Il est trop silencieux Caleb. Ce n'est pas nouveau venant de lui, mais ça me dérange ce soir parce que j'aurais besoin qu'il m'empêche de trop réfléchir, de trop me perdre dans mes pensées qui ne sont pas plaisantes. Mais il regarde le sol, il ne me regarde pas, il n'est pas vers moi, pas avec moi et je sais que c'est ma faute. J'en viens à me demander si je n'aurais pas du simuler finalement, mais que j'en sois réduite à penser ça, ça prouve bien que quelque chose ne va pas et je m'en veux d'avoir de telles pensées. J'en veux à mon corps aussi de me lâcher, j'en veux à moi même d'avoir tout gâché. Je ne veux pas rester sur cet échec, je ne veux pas qu'il reste loin de moi, je ne veux pas qu'il n'ose même pas regarder mon corps, je ne veux pas que cette mésaventure nous éloigne, et je ne veux pas qu'il pense que je ne le désire pas, parce que c'est faux. J'ai envie de lui, et je suis même frustrée de ne pas pouvoir juste ressentir les choses, juste profiter alors que merde il avait tout fait pour que je vive mon meilleur moment. Mais non, c'est pas loin d'être le pire que je suis en train de vivre, le pire au lit avec lui ça c'est sur. Il me repousse encore, il n'a pas envie de moi, il n'a plus envie de moi et après tout ça je ne peux pas le blâmer. Il n'est pas excité par ce moment désastreux et je le comprends même si ça fait mal, même si ça me frustre, même si je me sens minable et nulle. Je le regarde, il se lève, il quitte le lit et il enfile un boxer, je crois que c'est clair ainsi. Il ne se passera plus rien ce soir, j'ai tout gâché et plus rien ne peut sauver ce moment visiblement. Il se rassoit sur le lit mais toujours loin de moi et ça me fait un peu mal de le voir mettre cette distance entre nous parce que j'aurais plus que besoin de lui ce soir. Mais je n'ose pas lui dire, je n'ose pas lui demander à nouveau de venir vers moi parce qu'il n'a pas l'air d'en avoir envie. Je me résigne à aller m'habiller parce que rester nue ne semble plus avoir aucun intérêt si ce n'est continuer d'avoir froid. Je m'habille avec des vêtements à lui, histoire d'avoir son odeur près de moi à défaut d'avoir ses bras et son corps. Y'a rien qui va dans cette soirée et voilà que l'envie de fumer me revient, je n'ai pas fumé la dernière cigarette habituelle après dîner, et c'est une nouvelle frustration qui me vient, qui m'agace, qui m'énerve aussi parce que je devrais être en train de crier mon plaisir, je devrais être en train de profiter des talents de mon mari, je devrais être en train de me perdre dans ses bras, mais rien. Je suis seule avec mes pensées, avec mes incompréhensions et mes doutes et il est dans son coin, surement aussi perdu que moi d'ailleurs. Il s'excuse à nouveau pour la troisième ou quatrième fois, je ne sais pas je n'ai pas compté et je ne comprends pas pourquoi il s'excuse parce que je suis la seule fautive. C'est moi qui n'ait pas réagi, c'est moi qui ait tout gâché et je me sens si minable. Je m'en veux énormément et je me sens perdue parce que rien n'a de sens et ça me perturbe beaucoup. «
C’est pas grave, c’est pas de ta faute… » Bien sur que si c'est ma faute, et la preuve est là, il n'ose même pas venir vers moi parce qu'il doit m'en vouloir, c'est bien pour ça non ? Il m'en veut et il ne me désire plus, et après il ose dire que c'est pas grave ? En soupirant encore je passe une main dans mes cheveux encore mouillés du bain prit ensemble et dire que j'étais vraiment bien contre lui à ce moment, détendue, calme, sereine, j'étais loin d'imaginer à quel point les choses allaient dérailler, en même temps c'est une première alors c'était impensable pour moi. Et la nouveauté me fait douter. La nouveauté me fait réfléchir un peu trop et en plus de ne pas avoir eu le droit à une session plaisir, j'ai gagné une session remise en question et doutes. Super programme pour une journée qui elle avait été si parfaite, jusqu'à ce que je gâche tout. J'ai même réussi à ce qu'il n'est pas envie de moi, physiquement parlant je l'ai calmé au point que son désir soit nul et c'est pas une pensée que j'apprécie. Mon corps c'est mon atout, et ce soir c'est visiblement devenu mon point faible et il me reste quoi si je ne peux même pas l'exciter ? «
Excuse-moi d’être respectueux. » Je comprends pas sa réaction, je ne comprends pas ses mots et je sais qu'il est respectueux, mais tout ce que j'ai pu voir moi c'est son sexe qui témoignait tout sauf de l'excitation et respectueux ou pas, il n'avait pas envie de moi. Je pose mes deux mains sur mon visage et je me frotte les tempes quelques secondes, je sens que mon cœur bat plus fort sous mes doigts, et je sais que je suis en train de m'énerver, intérieurement mais je m'énerve et je ne dois pas faire ça. Je me mords la lèvre, mes doigts massent mes tempes et je soupire doucement, les yeux fermés, j'essaye de me calmer. J'essaye surtout de ne pas m'emporter, de ne pas me laisser envahir par les doutes ou par la colère pour ne pas rendre ce moment encore pire. «
C’est pas grave c’est pas de ta faute. » Je secoue la tête à nouveau, les yeux fermés, cette phrase ne m'aide pas à me rassurer. «
Si c'était pas grave tu resterai pas si loin de moi. » C'est plus à moi-même que je parle qu'à lui parce que je n'ai pas envie de m'énerver contre lui, c'est à moi même que j'en veux. Contre moi-même que je suis énervée et je m'en veux tellement d'avoir gâché cette soirée que je sais que la colère et la frustration pourrait me faire dire des choses inappropriées. «
Désolée, je veux pas passer mes nerfs sur toi, excuse moi, je vais me calmer. » Ni mes nerfs, ni ma frustration, je soupire à nouveau, je serre la mâchoire et je me concentre sur ma respiration. Je m'énerve, je le sens et même si ça peut paraitre étonnant, c'est plutôt bon signe que je réalise que je m'énerve, au moins je peux me taire et c'est sans doute mieux. Je me retourne, je me couche sur le ventre, la tête dans l'oreiller, je m'en veux tellement de me comporter ainsi, je m'en veux tellement d'avoir gâché cette journée et je m'en veux tellement d'être incapable de réagir avec plus de calme. Je sens qu'il se lève, je sens qu'il quitte le lit et je ne dis rien, je ne relève même pas la tête, je dois me calmer, pour lui, pour moi et pour ce bébé auquel je pense à ce moment. Je ne dois pas me mettre dans un tel état ça n'arrangera rien bien au contraire et pire encore, je me culpabilise de réagir ainsi, je culpabilise de m'énerver de la sorte. J'ai pleins de mots qui me passent en tête, pleins de phrases que je voudrais hurler mais je serre les dents, je serre la machoire et je pense à cette journée. Je pense à cette matinée, à ce que j'ai ressenti en découvrant le test positif, je repense à la joie de Caleb après le second test, à nos espoirs, à ces moments en famille aujourd'hui dans Rome. Je repense à tout ça et je relève la tête, je quitte l'oreiller, je me tourne, je deserre la machoire légèrement, je m'allonge sur le côté et je ramène mes genoux contre mon ventre. Je me sens perdue, je pose une main sur mon ventre, les yeux fermés je me concentre sur lui et uniquement lui. Il n'y a rien qui devrait être plus important aujourd'hui que ce bébé, et c'est ce que j'essaye de me dire, d'oublier la colère, d'oublier la frustration, d'oublier ce qu'il vient de se passer pour me concentrer sur lui. Je sens que Caleb est revenu, il soulève la couette et je sens le froid mais je ne dis rien, je ne fais rien, je ne lui demande rien, je ne veux pas le mettre mal à l'aise avec une autre demande qu'il devrait refuser ou dire une phrase qui pourrait le blesser. Je le sens s'approcher de moi, se coller à moi, ses bras s'enroulent autour de moi et je ferme les yeux quand je sens ses lèvres se poser dans mon cou. Ma main vient jouer avec la sienne et je joue avec son alliance. «
T’es encore énervée ? » Je secoue la tête et comme réponse je rapproche mon corps contre le sien. «
Non je suis juste un peu perdue. » Perdue, déçue de moi même, frustrée et je m'en veux toujours autant d'avoir gâchée notre moment que de ma réaction ensuite. Mais je ne veux pas qu'il ait à subir tout ça encore une fois. «
Mais ça va aller tant que tu restes là contre moi. » Et c'est vrai en plus, je me détends un peu depuis qu'il est à mes côtés, depuis que ses bras me serrent. «
Tu veux dormir ? » Est-ce que je veux dormir ? Non absolument pas, mais est-ce qu'il y a quelque chose d'autres à faire après le fiasco de cette soirée ? Je ne pense pas. «
C'est pas comment ça que je voulais que cette journée se termine mais oui je pense que dormir c'est le mieux à faire. » Une pointe de frustration que je n'arrive pas à retenir, mais tant pis, je pense qu'il ne m'en tiendra pas rigueur parce que pour lui aussi la soirée se termine très mal. «
Et toi ça va ? Te blâme pas pour ce soir, je te connais chéri, mais s'il te plaît ne doute pas, parce que je t'assure que tu n'y ai pour rien. » Je le connais, je sais qu'il va douter, je sais qu'il va se blâmer mais je veux qu'il sache que je ne lui en veux pas, et que je ne lui en tiens pas rigueur parce que je me suis énervée et je ne suis même pas sure de lui avoir dis tout ça. «
Je suis désolée pour ce soir, j'aurais pas du m'énerver. » Je prends sa main et je viens la glisser sous le pull et le teeshirt que je porte pour la poser sur mon ventre, au moins je termine cette soirée dans ses bras, et c'est déjà bien parce que c'était mal parti pour ça aussi. Je frissonne encore, ses mains sont chaudes mais j'ai toujours aussi froid finalement. «
Je crois que je vais être malade. » Et si normalement cette pensée devrait être négative, elle ne l'est pas tant que ça ce soir puisque je me raccroche à l'idée que ça puisse être un semblant d'explication, la seule explication qui me semble valable pour expliquer pourquoi ce soir, je suis restée impassible devant les caresses de mon mari. Je bouge un peu, je tourne la tête vers lui juste pour lui voler un baiser et je pose ma tête sur son épaule, contre lui totalement, je ferme les yeux et j'essaye de me détendre et de garder en tête les éléments positifs de cette journée et ils sont nombreux. Je pose une main sur mon ventre à côté de celle de mon mari. «
Je t'aime tellement, et je l'aime déjà. » C'est sans doute trop tôt pour dire ce genre de chose et c'est sans doute étonnant surtout venant de moi mais je le pense, c'est à ce bébé que je veux penser désormais ce soir, et concentrer mes pensées sur le positif pour éviter de retomber dans des pensées négatives qui me font douter parce que finalement, j'espère que dans quelques jours, la seule chose qui restera de cette journée c'est ce test positif, c'est ce bébé qui va venir agrandir notre famille parce que c'est quelque chose qui nous rends heureux tout les deux et c'est avec cette pensée que je veux finir cette journée.
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