Encore une soirée où j'vais rentrer seul chez moi. Encore un soir où j'vais finir dans un sale état. J'essaye d'avoir l'air cool mais j'arrive juste à m'afficher. Ça m'empêche pas d'kiffer. @Eden Appleton, @Melchior Nicholls, @Adriana Suárez & Maxwell
« Je crois qu'à ta place, j'aurai fait le même choix ! D'ailleurs, je doute pouvoir repartir avec ma moto tout à l'heure. Ça craint si je la laisse en bas de chez toi et que je reviens la chercher demain ou après-demain ? »
"Eden n'a jamais eu de problème avec la sienne, je pense que tu peux la laisser sans t'inquiéter."
Ma dernière remarque sur son costume la fit de nouveau rougir, avant qu'elle ne se mette à rire en passant son pouce sur mes lèvres, comme pour les essuyer. Je fronçais les sourcils sans comprendre, jusqu'à ce qu'elle s'explique.
« T'as encore un peu de bave là ! On peut passer à autre chose que mon costume ou tu vas faire une fixette toute la soirée ? »
"Très drôle." Je roulais des yeux avant de lever les mains en signe de résignation en riant. " Je suis désolé. C'est promis je n'en parlerais plus."
Je mimais la fermeture de ma bouche avec ma main et faisait mine de jeter la clé imaginaire au loin. Et tenant ma promesse, lorsque l'histoire du mandat refit surface, je n'ajoutais rien à sa provocation quant au fait que je ne devrais pas être si sûr qu'il ne se trouve pas dans son déguisement. À la place, je l'invitais à me suivre dans l'appartement en lui avouant que j'étais ravi de la revoir.
« Moi aussi. On s'était bien amusés, la dernière fois, et c'est rare de rire autant quand on est au boulot. Je te préviens, t'as mis la barre super haute lors de notre rencontre, alors j'attends beaucoup de ta crémaillère ! »
J'étais content d'apprendre que j'avais fait une si bonne impression lors de notre première rencontre, j'espérais juste que je n'allais pas tout gâcher aujourd'hui. C'était un peu ma spécialité, "le MacGyver des situations qui dégénèrent" comme le disait si bien ma meilleure amie.
"Eh bien, quelle pression ! Mais je suis en demi-dino, c'est déjà une bonne entrée en matière, non ?"
Et comme elle était l'accompagnatrice de Melchior, la conversation dévia naturellement sur lui. Je lui demandais comment elle l'avait rencontré, puisqu'elle semblait le connaître depuis une éternité.
« On s'est rencontré à la pre-school, quand on avait trois ans. A priori on a tout de suite sympathisé, et depuis on ne s'est plus quittés. Je crois qu'on fait une bonne paire. Je le sors de sa zone de confort, et lui me tempère et m'aide à garder les pieds sur terre. »
La voir parler du taco était attendrissant, on voyait tout de suite à quel point il était important pour elle, on aurait dit moi en train de parler de Niamh. J'hochais simplement la tête en souriant, je ne savais que trop bien à quel point avoir quelqu'un sur qui compter de la sorte pouvait être important. Je racontais à mon tour comment j'avais rencontré Mel, grâce à Nicole.
« Oui, je m'en souviens, Mel m'a beaucoup parlé de cette soirée ! Par contre, je ne crois pas que les menottes ce soit trop son truc. »
"C'est ce qu'ils disent tous !" Répondis-je en riant. "Il n'a pas dû être si traumatisé, puisqu'il a pris le risque d'accepter mon invitation."
Nous arrivions à la table des boissons alors que je vantais la beauté de mes pyjamas. L'éclat de rire de la jeune femme me fit croiser les bras, une mine faussement outrée peinte sur le visage.
« Tu crois ? Tu crois vraiment que je dors avec des pyjamas aussi ... sexy que les tiens ? C'était quoi déjà ? Un pantalon en pilou-pilou avec des motifs étranges, et un T-shirt, même pas coordonné au pantalon. Non, sérieusement, je crois vraiment qu'il faudrait me forcer pour que je le fasse, ou bien que je perde un sacré pari ! »
"Déjà pour ta gouverne, personne n'a dit que je dormais avec non plus. Et tant pis si tu n'as aucun goût, moi je les trouve magnifiques mes pyjamas !"
J'aurais pu ajouter un "et toc!", ça aurait prouvé que j'avais bien dix ans dans ma tête, mais je m'abstenais, préférant rire de cette conversation sans queue ni tête. Je jetais un coup d'œil à la pièce, à la recherche de mon jumeau de déguisement et du taco, mais je ne les voyais pas. Où étaient-ils passés, ces deux-là ? L'appartement n'était pourtant pas si grand, ils n'avaient pas pu disparaître. En attendant de les retrouver, je servais un verre à Adriana. « A ta super crémaillère que tu as parfaitement ... non préparé. Et merci pour ton accueil. » J'allais répondre, mais elle ne m'en laissa pas le temps, puisqu'elle avala son verre cul sec avant de me le tendre à nouveau. « Quoi ? Je suis certaine que j'ai du retard à rattraper, non ? T'en es à combien de verres ? » Je versais une nouvelle louche de punch dans son verre en souriant. "J'en suis qu'à trois, t'es pas si...."
" MAAAAAAAAX !!!" Instantanément, mon regard quitta Adriana pour chercher ma sirène de sœur, cette fleur si délicate, qui arrivait vers nous. " Y'a un abruti qui a voulu se frotter à ma queue ! Je sais que je suis bonne et pas subtile mais y'a des limites, non ? Hm. Pardon, tu es en bonne compagnie et j'hurle comme une poissonnière. " Je riais à sa dernière remarque. Nicole, ou l'art de se faire remarquer en toutes circonstances, mais je l'aimais aussi pour ça. " Joli déguisement, d'ailleurs." Fit-elle en observant le dit costume de façon aussi peu discrète que je l'avais fait auparavant. Cela dit, de mon côté, je n'étais plus vraiment concentré sur Adriana, puisque je cherchais du regard qui était le mec qui avait pu importuner ma frangine.
" Pardon, j'en oublie la politesse. Ce mec m'a un peu perturbée. Je m'appelle Nicole, je suis la grande sœur de Max. Enchantée. "
" C'est Adriana, une amie à Mel..." Annonçais-je distraitement, tout en cherchant à mettre un nom sur le visage de Freddy, mais il me semblait que je ne le connaissais pas. Je me concentrais donc à nouveau sur Nicole. "Mais, tu vas bien ? Tu veux que je dise à ce sale type de partir ? "
" Boh... Il est venu avec sa meuf, il la baisera en pensant à moi quand elle aura fini de l'engueuler, qu'importe." Je roulais des yeux. "Merci pour les détails, je suis si ravi d'avoir cette image en tête." Sarcasme, évidemment. "Je suppose que c'est le +1 d'un +1 d'un invité. Attends... " Elle sembla réfléchir un instant. "Attends quoi ?" Demandais-je, trouvant qu'elle mettait longtemps à sortir la fin de sa phrase.
" Ah mais oui, t'es sa meilleure amie d'enfance, non ? Moi aussi, je suis une amie de Mel mais on ne se connaît pas depuis très longtemps. C'est moi qui l'ai présenté à Max, d'ailleurs. "
Je fronçais les sourcils, je connaissais Nicole par cœur et son intonation était étrange, comme si quelque chose clochait et qu'elle essayait de le masquer. Cela dit, si elle ne voulait pas le dire tout haut alors qu'elle était la reine des pieds dans le plat, c'est qu'elle devait probablement avoir une bonne raison, c'est donc avec un sourire que je répondais sans lui demander ce qu'il n'allait pas.
" Oui et c'est elle qui a eu l'idée des menottes ! "
" Ils ont fini par aimer ça, ne les crois pas s'ils disent le contraire. "
Je riais en levant les yeux au ciel de nouveau.
"D'ailleurs, tu ne l'as pas vu Nini ? Adriana voulait dire à Mel qu'elle est arrivée, mais Eden et lui semblent avoir disparu."
Adriana taquine Max sur sa réaction face à son costume. Il ne semble toujours pas s’en remettre. Ok, elle est sexy ce soir, et elle le sait. Mais en réalité, c’est chez Mel qu’elle espère déclencher une réaction, car leurs précédents câlins n’ont pas été très … satisfaisants. Peut-être que ce soir, avec une tenue sexy et quelques verres d’alcool dans le sang, Melchior et elle réussiront à appuyer sur le bouton pause de leur amitié et profiter du moment. Car le problème ne pouvait venir que de là, non ? De leur amitié très ancienne, qui les bloquait pour aller plus loin, non ? Ca ne pouvait être que ça … Max capitule, affirme qu’il ne parlera plus de son costume, puis avoue qu’il est ravi de la revoir. Elle acquiesce, précise qu’elle aussi avait passé un très moment lors de leur rencontre et qu’elle attend beaucoup de cette soirée.
« Eh bien, quelle pression ! Mais je suis en demi-dino, c’est déjà une bonne entrée en matière, non ? »
Adriana rit, comme très souvent lorsque Max ouvre la bouche. Elle observe une nouvelle fois son costume avant de répondre.
« C’est un superbe déguisement, j’avoue ! Avant la fin de la soirée, j’exige tout de même de voir le dino complet, avec la tête, même si c’est juste pour quelques minutes ! »
Parce que ça devait être tordant comme costume, et qu’il manquait présentement clairement quelque chose. Comme il manquait un taco allant de pair avec la sauce piquante qu’elle représentait, mais aucun burrito n’était visible à l’horizon pour l’instant. La conversation s’enchaîne sur Mel, leur rencontre, et la manière dont il avait également connu Max, une soirée au cours de laquelle ils s’étaient retrouvés enchaînés avec des menottes.
« C’est ce qu’ils disent tous ! Il n’a pas dû être si traumatisé, puisqu’il a pris le risque d’accepter mon invitation. »
Elle semble réfléchir un instant alors qu’un sourire illumine son visage.
« T’as raison. Il était même enthousiaste à l’idée de venir … Je devrais ptet ramener mes menottes du boulot, qui sait. »
Adriana fait un clin d’œil à Max, puis la conversation dévie sur les pyjamas de ce dernier.
« Déjà, pour ta gouverne, personne n’a dit que je dormais avec non plus. Et tant pis si tu n’as aucun goût, moi je les trouve magnifiques mes pyjamas ! »
Elle éclate de rire, levant les mains en signe de reddition, ne souhaitant pas froisser son hôte.
« Ok, je capitule, ils sont splendides ! J’avoue que j’ai quand même du mal à comprendre pourquoi tu as des pyjamas si tu ne dors pas avec … Dans ce cas-là, quand est-ce que tu les mets, à part pour aller au boulot ? »
Car les pyjamas, c’était pour dormir, et c’est tout. Ensuite, on s’habillait, avec de « vrais » vêtements, des choses avec lesquelles le commun des mortels pouvait sortir dans la rue.
« Et puis … »
Elle prend un air coquin, haussant les sourcils.
« Tu dors comment, alors ? »
Car tel était aussi le grand mystère de cette conversation étrange. Max lui sert un verre qu’elle vide immédiatement, puis alors qu’il lui en ressert un deuxième, une jeune femme vient les interrompre dans leur conversation. Une jolie sirène qui a décidément plus de coffre qu’Ariel se met à raconter ses déboires, sous le regard amusé d’Adriana. Ouaw, qu’est-ce qu’elle parle !
« MAAAAAAAAX !!! Y'a un abruti qui a voulu se frotter à ma queue ! Je sais que je suis bonne et pas subtile mais y'a des limites, non ? Hm. Pardon, tu es en bonne compagnie et j'hurle comme une poissonnière. Joli déguisement, d'ailleurs. »
Adriana lui sourit.
« Merci … »
Mais elle se sent soudain de trop, au milieu de cette conversation qui ne la concerne absolument pas. Et si Max scrute les invités, cherchant sans doute le garçon qui a importuné la petite sirène, Adriana recherche quant à elle Mel pour s’éclipser et pouvoir rejoindre son petit-ami. Car c’est lui qu’elle est venue rejoindre à cette soirée. Elle s’amusait bien avec Max, mais le voilà occupé à régler un problème d’hormones, et Ade a envie de retrouver un visage beaucoup plus familier.
« Pardon, j’en oublie la politesse. Ce mec m’a un peu perturbée. Je m’appelle Nicole, je suis la grande sœur de Max. Enchantée. »
« Ho », c’est tout ce qui lui vient spontanément, alors que son regard passe de Nicole à Max, sans réussir sans doute à faire preuve de discrétion. Celle-ci, elle ne s’y attendait pas. Pas alors qu’elle pensait qu’il s’agissait d’une amie ou de plus, et pas alors qu’ils n’ont pas de ressemblance physique apparente.
« C’est Adriana, une amie à Mel … Mais tu vas bien ? Tu veux que je dise à ce sale type de partir ? » « Boh … Il est venu avec sa meuf, il la baisera en pensant à moi quand elle aura fini de l’engueuler, qu’importe. »
Adriana s’étouffe avec sa gorgée de punch, explosant de rire à tant de subtilité. La brunette ne connait pas Nicole, mais la première impression que cette jeune femme, qui n’a pas la langue dans sa poche, lui fait, est excellente. Elle comprend aisément pourquoi Mel les apprécie et pourquoi il a tenu à venir à leur fête ce soir.
« Merci pour les détails, je suis si ravi d’avoir cette image en tête. » « Je suppose que c’est le +1 d’un +1 d’un invité. Attends … » « Attends quoi ? »
Nicole réfléchit un petit moment, puis semble avoir une sorte d’illumination.
« Ah mais oui, t’es sa meilleure amie d’enfance non ? Moi aussi, je suis une amie de Mel, mais on ne se connait pas depuis très longtemps. C’est moi qui l’ai présenté à Max, d’ailleurs. »
Adriana hoche la tête, s’apprête à acquiescer et à expliquer davantage leur relation, mais Max enchaîne déjà.
« Oui et c’est elle qui a eu l’idée des menottes ! » « Ils ont fini par aimer ça, ne les crois pas s’ils disent le contraire. »
La brunette rit, appréciant de plus en plus cette sirène. Elle parle beaucoup, cependant, et enchaîne les propos aussi vites que les idées semblent se succéder dans sa tête. Elle et Max ont l’air de bien s’entendre, en tout cas, d’avoir une belle complicité, alors qu’ils rebondissent sans cesse sur les propos de l’autre.
« D’ailleurs, tu ne l’as pas vu Nini ? Adriana voulait dire à Mel qu’elle est arrivée, mais Eden et lui semblent avoir disparu. »
La brunette finit son deuxième verre et le repose à côté du saladier de punch. Ok, elle a sans doute bu un peu trop vite en voulant rattraper son retard. C’est son éternel problème, alors qu’elle débarque souvent la dernière aux fêtes. Elle va faire une pause, ce sera plus sage, et prendra le verre suivant un peu plus tard. La brunette acquiesce aux paroles de Max, alors qu’elle scrute à nouveau la salle pour tenter de trouver Melchior.
« En fait, Mel et moi … »
Elle commence sa phrase, s’apprêtant à expliquer qu’ils sont meilleurs amis, mais également en couple depuis quelques mois. Elle s’arrête cependant en plein milieu alors qu’elle vient enfin de repérer celui qu’elle cherchait depuis son arrivée, sortant d’une autre pièce. Le visage d’Adriana s’illumine instantanément, se réjouissant d’avoir retrouvé son meilleur ami.
« Mel ! »
La sauce piquante court vers son copain pour réduire la distance qui les sépare et lui saute dessus, enroulant ses jambes autour de lui avant de déposer un furtif baiser sur ses lèvres.
« Salut toi ! », lui dit-elle tendrement, à voix basse, deux mots qu’elle a l’habitude de prononcer lorsqu’elle débarque en retard aux soirées et qu’elle est contente de le retrouver, lui, son meilleur ami, afin de partager avec lui la suite de la fête.
Elle desserre son étreinte et se laisse glisser au sol, observant son meilleur ami de haut en bas.
« Ben, où est ton costume ? Tu ne l’as pas mis finalement ? »
Elle fait la moue, relevant la tête vers Melchior. Et c’est maintenant qu’elle croise son regard qu’elle le trouve étrange, comme s’il était mal à l’aise. La brunette fronce les sourcils, perdue, se demandant ce qui cloche. Elle le connaît par cœur, sait que quelque chose ne va pas, mais ne se permettrait jamais de poser la question devant d’autres personnes. Alors elle se dit qu’elle l’interrogera plus tard, quand ils seront seuls, et sourit à nouveau en tendant le bras vers Max.
« C’est lui, le gars du centre d’appel de secours dont je t’ai parlé, celui qui m’avait fait faire la visite en pyjama ! C’est dingue, non ?! »
Elle sourit, à nouveau portée par son enthousiasme. Son attention se reporte ensuite sur un jeune homme, juste à côté de Mel, celui qui est sorti de cette pièce avec lui. Lui aussi semble faire une drôle de tête, et Adriana fronce brièvement les sourcils, son regard passant de Mel à cet homme. Finalement, elle sourit à cet inconnu, toujours avenante et sociable.
« Bonsoir ! Moi c’est Adriana, la copine de Mel ! Je suis ravie de te rencontrer. »
Et son enthousiasme n’est pas feint, car la brunette est toujours de bonne humeur et adore faire de nouvelles rencontres.
Je perds l’équilibre et dans le feu de l’action Eden bascule et se retrouve allongé sur son lit. Ca me fait rire parce qu’il n’y en a vraiment pas un pour rattraper l’autre, au sens propre mais aussi au sens figuré, j’aime sa maladresse, ça le rend encore plus attachant. Je me retrouve au-dessus et je vois qu’il marque un temps d’arrêt. Mille questions me passent par la tête : est-ce que je m’y suis mal pris ? Est-ce que je manque de douceur ou est-ce que j’ai fait quelque chose de mal ? Mais il y a son sourire, et son regard pétillant qui balaient instantanément mes doutes et qui me rassurent. Je lui souris en retour et il prend mon visage en main pour m’embrasser à son tour. La chaleur de ses mains sur mon corps m’apaise et m’encourage à continuer mes baisers et à coller toujours un petit peu plus mon corps contre le sien. La chaleur monte et je commence à étouffer dans son t-shirt, et son costume de dinosaure ouvert me donne envie d’en voir plus, de se sentir le contact de sa peau contre la mienne. Son parfum me rend fou, il me fait perdre encore plus pied. Mais un bruit étrange me ramène brutalement à la réalité. « C’était quoi ce bruit ? » La bulle dans laquelle nous étions éclate et je commence à me dire que même si je suis perdu depuis un bon moment dans les yeux et désormais dans les bras d’Eden, la vie à l’extérieur de notre bulle a continué. La soirée a suivi son cours et les autres sont dans le salon tout près. Je me redresse et j’en profite pour reprendre mon souffle, j’ai rarement vécu quelque chose d’aussi intense. Je ne peux pas m’empêcher de repenser aux invités, à Max, ils doivent trouver notre absence étrange. Je n’ai aucune de l’heure qu’il est où si nous nous sommes éclipsés depuis longtemps mais je parierais que le temps a filé. C’est ce qui arrive quand on est en bonne compagnie, on perd la notion du temps. « Ca fait longtemps qu’on a disparu, j’aimerais bien rester davantage mais on devrait retourner voir les autres non ? » La température a chuté depuis que le bruit s’est fait entendre et les battements de mon cœur qui avait une fréquence digne de montagnes russes commencent à ralentir. Je n’ai aucune envie de retourner dans le salon et de reprendre le cours d’une soirée banale, de discuter avec les invités alors que j’aurais préféré sans aucune hésitation me perdre dans l’océan des yeux d’Eden à la lumière bleutée des leds de sa chambre. Je lui adresse un petit sourire et on peut lire sur mon visage la déception.
Nous sortons de la chambre, un peu frustrés d’être de retour à la réalité alors qu’aucun de nous deux n’avait plus les pieds sur terre. Je balaie la pièce du regard et j’observe au fond de la pièce un dinosaure en compagnie d’un costume que je ne me souviens pas d’avoir vu en arrivant à la soirée tout à l’heure. La personne est de dos et je ne la reconnais pas tout de suite, étant à l’autre bout du salon. Elle se tourne et là je me liquéfie sur place : Ade. Oh merde c’est la première pensée qui me vient en tête et qui tourne en boucle dans ma tête comme un disque rayé. Merde merde merde. Je jette un regard un peu paniqué à Eden, je n’avais absolument pas envisagé cette situation et à ce moment précis j’ai envie de tourner les talons et de fuir très loin. Ade me devance et court vers moi dès qu’elle m’aperçoit. « Mel ! » J’essaie de cacher mon malaise et de lui sourire mais lorsqu’elle me saute dessus en enroulant ses jambes autour de moi avant de m’embrasser je me sens plus que mal à l’aise. « Ah Ade ! » Je ris nerveusement en rompant dès que je le peux cette étreinte. « Salut toi ! » Je ne sais plus où me mettre, je n’ose pas regarder Eden qui doit être complètement perdu de voir qu’une femme débarque en me voyant pour m’embrasser. En fait je suis tout autant perdu que lui mais si je sais une chose c’est que j’ai fait une énorme connerie ce soir. J’avais complètement oublié que j’avais invité Ade à venir à cette soirée, en fait j’ai oublié Ade tout court ce soir. J’ai mis mon cerveau sur pause et je n’ai pensé à rien d’autre. Pour l’instant je suis le seul à savoir ce qui se passe mais je sais que c’est une bombe à retardement et qu’elle va très bientôt exploser. «Ben, où est ton costume ? Tu ne l’as pas mis finalement ? » Je suis complètement ailleurs et même si je la regarde je suis perdu dans mes pensées et je commence à sentir l’anxiété monter. J’essaie de ne laisser rien paraître et je réponds. « Ah euh le costume…j’ai renversé mon verre dessus. » Je sais qu’elle n’est pas dupe, Ade me connaît par cœur, elle lit en moi comme dans un livre ouvert. Je sais qu’elle trouvera mon hésitation bizarre. Je vois bien qu’elle est déçue que je ne porte pas mon costume, costume qui était le match parfait pour son costume de sauce piquante. Je la vois froncer les sourcils face à mon explication plus qu’évasive et peu convaincante bien qu’il s’agisse de la vérité. J’espère simplement qu’elle ne me posera pas de questions maintenant, je ne pourrais pas tout lui avouer, pas maintenant, pas comme ça, pas devant Eden. Je jette un petit regard en coin à Eden mais face à son regard plus qu’interloqué je préfère regarder à nouveau Ade et je commence à me dire que je suis le roi des connards. Comment j’ai pu embrasser quelqu’un alors qu’Ade, -ma copine- est dans la pièce juste à côté ? «C’est lui, le gars du centre d’appel de secours dont je t’ai parlé, celui qui m’avait fait faire la visite en pyjama ! C’est dingue, non ?! » Je suis soulagé qu’elle ne me pose pas d’autre question, je savais qu’elle ne le ferait pas, je commence à la connaître. Mais son froncement de sourcils était révélateur et je sais qu’elle voudra qu’on discute de ce qu’il s’est passé en rentrant à la maison. Et ça m’angoisse parce que je ne sais pas si j’aurai le courage de lui avouer ce qu’il s’est passé. De mettre des mots sur mes actes, de lui avouer que je l’ai trompée. Je me dégoûte moi-même, j’ai toujours méprisé l’infidélité et voilà qu’après deux verres et les beaux yeux d’Eden tous mes principes s’étaient envolés. « Ah oui je me souviens de cette histoire, ça t’avait bien fait rire ! Le monde est petit ! » J’essaie de sourire à Ade, de faire comme si tout allait bien en lui répondant par des banalités. Je n’écoute pas vraiment ce qu’elle me dit parce que dans la tête c’est panique à bord. Je la regarde sourire à Eden et lui dire « Bonsoir ! Moi c’est Adriana, la copine de Mel ! Je suis ravie de te rencontrer. » Oh merde la situation empire à vue d’œil. C’est d’un cynisme absolu qu’elle lui sourit comme ça sachant qu’il y a quelques minutes à peine c’est Eden que j’embrassais. J’ai envie de prendre mes jambes à mon cou et de m’enfuir quand elle dit être ma copine. Je suis vraiment une ordure, pourquoi je leur ai fait ça ? « Ade je te présente Eden, on… travaille ensemble. » C’est plus que pathétique, mais je ne sais absolument pas comment présenter Eden, surtout pas après ce qu’il s’est passé. Je regarde mes pieds, honteux de la situation qui ne cesse d’empirer. J’ai l’impression d’être ce soir sur des montagnes russes sans harnais de sécurité : je suis monté très vite et très haut dans un tourbillon d’émotions avec Eden et l’arrivée d’Ade c’est comme un looping que je dois affronter avec la certitude que c’est une chute brutale qui m’attend.
" D'ailleurs, tu ne l'as pas vu Nini ? Adriana voulait dire à Mel qu'elle est arrivée, mais Eden et lui semblent avoir disparu. "
" Euh, non, je... "
J'eus à peine le temps d'entamer une phrase. Mes soupçons semblaient se confirmer. Mel et Eden étaient bel et bien absents du décor depuis un moment et... Regardez quelle paire de beaux gosses sortent en même temps du couloir - qui faisait le lien entre le salon et les chambres - Mel et Eden. Tiens, tiens... Mais apparemment, ça ne réveillait personne d'autre que moi, pour le moment.
" Mel ! "
Miss Chili sauta sur les restes de taco, car oui, il y avait encore de la garniture mais aucun signe de sa coquille de maïs, de salade, de tomate... Mais peut-être qu'il y avait des traces de sauce blanche bien cachée. Je regardais ce triste spectacle, j'avais de la peine pour la demoiselle bien que Mel était mon ami. Eden avait l'air perdu et après un œil vers mon frère, je sentais que la confusion était partagée.
" Ben, où est ton costume ? Tu ne l’as pas mis finalement ? "
Je m'approchais de Max, je ne comptais pas choper du pop corn pour assister à la suite de ce cinéma, clairement ça allait se gâter.
" Frérot, je vais me chercher un verre, si jamais tu me cherches, je serai près du punch. Genre... Là, à côté. Dans le bol. "
_______
***Eden POV***
" C'était quoi ce bruit ? "
Oh. Donc ignorer les bruits extérieurs n'était plus d'actualité. On aurait pu se dire qu'on jetterait un vague regard vers ma porte, qu'on ne verrait rien et qu'on retournerait sur notre petit nuage mais Mel en décida autrement.
" Ca fait longtemps qu’on a disparu, j’aimerais bien rester davantage mais on devrait retourner voir les autres non ? "
" Ah. Sûrement. Si... tu veux. "
Au moins, il avait dit vouloir rester davantage. Mais le réveil était quelque brutal, nous commencions à peine à explorer nos rêves. Cependant, je n'étais pas totalement déçu, je savais maintenant que ce que je ressentais était réciproque. Il avait eu une certaine hésitation et jusque là, je n'aurais su dire d'où elle venait. Timidité ? Placard ? Les deux ? Peu importait vraiment car dans les deux cas, je savais qu'il n'était pas indifférent et cette simple pensée me donnait le sourire.
La frustration était temporaire et j'étais tout niais en sortant de la chambre, tellement que j'en avais oublié de remettre mon costume correctement. J'avais tendu ma main vers celle de Mel mais je n'étais pas parvenu à l'attraper. Si j'avais su...
" Mel ! " criait une jeune femme qui se tenait à quelques pas, accompagnant Max et Nini - que j'oubliais très vite
" Une amie ? " demandais-je sans me douter une seule seconde de ce que j'allais apprendre juste après
"L'amie" sauta sur Mel d'une manière dont j'aurais pu le faire. Je l'entendais murmurer un "Salut toi!" après qu'elle ait posé ses lèvres là où j'avais longuement dévoré un bonheur éphémère. J'étais dans la confusion la plus totale et je sentais quelque chose se briser en moi. Ou comment passer du nirvana à un des neuf cercles infernaux en un millième de seconde seulement.
Mel desserra l'étreinte qui le liait à la dame en rouge, sa nervosité était transparente mais différente de celle qu'il avait ressentie avec moi. Cependant, je commençais enfin à y voir plus clair, il n'était pas question de timidité comme j'aurais pu le croire, naïf que j'étais. Je me sentais si stupide.
Où était son costume ? Dans ma salle de bain. Tu devrais plutôt te demander où est son t-shirt...
Elle changea de sujet pour évoquer le fait qu'elle connaissait aussi Max. Ha. Ha. Dingue, ouais.
" Bonsoir ! Moi c’est Adriana, la copine de Mel ! Je suis ravie de te rencontrer. "
Confirmation par ces mots. Plus aucun doute n'était désormais permis, j'étais l'objet d'une vaste farce. J'avais flirté des mois et embrassé plus que de raison un mec en couple. Ce n'était plus Mel, c'était "un mec en couple". J'en avais trop vu et entendu en un si court laps de temps. C'était plus qu'embarrassant, elle me souriait comme si nous allions devenir amis. Comme si... Je n'avais pas été à deux doigts de savourer le corps de son mec, deux minutes plus tôt. J'avais envie de vomir tellement cette situation m'écœurait.
" Ade je te présente Eden, on… travaille ensemble. "
Comment avais-je pu faire ça ? Elle avait l'air si... Gentille ? Si Max s'entendait bien avec elle et Mel était son mec, dur de penser du mal de cette fille. Et "lui", il regardait ses pieds. Et moi ?
" Ah. Oh mais... Je suis désolé, j'ai oublié de remettre mon déguisement, ha ha, je... Je reviens, je dois aller dans la salle de bain. Quel étourdi, hein... " riais-je nerveusement avant de déserter dans la dite pièce où ne trouvait absolument pas de quoi regonfler le costume - ni mon ego
Une fois dans la salle de bain, je fermais à clé car cette fois, je ne pouvais pas me permettre que quelqu'un se pointe et me voit. J'avais honte, j'étais mal, je ne m'étais jamais senti ainsi. Des peines de cœur oui, j'en avais eu, comme tout le monde. Mais je n'avais jamais eu le statut de "l'autre", celui qu'on cache, celui avec qui on trompe quelqu'un. J'avais ignoré les signaux. Je m'asseyais sur le bord de la baignoire, au plus proche de la porte. Quelque part, j'étais encore curieux de les entendre parler. J'espérais qu'elle comprenne ce qu'il s'était passé. Je souhaitais presque qu'elle lui gueule dessus. Et en même temps, je me demandais s'il n'était pas mieux qu'on efface tous cette soirée de notre mémoire, qu'ils rentrent chez eux et qu'on fasse comme si nous n'avions rien ressenti l'un pour l'autre.
Encore une soirée où j'vais rentrer seul chez moi. Encore un soir où j'vais finir dans un sale état. J'essaye d'avoir l'air cool mais j'arrive juste à m'afficher. Ça m'empêche pas d'kiffer. @Eden Appleton, @Melchior Nicholls, @Adriana Suárez & Maxwell
« T'as raison. Il était même enthousiaste à l'idée de venir ... Je devrais ptet ramener mes menottes du boulot, qui sait. »
Elle fit un clin d'œil et je fronçais les sourcils sans comprendre. Comment ça ramener ses menottes du boulot ? Ils étaient quel genre de meilleurs amis, ces deux-là ? J'allais poser la question, mais la conversation dévia si rapidement sur mes pyjamas que je ne trouvais pas le temps de la poser.
« Ok, je capitule, ils sont splendides ! J'avoue que j'ai quand même du mal à comprendre pourquoi tu as des pyjamas si tu ne dors pas avec ... Dans ce cas-là, quand est-ce que tu les mets, à part pour aller au boulot ? »
"Je suis en colocation, je les mets pour me déplacer dans l'appartement, notamment le matin et le soir. Mes colocs m'aiment bien, mais je ne suis pas sûr qu'on en soit au point de se balader nus dans l'appart."
« Et puis ... »
Et puis quoi ? Son haussement de sourcils me fit prendre un air interrogateur, qu'est-ce qu'elle pouvait avoir d'autre à demander sur mes fichus pyjamas ?
« Tu dors comment, alors ? »
Je levais les yeux au ciel en riant.
"Ça c'est un secret."
Ou pas, mais cette conversation commençait à devenir un peu trop étrange pour une discussion au milieu d'une fête. Je lui servais ses deux verres et alors que j'étais en train de me servir mon quatrième en disant que je n'étais pas si avancé par rapport à elle, Nicole fit son apparition remarquée. Et à partir de l'arrivée de ma frangine adorée, tout se passa un peu trop vite pour moi, j'avais commencé par chercher l'homme qui l'avait importunée, mais d'après elle, il était inutile de le virer. Les présentations entre les deux femmes furent très rapide et alors que je demandais à Nicole si elle n'avait pas vu Melchior, tout s'enchaîna.
« En fait, Mel et moi … »
Et cette phrase n’eut pas de fin puisque le porté disparu refit son apparition à ce moment-là. Sans costume. Avec Eden. Et sortant du couloir qui ne menait qu’à trois pièces : nos trois chambres. Jusque là, tout allait bien, mon coloc avait fini par réussir à attirer son crush dans sa chambre et Adriana allait retrouver son meilleur ami. Seulement, entre l’allusion de tout à l’heure et la phrase laissée en suspens, je sentais qu’il y avait quelque chose qui clochait, pourtant je n’étais pas spécialement doué pour les déductions.
« Mel ! »
Elle s’élança vers lui et lui sauta littéralement dessus avant de l’embrasser. “Oh putain.” Fis-je, alors que mon regard passait du couple surprise à la tête de mon meilleur ami. Il avait l’air complètement sous le choc le pauvre. Je revenais donc sur le couple, l’expression de Mel semblait montrer qu’il était en train de mourir à l’intérieur, chose qui s'intensifia lorsque Adriana lui demanda où était passé son costume.
“Qu’est-ce que c’est que ce bordel ?” Chuchotais-je à l'intention de Nicole en fronçant les sourcils.
Mais évidemment, c’est à ce moment-là que j’entendis de nouveau la voix de la sauce piquante et lorsque mes yeux revinrent sur elle, elle tendait le bras vers moi.
« C’est lui, le gars du centre d’appel de secours dont je t’ai parlé, celui qui m’avait fait faire la visite en pyjama ! C’est dingue, non ?! »
Un peu gêné, j'affichais un sourire forcé tout en faisant “coucou” de la main. Adriana, je ne pense malheureusement pas que ce soit la chose la plus dingue de la soirée, regarde un peu la tronche que tire ton mec, enfin.
« Ah oui je me souviens de cette histoire, ça t’avait bien fait rire ! Le monde est petit ! »
Il paraissait vraiment trop petit ce soir, effectivement. Il devenait de plus en plus évident qu’il y avait une personne en trop dans cet appartement. Et alors que la copine de Mel se présentait à Eden...
" Frérot, je vais me chercher un verre, si jamais tu me cherches, je serai près du punch. Genre... Là, à côté. Dans le bol. "
La voix de la sirène me fit sursauter et je me tournais vers elle.
"Attends, tu veux pas essayer de m'y noyer ? Je me sentirais sûrement un peu moins con, une fois mort."
Parce que là, j'avais quand même cru qu'il se passait un truc avec une fille qui était non seulement en couple, mais en plus avec l'un de mes invités. Je vidais mon verre rapidement avant de remettre la tête de mon costume en place. Quand je jetais un nouveau regard en direction de la scène la plus gênante de l'année, Eden avait disparu dans la salle de bain. Je soupirais. J'avais envie d'aller le voir, évidemment, mais en même temps, ça aurait forcément paru suspect -en admettant qu'il y ait une seule personne dans la salle qui n'ait pas compris qu'il se passait déjà quelque chose de louche. Je prenais donc mon mal en patience, je m'occuperais de mon meilleur ami quand je ne risquerais pas de le mettre un peu plus dans la merde en allant le voir. Et je me concentrais à nouveau sur Nicole.
"Ça te dirait qu'on aille prendre l'air cinq minutes ? Ce sera sûrement plus respirable dehors."
Et de mon bras de dino, j'attrapais celui de ma frangine pour l'emmener loin de tout ce drame digne des plus grandes tragédies grecques.
C’est vrai que cela ne fait qu’une dizaine de minutes qu’Adriana a rejoint la fête à laquelle Mel l’a invité à le rejoindre. Et pourtant, aucun signe de son meilleur ami. C’est pourtant avec lui que la brunette a envie de passer cette soirée, comme tous leurs halloweens depuis plus de 20 ans maintenant. Et puis, elle a mis un costume ultra sexy, espère que ce soir ils se lâcheront davantage lorsqu’ils se retrouveront seuls, tous les deux, dans l’appartement qu’ils partageaient depuis quelques mois. Finalement, Adriana aperçoit Mel sortir d’un couloir, un jeune homme sur ses talons. Elle ne prête pas plus attention aux détails dans un premier temps, ravie de retrouver sa moitié, et lui saute dessus avant de l’embrasser. Mais Mel se libère de son étreinte et rit nerveusement.
« Ah Ade ! »
Elle fronce les sourcils, ne comprenant pas très bien pourquoi il a l’air si mal à l’aise. Est-ce à cause du câlin ? Du baiser ? Après tout, Mel n’aimait pas les effusions en public. C’était un garçon très pudique, et il n’appréciait pas qu’ils s’embrassent devant leurs amis, n’aimait pas supporter leurs regards et leur jugement. Alors la brunette fixe ses pieds en rougissant, se sentant un instant coupable de l’avoir mis mal à l’aise. Mais rapidement, elle se rend compte que le problème est ailleurs, sans pouvoir mettre le doigt dessus. Elle est flic, et si elle n’est pas équipée d’un détecteur de mensonges, elle est très observatrice, a tendance à remarquer quand quelque chose cloche. C’est d’autant plus facile avec Mel qu’elle le connait par cœur. Elle sait tout de lui, de son comportement, de ses habitudes. Elle sait qu’il y a un problème. Et pourtant, elle ne sait pas de quoi il s’agit. L’amour rend aveugle, l’amitié aussi visiblement, car Ade est pour l’instant incapable d’assembler les pièces du puzzle. Elle observe Mel en fronçant les sourcils, le dévisage un instant, a envie de l’interroger, mais ne le fera pas ici. Pas devant des inconnus, ou des connaissances. C’est quelque chose de privé, qu’elle éclaircira dès qu’ils seront rentrés chez eux. Alors elle tente de détourner la conversation pour chasser le malaise qui semble dévorer Mel. On dirait qu’il a envie de s’enfouir sous terre et de ne plus jamais en sortir. Elle attire l’attention sur Max, mais personne ne semble réellement intéressé par le fait qu’elle connaissait un des hôtes de la soirée, et qu’il lui a fait faire une visite professionnelle en pyjama. En pyjama ! C’est une histoire drôle, pourtant. Tout le monde semble gagné par le malaise. Le jeune homme qui suivait Mel avait l’air d’avoir envie de se noyer dans une baignoire. Max agitait quant à lui nerveusement la main de loin mais ne voulait pas se rapprocher et se joindre la conversation. Quelque chose devait lui échapper, forcément.
Elle se présente à ce jeune homme, et une nouvelle fois, l’hésitation de Mel la fait tiquer.
« Ade je te présente Eden, on … travaille ensemble. »
Nouveau froncement de sourcil. Son regard s’attarde sans doute trop longtemps sur Mel, alors qu’elle essaie de capter son regard pour lire en lui. Si ce Eden avait été une fille, elle lui aurait probablement arraché les yeux sur place. Car si Adriana était une gentille, elle n’appréciait pas d’être prise pour une idiote, et avait clairement l’impression qu’il se passait quelque chose. L’amitié de Mel et Ade passait avant tout, et plusieurs de leurs relations s’étaient terminées à cause de l’un ou de l’autre qui ne supportait pas le copain ou la copine de son ami. Ce n’était pas de l’exclusivité, ça consistait simplement à ouvrir les yeux de son meilleur ami sur la bêtise qu’il était en train de faire. Et là, Ade avait l’étrange sensation qu’il se passait quelque chose avec Eden. Mais ce n’était pas possible, si ? Mel n’était pas gay … Et pourtant, voilà le tiers de dino qui panique à son tour, marmonne un truc incompréhensible et fuit aussi loin qu’il le peut. La brunette tente de capter le regard de Mel, en vain. Alors elle lui attrape la main et, de sa main libre, tourne la tête du musicien dans sa direction. Elle plonge son regard perdu dans le sien, tente de comprendre, alors que la douleur se lit sur ses traits.
« J’aimerais rentrer. »
Les deux verres d’alcool qu’elle a bu trop vite ne font déjà plus aucun effet. Elle aimerait pourtant être bourrée pour atténuer quelque peu le chagrin qui la gagne. Elle n’est pas certaine d’avoir compris ce qu’il se passe, pas exactement. Elle se voile encore la face, a besoin que Mel lui explique tout, avant qu’elle ne s’imagine les pires scénarios.
" Ah. Sûrement. Si... tu veux. " Je sens bien la déception, que ça soit dans le ton de sa voix, son regard ou encore son langage corporel, son corps s’est tendu brusquement. Je sais que j’ai cassé la magie du moment et qu’on était bien dans notre bulle, mais nous ne sommes pas seuls et je préfère qu’on interrompe ce moment et reprendre où nous en étions plus tard plutôt que d’être dérangés et que ça gâche encore plus le moment. Un peu déçu de devoir retourner avec les autres je suis quand même heureux de ce qui vient de se passer et l’alcool -ou l’adrénaline du moment qui vient de passer- me font légèrement tourner la tête. J’espère qu’Eden a bien compris que c’est à contrecœur que je mets fin à cette instant, je serais bien resté toute la nuit à me perdre dans ses yeux, mais ça devrait attendre un petit peu.
Nous sortons de la chambre et là je me liquéfie sur place en voyant Ade qui crie mon nom. " Une amie ? " Je serais tenté de lui dire que oui, parce qu’Ade est ma meilleure amie depuis toujours mais c’est bien plus que ça. Je n’ai pas le temps de lui répondre puisqu’elle me saute dessus pour m’embrasser. Mon corps s’est tendu dès l’instant où je l’ai vue et je pense que je dois avoir perdu quelques couleurs au passage. Je suis vraiment une ordure, mais qu’est-ce que j’ai fait ? Elle me murmure à l’oreille et je n’ai qu’une envie s’est me décoller d’elle et aller me cacher quelque part. Je n’ai jamais été très tactile avec elle mais là après ce qui vient de se passer avec Eden je suis plus que mal à l’aise qu’il ait assisté à ça. Ade se met à parler de Max, je l’écoute à peine, trop étouffé par l’anxiété pour participer à la discussion. Je lui réponds en étant complètement ailleurs avec des banalités. Max et Nicole quittent la discussion mais je n’arrive pas à écouter ce qu’ils disent. Elle regarde Eden, lui sourit et se présente comme ma copine. Mon cœur se brise parce qu’elle est d’une gentillesse infinie, elle ne mérite pas de subir la trahison qu’elle apprendra bientôt, je ne la mérite pas. Ce qui vient de se passer est une bombe qui n’attend qu’une chose : exploser et tout emporter sur son passage. Je sais que tout est de ma faute, qu’ils seront blessés et qu’ils ne voudront plus jamais me parler. Je regarde mes pieds alors que je présente Ede comme un collègue alors qu’il est bien plus qu’un simple collègue. Je n’ose pas les regarder, j’ai trop honte de ce que j’ai fait. Alors que je m’attends à ce qu’Eden balance tout à Ade, que je me prenne une claque -qui serait bien méritée- sa réaction me surprend. " Ah. Oh mais... Je suis désolé, j'ai oublié de remettre mon déguisement, ha ha, je... Je reviens, je dois aller dans la salle de bain. Quel étourdi, hein... " Mon cœur se serre un peu plus et je lutte pour ne pas me mettre à pleurer : de honte, de tristesse, d’anxiété, un mélange de tout un tas d’émotions très désagréables. Je sais que j’ai brisé le cœur d’Eden, que celui d’Ade est le prochain sur la liste, le mien est déjà en miettes mais tout est de ma faute je le sais. Je tourne la tête vers Eden qui s’en va vers la salle de bain et Ade prend ma main et tourne ma tête dans sa direction. « J’aimerais rentrer. » Je sais qu’elle a compris, enfin je ne sais pas si elle peut imaginer ce qui s’est passé mais elle me connaît par cœur, elle sait lire ne moi comme dans un livre ouvert donc je sais qu’elle a bien compris qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas. Je sais qu’elle veut partir, j’ai envie de partir aussi, de me cacher sous une couette et que tout le monde oublie ce qu’il s’est passé mais je ne peux pas faire ça. Je ne peux pas partir et laisser Eden comme ça. « Je reviens et on y va. » Je lâche sa main et avant qu’elle ne me demande encore de la suivre je lui dis. « Je t’expliquerai tout mais je peux pas partir comme ça. » Et je la laisse comme ça. Je sais que c’est horrible de la laisser plantée là dans le salon toute seule mais je ne peux pas partir sans m’excuser auprès d’Eden. J’aime énormément Ade mais je ne peux pas perdre Eden. Je sais qu’il ne voudra pas de moi mais je dois essayer de lui parler même si j’ai honte et que rien ne pourra excuser ce que j’ai fait. J’arrive devant la porte de la salle de bain et je toque avant de dire avec une voix tremblante. « Eden, je suis désolé…laisses moi entrer s’il te plaît. » Ma voix se brise en plein milieu de ma phrase et j’ai les larmes aux yeux en attendant de connaître sa réponse.
J'avais la sensation que les murs se rapprochaient, la salle de bain me paraissait soudainement bien petite. Fixer aussi longtemps cette satanée porte n'aidait pas, de toute évidence. Je ne savais pas comment j'allais pouvoir sortir après ce qu'il venait de se passer. Je ne me voyais décemment pas revenir comme si de rien n'était. Je ne les entendait pas de là où j'étais, au moins, ça ne gueulait pas. Même si au fond, j'aurais voulu qu'elle s'énerve sur lui. Peut-être qu'ils quitteraient la soirée très rapidement. Je ne voulais pas que la soirée soit gâchée pour Max et Sixtine.
Qu'allais-je faire ? Il n'était pas non plus concevable que je passe le reste de la soirée dans la baignoire. À défaut de me recroqueviller dans ma couette, je réenfilais mon costume entièrement, à l'exception de la tête. J'étais totalement perdu. Comment pouvait-on ainsi jouer avec les sentiments des autres ? Comment avais-je pu être aussi naïf ? M'étais-je attaché au point de volontairement me mettre des œillères ou était-il plus malin ? Comment en étais-je arrivé là ? Avais-je mal compris ou mal fait quelque chose ?
Les émotions se bousculaient dans ma tête, c'était si vite parti d'un point à un autre, je n'avais pas eu le temps de comprendre ce qu'il m'arrivait que je sentais des gouttes glisser sur mon visage. Moi qui étais aux anges cinq minutes plus tôt, j'avais un goût salé dans ma bouche, comme pour nettoyer la salive impure qui m'avait souillé.
J'entendais toquer à la porte. J'avais le souffle coupé, je n'osais échapper le moindre son. Mes larmes ne cessaient de tomber et je me retenais de renifler depuis que je savais que quelqu'un se trouvait derrière cette satanée porte. La voix qui retentit de l'autre côté me conforta dans ma position.
" Eden, je suis désolé…Laisse moi entrer s’il te plaît. "
C'était lui. Il était hors de question que j'ouvre la porte. J'en avais en partie envie mais ça n'arrangerait rien. Je ne voulais pas qu'il me voit ainsi et en même temps... Si, un peu.
" Pourquoi ? "
Le seul mot que je parvins à sortir de ma bouche. J'avais un million de questions mais ce mot à lui seul résumait pas si mal toutes celles-ci. J'avais beau faire des efforts pour ne pas renifler, ma voix me trahissait au moindre son. J'avais si honte. Je voulais me cacher. Je voulais qu'il me voie. Je voulais tout et son contraire. Pourquoi ?
J’attends sa réponse, retenant difficilement mes larmes contre la porte verrouillée et j’ai peur. J’ai la trouille parce que je ne sais pas comment il va réagir. Mal c’est une certitude mais jusqu’à quel point ? Je me pose un milliard de questions, je me demande s’il va m’insulter, me hurler de dégager de chez lui, ou même ne pas me répondre du tout. Dans tous les cas je comprendrais sa réaction, parce que ce que j’ai fait est impardonnable, impossible à justifier. « Pourquoi ? » Alors là il me prend de court, je ne m’attendais pas à cette question. Je sens que sa voix est tremblante, je ne sais pas s’il est en train de pleurer mais je sens bien qu’il ne va pas bien c’est évident. Et là j’essaie de bien choisir mes mots, sa question est délicate. « Parce que je veux m’excuser, je peux pas partir comme ça. » Je sais qu’Ade m’attend dans le salon, ou pas d’ailleurs je suis parti voir Eden sans me retourner. Je sais qu’elle ne comprend pas tout ce qu’il s’est passé et que je vais devoir m’expliquer mais elle devra attendre. Ade est une des personnes les plus importantes pour moi mais je sais qu’on aura cette discussion quand je rentrerai à la maison. Je ne sais pas si je reverrai Eden un jour. Bien sûr je sais que je le croiserai au Ras le Bol mais le cadre sera différent et je ne sais pas s’il voudra me parler au travail. Alors Ade devra attendre que je m’excuse auprès d’Eden, enfin s’il veut écouter mes explications. Je sais que j’ai vexé Ade en ne la suivant pas pour rentrer chez nous mais j’ai aussi blessé Eden, comment est-ce que j’étais censé choisir entre ma meilleure amie et celui qui m’avait fait me sentir vivant pour la première fois? C’était un choix impossible, je savais que dans tous les cas un des deux serait blessé que je ne le suive pas, alors j’ai fait un choix, j’ai écouté mon cœur. « Non….Pourquoi tu m’as…laissé faire ? » Et c’est la question que je me pose, la question qui me hantera toute la nuit et qui continuera sûrement de me hanter pendant un long moment. Je ne sais pas ce qui m’a pris, je n’ai jamais été infidèle. Je n’ai pas souvent été en couple c'est vrai mais je n’avais jamais pensé ou eu envie d’aller voir ailleurs, pour moi c’était impensable. Mais depuis l’arrivée d’Eden je me surprenais à penser à lui, je me souviens d’instants où Ade me posait une question mais que j’étais trop absorbé par mes pensées, par lui pour avoir écouté un seul mot de sa question. Alors je sais que j’aurais dû tout arrêter quand il m’a embrassé, ou plutôt quand je l’ai embrassé, je n’aurais jamais dû faire ça. Je n’ai pas réfléchi aux conséquences de mes actions, c’est comme si en me noyant dans son regard mon cerveau et ma raison s’étaient mis en veille. Je n’ai pensé qu’à l’instant présent, qu’au contact de sa peau sur la mienne et aux étincelles qui parcouraient tout mon corps alors qu’il m’embrassait. J’ai été égoïste je le sais, mais c’est trop tard, le mal est fait. « Je sais pas pourquoi j’ai fait ça…j’ai pas réfléchi. » A mon tour d’avoir la voix qui tremble, une première larme roule sur ma joue. « Vraiment je suis désolé. J’ai jamais voulu tout ça….j’ai jamais voulu te faire de mal. » C’est une de mes plus grandes peurs dans la vie : faire du mal aux gens que j’aime. C’est quelque chose qui me rend très anxieux et c’est la raison pour laquelle j’évite toujours les conflits en étant toujours plus consensuel. Alors j’ai envie qu’il sache que je n’ai pas fait ça volontairement, que je n’ai pas cherché à le blesser et que je m’en veux pour tout ce qui est arrivé. Mon cœur se serre encore davantage en pensant à Ade, je ne peux pas la faire attendre indéfiniment. «Je pense que je ferais mieux d’y aller mais je voulais que tu le saches. » Et je pars, une main sur ma bouche pour essayer de cacher mon émotion aux autres invités qui ont pourtant sûrement entendu tout ce qui s’est passé. Je cherche Ade du regard mais elle n’est plus là. Je prends un nouveau coup de poignard en plein cœur avec ce constat. Je me doutais qu’elle ne m’attendrait pas gentiment dans le salon mais de voir qu’elle est partie je me dis qu’en plus d’avoir le cœur brisé elle doit être en colère de voir que je ne l’ai pas faite passer en priorité. Je sais que j’ai perdu Eden et que je l’ai sûrement perdue aussi. Je n’attends qu’une chose : être dehors seul pour pouvoir arrêter de retenir mes larmes. Je n’ai pas envie que les autres me voient comme ça mais c’est trop dur, ça fait trop mal et je ne suis pas assez fort pour ça. Je sors comme ça de la maison, je passe près de l’entrée où Max et Nicole sont en train de discuter, je ne m’attarde pas et je ne leur parle pas. J’ai déjà fait assez de mal comme ça et j’ai gâché la soirée alors je fais profil bas et je m’en vais. La moto d’Ade n’est pas là et à cette heure-ci plus aucun bus ne passe. D’un côté ce n’est pas plus mal, je suis sous le choc et je n’ai absolument pas envie d’avoir le regard accusateur des passagers braqués sur moi. Je vais devoir rentrer à pied, et j’ai intérêt à me dépêcher pour essayer de m’excuser auprès d’Ade mais si je sais pertinemment que c’est peine perdue. La pluie tombe depuis plus d’une heure et d’un côté je suis soulagé : personne ne pourra voir les torrents de larmes qui coulent sur mes joues.
" Parce que je veux m’excuser, je peux pas partir comme ça. "
Idiot, tu aurais dû.
" Non….Pourquoi tu m’as…laissé faire ? "
" Je sais pas pourquoi j’ai fait ça…j’ai pas réfléchi. Vraiment je suis désolé. J’ai jamais voulu tout ça….j’ai jamais voulu te faire de mal. "
Trop tard. Il m'avait fait énormément de mal en me faisant tout autant de bien. Il m'avait brisé le cœur en mille morceaux juste après me l'avoir comblé. Et il l'avait fait tout ça sans savoir pourquoi. Super. Vraiment. J'étais en ce moment même en train de me noyer dans ma baignoire en me retenant de renifler parce qu'un mec n'avait pas réfléchi. J'avais passé des mois à penser à un mec en couple sans le savoir et lui avait saisi quelques minutes de ce temps à me le faire savoir après m'avoir montré un aperçu de ce qu'il faisait avec une autre... Sur moi. Bien joué, meilleures excuses du monde.
" Je pense que je ferais mieux d’y aller mais je voulais que tu le saches. "
Que je le sache ? Que je sache quoi ? Que j'étais un putain de pigeon mais qu'il n'avait quand même pas voulu me faire de mal. Ha, ha. Non, je n'avais pas mal, j'avais un pieu en plein cœur, c'est tout. J'entendais ses pas s'éloigner, je pouvais enfin arrêter de retenir mon souffle et pourtant c'était seulement à ce moment que je crus le perdre et m'étouffer. J'avalais mes larmes, je perdais la vue, je me serais bien tenu le visage entre les mains mais elles étaient dans mon costume alors je me laissais glisser la tête contre le mur. Mes sanglots raisonnaient entre le mur et la baignoire. Je passais au moins une bonne demie heure encore enfermé, avec un début de crise d'angoisse. Je faillis envoyer un sms à Max mais je parvins à me calmer seul. Après quoi, je me passais longuement le visage sous l'eau froide.
Je sortais et passais par ma chambre pour regonfler mon costume. La soirée avait à peine commencé et je savais que les invités ne partiraient pas de si tôt. Je ne voulais pas gâcher la fête pour les autres. Son t-shirt... Il l'avait laissé là. Je le saisissais et le balançais sous mon lit. Je ne voulais pas le voir pour l'instant. Je m'asseyais un instant sur la scène du crime. Je revoyais son regard, son envie... Ce qui m'avait fait sentir vivant tout à l'heure me tuait à ce moment précis. Je me relevais et me hâtais de gonfler ce foutu déguisement. Je refermais la tête du dino sur la mienne et je sortais de ma chambre, éteignant la lumière après ce triste spectacle.
Je repérais Max et Nicole en retournant dans le salon. Nicole alla ailleurs lorsqu'elle me vit rejoindre Max. Je l'aurais pensée plus curieuse mais je n'étais pas déçu qu'elle nous laisse seuls. Max me demandait si ça allait. De toute évidence, non mais je ne voulais pas l'affoler. J'hochais la tête. Il me tendait un verre.
" Tu as besoin de quelque chose ? "
" De boire, heureusement tu as déjà prévu. Merci Tic. "
En vérité, je le remerciais d'être là. J'ouvrais la fermeture éclair pour pouvoir boire mais je ne savais pas à quel point mes yeux étaient rouges. Pour le reste de l'assemblée, j'aurais l'air d'un drogué. Pour Max et Nicole, j'aurais juste un air pathétique. Je bus le contenu de mon verre d'un trait. Les verres suivants seraient aussi vite bus... Je ne tenais pas bien l'alcool et je m'étais promis d'être sage. Tant pis. Qui sait ? Peut-être que j'oublierais tout au lendemain matin...
Danser sur la table avec Nicole et une autre nana. Chanter à tue tête avec Sixtine et Max. Flirter avec deux filles déguisées Catwoman et Poison Ivy. Être sur le point de les emmener dans ma chambre et me sentir au bord des larmes en approchant de la porte. Me barrer sans un mot avec la tête dans un sale état et le cœur pas beaucoup mieux. L'alcool n'aidant pas, je décidais de prendre l'air, marchant des heures durant, espérant encore que je perdrais la mémoire à l'aube.
Encore une soirée où j'vais rentrer seul chez moi. Encore un soir où j'vais finir dans un sale état. J'essaye d'avoir l'air cool mais j'arrive juste à m'afficher. Ça m'empêche pas d'kiffer. @Eden Appleton, @Melchior Nicholls, @Adriana Suárez & Maxwell
Nous n'étions dehors que depuis quelques minutes lorsque Adriana était sortie du bâtiment, je ne savais pas si elle nous avait vus ou pas, mais en tout cas, elle était passée à quelques mètres de nous sans s'arrêter. Et comme je n'étais pas vraiment à l'aise avec ce qu'il s'était passé pendant cette soirée, ni avec le fait d'avoir tenté de la draguer alors qu'elle était en couple, je préférais ne pas essayer de la retenir, me forçant à rester focalisé sur mon adorable sœur. Ce n'est qu'un peu plus tard, en voyant Melchior s'en aller à son tour, que je rentrais pour voir dans quel état il avait laissé Eden. Seulement, celui-ci était toujours enfermé à clef dans la salle de bain et j'avais eu beau frapper à la porte pendant une dizaine de minutes, il ne répondait toujours pas. Selon moi, il n'y avait qu'une seule solution, mais Sixtine ne semblait pas d'accord avec moi.
“On ne va pas défoncer cette porte, Max !”
“Mais Siiiiix…”
J'avais l'air d'un enfant de six ans à qui les parents auraient refusé une activité et qui essaierait de les convaincre de la faire quand même.
“Il n'y a pas de “mais”, personne n'est jamais mort de honte, laisse-lui un peu de temps, il sortira tout seul.” Annonça-t-elle fermement, en me pointant du doigt. “Si je te vois ne serait-ce qu'essayer de t'approcher de cette salle de bain, tu auras affaire à moi !”
Levant les mains en signe de reddition, je me retournais en faisant de gros yeux et j'allais rejoindre ma sœur. J'étais toujours inquiet pour mon meilleur ami et je jetais des coups d'œil fréquents à la porte pendant la demi-heure qui suivait, n'écoutant que d'une oreille ce que racontait Nicole à qui j'accordais pourtant toute mon attention habituellement. Pour autant, je voyais bien que ma colocataire me surveillait du coin de l'œil et je ne m'approchais plus de la salle de bain. J'étais en train de me servir un verre sans savoir combien j'en avais déjà bu lorsque Eden refit enfin son apparition. Nicole fit mine d'avoir repéré quelqu'un pour nous laisser seuls et je tendais un gobelet à mon meilleur ami en lui demandant s'il allait bien. La question était ridicule, mais il hocha tout de même la tête pour répondre positivement.
" Tu as besoin de quelque chose ? "
Que j'aille brûler l'hypothétique voiture de Melchior ? Que je balance des œufs sur sa porte d'entrée ? Que je lui envoie un truc dégueulasse par la poste ?
" De boire, heureusement tu as déjà prévu. Merci Tic. "
Je haussais les épaules en lui lançant un sourire désolé, j'aurais aimé pouvoir faire plus, vraiment. Et encore plus lorsqu'il retira la tête de son costume, découvrant ainsi ses yeux rouges et gonflés. Le reste de la soirée passa rapidement, l'alcool aidant, Eden sembla s'amuser quand même et j'étais assez rassuré pour me détendre également et profiter de la fête. À un moment pourtant, il disparut sans rien dire à personne. En réalité, je pensais qu'il était parti se coucher, ce n'est qu'en allant voir s'il allait bien après le départ des derniers invités que je m'étais rendu compte qu'il n'était pas dans sa chambre. Paniqué, j'avais aussitôt pris ma veste pour aller le chercher. Une nouvelle fois, Sixtine s'était interposée.
“Va te coucher Max, t'as bu plus que lui, tout ce que tu vas gagner en allant à sa recherche, c'est de te perdre toi aussi.”
“Même pas vrai !”
Et pourtant, ma voix trahissait clairement mon état d'ivresse avancé.
“Ne sois pas idiot. Tu l'aideras dès que tu pourras le faire, mais pour ça, il faut être en forme. Va dormir !”
Renonçant, je lui adressais un sourire, j'avais envie de pleurer rien que de savoir qu'elle partait le lendemain. Je soupirais avant de la prendre dans mes bras.
"Tu vas me manquer Six. Qu'est-ce qu'on va devenir sans toi ?"
Elle vint doucement déposer ses lèvres sur ma joue, chuchota un “vous vous en sortirez très bien, imbécile.” à mon oreille et elle s'éloigna, refermant la porte de sa chambre derrière elle. J'hésitais encore quelques minutes après ça, mais dans le fond, je savais bien que, comme souvent, elle avait raison, dans mon état, je n'aurais pas réussi à retrouver Eden. C'est donc en soupirant de nouveau que j'allais moi aussi me coucher.