’exprimait à sa place et elle se sentait vachement infantilisée d’un coup. « Ce baiser c’était juste pour rire, désolée. » Plus jamais elle ne ferait un acte aussi irréfléchi, c’était vraiment stupide. Le participant ne daignait toujours pas bouger, jusqu’à qu’Eddie ne lui demande s’il était sourd. Halston poussa un soupir de soulagement. « Je ne pensais pas que l’air australien te rendrait folle comme ça Hal. » Elle n’arrivait pas à croire qu’elle avait le droit à ce genre de remarques, surtout venant d’elle qui ne se privait jamais d’agir comme elle le voulait. La Hargreeves était très remontée contre la Sadler, elle ne voyait plus qu’elle, elle n’avait même pas prêté attention à l’interrogation que son amant d’une nuit s’était posée. « PARDON ? C’est de TA faute putain. Pourquoi t’es rentré dans son jeu au juste ? Tu te crois intelligente de l’avoir fait en fait ? Ou tu voulais juste gagner sa sympathie d’une façon débile ?! » Elle aurait pu se faire apprécier d’Eddie de bien des manières, alors pourquoi avoir choisi la pire en sachant pertinemment qu’elle ne lui plairait pas ? « Tu fais chier Sophia, ma soirée ne devait pas se passer comme ça, t’as tout gâché. » La journée de la brune s’était bien passée jusque-là, elle irait même jusqu’à dire qu’elle avait été excellente. Retrouver le danseur lui avait fait un bien fou et elle le saisissait encore plus maintenant qu’il n’était plus là. Où était-il passé d’ailleurs ? Il ne leur avait même pas dit au revoir. « Halston je suis désolée, ce n’était pas mon but. » Il était exceptionnel qu’elle admette ses torts, mais cela n’apportait pas la moindre satisfaction à l’agente, qui n’avait plus qu’une seule envie : celle de rattraper Eddie. Elle abandonna l’actrice en se frayant un chemin dans la foule.
Halston ne le voyait nulle part, mais elle se doutait qu’il avait dû revenir sur ses pas, qu’il avait dû venir jusqu’à son lieu de shooting en moto. Il n’y avait pas beaucoup d’endroits où pouvoir stationner ce genre d’engin et elle était venue plus d’une fois par ici, elle avait encore sa chance de pouvoir le retrouver. L’agente de stars cru repérer sa silhouette au loin, elle se mit à courir derrière lui avant d’attraper sa main une fois qu’elle arriva à son niveau. « Ne t’en vas pas comme ça. » Elle capta son regard et afficha une mine déconfite. « Écoute je suis désolée c’était puéril, je ne sais pas ce qui m’a prise de faire ça… » Il avait sa part de responsabilité, à lui avoir montré qu’il n’en avait rien à faire du fait qu’elle ne veuille pas le voir embrasser quelqu’un d’autre, mais ce n’était pas l’heure de faire des reproches. Elle savait qu’elle n’aurait jamais dû s’approcher autant d’un vulgaire inconnu, alors qu’elle s’était montrée insensible au rapprochement qu’il avait effectué une vingtaine de minutes plus tôt. « Encore une fois je pense que je n’arrive pas à réfléchir correctement quand tu es à mes côtés. » Elle se pinça les lèvres. « Et puis cette vision de toi qui embrasse une autre femme… ma colocataire en plus… ça m’a… » Touchée ? Retournée ? Elle savait pourtant pertinemment que Sophia n’oserait jamais lui voler l’homme pour lequel elle craquait pour de vrai, mais elle n’avait pas supporter de voir ses lèvres ailleurs que sur les siennes. « Fait quelque chose. » Elle commença à se demander s’il ne l’avait pas fait exprès, afin de la tester. N’était-ce pas lui qui lui avait dit qu’il avait horreur de ceux qui se servaient des autres dans le but d’attiser la jalousie ? Elle fronça des sourcils et lui lâcha la main avant de lui assener une frappe sur le bras. « Tu l’as fait exprès, tu ne voulais pas d’elle, tu voulais juste voir comment je réagirai. » Sophia était une femme superbe, à côté de laquelle elle ne faisait pas le poids, c’était ce qu’elle avait toujours pensé. « T’es content maintenant ? T’as obtenu ce que tu voulais ?! » Je me suis ridiculisée à cause de toi et je t’en veux. « Tout ça pour te casser comme un voleur, j’espère que t’es fier de toi au moins. » Halston était rouge de rage, c’était bien la première fois qu’il déclenchait cette couleur chez elle pour cette raison. « Puisque tu t’en fiches du temps que je t’accorde, va-t’en. »
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Il tolère et apprécie même beaucoup la réaction d’Halston lorsque celle-ci s’interpose entre la blonde et lui pour lui éviter de recevoir un baiser dont il ne voudrait pas, mais il opère un virage à 180 degrés quand il entend que l’agente ne voulait juste pas qu’il puisse être en contact avec une femme qui aura déjà embrassé un paquet de lèvres avant les siennes. Alors c’est sûr que ça ne lui fait pas du tout envie à Eddie présenté comme ça, mais à partir du moment où tout le monde ici semble plus enclin à l’embrasser qu’Halston à quel moment croit-elle avoir le droit d’intervenir ? Ça le désole Eddie, elle souligne une raison qui n’est pas celle qu’il veut entendre et il comprend bien qu’il peut courir pour qu’elle reconnaisse autre chose. Pourquoi, parce qu’elle n’assume plus rien quand Sophia est dans les parages ? C’est ce qu’il commence à se dire, oui, qu’il aurait peut-être eu une chance de se rapprocher d’elle pendant cette parade si l’actrice n’était pas apparue. Elle lui fait l’effet d’une mauvaise herbe qui n’en finit pas de grandir à mesure qu’on tire dessus en pensant simplement l’arracher, peut-être que dans le fond elle est très gentille cette Sophia mais là tout de suite sa présence l’encombre beaucoup. Il ne peut pas compter sur la moindre proximité avec Halston quand elle est là, apparemment, et à partir de maintenant il va craindre de la voir débarquer chaque fois qu’ils seront tous les deux. Son omniprésence lui ferait presque peur et c’est drôlement ironique, quand on sait qu’il était autrefois ce genre d’ami toujours présent dont il était aussi impossible de se débarrasser. Il lance une pique qui ne semble pas plaire à l’agente, au point que celle-ci lui rétorque qu’il est exaspérant. Eddie aurait du mal à dire si elle est vraiment énervée à ce moment-là ou si le terme employé est un peu fort par rapport à ce qu’il lui inspire réellement, car une fois de plus elle ne montre pas grand-chose, mais au fond de lui il espère bien que ça la pique et qu’il n’est pas le seul à perdre doucement mais sûrement sa patience et son calme. Le fait d’être vexé peut le rendre un peu mauvais, et aussi réveiller chez lui un besoin de provocation. C’est ce qu’il applique à travers ce baiser proposé à Sophia sous le nez de l’agente, en espérant qu’elle se mettra entre eux comme elle l’a fait avec la blonde tout à l’heure. Au lieu de ça le baiser avec l’actrice a bien lieu et Halston lui rend la pareille avec un homme qui a la chance de passer près d’eux au bon moment. Il ne sait pas si elle réalise ce qu’elle vient de faire mais elle ne pouvait pas l’irriter plus qu’en faisant ça, et Eddie ne répond officiellement plus de rien. Il a voulu jouer et il a perdu mais elle peut être perdante aussi ce soir, il n’a pas encore dit son dernier mot.
La situation se tend encore un peu plus avec ce gars qui ne compte visiblement pas les laisser avant d’avoir obtenu le numéro d’Halston. Le danseur décide qu’il ne l’aura pas et il ne considère même pas l’avis de l’agente, qui ne paraît pas choquée qu’il puisse prendre cette décision-là à sa place. Il agit comme un petit-ami jaloux le ferait car l’idée qu’Halston puisse prendre le contact de cet homme qu’elle ne connaît pas le dérange profondément. Il veut bien que ce soit la fête et que cet événement pousse certaines personnes à faire des rencontres mais pas elle, et pas sous son nez à lui. Eddie prend le risque de repousser l’individu qui le dépasse bien d’une tête et heureusement pour lui le type n’a pas l’air d’être un sanguin, ce qui ne les empêche toutefois pas de hausser le ton l’un et l’autre. Bon il faut vraiment partir là monsieur, pourquoi t’es toujours là ? La rousse intervient entre eux et lui donne raison au passage, mais Eddie se fiche d’avoir son soutien et il aimerait tant qu’à faire qu’elle reste en dehors de ça. « Me dis pas de me calmer Sophia. » Il aimerait même ne plus l’entendre là, déjà sa présence le fatigue alors sa voix n’en parlons pas. Halston quant à elle s’excuse d’avoir initié ce baiser pour rire, et le danseur ne peut s’empêcher de rouler ostensiblement des billes face à elle. « J’espère que c’était agréable en plus d’être drôle. » il raille d’un ton sec alors qu’entre temps le type est enfin parti, les laissant tous les trois dans une sorte de chaos qu’Eddie prévoit également de quitter sans attendre. Parce que l’ambiance laisse vraiment à désirer là, et il ne voudrait surtout pas déranger les deux inséparables colocataires qui ne peuvent pas vivre l’une sans l’autre au point de se retrouver même ici. Il veut bien croire que ce n’était pas calculé mais quand même il trouve ça gros, et il commence à en avoir sa claque des coïncidences du genre. Alors il finit par se dérober à leur vue sans annoncer ni à l’une ni à l’autre son départ, car est-ce qu’il intéresse encore quelqu’un par ici ? Il en doute fort. Il préfère partir avant de sortir un truc qu’il pourrait vraiment regretter car il se sent monter en pression et c’est suffisamment rare chez lui pour que ça puisse l’inquiéter. Idéalement il aimerait qu’Halston ne le voit pas péter les plombs car elle l’a toujours connu calme, et il vient déjà de lui donner un aperçu pas terrible de celui qu’il peut devenir quand il est vexé. Elle qui ne vient déjà plus tellement vers lui, il ne faudrait pas qu’il la dégoûte pour de bon en se rendant carrément détestable. Réalise-t-elle au moins qu’il vient de partir ? Il n’en sait rien car il ne se retourne pas sur lui-même pour checker si son départ est remarqué ou non.
Mais remarqué il finit par l’être apparemment puisqu’au bout de deux ou trois minutes Eddie sent une main le freiner dans sa marche. Halston lui a donc couru après, elle lui demande même de ne pas s’en aller comme ça mais qu’est-il censé faire au juste, rester alors que leur soirée à deux est un projet sur lequel il peut de toute évidence s’asseoir ? « Je n’ai plus aucune raison de rester ici. » Il pensait qu’Halston et lui allaient pouvoir se retrouver ce soir, il comptait énormément dessus mais c’était sans compter l’intrusion de sa colocataire. À ce niveau-là il est tenté de capituler et de rentrer simplement chez lui Eddie, car il n’a pas attendu une semaine avant de la revoir pour qu’au final il doive se coltiner la rousse en prime. Il soupire alors qu’elle réitère qu’embrasser l’homme de tout à l’heure était puéril, et elle souligne qu’elle a décidément du mal à raisonner correctement quand il est là. Doit-il comprendre qu’il la trouble ? Cette idée est assez plaisante mais il tâche de ne pas trop le montrer, après tout il est censé être énervé là alors autant rester crédible. « On est deux alors. Parce que je me demande où j’avais la tête pour proposer ce free kiss à ta colocataire.. » Traduction : tu me mets la tête en vrac Halston. Quel jeu stupide il a voulu lancer Eddie, tout ça pour se prouver qu’Halston pouvait être jalouse et qu’au final ça se retourne contre lui, vraiment ça n’en valait pas le coup. Il se perd dans les yeux d’Halston alors que celle-ci reconnaît maintenant que le voir embrasser une autre femme ne l’a pas laissée indifférente. Bien, ils avancent, et il pourrait évidemment en dire autant vu sa réaction envers l’inconnu qu’elle n’a pas hésité à embrasser devant lui. Elle lui reproche en tout cas d’avoir préparé son coup pour la tester et le danseur ne va pas pouvoir démentir ça, il est coupable à 100% de ce dont on l’accuse. « Évidemment que je ne voulais pas d’elle, je ne la connais même pas alors tu peux me croire ou non, je ne l'aurais pas embrassée si elle ne l'avait pas fait. Elle me fait zéro effet ta Sophia, même si j’admets qu’elle est mignonne. » Il peut bien accorder ça à l’actrice, c’est une belle femme sur laquelle aucun homme ne cracherait mais Eddie est insensible aux charmes de Sophia pour une raison évidente : il n’a d’yeux que pour l’agente, car son truc à Eddie ce sont les brunes aux yeux clairs, pas les rousses flamboyantes. « Je voulais voir ta réaction, c’est vrai. J’ai tellement de mal à comprendre ce que tu penses, et ce que tu ressens Halston.. alors j’ai voulu te tester oui, et c’était débile parce que j’ai obtenu tout l’inverse de ce que je voulais. » Bien joué Eddie, t’as vraiment pas été malin sur ce coup-là. Il en profite pour glisser qu’il ne la comprend plus car c’est vrai, il ne sait plus du tout sur quel pied danser avec elle depuis leur dernière entrevue dans son bureau. C’est un peu comme si elle soufflait le chaud et le froid avec lui, elle dit des choses mais ne les montre pas derrière alors il ne sait plus à quoi se fier. « J’ai la haine contre ce mec. Il va repartir tranquillement et sûrement très vite oublier tout ça, mais moi je vais avoir du mal à oublier ce que j’ai vu. » Est-ce qu’il n’en ferait pas un peu trop pour un vulgaire baiser ? C’est peut-être ce qu’elle va se dire mais Eddie ne considère pas que l’acte en lui-même. Le problème ce n’est pas tant que le gars était un inconnu, c’est le fait que ce gars n’était pas lui et qu’Halston ait initié d’elle-même ce baiser. Deux facteurs qui mettent le danseur sous tension, il l’a pris comme un affront qu’elle lui a fait parce qu’elle sait que leurs baisers lui manquent, il n’aurait pas tenté de retrouver leur proximité un peu plus tôt si ça n’était pas le cas. Lui aussi peut dire que ça lui a fait quelque chose, il ne perd pas facilement son calme mais c’était la goutte de trop après l’indifférence manifestée par l’agente envers lui. La voir plus entreprenante avec un mec qu’elle ne connaît pas qu’avec lui, oui, ça l’a blessé. Il ne se sentait déjà pas bien important mais alors là c’est pire que tout, et il reste persuadé qu’il s’est fait des films malgré tout ce qu’elle peut à présent lui dire. « Non Halston. Non je ne suis pas content de moi, là. C’est pas elle que j’avais envie d’embrasser et tu le sais très bien. » Le regard qu’il dépose sur elle veut tout dire, il n’a pas besoin d’ajouter quoi que ce soit car c’est un énorme appel de phare qu’il lance à Halston. « Mais c’est marrant parce qu’elle avait l’air plus réceptive que toi, tout à l’heure. » Nouvelle pique, tout aussi gratuite que celle qui l’avait faite réagir un peu plus tôt. Tant pis s’il l’exaspère une fois de plus, son ressenti est celui-là et il n’y aurait qu’une façon de lui prouver le contraire. « D’ailleurs elle est où ? Elle pourra survivre en étant cinq minutes loin de toi tu penses ? » C’est limite suspect qu’elle n’ait pas déjà accouru dans leur direction, car il s’imagine mal semer aussi facilement l’actrice. La remarque d’Halston ne lui plait pas par contre, partir comme un voleur ça d’accord il vient de le faire mais la suite ne passe pas. « Et pardon, je m’en fiche ? Je demande que ça de passer du temps avec toi mais j’avais pas en tête de me coltiner ton pot de colle de colocataire ce soir, tu vois. De toute façon chaque fois qu’on se voit ensuite tu disparais, et moi derrière j’ose pas te relancer. Ça fait plusieurs semaines que ça dure et je sais plus où on en est, ça pourrait être simple mais on rend les choses compliquées. » Et tout ça pour quoi, une différence d’âge et un lien professionnel dont il se fout mais qui bloquent manifestement Halston ? Qu’elle lui dise clairement que c’est impossible plutôt que de le faire espérer dans le vent, il voudrait y voir enfin clair et savoir s’il doit ou non s’attendre à quelque chose venant d’elle. Car il est bien incapable de dire pour le moment où tout ça les mène, et le danseur n’a jamais aimé avancer dans le flou surtout si c’est pour qu’à l’arrivée il se soit accroché pour rien.
Est-ce qu’embrasser quelqu’un d’autre avait été agréable ? Pourquoi il posait une question aussi stupide ? Comment pouvait-il se dire qu’elle ait pris le moindre plaisir à donner un baiser à un homme qui lui était complètement inconnu ? C’était une première pour elle, elle ne s’était jamais approchée quelqu’un de cette manière sans ressentir le moindre sentiment. Sophia la connaissait suffisamment pour le savoir, c’était pour cela qu’elle était particulièrement choquée. Halston n’avait pas trouvé cela excitant, elle n’avait pas savouré ce moment de folie, elle avait juste trouvé un moyen rapide et efficace de faire chier Eddie, qu’elle avait saisi sans réfléchir plus que cela. L’agente de stars aurait pu faire quelque chose de bien plus simple, en s’interposant entre eux, puisqu’il avait annoncé à l’avance ce qu’il allait faire, mais elle avait perdu tous ses moyens. Pourquoi avait-il été plus simple de s’attaquer à une étrangère plutôt qu’à une amie proche ? Elle aurait pu se faire agresser par la première, alors que la seconde ne se serait jamais permise de lever la main sur elle. Elle avait peut-être cru jusqu’à la dernière seconde qu’un des deux allait reculer, mais ils furent complices jusqu’au bout. Comment aurait-elle pu deviner que la rouquine et le brun deviendraient partners in crime ? Les craintes qu’il possédait au sujet de l’actrice avaient l’air de s’être complètement envolées, comme s’il n’avait plus peur qu’elle ne se moque de lui. L’air ambiant l’avait peut-être rendu aliéné, mais elle ne pensait pas qu’il copierait aussi bêtement le comportement des autres participants. Il ne devait pas accorder autant d’importance aux baisers qu’elle et cette pensée l’irritait, parce qu’elle se disait que celui qu’il avait effectué un peu plus tôt ne comptait pas tant que ça. « Eddie… » S’emparer des lèvres d’un autre n’aura jamais la même saveur que de le faire avec les siennes. Les pensées de la brune n’arrivaient pas à sortir et l’exclamation de sa colocataire ne l’aidera pas à y parvenir, au contraire elle la poussa à ne se concentrer que sur elle. L’heure était aux règlements de comptes, mais seulement entre filles, elle ne savait pas si le danseur l’avait compris puisqu’il s’avéra drôlement silencieux. Il ne savait peut-être plus où se mettre et cela lui paraissait normal, plus que de l’imaginer partir sans dire un mot. Elle ne le voyait pas agir avec lâcheté et pourtant…
Halston eut l’impression de revenir plusieurs mois en arrière, aux moments où elle devait se dépêcher de se rendre à ses lieux de représentations, pour avoir une chance d’échanger quelques mots avec lui. Un rétropédalage qui n’avait rien d’agréable, mais qui était nécessaire. Il ne pouvait pas la quitter sur ça, elle se demandait si cette scène n’était pas encore pire que les deux dernières qu’ils avaient partagées ensemble. Avoir embrassé un autre homme sous ses yeux avait été un affront, elle avait été trop loin et lui aussi. Il lui disait ne plus avoir la moindre raison de rester ici, alors que l’unique raison se trouvait juste en face de ses yeux. « Je ne veux pas que tu t’en ailles. » Pas cette fois, pour une fois qu’elle lui demandait de rester, elle espérait bien qu’il allait obtempérer. Elle tenta d’expliquer sa façon d’agir et il lui répondit que lui aussi, n’arrivait pas à garder toute sa tête lorsqu’ils étaient ensemble. On est dans de beaux draps toi et moi, à faire des choses si stupides. Il n’était pas totalement honnête dans sa réponse et elle finit par le découvrir d’elle-même, ce qui eut pour effet de l’énerver. Eddie l’avait manipulé, dans le but de découvrir ce qu’elle pouvait ressentir, qu’il se serve de sa colocataire ainsi pour ça la rendait folle. Elle regrettait presque d’avoir admise la jalousie qu’elle avait ressentie, parce qu’il allait finir par se dire que peu importaient les moyens, du moment qu’il arrivait au résultat voulu. Il voulait bien reconnaître que Sophia était belle, elle n’aurait jamais cru le contraire, mais il lui disait qu’elle ne lui inspirait aucun désir. Il ne se rendait pas compte qu’il venait de réaliser un de ses cauchemars, à embrasser une femme de son âge devant elle, il était revenu dans ce qui devait être l’ordre des choses. « Tu n’as pas le droit de me manipuler comme ça Eddie. C’était violent de te voir saisir les lèvres d’une femme qui a l’âge adéquat… Je n’avais pas besoin de ça. » Il se serait montré un peu plus patient, peut-être qu’il aurait fini par obtenir ce qu’il voulait, de façon saine. Après tout ils n’étaient ensemble que depuis une courte durée, ils auraient pu se débarrasser de Sophia tôt ou tard, tout était possible. Halston était incomprise par son amant d’une nuit, elle était elle-même complètement perdue, elle essayait de jouer un numéro d’équilibriste qu’elle n’avait jamais effectué auparavant. Qu’elle penche d’un côté ou d’un autre, n’importe lequel lui aurait été fatal, puisqu’aucun d’entre eux n’était positif. Il exprima la haine qu’il avait envers le participant, elle ne pensait pas qu’il aurait un ressentiment si fort envers lui. « On s’en fou de ce type, il n’a aucune importance. »Contrairement à toi. « Je ne le croiserai certainement plus jamais et ce n’est pas plus mal. » Il n’habitait peut-être même pas à Brisbane et elle s’en fichait complètement de le savoir.
Elle n’avait qu’un seul centre d’intérêt, son interlocuteur. Est-ce qu’il avait obtenu la moindre satisfaction maintenant qu’il savait qu’elle n’avait pas été indifférente ? Il lui répondait que non, qu’elle savait très bien qui il convoitait réellement. Non Eddie, je n’ai pas autant confiance en moi, même si j’essaie de paraître la plus confiante possible, je ne comprends toujours pas pourquoi tu m’as choisi moi. Il recommença à cracher du venin, un poison particulièrement acide. Sophia était plus réceptive que toi, elle se répétait cette phrase dans sa tête. « Tu ne sais pas lire dans mes pensées, tu l’as dit toi-même. » Soudainement il se questionna sur la position de sa colocataire, il exagérait dans ses paroles, ce n’était pas parce qu’elle lui avait dit que sa relation avec elle était particulière qu’elles étaient sans arrêt collées l’un à l’autre, loin de là. « Je ne passe pas tant de temps que ça avec elle, entre mon travail, les horaires décalés de ses tournages… On ne sort presque jamais ensemble. Parfois je me demande même si on partage la même maison, seules ses affaires me rappellent que je ne vis pas seule. »Même toi tu devais te sentir plus accompagné Eddie,tu as tes chats alors que moi je n’ai pas le moindre compagnon la plupart du temps. L’agente de stars n’avait pas envie de lui inspirer de la pitié, elle s’était déjà bien assez lamentée sur son sort devant lui. Elle s’était plainte du retour de son ex et lui avait fait part de son désir profond d’être mère, qui ne se réalisera même pas, il était donc bien au courant qu’elle n’était qu’une pauvre malheureuse. Il ne la contredira pas sur la façon dont elle avait qualifié son départ, mais il se montra particulièrement vif sur la suite. Elle l’écoutait avec énormément d’attention, elle buvait la moindre de ses paroles. Il ne demandait que ça d’être avec elle ? Est-ce qu’elle n’était pas en train de rêver éveillée ? Le reste de son discours la ramena brutalement à la réalité. Il ne savait pas où ils en étaient et il n’osait pas essayer d’éclaircir la situation. « On s’est quittés dans des circonstances très particulières, surtout la dernière. » La première devait être bien plus courante que la seconde, peu de femmes devaient s’amuser à convoquer un homme pour une simple suspicion de grossesse. « Ça me paraît normal de ne pas savoir comment se comporter après tout ça non ? On ne fait rien comme les autres. » Elle baissa sa tête, réfléchissant à comment elle tournerait ses prochaines phrases. « J’ai eu l’impression de m’être retrouvée face à deux chemins, le panneau de gauche m’indiquait une route sûre, où il ne se passerait rien. Tandis que l’autre, celui de droite me menait sur un parcours semé d’embûches dont la destination finale était incertaine… que j’ai déjà choisi par le passé et dont je ne suis pas sortie indemne. » J’essaie juste de te dire que j’ai la putain de trouille Eddie, que je crains plus que tout de souffrir de nouveau. « Alors j’ai choisi la facilité, même si c’est un grand mot. Rien de tout ça ne l’est. Il n’y a rien à faire, aucune issue n’est possible, tout me torture, être près de toi comme être loin de toi… » Alors au final à quoi bon garder ses distances avec lui, puisque cela ne résolvait pas les problèmes ? « J’ai beaucoup repensé aux échanges qu’on a eus dans mon bureau, à force j’ai fini par comprendre quelque chose, c’est que m’empêcher de voir quelqu’un comme toi est un immense gâchis. Tu n’es pas comme les autres, tu le sais ça ? » Elle attrapa ses mains et les déposa sur ses hanches, avant de poser ses doigts sur ses épaules. « J’ai envie qu’on apprenne à se connaître, sans pression. » Ce mot rendait allergique les gens de la génération du bonhomme et de celles qui suivaient de ce qu’elle avait pu bien comprendre, le mot engagement était aussi réputé pour être tabou de nos jours. Alors elle allait se faire à cette époque, qui n’était décidemment pas celle qui lui convenait le plus, le romantisme paraissant enterré six pieds sous terre. « Et toi ? » Elle cligna plusieurs fois des yeux. « Est-ce qu’on peut continuer de passer cette soirée ensemble ? On devra peut-être supporter encore un peu Sophia, mais je te promets qu’on finira par s’en séparer. » Ils n’étaient pas dans un ménage à trois, après tout.
Another night, another day goes by I never stop myself to wonder why You help me to forget to play my role You take my self, you take my self control
C’était un jeu pour elle, tout comme c’en était un pour lui et pourtant Eddie ne veut pas considérer que leur position est la même ici. Parce qu’il n’était pas sérieux en proposant ce baiser à Sophia, il n’imaginait même pas réellement qu’il aurait lieu tandis qu’Halston n’a pas hésité à embrasser un inconnu juste sous ses yeux. Certainement pour lui donner une bonne leçon mais ça n’en reste pas moins un baiser qu’elle a offert à un homme dont Eddie a grandement envié la place sur le moment. Il n’a pas eu droit au même traitement lui, elle n’a pas manifesté la moindre envie de l’embrasser depuis qu’ils se sont retrouvé dans le studio photo mais embrasser un gars sorti de nulle part, ça par contre il n’y a pas de problème. S’il avait su que ça les conduirait jusque là Eddie se serait abstenu de se la jouer provocateur en mêlant la colocataire de l’agente à son petit plan car le fait d’avoir choisi Sophia doit aussi avoir joué un rôle dans la réaction d’Halston. Peut-être qu’ils lui ont donné l’impression de la trahir en fomentant ça contre elle, c’est bien possible et pourtant Eddie est loin de tisser la moindre complicité avec l’actrice après ça. Il tolère même difficilement la présence de celle-ci parce que tout est parti de travers à partir du moment où elle est apparue. Ce baiser il n’en voulait pas et ça le frustre aussi qu’il ait eu lieu avec la mauvaise personne, car celle qui l’intéresse vraiment ne cherche plus de proximité avec lui. Eddie a peut-être un peu semé la zizanie entre les deux colocataires avec son besoin de tester Halston mais est-ce qu’il s’en inquiète au moment de s’éclipser ? Non. Il les laisse régler leurs comptes si elles le souhaitent, lui ne veut plus être impliqué là-dedans dans l’immédiat car il a eu sa dose pour ce soir. C’est lâche de sa part de partir comme ça mais plus rien ne semble pouvoir le retenir sur place avec toute la colère qu’il tente de contenir en lui, et qui menace quand même dangereusement de lui faire perdre son calme. Il ne sait même pas s’il est en état de conduire mais il n’est pas fou, s’il sent que ce n’est pas le cas il se posera dans un coin histoire de redescendre en pression car il ne manquerait plus qu’un accident de moto pour que la liste de ses problèmes soit complète.
Mais Halston ne lui laisse pas le temps de décider s’il va prendre la route ou non avec ses nerfs passablement à vif, et dans un sens c’est sûrement mieux qu’elle le coupe dans son élan et l’empêche de peut-être faire une bêtise. Cette discussion Eddie ne sait pas s’il veut l’avoir car il garde trop de frustration en lui, il craint de dire des choses qu’il ne pensera pas simplement parce qu’il est sous tension et qu’il n’est déjà pas connu pour beaucoup peser ses mots. Il ne faudrait pas que la situation empire, et en même temps il ne veut pas d’une nouvelle distance entre elle et lui qui le conduira encore à rester plusieurs jours ou semaines sans nouvelles de sa part. L’échange s’engage heureusement dans le calme et l’agente lui signifie qu’elle ne veut pas qu’il s’en aille. Pour une fois elle le retient, alors que jusqu’ici elle lui avait toujours demandé de partir, ce qui avait à chaque fois rendu très pénible pour lui la fin de leurs moments à deux. Il commence à être habitué aux ascenseurs émotionnels avec Halston, et il avait manifestement surestimé sa résistance face à ça car oui elle a le don de le frustrer et de le blesser si facilement, probablement sans même s’en rendre compte. Jusqu’ici ils se quittaient toujours quand elle le décidait, quand elle estimait que c’était le moment pour lui de la laisser, et aujourd’hui Eddie veut croire que ça dépend enfin un peu de lui. Qu'il a enfin l'avantage et qu'à tout moment il peut choisir de la planter là s'il le souhaite, même si en l’occurrence ce n’est pas ce qu’il veut. La vérité c’est qu’il dépend déjà bien trop du peu de moments qu’ils ont ensemble pour risquer de gâcher sa chance comme ça, même si ce soir il est encore loin d’y trouver son compte. Il ne passe pas un bon moment Eddie mais c’est toujours mieux que de devoir subir l’absence de l’agente, elle n’est pas proche de lui mais elle est tout de même à ses côtés alors une fois de plus il est presque disposé à s’en contenter. Car rien de dit qu’il peut encore espérer autre chose à ce stade, il n’a pas la garantie de retrouver la proximité qu’ils avaient eue un mois plus tôt et cette idée lui donne mal au bide. Lorsque Halston comprend qu’il a voulu la tester elle voit rouge, elle parle même de manipulation et il se demande pour quel genre de connard il est en train de passer, là. Elle va peut-être questionner ses manières et douter de lui à compter d’aujourd’hui alors qu’il a simplement été bête de penser qu’il obtiendrait son attention de cette façon. « J’ai presque instantanément regretté de l’avoir fait tu sais, je voulais pas que ça tourne comme ça. » Il n’a pas cherché à la heurter aussi violemment tout ce qu’il espérait obtenir c’était une réaction dans le genre de celle qu’elle avait manifesté avec la blonde un peu plus tôt, pour savoir s’il devait mettre ça sur le compte de la jalousie ou s’il se faisait des idées. Il a été trop gourmand et ça s’est retourné contre lui, il ne s’y est pas pris de la bonne manière et ça il est totalement disposé à l’admettre. « Par pitié ne parle pas d’âge adéquat, ça veut tellement rien dire. » il relève avant de soupirer. À ses yeux en tout cas ça ne trouve pas le moindre sens. Une femme de son âge ne lui plaira pas forcément plus qu’une femme de l’âge d’Halston, il s’en fiche car ce ne sont que des chiffres mais il constate qu’elle bloque encore sur cette différence entre eux. « Je ne suis pas un manipulateur Halston, pas avec les femmes en tout cas. Vraiment tu peux me croire, ça me ressemble pas de faire ça et ça risque pas non plus de se reproduire. » Ni avec Sophia, ni avec une autre. S’il nuance ses propos c’est parce que dans le cadre professionnel il peut lui arriver d’user de détours un peu limite pour parvenir à ses fins et c’était notamment le cas à ses débuts quand il ne reculait devant rien pour briller. Dans la sphère privée par contre il n’est pas comme ça, et il aimerait qu’elle puisse le croire malgré ce qu’il a montré de lui ce soir. En temps normal il n’utilise pas une femme pour en faire réagir une autre car il déteste cette façon de faire, il lui a déjà dit. Et puis il respecte les femmes Eddie, il pense d’ailleurs l’avoir prouvé en sollicitant le consentement de Sophia avant d’entreprendre quoi que ce soit avec elle. Ce qu’Halston n’a pas fait avec l’inconnu qu’elle a embrassé, mais le danseur ne risque pas de plaindre cet homme qui semble avoir beaucoup apprécié son moment avec l’agente. Ce type n’a aucune importance c’est vrai, mais il n’empêche qu’il a obtenu plus que lui de la part d’Halston aujourd’hui et ça Eddie ne peut pas faire comme si ça ne l'atteignait pas. « C’était son jour de chance en tout cas. » il conclut avec une certaine amertume. Et j'attends toujours le mien. Il est tout de même content d’avoir empêché que ce type obtienne le numéro de l’agente car il n’aurait pas supporté l’idée qu’elle puisse le revoir, quand ses propres moments avec elle se font beaucoup trop rares. Ce ne serait pas juste qu’un mec comme ça arrive à avoir en un claquement de doigts ce qu’il galère à obtenir de son côté depuis des semaines.
Il se dit qu’Halston a forcément compris que la seule qui l’intéresse dans toute cette histoire n’est autre qu’elle, mais il ne sait pas à quel point ses actes peuvent le lui faire ressentir. Peut-être qu’il est trop maladroit pour qu’elle le saisisse, et peut-être aussi qu’elle ne le prend toujours pas au sérieux car il n’oublie pas l’étiquette qu’il a récolté venant d’elle la semaine passée. Cette image de beau parleur qu’elle a voulu lui coller quand il a souligné combien leur différence d’âge le laissait indifférent. Il n’a pas menti Eddie, et il pense toujours que ce n’est pas un problème même si Halston n’est pas de cet avis et préfère considérer que c’est un obstacle de taille qui se dresse entre eux. Peut-être bien que c’est le cas mais un obstacle ça s’enjambe, tout du moins du point de vue du danseur qui ne s’est jamais laissé freiner par quoi que ce soit dans sa vie. Ce n’est pas en soulignant encore et encore leur différence qu’il va perdre tout intérêt pour elle, si le terme ménopause ne l’a pas effrayé la dernière fois on imagine bien qu’il ne se formalise globalement pas du « problème ». À vrai dire, là tout de suite, le seul vrai obstacle qu’il perçoit entre eux c’est Sophia et le côté très intrusif de celle-ci. Halston lui assure pourtant qu’elles ne se voient pas tant que ça, mais alors il ne doit vraiment pas avoir de chance pour que l’une des rares fois où elles se retrouvent soit un moment où il est là, lui aussi. « J’ai gâché une occasion pour toi de passer du temps avec elle, alors. » C’est ce qu’il se dit oui, que leurs moments à deux sont bien plus rares qu’il l’aurait pensé et qu’il est venu perturber ça même s’il était le premier arrivé dans l’histoire, et que c’est Sophia qui s’est incrustée, et non l’inverse. « Mais tu sais que quand tu te sens seule tu peux m’appeler ou juste m’envoyer un message, Halston.. » Je suis là, je n’attends même que ça tous les jours alors ne m’oublie pas. Sa voix est d’un coup beaucoup moins assurée car il ne sait pas si ça pourrait être un automatisme pour elle de penser à lui dans ces moments-là. Probablement que non mais il lui arrive tout autant de se sentir seul, pourquoi est-ce qu’ils devraient subir leur solitude chacun dans leur coin alors qu’ils pourraient mutuellement s’apporter une présence dont ils manquent au quotidien ? À nouveau il pense trop, ses pensées sont encombrées par des idées probablement absurdes. Eddie ne la contredira pas sur les circonstances vraiment particulières de leur dernière rencontre à son bureau car il n’aurait jamais cru qu’on le ferait venir pour lui annoncer qu’il allait potentiellement devenir père. Ça l’a retourné et il a eu du mal à revenir tranquillement à sa petite vie après ça. « Je pensais pas qu’on aurait à vivre ça ensemble, encore moins aussi tôt. J’aurais juste aimé être là pour toi quand tu as su que.. » Qu’il n’y aurait pas d’enfant, que son rêve de devenir mère s’éloignait à nouveau. Il aurait voulu lui apporter un soutien mais elle a préféré affronter ça seule, et il s’est rarement senti aussi inutile que ce jour-là. « On avait de quoi être perturbés tous les deux, oui, mais t’as trop vite considéré que ça me concernait plus dès qu’on a eu notre réponse. » Peut-être parce qu’il avait bien signifié qu’il ne voulait pas de cet enfant, elle a dû se dire qu’il voulait juste retrouver sa liberté après ça mais la vérité c’est qu’il s’est inquiété de la laisser dans cet état, et senti très impuissant. Il n’a même pas été capable de se réjouir du fait d’apprendre qu’il ne deviendrait pas père, c’est censé lui prouver qu’il ne pense pas qu’à lui dans l’histoire et qu’il n’a pas menti quand il disait qu’il serait là peu importe le résultat. Est-ce qu’un beau parleur ferait ça ? Il en doute. Eddie sent son ventre se tordre une nouvelle fois alors qu’elle dit se sentir aussi bien torturée avec que sans lui, il ne pensait pas lui procurer ce genre de choses et il ne sait pas si c’est positif ou non. Quitte à te torturer Halston, fais-le avec moi plutôt que seule. Il veut lui dire ça mais les mots ne sortent pas. Elle ajoute avoir compris que s’empêcher de le voir était du gâchis et enfin le danseur s’autorise à sourire de nouveau, car enfin il entend quelque chose de rassurant ce soir. Il ne serait pas comme les autres, aurait-il donc gagné une place particulière dans sa tête et peut-être même dans son cœur ? Il n’ose pas trop y croire mais ce qu’elle lui dit a un pouvoir très apaisant sur lui. « J’irais pas jusqu’à dire que tu perds quelque chose en restant loin de moi mais sache un truc, il faut vraiment être quelqu’un de spécial pour me donner envie de m’accrocher comme ça. » Surtout avec une fierté comme la sienne, il ne sait pas si elle réalise combien il est amené à la mettre de côté pour elle depuis des semaines en rappliquant quand elle veut le voir et en partant quand elle ne veut plus de lui. Elle en fait déjà ce qu’elle veut, il est presque déjà tout à elle. « Tu es spéciale Halston, et c’est pas un hasard si t’es la première femme à laquelle je m’offre de cette façon en trois ans. » Son regard rencontre le sien quand il lui dit ça pour qu’elle puisse y lire sa sincérité. Il n’a eu qu’une histoire d’un soir en trois ans avant la leur et c’était tellement différent de ce qu’ils ont pu partager tous les deux, juste incomparable. Aucune femme ne lui a jamais fait cet effet et il n’a pas choisi que ça tombe sur elle, ça s’est fait comme ça mais il n’est peut-être pas fou de penser qu’ils se sont trouvé à ce moment bien particulier de leurs deux vies pour une raison. « J’aimerais te prouver que l’âge ne fait pas tout, que tu puisses voir plus loin que ça avec moi. » Et c’est peut-être enfin ce qui est en train de se passer, franchement il n’y croyait plus Eddie. Elle dit avoir envie d’apprendre à le connaître sans pression tout en plaçant ses mains sur ses hanches, une proximité couplée à des paroles qui lui font du bien après tout ça. « C’est aussi ce que je veux. On a un peu fait les choses à l’envers jusqu’ici mais il est pas trop tard pour ça. » Ça ne lui fait pas peur à Eddie car il paraît évident aujourd’hui qu’il ne cherche pas qu’à prendre du plaisir avec elle, si c’était sa seule motivation pour la voir il y a longtemps qu’il aurait laissé tomber pour en courtiser une autre vu comment elle l’a fait mariner jusque là. Il ne s’intéresse pas qu’à l’agente de cette façon, ce n’est pas le genre de relation qui lui convient et dont il pourrait se satisfaire, encore moins maintenant que les sentiments semblent un peu s’en mêler. « Tu m’as convaincu, je ne compte plus partir. » il reprend dans un sourire alors qu’elle lui demande s’il est encore disposé à passer cette soirée avec elle. Il ne demande que ça Eddie, cette perspective est tellement plus plaisante que celle de rentrer dans un appartement vide où seuls ses chats l’attendent. « Je te fais confiance. » Pour Sophia, et le fait qu’elle ne restera pas éternellement entre eux ce soir car il voudrait pouvoir profiter d’Halston sans la rousse, il a terriblement besoin de la retrouver. Sans réfléchir le danseur vient saisir la main de l’agente et c’est ainsi qu’ils reviennent sur leurs pas pour rejoindre sa colocataire, dont les cheveux ont l’avantage d’être très reconnaissables de loin. « Désolé Sophia, j’aurais pas dû partir comme ça. » Il s’en excuse oui et ça ne lui écorche même pas la bouche, qui l’eut cru. Il se sentirait presque mal pour elle parce qu’elle s’est retrouvée seule quand Halston s’est mis à sa poursuite, c’est vrai qu’elle est drôlement envahissante mais elle n’est pas méchante, elle ne méritait sans doute pas ça dans le fond. « Vous savez s’il y a autre chose à voir dans le coin en plus de cette parade ? » Qui reste un peu trop animée et bruyante à son goût, la même chose en plus calme serait parfait pour lui mais il soutient la cause malgré tout, ce n’est pas le problème. Il se dit juste qu’ils ne resteront pas non plus toute leur vie ici car la soirée ne fait que commencer, autant ne pas se limiter à ça.
Halston préférait voir la séduction comme un tango plutôt qu’un jeu, parce qu’un jeu incluait qu’un des deux partis devait perdre. Il y avait un problème assez notable, elle ne connaissait même pas les règles du dit jeu qui s’était installé entre eux malgré elle. Est-ce que tous les coups étaient permis ? Ça en avait tout l’air, comment pourrait-elle croire le contraire alors qu’il se rapprochait d’une des femmes dont elle était le plus proche ? Est-ce qu’il avait envie qu’elle se mette à penser à lui, dès qu’elle regarderait les lèvres de la rousse, c’est-à-dire régulièrement vu qu’elles vivaient ensemble ? Si seulement il savait qu’elle pensait déjà à lui tous les jours, dans des situations plus qu’anodines. Elle n’avait pas besoin de prétextes pour que son nom ou son visage ne lui viennent à l’esprit, elle ne se laissait même pas l’occasion d’oublier le moindre de ses traits, puisqu’elle se rendait sur son Instagram tous les jours. L’agente de stars ne lui avait pas laissé la possibilité de le deviner, puisqu’elle n’avait pas aimé une seule de ses dernières publications. L’envie ne lui avait pas manqué, mais elle l’aurait induit en erreur en le faisant elle le savait bien, de son côté il n’avait pas manqué d’être un follower assidu et actif, qui aimait absolument tout. Elle avait souri bêtement à chaque fois qu’elle avait vu son nom apparaître dans ses notifications. La Hargreeves n’était pas du genre à se faire désirer, au contraire elle avait plutôt du mal à masquer son intérêt, à se retenir de ne pas répondre trop vite alors ne pas rendre tout ce que lui danseur lui donnait, lui avait été difficile. Elle s’était plutôt épatée dans sa manière de traiter Eddie, même si la taille des obstacles qu’elle s’imaginait l’avait particulièrement aidé à y parvenir, elle aurait pu craquer à tout instant. C’était peut-être aussi un peu pour ça, qu’elle s’était lancée dans des vacances de dernière minute, pour avoir une distance considérable qui lui permettrait de réfléchir sereinement. Elle s’était demandée si ce n’était pas devenue une habitude chez elle, d’en arriver à de telles extrémités pour éviter un homme. Repenser à l’attitude qu’il avait adopté à son agence, lui fit penser qu’elle était quand même assez cruelle d’agir ainsi, de la même façon qu’avec Nolan. Elle n’avait rien à reprocher à Eddie, mis à part deux éléments dont il n’était pas responsable. Il avait la tête sur les épaules, il était prêt à accepter cette prétendue grossesse, à être présent pour elle. Halston n’avait pas le droit de le laisser filer entre ses doigts, elle ne pourrait que le regretter alors elle s’était mise à le poursuivre. Elle espérait qu’il s’était calmé, qu’il ne l’enverrait pas paître, parce qu’il venait tout de même de lui dévoiler des facettes pas très glorieuses de sa personnalité. Il ne manquerait plus qu’il se montre inconscient à conduire sa moto en étant énervé, s’il lui arrivait malheur elle se sentirait immédiatement coupable. La chance avait décidé de pointer le bout de son nez, puisqu’elle avait réussi à le trouver à temps. Si elle n’avait pas encore suffisamment de contrôle d’elle-même, elle aurait saisi son visage pour lui offrir ce baiser qu’il attendait tant. Insister sur le fait qu’elle ne voulait pas le voir disparaître était déjà un grand pas en avant, puisqu’elle ne l’avait jamais fait avant. Elle lui donnait un certain pouvoir, elle avait l’espoir qu’il s’en serve à bon escient. Il fit tomber son masque, en lui faisant part de ses regrets. « Sophia est toujours partante pour m’embêter, elle a elle-même sous-estimé la portée de ses actes et elle le regrette aussi maintenant. » Elle lui avait expliqué pourquoi ce baiser l’avait touché à ce point, mais il ne comprenait pas sa justification. « C’est parce que tu ne te mets pas à ma place Eddie. Je suis dans un milieu où tout me rappelle sans cesse que je ne dois pas vieillir si je veux garder de la valeur, sans compter qu’il souligne toujours qu’une grande différence d’âge est normale si c’est l’homme qui est l’aîné. » L’agente de stars avait beau avoir de nouveaux scripts toutes les semaines, elle ne voyait jamais de films aborder ce type de relation dans l’autre sens et c’était fort regrettable, puisque les mentalités ne risquaient pas de changer si personne n’essayait de faire bouger les lignes. Le danseur admit qu’il pouvait être un manipulateur, mais pas avec les femmes, il venait de répondre à une interrogation qu’elle avait eu un mois plus tôt mais dont elle ne se souvenait plus. « Si tu recommences je ne te le pardonnerai pas. » Elle voulait bien être indulgente avec lui ce soir, mais sa patience a des limites qu’il ne devait pas oublier à l’avenir. Il ressentit le besoin de parler de cet homme qu’il considérait fortuné, alors qu’elle préférerait qu’ils souffrent tous les deux d’une soudaine amnésie là-dessus. S’assoir sur le consentement d’une personne comme elle l’avait fait, elle ne pouvait qu’en avoir honte même si sa ‘ victime ’ en avait tiré du plaisir. « La chance finit toujours par tourner. » Elle venait de lui glisser un beau message subliminal, elle s’était retenue d’ajouter bien plus tôt que tu ne le penses.
Sophia était un véritable repoussoir à hommes, un puissant répulsif pour ceux qui s’aventuraient trop près d’Halston. Elle n’aurait jamais imaginé qu’une femme puisse avoir un tel effet sur la gent masculine intéressée par sa personne, ce rôle ayant précédemment été occupé par un avocat, son grand-frère. Le regard de celui-ci en avait fusillé plus d’un, elle aurait pu ne jamais connaître la moindre vie sentimentale s’il avait toujours été à ses côtés. La colocataire de l’agente était loin d’avoir la même vision des choses que lui, elle ne jugeait pas tout le monde indigne d’elle, mais surtout elle voulait qu’elle s’ouvre et finisse par trouver celui qui la rendrait heureuse. Elles avaient bien évidemment discuté d’Eddie et de ce qui la bloquait, l’actrice l’encouragea à sortir de sa zone de confort, qui était de ne rien faire de choquant pour la société. Il avait toujours été plus confortable pour elle de rester dans les clous, de n’avoir rien qui ne dépasse. Elle avait pourtant décidé de vivre avec une personne qui lui était totalement opposée, qui cherchait toujours à se faire remarquer même par le biais de mauvaises actions. L’agente de stars ne savait pas vraiment si elle aurait supporté son attitude tous les jours, ce n’était peut-être pas si mal qu’elles ne passent pas autant de temps ensemble qu’elles ne le devraient. « Tu n’as rien gâché du tout. Elle voulait que je fasse la pride avec elle, mais j’ai refusé. Sophia aurait trouvé un moyen de m’embarrasser même si tu n’avais pas été là, c’est très certainement moi qu’elle aurait embrassé. Je ne me sens déjà pas à ma place dans ce genre de manifestations, avec elle je me serai sentie encore plus illégitime en plus de craindre tout ce qu’elle pourrait faire. » Elle passera peut-être pour une sacrée trouillarde, d’avoir peur d’un simple bisou sur sa bouche, mais ses lèvres n’étaient pas une zone en libre d’accès, elle accordait trop d’importance à ce type de contact pour ça. Eddie se proposa d’être celui qu’elle appelait quand elle se sentait seule, elle n’arrivait pas ça à trouver touchant, parce que cela reviendrait à le considérer comme un vulgaire bouche trou. « Je le ferai même lorsque je serai entourée. » Elle afficha un petit sourire en coin, elle ne se priverait plus de lui écrire elle en était certaine. Halston essayait de lui promettre qu’elle n’aurait pas honte que l’on puisse voir qu’elle échangeait avec lui, de toute manière ce n’était pas comme si on allait deviner la nature de leur relation comme ça. Elle avait abordé un sujet épineux, mais elle ne pouvait pas l’éviter éternellement alors qu’il était plus que nécessaire actuellement. La brune ferma ses paupières avant qu’il ne termine l’une de ses phrases, pitié ne prononce pas ces mots, ne remue pas le couteau dans la plaie. Il semblait l’avoir entendu, mais il était trop tard, elle était tout de même peinée par les paroles suivantes. Elle le regarda de nouveau et soupira. « Je pensais que tu voulais rester parce que tu te sentais obligé de le faire. L’année dernière j’aurais dû devenir mère, c’était ce qui était prévu. Je n’ai pas su digérer la nouvelle et encore moins considérer ce que tu pouvais ressentir. Cette révélation devait être une délivrance pour toi. » Elle s’était visiblement trompée, elle n’avait pas eu l’effet qu’elle attendait sur lui. Halston ne pensait pas qu’Eddie puisse être aussi empathique, maintenant qu’elle lui avait dévoilé la date à laquelle aurait dû exaucer son souhait, il devrait encore mieux comprendre ce qu’elle avait pu ressentir. Lui dévoiler ce qu’elle pensait lui avait procuré bien insoupçonné, qui fut amplifié par le sourire qu’elle enclencha chez lui. Elle sentit son palpitant s’emballer lorsqu’il lui confia qu’elle était spéciale à ses yeux, elle fut quelque peu médusée par l’information qu’il lui donna. Il était seul depuis trois ans ? Pour quelles raisons il avait réussi à la battre en termes de durée de célibat tout en étant si jeune ? « T-trois ans… mais comment un homme comme toi peut être sur le carreau depuis aussi longtemps. » Cela devait être volontaire, elle n’arriverait pas à croire que cela soit dû à un manque de réciprocité, qui pourrait bien résister à cette frimousse ? Elle la trouvait particulièrement adorable lorsqu’il dévoilait ses longues dents, elle pouvait aussi s’avérer considérablement sexy à certains moments. Il voulait lui prouver que l’âge n’avait pas autant d’importance que ça, elle aimerait qu’il y parvienne et c’était bien pour ça qu’elle voulait qu’ils prennent le temps de mieux se connaître. Ils s’étaient enfin mis sur la même longueur d’ondes. « Dans un sacré désordre même. » L’étape des rencards avait été largement sautée, sans compter celle d’avoir été en couple avec lui avant de lui annoncer qu’elle mettrait peut-être au monde son enfant. Halston obtenu ce qu’elle voulait et peut-être même plus, puisqu’il voulait bien être accompagné de Sophia encore un peu. Il démontra son enthousiasme en lui prenant la main et en repérant l’actrice en premier, il lui fera même des excuses. La brune cligna des yeux plusieurs fois, il l’avait fait sans qu’elle ne l’ait poussé à le faire, elle ne s’y attendait vraiment pas. « Faute avouée, faute pardonnée. » Elle sentit qu’elle s’était empêchée d’ajouter quelque chose, certainement sur le fait qu’ils se tenaient encore la main. Eddie la devança en demandant s’il y avait la possibilité de faire autre chose que la parade, sa colocataire était mieux placée qu’elle pour le savoir. « Oui il y a bien une chose à ne pas manquer, la chapelle de l’amour. » Est-ce qu’elle n’allait pas le faire fuir avec un nom aussi cucul la praline ? L’agente de stars regarda son protégé, qui n’avait pas l’air d’être réfractaire à l’idée de se rendre dans cet endroit. « Let’s go. »
Ils avaient accepté rapidement de se rendre dans un lieu dont ils ne connaissaient rien, mis à part qu’il était en principe réservé aux croyants. Halston ne savait pas du tout si son amant d’une nuit suivait une religion, c’était possible vu qu’il n’avait pas l’air d’être un adepte de l’avortement, mais peut-être qu’elle se trompait totalement. La Hargreeves était encore très ancrée aux États-Unis à ce niveau, où les anti IVG étaient majoritairement des personnes appartenant à des mouvements religieux, alors que ceux qui étaient pour étaient surtout athées, de ce qu’elle avait pu interpréter. La brune se considérait agnostique, étant incapable de se prononcer sur l’existence d’un quelconque dieu ou non. Elle n’avait aucune gêne à l’idée de poser le pied dans cette chapelle, qui était très classique à l’extérieur mais assez particulière à l’intérieur, elle se demanda si celle-ci n’avait pas été modifiée spécialement pour l’événement. Les murs étaient loin de la blancheur immaculée de la façade, ils étaient roses et les vitraux étaient parés de cœurs et des couleurs de l’arc-en-ciel. L’agente de stars ne put s’empêcher que l’ambiance était drôlement kitsch, il y avait même un Elvis Presley au fond de la salle. « Je ne pensais pas faire un aller aussi rapide pour Las Vegas. » Une ville incontournable de son pays à laquelle elle n’avait pas échappé, puisqu’elle était proche de sa chère Californie. Elle y avait été traînée par ses amies de l’université, elle s’y était bien amusée durant son séjour, même si elle n’avait pas fait autant de folies que ses accompagnatrices. Un groupe de vingtenaires quitta les lieux, les laissant seuls avec le sosie du célèbre rockeur, qui décida de s’approcher d’eux. « Quel joli couple parfaitement assorti. » La brune s’empourpra, elle ne pouvait pas se tromper sur les destinataires de cette phrase, même s’il aurait pu lier Eddie à Sophia dans une logique d’âge. L’actrice s’était d’ailleurs éloignée d’eux, préférant se perdre dans les quelques stands qui se trouvaient à l’entrée. Elle finit par les rejoindre avec deux boîtiers, contenant des bagues. « C’est plutôt joli pour du cheap non ? » Halston regarda les bijoux avec un air plutôt perplexe. L’agente de stars aurait pu dire quelque chose de très snob, étant habituée à la joaillerie de luxe, mais elle ne voulait pas avoir ce genre d’image auprès d’Eddie. « Quelle bonne demoiselle d’honneur, alors quand est-ce que je vous marie les tourtereaux ? » L’agente de stars ne savait soudainement plus où se mettre, elle ne savait pas trop quoi penser de la manœuvre de sa colocataire. Voulait-elle s’assurer qu’ils s’étaient réconciliés pour de bon ? Elle n’avait pas besoin d’aller aussi loin pour ça. Elle repensa aux sermons de son père, qui lui disait que le mariage c’était sacré, comme si c’était une justification assez puissante pour qu’elle n’épouse pas Nolan. Cela éveilla soudainement en elle un grand désir de se rebeller de nouveau, parce qu’il n’accepterait pas non plus qu’elle se marie avec Eddie, même si c’était pour de faux. « Hmm je ne sais pas… mais cela respecterait bien nos traditions de le faire ce soir. » Recommencer à faire les choses dans le désordre n'avait étrangement plus l'air de la déranger.
Another night, another day goes by I never stop myself to wonder why You help me to forget to play my role You take my self, you take my self control
Il ne s’oppose pas à cette discussion qu’Halston tente d’avoir avec lui au lieu d’accepter de le laisser partir car quelque part il n’attend que ça de pouvoir lui parler. Déjà ils sont enfin tous les deux et franchement il n’y croyait plus Eddie, il aura donc fallu qu’il s’en aille comme un pet pour rendre ça possible. À ce moment-là il n’y a plus de rousse, de blonde ou d’inconnu qui puisse se mettre en eux, ce n’est juste pas exactement le tête-à-tête qu’il désirait avoir avec elle ce soir car il n’a pas lieu dans les meilleures conditions. Eddie est sur les nerfs, et cet échange fait suite à cette malheureuse histoire de baisers qui a considérablement plombé l’ambiance dans leur duo très vite devenu un trio. Il ne va pas mentir, il respire maintenant qu’il a semé Sophia parce qu’elle ne lui a même pas laissé le temps de retrouver Halston après une semaine de quasi silence radio. Elle est apparue trop rapidement entre eux, et si sa présence l’incommode c’est parce qu’elle avait déjà gâché son réveil au côté de l’agente le matin suivant leur torride nuit. À cause d’elle il avait dû partir à la hâte et après ça il n’avait plus eu de nouvelles d’Halston pendant un mois, c’était brutal et c’est ce jour-là qu’Eddie a compris que l’actrice ne serait jamais bien loin de l’agente car après tout du propre aveu de cette dernière elles sont très proches. C’est Sophia qui l’a convaincue de la suivre jusqu’à Brisbane, et c’est la seule chose pour laquelle il pourrait la remercier. Enfin si c’est pour compliquer les choses entre eux pas trop du coup, car leur situation est déjà loin d’être simple alors il n’a pas besoin que Sophia s’y impose comme un élément perturbateur. Il n’est pas sûr de la façon dont l’actrice le perçoit mais si elle décide de saboter les choses entre eux il craint d’être perdant d’avance Eddie, même s’il ne la laisserait pas déteindre sur sa relation avec l’agente sans réagir. Non, il ne faudrait pas compter sur lui pour rester les bras croisés dans une telle situation. Si elle doit devenir vraiment trop encombrante il se fera entendre, même s’il suppose qu’Halston préfèrerait qu’ils s’entendent bien tous les deux - mais sans pour autant dépasser un stade d’intimité comme celui qui a été franchi tout à l’heure, ce baiser échangé que le danseur aimerait déjà oublier car il n’en voulait pas. Sophia ne raterait jamais une occasion d’embêter Halston et ça ne le surprend pas, il avait bien senti son côté provocatrice et le fait d’avoir pris sa proposition de baiser au sérieux l’a de toute façon bien prouvé il y a quelques minutes. À nouveau Eddie soupire alors que l’agente souligne que leur différence d’âge reste un problème, quoi qu’il en dise, au moins du point de vue du milieu duquel elle est issue. Sérieusement, il vient d’entendre parler de normalité ? Il ne sait même pas ce que ça veut dire Eddie d’agir normalement car les normes ça n’a jamais été pour lui. Il veut bien se mettre à sa place mais elle accorde trop d’importance à ce que les autres pourraient en dire, même si ça ce n’est pas nouveau puisqu’elle lui a déjà fait le coup en prétendant une fois que ses autres protégés pourraient ne pas apprécier toutes les exceptions qu’elle fait pour lui. Le souci c’est toujours lui en fin de compte, Eddie comprend qu’il y aura toujours quelqu’un pour juger ce qu’ils vivent tous les deux et devinez quoi ? Ça lui passe au-dessus de la tête, mais bien comme il faut. Il ne sait pas tellement ce qu’il en est pour Halston mais en ce qui le concerne il n’a de comptes à rendre à personne sur qui il fréquente, et ce n’est pas non plus comme si il contrôlait totalement tout ce qui est en train de lui tomber dessus, ce qu’il ressent pour elle dépasse déjà très largement les questions d’âge et de distance professionnelle. Halston est une femme à ses yeux avant d’être son agente et son aînée, et son âge n'est ni plus ni moins qu'un détail qu'il n'a aucun mal à laisser de côté. « Oui mais quand t’es avec moi, Halston, oublie ce qui est normal et ce qui ne l’est pas. Ta valeur à mes yeux c’est pas ton âge qui la définit, au risque de me répéter je m’en tape dans les grandes largeurs de ça. » Autant qu’il est possible de s’en moquer, oui, il le répétera autant de fois que nécessaire car il ne veut pas qu’elle en doute. En quoi le fait de fréquenter une femme de dix ans son aînée devrait choquer qui que ce soit ? Il ne voit pas le problème lui, mais ça le désole qu’Halston avance depuis des années avec l’idée que ça n’est pas convenable, tout ça parce qu’elle évolue dans un milieu pourri où les mentalités sont à revoir. « Quand je suis avec toi c’est bien le dernier truc que je vois. » il ajoute et sur ces mots sa main remonte doucement vers le visage d’Halston dont elle vient caresser la joue. Quand il pose les yeux sur elle il voit des tas de choses, il ressent des tas de choses aussi, mais certainement pas leur différence d’âge. Elle n’a pas à en rougir, il y a tellement de filles qui aimeraient bien « vieillir » comme elle car il est indiscutable que les années écoulées n’ont pas entaché sa beauté. Il ne l’a pas connue à vingt ans mais elle devait être sublime, pour que la trentaine passée lui réussisse aussi bien. Il l’a vue dans son entièreté, elle s’est totalement dévoilée à lui alors il peut bel et bien affirmer que tout ça n’est vraiment qu’une histoire de chiffres. Il hoche calmement la tête alors qu’elle lui intime de ne jamais recommencer son jeu stupide avec Sophia sous peine de ne pas lui pardonner. « D’accord mais ne le refais pas non plus de ton côté, s’il te plaît. » Jeter son dévolu sur un inconnu pour se venger de lui, si ça doit se reproduire il craint un peu la réaction qu’il pourrait avoir car son pic de jalousie de tout à l’heure redescend à peine, là. N’en embrasse pas un autre que moi, encore moins sous mes yeux. Eddie aimerait déjà bénéficier d’une certaine exclusivité vis-à-vis des lèvres de l’agente mais il ne peut pas exiger une telle chose, jusqu’à preuve du contraire ils se fréquentent mais ils ne sont pas dans une relation qu’on pourrait qualifier d’officielle. Elle est donc libre d’embrasser qui elle veut quand elle n’est pas avec lui mais il évite d’y penser, ce n’est pas bon pour ses nerfs.
Eddie s’inquiéterait presque d’avoir interrompu un moment rare entre les deux colocataires alors que dans l’ordre des choses il ne peut pas avoir interrompu quoi que ce soit, puisqu’il était là avant que Sophia n’intervienne. Le truc c’est qu’il se sent facilement de trop à force d’être congédié après chaque moment passé avec Halston, sa présence est tolérée un temps et puis on finit par lui demander de partir, c’est ainsi que ça fonctionne entre elle et lui depuis des semaines. Pour une fois c’est lui qui a choisi le moment de son départ et il n’en est pas peu fier, disons qu’il retrouve un semblant de dignité avec ça car qui sait si Halston et Sophia n’auraient pas fini par décréter qu’il ferait mieux de les laisser ? Mais non, d’après l’agente il n’a rien gâché du tout. Elle aurait refusé d’accompagner l’actrice aux festivités de la pride et elle se dit certaine qu’elle l’aurait embarrassée dans tous les cas, ce qui lui laisse penser qu’elle redoute quand même pas mal les agissements de sa colocataire. Elle n’a effectivement pas l’air de tenir en place cette Sophia, il la trouve bien patiente de tolérer ça au point de vivre sous le même toit qu’elle. « Je l’imaginais excentrique mais quand même pas à ce point-là. C’est un sacré numéro ta coloc, mais je crois que je préfère encore qu’elle m’embrasse moi plutôt que toi. » C’est bête, ça ne signifierait probablement rien mais ça pourrait le piquer autant qu’il l’a été vis-à-vis de l’inconnu tout à l’heure. Il a en plus connaissance des rumeurs les concernant toutes les deux, il n’oublie pas que les américains leur ont prêté une liaison. Ce sont les hommes qui plaisent à Halston, du moins quand elle était avec lui dans l’intimité de sa chambre c’est ce qu’il a ressenti alors c’est ce qu’il se dit pour chasser rapidement cette idée de sa tête. « Quand tu veux, vraiment. » il souffle dans un sourire alors qu’elle lui garantit qu’elle n’hésitera plus à le contacter, qu’elle se sente seule ou bien qu’elle soit entourée. Oh, si seulement ce jour pouvait signer la fin du silence qui s’instaure entre eux après chacune de leurs rencontres, ils franchiraient un sacré pas. Car il n’en peut plus Eddie de rester sans nouvelles de sa part pour x semaines à chaque fois, le pire ayant été pour lui de gérer l’après entrevue dans son bureau. Il s’en est donné mal au ventre tous les jours à se demander si elle allait bien, si elle lui en voulait indirectement pour cet espoir déchu de grossesse, et s’il pouvait même espérer la revoir après un épisode aussi marquant. Il la sent encore à fleur de peau par rapport à ça et il voit bien qu’elle désire plus que tout de donner la vie, elle lui avoue d’ailleurs que ça aurait dû se faire l’année passée, les choses étaient apparemment prévues dans ce sens. Ce n’est donc pas la première fois qu’elle passe à côté de son rêve, et il comprend mieux l’espoir qu’elle pouvait fonder sur ce test de grossesse et la déception qui l’a envahie en réalisant que la nature s’était juste jouée d’elle. C’est bien pour ça qu’Eddie a eu la « victoire » très modeste ce jour-là, et non contrairement à ce qu’elle pense il ne se serait pas senti obligé de rester à ses côtés. C’était son souhait de la soutenir après ça, il n’allait tout de même pas considérer que ça n’était plus son dos une fois le verdict rendu, pas alors qu’il s’était engagé à assumer cet enfant. « C’est pas une délivrance si à côté toi t’en souffres Halston. J’ai pas été capable de me réjouir alors que cet enfant j’en voulais pas, car quelque part je me suis sûrement un peu reproché de pas avoir pu te le donner. » En voyant à quel point ça lui tenait à cœur, oui, il s’est dit que c’était presque dommage que ce ne soit qu’une fausse alerte alors qu’Halston semblait prête à accueillir cet enfant. Et il doit avoir l’air bête en lui disant ça, car c’est évident qu’il n’était pas prêt de son côté à devenir père et qu’il ne le sera potentiellement jamais. Qu’elle ne s’imagine pas qu’il s’est désolidarisé d’elle une fois qu’ils ont obtenu leur réponse en tout cas, l’idée n’a jamais été celle-là et il n’a pas non plus voulu la laisser affronter ça seule, seule c’est elle qui a choisi de l’être. Il glisse l’information selon laquelle il a erré à travers un désert amoureux pendant trois ans et Halston y réagit aussitôt, en lui demandant comment une telle chose peut être possible à son âge. Pensait-elle qu’il était du genre à enchaîner les conquêtes ? Probablement puisqu’elle l’a qualifié de beau parleur l’autre fois, à partir de là l'image du Don Juan n'est sûrement pas bien loin. Il doit souffrir d’une image assez superficielle à ses yeux initialement et son âge joue décidément contre lui, il le comprend bien. Alors comment un jeune homme comme lui peut s’être retiré du marché aussi longtemps, la réponse est très simple et peut-être qu’elle ne la surprendra pas trop, il n'en sait rien. « Eh bien en décidant de me consacrer entièrement à la danse suite à.. » Il bute sur les deux derniers mots, pourtant simples. Allez dis-le, tout le monde a un passé. Oui mais Halston ne connaît rien du sien, c’est une histoire compliquée où il a tous les torts et il redoute déjà le moment où il devra lui en parler en détails. « Une rupture. » il complète finalement, son regard se faisant fuyant le temps d’un instant. Cette rupture a laissé le champ libre à la danse pour l’accaparer totalement, il s’y est alors jeté à corps perdu au point d’oublier un peu de vivre, à côté. « Et tu vois j’ai survécu. » La vérité c’est que c’était largement vivable, même d’un point de vue intime où il pouvait très bien se satisfaire tout seul. Pas de relation donc en trois ans, et il n’a pas fait la moindre rencontre qui aurait pu découler sur quoi que ce soit car Eddie était tout simplement ferme à l’idée de se remettre en couple tout comme les aventures d’un soir ne l’attiraient pas pendant cette longue pause qu’il s’est accordé. Il a vécu en parfait célibataire endurci et ses barrières il n’a accepté de les faire voler que très récemment, car il semblerait qu’il se soit suffisamment interdit d’être épanoui sur un plan personnel. Disons que certaines personnes peuvent remettre beaucoup de choses en question et Halston en fait partie, avant elle il est certain qu’il n’avait plus envie de s’accrocher à quelqu’un. Ça faisait longtemps qu’il n’avait pas ressenti quelque chose comme ça, qu’il aurait un peu de mal à définir mais elle est la première femme qui anime quelque chose en lui depuis des années. S’il n’avait pas peur de sa réaction il pourrait lui dire, mais il ne veut pas la faire fuir en paraissant déjà trop attaché et trop investi dans leur relation. Ils doivent apprendre à mieux se connaître même s’ils ont déjà vécu un paquet de choses ensemble, clairement faire les choses dans l’ordre ça n’est pas pour eux mais Eddie prend tout ce qui est susceptible de lui offrir du temps avec elle. Les voilà à présent de retour auprès de Sophia qu’ils avaient abandonnée un peu plus tôt et celle-ci accepte ses excuses, la situation s’apaise donc officiellement au point qu’Eddie est disposé à la tolérer encore un peu. Mais pas trop non plus, cette soirée n’a pas intérêt à l’inclure jusqu’au bout car il n’oublie pas la promesse d’Halston. L’actrice propose de les conduire à la chapelle de l’amour et le danseur est interpellé par un tel nom, il veut voir ça de ses propres yeux pour juger si c’est aussi niais que ça en a l’air. « Très bien on te suit. » Elle a réussi à le rendre curieux sans effort et il n’aspire qu’à un peu de calme après ça, alors il se laisse guider bien volontiers sans défaire sa main de celle d’Halston.
Ils pénètrent dans ladite chapelle et c’est la première fois de sa vie qu’Eddie s’aventure dans un endroit de ce genre, lui qui n’a pas franchement ses habitudes dans les lieux de culte quels qu’ils soient. Les Yang sont, comme beaucoup de familles d'Asie de l'Est, adeptes des préceptes confucéens mais ils ne pratiquent pas de religion au sens propre du terme. Ils ont juste quelques croyances qu’ils n’affichent pas et pour ça aussi, Eddie a trouvé le moyen de se défaire de la tendance familiale puisqu’en ce qui le concerne il ne croit en rien d’autre qu’en ce qu’on peut lui prouver. Alors il n’a aucun problème à mettre les pieds dans cette chapelle aujourd’hui, celle-ci ne lui évoquant rien d’autre qu’un lieu dont la décoration s’avère être d’un goût douteux. C’est too much mais un assez bon esprit y règne, il ne saurait pas trop expliquer pourquoi il s’y sent bien. C’est convivial aussi, un sosie d’Elvis se chargeant de les accueillir non sans noter au passage qu’ils sont joliment assortis tous les deux. Eddie a juste envie de sauter au cou de ce type pour le remercier car punaise, il ne s’attarde pas du tout sur leur différence d’âge et il espère que ça rassurera un peu Halston. Sophia revient auprès d’eux avec des boîtiers contenant des alliances et Eddie capte ce qui se profile vers lui, sans toutefois prendre peur. Il l’avait déjà un peu compris en voyant le sosie du rockeur, il a beau n’avoir jamais mis les pieds à Las Vegas il sait comment ça fonctionne. « Pas mal oui. J’ai bien fait de retirer toutes mes bagues avant mon shooting je crois. » Car le danseur porte habituellement pas mal de bijoux sur lui, les bagues et les boucles d’oreille étant des accessoires indispensables dont il s’orne toujours mais ici ses doigts se sentent bien nus, en temps normal ils auraient eu du mal à trouver de la place pour une alliance. Enfin ça c’est s’il accepte de se faire passer la bague au doigt pour le symbole, Elvis se proposant de les marier sur le champ s’ils se souhaitent. « Je ne voudrais pas dire, mais entre ta robe blanche et ma tenue d’égérie on passe sans trop de mal pour des mariés. » C’est la première réflexion que tout ceci lui inspire, et il glisse un regard vers Sophia puis vers Elvis pour qu’ils puissent leur confirmer ça. À croire que c’était écrit qu’ils finiraient par se dire oui pour de faux dans cette chapelle, ce qui n’est cependant pas un acte anodin malgré l’absence de caractère officiel. Le mariage Eddie a toujours considéré que ça n’était pas pour lui et pourtant ses parents lui ont donné un très bel exemple de mariage qui fonctionne, le leur durant depuis trente-deux ans maintenant. Ce n’est pas une question de modèle défaillant, il n’aime juste pas l’idée d’être rattaché à quelqu’un sur le papier car il assimile ça à une sorte de prison dans sa vision un peu radicale de la chose. Et puis quand il voit les guerres que certains se mènent en cas de divorce il s’imagine encore moins là-dedans, il connaît les statistiques et il sait que la majorité des unions se terminent de cette façon. Ça ne le fait pas rêver non, il a d’ailleurs bien vu dans quel état était Halston l’autre fois vis-à-vis de son ex-mari et il comprendrait qu’elle soit vaccinée du mariage elle aussi. Mais ici ça ne les engage à rien, c’est plus symbolique qu’autre chose alors forcément c’est tout de suite plus acceptable. Il se questionne quand même Eddie, est-ce qu’il veut vraiment aller jusque là avec elle ? La réponse est surprenante : il n’a rien contre, car comme elle dit ça s’accorde plutôt bien avec le fait qu’ils aient tout entrepris dans le désordre jusque là. « Hmm hmm. C’est vrai, ce ne serait pas tellement déconnant. Et on ne rencontre pas un sosie du King tous les jours non plus.. » Ça l’amuse d’ailleurs vu sous cet angle, ça leur fera un sympathique souvenir à se remémorer plus tard. Après tout c’est le mois des fiertés et Eddie est fier de ce qui les lie et de leur différence, s’il peut le revendiquer de cette façon alors il ne va pas trop se gêner. « Je crois qu’on va le faire, enfin si madame le veut aussi. » il formule en cherchant chez Halston une approbation car elle a tout autant son mot à dire que lui, ça parait évident. Elle semble assez partante mais il veut en être sûr, et alors qu’un court silence s’empare de la chapelle voilà que les pensées du danseur s’affolent. Que dira sa mère si elle doit l’apprendre ? Le savoir uni à une femme plus âgée que lui et blanche de surcroît, Sun-Hi en deviendrait folle y compris dans le cadre d’un faux mariage. Ce n’est pas le genre de choses que l’on fait chez eux, ça ne respecte pas leurs traditions et justement, c’est ça qui lui plait assez. Lui qui a toujours profondément emmerdé les convenances et qui n’a jamais pu sagement rester dans le cadre de ce qu’on attendait de lui, il veut prouver une fois de plus qu’il n’est pas là pour tenter de convenir à qui que ce soit. Et après s’être déjà plus ou moins marié à elle professionnellement pourquoi ne pas pousser la symbolique encore plus loin, à ce stade, c’est un peu ce qu’il se dit. « Marie-nous Elvis. » il annonce en renforçant l’étreinte de sa main sur celle de l’agente. Eddie semble décidé, c’est sûrement sa seule occasion d’endosser le rôle du marié un jour et pour Halston il repousse de nouvelles limites, après celles de son corps il s’attaque à celles de son esprit et de ses idées jusqu’ici très arrêtées. C’est fou ce pouvoir qu’elle a sur lui, elle semble décidément en passe de le décoincer sur tous les plans.
Oublier ce qui était normal et ce qui ne l’était pas, c’était une grande demande de la part d’Eddie. Il était loin de s’imaginer à quel point elle pouvait être conditionnée, il était difficile de changer à un âge avancé comme le sien. Difficile, mais pas impossible, des avis peuvent se changer, pas comme des chemises mais ils n'étaient pas non plus ancrés dans sa peau à tout jamais. En faisant le choix de vivre à Brisbane, elle avait décidé de ne plus être surveillée et jugée par le moindre mâle Hargreeves, mais les chaînes semblaient encore bien accrochées à ses frêles chevilles. Ils ne sauront jamais rien de ce qui était en train de se passer entre elle et lui, mis à part si Hartley leur vendait la mèche, mais elle lui faisait une confiance aveugle, il ne la trahirait pas. Le danseur lui rappelait encore une fois à quel point il n’en avait rien à faire des chiffres, il avait raison de le faire parce qu’elle avait besoin que cela lui soit répéter inlassablement pour ce que cela finisse par rentrer dans son crâne. Il le formula d’une nouvelle façon, qui résonna d’une manière particulière dans son esprit. Là il venait de lui dire ce qu’elle avait besoin d’entendre, que c’était la dernière chose qu’il voyait chez elle. Cette main qu’il déposa sur sa joue lui provoqua des frissons, il commençait véritablement à savoir comment s’y prendre avec elle. « Tu me rassures. » Il aura encore bien des occasions de le lui prouver, s’ils respectaient vraiment ce vœu de faire plus ample connaissance tous les deux. S’ils pouvaient au moins commencer par s’écrire tous les jours, cela serait déjà un beau progrès, même si elle aurait bien de mal à ne se contenter que de ça. À quelle fréquence allaient-ils se voir ? Est-ce qu’ils arriveraient bien à se dégager du temps aux mêmes moments de la semaine ? Ils accordaient tous les deux une place surdimensionnée à leurs travails, il allait falloir que celle-ci se rétrécisse s’ils voulaient vraiment se laisser une chance. Néanmoins, elle ne voulait pas en parler tout de suite, surtout qu’elle avait déjà une bonne raison de le voir chaque semaine : elle était son agente, elle allait donc en profiter histoire de ne pas en voir que les côtés négatifs. Il était plutôt plaisant de s’imaginer le faire venir sur ses heures de travail, uniquement pour des raisons personnelles. Elle manqua de se mordiller la lèvre, elle devait arrêter d’avoir de telles pensées, ce n’était pas le moment, elle devait encore lui remonter un petit peu les bretelles et non pas les lui enlever. La brune se fit extrêmement ferme lorsqu’elle lui demanda de ne plus recommencer, il lui demanda en retour de faire de même de son côté. « Comme si j’allais m’amuser à embrasser des inconnus tous les jours… Eddie, les seules lèvres dont j’ai envie ce sont les plus belles de l’univers, les tiennes. » Elle ne se permettait pourtant pas de les lui prendre, certainement parce qu’elle n’était pas à l’aise de le faire à l’extérieur. Halston lui avait fait un compliment qu’elle pensait sincèrement, elle n’avait jamais vu de lippes aussi parfaites, la nature l’aimait beaucoup de l’avoir doté ainsi. L’agente de stars avait précieusement gardé la vidéo de présentation qu’il avait tourné avec elle, parce que la couleur de ses lèvres était bien ressortie avec l’éclairage de son bureau. Elle représentait également un bon souvenir, celui de la matinée où il avait renoué avec elle, même si cette entrevue ne s’était pas déroulée sans encombre. Ils ne se seraient peut-être plus jamais reparlés si elle n’avait pas existé. Comment avait-elle pu lui dire de prendre le chemin de sa porte avec tant de conviction ce jour-là ? Dieu soit loué, il ne l’avait pas fait.
Si Sophia avait été engagée par son frère, elle aurait rempli sa mission avec brio, vu qu’elle n’avait fait que de leur mettre des bâtons dans les roues. Cependant une telle alliance entre les deux serait improbable, il aurait bien trop de mal à supporter une demoiselle au caractère de feu comme le sien, lui qui préférait les gens bien rangés qui ne le faisaient jamais sortir de ses gonds. Eddie lui confia que l’actrice avait dépassé ses attentes, elle pourrait en rire s’il ne lui avait dit qu’il préférait encore qu’elle l’embrasse lui plutôt qu’elle. Est-ce qu’il croyait vraiment qu’elle pourrait lui voler la vedette de la sorte ? Qu’il puisse y avoir la moindre ambiguïté entre elle ? Elle plissa des yeux et fronça ses sourcils. « Ne commence pas à avoir des idées farfelues à notre sujet, je ne l’aimerai jamais de cette façon. Je n’ai jamais envisagé de faire quoique ce soit avec une femme et cela n’arrivera pas, jamais. » Halston insistait vraiment là-dessus, parce qu’elle avait parfois eut l’impression que Nolan s’imaginait qu’elles étaient plus que des amies. C’était incompréhensible que l’un comme l’autre puisse avoir de telles idées, alors qu’elle s’était donnée à eux sans la moindre retenue, n’était-ce pas une preuve suffisante de son hétérosexualité pure et dure ? Il avait peut-être besoin d’un bon rappel, mais elle ne pouvait pas le lui donner actuellement. Tu ne perds rien pour attendre. « Même tard dans la nuit ? »Quand je penserai à toi dans mes draps, qui ne sont malheureusement plus du tout imprégnés de ton odeur, que j’ai masqué comme une idiote avec mes bougies. L’agente de stars pensait qu’il se montrait raisonnable en ce qui concernait son sommeil, afin de pouvoir assurer son rythme de folie. Si ce n’était pas le cas, elle aurait du souci à se faire, mais elle allait être très bien placée pour pouvoir surveiller son hygiène de vie via de simples textos. Il avait un métier trop physique, où les blessures arrivaient rapidement, un mauvais mouvement pourrait le mettre dans un sale état, c’était déjà arrivé à l’un de ses acteurs. Son interrogation n’était définitivement pas dénuée d’innocence, c’était une question piège dans laquelle il allait certainement se jeter à pieds joints, en ne pensant qu’à son air licencieux. La concupiscence de la brune disparue à la vitesse de l’éclair quand elle repensa à ce violent échec qu’elle avait vécu une semaine plus tôt. Elle se demanda si Eddie n’avait pas eu un cauchemar similaire au sien, pour s’être senti coupable du fait qu’elle n’était pas parvenue à tomber enceinte. « N-non je n’aurais pas dû compter sur ce dérapage pour devenir mère… J’ai fondé trop d’espoirs sur un accident alors qu’on sait tous que c’est la pire des façons de faire un enfant. Il faut qu’il soit véritablement voulu des deux côtés. S’il avait été là il aurait été un vrai fardeau pour toi, tu ne m’aurais peut-être pas pardonné de l’avoir mis au monde. Alors au final ce résultat était ce qui pouvait nous arriver de mieux à tous les deux. » Elle avait ardemment essayé de se convaincre que c’était bien le cas, mais dans le fond ce n’était pas vrai, avoir un mini-lui lui aurait convenu, même s’il n’aurait pas été capable d’être le meilleur des pères. Sauf qu’elle ne le lui dirait tout bonnement jamais. Le danseur cassa l’image qu’elle s’était fabriquée de lui d’une façon surprenante, en lui parlant de plusieurs années de solitude. L’âge ne voulait pas tout dire finalement, cela ne faisait pas de lui quelqu’un de volage et elle l’appréciait encore plus maintenant qu’elle le savait. Il commença à lui expliquer pourquoi il s’était dévoué corps et âme à la danse, avant de se stopper. Elle espérait que cela n’était pas dû à la mort d’un proche ou à une maladie dont il souffrirait. Halston était allée bien trop loin dans ses théories, puisqu’il finit par mentionner une rupture. L’agente de stars ne comprenait pas pourquoi il avait eu tant de mal à le prononcer, alors que peu de personnes pouvaient se targuer de ne pas en avoir connu une seule. Il ajouta qu’il avait survécu à cet échec, mais il n’avait pas dû en sortir sans séquelles pour s’être autant égaré dans son travail, elle était bien placée pour le savoir. Chercher à en savoir plus ne ferait que de pourrir l’ambiance, elle le savait, alors elle allait laisser ses questions en suspens. Elle se contenta de taper sur son épaule pour se montrer compatissante. Heureusement qu’ils pouvaient facilement passer à autre chose, maintenant qu’ils s’étaient décidés à retrouver Sophia.
La chapelle n’avait absolument rien à voir avec l’endroit où Halston s’était mariée quelques années auparavant et elle ne pouvait que s’en réjouir, même si cela voulait dire qu’elle n’en égalait pas la beauté. L’agente de stars n’était pas là pour s’en mettre plein les yeux après tout, elle voulait juste profiter de la présence de ses deux compères et voir ce qui pouvait bien se tramer là-dedans. Elle ne s’attendait pas le moins du monde à ce que les États-Unis aient été transposés ici, mais cela rendait l’endroit assez agréable, parce qu’elle s’y sentait à l’aise malgré qu’elle ne soit pas une grande croyante. Elle dirait même qu’il était sympathique, grâce à la présence de cet homme grimé qui débordait de joie de vivre et de bienveillance. La brune ne pensait pas qu’elle et Eddie déclencherait un tel engouement chez lui, elle ne pouvait même pas dire qu’il s’agissait de comédie parce que son ton était beaucoup trop franc et sa gestuelle aussi. Cette validation provenant d’un inconnu ne devrait pas compter, mais le fait qu’elle provienne d’un homme d’un certain âge l’aidait à se dire qu’elle avait peut-être sa place à ses côtés. L’actrice venue mettre son grain de sel en leur montrant ses achats, qui leur étaient clairement destinés. Le danseur valida ses choix, il se réjouissait même de ne pas avoir remis ses bagues. Il était vrai que ses mains étaient drôlement nues, alors qu’habituellement il portait bien plus de bijoux qu’elle. Il souligna qu’ils passaient déjà très facilement pour des mariés, ce qui n’était pas faux, c’était une heureuse coïncidence qu’ils portent déjà tous les deux du blanc et qu’elle se soit coiffée de manière raffinée. Tout le monde acquiesçait et elle ne pouvait que les rejoindre dans cette unanimité. L’agente de stars trouvait que son amant d’une nuit était drôlement réceptif, pour une personne qui ne voulait pas se marier, elle se souvenait de lui avoir dit de ne jamais se marier avec une célébrité et qu’il lui avait répondu qu’il ne voulait pas s’engager de cette façon. La symbolique ne le dérangeait donc pas, à moins que l’idée de le faire avec elle le séduise. Halston désirait qu’on lui passe de nouveau la bague au doigt, de manière officielle mais cette simulation de cérémonie ne la repoussait pas. Et s’ils pouvaient voir tout ça comme une façon de se promettre de rester près l’un de l’autre ? De réellement prendre le temps de faire connaissance ? Cela ne pourrait leur faire qu’un beau souvenir en commun et perpétuer les traditions qui s’étaient déjà installées entre eux. Il était d’accord avec elle et il faisait remarquer qu’on ne croisait pas la route d’un Elvis n’importe quand. Il cherchait une approbation qu’elle avait déjà montré, mais s’il avait besoin qu’elle l’affirme une bonne fois pour toute elle allait le faire. « J’accepte de te prendre pour époux, Eddie. » Qui d’autre pourrait être plus idéal pour ce rôle ? Elle ne le voyait pas, même pas chez les hommes de son âge. Ils allaient modifier sa définition du romantisme, ils la rendraient moins chevaleresque, bien plus moderne, simple d’accès. Halston sentit qu’il renforçait son étreinte, il avait l’air déterminé et cela lui plaisait beaucoup. « Très bien, alors je demanderai à la demoiselle d’honneur de bien vouloir écrire vos deux noms sur le livre rouge là-bas et à la future marier de se placer à l’entrée de la salle. » La Hargreeves se sépara d’Eddie pour suivre ses consignes, elle attendit que sa colocataire ait terminé d’écrire. La réplique d’Elvis prit connaissance de leurs noms, avant de saisir un micro et de lancer le morceau Love Me Tender. Il se déplaça le long de l’allée tout en poussant la chansonnette, la brune était agréablement surprise par ses talents de chanteur. Elle afficha un grand sourire et se fit rejoindre par la rousse, qui lui tendit son bras qu’elle saisit aussitôt. Elles s’avancèrent lentement, laissant l’occasion au sosie de pouvoir aller jusqu’au bout de ce qu’il avait entreprit. Il s’élança dans un petit déhanché signant son final, avant de se placer devant le trio. Les mains de l’agente de stars et de son protégé se lièrent de nouveau et l’actrice recula de quelques pas, elle leva son téléphone et commença à filmer la scène. Trop accaparée par Elvis, Halston ne s’en rendra même pas compte. « Nous sommes ici dans la ville de Brisbane, à la chapelle de l’amour, pour célébrer l’union d’Halston Hargreeves et d’Eddie Yang. Le mariage c’est deux cœurs avec un seul amour, qui grandit de plus en plus au fil des années et qui est chéri avant tout le reste… » Il connaissait son monologue sur le bout des doigts et le racontait avec une certaine conviction. Il s’empara d’un briquet et alluma deux fines bougies, avant de leur demander d’en prendre une chacun afin de pouvoir allumer la plus épaisse qui se trouvait au milieu. Ils s’exécutèrent et observèrent de nouveau le sosie. « Regardez-vous dans les yeux et répétez après-moi. » Elle suivit ses ordres avec plaisir en plongeant ses prunelles dans les siennes. Elle attendit patiemment que son protégé répète en premier, avant de le faire à son tour. « Je te reçois comme époux, je te promets de t’aimer, dans les bons moments comme les mauvais, dans la maladie comme dans la santé, dans la richesse comme dans la pauvreté. » Le pasteur continua son discours, tout en faisant un peu le pitre, déclenchant un éclat de rire chez la filmeuse. Halston se tourna légèrement vers elle, elle fronça légèrement ses sourcils en découvrant ce qu’elle faisait, mais elle ne pipera pas un mot. Elle se reconcentra sur la cérémonie, sachant que la partie la plus attendue était imminente. « Je vous déclare mari et femme, embrassez votre femme cher Eddie. » Elle n’aurait pas été contre d’initier ce baiser, mais elle allait sagement respecter les coutumes. Allez offre-le moi ce baiser si convoité, je le prolongerai aussi longtemps que je le pourrais.