Il observe les deux bouteilles avec un peu trop d'attention. Peu importe le choix, ça restait un bon choix. L'alcool locale était plutôt pas mal, même si personnellement, tu avais une préférence pour le vin. Le second restait quand même excellent. « Ok, on prend les deux. » Voilà qui réglait le problème. Ça lui donnera l'occasion de goûter au deux, même si, des occasions, il y en aurait forcément d'autres dans les journées qui viendront. Il reste combien de temps d'ailleurs ? C'est une question que tu n'as pas encore éclairci pour l'instant. Tu espères avoir encore quelques jours avec lui. C'est la sonnerie de ton téléphone qui vient interrompre le moment. Juste à voir le nom qui s'affiche, tu l'ignore immédiatement. Tu n'as pas envie de te faire chier avec lui ce soir. Tu vas plutôt à la recherche de deux verres pour aller avec les bouteilles. « Rebecca, tu lui manques déjà ? » « Non. Hm, ce serait sûrement mieux elle que lui. Mais non, ce n'est pas elle dans son état bien trop alcoolisée et ses invitations ignobles. Ah! Voila. Tu prends les deux verres dans tes mains en te retournant vers Dinis dont la curiosité a pris le dessus. Et de regarder l'écran de ton téléphone vient sûrement de gâcher sa soirée. « Il est quelle heure à Brisbane ? » Tu hausses les épaules. Allez un petit calcul mental. Si ici, il est dix heures, là-bas il est quatre heures du matin. Ouais, c'est sûrement inquiétant de recevoir un appel d'un médecin à une heure pareille. Sauf qu'il est pas urgentologue et il sauve la vie de personne...et il ne t'appelerait jamais via son téléphone personnel si quelqu'un était en danger de mort. Alors, non, t'es pas inquiète. « Quatre heures. Il doit être défoncé. » L'explication la plus logique. Qu'est-ce qu'il ferait debout aussi tôt (ou tard?) sinon hm ? « Il veut quoi ? » Je sais pas j'ai pas envie de savoir non plus. C'est ce que t'as envie de répondre, mais à voir la tête qu'il tire, ce n'est clairement pas la réponse qu'il va accepter Dinis. Et ton téléphone qui se remet à sonner est le signe que tu devras finalement prendre ce foutu appel qui sera sans doute une perte de temps. « Okay… j'vais le prendre. » que tu lui annonces en posant finalement les deux verres sur le comptoir pour prendre ton téléphone.

Tu lèves les yeux au ciel dès les premières paroles de ce cher docteur. Arrogant et prétentieux pour faire changement, et sûrement défoncer comme prévu. « Va directement au but. » Tu viens déjà de perdre trente secondes de ta soirée qu'il ne t'en fasse pas perdre davantage. Il débute son histoire, mais ne va pas directement au but. Tu ne réponds que par des onomatopées pour l'encourager à poursuivre. C'est long, c'est long, trop long. T'es sur le point de lui dire qu'il t'emmerdes et que tu vas raccrocher lorsqu'il lâche enfin le morceau. Tes sourcils se froncent automatiquement. Ton visage devient rapidement plus sérieux. « Tu te fous de ma gueule ??? » Est-ce qu'il vient vraiment de dire ça ? Il vient vraiment d'avouer qu'il a menti sur le résultat du test de paternité pour empocher l'argent ? Encore heureux que ce qu'il sniffe lui donne envie de confesser ses péchés. Il continue de déblatérer ses conneries et après une insulte de plus, tu finis par simplement lui raccrocher la ligne au nez. « Viens. » que tu annonces contrarié à Dinis en reprenant les deux verres que tu venais de déposer sur le comptoir pour te diriger vers l'arrière du yatch, là où il y a pratiquement personne. Un peu d'intimité, c'est sûrement ce dont vous avez besoin pour la conversation à venir. Tu te retournes vers Dinis en tenant les deux verres dans tes mains pour qu'il les remplisse. « Tu vas en avoir besoin. » De quoi le rassurer. La vérité c'est qu'il sera sûrement soulager d'apprendre que, finalement, il est toujours le père de personne.

Justement parce qu’il est quatre heure à Brisbane et qu’il est sans doute défoncé que ça me plait encore moins de voir que cet enfoiré de médecin appelle Elise. C’est une heure pour appeler ses clients ? Je suis pas bien certain. Surtout, c’est qu’il insiste. L’écran du téléphone ne cesse de s’allumer, normal que je finisse par y jeter un coup d’œil. Et je pense que le message est suffisamment clair puisqu’elle fini par décrocher et prendre la conversation. J’essai de décripter ce qu’il pourrait lui dire en lisant sur son visage, en tendant une oreille, mais la musique derrière est trop forte pour pouvoir déceler un seul son. C’est long en tout cas, beaucoup trop long. Je souffle et regarde à droite et à gauche, cherchant une distraction autre, mais y a rien à faire. « Tu te fous de ma gueule ??? » mon attention se porte brutalement sur Elise à nouveau. Il se passe quoi bordel ? C’est les sourcils froncés que je ne la quitte plus des yeux, jusqu’à ce qu’elle raccroche. Enfin. « Viens. » « quoi ? » ca fait déjà trop longtemps que j’attends pour avoir du suspens supplémentaire. Elise a l’air contrariée par cet appel, agacée, énervée, j’en sais trop rien. Il se passe quoi entre eux pour qu’il se permette de lui téléphoner à une heure pareille ?
Elle prend les deux verres, je prends les deux bouteilles et n’ai pas d’autres choix que de la suivre sur le pont du Yacht. C’est pas là que j’avais envie d’aller pour terminer la soirée. J’imaginais vraiment d’aller ailleurs, loin de ce bateau qui pu les propositions étranges. « Tu vas en avoir besoin. » je baisse les yeux vers les deux verres qu’elle tend vers moi. « Tu vas finir par me dire ce qu’il se passe ? » j’ai aucune foutue idée de ce qui m’attend mais je m’exécute quand même en versant une première boisson… ce qui ressemble au fameux vin local.
« Vous êtes laaaaaa » putain, Rebecca ! Ce sont ses mains que je sens se poser sur mes épaules. Elle entame ce qui semble être un massage des omoplates mais s’y prend très mal. C’est aussi qu’elle tombe très mal. « A trois, si elle me lâche pas, je saute par-dessus bord. » que je dis en ne m’adressant qu’à Elise, pas d’humeur à jouer les sociables maintenant. « tu peux sauter, l’eau est plutôt bonne par ici. On peut même faire un bain de minuit si tu veux. » qu’elle me glisse près de l’oreille tout en se collant contre mon dos. Je fais un pas en avant. « C’est pas l’moment. » bordel, elle est complètement dérangée celle là.

« Tu vas finir par me dire ce qu’il se passe ? » Dinis s'impatiente - et avec raison ton attitude est peu rassurante. Devant les deux verres vides que tu tends vers lui, il obéit quand même à les remplissant du vin maison, le meilleur choix sans aucun doute. Tu glisses un verre entre ses mains. Alors que tu t'apprêtes à lui répondre, c'est une voix bien plus stridente qui se fait entendre. Tu grimaces sous la douleur que le retour de Rebecca occasionne à tes oreilles. « Vous êtes laaaaaa » Elle arrive comme une sangsue derrière Dinis en lui faisant un massage d'épaule qui ne semble pas très relaxant à voir le visage de ton mari. « A trois, si elle me lâche pas, je saute par-dessus bord. » Encore étonnant qu'il n'est pas sauter par-dessus bord bien avant ça. Et merde, le mieux, c'est vraiment de trouver le moyen de s'éclipser d'ici discrètement. De la tranquillité, voilà ce dont vous avez besoin pour l'instant. Mais non, y'a Rebecca qui fait clairement du rentre dedans à ton mari. Elle a déjà oublié le sien ? « tu peux sauter, l’eau est plutôt bonne par ici. On peut même faire un bain de minuit si tu veux. » C'est pas faux que l'eau est bonne par ici, mais vous pouvez clairement vous passer de la partie bain de minuit avec elle. « C’est pas l’moment. » Il fait un pas devant pour se dégager d'elle. Franchement, un peu plus et elle lui léchait l'oreille. Ah, elle vient de le faire. L'alcool la rend vraiment désagréable celle-là. Tu comprends toujours pas ce que James peut bien faire avec une femme qui ne sait pas du tout se comporter en public. Elle ne colle pas avec votre monde. Dinis non plus. « En fait, on allait partir. » « Déjààà? » Oui, déjà. Tu l'attrape par les épaules pour la guider un peu plus loin, dans le genre loin de Dinis à qui tu fais signe de partir d'un signe de tête.

Dix minutes, voilà ce que ça te prend pour ramener sa femme à James, expliquer bêtement que Dinis est fatigué, le décalage horaire tout ça. James réussis tout de même a gérer sa femme qui insiste au moins dix milles fois pour que vous restiez. Pire, elle propose d'aller vous raccompagner - c'est votre chambre qu'elle vise t'es pas si conne. Aucune chance qu'elle mette les pieds là-bas dans cet état là après avoir dragué ouvertement Dinis. Tu le retrouves justement sur le quai, prêt à partir. Ta main se glisse facilement dans la sienne lorsque tu arrives à côté de lui. « Désolé. » Qu'il n'aille pas croire que tes voyages sont toujours comme ça. De toute façon, Rebecca et James quittent les Seychelles dans deux jours. Vous serez bientôt tranquille, surtout que demain ils vont à leur truc nudiste et le lendemain ils quittent. Bref, tu tires sur son bras pour qu'ils te suivent jusque sur la plage à côté qui est complètement déserte à cette heure. On peut encore entendre la musique au loin, mais c'est bien plus tranquille. Et t'es mieux d'aller droit au but parce que Dinis en a marre d'attendre pour savoir ce qui c'est dit dans cet appel. « C'est pas ton fils. Il a menti. » Et Alyssa aussi, mais bon, c'est pas comme si elle avait vraiment l'air fiable. Tu dois quand même avouer que ça te surprend. La ressemblance entre Luke et Dinis semblait si frappante. « Tu dois être soulagée. » Ça sonnerait presque comme un reproche même si y'a pas de raison. « Tu veux rentrer ou rester ici ? » que tu lui demandes par la suite. Peut-être qu'il est terrorisé que Rebecca retrouve leur trace jusqu'ici. Le truc c'est qu'elle sait aussi où vous dormez. Enfin, elle devrait vous laisser tranquille pour ce soir.

Pour tout vous dire, j’adore sentir les lèvres d’une femme contre mon oreille, sentir le souffle chaud s’y loger et l’humidité de la langue contre celle-ci, par contre, quand c’est une femme aussi dérangée que Rebecca qui se met à me lécher le lobe, c’est beaucoup moins plaisant. Les folles qui savent pas se tenir, en réalité, je trouve ça beaucoup trop flippant et c’est surement parce que j’en ai croisé bien trop quand j’étais plus jeune. Quand je savais pas faire de tri et qu’il y avait pas de filtre dans mes sélections. C’est comme ça que je me retrouve avec une Alyssa sur le dos aujourd’hui et avec un gosse sur la conscience. Avec le temps, j’avais appris à être plus exigent, à apprécier le raffinement et l’élégance, les femmes de caractères, plutôt discrète et qui réservent leur grain de folie à l’intimité et les moments privés. Elise manquerait sans doute encore d’un peu de cette folie, elle devrait lâcher prise plus souvent, être moins sur ses gardes, surtout quand on est tous les deux. Elle est parfaite autrement, cette discrétion qui me plait, cette élégance qui me charme mais serait-elle capable de lever le masque un jour ? Je suis sûre qu’elle aussi avait envie de hurler et de faire sortir toute cette frustration qu’elle accumule forcément à force de toujours vouloir garder la tête haute. Rebecca était dans l’extrême et cet extrême-là ne m’attirait pas.

Alors qu’Elise s’occupe de son amie, je me dérobe en gardant avec moi les bouteilles et les deux verres. On en aurait besoin visiblement et j’avais hâte qu’elle me rejoigne sur le quai à présent. Le temps était à nouveau trop long et cette absence de réponse devenait insupportable. Qu’est-ce qu’elle foutait ? Je commençais même à tremper mes lèvres dans ce vin local pour le goûter avant qu’elle ne me rejoigne enfin. « Désolée. » je secoue la tête, elle a surement bien trouvé les bonnes excuses pour qu’on puisse se débarrasser de Rebecca. « C'est pas ton fils. Il a menti. » je fronce les sourcils, ayant bien entendu ce qu’elle venait de me dire, mais j’étais pas certain d’avoir très bien compris. « Tu dois être soulagé. » soulagé de quoi ? « Tu veux rentrer ou rester ici ? » pour l’instant, personne ne fait un pas, ni pour rentrer, ni pour aller ailleurs. « Attends, ca veut dire quoi ? » qu’elle soit claire. « C’est pas mon fils ? et les résultats ? » c’est ça, qu’il voulait dire à 4 heures du matin ? C’est ce genre de chose auxquelles il pense quand il est défoncé, le médecin ? « Qu’est-ce qu’il voulait ? pourquoi il a fait ça ? » encore un à qui il fallait rendre visite une fois rentré ? Si j’avais déjà envie de lui en coller une quand il était en face de nous à la clinique, là, j’étais à deux doigts de passer à l’acte, une chance qu’il soit pas devant nous. Tout ce merdier, tout ce temps à me conditionner à avoir un gosse, à m’y être fait à l’idée, pour que maintenant, tout ça soit du vent ? « J’en sais rien, si j’suis soulagé. »

« Attends, ca veut dire quoi ? » Ça veut dire exactement ce que tu viens de dire; Luke n'est pas son fils biologique. Son père est donc vraiment son père. Enfin, à moins qu'elle se soit tapé quelqu'un d'autre à l'époque. Qu'est-ce que t'en sais ? Mais bon, laissons lui deux minutes pour que l'information fasse correctement son chemin jusqu'à son cerveau. « C’est pas mon fils ? et les résultats ? » Non, toujours pas son fils. À moins que ce soit un mensonge de plus ? Non, non, ça n'aurait aucun sens que le médecin ment là dessus aussi. « T'as vu un résultat positif ? Moi j'en ai vu aucun. » Tout ce qu'il a montré, c'était le supposé faux résultat qui figurait à son dossier. Une preuve qu'il serait impossible de retracer la preuve qui liait Dinis et le fils de Alyssa. À aucun moment il n'a montré le résultat qui se devait être positif. Si c'était pour vous mentir en pleine gueule, il aurait pu se contenter d'un appel au lieu de vous faire déplacer. « Qu’est-ce qu’il voulait ? pourquoi il a fait ça ? » Vraiment ? Il n'est pas capable de faire le raisonnement dans sa tête ? Sûrement qu'il est trop secoué pour vraiment y réfléchir convenablement. « Parce que si t'es pas le père, on va pas payer pour faire croire que tu l'es pas. » Autrement dit, il a fait ça pour empocher de l'argent qu'il ne méritait pas. Et il y a très peu de chance que tu revois un jour la couleur de cet argent, mais bon, ça fait partie des risques quand tu fais affaires avec un arnaqueur. Tu croyais quand même pouvoir lui faire conscience… c'est peut-être pour ça qu'il a fini par dire la vérité.

« J’en sais rien, si j’suis soulagé. » Okay, là, tu t'attendais vraiment pas à ça comme réponse. Il avait l'air tellement terrorisé à l'idée d'être possiblement père. Il ne voulait pas d'enfant. Ni maintenant, ni jamais. C'est le moment de lui rappeler qu'il est passé proche de tomber dans les vapes quand le préservatif a percé ?  « T'en sais rien ? » que tu répètes après lui. Il peut pas vraiment être en train de te dire ça. Putain il peut pas revenir sur ce choix de vie. N'importe lequel, mais pas celui-là. « Tu m'fais quoi là ? Finalement, tu veux des gosses ? » Il a dû passer trop de temps avec Rita à se faire laver le cerveau avec son désir d'avoir des petits-enfants. C'est pas prêt d'arriver. Pas avec toi du moins. Il a misé sur le mauvais cheval. « On en aura jamais. » que tu précises au cas où il n'avait pas encore compris avec ta crise de la dernière fois. Donc, s'il a changé d'avis sur le sujet, il est mieux de le dire là, maintenant, tout de suite.

« T'as vu un résultat positif ? Moi j'en ai vu aucun. » Bien sûre que j’avais vu aucun résultat positif. J’avais cru ce médecin sur parole, parce qu’il était médecin justement. Mais à quel moment on pouvait être aussi con ? Ce mec puait l’arnaque, ce mec transpirait la honte pour son taf, comment j’avais pu penser qu’il aurait pu être honnête envers nous ? A quel moment ? Je secouait la tête, c’était sans doute mieux ainsi, hein ? J’avais parlé de ce môme à deux ou trois personnes jusqu’à présent, c’était deux ou trois personnes de trop maintenant, j’allais passer pour un con à dire que finalement, surprise, c’était des conneries. « Parce que si t'es pas le père, on va pas payer pour faire croire que tu l'es pas. » deux idiots, c’est tout c’qu’on est. Deux pigeons. J’imagine qu’il y a pas moyen de récupérer le fric. J’pourrais faire la promesse, maintenant, que j’irai le retrouver et lui casser la gueule mais on sait tous ici que j’suis sans doute trop lâche pour donner le coup en premier. J’ai pas envie d’me faire du mal. Quant à l’effet que ça me fait vraiment ? A part être énervé contre ce médecin de merde ? J’en sais rien. « T'en sais rien ? » non, j’en sais rien. Mes yeux se plantent dans ceux d’Elise en me demandant ce qu’elle attend de plus comme réponse. J’en sais rien, ça veut pas dire que j’suis content, ça veut pas non plus dire que j’suis triste de cette nouvelle. « Tu m'fais quoi là ? Finalement, tu veux des gosses ? » oh wow. Je fais presque un pas en arrière quand elle sort l’artillerie lourde. A quel moment, j’ai dis ça ? « On en aura jamais. » c’est moi ou elle a un vrai problème dès que le sujet de gosse est abordé ? Parce qu’entre elle et moi, c’est toujours elle qui va dans cette direction et qui fini toujours par se prendre la tête. « J’ai pas dis ça. » que je souffle, sachant pas réellement sur quel ton j’étais censé dire cette phrase. « J’ai juste dis que j’en savais rien. » et que ça n’avait pas à être interpréter comme elle l’entend. « J’avais tout juste avalé que j’avais un fils, ca avait l’air vrai. Et un coup d’fil à l’autre bout de Brisbane, et y a plus rien. Surement que c’est une bonne nouvelle, juste, c’est pas rien. » je regarde ces bouteilles qu’on avait pris dans la Yacht et je suis certain que là, c’était le parfait moment pour vraiment les gouter. « Bon, on reprend où on en était ? » avant qu’il appelle, avant qu’il sape l’ambiance ? De toutes façons, on allait rien y faire de plus. Mais avant, je dépose les bouteilles un cours instant à nos pieds avant de m’approcher à nouveau d’Elise pour glisser mes mains sur ses hanches. « J’ai l’impression qu’il y a un truc que tu m’dis pas. » et ça sonne pas comme un reproche, parce que j’ai l’impression que ça a l’air difficile à aborder, de toutes façons. C’est juste l’histoire de lui dire que là, c’est okay. « j’m’en fou… » ca veut juste dire que c’est ok. « maintenant, on va vider ces bouteilles, éviter de s’approcher trop près de l’eau pour pas finir comme deux idiots qui se noient parce qu’ils ont trop bu. Mais en même temps l’idée d’un bain de minuit avec toi est trop tentante. » je l’entends déjà me dire que c’était que dans mes rêves que ça arriverait, ce serait sans doute plus raisonnable. Mes lèvres en attendant s’empressaient de rejoindre les siennes qui se voulaient être réconfortantes et après quelques longues secondes de baiser, je reculais doucement, un sourire étirant mes lèvres, je proposai « alors, le vin ? »

« J’ai pas dis ça. J’ai juste dis que j’en savais rien. » Et ça veut dire quoi si c'est pas ça que ça veut dire ? Comment il ne peut pas être soulagé de ne pas être le père de ce fils qu'il n'a jamais voulu ? De ne pas être responsable du chaos qu'à mis Alyssa dans sa propre famille ? « J’avais tout juste avalé que j’avais un fils, ca avait l’air vrai. Et un coup d’fil à l’autre bout de Brisbane, et y a plus rien. Surement que c’est une bonne nouvelle, juste, c’est pas rien. » Oui, bon, c'est sûr qu'en ce moment il passe d'un extrême à l'autre dans ses émotions et que ce n'est sûrement pas si facile à vivre - t'es pas vraiment un bon exemple de la gestion des émotions hen. Tu devrais comprendre, mais tu comprends quand même pas. « Bon, on reprend où on en était ? » Et il met fin à une discussion qui n'a même pas eu le temps de vraiment commencer. Probablement qu'il veut se sauver d'une possible dispute qui menaçait d'éclater pour aucune raison valable, et il a de la chance, tu n'as pas non envie de te battre. Tu acquiesces d'un signe de tête alors qu'il pose les bouteilles au sol pour venir glisser ses mains tes hanches. Tes mains viennent automatiquement se glisser contre ses épaules. « J’ai l’impression qu’il y a un truc que tu m’dis pas. » À peine, oui. Tes mains se crispent un peu contre lui alors que ton regard se perd vers le sol. C'est pas vraiment l'endroit pour avoir cette conversation. Ce ne sera jamais l'endroit ou le moment à t'entendre parler. « j’m’en fou… » Quoi il s'en fou ? T'en ferait probablement une obsession si c'était lui qui te cachait quelque chose. C'est le cas ? « Tu peux pas t'en foutre sans savoir ce que c'est. » Sans savoir si c'est grave ou non. Sans savoir si c'est quelque chose qui pourrait changer votre relation ou même carrément ses sentiments pour toi. Il ne peut pas juste s'en foutre, mais il s'en fout sûrement que cette discussion n'ait pas lieu maintenant. C'est sûrement ce qu'il veut dire oui.

« maintenant, on va vider ces bouteilles, éviter de s’approcher trop près de l’eau pour pas finir comme deux idiots qui se noient parce qu’ils ont trop bu. Mais en même temps l’idée d’un bain de minuit avec toi est trop tentante. » Le commentaire réussit tout de même à te faire sourire même si on sait tous que tu te mettras jamais à poil dans un endroit bien trop public pour aller sauter à la mer. Et puis, il y a aucune chance pour qu'un coup trempé tu réussisse à renfiler ta robe. Vraiment une très mauvaise idée, mais le commentaire reste toujours agréable à entendre. Aussi agréable que le contact chaleureux et réconfortant de ses lèvres qui retrouvent les tiennes. T'as presque envie de t'excuser d'être aussi chiante. « alors, le vin ? » Ton front se pose doucement contre le sien alors que tes bras resserrent l'étreinte autour de son cou. « J'ai envie de retourner à l'hôtel. Tu te souviens de la piscine sur la balcon ? » Une piscine privé sur le balcon avec vue sur la mer, rien que ça! Pour combler ses désirs de bain de minuit en toute intimité. Tu sais pas trop s'il a eu le temps de refaire le tour de l'immense chambre avant que t'arrives. C'est pas pareil que par visio. Tu ne sais même pas combien de temps il a attendu avant que t'arrives.

« Tu peux pas t'en foutre sans savoir ce que c'est. » je crois qu’elle pourrait m’dire qu’elle a tué homme ou femme que ce serait pareil. J’m’en fou et j’m’en foutrai surement encore. Peut être que c’est elle qui se poserait plus de question à pas comprendre que j’aurai pas envie de m’enfuir après ça. Parce que la vérité c’est que peut être bien que l’amour fini par rendre aveugle et qu’en ce moment, j’ai aucune visibilité sur l’avenir. Ca veut dire c’que ça veut dire, que personne me fasse répéter un mot de plus, c’est déjà bien assez. « c’est déjà trop tard, de toutes façons. » trop tard pour quoi ? changeons de sujet.
L’alcool, la soirée sur la plage, rester ensemble et surtout loin des autres, c’est ça, le deal à la base, c’est pour ça, l’échapée du Yacht. J’aurai tout le temps de réfléchir à tout ce qui venait d’arriver plus tard, parce que c’est les vacances et que du temps, il y en aura. Et puis, peut être que justement, tout ce temps sera propice à ce qu’elle lâche enfin ce qu’elle a à dire. Ce qui la fait tellement flipper qu’elle a peur que j’me barre pour de bon après ça. Si elle pense que j’puisse penser d’elle qu’elle est folle, elle sait surement déjà que c’est déjà le cas. Alors le plans, boire les bouteilles, ne pas trop s’approcher de l’océan sauf à une seule condition, un bain de minuit. Ca a au moins le mérite de la faire sourire. Est-ce qu’elle serait partante ? « J'ai envie de retourner à l'hôtel. Tu te souviens de la piscine sur la balcon ? » ce sont mes lèvres qui s’étirent cette fois alors que ma langue vient glisser sur ma lèvre supérieur. « j’peux pas oublier ça. » bon, on est à combien de temps-là, de l’hotel ? « Y a un taxi pour repartir ? » y a surement un taxi oui, faut bien quelqu’un pour nous ramener quand on a plus les idées claires pour savoir comment on s’appelle. Heureusement, on sait encore tous les deux parfaitement comment on s’appelle et qu’on aura le temps pour oublier tout ça, dans la piscine sur le balcon.
Le taxi arrive en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, ce sera surement mieux, à l’hôtel, et au moins, quand la fatigue aura vraiment repris le dessus, j’aurai plus qu’à enfin m’écrouler. Mais c’est pas tout de suite. Arrivé dans la chambre, y a pas trois secondes qui se passent après que la porte soit fermé pour que j’retire aussitôt la veste qui commençait à me serrer. Je glisse vers Elise, la bloquant contre le mur du corridor, alors que mon torse se bloque contre sa poitrine. « c’est maintenant que je négocie le bain de minuit, ou y a même pas besoin ? » j’suis sûre qu’avec ce baiser-là, elle me guiderait elle-même tout droit vers la piscine. Elle m’a manqué, Elise et c’est bon d’être avec elle, là, j’ai juste envie de lui faire comprendre.

« c’est déjà trop tard, de toutes façons. » Trop tard pour quoi ? Tout son nom verbal dit qu'il ne veut pas s'aventurer dans une explication plus élaborée. T'as juste envie d'ajouter que c'est jamais trop tard sans être à cent pourcent certaine de ce qu'il avance. Il veut changer de sujet ? Très bien. Changeons de sujet, de toute façon, cette conversation ne peut que mal se terminer, encore. Gardons la guerre pour plus tard. Le plus loin possible même. La suite se fait beaucoup plus en douceur. Autant par ses mots que par ses gestes et ses baisers. « j’peux pas oublier ça. » Ton sourire s'étire en même temps que le sien semble vouloir se fendre jusqu'à ses oreilles. L'offre est alléchante. Tant mieux, tu as envie d'un peu de tranquillité avec ton homme. L'envie semble être partagée après la soirée un peu loufoque que vous venez de vivre. « Y a un taxi pour repartir ? » Et il est déjà pressé de rentrer en plus. Tu hoches la tête sachant déjà que les chauffeurs sont payés à juste attendre que la soirée se termine pour raccompagner les ivrognes jusqu'à l'hôtel. C'est ta main dans la sienne que vous retournez au taxi qui vous ramène (pas assez) rapidement jusqu'à l'hôtel.

Tu glisses la carte contre la poignée de la chambre. Tu entres la première suivie très rapidement par Dinis qui retire immédiatement son veston. Tu n'as même pas le temps de faire trois pas dans le couloir que Dinis te bloque le chemin, te faisant rapidement prisonnière entre le mur et lui. Tu glousses sous le contact de son corps contre le tien, sous le regard désireux qu'il pose sur toi. Ils se comptent sur les doigts d'une main les moments où tu t'es sentie vraiment heureuse au courant de la dernière année. Dinis fait partie de la majorité d'entre eux. Ce soir n'y fait pas exception. « c’est maintenant que je négocie le bain de minuit, ou y a même pas besoin ? » « C'est tentant d'entendre tes arguments. » Non. Il n'y a même pas besoin. C'est sûrement évident dès l'instant où il plaque ses lèvres contre les tiennes, où tes doigts s'égarent le long de sa chemise pour y défaire chacun des boutons. À vouloir aller trop rapidement, tu dois mettre le double du temps. Mais sa chemise finit par retrouver son veston au sol. Tout comme le reste de ses vêtements rapidement suivi des tiens qui se perdent entre deux baisers.

L'eau de la piscine est chaude, mais elle contraste tout de même avec la chaleur de vos corps. Un coup complètement immergé, l'eau est bonne. Les coupes de vin sont à portée de main et la tranquillité est au rendez-vous. Tes bras viennent rapidement s'entourer autour de Dinis. Ne pas être collé à lui dans cette piscine n'est clairement pas une option et il ne semble pas s'en plaindre. Tes lèvres redécouvrent sa nuque, remontent jusqu'à son oreille. Oh, il y a des millions de choses que tu as envie de lui chuchoter à l'oreille. Que tu l'aimes, que t'es bien son au top de la liste. Pourtant, c'est autre chose qui finit par s'y glisser. « Tu m'aimes ? » Tu éloignes légèrement ton visage pour laisser ton regard se balader sur les traits de son visage jusqu'à se poser sur ses yeux. Tu connais déjà la réponse à cette question. Tu as juste envie (besoin?) d'une confirmation. C'est pas obligé d'être grand chose. Pas besoin de dire les trois mots terrifiants. Même pas besoin de dire oui. Juste un minuscule hochement de tête peut suffire. Même si son regard à plus d'une fois parler pour lui, t'as besoin d'un peu plus. Alors ?

« C'est tentant d'entendre tes arguments. » j’ai rien besoin de dire, parce que tout le reste parle pour moi. Mon regard, mes gestes, mon attitude toute entière. Les vêtements tombent au sol un à un et le voilà le bain de minuit tant attendu. Sans personne d’autre. A l’abris des regards indiscrets et des folles qui peuvent surgir de n’importe où, n’importe comment.
L’eau est bonne, c’est d’un calme impressionnant dehors, et finalement, c’est vrai que ce vin local est plutôt bon. Il se laisse boire facilement, trop facilement sans doute. Le sentiment de liberté d’un corps nu dans l’eau, dans l’élément primaire, sans doute le meilleur pour se sentir au mieux. Elise est contre moi, ne fait qu’augmenter un peu plus la température par ici. Après avoir gloussés pendant de longues minutes sans trop de raisons particulières – l’alcool – voilà que le silence est de mise. Ma nuque est posée contre le bord de la piscine alors que j’enlace son corps contre le mien. « Tu m'aimes ? » ma tête se redresse, les signaux d’alarmes sont tous en alerte et c’est les gyrophares qui s’allument dans ma tête. Warning. Loin de m’attendre à une telle question, c’est mon cœur qui s’emballe à son tour, tambourinant dans ma poitrine, pris au dépourvu, mes yeux se posent sur elle, pas fuyant cette fois. Pour une fois, j’ai pas envie de changer de sujet, j’ai pas envie de regarder ailleurs et faire comme si j’avais pas entendu. Pour une fois, je vais pas boire une gorgée pour tenter de gagner du temps. Mes mains glissent sur les flancs de ses hanches, sur sa taille, remontent doucement sur ses côtes et effleurent sa poitrine. J’ai la gorge noué à l’idée de me dire que ce serait bien possible. Possible de l’aimer, Madame Irish. Pourtant, toujours silencieux, sans doute pas la réponse qu’elle souhaiterait. Elle s’attend à quoi exactement ? Quelles sont ses espérances. « Je crois. » je crois, c’est pas non, c’est pas oui, c’est juste que c’est des sentiments et des sensations nouvelles et que ça ressemble bien à tout ce qu’on m’a toujours décris. Ces sa main que je saisi pour venir la poser sur mon torse, elle peut pas passer à côté de ça, à côté des battements qui sont cloisonnés et qui ne s’arrêtent plus de taper. « Oui. » finalement, y a plus tellement de place au doute.

Et on peut dire qu'il ne s'attendait absolument pas à ça comme question. T'aurais peut-être pas dû. Tu aurais sûrement dû attendre qu'il avance à son rythme. Il se serait lancé quand il serait prêt. C'est sûrement pas bien de le bousculer ainsi. Pourtant, il ne semble pas terrorisé. Il semble ne pas avoir envie de prendre ses jambes à son cou, d'aller vider trois paquets de cigarettes un peu plus loin comme la première fois. C'est sûrement bon signe ça, non ? Il est surpris, oui, mais il ne va pas s'enfuir cette fois. Peut-être que l'alcool y est un peu pour quelque chose. L'alcool, ça délie les langues, même les plus farouches. « Je crois. » C'est pas un oui, c'est pas un non. C'est pas qu'un hochement maladroit qui ne veut rien dire. Ça veut dire qu'il ressent des choses qu'il n'est pas tout à fait certain de comprendre. Est-ce de l'amour ou autre chose ? Il ne le sait pas encore, mais ça y ressemble drôlement. Ça va, c'est suffisant. Tu l'as déjà assez bousculer pour ce soir. Tu viens redéposer un doux baiser contre ses lèvres alors que ses mains glissent contre ton corps. Le contacte te fait frissonner même s'il fait terriblement chaud. De sa main, il prend la tienne pour venir la poser contre son torse, en plein centre, mais légèrement à gauche. « Oui. » Le sourire se glisse automatiquement sur tes lèvres. Peut-être même un peu trop rapidement. Ton front s'ancre au sien alors que ta main remonte doucement le long de sa nuque jusqu'à s'agripper à la naissance de ses cheveux. « Moi aussi. » que tu souffles contre sa peau au cas où il l'aurait oublié entre deux disputes et un câlin. « J'veux vivre avec toi. » que tu ajoutes après avoir laissé un nouveau baiser contre son épaule. C'est sûrement la pire idée du monde d'emménager ensemble. C'est quand même ce que tu veux. De toute façon, est-ce que ça peut vraiment être pire ? Non, sûrement pas. « J'vais pas te mettre à la porte quand je serais fâché. » que tu ajoutes avec un sourire en coin. Vaut mieux en rire non ? Tu as bien dit quand et pas si. C'est évident que des disputes, il y en aura d'autres. C'est tout de même une promesse. Tu ne le mettras pas à la porte. Enfin, si c'est rien de grave et que ce n'est que le crêpage de chignon habituelle. C'est-à-dire, toi qui fait des montagnes avec rien du tout. « Tu veux ? » que tu demandes en sachant déjà que tu allais accepter son choix, mais qu'un refus serait tout de même une grande déception. Il serait prêt Dinis à te supporter 24/7 - ou presque ? De toute manière, vous êtes toujours rendu chez l'un et l'autre - sauf quand vous vous faites la gueule. Tes affaires s'éparpillent de plus en plus chez lui. Aussi bien d'arrêter de toujours être dans les bagages et se poser officiellement, non ? Ça vous forcera juste a faire la gueule moins longtemps. Ce qui ne peut être qu'une bonne chose, non ? Non sûrement pas.

« Moi aussi. » je crois que ça, je le savais, depuis un moment déjà. Depuis qu’elle me l’avait déjà dis, à deux reprises et que ça avait l’air d’être trop tôt pour moi. Pas foutu de savoir lui dire quelques choses en retour, le mieux c’était de l’ignorer et de faire comme si de rien n’était, c’est bien d’esquiper une fois, deux fois ça commence à être flagrant. Maintenant, c’est okay de l’entendre, c’est okay de l’admettre, c’est pas forcément okay de le dire parce que c’est des mots que j’ai même jamais dis à ma mère, alors à une femme ? Franchement ? Mais au moins, je sais qu’avec cette réponse, ca suffit à lui faire plaisir et à lui prouver que j’suis pas avec elle par hasard. Même si, j’ai l’impression d’être plus souvent énervé ou contrarié à cause d’elle, mais dès que les moments sont bons, tous les mauvais côtés sont loin derrière. Elle m’a fait déplacé à des milliers de kilomètres, du jour au lendemain, elle a forcément un pouvoir magique que j’peux pas contrer. « J'veux vivre avec toi. » bon, c’est déjà l’escalade. Donnez lui la main, Elise prendra le bras. Elle me laisse pas le temps d’assimiler une information, qu’il en faut déjà une seconde. Vivre avec moi, chez qui ? Chez moi ? Elle voudra jamais et c’est bien trop petit pour y vivre sans cesse. Chez elle ? Avec le spectre de son musicien ? Celui de Saul ? Pas envie. Elle sera toujours en terrain conquis, je serais toujours celui qui débarque avec ses valises. « J'vais pas te mettre à la porte quand je serais fâché. » elle lit dans mes pensées. Elle me mettra pas à la porte si elle est fâchée, mais elle me mettra à la porte le jour où vraiment elle pourra plus me voir. Et j’aurai tout perdu. « Tu veux ? » elle insiste et j’ai l’impression d’être au pied du mur. « J’veux pas vivre chez toi. » ca semble brutal dis comme ça, mais ça veut pas dire que j’veux pas vivre avec elle. « J’veux un chez nous. » autant à elle qu’à moi. Je choppe le verre à ma droite pour venir boire une gorgée, c’est juste par ce que j’ai soif. Je le repose aussi vite sur le bord de la piscine, faisant attention qu’il ne se renverse pas. « J’veux qu’on prenne le temps de trouver un endroit qui nous convienne à tous les deux… » et me laisser le temps de faire le deuil de mon appartement, d’aller dire à Angus que j’restais pas là. Il allait me manquer ce gosse, enfin, ca veut pas dire qu’il pourrait pas continuer à venir chez nous, pour venir développer ses photos. « Il m’faut une chambre noire… » une chambre supplémentaire, ça veut dire. « est-ce que ça te va ? » est-ce qu’elle est prête à quitter sa maison, elle ? Est-ce qu’elle est prête à avoir un chez nous, pas un chez elle.

« J’veux pas vivre chez toi. » Oui, ça tu l'avais compris la dernière fois où le sujet avait été abordé à moitié - voir carrément lancer à la gueule de l'autre. De toute façon, c'est pas faux que ça serait chelou de vivre une vie de couple là où tu as vécu pendant un peu plus de cinq ans avec ton précédent mari. Mais ça te rend un peu triste de perdre la maison où Damon se sent chez lui. « J’veux un chez nous. » « Je sais. » que tu lui réponds simplement pour lui faire comprendre que c'était pas une invitation à emménager chez toi, mais avec toi. C'est différent. « J’veux qu’on prenne le temps de trouver un endroit qui nous convienne à tous les deux… » Est-ce que c'est vraiment possible ça ? Sûrement pas. Ça risque d'être un vrai champ de bataille pour s'entendre sur un endroit. Il recherche la simplicité. Tu recherches encore et toujours la luxure et la perfection. « Il m’faut une chambre noire… » « Une pièce chelou pas de fenêtre, c'est noté. » La preuve, son seul critère est d'avoir une chambre noire. Tes critères à toi, ils sont bien plus nombreux. C'est peut-être pas vraiment le moment de sortir ta liste, ça va le décourager avant même que les recherches commencent. Non, non, non, gardons la surprise pour plus tard. Enfin, est-ce qu'il sera vraiment surpris ? Non sûrement pas. « est-ce que ça te va ? » Jusqu'à présent oui. Ça risque de se compliquer à ta prochaine question. « Si tu me laisses payer, oui. » Parce que s'il te sort une connerie de payer ça moitié-moitié, ça ne va pas le faire. Il ne peut pas se permettre de payer ne serait-ce que la moitié d'un logement dans lequel tu pourrais accepter vivre. Et considérant le fait qu'il ne veut pas que tu lui donnes de l'argent de poche comme il le dit si bien, les chances pour qu'il soit d'accord à ce que tu paies quelque chose d'aussi gros sont très faibles. C'est totalement ridicule que lui s'endette et que toi, non. Et puis, sans logement à payer, Dinis pourra sûrement plus facilement assouplir son horaire pour des voyages sur un coup de tête comme celui-ci. « Tu me laisses faire ça pour nous, hm ? » que tu ajoutes d'une voix à la fois douce et enjôleuse. Non, non, tes baisers qui se perdent le long de sa mâchoire jusqu'à son oreille et tes mains qui se glissent contre son torse n'ont aucunement pour but d'influencer sa réponse. User du charme et des caresses pour avoir ce que tu veux ? Pff, à peine. « Ça me ferait très plaisir. » Qu'il en profite Dinis, c'est pas tous les jours qu'il pourra faire plaisir à une femme en la laissant débourser une somme beaucoup trop élevé.

« Je sais. » elle sait, c’est vrai que j’avais déjà eu ce discours, sur un autre ton. Moins enclin à la négociation et moins ouvert pour vraiment m’installer avec elle. Quand je dis que j’ai tendance à oublier les mauvais moments quand on est bien ensemble… c’est ça. Pourtant, je sais qu’Elise oublie pas les paroles que j’peux avoir, les paroles qui peuvent être dures parfois. C’est con de pas savoir préserver l’autre même en cas de dispute, suffit d’une fois de trop pour que ça dérape pour de bon et que le seuil soit franchi… pour plus pouvoir revenir en arrière. J’me demande c’est quoi, notre seuil… « Une pièce chelou pas de fenêtre, c'est noté. » son interprétation de la chambre noire me fait sourire. On dirait qu’elle est pas contre la proposition en tout cas. J’me demande c’est quoi ses exigences… deux ou trois salles de bain ? Des chambres suffisamment nombreuses pour pouvoir faire chambre à part au besoin ? Des dressings ? une cuisine d’été ? Une jardin beaucoup trop grand pour pouvoir en faire le tour tous les jours ? Ou plutôt un appartement en ville avec juste un balcon ou un toit terrasse ? Il me faut au moins un balcon, pour fumer. J’aime pas fumer à l’intérieur, et j’veux pas avoir à sortir tout l’temps. « Si tu me laisses payer, oui. » je soupire à nouveau, toujours le même sujet au final. Elle paie, et elle me fou dehors quand elle a décidé que c’était assez de vivre sous le même toit que moi, c’est ça ? avant même que j’ai le temps de répondre vraiment, elle reprend « Tu me laisses faire ça pour nous, hm ? » pour nous ou pour elle, j’en sais rien ,c’est quoi l’idée de vouloir toujours aligner les billets ? C’est assez ironique de penser à ça alors que justement, pendant des mois, j’lui ai demandé d’aligner les billets… ses baisers me clouent le bec, je vois claire en son jeu mais j’vais pas m’en plaindre, j’vais justement profiter pour tenter de pas répondre tout de suite. « Ça me ferait très plaisir. » c’est à moi de venir retrouver ses lèvres avant de les quitter pour se loger dans son cou et descendre doucement sur sa clavicule droite qui reste à la surface de l’eau. Je me décale du bord de l’eau pour pousser doucement ma femme et l’inviter à prendre ma place. Bloquée à son tour contre la paroi et mon bras qui la bloquent de chaque côté. « On épluchera les annonces en rentrant. » on verra ça plus tard, les détails. « on va prendre une douche ? » j’avoue que la soirée commence à être longue et que la fatigue prend le dessus. La douche me fera tenir encore un peu de temps, suffisamment pour la retrouver ensuite au lit et profiter encore un peu de ce corps nu. « faut être en forme pour la journée nudiste de demain. » que je glisse, amusé finalement, pas du tout emballé, qu’elle aille pas le croire. « je plaisante. » que j’anticipe en l’empêchant de répondre à l’aide d’un nouveau baiser. « aller, viens... »

Le simple fait d'émettre la possibilité de payer la totalité du futur logement semble déjà ne pas trop lui plaire. C'était évident. Et tu trouves ça toujours aussi stupide. Les baisers et les caresses lui redonnent au moins le sourire, mais pas certaine que ce soit vraiment suffisant pour renverser son choix. Faudra trouver une autre technique. « On épluchera les annonces en rentrant. » C'est pas un non, mais c'est pas non plus un oui. Il veut juste repousser la discussion à plus tard et de toute manière, ça ne sert à rien de l'endroit où vous êtes. Oui, c'est sans doute mieux d'attendre d'être rentrée. Rien ne presse après tout. Dinis se dégage du bord de la piscine simplement pour te faire prendre sa place en te bloquant entre ses deux bras. « on va prendre une douche ? » Tu hoches d'un signe de tête. Une douche et puis, au lit. T'as pas fait une sieste tout l'après-midi toi. « faut être en forme pour la journée nudiste de demain. » Ha. Ha. Ha. Très drôle. Tu es morte de rire, en confirme le regard très peu convaincu que tu lui lances. « je plaisante. » « Très drôle. » Non, vraiment pas. Meilleure chance la prochaine fois. « aller, viens... »

Et avec sa main dans la tienne, tu le suivrais n'importe où.

* * *

Ça fait combien de temps que t'es debout alors que Dinis dort encore ? Deux ? Trois heures ? Ça ne lui va vraiment pas le jet lag. C'est pas comme si vous vous étiez couché aux petites heures du matin. Enfin, tu en sais plus trop. Tu n'as pas trop remarqué. Ta préoccupation était ailleurs. L'odeur du café devrait suffire à le tirer du sommeil sans être trop grognon. Tu viens déposer la tasse sur la table de chevet juste à côté de Dinis avant de monter sur le lit pour aller glisser tes jambes de chaque côté de lui. « Bon matin. » que tu murmures à son oreille en déposant un baiser au creux de son cou. Tes bras s'étirent complètement pour mieux l'observer. Tu lui souris doucement avant de froncer les sourcils. Y'a un truc qui cloche, non ? « T'as quoi au visage ? » Comme réveil en douceur, on a connu mieux, mais… ouais qu'est-ce qu'il a au visage ? C'est comme si son visage répondait plus à son cerveau. C'est pas que tu voudrais l'inquiéter, mais, ouais, c'est inquiétant non ? « T'as mangé un truc qui fallait pas ? » que tu le questionne ensuite. Les pays exotiques ont toujours un aliment un peu louche à laquelle il ne faut pas toucher. Tu te souviens pas de rien de spécial de la soirée d'hier, mais t'étais pas là à surveiller tout ce qu'il bouffait. Et puis, tu n'as aucune idée de ce qu'il a fait au petit matin avant que tu te pointes dans ta chambre après ton avant-midi au spa.