| (#)Mer 27 Avr 2022 - 16:02 | |
| « Parce que ce contrat me rapportait pas mal. Et parce que je savais que grâce à ce contrat, j’aurai d’autres contrats intéressants qui suivraient derrière, et qui me permettrait de me faire connaître davantage. C’était au temps où je me suis lancée à mon compte. Mais effectivement, au bout d’un moment, c’est la réflexion que je me suis faite. Vaut mieux tard que jamais non ? » Tu ne comprends pas forcément la fin de sa réflexion, appuyant ton incompréhension d’un sourcil relevé alors que Zoya affiche un sourire malicieux qui souhaite en dire plus que ce qu’elle laisse entrevoir. « Tout comme il n’est pas trop tard pour toi de profiter de mes services. L’avantage même pour toi c’est qu’il n’y a aucune restriction. » Oh, ça. Voilà que tu imites son sourire alors que son doigt vient faire frissonner ta peau et que son souffle chatouille ton visage. “Fais gaffe, je risque d’en profiter à outrance.” Même si dans le fond, ce n’est pas ce que vous avez conclu, maintenant que Zoya est de nouveau libre comme l’air ? Vous savez toutes les deux que vous n’allez pas pouvoir rattraper le temps perdu mais que vous allez pouvoir vous retrouver avec passion sous toutes les formes possibles de connexion, que ce soit spirituelles ou physiques. « Disons que je n’y prête plus réellement attention. Je joue le jeu mais tout ce que je peux entendre me passe au-dessus en réalité. Et c’est aussi pour ça qu’après un petit moment dans ce genre d’univers que je m’évade pendant quelques jours dans un endroit totalement opposé, où je peux me retrouver moi-même avec mon cher appareil photo. » Tu peux comprendre ce qu’elle veut dire. C’est un peu comme toi avec Elimbah. Quand Brisbane, son atmosphère de ville, trépidante et active mais polluée et étouffante te prend à la gorge. Quand tu sens que tu as besoin de respirer un air plus pur, plus sain. Le besoin de se recentrer sur toi-même, de pouvoir te trimbaler à moitié à poil dans ta maison d’enfance en chantant (hurlant) les titres de ton adolescence tout en repeignant une millième fois un mur de ta chambre. Tu peux comprendre cette partie-là. Mais tu ne comprendras jamais comment les nerfs de tes amis peuvent tenir face à tout ça. Tu es sûrement trop tempêtueuse et impulsive pour pouvoir survivre dans des mondes pareils. « Ne parles pas trop vite, Cadburry, qui sait, ça pourrait t’arriver aussi. C’est cette passion qui t’anime en premier lieu. Et tant que cette passion est toujours présente, le reste est vraiment secondaire. Crois-moi. Et si ce secondaire devient trop omniprésent, je sais que je peux toujours en changer. » Tu hausses les épaules. C’est une belle façon de voir les choses. Zoya est comme toi pour cela, elle n’a pas peur de devoir dévier. Mais tu ne prends pas la vie assez au sérieux pour songer à faire d’une de tes passions un véritable métier. “Je manque de discipline. Pas de passions.” Tu as deux amours : l’écriture et la couture. Si tu t’es déjà amusée à combiner des idées avec James pour ses modèles, jamais ne te viendrait à l’esprit de bâtir quelque chose là-dedans. Et l’écriture… Clairement ton jardin secret, tu n’es pas plus prête à le dévoiler que le monde à découvrir tes univers parfois biscornus.
« T’es vraiment pas drôle et rabat-joie pour le coup, Cadburry. Je ne suis pas plus sportive que toi mais je peux te garantir que demain, tu me remercieras pour cette fabuleuse journée que l’on va passer. » Tu es certaine que Zoya est plus sportive que toi car c’est elle qui crapahute à divers endroits du monde pour faire ses photos, pas toi. « Si tu veux attraper son cul comme tu dis, il va falloir arrêter de râler déjà. Et puis… on partage, je te préviens. » Tu plisses tes yeux avant de sourire, amusée. “Sois pas jalouse, je serai assez pour vous deux.” Evidemment que tu préfères penser que Zoya parle de toi plutôt que de votre futur guide. C’est une bonne motivation, ceci dit. « Pour le plaisir. » Tu plisses les yeux une nouvelle fois avant de soupirer lourdement comme une enfant (une nouvelle fois aussi). « Come on, Cadburn, don’t be so grumpy Je te promets tu ne le regretteras pas. Tu me fais confiance ou pas ? » T’es effectivement à l’image du Grumpy Cat qui fait rire la planète à ce moment précis. Tu as toutes les raisons du monde pour l’être. Six heures de sommeil au mieux des cas avant d’aller faire de l’escalade. Tu exagères mais ça revient au même. Pour seule réponse, tu te contentes de la regarder en yeux de merlan frit par-dessus ton verre que tu portes à tes lèvres. « Let’s make a deal Si tu estimes que cette sortie a été affreuse, tu auras le droit d’exiger absolument tout ce que tu veux de moi pour le reste du séjour. En revanche, tu te dois d’être honnête, interdiction de prétendre que c’était nul à chier juste pour obtenir ta récompense. » Ton attention sur sa main, sur ses mots puis sur son visage avant de redresser la tête. “Okay. Deal. De toute façon, tu sauras pas si je mens.” Car t’es une bonne menteuse.
Mais l’histoire prouvera que tes yeux émerveillés face aux paysages devant toi ne mentiront pas. Que ton enthousiasme à te plonger dans l’eau claire de la cascade aura suffit pour évacuer tes craintes éventuelles. Ton sourire sera si grand sous ton grand chapeau, protecteur des rayons, que tu ne pourras nier que l’effort en valait la peine. Certes, tu auras râlé, tu auras pesté mais au moins, tu vis une aventure. Tu le dois à Zoya et t’en es reconnaissante malgré tout. Une des plus belles expériences de ta vie.
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