(avril 2017) Victoria n’est plus. Victoria est, mais Victoria est enterrée six pieds sous terre. Victoria a sûrement eu le droit à une belle cérémonie. La plus magnifique qu’il soit. Elle le mérite. Elle le méritait ? Non, tu ne peux pas encore penser à elle au passé. Pas encore. Sûrement jamais. C’est déjà assez douloureux comme ça. Tu as refusé de te rendre à la cérémonie. Tu n’as pas eu ce courage ni même la volonté. Tu ne peux pas affronter le regard de sa famille en peine. Et surtout, tu n’aurais pas pu garder ton sang froid face à Caleb. Celui qui l’a tué. Celui qui n’a pas su prendre soin d’elle. Il était censé l’épouser pour lui faire vivre la plus belle des existences et non l’enterrer. Tu le déteste tellement. Tu le haïs au plus profond de toi et tu es complètement dépitée. Tu es en colère, tu es triste, tu as envie de crier et de pleurer en même temps. Tu roules beaucoup trop vite entre les autres voitures, tu as un goût du risque prononcé soudain. Une envie de la rejoindre ? Le cœur se serre et tu as pleuré ; derrière ton volant, à Elimbah, dans ton lit chez la personne que tu squattes en ce moment. Tu t’isoles, tu te renfermes, tu subis mais tu n’en parles pas. Tu as mal et c’est aussi douloureux que cette fois où t’as agressé. Tu as l’impression de subir une nouvelle épreuve dans ton esprit, dans ton être et tu n’as pas fini d’écumer les larmes.
Ce n’est pas des sentiments que tu apprécies avoir, ni même auxquels tu es habituée. La douleur devient trop grande alors quand tu entends parler d’une soirée, tu y vas. Tu y cours, tu y plonges. C’est dans un bar et celui qui a organisé la fête est apparemment assez fortuné pour payer les consommations de tout le monde. Tu ne te fais pas prier ; tu enchaines les shots et les cocktails, tu te déhanches sur la piste de danse, tu sues, tu chantes, tu essaies de ne pas penser, de ne pas réfléchir. Tu profites même d’embrasser une ou deux bouches pour assouvir le manque d’affection et de tendresse ; Dan est loin, Dan avec une énième pouffe, Dan s’en fout de ta tronche. Pourtant, tu restes attachée malgré tout comme la pauvre gourde que tu es. Il n’y a plus rien qui va et tu enchaines les verres pour ne plus y penser. C’est seulement quand tu sors pour aller fumer que la frénésie semble retomber - l’éthanol est fort dans ta tête mais n’est pas suffisant encore pour camoufler la mélancolie et la tristesse qui rôdent comme des vautours sur tes épaules. Quelques pas, tu tournes dans un rond en fumant, tu vrilles un peu sur le côté, puis de l’autre et tu bouscules un type. “Oups!” tu dis en te tournant vers lui. “Je pourrai être désolée mais j’ai pas envie. La vie est injuste. On se prend parfois des gens dans la gueule, ou des pavés, voire un mur entier, c’est comme ça, c’est bête.” okay, t’as quand même plus d’éthanol dans le sang que tu le crois, visiblement. “On peut crever dans un accident de voiture demain alors pourquoi s’excuser, hein ? Quelle perte de temps.” tu es beaucoup trop joyeuse, c’est trop forcé, et tu tournes de nouveau sur toi-même en riant légèrement avant de t’agripper de nouveau au type que tu importunes. “Ouh, la Terre est ronde, j’avais oublié!” tu es vraiment stupide. Mais tu es aussi meurtrie, on peut te pardonner cet écart. En espérant que ton interlocuteur soit du même avis.
avril 2017. Voilà plus d'un an que Deklan avait retrouvé la maison qu'était Brisbane. Il avait passé deux ans très difficiles, entre sa rupture inattendue, son accident, sa rééducation, retrouver une raison de vivre n'était pas forcément la chose la plus facile pour un sportif de haut niveau. Lorsque l'on construisait toute sa vie autour d'un seul projet, et que ce projet s'envolait du jour au lendemain, il était difficile de remonter à cheval et surtout, de retrouver de l'espoir. Pourtant, le tempérament du jeune trentenaire était de rester toujours positif, et d'y croire mais cette longue période avait joué avec ses nerfs. Par chance, l'ancien surfeur professionnel était plutôt bien entouré, notamment Matt son meilleur ami, qui l'avait tiré par la peau des fesses pour qu'il vienne s'occuper avec lui de son café en ville. Cela avait été dur de trouver du positif dans cette marée basse mais Deklan revoyait peu à peu le jour, et chaque matin était pour lui une nouvelle opportunité d'avancer.
Sa vie sociale avait toujours été plus ou moins active, surtout depuis que le côté influenceur avait repris le dessus. Maintenant qu'il ne pouvait plus passer ses journées sur les vagues, et bien il passait ses journées sur les réseaux. Son visage devenait de plus en plus connu parmi les divers réseaux en vogue, et le beau brun en profitait pour flatter son égo. Toujours en mouvement, l'aîné des Lewis était toujours occupé, et ce soir n'échapperait pas à la règle. Il avait été invité à une grosse soirée dans un quartier chic de la ville. Clairement, c'était le genre de soirée que l'on pouvait voir à la télévision, où la villa ferait rêver tous les invités tandis que toutes les pièces et le jardin serait rempli de gens et de toute autre chose que Deklan préférait ignorer... Il restait plutôt raisonnable à ce niveau-là, pas de drogue, et l'alcool était toujours avec modération. Il ne buvait que très rarement, avec son physique et l'image qu'il doit donner, la junk food et l'alcool ne faisaient pas réellement partie de son vocabulaire.
Pour le moment, la soirée avait bien démarrée et l'influenceur n'avait seulement dérogé à la règle qu'avec un seul verre. Mais il savait s'amuser et profiter sans boire. Ainsi il restait maître de lui-même. « Oups! » Clairement pas comme cette inconnue par exemple. « Je pourrai être désolée mais j’ai pas envie. La vie est injuste. On se prend parfois des gens dans la gueule, ou des pavés, voire un mur entier, c’est comme ça, c’est bête.» L'inconnue avait un discours incohérent, et Deklan la regardait avec curiosité, percevant plutôt bien que de son côté, elle n'en était pas à son premier verre.« On peut crever dans un accident de voiture demain alors pourquoi s’excuser, hein ? Quelle perte de temps. » Il n'eut pas le temps de répondre qu'elle se remit à tourner, cigarette à la main, et il voyait bien qu'elle n'était pas dans son meilleur état, d'ailleurs la seconde d'après elle s'agrippa de nouveau à lui. « Ouh, la Terre est ronde, j’avais oublié! » Le brun eut un petit rire à cette remarque, tandis qu'il vint la tenir par le bras. « Quel discours plutôt triste pour une si belle demoiselle » qu'il dit faisant allusion à ses remarques plutôt sombres. « Dis-moi, tu veux pas t'asseoir une seconde ? » demanda-t-il avec une voix plutôt chaleureuse, Deklan était un vrai sucret, il était du genre à s'occuper des autres, à tout donner pour les autres, son temps, son argent, son énergie... Parfois un peu trop naïf, mais très souvent apprécié car il était un vrai gentil et à ce moment précis, il sentait que l'inconnue n'était pas vraiment dans son assiette.
Ton bras est retenu par l’inconnu et tu pourrais le remercier à défaut de t’excuser mais ça non plus, ça ne te vient pas à l’esprit. Cependant, le geste te rappelle Victoria - il faut dire que tout te rappelle Victoria, que ce soit une mèche blonde, un sourire, un rire, un mot en français. Tu la vois partout et dans tout, elle hante tes pensées et ton esprit, à chaque pas, chaque intonation, chaque figure. Tu aimerais lui dire de te laisser tranquille mais tu n’as pas ce courage ; tu n’as jamais su lui dire non. Tu n’as jamais pu protester, tu n’as jamais compris le mode d’emploi de son pouvoir. Comment elle réussit à plier le monde sous sa simple volonté. Elle a ce charme naturel alors que tu es plus brutale, elle est souriante alors que tu es une forte gueule. Ce soir n’est pas de sortie la douce et agréable Cadburn ; non, celle de sortie est intrépide, meurtrie et qui a décrété qu’elle se fout de tous et tout le monde. « Quel discours plutôt triste pour une si belle demoiselle » par contre cela ne t’empêche pas de te faire draguer. Tu n’es pas surprise car tu es consciente de ton charme qui est quand même bel et bien présent, que ton minois attire la sympathie et la convoitise, et qu’en plus, tu vas minauder tout pareillement une fois que tu auras les yeux en face des trous pour mieux voir la silhouette qui te tient plutôt fermement. « Dis-moi, tu veux pas t'asseoir une seconde ? » tu lèves la main contre ton menton comme si tu réfléchissais, intenses réflexions noyées un perpétuel bain à remous d’émotions que tu tentes de perdre, de te détacher. Puis tu réalises qu’il y un être humain qui te parle, tu prends conscience de sa présence et tu regardes sa forme. “Oh.” il a le visage gentil, il a le sourire gentil, et tu t’es déjà laissé berner dans le passé par cette même combinaison.
Cependant, des erreurs, tu n’apprends pas. Et tu veux croire que la bonté humaine existe vraiment. Pas chez Caleb Anderson par contre. Non, lui, il est radié de ton répertoire. Il mérite la potence, aussi simple que cela. Mais Victoria avait cette foi en l’humanité et là tu as un élan d’envie d’y croire aussi. Alors ta main se raccroche au bras que te tient alors que tu bats des paupières dans un rythme charmant alors que tu le dévisages un peu mieux. “Seulement si c’est sur tes genoux.” oh Birdie, l’univers soupire d’exaspération mais personne n’en attend moins venant de toi. Tu n’es toujours pas désolée alors que tu tires une nouvelle taffe de cigarette en lui souriant de façon qui se veut séductrice. Tu es tellement à côté de tes pompes. Tu as déjà embrassé quelques personnes ce soir mais rien qui te donne envie de rentrer avec. Il faut que tu tâtes cette nouvelle marchandise, tu te dis alors que ta main tenant ton mégot s’en va sur le torse de l’inconnu pour apprécier sa solidité. “Mmh, je suis persuadée que tu ferais une très bonne chaise.” tu préfères te focaliser là-dessus. Te raccrocher à tes bêtises pour oublier ta détresse. Même si ton comportement entier est un appel à l’aide.
avril 2017. Depuis quelques temps, Deklan se reprenait en main comme il le pouvait. Tout lui rappelait son ancienne vie, même ces soirées à l’odeur de pizza et la musique un peu trop forte. La Californie lui manquait et au-delà de ça, sa vie de sportif à haut niveau lui manquait mais il avait dû faire une croix sur ce quotidien pour en créer un nouveau. Sa force de caractère lui avait valu de se remettre sur pieds plus tôt que certains auraient pu le faire. Il avait encore des passages à vide mais l’optimisme de l’influenceur reprenait toujours le dessus. Une fois de plus, son côté bisounours ressortait facilement surtout quand il pouvait sentir une âme en détresse comme celle de l’inconnue face à lui. Pour la mettre à l’aise, il tentait de la complimenter, sans paraître lourdeau à souhait, Deklan arrivait toujours à jouer le juste milieu. Il soutenait le regard bleuté de la demoiselle, venant la soutenir avec sa main et lui demander si elle ne voulait pas s’asseoir un instant. Elle n’avait pas l’air d’être en pleine forme à vrai dire… « Oh. » Elle réfléchissait, et le temps qu’elle mettait pour prendre une si pauvre décision rassurait Deklan dans le fait que son esprit n’était clairement pas assez clair pour rester plus longtemps maître d’elle-même…
« Seulement si c’est sur tes genoux. » Deklan pouffa de rire, la tête en arrière avant de reposer ses yeux sur elle, au moins elle ne perdait pas le Nord. Le seul truc qui lui déplaisait réellement était cette cigarette qu’elle lui agitait sous le nez, ce n’était clairement pas une chose qu’il trouvait sexy chez une femme mais soit, elle était en détresse, et lui, en tant que preux chevalier, il n’arrivait pas à faire autre chose que vouloir la sauver. « Mmh, je suis persuadée que tu ferais une très bonne chaise. » Clairement l’inconnu avait la falle basse, et Deklan avait envie de lui remonter le moral. « Viens par là. » qu’il dit en glissant sa main dans la sienne pour l’attirer sur un banc à l’extérieur, ainsi il pourrait profiter d’un air frais pour rester de l’oxygène pur, et elle pourrait fumer sans empester tout le monde. Dans un mouvement similaire, les deux s’asseyaient sur le banc et Deklan se tourna vers elle en lui tendant délicatement sa main : « Je m’appelle Deklan, et quelque chose me dit... » souffla-t-il, s'arrêtant une seconde pour observer son visage, il portait tout de même un sourire doux, il avait réellement le visage de quelqu’un qu’on avait envie de faire confiance. « Que t'en as gros sur le coeur. » Les yeux rougis, l'excès d'alcool, le comportement volatile, clairement l'inconnue tentait d'oublier quelqu'un, ou quelque chose, et ce n'était jamais bon d'être seule quand on était dans cet état.
Tu feins le frémissement le long de tes épaules et de ta colonne vertébrale alors qu’il glisse sa main dans la tienne. C’est qu’il a de l’audace, tu es admirative - tu es aussi un pauvre petit déchet qui se laisse attendrir par la moindre marque d’affection qui peut passer parce que t’es une sentimentale comme ça. Refoulée, dans le déni, qui ne s’assume pas. Qui clame qu’elle peut très bien s’en sortir toute seule, qu’elle est fière et forte, indépendante et libre. Oh tu es tout ça. Mais - il faut bien un mais quelque part pour appuyer là où ça fait mal - mais t’es aussi un esprit qui n’aime pas être seule sur le long terme. Qui déteste être ignorée, mise de côté, ne pas être appréciée à sa valeur, ne pas être chérie comme il faudrait. Dan te traite mal, Victoria te l’avait dit et… Victoria. Victoria et son sourire, Victoria et son éclat, Victoria et son opinion désastreuse sur Dan.
Tu ne remarques même pas que t’es assise - malheureusement, pas sur les cuisses de ton nouveau et scintillant chevalier du soir car ça, tu l’aurais remarqué de longues secondes avant. Ton cerveau est comme ça, assez sélectif, encore plus quand il est sous l’effet de l’éthanol. L’abrutissement le plus total. Tu te forces à t’arracher des pensées de ta défunte amie. Tu as ta main libre qui se serre autour de ta cigarette et non, ce n’est pas aussi facile à extraire. Tu n’aimes pas être assise, tu décrètes. Ton esprit et tes idées se remettent trop en place. Tu as l’impression de retrouver tes pensées et non, non, ce n’est pas ce que tu veux. « Je m’appelle Deklan, et quelque chose me dit... » alors tu te focalises sur ton interlocuteur. Tu apprécies sa mâchoire carrée, tes larges épaules, ton apparence attrayante qui t'aurait fait flancher depuis longtemps mais pas ce soir, pas depuis de trop longues journées où tu erres comme l’âme en peine que tu es. Mais Deklan est beau, tu ne craches pas dessus, et en plus il a le sourire qui inspire la confiance. Sa main vers toi, tu le regardes en penchant la tête sur le côté, méditant sur pourquoi. Il attend peut-être que tu te présentes aussi mais la connexion n’a pas l’air d’être encore établie. « Que t'en as gros sur le coeur. » là, tu tires ta taffe en détournant ton regard. “Me dis pas qu’au milieu de toute la population qu’y a à l’intérieur, je suis tombée sur un psy.” si c’est le cas, ton karma est vraiment pourri. Tellement pourri déjà que ta cigarette est déjà finie et que c’est dépité que tu la balances dans la poubelle à côté du banc où t’es installée - t’es bourrée mais pas une malpropre. Tu respectes trop la nature pour ça. Tu te tournes vers Deklan avec un sourire mielleux, ta main sur sa cuisse qui remonte gentiment alors que tu mords ta lèvre. “On est obligés de parler ? Fais pas genre tu vas écouter mes problèmes pour mieux tirer ton coup après. On peut le faire même sans parler avant. Je suis pas de celles qui se vexent, je le jure.” tu utilises les gens autant qu’ils peuvent t’utiliser ; tu as des amis avec qui tu couches, tu as des amis avec qui ça reste platonique et tu as le reste du monde dont tu te sers quand t’en as besoin. Et là, t’en aurais bien besoin. Dan n’est pas là, la disparition de ton amie rôde dans un coin de ta tête et ta main navigue toujours sa cuisse en même temps que ton buste se rapprochant du sien.
avril 2017. « Ouh, autoritaire. » Plus il échangeait de mots avec elle, plus il comprenait à quel point elle semblait cramer. Peut-être qu’il allait jouer le petit ange sauveur ce soir car clairement au vu de la fréquentation de cette big fête, elle aurait facilement pu tomber sur quelqu’un qui aurait abusé d’elle. Deklan portait la gentillesse sur lui, il était un bon Samaritain qui aimait profondément aider son prochain. Et dans les yeux de la blonde, il vit à quel point elle était brisée. Alors elle ne voudrait très probablement pas en parler, mais peut-être qu’il pourrait au moins l’aider à ne pas mal terminer cette soirée. Il l’entraîna donc jusqu’à ce banc, un peu à l’écart de cette cacophonie où ils pourraient avoir une discussion décente. Deklan n’était pas le meilleur des orateurs, il était plutôt doué pour écouter en réalité. Mais il comprit vite que la jeune femme face à lui serait plus du genre à fuir qu’à affronter la conversation. Il le comprit aussi vite qu’elle détourna le regard à sa première remarque. « Me dis pas qu’au milieu de toute la population qu’y a à l’intérieur, je suis tombée sur un psy. » Il se mit à rire, passant ses langues sur ses dents, il regarda ses pieds un instant alors qu’elle en profitait pour tirer sur sa cigarette une dernière fois. « Je ne m’attribuerai pas ce mérite. » qu’il déclara finalement en levant la tête pour l’observer. C’était écrit sur son visage qu’elle était paumée, mais elle ne voudrait certainement pas l’avouer. Qui le voudrait ? Lui-même, quelques mois plus tôt, avait clamé qu’il allait très bien quand tout partait en vrille dans sa vie. Soudain, la jeune femme semblait lui accorder un intérêt plus intense, elle vint poser sa main sur la cuisse de l’influenceur, et il se redressa automatiquement pour la regarder : « On est obligés de parler ? Fais pas genre tu vas écouter mes problèmes pour mieux tirer ton coup après. On peut le faire même sans parler avant. Je suis pas de celles qui se vexent, je le jure. » Il posa délicatement sa main sur la sienne pour l’arrêter dans son élan. « Détrompe-toi » souffla-t-il en ne la lâchant pas du regard. S’il y avait bien un homme qui n’était pas du genre à coucher à droite à gauche, c’était Deklan. Et très souvent, on ne le croyait pas quand il disait ça. « Je t’ai pas attirée ici pour pouvoir t’amadouer et te mettre dans mon lit. Je voulais que tu puisses prendre l’air, te poser un peu, et si tu le souhaitais, parler de ce qui t’arrives. » finit-il par dire, d’une voix toujours aussi posée et confiante. Le genre de voix douce et autoritaire à la fois, à qui on pouvait tout dire mais ce soir, il avait affaire à une demoiselle têtue, et blessée. Il ne savait pas par qui, ou par quoi, mais clairement il n’abuserait pas de sa faiblesse. Il fit alors glisser la main de la blonde sur le banc, sans la lâcher pour autant. Il ne voulait pas qu’elle se vexe ou se renferme sur elle-même. Il était là, à côté d’elle qu’elle veuille parler ou non, ça lui importait peu, mais au moins il pouvait s’assurer qu’elle finisse bien cette soirée.
« Je ne m’attribuerai pas ce mérite. » et pourtant, tu commences presque à croire qu’il l’est. Il a cet air compatissant sur le visage, il te scrute et il te dévisage comme si, par la force de son joli regard clair, il va réussir à déceler ce que les tiens camouflent. Oh ce n’est pas aussi simple, Deklan. Ce n’est pas aussi facile de décortiquer une âme humaine et il est certain que tu ne vas pas lui faciliter la vie dans le processus. Vraiment ? Mais voilà que tu démontres que t’as clairement pas envie de parler. Tu ne veux pas parler, tu n’as besoin de parler de tes problèmes, t’as juste envie de penser à autre chose. Parler de tes tracas est l’opposé exact de ce que tu souhaites, à vrai dire. Tu te contenterais très bien de juste profiter de son joli corps visiblement bien sculpté contre le tien sans avoir un mot à dire, juste des gémissements à expirer.
Tu es force de volonté avec ta main ne pouvant camoufler tes attentes, mais Deklan est aussi force de volonté dans l’autre sens en la prenant dans la sienne afin de t’arrêter. « Détrompe-toi » tu fais la moue, tu as le visage triste, tu vas commencer à être dans tes retranchements de dramaqueen professionnels, encore pire alors que tu as bu. « Je t’ai pas attirée ici pour pouvoir t’amadouer et te mettre dans mon lit. Je voulais que tu puisses prendre l’air, te poser un peu, et si tu le souhaitais, parler de ce qui t’arrives. » mais évidemment que tu vas d’abord te vexer, ta moue suivant le sentiment alors que tu te renfermes quelque peu, le visage moins doux et plus sévère. “Quoi, je te plais pas ? Voilà que je me fais rejeter, maintenant, putain, c’est vraiment la cerise sur le gâteau là.” tu accordes toujours trop d’importance à ton apparence, à tes envies, à ton sex appeal. Tu aimes jouer de tes charmes, ça se voit, ça se sent et te prendre un refus est un véritable cataclysme chez toi. Si tu étais vexée il y a deux secondes, voilà que maintenant, tu commences à être triste et mélancolique alors que tes yeux s’embuent. “C’est vraiment une année de merde. J’arrive même pas à taper mon coup. Sérieusement, je fais si pitié que ça ? Et si moi je veux te mettre dans mon lit, hein ?” tu insistes mais tu commences aussi à retomber en pression - et en nerfs aussi. L’éthanol ne fait plus l’effet que tu souhaitais, il fait l’inverse - et c’est totalement de la faute de Deklan. Tu serres sa main sans vraiment t’en rendre compte alors que tes épaules se voûtent et que ton visage se tord sous une expression alourdie de tristesse et de désarroi. “Pourquoi ça t’intéresse de toute façon ? Tu comptes régler mes problèmes en un coup de baguette magique ? Enfin, si ton pénis est la baguette magique, ça peut être envisageable… Quoique.” tu émets une réserve - ta connerie est si nulle même pour toi que tu n’as même pas le coeur à en gloussant. Tu restes les épaules affaissées et le visage tiré vers le bas alors que tu te manges sur les omoplates tout ce que tu souhaitais éviter. T’es pas là pour ça, à la base.
avril 2017. Deklan était plutôt bon vivant, bienveillant et très soucieux des gens qui l’entouraient. C’est-à-dire qu’il avait un niveau d’empathie plutôt élevé et qu’il voulait toujours s’assurer que les gens autour de lui se portaient bien. Même les inconnus. Et lors de cette soirée, il croisa le chemin d’une jeune femme qui semblait étourdie par l’alcool. Deklan l’avait embarquée à l’extérieur, il ne voulait pas la brusquer mais seulement lui montrer qu’il était quelqu’un de confiance. Elle ne semblait pas vouloir se livrer aussi facilement, et il n'insisterait pas. Car Deklan était comme ça, il était un vrai gentil il voulait juste s’assurer qu’elle aille bien. La blonde au regard triste semblait juste vouloir oublier ses problèmes et il le comprit au moment où elle déposa une main sur sa cuisse. Il la stoppa immédiatement, premièrement il n’était pas du genre à coucher avec la première vue et deuxièmement, il n’aimait pas profiter des femmes qui semblaient traverser un moment difficile. Fragilisée par son expérience, l’inconnue voulait probablement oublier ses problèmes avec une histoire d’un soir… « Quoi, je te plais pas ? Voilà que je me fais rejeter, maintenant, putain, c’est vraiment la cerise sur le gâteau là. » Il la fixa un instant, les yeux ronds comme des ballons, presque étonné par la vivacité que prenait l’inconnue pour s’offusquer. « C’est vraiment une année de merde. J’arrive même pas à taper mon coup. Sérieusement, je fais si pitié que ça ? Et si moi je veux te mettre dans mon lit, hein ? » Et plus elle parlait, plus il sentait sa main se resserrer dans la sienne, il voyait bien l’éclair de tristesse traversait son visage, et qu’elle était clairement à bout. « Pourquoi ça t’intéresse de toute façon ? Tu comptes régler mes problèmes en un coup de baguette magique ? Enfin, si ton pénis est la baguette magique, ça peut être envisageable… Quoique. » A cette remarque, il ne put s’empêcher de rire, regardant leurs mains un instant. Deklan voyait bien dans son attitude qu’elle voulait éviter de parler de ses problèmes, et l’ancien surfeur pouvait très bien le comprendre. Lui aussi avait déjà eu une période à vide où il ne voulait parler à personne, et voulait juste s’oublier en dansant, buvant et rigolant sans jamais parler de ce qui s’était passé… Il détacha sa main de la sienne pour la lever jusqu’à son menton, et l’incitait à le regarder dans les yeux. « Déjà, tu fais pas pitié. » annonça-t-il d’un ton sérieux. « Et non je ne suis pas un magicien, je suis juste un mec qui voit bien que t’es dans le mal. Tu peux le nier, tu peux me dire le contraire, mais au moins, ne te mens pas à toi même. » continua-t-il en venant passer son pouce sur sa joue avant de récupérer sa main à nouveau, et plonger ses billes bleus dans les siennes. « Tu vaux mieux que ça. Et je vais te dire quelque chose… On a le droit d’être malheureux. On a le droit d’être déçu. On a le droit d’être en colère. Faut juste accepter tes émotions, les ressentir, les évacuer, et surtout – les assumer. Alors peut-être… pas avec moi, pas ce soir, mais fais-le. Car tout ce que tu renies, tout ce que tu rejettes te reviendra en pleine gueule, et franchement j’crois que t’as pas besoin de ça, vu ta tête ! » il finit avec un trait d’humour, venant squeezer sa main pour la taquiner, et essayer de la faire rire, ou du moins émettre un rictus, même ça, serait une victoire pour lui.
« Déjà, tu fais pas pitié. » ça pourrait presque te rassurer mais ça te fait encore plus te voûter. Ce n’est pas appréciable d’entendre ce mot à ton encontre, même si c’est pour affirmer la négation que non, tu ne l’es pas. Tu te sens complètement stupide et tu n’aime pas non plus te sentir faible et vulnérable. Y’a rien qui va dans ce qui t’arrive. Normalement, les soirées et l’alcool sont ton refuge. Tu t’y lances corps et âme perdus pour oublier, pour t’offrir ces parenthèses si souhaitées, si voulues, si attendues. Tu aurais peut-être dû prendre un petit buvard. Le faire glisser sous ta langue et attendre qu’un monde psychédélique vienne te prendre et te bercer. Ca ça a le mérite de te transporter ailleurs. Oui, tu aurais dû. Tu n’y as juste pas pensé. Tu aurais aussi pu oublier tous ces commentaires sur les réseaux. Ces messages à ton encontre - les virulents, les détestables, les lâches. Parce que tu n’apparais que comme une usurpatrice aux côtés de Dan. Qu’une meuf qui souhaite seulement sa renommée ; mais quelle renommée ? Tu connais Dan depuis toujours. Et où est la renommée dans un moment pareil ? Où tu te sens seule et désemparée, blessée et détruite jusqu’à ton âme la plus profonde ? Il est où, Dan ? Tu t’en fous de sa célébrité, t’aimerais seulement qu’il soit plus présent.
Et pour l’instant, c’est pas Dan qui est là mais Deklan. Un parfait inconnu qui tient ton menton pour te regarder droit dans les prunelles. Un inconnu qui se soucie plus de toi en deux minutes que Dan en vingt ans. Comment c’est possible ? Pourquoi tu restes à ses côtés ? Quel pouvoir agit-il sur toi ? « Et non je ne suis pas un magicien, je suis juste un mec qui voit bien que t’es dans le mal. Tu peux le nier, tu peux me dire le contraire, mais au moins, ne te mens pas à toi même. » il en vient même à caresser ta joue de son pouce et tu détends les traits de ton visage dans une expression sincère et véritable ; la tristesse, la mélancolie, la peine la plus totale. C’est un inconnu, comment il peut savoir ce que tu ressens ? Tu as envie de lui dire de s’occuper de ses affaires, qu’il ne sait pas de quoi il parle, que t’as besoin de personne. Mais ses mots percutent ta cabosse alcoolisée et voilà que t’as des larmes silencieuses qui perlent. Tu es têtue, t’as envie de les nier mais c’est compliqué quand on peut les sentir et les voir. Tu apprécies que Deklan garde le contact physique - toi, par contre, tu ne maintiens pas le contact visuel. Tes yeux sont humides, t’es pudique dans tes sentiments, tu as horreur de te montrer de la sorte. Vulnérable. Fragile. Une petite chose à protéger et à défendre. Tu es une lionne, normalement. Pas un pauvre lionceau apeuré. « Tu vaux mieux que ça. Et je vais te dire quelque chose… On a le droit d’être malheureux. On a le droit d’être déçu. On a le droit d’être en colère. Faut juste accepter tes émotions, les ressentir, les évacuer, et surtout – les assumer. Alors peut-être… pas avec moi, pas ce soir, mais fais-le. Car tout ce que tu renies, tout ce que tu rejettes te reviendra en pleine gueule, et franchement j’crois que t’as pas besoin de ça, vu ta tête ! » tu- tu souris faiblement au milieu des quelques larmes qui s’affaissent sur tes joues. Tu n’es pas certaine. Tu sens ton cœur s’effondrer dans ta poitrine. Tu n’as pas envie de rire. Victoria riait. Victoria passait son temps à être joyeuse. Heureuse. T’es plus heureuse depuis qu’elle n’est plus.
Alors te voilà qui passe ta main libre sur ton visage et tu t’effondres en larmes. Véritablement. Tu te détesteras et maudiras plus tard. Pour l’instant, ton corps a l’air de vouloir écouter et prendre en considération les paroles qu’il a entendues. Tu assumes, tu évacues. Au moins pour ce soir. Au moins pour maintenant. “Elle… Elle est partie. Elle est partie là où je pourrai jamais la rejoindre et je-” tu ne tentes même pas d’ôter ta main de son visage, qui tient ton front et tes yeux, ton dos complètement cassé sous l’effet de l’eau déversée. “Je sais pas comment je vais faire pour vivre sans elle.” que tu finis par dire dans un sanglot puissant et la voix brisée où se meurt le bruit d’une détresse immense. Complètement perdue au milieu d’une tempête que jamais tu n’aurais vu venir.
avril 2017. Sans le vouloir Deklan était en train de se prendre pour affection pour cette inconnue. Elle semblait totalement perdue mais ne voulait pas l’assumer et l’ancien surfeur professionnel avait tendance à se montrer très empathique envers les âmes aussi pures. La blonde avait voulu aller à Guindaille alors qu’apparemment elle ne semblait pas en état de faire la fête. Il la prit sous son aile, et espérait juste qu’elle ne lui fasse pas un scandale dans les pattes. Il n’était pas là pour l’énerver, la vexer ou la braquer, au contraire il espérait pouvoir l’aider, mais jamais il n’oserait insister. Ils s’étaient donc isolés et ainsi ils pouvaient parler sans devoir s’égosiller. Deklan voulait lui montrer qu’il n’était pas là pour profiter d’elle, et encore moins pour s’amuser. Elle n’était clairement pas en état de le faire, malgré ce qu’elle faisait croire. Il la rassura comme il pouvait, avec les mots qu’il avait car Deklan avait plus les facultés à écouter que de vrais réels talents d’orateur. Le brun se permit même de relever son menton, de la regarder et de caresser sa joue en espérant qu’elle puisse arrêter son petit manège. Des larmes vinrent finalement entacher les joues de la blonde, il eut un sourire rempli d’empathie car apparemment, il avait tapé juste. Qu’était-elle en train de vivre ? Une rupture ? Une déception ? Un deuil ? Tout était possible mais il ne lui forcerait pas la main. Et alors qu’il lui expliquait qu’elle devait assumer ses émotions même si ce n’était pas dans l’immédiat, ni avec lui, il fallait qu’elle le fasse. L’effet euphorisant de l’alcool vint finalement s’estomper, ou bien exacerber les émotions de l’inconnue – ses larmes vinrent en troupeau et elle se montrait enfin dans l’état qu’elle était réellement à l’intérieur. Triste, déçue, mélancolique, perdue, Deklan n’en savait encore strictement rien mais au moins, elle évacuait ses émotions… « Elle… Elle est partie. Elle est partie là où je pourrai jamais la rejoindre et je – » La main sur sa joue, il essuya une larme parmi tant d’autres avant d’attraper sa main pour la soutenir. « Je sais pas comment je vais faire pour vivre sans elle. » Alors, c’était un deuil qu’elle traversait, et c’était pénible, c’était souvent inattendu, et on pouvait rarement trouver les bons mots dans un cas pareil. Deklan avait donc vu juste, elle jouait un jeu depuis toute à l'heure, elle se cachait derrière cette apparence avenante alors qu'en réalité, son état n'était que le résultat d'une triste nouvelle. « Tu veux m’en parler ? » dit-il d’une voix douce alors que ses sanglots ponctuaient maintenant leur conversation. Il ne voulait pas la forcer si ce n’était pas le cas, mais maintenant il tenait sa main dans la sienne et ses yeux bienveillants la fixaient avec un profond respect. Il ne la jugeait pas, et s’il y avait bien une chose qu’il savait faire, c’était écouter…
Les vannes sont ouvertes alors que tu n’as pas donné ton accord. L’appui fait mal, la réalisation aussi. A chaque fois que ça te revient en mémoire, c’est une claque supplémentaire que tu te manges dans la gueule. Bousculée, apeurée, perdue, tu es dans une spirale en ayant la sensation d’être seule. Tu ne demandes pas d’aide car t’en as jamais eu besoin - tu te penses assez forte pour te gérer toi-même. Seulement, tu ne fais que la simple politique de l’autruche. Celle consistant à foutre sa tête dans le sable en attendant que le temps passe et que les jours meilleurs arrivent. Ce n’est qu’une illusion. Le décès de Victoria est encore vif dans ta tête, l’annonce reste le pire moment de ton existence ; tu n’as même pas eu la force d’aller à l’enterrement. Tu ne t’en veux pas pour cela, mais tu espères que Victoria ne t’en voudra pas de là où elle est. Elle veille sur toi, tu te raccroches à ça, même si tu aurais préféré qu’elle veuille sur toi ici. De son vivant, de toute sa vivacité, sa fougue, sa vitalité. Ses sourires, son optimisme, sa bienveillance, son charme naturel… Comme être sûre que tout ne finira pas par t’échapper ? Non, une personne continue de vivre dans ton âme tant que tu fais tout pour ne pas l’oublier. Exactement l’inverse de ce que tu tentes de faire.
Ce qui est une technique pourrie, au final. Tu tombes sur un type qui n’a pas envie de s’envoyer en l’air avec toi. C’est un fait rare et tu le prends mal. Pendant un moment. Ton sex appeal, ton charme de femme enfant est clairement tout ce qui te reste à ce moment précis. Y’a un bout de ton univers qui s’est écroulé et, à défaut de ne pas pouvoir lui répéter à quel point tu tiens à elle, t’aurais pu au moins fusionner avec un corps inconnu. Mais non. Deklan est un bon samaritain qui prend visiblement soin de son prochain et qui ne souhaite que ton bien-être. C’est bizarre. Les gens s’en fichent de ton bien-être. Tu subis beaucoup mais tu encaisses avec brio ; tu es douée pour être forte. Tu es forte. Sauf quand on te met au pied du mur. Comme maintenant. Là, sous le regard doux du jeune homme, sous sa main qui passe de ton menton à ta joue et dans ta main, dans un geste plus affectif que tu n’en as pas reçu depuis longtemps, tu t’effrites doucement. « Tu veux m’en parler ? » non. Qui veut parler de ça. Qui veut évoquer les morts et les décès et les disparitions. Elle est partie. Elle n’est plus. Elle ne respire plus. Tu passes ta main libre devant ta bouche pour étouffer ta tristesse qui s’entend avant de renifler pour tenter de reprendre un peu de contenance. “Je… Pourquoi ? Pourquoi t’es gentil ?” que tu lui demandes, un peu stupidement - tu as du mal à croire que l’altruisme sincère puisse exister. Que Deklan n’attende rien de toi est bizarre. Qu’il veuille seulement t’écouter l’est encore plus. “C’est pas…” tu renifles de nouveau en passant tes doigts libres sur tes yeux. “Une de mes amies proches est… A disparu y’a quelques semaines.” mais te revoilà étouffée de sanglots car même si tu ne sors pas le grand mot en M, l’idée reste la même. Et la douleur aussi.
avril 2017. Cette rencontre était plutôt inattendue, on ne pouvait pas dire que Deklan avait envisagé de prêter une oreille attentive à une inconnue. Mais il avait compris en un seul regard que la demoiselle était clairement en détresse. Il ne serait peut-être pas la personne avec qui elle se confierait mais s’il pouvait au moins lui faire comprendre que ce qu’elle faisait la détruirait à petit feu au lieu de l’aider à avancer… Il se montra alors bienveillant, et finit par déclencher quelque chose chez elle. Il voyait finalement la fragilité dans ses yeux, la tristesse dans sa voix, et il était clair que l’ancien surfeur avait bien fait de la prendre à part pour la confronter à ses démons. Deklan était comme ça, toujours prêt à tendre la main. Pourtant, le trentenaire n’était pas sûr des peines de l’inconnue, il ne savait pas vraiment à quoi il s’attaquait-là. Il ne saurait peut-être pas gérer la situation mais il s’y risquait tout de même. D’un tempérament protecteur, il n’aimait pas laisser les gens en détresse et l’inconnue semblait avoir besoin d’aide.
Il s’était donc mis à côté d’elle, une main sur la sienne pour lui montrer sa présence. Il ne cherchait pas à la pousser à bout, bien au contraire. Il ne voulait pas non plus l’insister à dire quoique ce soit mais il était là, et si elle voulait en parler, il saurait écouter. « Je… Pourquoi ? Pourquoi t’es gentil ? » Un petit rire vint s’échapper de ses lippes, un rire de surprise ne s’attendant pas réellement à une question de la sorte. « Bah… j’suis comme ça. Ca serait quoi mon but d’être méchant ? » rétorqua-t-il finalement, en plus Deklan croyait énormément aux énergies, au karma et à tout ce qui faisait que tout était probablement écrit avant, qu’il s’agissait juste d’ouvrir les yeux et de se laisser la possibilité d’accueillir tout que l’univers avait à offrir, au moment voulu. Il posa ses yeux dans les siens, cherchant à lui faire comprendre qu’il n’était pas là pour la juger, ou même pour l’utiliser. « C’est pas… » Elle ouvrit enfin la bouche, encore hésitante. « Une de mes amies proches est… A disparu y’a quelques semaines. » Et tu compris que la blonde n’arrivait pas dire les mots tant difficiles à dire quand on perdait un être cher. Ses sanglots lui brisèrent le cœur, car comme il s’y attendait un peu, il n’y pouvait strictement rien. Que pouvait-on faire quand on perdait quelqu’un de cher ? « Je suis désolé de l’apprendre. » dit-il dans un premier temps, entremêlant ses doigts aux siens alors que la blonde lâchait enfin prise. « Et tu crois que ton amie aimerait que tu te mettes dans cet état ? » demanda-t-il dans un second temps, la fixant toujours avec beaucoup d’intensité alors qu’elle était perdue dans ses larmes. C’était triste, et sûrement encore un peu frais mais il fallait pourtant lever la tête et marcher pour ceux qui sont partis trop tôt.
Deklan rit sous ta question et tu es un peu perturbée ; qu’est-ce que tu as pu demander qui est si drôle ? Il n’y a rien de drôle dans ton interrogation aussi honnête que sincère quant à cet altruisme soudain. Tu sais que ce n’est pas anodin comme comportement, sûrement parce que toi, tu n’agis comme ça qu’avec tes proches, tes amis les plus intimes, ta famille. Pour les inconnus, tu leur proposes une nuit à vivre de façon passionnelle et sans aucune attache. Exactement ce que Deklan ne souhaite pas, allant à l’encontre même de tes propres envies à toi. Tu te vexes légèrement sous son rire, donnant dérision à tes propos alors que t’es complètement honnête. « Bah… j’suis comme ça. Ca serait quoi mon but d’être méchant ? » tu hausses les épaules. “Pas forcément méchant mais tu pourrais en profiter.” chose qu’il n’a pas l’air de vouloir faire dans l’immédiat, à en juger par ses refus de tes avances. Pourtant, être assise à ses côtés te prouve qu’un bout de sa personne suffirait à te combler pour au moins quelques heures. A te réconforter, même. Tu n’es pas très exigeante dans le fond.
Mais non, il préfère que tu parles et que tu évoques, penses, revois l’image de Victoria, ta jolie, regrettée Victoria, petit ange blond pétillant partie beaucoup trop tôt alors qu’elle avait tant à offrir, à donner et à recevoir. Un crève-coeur dont tu ne t’es pas encore remise car c’est vrai, c’est encore dans la tête, c’est tout frais, c’est très récent et personne ne peut t’en vouloir de ne pas t’en être encore remise. « Je suis désolé de l’apprendre. » les mots te brisent un peu plus alors que tes doigts se serrent entre les siens qu’il déroule, ton autre main toujours sur ton visage, à moitié entre ta bouche et ton nez pour étouffer tes larmes. « Et tu crois que ton amie aimerait que tu te mettes dans cet état ? » “Oh, la ferme!” que tu dis au milieu de ton déferlement. Tu renifles avec ferveur en relevant la tête pour le fusiller du regard. “J’en sais rien et toi non plus. J’ai pas besoin qu’on me dise qu’elle veut le meilleur pour moi, qu’elle va pouvoir me regarder de là-haut et toutes ces conneries. Je suis pas d’humeur.” tu ne veux pas que ce type, cet inconnu, te parle de Victoria ou même évoque ce qu’elle pourrait penser ou ressentir alors qu’il ne la connaissait pas. Il n’a pas son mot à dire là-dessus et encore moins sur les ressentis que tu devrais avoir. “Je suis triste donc j’ai le droit de me mettre dans cet état-là. Si je faisais rien, on me dirait que je suis une peste sans coeur. Je fais mon deuil du mieux que je peux!” même si tu es encore en plein déni car tu n’arrives pas à réaliser qu’elle est vraiment partie. Son numéro est toujours sur ton téléphone, tu lui as encore envoyé des messages récemment avant de te rappeler que jamais elle ne te répondra. De simples gestes du quotidien qui te déchirent le cœur encore et toujours.
avril 2017. C’était quelque chose d’inné pour Deklan de demander comment allait les gens, de s’assurer que tout se passait bien. Aîné d’une fratrie de quatre enfants, il avait toujours pris à cœur son rôle de grand frère. Une fois de plus, il tendait la main à une inconnue, mais il faisait ça sans arrières pensées. Apparemment, la blonde était étonnée de son comportement, alors qu’il était simplement lui-même… « Pas forcément méchant mais tu pourrais en profiter. » Il secoua la tête en signe de dénégation. Ce n’était clairement pas son genre. « Non, pas vraiment mon genre. » souffla-t-il entre ses lippes, la tête baissée, il regardait ses pieds un instant. C’était parfois difficile d’être un pur gentil et pourtant c’était le cas. La preuve était que l’inconnue finit par ouvrir son cœur, et montrer ses failles. C’était une bonne chose. Le décès de quelqu’un de proche était toujours compliqué, et Deklan ne saurait vraiment trouver les mots justes mais au moins elle en parlait et c’était une bonne chose. « Oh, la ferme! » à cette remarque spontanée, Deklan ne put s’empêcher d’avoir un petit rire, il voyait là une femme de caractère, et remplie de spontanéité, ça la rendait beaucoup plus charmante que ce côté aguicheuse qu’elle se donnait. « J’en sais rien et toi non plus. J’ai pas besoin qu’on me dise qu’elle veut le meilleur pour moi, qu’elle va pouvoir me regarder de là-haut et toutes ces conneries. Je suis pas d’humeur » Il acquiesça d’un mouvement de tête, le regard rivé sur elle alors qu’elle le fusillait du regard. Si elle avait des balles à la place des pupilles, il serait déjà mort. « Je suis triste donc j’ai le droit de me mettre dans cet état-là. Si je faisais rien, on me dirait que je suis une peste sans coeur. Je fais mon deuil du mieux que je peux! » Et elle avait raison. Il préférait l’entendre dire ça plutôt que de faire semblant d’aller bien. « Tu as tout à fait raison. Tu gères ton deuil comme tu l’entends » approuva-t-il rapidement avant de se faire flinguer dans la seconde qui suit. « Ca te va bien d’être en colère tu sais ? » finit-il par dire en souriant, pour tenter de l’amuser même s’il n’était pas réellement sûr d’y aller. Il lâcha sa main et vint remettre une mèche de cheveux derrière son oreille. « Je peux connaître ton prénom du coup, ou je ne le mérite toujours pas ? » finit-il par dire, reposant sa main sur sa propre cuisse, venant s’appuyer sur le dossier du banc, il se demandait encore comment la bombe à retardement allait réagir.
« Non, pas vraiment mon genre. » tu aurais préféré. Tu aurais été consentante. Tu ne t’avoues pas vaincu. Tu sens qu’il y a du potentiel à faire avec un type de sa carrure. Tu aurais préféré qu’il ne soit pas gentil. Qu’il ne soit pas altruiste. Qu’il ne se montre pas curieux, qu’il ne cherche pas à faire son bon samaritain. Pourquoi le soir où il ne faut pas, tu tombes sur quelqu’un de sympathique ? Sur quelqu’un qui ose mettre ton bien-être en premier lieu. Deklan ne te prend pas pour une simple poupée avec qui s’amuser pour la nuit. Il ne veut pas non plus que tu le vois comme ça. Il a plus d’estime sur vous deux. Pour vous deux. Parce que toi, tu n’aurais eu aucun problème à être en train de le chevaucher à cette minute précise. Il est beau. Il est attirant. Mais il est gentil, putain.
Et il rit de nouveau quand tu lui demandes de se taire ; soit tu vas te barrer parce que tu auras été vexée qu’il se moque de toi - pas si gentil que ça, au final - soit tu vas le faire taire en l’embrassant. D’autant qu’il ne lâche pas ta main. Il garde le contact. De toute façon, s’il ne l’avait pas fait, tu t’en serais chargée. Tu n’es pas du genre à y aller par quatre chemins. Ta nonchalence va créer ta chute, un jour. Mais Deklan t’a mis des stop, plusieurs, et même si tu tempêtes, tu es aussi une véritable petite fontaine. Tes forces s’amenuisent. L’éthanol ne fait plus son effet - ou au contraire, il amplifie tout. Tu ne te poses pas trop de questions. Tu as juste une tempête de sentiments en toi. Tu es contrariée par tout ça. Tu voulais seulement t’amuser. Tu te retrouves à chouiner. Parce qu’on vient te direr les larmes des yeux. « Tu as tout à fait raison. Tu gères ton deuil comme tu l’entends. » Deklan semble avoir compris qu’il vaut mieux te dire ce que tu veux entendre ; tu n’es pas en état d’écouter le contraire. Tu as assez de gens qui ne sont pas d’accord avec toi pour que tu subisses la même chose d’un inconnu. « Ca te va bien d’être en colère tu sais ? » au milieu de tes larmes, c’est toi qui glousse légèrement. Pas comme une étudiante qui n’a jamais eu de crush, non ; plus le genre ricanement bref et spontané. Il souffle le chaud et le froid. Il est gentil mais il fait du charme malgré tout. Même s’il ne veut pas. Mais il fait quand même. Comme déplacer une mèche derrière ton oreille. Quelqu’un de totalement désintéressé ne ferait pas ça. Oui, tu vois peut-être des ouvertures là où tu peux. Tu es à peu près sûre que tu vas le faire taire dans les minutes à venir. “T’as une drôle de façon de charmer, toi.” puis tu renifles avant de claquer des doigts. “Oh mais je sais. Tu fais la technique du preux chevalier. Tu es du genre à faire pleurer ta conquête pour lui proposer de la consoler, c’est ça, hein ?” tu l’as percé à jour, ça a plus de sens. Tu relèves ta tête vers lui. “C’est une technique douteuse mais qui peut fonctionner.” oui, tu décides que c’est mieux de se centrer sur ça.
Même si la pression de ta poitrine est toujours là et que tes yeux sont toujours humides. « Je peux connaître ton prénom du coup, ou je ne le mérite toujours pas ? » oui mais non ; il a beau reposer ta main sur ta cuisse, t’es assez têtue pour la poser de nouveau sur la sienne. "Ça dépend… Est-ce qu’on peut s’envoyer en l’air ou je le mérite toujours pas ?” c’est que t’insiste en te tournant un peu plus vers lui, collant ton buste contre son flanc, la main qui remonte sur son ventre doucement. “Je t’assure que ça sera une meilleure thérapie que toutes les séances de bavardages du monde.” en tout cas à tes yeux. L’appel du corps est toujours plus fort. Et c’est encore pire quand t’es dans le mal ; tu te plonges corps et âme dans le premier qui t’accorde un minimum d’attention. Dan n’est pas là mais Deklan si. Et Deklan est appétissant. Tu ne peux pas résister. Certainement pas alors que tu te sens si faible émotionnellement.
Dernière édition par Birdie Cadburry le Lun 14 Fév 2022 - 6:05, édité 1 fois