« J’appelle ça le destin. » Tellement de mots pour désigner tellement de choses, qu’on s’y mélangeait. Si ce que lui appeler "karma", ce que j’appelais "destin", alors ma réponse n’était pas la même. Car au destin, j’y croyais. Les coïncidences sont écrites, les vies sont tracées, et même si on en reste maître, l’univers joue avec nous par moment. Comme ce soir. Si j’avais pris le temps de faire mes courses, je ne serais pas là, mais sous un plaid devant Netflix. Si Newton n’avait pas lapé de la bière, Harold ne serait pas en face de moi. Et j’étais d’accord avec lui, c’est le destin qui nous avait ramenées tous les deux à ce Pub. Mais c’était moi qui avais décidé de rencontrer l’homme au chaton.
« Et au destin, j’y crois. »J’avais rigolé à la nouvelle évocation de capitaine Truite. Pauvre homme, il avait juste voulu d’envoyer en l’air et maintenant, il était une blague à lui seul.
« Je t’en suis reconnaissante. ». La conversation partie ensuite sur mon adolescence avec de se tourner vers Harold. Il m’informait qu’il jouait de la guitare, du piano et de la trompette. Apparemment, le dernier, c’était celui de trop.
« Deux, c’est déjà pas mal. Moi, ma mère m’a inscrite au piano, je crois que ça a duré un an, mais je ne tenais pas assez longtemps en place. L’athlétisme était plus adapté pour mon énergie. » Je souriais.
J’avais ensuite posé une question sur une boucle temporelle. Il parla alors de la soirée. Je souriais et en même temps mon esprit viens a pensé que rarement dans les films de science-fiction les héros choisissaient quelle journée ils revivaient sans fin.
« Tu serais à court de question au bout d’un moment. Et comme tu risquerais d’être le seul à te souvenir, tu te lasserais des miennes… Ça sonne triste, non ? » Je réfléchissais peut-être trop.
« Je pense que savoir ce qui allait se passer à la moindre seconde, ça m’agacerait vite. Je voudrais vite sortir de là. He oui, peut-être profité pour faire des choses sans subir les conséquences en attendant que m’en sortir. »*** *** ***
La nuit, s'était prolongée lorsqu’Harold prononça les paroles fatidiques. Peut-être que j’exagérais, mais l’annonce de la fin de la soirée créa un sentiment de tristesse. Pourtant, je savais bien qu’un jour, elle se finirait. Je regardais l’heure et constatais qu’il était plutôt très tard, ce n’était sûrement pas si mal que la soirée prenne fin. Il ne restait pas grand temps pour dormir. Je souriais aux promesses de mon interlocuteur. Je riais lorsqu’il me prit la main pour la porter à ses lèvres. Décidément, il ne faisait que la surprendre.
« Merci à toi aussi Harold, elle aurait été beaucoup plus monotone sans toi. » Le barman était vite ennuyant une fois la commande passée.
Je ne tardais pas à quitter le Pub à mon tour après son départ. Une fois arrivé chez moi, je sortis les différents éléments de mes poches. La serviette avec le numéro d’Harold s’afficha alors de nouveau à mes yeux. Prenant mon téléphone, je rajoutais le numéro au répertoire, puis appuyai sur "envoyer un message".
"Drew Kavanagh", le message envoyé, je décidais de renvoyer une précision.
"La rousse du Pub, bonne nuit à toi." Cette fois, ça me semblait mieux. Satisfaite. Je posais le téléphone. Morphée m’attendait.
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