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« J'voulais pas vous inquiéter, j'voulais juste plus être la bas. » Il a l’air sincère, Nathan je n’ai aucun mal à le croire quand il nous dit ne pas avoir voulu nous inquiéter. Mais le fait est qu’il a fugué et qu’Alex et moi avons été très inquiets. Je ne lui en veux pas, j’en suis incapable, je suis bien trop reconnaissant de l’avoir retrouvé sain et sauf, et savoir qu’il considère mon restaurant comme étant un lieu de refuge possible me touche beaucoup. Ça veut peut-être dire qu’il me fait confiance ? En tout cas il se confie à nous lorsque nous lui demandons les raisons pour lesquelles il a décidé de quitter subitement le foyer dans un mot à personne et je dois bien avouer que je ne me sens plus en confiance à l’idée d’avoir à le déposer à nouveau au foyer. Mais nous n’avons pas le choix, malheureusement et la seule idée qui me vient en tête et celle de lui proposer de rester chez nous pour le reste de la semaine (week-end inclus bien évidemment.) « J'ai gardé les photos, je te les imprimerai tout à l'heure pour que tu les aies avec toi. » Bien sûr que nous n’avons pas jeté ces photos, cela me semble évident. Il regarde rapidement Alex mais son attention se porte toujours bien plus longuement sur moi, en particulier quand je lui propose de ne pas rentrer au foyer mais chez nous. « Je te l'ai dis, tu es chez toi Nathan, je serai heureuse que tu passes la semaine avec nous. » Nathan la regarde encore simplement quelques secondes mais il détourne bien vite son regard, si nous avons tous les deux réussi à créer un lien je n’ai pas l’impression que ce soit le cas d’Alex et lui. Il reste assez froid avec elle, distant et j’ai comme l’impression qu’il lui en veut beaucoup mais qu’il n’a jamais eu le courage de lui dire. J’entends le téléphone d’Alex vibrer à de nombreuses reprises mais je n’y porte aucune attention, préférant largement me concentrer sur Nathan. « On peut faire des burgers ? Maintenant que j'ai vu que tu pouvais faire des burgers meilleurs que ceux du Mcdo, je vais vouloir en manger tout le temps ! Et on peut faire des cookies pour le dessert ? » Sa proposition me fait sourire. « On peut faire des burgers oui. Je te remontrerai ma recette, comme ça tu pourras même dire à tes amis que tu sais faire des hamburgers tout seul. Et va pour les cookies en dessert. » Nathan relève les yeux vers moi et m’offre même un sourire. C’est un sourire timide mais qui a tout de même le mérite d’exister. « C'est Rebecca. Je vais lui dire que tu es avec nous et organiser la fin de semaine avec elle. Je vous laisse gérer le repas, je suis clairement pas d'une grande aide pour ça, mais je vote comme Nathan, burgers et cookies. » De toute façon Nathan aurait pu demander n’importe quoi qu’Alex aurait été dans son sens pour se faire bien voir, j’en suis presque sûr.
Alex disparait pour répondre à son téléphone nous laissant donc Nathan et moi seuls, il joue avec ses doigts le regard baissé comme s’il avait honte de ce qu’il a fait. « T’es en colère contre moi ? » On sent presque comme une pointe d’inquiétude dans sa voix, raison pour laquelle je n’attends pas plus longtemps pour prendre la parole et lui répondre. « Non. Maintenant tu es là avec nous et c’est le plus important. » Je ne compte pas lui reprocher encore pendant des heures cette fugue parce que je n’en vois pas l’intérêt. Nathan s’en veut et il a compris qu’il n’avait pas agi de la bonne manière. « Il faut qu'on passe signer l'autorisation au foyer mais c'est réglé. Tu vas rester avec nous pour la semaine, il faut qu'on aille chercher tes cahiers pour l'école et on pourra prendre quelques vêtements aussi en même temps. Mais Nathan, tu dois nous promettre que plus jamais tu ne vas fuguer à l'avenir, c'est pas une façon de régler les problèmes. » Une fois son appel téléphonique terminé Alex nous rejoint nous annonçant une bonne nouvelle mais encore une fois, elle ne semble pas du même avis que moi puisqu’elle lui reproche encore une fois ce qu’il vient de se passer et qu’elle lui dise que prendre la fuite n’est jamais une façon de régler les problèmes c’est presque ironique. Il fut un temps Alex était la pro pour ça et la situation dans laquelle se retrouve Nathan en est une preuve. Je la laisse discuter de cette fugue avec lui sans intervenir, parce que je n’ai pas envie de continuer à lui faire ce reproche et ce n’est que quand le sujet de conversation semble enfin changer que je m’y intéresse un peu plus. « Bon allez, tu as une chambre à décorer il me semble, avant de passer au foyer et d'aller faire les courses, on peut aller au magasin acheter des meubles pour ta chambre et vous pourrez les monter dans la semaine. » Nathan lève les sourcils et ses yeux s’arrondissent. « On doit vraiment faire tout ça aujourd’hui ? » Pour moi aussi ça me semble être un programme bien trop chargé pour les prochaines heures mais je ne me vois pas contredire Alex alors je me contente de lever les épaules. « On peut pas aller chercher des meubles demain après-midi après l’école ? » Avant de lui répondre je vérifie mon planning de la journée pour demain, je regarde rapidement Alex afin de voir sa réaction. Je sais qu’elle aurait voulu tout faire cet après-midi mais si pour Nathan tout ça fait beaucoup, je préfère l’écouter. « Demain je te déposerai à l’école avant d’aller au boulot et on viendra te chercher à la fin de tes cours pour aller acheter des meubles…t’en penses quoi ? » Cette question est plus adressée à Alex mais Nathan hoche rapidement la tête. « Trop cool ! Je vais rendre tout ça en cuisine. Le gâteau était trop bon. » J’ai l’impression que cette discussion et notre alternative pour qu’il ne retourne pas tout de suite au foyer semble l’apaiser puisque c’est après avoir souri qu’il prend son assiette et verre vides pour aller les rendre en cuisine et c’est avec un sourire que je le regarde faire. « Je vais te voir bricoler finalement. » La voix d’Alex qui me murmure crs mots à l’oreille me fait doucement rire et je secoue la tête en levant les yeux au ciel. « Pas torse nu. » Il ne fait clairement pas assez chaud pour ça. « On pourrait lui demander de venir choisir sa guitare aussi tu en penses quoi ? » Sauf que pour cette proposition me voilà encore une fois en désaccord avec elle. « Pas aujourd’hui, non, pas tout d’un coup c’est pas comme ça que ça se passe dans la vraie vie, Alex. » Si j’ai vraiment envie d’offrir une guitare à Nathan je sais me limiter et me canaliser ce qui n’est pas du tout le cas d’Alex. Mais c’est une preuve des deux mondes dans lesquels nous avons grandi elle et moi, et pour ça il y a un fossé qui nous sépare. Nathan revient et il attrape son skate qu’il garde sous son bras. « On est vraiment obligés d’aller au foyer ? J’veux pas y retourner… » J’ouvre la porte du restaurant et les laisse sortir pour passer en dernier. « On y passe rapidement, promis. J’irai signer les papiers pendant qu’Alex et toi vous rassemblez tes livres de cours et tes affaires pour la semaine, ça vous va ? » que je leur demande à tous les deux, afin d’y passer le moins de temps possible autant que l’un de nous s’occupe des papiers et l’autres des affaires de Nathan avec lui.
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Nathan est avec nous à l'Interlude, la deuxième maison de Caleb et visiblement déjà un lieu important pour Nathan puisque c'est ici qu'il s'est rendu. Je crois que ça en dit long sur le lien qui s'est déjà crée entre lui et Caleb. C'est un lien tout autre qu'il y a entre Nathan et moi. Il me réponds quand je le questionne, quand il le faut mais c'est à peu près tout. On a eu quelques moments, quelques petits moments sans froideur, sans distance mais ils sont rares, très très rares et ce n'est jamais vraiment entre nous mais avec les autres membres de la famille. Il suffit de le voir être différent quand il parle avec Caleb, quand il échange avec lui. Il est moins sur la retenue, il se détends un peu et il parle avec lui. Je ne peux pas lui en vouloir, cette situation, j'en suis la seule responsable et c'est lui qui en a souffert le plus et encore aujourd'hui, il souffre de cette situation, de cet abandon. Caleb réussit à lui redonner un peu le sourire, et il arrive même à faire naître l'enthousiasme chez Nathan quand ils évoquent tout les deux le menu de la soirée. Voilà encore une chose qu'ils ont en commun, et qui les rapproche. Et si pour moi c'est dur de le voir être si froid avec moi, savoir qu'il a développé un lien de confiance avec Caleb est très important et rassurant aussi.
J'essaye, à ma façon, de lui montrer que je veux qu'il vive avec nous, qu'il se sente chez lui dans notre maison, qu'il puisse comprendre que moi aussi je le veux dans ma vie mais il n'a pas l'air réceptif à mes propositions. Pas du tout même. « On doit vraiment faire tout ça aujourd’hui ? » Ce qui devait être une proposition agréable, semble presque être une proposition calvaire pour lui et je me demande si c'est parce que c'est moi qui propose ou si ça aurait été la même réaction avec Caleb ? Mais je ne le saurais jamais. « On peut pas aller chercher des meubles demain après-midi après l’école ? » Je regarde Caleb et c'est à mon tour de lever les épaules en le regardant vérifier son agenda, aujourd'hui ou demain finalement ça ne change pas grand chose pour moi. « Demain je te déposerai à l’école avant d’aller au boulot et on viendra te chercher à la fin de tes cours pour aller acheter des meubles…t’en penses quoi ? » Peut-être que le mieux serait qu'ils y aillent tout les deux sans moi ? Mais Caleb m'inclut dans le programme et Nathan semble d'accord avec tout ça ce qui est rassurant. « Trop cool ! Je vais rendre tout ça en cuisine. Le gâteau était trop bon. » Il a l'air d'aller mieux, il a l'air plus serein et ça fait plaisir de le voir ainsi. « Je préfère le voir comme ça. » Que je dis à Caleb en regardant Nathan entrer dans la cuisine et je profite de ce moment tout les deux pour me rapprocher un peu de Caleb et lui murmurer quelques mots à l'oreille et j'arrive à faire rire légèrement mon mari. « Pas torse nu. » Je grimace légèrement, l'air faussement déçue. « D'accord, mais pour compenser, tu vas devoir me laisser profiter de ton torse nu ce soir. » Et c'est tout en déposant un baiser sur sa joue que je lui dis ces mots. Je vois Nathan revenir et je m'éloigne un peu de Caleb, mais pas trop pour lui parler de la guitare sans que Nathan puisse entendre ma proposition. « Pas aujourd’hui, non, pas tout d’un coup c’est pas comme ça que ça se passe dans la vraie vie, Alex. » Pas comme ça que ça se passe dans la vraie vie. Ça semble anodin comme remarque, ou peut-être pas, mais ça me blesse un peu. Je sais que je suis excessive, que j'en fais trop parfois, que je viens d'un autre monde que Caleb, mais avec cette remarque il me le rappelle de façon un peu dur. Et après Nathan qui refuse ma proposition, voilà que c'est Caleb qui le fait. Je secoue les épaules et je ne dis rien. Mieux vaut ne rien dire que dire une connerie non ? De toute façon Nathan revient vers nous. « On est vraiment obligés d’aller au foyer ? J’veux pas y retourner… » Et si pour le reste on a écouté ce qu'il voulait, pour ça nous avons pas le choix et c'est Caleb qui se charge de lui répondre. « On y passe rapidement, promis. J’irai signer les papiers pendant qu’Alex et toi vous rassemblez tes livres de cours et tes affaires pour la semaine, ça vous va ? » Je me retourne et je regarde Caleb pour lui confirmer que je suis d'accord avec le programme. Nathan ronchonne un peu, mais il n'ajoute rien de plus. Je sais qu'il aurait sans doute préféré que ce soit Caleb qui l'accompagne mais ce n'est pas moi qui ait amené le programme alors il ne semble pas vouloir le remettre en question. Nathan est le premier à monter dans la voiture et j'en profite pour regarder Caleb. « Merci de me laisser faire ça avec lui. » Que je glisse à Caleb avant d'ouvrir la portière pour rentrer dans la voiture. Je grimace un peu en m'installant sur le siège passager et je m'étire doucement profitant de ce trajet de voiture pour me détendre un peu. J'envoie un sms à Rebecca pour lui indiquer que nous sommes en chemin. Caleb a mit la musique, sous les conseils de Nathan et je découvre le style musical de Nathan, et j'espère apprendre beaucoup de choses encore sur lui grâce à ces prochains jours qu'il va passer chez nous. Je suis silencieuse durant le trajet, je laisse Nathan parler de musique avec Caleb et c'est assez rapidement que nous arrivons au foyer.
Nathan est tendu en entrant dans le foyer, et Rebecca nous accueille tout en expliquant à Nathan que ce qu'il vient de faire n'est pas tolérable. Je voudrais lui dire que nous avons déjà eu cette discussion mais je sais qu'ici au foyer, c'est elle qui gère les choses avec lui et je n'ai pas mon mot à dire. Elle demande à Caleb de le suivre et de mon côté c'est Nathan que je suis jusqu'à sa chambre. C'est la première fois que je viens dans sa chambre au foyer. La première fois que je découvre ou il vit. Une chambre relativement grande mais qui semble petite pour les deux lits superposés qui sont installés dans la pièce. Quatre enfants partagent cette chambre, et je sais que je viens d'un milieu aisé, que j'ai eu la chance de ne manquer de rien financièrement parlant et que je peux sembler déconnectée de la réalité parfois, mais quatre enfants dans une même chambre ça me semble être beaucoup trop. Je ne dis rien, Nathan non plus. Je le suis, j'observe cette chambre, j'observe les différents petits espaces qu'ils ont réussi à s'aménager chacun et je devine l'espace de Nathan en voyant les livres Harry Potter déchirés sur un lit. Je grimace sentant la colère revenir alors que la réalité de ce qu'il nous a raconté est visible sous mes yeux. Nathan prends son sac d'école et commence à le remplir. Je m'occupe de ramasser les livres et les morceaux de pages déchirées qui trainent un peu partout. « Ils sont dans ta chambre ceux qui ont fait ça ? » Il relève la tête vers moi, hésite quelques secondes, puis secoue la tête de haut en bas sans me regarder. On ne peut pas le laisser là, c'est ce que je me dis alors que je réalise que ça ne doit pas être la première fois qu'on l'embête et je ne supporte pas cette idée. Je le regarde sortir deux autres sacs, et sur les deux, il y a en a un qui a clairement souffert des différents voyages qu'il a du faire depuis qu'il est né. Voilà encore une chose qu'on pourra lui acheter, mais pas maintenant, pas toute de suite. Il commence à fouiller dans son placard et à mettre en boule quelques vêtements. « Je peux t'aider ? » Il lève les épaules, ne réponds pas vraiment mais il se décale et me laisse sa place, ce que je prends comme une invitation à l'aider. « Je m'occupe de tes vêtements, et toi tu peux prendre ce que tu veux laisser à la maison. » Il n'est pas bavard avec moi, il est distant, froid, silencieux quand Caleb n'est pas avec nous, et être là avec moi à ses côtés ne doit pas être facile pour lui. J'ai la tête dans son armoire et ce que je remarque en premier, c'est qu'il n'a vraiment pas beaucoup d'affaires. J'ai un grand dressing, j'aime acheter des vêtements pour nos filles et Caleb aussi, elles aussi ont beaucoup de choses alors quand je vois le peu d'affaires que possèdent Nathan je me dis que c'est aussi une chose que l'on va devoir lui acheter, mais pas tout d'un coup. Je regroupe ses affaires que je mets avec soin dans son sac et une fois fait il me montre sa salle de bain, celle qu'il partage avec d'autres jeunes d'une autre chambre et je m'occupe de prendre le reste de ses affaires de toilettes. Nathan est reparti dans sa chambre et de ma position je surprends une bride de discussion. « Ah tiens t'es là toi, je croyais que tu avais dit que tu reviendrai plus ici, tu t'es cru mieux que nous hein. » Le ton de voix n'est pas amical, il se moque de Nathan et je fronce les sourcils sentant la colère monter en moi, je pose les affaires que je tenais dans les mains et pendant ce temps la situation semble prendre une autre tournure, bien trop rapidement et les deux jeunes haussent la voix. « Ta gueule Harry, lâche moi. » C'est la première fois que j'entends Nathan parler ainsi, aussi grossièrement et surtout avec autant de colère dans la voix. Je quitte la salle de bain pour retourner dans la chambre de Nathan et m'occuper de ce jeune. « Ils ont pas voulu de toi, on te l'avait dit, tu es vraiment débile de croire qu'on peut t'aimer, on est que des minables, personne ne veut de nous c'est pour ça qu'on est là. » J'arrive dans la chambre au moment ou Nathan se jette sur ce goss pourtant plus grand que lui. Je vois toute la colère dans les yeux de Nathan qui ne m'a pas vu entrer. « NATHAN arrête ça. » Il ne réagit pas, il ne s'arrête pas. Il a dix ans, il n'est pas bien costaud Nathan, les restes de ces mois d'hospitalisations sont encore visibles sur son corps, mais il est si nerveux, si déterminé qu'il ne se laisse pas faire face à son camarade de chambre. Je ne peux pas le laisser faire, je ne peux pas risquer qu'il se blesse ou qu'il se fasse taper par son camarade. Je m'approche d'eux et j'agrippe Nathan par derrière, c'est la première fois que nous avons un contact physique et j'aurais préféré un tout autre contexte mais je dois intervenir. Il s'agite, il s'énerve, il se débat, mais je le contiens contre moi comme je peux et ce n'est pas simple mais j'y parviens juste le temps d'éloigner l'autre enfant et d'éviter qu'à nouveau ils se frappent ou que l'un d'eux ne se blessent. « Toi dégages. » Je m'adresse avec une froideur qui n'est pas adaptée à une discussion avec un enfant, mais je ne peux pas faire semblant, pas alors que je vois Nathan dans une telle colère à cause de lui. « C'est fini Nathan, je suis là. » Je relâche doucement mon étreinte et il s'éloigne de moi assez rapidement, un mouvement de rejet qui est assez violent mais pas surprenant. J'essaye de voir s'il s'est blessé, s'il a prit des coups, s'il a besoin de soin mais il est agité et je n'arrive pas à voir s'il va bien, physiquement je veux dire. Parce qu'émotionnellement il semble vraiment à bout de nerfs. « C'est à cause de toi tout ça. » C'est la première fois qu'il me le dit, qu'il me montre toute la colère qu'il a contre moi, il crie, il est encore bien énervé, et ça fait mal mais ce qui fait vraiment mal c'est de voir ses yeux se remplir de larmes alors qu'il semble encore bien trop énervé pour que l'on puisse avoir une discussion tout les deux. « Tu m'as abandonné, tu m'as laissé tout seul, personne n'a jamais voulu de moi et c'est ta faute. » Je voudrais le prendre dans mes bras, m'excuser, le rassurer. Je déteste le voir ainsi et surtout que c'est à cause de moi, mais je ne peux pas lui imposer un nouveau contact physique alors qu'il s'est assit sur son lit la tête entre ses mains. « Il a raison, je suis débile. Et à cause de toi je suis tout seul. » Nathan va mal, et je surprends à voir dans ses yeux des émotions que je n'avais pas encore vu. Il n'est plus seulement distant, il est dur avec moi mais aussi avec lui et si je peux accepter qu'il s'en prenne à moi, je ne veux pas qu'il soit dur avec lui. « Tu n'es pas débile Nathan, je t'interdis de penser ça. Et tu n'es plus tout seul, on est là. Caleb est là, tu ne seras plus jamais seul je te le promets. » Je sais que mes mots n'ont que peut d'impact pour lui, il ne me croit pas, il n'a aucune confiance en moi et je ne peux rien faire pour l'aider à aller mieux et c'est douloureux de le voir ainsi. « Je te déteste, t'as gâché ma vie. » Les mots font mal, très mal et je les encaisse comme je peux. Mal. Mais est-ce que je peux lui en tenir rigueur ? Je me suis détestée tellement de temps pour ce que je lui ai fais que je ne peux que comprendre qu'il me déteste lui aussi, même si ça fait mal de l'entendre et je souffle un peu pour encaisser ses mots. Je reste dans voix, incapable de lui répondre, incapable de savoir comment l'aider, de toute façon il ne semble pas en état de recevoir quoique ce soit de moi. Et quand je vois Caleb nous rejoindre et je m'avance vers lui presque soulagée de le voir et de savoir que lui au moins il va pouvoir aider Nathan. « Il a besoin de toi, il va vraiment pas bien. » C'est la première chose que je dis à Caleb mais il devrait le voir, Nathan est toujours sur son lit, la tête entre ses mains sans doute pour cacher ses larmes. Je l'entends renifler depuis quelques secondes et je ne peux rien pour lui parce que je suis à l'origine de ses larmes. Je murmure quelques mots à Caleb pour tenter de lui expliquer vite fait la situation. « Il s'est battu, je les ai séparé mais tu peux vérifier qu'il n'est pas blessé, moi il ne me laissera pas faire. » Parce qu'il me déteste, il vient de me le dire. « Je vous attends en bas. » Nathan ne pourra pas se détendre si je suis là, je le sais et je ne sais pas ce que Caleb a entendu ou pas, mais pour le bien de sa relation avec Nathan, il vaut mieux que je les laisse tout les deux et puis j'ai aussi besoin de prendre l'air moi, j'ai l'impression d'étouffer ici, j'ai l'impression que je n'arrive pas à vraiment gérer les mots de Nathan. Jusqu'à présent il n'avait jamais été si dur, si honnête avec moi non plus et si c'est violent, j'essaye de me dire qu'au moins il a fini par me dire ce qu'il ressentait réellement et si j'ai du mal à encaisser les choses, j'espère qu'après ça, quand il sera plus calme, nous pourrons enfin parler tout les deux. Mais pas maintenant, maintenant il a besoin de son père, ils ont besoin de temps tout les deux, et moi j'ai besoin de prendre l'air et de souffler un peu.
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« D'accord, mais pour compenser, tu vas devoir me laisser profiter de ton torse nu ce soir. » Une demande de sa part qui me fait sourire parce que dans tous les cas ; « Oh je ne compte pas te laisser profiter que de mon torse ce soir. » des mots que moi aussi je lui murmure à l’oreille au moment où Nathan nous rejoint. On pourrait croire qu’avec la grossesse qui avance et le ventre d’Alex qui s’arrondi toujours un peu plus tous les jours notre activité sexuelle diminuerait mais pourtant ce n’est clairement pas le cas. J’ai toujours autant envie de ma femme et les douleurs de dos que lui procurent la grossesse et son ventre arrondi nous demandent simplement d’avoir un peu plus d’imagination que d’habitude. Mais cette conversation n’ira pas plus loin puisqu’il est temps pour nous de nous organiser pour le reste de la journée. « Merci de me laisser faire ça avec lui. » Je lui souris doucement, moi aussi j’aurais aimé pouvoir découvrir la chambre de Nathan et son univers mais je pense qu’il est important qu’Alex et lui puissent tout de même passer ce genre de moment important ensemble. C’est assez vite que nous arrivons au foyer où nos chemins se séparent, Alex part avec Nathan et je me retrouve seul avec Rebecca pour signer les papiers nécessaires afin de pouvoir garder Nathan avec nous jusqu’à dimanche soir. Un moment que je n’apprécie jamais vraiment, parce qu’après tout Nathan reste mon fils et être obligé de signer de la paperasse pour qu’ils puissent dormir chez nous est très désagréable. Mais c’est dans le silence que se fait toutes les signatures et après avoir patienté plusieurs minutes, vouant qu’Alex ne revient pas avec Nathan je demande à Rebecca de m’indiquer sa chambre.
Le foyer n’est pas un lieu très accueillant c’est la première fois que je m’y aventure réellement et imaginer Nathan vivre dans cet endroit me déchire le cœur. Et ce que je vois en arrivant devant sa chambre n’arrange pas les choses, Nathan assis sur le bord de son lit la tête entre les mains et Alex qui s’éloigne de lui en me voyant arriver. « Il a besoin de toi, il va vraiment pas bien. » Je l’entends renifler plusieurs fois comprenant ainsi qu’il est en train de pleurer et je ne comprends absolument pas ce qu’il s’est passé. Je fronce les sourcils mais avant même que je ne lui demande des explications, Alex m’en donne. « Il s'est battu, je les ai séparé mais tu peux vérifier qu'il n'est pas blessé, moi il ne me laissera pas faire. Je vous attends en bas. » Il s’est battu, mais pourquoi ? Que s’est-il passé ? J’aimerais lui poser davantage de questions mais je la sens bouleversée alors je la regarde descendre sans un mot. Je passe une main dans mes cheveux en soupirant légèrement et m’avance vers Nathan. « Hey… qu’est-ce qu’il se passe ? » que je lui demande presque timidement. Je m’assieds sur son lit à ses côtés. Il ne me répond pas tout de suite et je n’insiste pas je lui laisse le temps dont il a besoin et j’en profite pour regarder partout autour de moi. Deux lits superposés et les livres de Nathan tous par terre et déchirés. « Je la déteste. Tout ça, c’est de sa faute. » Je n’ai pas besoin de lui en demander plus pour savoir qu’il parle d’Alex. Il la déteste. Malheureusement il n’a pas tort en disant qu’elle est la principale fautive de son mode de vie actuel. « Elle agit comme si rien ne s’était passé, ça m’énerve. Elle a gâché ma vie. » Ses mots sont durs et je me demande s’il les a prononcés à Alex, elle doit être mal et qu’elle soit en train de pleurer elle aussi dehors ne m’étonnerait pas. Je m’en veux de ne pas pouvoir être là pour elle mais je me concentre sur Nathan. « Pleure autant que tu en as besoin, je suis là. » C’est ce qu’il fait, il pleure mais il finit par ôter ses mains de son visage pour le lever vers moi et me regarder. Le voir ainsi me brise le cœur et c’est lui qui fait le premier pas cette fois en venant pleurer contre moi. Je le serre dans mes bras et le laisse déverser tout ce dont il a besoin durant de longues minutes et une fois calmé je ne reviens pas sur la bagarre, je ne lui en touche pas un mot préférant l’aider à terminer son sac.
Le reste de la journée n’a pas été très joyeux on pouvait sentir une certaine tension entre Alex et Nathan et dès que nous sommes rentrés j’invite ma femme à partir se reposer, ce qu’elle fait sans négocier. Je sens Nathan plus détendu à partir du moment où Alex est montée, nous préparons donc les cookies tous les deux ainsi que le repas du soir. Des hamburgers végétariens pour tout le monde ainsi que des frites maison qui sont apparemment elles aussi encore meilleures que celles de McDo selon les dires de Nathan. Lucy et Lena dévorent toutes les deux un cookie en dessert et Nathan m’aide un peu avec le coucher des filles, il s’occupe de Lena ou du moins il essaie. Je lui montre comment changer une couche ce qui n’a pas eu l’air de le ravir. Il est 20h30, Lucy et Lena sont couchées et j’autorise Nathan à regarder la télé jusqu’à 21h30 avant de partir se coucher, ce qu’il me promet de respecter et moi, je pars rejoindre ma femme qui ne s’est pas réveillée depuis que nous sommes rentrés. Je pose le plateau au bout de notre lit sur lequel je m’assois avant de me pencher vers elle pour l’embrasser sur la joue. « bébé… » je l’embrasse encore plusieurs fois sur la joue puis sur la mâchoire et dans le cou jusqu’à ce qu’elle ne commence à bouger un peu. « Il est 20h30 mon amour, il faudrait que tu manges un peu. » Je la regarde avec tendresse laissant mes doigts caresser avec douceur son visage et avant de l’aider à s’installer je l’embrasse sur le front. Un réveil en douceur car même si je ne sais pas exactement ce qu’il s’est passé avec Nathan, ce dont je suis sûre c’est qu’elle a dû en être très perturbée. J’installe des oreilles contre la tête de lit et je l’aide à se relever pour s’installer confortablement. « Comment tu te sens ? » je lui demande tout en posant le plateau sur ses genoux.
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« Oh je ne compte pas te laisser profiter que de mon torse ce soir. » C'est à mon tour de sourire, et sa réponse me fait même rire. Après cette dernière heure riche en émotion, ça me fait du bien de rire un peu. « Je compte te rappeler tes mots ce soir chéri. » J'aimerais continuer ce petit jeu avec lui, mais Nathan fait son retour et je ne peux définitivement pas continuer les allusions sexuelles avec mon mari en présence de cet enfant de dix ans, mais c'est pourtant avec un sourire que je regarde encore Caleb. Voilà aussi pourquoi je me sens si bien avec lui, parce qu'il sait faire en sorte que je me détende, que je pense à autre chose, il sait comment me redonner le sourire et même si ce n'est définitivement pas pour maintenant que nous pourrons discuter de tout ça, et encore moins le faire, ce petit échange a eu le mérite de m'aider à passer à autre chose après le stress et l'inquiétude qu'on a tout les deux ressentis suite à la fugue de Nathan.
Sauf que mon sourire ne reste pas longtemps sur mon visage et l'arrivée au foyer s'avère être un moment un peu délicat pour tout le monde. Et pour Nathan surtout. Il est tendu, il est toujours distant mais je sens qu'il se sent mal ici. Il ne voulait pas revenir, il ne voulait même pas passer chercher ses affaires et je comprends mieux pourquoi en le voyant faire ses sacs les sourcils froncés. Je l'aide un peu, ce n'est pas simple d'entrer en contact avec lui quand Caleb n'est pas là, mais il m'a donné l'opportunité d'être là pour Nathan et j'essaye de le faire. Ça ne se passe pas trop mal, pas bien non plus, mais au moins il me laisse l'aider jusqu'au moment ou ça dérape. Et même ça, je ne suis pas capable de le faire. Le protéger des autres, être là pour lui quand il a besoin et il se retrouve à se battre. Je devais être là pour lui et la seule chose que je peux faire c'est tenter de l'attraper et de l'éloigner de l'autre jeune. En temps normal, ça n'aurait pas été difficile, mais avec ce ventre tout me semble plus compliquée et Nathan ne semble pas vouloir se laisser faire. Je parviens à le retenir assez longtemps pour que l'autre jeune sorte de la chambre et si c'est sur le jeune qu'il a passé ses nerfs physiquement, c'est sur moi que sa colère finit par retomber. Des mots durs, des mots qui me font atrocement mal mais ce qui me fait le plus mal c'est la sincérité qui se dégage de lui. Ce n'est pas sous le coup de la colère qu'il me dit qu'il me déteste. Il le pense sauf qu'avant aujourd'hui il n'a jamais osé me le dire, il n'a jamais osé me dire ce qu'il pense de moi et je m'en serais bien passée parce que ça fait mal. Ca fait vraiment mal. Je l'entends pleurer même si je ne peux pas le voir et ça aussi ça me fait mal, parce qu'il a raison au fond. J'ai gâché sa vie, tout ça c'est à cause de moi, je l'ai abandonné. Que des choses qui sont vraies, mais les entendre ça reste douloureux surtout que je ne m'y attendais pas.
La journée avait bien commencé, matinée shopping avec mon mari, petit repas en tête à tête, et depuis j'ai l'impression que les choses deviennent de pire en pire. La fugue de Nathan, le stress, l'inquiétude. La colère après avoir apprit les raisons qui l'ont poussé à fuguer et maintenant ça. J'essaye d'encaisser les choses, j'essaye de ne pas me laisser submergée par mes émotions et si devant Nathan j'ai tenu bon, une fois seule, dehors je craque. Les larmes ont commencé à couler à partir du moment ou j'ai quitté sa chambre, et c'est une fois seule, dans un coin en retrait, à l'extérieur du foyer que j'ai laissé mes émotions s'exprimer. Cherchant mon souffle entre deux sanglots, j'ai mal, je me sens mal, et je n'arrive pas à m'enlever de la tête les mots de Nathan et si je savais qu'il me détestait, l'entendre me le dire est d'une telle violence que je ne sais pas comment le gérer dans l'immédiat. Je ne sais pas combien de temps je reste là, assisse sur un petit mur, mais je finis par me calmer, les larmes s'arrêtent de couler et je me sens épuisée. Par cette journée, par mes émotions, par mon corps qui me rappelle que je ne suis pas toute seule et il me le rappelle bien. Les douleurs se réveillent un peu partout, le dos, les pieds, les jambes et même le ventre et pourtant ce à quoi je pense c'est la soirée et les jours à venir. C'est à la manière dont je vais devoir gérer la relation avec Nathan maintenant qu'il m'a dit le fond de sa pensée. Maintenant que nous savons tout les deux ce qu'il ressent vraiment, il n'aura plus à faire semblent, plus à se retenir puisqu'il l'a dit, il me déteste et j'ai peur pour les jours à venir. Je les vois sortir tout les deux et c'est sans un mot que je me dirige vers la voiture pour m'installer, il y a beaucoup trop de tensions et je préfère ne rien dire, me taire et ne plus parler pour le moment, pour éviter d'envenimer la situation (même si je doute que ce soit possible), pour éviter de faire pleurer Nathan à nouveau, et même pour éviter de pleurer moi aussi. Je suis là, sans être là, et quand on rentre chez nous, après un câlin à chacune de mes filles, je suis les conseils de Caleb et je monte me reposer, me sentant même pas à l'aise dans ma propre maison, mais au moins je sais que sans moi, Nathan devrait pouvoir l'être et c'est tout ce qui compte pour le moment. Il a eu une longue journée lui aussi, une journée riche en émotion et je sais qu'il a besoin de temps avec Caleb, qu'il a besoin de temps pour se faire à cette maison et à l'idée qu'il est chez lui et je me mets à l'écart pour lui laisser le temps pour prendre ses marques. Moi aussi j'aurais besoin de Caleb en ce moment, mais je sais faire passer mes besoins après ceux des enfants, et Nathan est bien plus vulnérable que moi en ce moment. Je mets du temps avant de réussir à m'endormir, malgré la fatigue, les douleurs me maintiennent éveillées et je ne sais pas comment m'installer dans le lit. Je les entends rires en bas, les filles, Caleb et même Nathan, et ça me fait mal de ne pas être avec eux, mais je sais que c'est la meilleure chose à faire. Et je suis pas vraiment toute seule, je dois penser à cet autre bébé que j'ai sans doute un peu malmené aujourd'hui et qui me le rappelle en cette fin de journée.
J'ai finis par m'endormir, du moins faut croire puisque j'entends la voix de Caleb qui me sort de mon sommeil. « bébé… » Il continue son réveil tout en douceur en mec couvrant de baisers. J'ai toujours les yeux fermés, et je commence à bouger un peu, un léger sourire s'affiche même sur mon visage. Ma main est la première à vraiment bouger et je cherche son visage pour caresser sa joue doucement sans pour autant ouvrir les yeux. Je pourrais reconnaître cette partie de son corps les yeux fermés, sa barbe, ses lèvres, ses cheveux, je caresse son visage lentement. « Il est 20h30 mon amour, il faudrait que tu manges un peu. » Je suis bien là, je suis ni endormie, ni vraiment réveillée, juste bien alors que ses doigts caressent mon visage. Sauf, que ce moment de bien-être ne dur pas vraiment et je finis par me réveiller et par grimacer. Parce que j'avais enfin réussi à m'endormir et que pendant ce moment mon corps ne me faisait pas mal. Mais, là désormais réveillée, je ressens à nouveau les douleurs et la lourdeur de mon corps, de mes jambes, de mes pieds. Et je suis si lourde que j'ai besoin de son aide pour me relever et m'installer. Je m'étire un peu, et je me frotte les yeux en baillant. Je n'ai pas oublié la discussion ou plutôt les mots que Nathan a eu pour moi, je n'ai pas oublié que Nathan me déteste mais j'essaye de ne pas penser à ça. Plus facile à dire qu'à faire. « Comment tu te sens ? » Je regarde Caleb, peut-être pour la première fois depuis qu'il vient de me réveiller et je lui souris, comme pour le rassurer d'abord. Parce qu'on ne peut pas dire que je me sente au mieux de ma forme et il doit s'en douter. Si j'allais bien, je n'aurais pas accepté d'aller passer toute ma fin d'après-midi à me reposer, je ne l'aurais pas laissé gérer la préparation du repas, le bain des filles, et le moment du couché aussi. J'aurais été avec eux ce soir, mais ce n'est pas le cas. « Encore fatiguée et je me sens un peu lourde mais ça va. » Je ne parle pas de Nathan, de ce que je ressens, je ne sais pas si je suis prête à gérer ce que les mots de Nathan m'ont fait ressentir. Je me penche un peu vers lui, enfin j'essaye du moins et quand je vois que mon ventre et le plateau devant moi m'empêche de me pencher assez, je pose ma main derrière sa nuque pour l'attirer vers moi et l'embrasser tendrement. « Et toi, ça va, ça n'a pas été trop dur ce soir ? Les filles dorment ? » Je me réinstalle contre le lit, grimaçant un peu le temps de trouver une position pas trop désagréable et je me regarde le plateau qu'il a préparé pour moi. « Ça a l'air bon, merci chéri. » Je viens de me réveiller et manger n'est pas la première chose que je pensais faire, mais le plateau repas devant moi, je commence à avoir un peu faim et surtout je sais qu'il faut que je mange pour notre crevette, alors je commence par grignoter quelques frites et je m'attaque au burger. « Ça a été avec Nathan ce soir ? Il allait mieux ? Il n'a pas de séquelles de sa bagarre ? » Je ne sais pas ce que Nathan a raconté à Caleb, je ne sais même pas s'il est au courant des mots que Nathan m'a dit. Je ne sais rien de ce qu'ils ont pu se dire tout les deux et je n'ose pas vraiment en parler avec Caleb de peur que je ne sois pas capable de gérer la situation. Je mange encore un peu pour en laisser le moins possible dans mon assiette mais je soupçonne Caleb d'en avoir mit beaucoup pour m'inciter à manger sauf que je me sens déjà bien assez lourde dans tout le corps sans en plus m’alourdir l'estomac. Je repose l'assiette et je décale le plateau à côté de moi pour me lever, ce qui s'avère être assez compliqué. « Je vais aller faire un bisou aux filles, je mangerai les cookies après. » J'entends la télé et je devine que ça signifie que Nathan n'est pas encore couché, j'ai peur de le croiser, peur de faire face à son regard, peur que ma présence lui soit trop compliquée, et je me dis que ça ne va pas être vivable très longtemps cette situation, mais pour l'instant c'est dans la chambre de nos filles que je me rends pour les regarder dormir quelques minutes, pour les regarder, si belles, si calmes, si apaisées. Elles ne savent rien de cette situation et c'est aussi pour elles que je vais devoir faire en sorte que tout se passe pour le mieux, ou le moins pire. Je retrouve Caleb dans notre chambre et sans un mot je viens me blottir contre lui. En silence, j'ai juste besoin de lui, de sa présence, de le sentir là et après quelques minutes, avant de desserrer mon étreinte, je lui demande doucement. « Tu veux prendre un bain avec moi ? Je me sens un peu tendue, ça pourrait me faire du bien, mais si tu veux retourner voir Nathan avant, je peux y aller seule et tu me rejoins après. » Je peux attendre que Nathan soit couché, je peux attendre que notre fils qui me déteste soit endormi parce qu'il a dix ans, qu'il a vécu une journée compliquée et qu'il a montré qu'il avait plus que besoin de Caleb pour le rassurer, lui aussi.
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La journée ne s’est pas passée pour prévu et si j’aurais aimé passer du temps en famille avec ma femme Lucy, Lena et Nathan c’est finalement tout autre chose qui s’est passé. À peine de retour à la maison qu’Alex part se reposer dans notre chambre et la voyant dormir à poings fermés je décide de ne pas la réveiller avant 20h30. Les filles sont couchées et endormies et Nathan est devant la télé pour encore une heure avant de retrouver son lit à son tour, ce qui me laisse un petit moment à passer avec ma femme. J’ai l’impression de l’avoir délaissée et je me déteste pour ça. Elle avait besoin de moi mais je n’ai pas pu être présent pour elle et j’espère simplement qu’elle ne m’en veut pas. Je l’aide à se relever et s’installer dans le lit pour manger un peu et lui laisse le temps nécessaire pour se réveiller. « Encore fatiguée et je me sens un peu lourde mais ça va. » Je lui souris doucement, un petit sourire désolé sur les lèvres. Je me sens impuissant face à son état et je m’en veux beaucoup. Mais quand je sens sa main glisser derrière ma nuque je l’accompagne dans ce mouvement en approchant mon visage du sien pour prolonger avec beaucoup de tendresse ce baiser. Je l’impression de ne pas avoir pu l’embrasser ainsi depuis bien trop longtemps – ce matin, certainement – et ce genre de moment d’affection et de tendresse entre nous sont extrêmement important. « Et toi, ça va, ça n'a pas été trop dur ce soir ? Les filles dorment ? » Elle m’a dit se sentir encore un peu lourde alors je m’éloigne d’elle pour venir masser doucement ses pieds. « Non, non t’en fais pas, ça s’est très bien passé. » Je lui assure en levant les yeux vers elle. « Elles sont tombées de sommeil, elles ont pas dû faire une grosse sieste cet après-midi. » Que nous ayons aucun mal à les endormir n’est pas si fréquent que ça. « Ça a l'air bon, merci chéri. » Je me contente de lui sourire, ce n’est pas seulement moi qu’il faut remercier mais aussi Nathan qui a activement participé à la préparation du repas de ce soir. C’est avec attention qu’il écoutait chacun de mes conseils et qu’il essayait de reproduire mes gestes. Des informations qu’habituellement je lui aurais donné sans hésiter mais sans savoir ce qu’il s’est réellement passé au foyer je reste sur mes gardes sans vraiment oser parler de Nathan. « Ça a été avec Nathan ce soir ? Il allait mieux ? Il n'a pas de séquelles de sa bagarre ? » C’est finalement elle qui en parle en premier et c’est toujours en massant avec douceur ses pieds qui ont été beaucoup sollicité aujourd’hui que je lui réponds. « T’en fais pas il n’a rien. » Je commence par la rassurer dans un premier temps parce que je la connais assez pour savoir qu’elle s’inquiète vraiment pour notre fils. « Il va mieux oui… » que je lui dis en grimaçant un peu. « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » En ce qui concerne sa bagarre Nathan m’en a touché deux mots mais ce que je veux savoir concerne surtout ce qu’il s’est passé entre eux, parce qu’il faut être aveugle pour ne pas se rendre compte qu’il énorme froid et une grande distance s’est créée entre eux. « Je vais aller faire un bisou aux filles, je mangerai les cookies après. » J’hoche doucement la tête et lâche ses pieds pour me lever avant elle afin de l’aider à quitter le lit. Je la regarde quitter la chambre et une fois avec les filles je récupère le plateau pour aller vider son assiette et la placer avec les couverts dans le lave-vaisselle. J’échange quelques mots avec Nathan avant de retourner dans notre chambre où Alex me rejoint rapidement. Je sens ses bras s’enrouler autour de moi et je viens les caresser avec douceur. « Tu veux prendre un bain avec moi ? Je me sens un peu tendue, ça pourrait me faire du bien, mais si tu veux retourner voir Nathan avant, je peux y aller seule et tu me rejoins après. » Je secoue la tête de gauche à droite. « Non non t’en fais pas, il regarde la télé. Il a encore un peu moins d’une heure avant d’aller se coucher. Assieds-toi, je m’occupe de tout. » Je la guide vers notre lit sur lequel je l’incite à s’installer et je disparais cette fois dans la salle de bain pour commencer à faire couler de l’eau dans la baignoire. J’en profite pour enlever mon t-shirt, je lui avais promis qu’elle pourrait profiter de mon torse ce soir, et si je doute qu’elle ait la tête à profiter des autres parties de mon corps que je lui avais promise je peux au moins la laisser bénéficier de mon torse. La baignoire commence à se remplir j’allume quelques bougies, elle est en général bien plus douée que moi pour préparer les bains et ça se voit. Me voilà en train de regarder les différents produits qu’Alex a acheté pour le bain en fronçant les sourcils et je la rejoins avec les différents pots à la main. « Bébé c’est ces deux trucs-là que tu utilises en général ? » que je lui demande en lui montrant les deux pots et après sa réponse je retourne dans la salle de bain pour tout terminer. Je mets même une playlist de musique douce sur mon portable et une fois le bain prêt je retourne dans notre chambre. « Madame Anderson… » Je lui souris tout en prenant ses mains pour l’aider à se lever. Ce soir je veux être aux petits soins avec ma femme, je lui prends même son cookie que je pose un sur mouchoir sur le lavabo et j’emmène Alex jusqu’à dans la salle de bain. Je me déshabille entièrement et l’aide à monter dans la baignoire une fois nue elle aussi. Je m’installe au bout de la baignoire et j’attire son corps vers le mien, son dos contre mon torse. « J’ai essayé de faire au mieux… Ça va ? » Mes mains qui se pose instinctivement sur son ventre que je caresse doucement, je ferme les yeux quelques secondes essayant de profiter de l’ambiance relaxante de ce moment.
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Le réveil est un peu compliqué et pourtant j'ai le droit à un réveil doux de la part de mon mari. Il est tendre, il est affectueux, il est prévenant et il me laisse le temps dont j'ai besoin pour émerger. J'ouvre les yeux, je bouge un peu, et c'est après plusieurs minutes, trop courtes pour moi et sans doute longues pour lui, que je finis par vraiment me réveiller et l'une des premières choses que je fais une fois installée, c'est d'initier un baiser qu'il prolonge sans que je n'ai à lui demander quoique ce soit. J'ai besoin de ce genre de gestes, de ses baisers, de ses câlins, de toutes ces petites attentions tendres, douces et affectueuses entre nous et aujourd'hui, après la journée que l'on a passé, j'en ai encore plus besoin. Les yeux fermés je profite de ce baiser qui ne dure que quelques instants mais qui m'aide à me réveiller. Je le regarde s'éloigner de moi et pendant une seconde j'ai envie de lui demander de rester près de moi, mais il ne va pas bien loin puisqu'il se concentre sur mes pieds et je lui souris quand je sens ses premières massages. Je n'ai même pas besoin de lui demander qu'il comprends ce dont j'ai besoin, et je sais la chance que j'ai d'avoir un homme aussi prévenant et attentionné. C'est un mari parfait et c'est aussi un père parfait. « Non, non t’en fais pas, ça s’est très bien passé. » Je m'en veux de l'avoir laissé gérer tout seul même si j'ai pleinement confiance en lui, j'aurais du être là pour l'aider, pour nos filles aussi que je n'ai finalement pas vu de la journée ou presque. « Elles sont tombées de sommeil, elles ont pas dû faire une grosse sieste cet après-midi. » Elles ont visiblement eu une grosse journée elles aussi et je n'en savais rien. « Je sais même pas comment ça s'est passé avec la nounou. » Je me sens vraiment nulle comme mère en réalisant ça. « Merci d'avoir tout géré aujourd'hui. » Je lui en suis réellement reconnaissante même si je m'en veux quand même de ne pas avoir tenu mon rôle de mère, ni même de femme d'ailleurs. Pas que je sois très utile au quotidien dans ce rôle, mais je suis couchée, un plateau repas prêt, nos enfants couchés, et j'ai même droit à un massage des pieds en bonus, et je n'ai pas l'impression d'avoir mérité tout ça. « Merci pour le massage, ça fait du bien, t'es vraiment le meilleur. » Je mange un peu, je mange ce qu'il a préparé pour moi, parce que je sais qu'il va me reprendre sinon et il aurait raison. C'est la seule chose que je puisse faire ce soir, manger et prendre soin de notre crevette, pour le reste j'ai échoué aujourd'hui alors je ne compte pas ajouter un autre échec à cette journée. Je mange mes frites, faites maison bien sur, et mon burger sans viande, choix de Nathan. On a pas eu le temps de discuter Caleb et moi, Nathan était là avec nous, et si je n'ai rien pu lui dire de ce qu'il s'est passé, je ne sais pas si Nathan lui en a parlé. Ni même s'il la bagarre à laquelle j'ai assisté et mis fin aussi, a laissé des traces sur Nathan. Il est encore fragile et même s'il me déteste, moi je ne peux m'empêcher de m'inquiéter pour lui. « T’en fais pas il n’a rien. » Voilà une bonne nouvelle, au moins une dans cette journée. Nathan n'a rien. Physiquement parlant du moins, il va bien et j'ai au moins réussi une chose dans cette journée, l'empêcher de se faire mal et c'est déjà bien même si ce geste aurait pu être dangereux pour nous deux, j'ai réussi à l'éloigner assez vite de son camarade même si lui ensuite s'est éloigné bien trop vite de moi. « Il va mieux oui… » Ça aussi c'est une bonne nouvelle, même si je sens que ce n'est pas non plus la grande forme au vu de la façon dont me réponds Caleb. Je voudrais savoir ce que Nathan lui a dit, s'ils ont parlé, s'ils ont échangé sur ce qu'il s'est passé mais au vu de la question de Caleb j'en déduis que non. « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » Je baisse les yeux en entendant ses mots. Je joue avec le reste de mes frites, et je sens les tensions qui reviennent et me font grimacer. Il m'a dit qu'il me détestait. Il m'a dit que je lui avais gâché la vie. C'est sans doute ce que Caleb veut savoir, ce qu'il s'est passé entre Nathan et moi mais pourtant c'est un autre événement que je lui explique. « J'étais dans la salle de bain en train de prendre ses affaires de toilettes et j'ai entendu ce gamin venir le provoquer. J'ai essayé d'intervenir mais Nathan s'est jeté sur lui. J'ai réussi à retenir Nathan pour éviter qu'il se blesse mais je n'ai pas pu empêcher la bagarre. » La bagarre, c'est plus simple d'évoquer Nathan qui décharge sa colère sur quelqu'un d'autre que moi, et je sais au fond de moi que ça ne suffira pas comme explication à Caleb mais je ne sais pas pourquoi, j'ai peur de lui dire tout ça. Parce que je sais que Nathan a raison, parce que je sais que Caleb va penser aussi que Nathan a raison, puisque comme je viens de le dire, il a raison. Tout est de ma faute, j'ai gâché sa vie, il a été seul à cause de moi, et aujourd'hui, il me déteste et ça ne fait que me rappeler à quel point j'ai pu me détester moi aussi. A quel point tout ce que je peux faire de bien aujourd'hui, ne pourra jamais compenser tout le mal que j'ai fais. Nathan me le rappelle et ça fait mal. Je fais même comprendre à Caleb que je ne veux pas continuer cette discussion, pas maintenant du moins, et c'est auprès de mes filles que je vais chercher un certain réconfort. J'espère que jamais elles n'auront à me dire qu'elles me détestent. J'espère que jamais elles ne penseront que j'ai gâché leur vie. J'espère que jamais elles n'auront honte de moi, et que jamais elles ne me regarderont comme Nathan m'a regardé aujourd'hui. Je vais tout faire pour que ça n'arrive jamais, mais ma confiance en moi est au plus bas ce soir. Je les regarde dormir, quelques minutes, caressant le front de chacune de mes filles doucement avant de repartir dans notre chambre. Et c'est dans les bras de mon mari que je cherche à nouveau du réconfort, de la sécurité aussi. Je ne dis rien, il ne dit rien non plus, les silences lui il connaît et étrangement ce soir, j'en ai besoin de ce silence. Pas autant que j'ai besoin de lui malgré toit et après un long moment dans ses bras, je lui demande de prolonger ce moment dans le bain. Sans aucune arrière pensée et c'est assez rare ça, ce qui en dit long sur mon état ce soir. « Non non t’en fais pas, il regarde la télé. Il a encore un peu moins d’une heure avant d’aller se coucher. Assieds-toi, je m’occupe de tout. » Je me laisse faire, je n'ai pas beaucoup de force ce soir, pas beaucoup d'énergie et je suis juste soulagée de savoir qu'il est là. Je retire doucement mes vêtements tout en écoutant l'eau du bain couler, le regard dans le vide, et la main sur le ventre pour tenter de calmer les sensations de tiraillements que je ressens. Je sursaute en entendant la voix de Caleb. « Bébé c’est ces deux trucs-là que tu utilises en général ? » Je relève les yeux vers lui, et je regarde les pots qu'il tient en main. « Juste le bleu, l'autre c'est pas conseillé pendant la grossesse. » Une grossesse qui ce soir n'est pas très agréable, mais je sais que ce n'est pas tant la grossesse mais plutôt mon état général qui me fait me sentir mal et pourtant je vois tout le mal que se donne mon mari pour essayer de faire en sorte que je me sente mieux. « Madame Anderson… » Il me sourit, et je lui souris aussi en prenant ses mains. L'ambiance est parfaite pour se relaxer. « Tu es le rêve de toutes les femmes tu sais ça ? Je t'aime bébé. » Je pose mes mains sur son torse quelques secondes et je viens déposer un baiser sur sa joue. Il fait tout pour que ma soirée soit la plus agréable et je ne veux pas gâcher tout ses efforts. Il m'aide à entrer dans la baignoire et la chaleur de l'eau m'aide à me détendre assez rapidement, ou c'est peut-être l'eau qui me fait me sentir moins lourde qui m'aide aussi à me détendre. Il me rejoins rapidement et il m'attire contre lui. C'est dans ces moments que je suis heureuse que l'on ait une baignoire large et grande. Beaucoup trop large et trop grande pour une seule personne, mais parfaite pour nous deux et c'est clairement une chose que je vais vouloir dans notre futur maison. Je me laisse glisser contre lui, ma tête sur son torse, j'ai l'impression de flotter un peu et après cette journée ça fait un bien fou. Je ferme les yeux, je me laisse porter par la musique, par l'ambiance qu'il a réussi à créer et par ses caresses que je sens sur mon ventre. La crevette a même décidé de me laisser un peu de répit puisque le bébé s'est arrêté de s'agiter et les tiraillements que je ressentais ont disparu et je peux vraiment me détendre. Enfin c'est sans compté sur mes pensées, sur les souvenirs de cette journée qui eux ne veulent pas vraiment me laisser tranquille. « Il me déteste. » Je soupire pour retenir l'émotion qui m'envahit en prononçant ces mots. Caleb m'a demandé ce qu'il s'est passé, il a bien senti aujourd'hui la tension, il l'a même subit sans rien dire, mais il a le droit de savoir, sauf que je ne suis pas sûre de pouvoir le gérer. Mais s'il y a bien un moment ou je devrais pouvoir me sentir en sécurité, c'est ici dans ses bras, les yeux fermés, sans le regarder, je tente de lui expliquer les choses sans me laisser submerger par l'émotion. « J'ai gâché sa vie et il me déteste, c'est ce qu'il m'a dit. » Ce sont ses mots, ses pensées et je ne sais pas encore comment les gérer et quoi faire avec ça. « Je sais pas comment je peux l'aider s'il me déteste, je sais qu'il a raison, mais on ne va pas pouvoir tenir comme ça, je veux pas que tu ais à te retrouver entre nous. » Je veux pas qu'il ait à vivre avec cette tension quotidienne entre Nathan et moi. Ce n'est pas possible, ni pour lui, ni pour nos filles et je ne veux pas leur imposer ça. Mais, je ne vois pas de solutions à cette situation et c'est peut-être ça qui me fait le plus peur.
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« Je sais même pas comment ça s'est passé avec la nounou. Merci d'avoir tout géré aujourd'hui. » M’occuper de mes filles n’est jamais une corvée, je les aime toutes les deux plus que tout au monde et si pour certaines devoir tout gérer avec leurs enfants n’est pas une tâche facile pour moi il s’agit d’un véritable plaisir. J’hausse doucement les épaules afin de lui signifier qu’elle n’a pas à culpabiliser pour son absence de ce soir. Elle est enceinte de sept mois et qu’elle soit fatiguée au point de ne pas pouvoir être constamment présente me semble totalement logique. « Merci pour le massage, ça fait du bien, t'es vraiment le meilleur. » Je lui souris tout en continuant à me concentrer sur ses pieds que je masse avec douceur. Je ne suis pas sûr de m’y prendre très bien mais je vous assure que je fais tout ce que je peux pour l’aider à se détendre et oublier ses dernières heures qui n’ont pas été faciles pour elle. Bien que je ne sache pas exactement ce qu’il s’est passé entre Nathan et Alex, j’ai vite compris qu’il ne s’agissait pas simplement de la bagarre dont elle m’avait parlé avant de me laisser seul avec Nathan tout à l’heure au foyer. « J'étais dans la salle de bain en train de prendre ses affaires de toilettes et j'ai entendu ce gamin venir le provoquer. J'ai essayé d'intervenir mais Nathan s'est jeté sur lui. J'ai réussi à retenir Nathan pour éviter qu'il se blesse mais je n'ai pas pu empêcher la bagarre. » Je la regarde longuement sans savoir comment réagir à ses paroles. Car je ne lui posais pas la question pour qu’elle me reparle de cette bagarre. Elle le sait j’en suis sûr mais voyant qu’elle met fin à la conversation en partant voir nos filles je décide de ne pas insister. Elle n’a pas envie de parler et bien que ce soit frustrant pour moi de ne pas savoir ce qu’il s’est passé entre eux tout à l’heure je l’accepte et je la laisse partir sans plus de questions.
Elle n’est pas très bavarde ce soir, Alex, ce qui me pousse à penser d’autant plus que quelque chose s’est réellement passé avec Nathan. Quelque chose qui l’aurait énormément blessé je suppose mais je pense que je n’en saurais pas plus ce soir, et c’est tant pis pour moi. Je prépare la salle de bain essayant d’y reproduire une ambiance calme, apaisante et romantique. « Juste le bleu, l'autre c'est pas conseillé pendant la grossesse. » J’hoche la tête et repars dans la salle de bain laissant le pot que je n’utiliserais pas plus loin et c’est au bout de quelques minutes, quand j’estime que tout est prêt pour accueillir ma femme que je retourne la chercher. « Tu es le rêve de toutes les femmes tu sais ça ? Je t'aime bébé. » Elle me sourit, et quand je vois ses lèvres s’étirer les miennes le font également. Je pense que la voir sourire malgré tout me soulage beaucoup. « Tant que je suis ton rêve à toi, les autres, je m’en fous. » que je lui réponds en l’attirant dans la salle de bain avec moi et une fois tous les deux prêts je l’aide à monter dans la baignoire en faisant bien attention à ce qu’elle ne glisse pas. Si elle ne parle pas une fois que nous sommes tous les deux installés je l’imite, appréciant ainsi le silence même si, de la part d’Alex ce n’est jamais vraiment bon signe. Je ferme les yeux en caressant son ventre, j’essaie de la serrer contre moi au maximum profitant de sa présence et du bien-être que celle-ci me procure tout le temps. Si une de mes mains caresse son ventre la deuxième vient caresser du bout des doigts ses cuisses. « Il me déteste. » Sans aucune surprise c’est ma femme qui brise le silence entre nous finissant ainsi par répondre à la question que je lui ai posée tout à l’heure dans notre chambre. Ou du moins je suppose. J’ouvre les yeux en entendant ces mots alors que je me redresse dans la baignoire. « J'ai gâché sa vie et il me déteste, c'est ce qu'il m'a dit. Je sais pas comment je peux l'aider s'il me déteste, je sais qu'il a raison, mais on ne va pas pouvoir tenir comme ça, je veux pas que tu ais à te retrouver entre nous. » Je sens toute son émotion dans sa voix, ce qui peut totalement se comprendre puisqu’elle me dit que notre fils lui a dit ces mots extrêmement difficiles à entendre. Moi aussi il m’a dit tout ça à propos d’Alex mais j’espérais sincèrement qu’elle n’avait pas eu à entendre ça. « Je pense qu’il faut juste lui laisser du temps bébé… » Je marche sur des œufs et je fais attention à chaque mot que je vais prononcer. « Il va falloir que vous discutiez, je pense que c’est la seule solution pour qu’il puisse potentiellement comprendre ou te pardonner. » Il va bientôt avoir onze ans Nathan et pour son âge je le trouve déjà très mature. Peut-être que c’est son mode de vie qui fait ça. Peut-être que c’est le fait de vivre au foyer et de n’avoir aucune figure parentale avec laquelle il a grandi qui l’a poussé à cette maturité et cette indépendance certainement précoce pour son âge. « Je suis désolé que tu aies eu à entendre ça mon amour… » Je ne lui demande pas comment est-ce qu’elle le vit puisque la réponse me semble assez évidente et il suffit de l’avoir observé un peu cet après-midi pour le savoir. Je l’embrasse avec douceur dans le cou et puis également sur le haut du crâne, essayant de lui montrer par ces baisers et ces caresses qu’elle peut toujours compter sur moi. « Qu’est-ce que je peux faire pour toi ? » je lui demande, réellement inquiet. Sûrement pas grand-chose. Juste être présent et la soutenir mais peut-être aura-t-elle d’autres pistes à me donner.
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Je ne suis pas de bonne compagnie ce soir, je le sais et pourtant Caleb fait tout pour me faciliter la vie, pour que je me sente bien et je lui en suis vraiment reconnaissante. Il aurait pu rester avec Nathan, passer la soirée avec lui, mais il est avec moi, au petit soin pour me rendre le moment plus agréable. Il sait y faire Caleb et c'est aussi dans ce genre de moment que je réalise à quel point j'ai de la chance et à quel point cet homme me fait du bien au quotidien. Il arrive même à me faire sourire alors que la journée et les pensées que j'ai n'ont rien de joyeuses. Il réussit à adoucir ce moment, il réussit à me donner un peu de répit et à me faire me sentir un peu mieux. Par sa présence, par ses petites attentions, par sa douceur et son calme, par sa tendresse et son amour, Caleb est juste parfait avec moi et ce soir c'est tout ce dont j'avais besoin. De lui. « Tant que je suis ton rêve à toi, les autres, je m’en fous. » J'ai un léger sourire sur les lèvres en attendant sa réponse. « Tu es toujours dans mes rêves chéri mais surtout tu es ma réalité et c'est bien plus important encore. » Parce que ce soir rêver de lui n'aurait pas suffit à m'aider à aller mieux, parce que ce soir et comme tout les jours depuis bientôt 3 ans, c'est dans ses bras que j'ai besoin de me réfugier, de trouver un soutien silencieux et si précieux. Parce que ce soir, je sais que mes rêves ne seront sans doute pas doux et tendres, mais que je sais qu'il sera là à mes côtés quoiqu'il arrive et c'est bien plus important que tout les rêves possibles. Je n'ai jamais rêvé du prince charmant, je n'y ai jamais cru, et pourtant j'ai eu bien plus que tout ce dont j'aurais pu rêver et c'est dans ce genre de moment que je m'en rends encore plus compte. Quand je ne vais pas bien, quand les moments sont un peu plus durs, lui il est là, juste là. Physiquement, émotionnellement, il accepte mes silences (ce que moi je ne sais pas faire), il accepte mes besoins d'affections, il accepte aussi mes larmes, même si elles n'ont pas encore coulées, je sais qu'il ne me juge pas et pourtant ce soir j'ai du mal à me confier à lui. Je voudrais profiter de ce moment de calme, de répit dans notre bain. De ses mains sur mon corps, de ses caresses sur mon ventre, de sa main qui se balade sur ma cuisse. Je voudrais pouvoir penser à autre chose, et me laisser porter par le plaisir que je ressens habituellement dans ce genre de moment. Mais, je n'ai pas la tête à ça. Je ne peux pas penser à autre chose qu'aux mots de Nathan. Je ne peux pas oublier, faire semblant qu'aujourd'hui fut une mauvaise journée comme ça faisait longtemps que je n'en avais pas eu. J'ai besoin de lui en parler et pourtant j'hésite. Je patiente un peu espérant que ce moment va m'apporter l'apaisement dont j'ai besoin. Je patiente aussi parce que c'est Nathan, parce que ce sujet nous a déjà fait beaucoup de mal, parce que je réalise aussi que tout ne sera pas si simple que je l'avais finalement espéré et j'ai peur que ça ne devienne trop dur encore. Parce qu'il me déteste et j'ai beau faire croire à tout le monde que je me moque de ce que les gens pensent, ce n'est pas vrai, encore moins quand les mots aussi durs viennent de quelqu'un qui compte. Et Nathan compte beaucoup. Sauf que je ne sais pas y faire, je ne sais pas gérer, je ne sais pas comment m'y prendre avec lui et cet échange risque de laisser des traces et Caleb risque de lui aussi en subir les conséquences et je ne veux pas. Pourtant ça me semble inévitable et après plusieurs minutes de silences, je viens gâcher ce moment pourtant tendre et doux entre nous, avec des mots qui me font mal à prononcer mais pas autant que j'ai eu mal en les entendant quelques heures plus tôt. Je sens Caleb se redresser derrière moi, je n'ose pas le regarder, je reste fixé sur le mur face à moi essayant de gérer mes émotions comme je le peux. « Je pense qu’il faut juste lui laisser du temps bébé… » Du temps, si ce n'était que ça, je pense que je pourrais le gérer. Lui laisser du temps pour accepter, pour m'accepter, mais au vue de ses mots et de la colère que j'ai pu voir dans ses yeux, je n'arrive pas à me dire que le temps sera suffisant. « Il va falloir que vous discutiez, je pense que c’est la seule solution pour qu’il puisse potentiellement comprendre ou te pardonner. » Potentiellement. Même Caleb ne peut pas me certifier qu'un jour Nathan pourra me pardonner et pourtant je sais qu'il essaye de me rassurer. Mais, il ne peut pas m'assurer que le temps et des discussions vont pouvoir suffire et je me demande ce que sera notre vie au quotidien si Nathan ne m'accepte jamais. Je ne remets pas en question l'idée de l’accueillir chez nous, jamais je ne pourrais penser à ça. Je veux qu'il ait une famille, je ne veux plus jamais qu'il ait à vivre seul, je veux qu'il soit aimé et je sais qu'il le sera chez nous, mais je ne peux pas imposer à notre famille des situations aussi compliquées que celle que nous avons vécu cet après-midi. « Je ne comprends toujours pas comment tu as pu me pardonner, alors j'imagine pas Nathan me pardonner. » Pourtant il a raison Caleb, il va falloir que l'on ait une discussion avec Nathan, plusieurs même. Pas agréables, pas faciles mais c'est inévitable, surtout après les mots qu'il a eu envers moi, mais c'est quelque chose qu'on aurait déjà du avoir. J'ai été lâche, je le sais. J'ai profité du faite que Nathan ne semblait pas vouloir en discuter pour ne pas le faire, mais on aurait du le faire et je le réalise aujourd'hui. « Je ne suis pas sûre qu'il ait envie d'entendre ce que j'ai à lui dire et surtout je suis pas sûre que ça l'aide. » Parce que si j'ai compris certaines choses, si j'ai appris certaines choses sur moi, il reste des part d'ombre dans mon histoire que je ne peux pas expliquer de manière claire et lucide. Peut-être parce que je ne l'étais pas à l'époque, j'en sais rien, mais Caleb sait mieux que personne que mon passé est souvent source de plus de questions que de réponses finalement. Est-ce que Nathan a besoin d'entendre que je suis désolée ? Que je regrette ? Que je voulais le mieux pour lui mais que je me suis trompée ? Est-ce qu'il a besoin d'entendre que j'ai pensé à lui pendant des années ? Est-ce qu'il a besoin d'entendre que je l'aime alors que lui me déteste ? Est-ce que je suis capable de lui dire tout ça, tout en sachant toute la colère et la haine qu'il ressent envers moi ? Je ne sais pas, et c'est ce qui me fait peur aussi. « Je suis désolé que tu aies eu à entendre ça mon amour… » Pourtant il peut le comprendre, il peut comprendre la colère de Nathan non ? Je suis certaine qu'une partie de lui a du me haïr aussi, mais j'ai pas envie d'entendre cette confirmation, pas alors que son amour est bien trop précieux aujourd'hui pour moi. « Il a raison sur tout ce qu'il a dit, mais la façon dont il l'a dit, et son regard, je le mérite mais ça fait mal. » Ca fait mal, ça c'est clair mais ça fait surtout remonter un tas d'émotions, de souvenirs, de sentiments que je pensais avoir traité depuis. Mais la colère de Nathan, sa haine, ses reproches, c'est finalement juste entendre de la bouche de Nathan, ce que je me suis longtemps reproché. Je sens Caleb qui se montre doux et tendre avec moi, alors que je suis tendue et que je ne pense pas mérité son affection. Pourtant je me rapproche encore un peu plus, je me colle à lui, et je prends ses bras pour qu'il les enroule autour de moi, juste pour le sentir me contenir, juste pour rechercher la sécurité qu'il est le seul à pouvoir m'apporter. Et si en entrant dans le bain j'avais l'impression de flotter avec la légèreté de mon corps dans l'eau, j'ai l'impression de couler là, pas physiquement mais les émotions que je tente de gérer depuis cet après-midi menacent de s'exprimer et je lutte encore pour ne pas craquer et pour ça j'ai besoin de lui. « Qu’est-ce que je peux faire pour toi ? » Il fait déjà tout ce qu'il faut, il fait déjà tout parfaitement et je ne peux pas en attendre plus de lui. « Juste me serrer contre toi, j'ai besoin de toi. » Que je lui dis entre deux respirations, entre deux soupirs alors que je retiens mes larmes, que je retiens mes émotions et je sais que ce n'est que parce qu'il est là avec moi, qu'il me tient contre lui que je n'ai pas encore craqué. Il me faut plusieurs minutes, les yeux fermés, à me concentrer sur ma respiration pour m'aider à contrôler mes émotions, et ce n'est qu'après plusieurs minutes, les yeux fermés que je finis par me tourner vers lui. « J'étais heureuse de le voir passer du temps avec nous, j'étais heureuse de voir que ça se passait bien entre vous, qu'il acceptait les filles, j'ai juste naïvement pensé que ça allait bien se passer, je ne voulais pas voir qu'il avait cette colère en lui, et j'ai peur que ça vous impacte toi et les filles. » Je ne veux pas imaginer un quotidien fait de tensions et conflits permanents que Caleb se retrouverait obligé de gérer, je ne veux pas ça, ni pour notre famille, ni pour Caleb, ni même pour Nathan, il mérite une vie plus douce et j'ai peur que ma présence l'empêche de vraiment se sentir bien ici. « Il t'a parlé de ce qu'il s'est passé ? » Je pense que non puisque Caleb m'a demandé de lui en parler, mais peut-être qu'il a eu une autre version de notre échange ? « Toi qui le connaît mieux, tu penses qu'il pourra comprendre un jour ? » J'attends de lui une réponse sincère même si quoiqu'il me réponde je sais au fond que mon état actuel, l'empêchera d'être pleinement honnête puisque Caleb veut toujours me protéger. Je grimace alors que je sens les mouvements du bébé se faire sentir de nouveau et je place la main de Caleb sur mon ventre, quitte à ce qu'il bouge et qu'il me fasse mal autant que Caleb puisse lui en profiter, et c'est un moment qui n'appartient qu'à nous. La crevette, Caleb et moi, un moment de douceur (pas si doux) mais qui rappelle qu'au milieu de tout ça, la vie nous réserve de belles choses à venir.
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« Tu es toujours dans mes rêves chéri mais surtout tu es ma réalité et c'est bien plus important encore. » Je souris à sa réponse qui est touchante mais pourtant très vraie. Ce genre de phrase légère a été assez rare depuis que nous sommes avec Nathan aujourd’hui, parce que je sais Alex perturbée et triste alors que Nathan est lui en colère, perdu et profondément triste. Je pense avoir réussi à changer les idées de Nathan ce soir en cuisinant et en passant autant de temps avec lui. C’est un petit garçon qui est en demande d’attention et on ne peut pas lui reprocher quand on connaît son histoire. Personne qui ne s’est réellement occupé de lui. Personne qui n’a été là pour lui, personne pour le prendre dans ses bras ou pour lui dire je t’aime et j’ai envie de rattraper petit à petit ces moments avec lui afin de lui montrer qu’il ne sera plus jamais seul à partir de maintenant. Si j’ai porté toute mon attention sur mon fils aujourd’hui, ce soir c’est sur ma femme et uniquement sur elle que je me concentre. « Je ne comprends toujours pas comment tu as pu me pardonner, alors j'imagine pas Nathan me pardonner. » Beaucoup m’ont dit que j’ai réussi à pardonner à Alex l’impardonnable, beaucoup n’ont jamais compris le pardon que je lui ai accordé. Dont Primrose, d’ailleurs, sûrement une des raisons qui la pousse à détester autant Alex. Elle le fait pour deux puisque j’en ai toujours été incapable. C’est sans aucun doute l’amour inconditionnel que je lui porte qui m’a aidé à lui pardonner. Je ne peux pas vivre sans elle, elle ne sait je lui ai déjà dit et si comprendre son geste a toujours été compliqué j’ai tout de même vite compris que c’était elle la femme de ma vie et que malgré les erreurs qu’elle a pu commettre dans le passé, c’était bien avec elle que je voulais passer le reste de ma vie. « Je ne suis pas sûre qu'il ait envie d'entendre ce que j'ai à lui dire et surtout je suis pas sûre que ça l'aide. » Moi je pense tout l’inverse, je suis persuadé qu’il a besoin d’entendre ce qu’Alex a à lui dire et surtout, qu’il en a besoin plus que tout au monde. Mes doigts continuent à se balader le long de sa cuisse, plus dans un but de réconfort et pour lui montrer que je suis là et que je ne compte pas bouger. « Bien sûr que ça va l’aider. Bébé, il doit avoir un million de questions dont tu es la seule à pouvoir répondre. » Même si je suis tout à fait conscient que les réponses à toutes ces questions, Alex ne les a sûrement toute puisqu’elle ne comprend pas elle-même la raison pour laquelle elle a agis ainsi ou du moins, ses explications sont toujours complètement dénuées de sens. Mais je suis sûr que Nathan a besoin d’entendre tout ça. Plus que tout au monde. Elle pourra lui expliquer pourquoi elle ne voulait pas le garder même s’il est sûrement trop jeune pour comprendre, il finira pas entendre ses arguments, c’est seulement pour le reste que la discussion risque d’être plus compliquée. « Il a raison sur tout ce qu'il a dit, mais la façon dont il l'a dit, et son regard, je le mérite mais ça fait mal. » Ça lui a fait mal. Si je n’en doutais pas, l’entendre me le dire est encore plus compliqué. Je grimace légèrement ne sachant pas vraiment quoi répondre à cela. Je la laisse prendre mes bras pour les enrouler autour de son corps et je ressers d’ailleurs mon étreinte sur elle à ce moment-là. Je sais que dans ce genre de moment elle a besoin d’un contact physique entre nous et pour le coup, ce soir, moi aussi. « Juste me serrer contre toi, j'ai besoin de toi. » C’est donc ce que je fais. Je la serre contre moi, j’embrasse le haut de son crâne afin de lui montrer aussi de cette manière qu’elle peut compter sur moi et que je suis là pour elle. Quoiqu’il arrive, je serais toujours là pour elle. Le silence s’installe de nouveau entre nous et je n’insiste pas en prenant la parole. Je lui laisse le temps dont elle a besoin. « J'étais heureuse de le voir passer du temps avec nous, j'étais heureuse de voir que ça se passait bien entre vous, qu'il acceptait les filles, j'ai juste naïvement pensé que ça allait bien se passer, je ne voulais pas voir qu'il avait cette colère en lui, et j'ai peur que ça vous impacte toi et les filles. » Je secoue la tête de gauche à droite. « Bébé pour une fois je vais te demander de ne pas penser à nous mais seulement à toi. » Je lui ai reproché un certain égoïsme plusieurs fois mais ce soir sûrement pour la première fois, je lui demande de penser à elle. « Il t'a parlé de ce qu'il s'est passé ? » Je caresse ses avant-bras sans arrêter de la regarder depuis qu’elle a tourné son visage vers le mien. « Un peu, oui. Il m’a dit que des garçons l’ont embêté et qu’il s’est défendu en les frappant… » je grimace légèrement. Je n’ai jamais été mêlé une bagarre et j’ai comme l’impression que ce n’était pas une première pour mon fils de dix ans. Il me ressemble peut-être physiquement mais je pense que son caractère est plus semblable à celui de sa mère. « Toi qui le connaît mieux, tu penses qu'il pourra comprendre un jour ? » Je ne peux rien lui garantir mais elle a raison quand elle me dit que je ne connais mieux. Il s’est déjà confié à moi sur certaines choses mais je sais que nous avons aussi beaucoup de chemin à parcourir lui et moi. « Je suis sûr qu’il finira par comprendre mon amour. Il a besoin d’une maman tu sais. Ça va sûrement pas être facile mais je pense que ça finira par s’arranger. » Je la regarde dans les yeux en prononçant ses mots. Je sens notre crevette bouger alors qu’avec ma deuxième main je caresse son visage. « Tu es forte, Alex. Bien plus forte que tu ne le penses. Ça va finir par s’apaiser avec Nathan j’en doute pas. Essaie d’y croire un petit peu. Moi j’y crois. Je crois en toi, je suis fier de toi et je t’aime. » Des mots plus que sincère et un regard avec lequel je lui montre l’admiration que j’ai pour cette femme. Je viens terminer cette phrase par un baiser tendre et surtout rempli d’amour, bien que ça ne sera sûrement pas suffisant pour lui donner le courage dont elle a besoin pour affronter cette situation.
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« Bien sûr que ça va l’aider. Bébé, il doit avoir un million de questions dont tu es la seule à pouvoir répondre. » Je veux l'aider, je veux vraiment aider Nathan à comprendre son passé, à comprendre son histoire et pourquoi il s'est retrouvé seul. Je veux vraiment l'aider à aller mieux, à trouver un peu plus de sérénité, à ne plus douter aussi. Mais, je ne suis pas la bonne personne pour ça. Il ne me parle pas, il s'il a des questions, il les a gardé pour lui jusqu'à présent. Alors, comment l'aider ? Comment aborder un sujet aussi fort et aussi dur que celui de sa naissance et de son abandon ? Comment le faire tout en sachant qu'il me déteste ? « Il t'a déjà posé ce genre de questions ? » Je me demande si Nathan a déjà questionné Caleb, s'ils ont déjà abordé ensemble cet événement du passé, un événement qu'ils ont tout les deux subis et dont ils ont souffert, un événement que je leur ai fais vivre sans leur demander leur avis. « Il t'a déjà demandé comment tu as pu me pardonner ? » Je suis responsable du fait que Nathan ait du grandir sans père, je suis responsable du fait que Caleb ait du grandir sans son fils, et si aujourd'hui ils tentent de se lier l'un à l'autre, et de créer une vraie relation de père/fils, je sais qu'il faudra bien plus qu'une discussion pour que Nathan arrive à se confier à moi et à m'accepter dans sa vie. Il me déteste, il me tient pour responsable de sa condition, il m'en veut et je sais que ce n'est pas près de changer. Il a raison Nathan. Et c'est peut-être ça le plus douloureux finalement. S'il avait tord je pourrais me dire que c'est un enfant, qu'il se trompe, qu'il ne comprends pas la situation, mais il a raison et je ne peux pas oublier ses mots, ses reproches, sa colère envers moi. Je ne sais pas comment gérer toutes les émotions de cette journée et c'est finalement, sans surprise, que je m'en remets à Caleb pour m'aider à contrôler tout ce trop plein d'émotions qui m'envahit depuis plusieurs heures désormais. Ses bras autour de moi me donnent une sensation de retenue, de sécurité, et ses baisers adoucissent mes pensées. Je me détends un peu contre lui, essayant d'écouter sa respiration, de sentir son parfum, de sentir sa peau contre la mienne. Je me concentre sur ces détails, sur lui, sur sa présence pour me rappeler que tant qu'il est là, tout va bien. Ou que tout ira bien. « Bébé pour une fois je vais te demander de ne pas penser à nous mais seulement à toi. » Penser à moi ? Je le fais déjà beaucoup trop je trouve, la preuve aujourd'hui encore, puisque j'ai délaissé ma famille. J'aurais pu me concentrer sur mes filles, dépassée tout ça pour être là pour elles, j'aurais pu apporter mon soutien à mon mari, j'aurais pu affronter Nathan et lui montrer que j'étais capable de tenir le coup. Sauf, que j'en suis incapable. J'ai pensé à moi, j'ai fuis pour ne pas avoir à affronter la situation et ce soir, je dois bien faire face à tout ça. Et aux conséquences pour la suite de notre vie de famille. « C'est parce que j'ai pensé à moi et pas à vous qu'on en est là, tu peux pas me dire ça. » S'il y a bien un sujet ou je n'ai pas le droit de penser à moi c'est à propos de Nathan. « Un peu, oui. Il m’a dit que des garçons l’ont embêté et qu’il s’est défendu en les frappant… » Je l'ai vu faire, j'ai vu sa colère, j'ai senti sa rage en essayant de le retenir, je l'ai vu réagir et il semblait si différent, si en colère, si mal et je me demande s'il se bat souvent mais je n'aurais pas cette réponse ce soir. « Il ne peut pas retourner au foyer, il va se blesser s'il se bat comme ça. » Et j'en sais quelque chose malheureusement. « Il semblait si en colère, il va mal, tu dois l'aider. » Je lui mets beaucoup de responsabilité sur les épaules, mais il est le seul qui peut aider Nathan, qui peut le rassurer, qui peut lui donner ce dont Nathan manque cruellement. Une famille, un père, de l'amour, une sécurité, de l'attention, de l'affection. Ils ont réussi à développer un lien tout les deux, Caleb a réussi à gagner la confiance de Nathan, et c'est pas anodin s'il s'est réfugié à l'Interlude, c'est le lieux de Caleb. Je regarde Caleb, je tente de me concentrer sur son visage, sur son regard qui a toujours eu un effet apaisant sur moi. « Je suis sûr qu’il finira par comprendre mon amour. Il a besoin d’une maman tu sais. Ça va sûrement pas être facile mais je pense que ça finira par s’arranger. » « Je serai jamais sa maman. » Une phrase que je murmure, une phrase qui me fait du mal. Je l'ai porté, je l'ai mis au monde mais je l'ai surtout abandonné, j'ai renoncé à lui, à mon rôle de mère, à mes droits sur lui et je ne serai jamais sa maman, ni officiellement, ni officieusement, puisqu'il me déteste. Au même moment, c'est notre crevette qui se manifeste et je ne sais pas comment je dois prendre ce timing étrange. « Tu es forte, Alex. Bien plus forte que tu ne le penses. Ça va finir par s’apaiser avec Nathan j’en doute pas. Essaie d’y croire un petit peu. Moi j’y crois. Je crois en toi, je suis fier de toi et je t’aime. » Je me mords la lèvre en entendant les mots de mon mari. Je me mords la lèvre alors que l'émotion m'envahit, alors que ses mots me touchent sincèrement. J'ai longtemps retenu mes larmes, j'ai longtemps lutté contre mes émotions, mais entendre Caleb me dire tout ça. Me dire que je suis forte. Me dire qu'il croit en moi. Me dire qu'il est fier de moi. C'est un peu trop d'un coup, parce qu'il sait à quel point je peux douter. A quel point, j'ai peur de ne pas être assez bien, pas être assez forte, à quel point j'ai peur de le blesser ou de le décevoir. Et tout ça est d'autant plus fort dès que l'on parle de Nathan. Alors l'entendre me dire tout ça me fait pleurer. Et malgré les larmes, je lui rends son baiser, je le prolonge même parce que j'en ai besoin. Et si me voir pleurer risque de l'inquiéter, c'est finalement une bonne chose parce que je sens que j'en avais besoin, que j'ai trop retenu, trop lutté, trop tenté de contenir en moi mes émotions et pleurer me fait du bien finalement. Je me détends un peu. « Désolée je voulais pas craquer, mais tu es tellement parfait avec moi et tes mots comptent beaucoup. Merci d'être là, merci de me soutenir. » Je pleure encore mais j'ai un léger sourire sur mon visage malgré tout, parce qu'il est là. Parce qu'il n'en a peut-être pas conscience mais grâce à lui je peux faire face à cette situation, grâce à lui je peux parler, grâce à lui aussi je peux pleurer tout en sachant qu'il sera là. « Je te promets d'y croire, pour nous, pour notre famille et pour Nathan. Je vais faire ce qu'il faut pour gérer au mieux cette situation et laisser du temps à Nathan. » Et c'est moi qui vient cette fois poser mes lèvres sur les siennes, un moyen de le rassurer, de lui montrer que je vais bien. Aussi bien que possible au vue de la situation. « Je t'aime chéri, mais vraiment tu en as pas marre d'être si parfait. » Je lui montre avec cette remarque que je vais bien, que je ne vais pas m'effondrer malgré mes larmes et surtout que grâce à lui, je vais surmonter cette journée et cette soirée. « Je commence à avoir un peu froid et je crois que cette position ne convient pas au bébé, tu viens te coucher avec moi ? Juste le temps que je m'endorme, j'ai pas envie d'être seule ce soir. » Les jours comme ceux là sont difficiles, mais je sais que les nuits qui suivent peuvent l'être aussi, peut-être plus encore et même s'il est sans doute encore tôt, je ne veux pas me coucher seule, pas sans lui à mes côtés.
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« Il t'a déjà posé ce genre de questions ? Il t'a déjà demandé comment tu as pu me pardonner ? » Je secoue négativement la tête. Pour dire vrai je suis assez soulagé que Nathan ne m’ait jamais posé ces questions parce que je ne saurais clairement pas quoi lui répondre. Il est bien trop jeune pour comprendre que par amour on est capable d’accepter et de pardonner bien des choses. Même mes parents et ma sœur ne comprennent pas comment j’ai pu lui pardonner une telle chose alors je n’ose même pas imaginer comment un enfant de dix ans serait capable de le comprendre. « C'est parce que j'ai pensé à moi et pas à vous qu'on en est là, tu peux pas me dire ça. » Si dans l’absolu elle n’a pas tort, ce n’est pas exactement ce que je voulais dire en lui demandant de penser à elle. Elle a raison en disant que si elle avait pensé à Nathan et moi elle aurait agi différemment il y a bientôt onze ans mais à l’heure d’aujourd’hui, Alex fait des efforts et je lui demande simplement de ne pas oublier ses envies ses besoins et ses sentiments. Elle se sent tellement coupable pour ses agissements passés qu’elle préfère se taire et souffrir en silence aujourd’hui. Laisser Nathan déverser sa haine et sa tristesse sur elle sans le moindre mot et la voir ainsi me fait beaucoup de mal. « Il ne peut pas retourner au foyer, il va se blesser s'il se bat comme ça. Il semblait si en colère, il va mal, tu dois l'aider. » Je ne sais pas si elle s’en rend compte mais la pression qu’elle me met sur les épaules en me disant que je dois l’aider est juste énorme. Je m’en mets déjà énormément de mon côté mais la pression qu’Alex me met avec ses mots est double et n’est clairement pas facile à gérer. J’en viens à me demander ce qu’il pourrait se passer si je ne suis pas à la hauteur, si je n’y parviens pas. M’en voudra-t-elle ? Sûrement, oui. Puisqu’elle me fait bien comprendre que je n’ai pas le droit à l’erreur ou au moindre faux pas. Je sais que je dois l’aider, j’en avais déjà conscience mais ses mots me poussent à me perdre complètement dans mes pensées. Je doute pouvoir être à la hauteur pour aider Nathan ou pour lui apporter tout ce dont il a besoin. « Je sais…je fais ce que je peux. » Mais je ne fais sûrement pas assez, mes actions ne sont sans doute pas suffisantes sauf qu’essayer de se trouver une place dans la vie d’un petit garçon de dix ans qui a toujours été indépendant n’est pas une chose facile, croyez-moi. Je me sens nul et clairement pas à la hauteur pour pouvoir aider Nathan mais pourquoi je fais vraiment tout ce que je peux. Sauf que ça ne semble apparemment pas suffisant si j’en crois les paroles d’Alex. J’essaie de la réconforter et de lui montrer que les choses finiront par s’arranger pour eux mais même pour ça, j’ai l’impression de ne pas être à la hauteur. Comme d’habitude. « Je serai jamais sa maman. » Aux yeux de la loi non, elle a raison et je ne peux pas le nier je ne peux rien faire non plus pour elle à ce sujet malheureusement. Mais je reste persuadé qu’elle pourrait gagner la confiance de Nathan et gagner cette place dans sa vie. Officieusement. Pour ça il faut qu’elle lui montre qu’elle en a envie et surtout qu’elle assume ses erreurs passées, aussi difficile soit-il de le faire. Sauf que ce sont des mots que je lui ai déjà dit mais je n’ai pas l’impression qu’ils l’aient aidé non plus. Comme quoi je suis vraiment nul pour tout ce soir. Je la fais même pleurer alors que j’essaie simplement de lui remonter le moral et de lui montrer qu’elle est assez forte pour surmonter cette épreuve. Je crois qu’il serait plus sage que je me taise. « Désolée je voulais pas craquer, mais tu es tellement parfait avec moi et tes mots comptent beaucoup. Merci d'être là, merci de me soutenir. Je te promets d'y croire, pour nous, pour notre famille et pour Nathan. Je vais faire ce qu'il faut pour gérer au mieux cette situation et laisser du temps à Nathan. » Je la fais pleurer mais pourtant elle me remercie, ce que j’ai un peu de mal à comprendre. Je la regarde tout en essuyant ses larmes avec mon pouce, la faire pleurer n’était clairement pas mon objectif. « Je t'aime chéri, mais vraiment tu en as pas marre d'être si parfait. » « Si j’étais parfait je te ferais pas pleurer alors que j’essaie de te remonter le moral. » Je lui réponds cette phrase en lui souriant doucement bien que je sois assez sérieux finalement. Et je reste bloqué sur ses mots, je dois aider Nathan mais au vu de tout ce qu’il s’est passé aujourd’hui je pense qu’on peut tous les deux dire que je ne suis pas très doué pour ça. « Je commence à avoir un peu froid et je crois que cette position ne convient pas au bébé, tu viens te coucher avec moi ? Juste le temps que je m'endorme, j'ai pas envie d'être seule ce soir. » Si dans d’autres circonstances je lui aurais sans doute répondu que j’ai quelques idées pour la réchauffer je retiens cette réflexion parce que je sais qu’elle n’a clairement pas la tête à ça ce soir. Malheureusement. « Oui oui, bien sûr. » Je me lève doucement pour sortir en premier de la baignoire, une fois en dehors et une serviette autour de la taille je lui donne ma main pour l’aider à en ressortir à son tour. « J’arrive, je vais juste voir si Nathan est en train de se préparer pour aller au lit. » que je lui dis une fois séché et un boxer enfilé je la laisse quelques minutes après l’avoir embrassé sur la joue. Nathan m’a bien écouté et je le retrouve dans sa chambre pour discuter un peu avec lui et après lui avoir souhaité une bonne nuit c’est cette fois ma femme que je rejoins dans notre lit. « Tu te sens un peu mieux quand même ? » je lui demande, une légère inquiétude dans la voix. Peu convaincu que le bain et mes mots aient réussi à l’aider.
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« Je sais…je fais ce que je peux. » Peut-être que si j'étais moins prise par mes émotions j'aurais pu sentir la pression que ressent Caleb, peut-être que j'aurais pu comprendre que mes mots l'ont fait douter, mais je ne comprends pas tout ça. Je ne peux pas le rassurer parce que je ne sens pas qu'il est stressé, parce qu'à mes yeux, il n'a aucune raison de douter, aucune raison de se mettre une pression. « Et tu t'en sors très bien, il allait pas bien et il est venu à l'Interlude. » Je ne dis pas ça pour le rassurer, mais uniquement parce que c'est la réalité, c'est ce qu'il s'est passé. Il allait mal, et c'est à l'Interlude qu'il a été. Il allait mal et c'est auprès de Nathan qu'il est venu chercher du soutien. Il m'a repoussé, mais il n'a pas repoussé Caleb ensuite, encore une preuve de leur lien qui semble déjà fort et c'est bien pour ça que c'est à lui que je demande d'aider Nathan, parce qu'il est le seul qui puisse apporter à Nathan ce dont il a besoin et le seul que Nathan semble laisser vraiment entrer dans sa vie. Il sera bientôt son père, officiellement, aux yeux de la loi mais aussi auprès de Nathan. Il a accepté que Caleb fasse cette reconnaissance de paternité, Nathan a accepté que Caleb devienne son père, et je sais que je n'aurais jamais ce rôle là auprès de celui que je n'ai pas le droit de l'appeler mon fils. Cette journée me l'a rappelé de manière brutale, cette journée m'a montré que Nathan semblait pas prêt à m'accepter et si c'est en somme logique, ça reste douloureux. Douloureux à gérer, douloureux à encaisser, douloureux tout simplement. Et si j'ai fais en sorte de tenir le coup pour ne pas craquer, pour ne pas m'effondrer devant Nathan, c'est Caleb qui me fait lâcher les armes. C'est devant lui que je craque après avoir retenu mes larmes une bonne partie de la soirée, ce sont ses mots, ses gestes d'affections, sa présence aussi qui m'apporte cette sécurité pour me laisser aller et cesser de lutter contre ce que je ressens, contre ma peur de ne pas réussir à gérer cette douleur. Il est là, il croit en moi, il me serre contre lui et c'est tout ce dont j'avais besoin pour finir cette journée. Je pleure et si ça me soulage, je vois que Caleb reste un peu perplexe devant mes larmes. « Si j’étais parfait je te ferais pas pleurer alors que j’essaie de te remonter le moral. » Je lui souris sincèrement, il semble un peu perdu face à mes larmes, et j'arrive à le trouver chou parce qu'il ne réalise pas que sans lui je n'aurais pas pu gérer ce moment. Que si la douleur a été grande aujourd'hui, je pleure parce que ses mots ont un effet apaisant chez moi et j'accepte de me détendre, j'accepte de lâcher prise et c'est ce dont j'avais besoin. « Tu devrais savoir que je pleure tout le temps chéri. » Ce n'est pas avec beaucoup d'entrain que je fais ce trait d'humour mais j'essaye de le rassurer et de lui faire comprendre à quel point sa présence est précieuse pour moi ce soir. « Mais tu m'aides à me détendre, et j'avais besoin de lâcher prise, tu m'as aidé ce soir, c'est très important que tu sois là. » On ne pourra rien faire de plus pour ma relation avec Nathan à cette heure ci, on ne pourra pas changer ce qu'il s'est passé cet après-midi mais grâce à lui et à ce moment dans le bain je me sens un peu moins mal et surtout je sais qu'il est là et ce soir c'est tout ce qui compte. Et il me confirme même qu'il va venir se coucher avec moi et je me sens rassurée. « J’arrive, je vais juste voir si Nathan est en train de se préparer pour aller au lit. » J'enfile un tee-shirt et un mini-short et avant de rejoindre le lit, je me regarde dans le miroir et j'ai vraiment l'air fatiguée ce soir. Je n'ai pas la force mais je passe quelques minutes dans la salle de bain à prendre soin de ma peau, faire un minimum pour ce soir et je m'installe dans notre lit après avoir regardé l'écran du babyphone pour m'assurer que nos filles dorment. Je me sens un peu plus détendue mais les douleurs sont toujours là et pour la première fois depuis le début de cette grossesse, je réalise qu'il va falloir que je me ménage un peu désormais. Je me décale un peu pour laisser Caleb s'installer et je viens de coller à lui, le dos contre son torse. « Tu te sens un peu mieux quand même ? » Je sens son inquiétude, une première preuve que je vais mieux parce que je peux sentir son émotion. « Oui, oui, t'inquiète pas bébé, ça va aller. » La nuit sera sans doute pas la meilleure, mais je me sens moins stressée, moins tendue qu'il y a une heure. « Sans toi, je ne sais pas comment j'aurais géré ce soir. » Mal sans doute, ou je n'aurais pas géré, mais je ne veux pas imaginer ce que j'aurais pu faire et je n'ai pas à le faire parce qu'il est là et c'est tout ce qui compte ce soir. Je bouge un peu contre lui, cherchant une position qui pourrait m'aider à soulager les douleurs que je ressens, mais je commence à craindre de ne pas y arriver ce soir et tant que ces douleurs ne se calmeront pas, je pense que le sommeil sera dur à obtenir. « Qu'est-ce que vous avez fait aujourd'hui ? » Et à défaut de dormir, je questionne Caleb sur sa journée, sur ce qu'il a fait avec Nathan, avec les filles aussi. Parce que si aujourd'hui fut une journée compliquée pour moi, ça reste une journée importante pour Nathan, pour Caleb, parce que toutes les journées passées avec notre fils sont importantes. « Demain c'est peut-être mieux que vous y alliez tout les deux, il sera sans doute plus à l'aise et c'est un moment important. Je resterai avec les filles et je me rattraperai de ne pas avoir été là pour elles aujourd'hui. » Parce que j'ai vraiment l'impression de ne pas avoir passé de temps avec elles aujourd'hui et c'est quelque chose que je n'aime pas. Je masse doucement mon ventre d'une main et de l'autre, c'est le bras de Caleb que je caresse, je profite de sa présence, je profite de la douceur de sa peau. « Ce week-end, tu pourrais organiser un petit roadtrip entre mecs avec Nathan, je suis sûre que c'est un truc qu'il aimerait et ça peut être bien pour vous deux, et ça pourrait lui donner un peu le moral avant de rentrer au foyer. » Il a besoin d'attention Nathan et je me dis qu'avec des moments comme ça, ça ne pourrait que renforcer leur lien et rassurer Nathan sur le fait que même s'il doit rentrer au foyer, il n'est plus seul désormais et qu'il aura toujours Caleb. « Et tu pourrais même aller voir tes parents, Nathan a peur d'être seul, rencontrer tes parents pourrait être rassurant pour lui. » Rassurant ou angoissant au final, j'en sais rien, et je ne peux pas le savoir parce que suis la dernière à qui il se confiera Nathan, mais je me dis que sentir qu'il y a une famille prête à l'accueillir ça peut être important pour lui.
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« Et tu t'en sors très bien, il allait pas bien et il est venu à l'Interlude. » Mais comme elle vient de me le dire un peu plus tôt, je dois l’aider à gérer sa colère, je dois l’aider à gérer ses émotions pour qu’il évite à en venir aux mains et se battre. Ses mots rendent mes épaules encore plus lourdes qu’elles ne l’étaient déjà. Je suis le seul à pouvoir l’aider et si j’échoue, Nathan ira mal. Cette constatation est compliquée pour moi et je ne suis pas sûr d’être à la hauteur pour aider Nathan en plus de ne pas réussir à aider ma femme à se détendre après cette journée qui a été encore plus compliquée pour elle que pour moi. Je suis décidément un bon à rien. « Tu devrais savoir que je pleure tout le temps chéri. » J’hausse doucement les épaules, c’est vrai oui, Alex a tendance à beaucoup pleurer mais ça n’excuse pas le fait de voir des larmes couler le long de ses joues alors que j’essayais au contraire de l’aider à se sentir plus légère. « Mais tu m'aides à me détendre, et j'avais besoin de lâcher prise, tu m'as aidé ce soir, c'est très important que tu sois là. » Je n’ai pourtant pas l’impression de l’avoir aidé ce soir, j’ai la sensation de la sentir encore tendue et surtout je l’ai fait pleurer ce qui n’est effectivement pas si rare que ça de sa part mais j’aurais tout de même aimé ne pas lui donner d’autres émotions négatives ce soir. J’ai surtout l’impression qu’elle me dit ça pour me rassurer plus que parce que c’est la vérité. Alors j’essaie de l’écouter davantage ce soir et quand elle me demande à sortir du bain, j’accepte sans trop de mal même si je m’y sentais plutôt bien. Ses besoins sont bien plus importants que les miens ce soir, encore plus que les autres jours. Je la laisse se rhabiller et en profite pour aller souhaiter une bonne nuit à Nathan qui s’apprête lui aussi à aller au lit avant de rejoindre ma femme dans le nôtre. « Oui, oui, t'inquiète pas bébé, ça va aller. » Mon torse qui vient se coller à son dos et un de mes bras entoure son corps pour la ramener au plus proche de moi. « Sans toi, je ne sais pas comment j'aurais géré ce soir. » Mes doigts caressent avec douceur son ventre alors que je viens l’embrasser sur la joue. « J’ai pas fait grand-chose… » Ce qui est vrai. Lui apporter sur un plateau le repas de ce soir n’était que la moindre des choses et quant au bain que je nous ai préparé c’était surtout son idée à elle. Elle bouge beaucoup, Alex et je ne la sens pas installée confortablement du tout. « Qu'est-ce que vous avez fait aujourd'hui ? » Mes lèvres se posent dans son cou et sur ses épaules. « En rentrant Nathan a défait ses sacs et s’est un peu installé dans sa chambre, après on a commencé par faire les cookies et puis après c’était l’heure du bain des filles. Il voulait que je lui montre un peu comment ça se passait donc il était avec moi, ensuite je lui ai montré comment changer les couches et il s’est occupé de Lena. J’ai servi à manger aux filles et pendant qu’elles mangeaient on a fait les burgers ensemble. » Voilà un résumé assez rapide de la façon dont s’est déroulée la fin de journée avec Lucy Lena et Nathan. Lena était heureuse en voyant Nathan avec nous ce soir et elle n’arrêtait pas de l’appeler « Athan » ce qui n’a pas manqué de me faire sourire à chaque fois tant je trouve ça adorable. « Demain c'est peut-être mieux que vous y alliez tout les deux, il sera sans doute plus à l'aise et c'est un moment important. Je resterai avec les filles et je me rattraperai de ne pas avoir été là pour elles aujourd'hui. » J’aurais largement préféré qu’Alex soit présente avec nous demain mais je peux totalement comprendre sa réticence bien que j’espère sincèrement qu’elle ne va pas le fuir lui et toute conversation pour le reste de la semaine. « Ce week-end, tu pourrais organiser un petit roadtrip entre mecs avec Nathan, je suis sûre que c'est un truc qu'il aimerait et ça peut être bien pour vous deux, et ça pourrait lui donner un peu le moral avant de rentrer au foyer. » Et malheureusement, on dirait bien que si. Sa proposition me fait grimacer, pas qu’elle ne me plaise pas mais elle me montre qu’elle compte fuir. Encore une fois, et c’est bien cette partie-là qui me fait un peu peur. « Bébé, il va bien falloir que tu lui reparles un jour. » Plus sur le ton de l’inquiétude que du reproche, je ne veux surtout pas qu’elle abandonne tout espoir de pouvoir construire un lien avec Nathan. Moi je reste persuadé que rien n’est perdu. « Et tu pourrais même aller voir tes parents, Nathan a peur d'être seul, rencontrer tes parents pourrait être rassurant pour lui. » Bien qu’elle ne puisse pas le voir je secoue la tête de droite à gauche, refusant d’un certain sens sa proposition. « Non je pense que c’est bien trop tôt pour ça. Il commence tout juste à m’accepter et je ne pense pas qu’il soit prêt à rencontrer mes parents. » C’est à peine s’il m’a déjà questionné sur ses grands-parents. Il m’a déjà posé quelques questions sur mes sœurs mais ça n’a jamais été très loin. Pour ça je suis persuadé qu’il faut y aller tout doucement et surtout ne brûler aucune étape et je n’ai pas l’impression qu’il soit prêt pour faire la rencontre de toute sa famille. « Avant tout ça je pense qu’il est préférable qu’on lui laisse le temps de trouver sa place parmi nous. » Ce qui est encore un peu compliqué et les événements d’aujourd’hui le montrent.
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Allongée contre Caleb, mon corps est douloureux, mais je me sens un peu mieux, un peu plus calme, un peu plus détendue et surtout je suis plus apaisée. J'ai toujours peur de ce qu'il nous attends avec Nathan, mais Caleb est à mes côtés, il est là et je sais qu'il n'ira nul part et qu'il sera là pour me soutenir dans les moments difficiles. « J’ai pas fait grand-chose… » Et si à ses yeux, ce qu'il a fait n'est pas grand-chose, pour moi c'est au contraire énorme. Parce que j'avais besoin de lui, et je n'aurais peut-être pas osé lui dire, je n'aurais peut-être pas osé lui faire porter le poids des mots de Nathan s'il ne s'était pas montré si doux, si présent, si patient aussi. J'aurais pu me laisser submerger par tout mes doutes, par toutes mes peurs, j'aurais pu laisser la culpabilité et les souvenirs du passé revenir me perturber, mais grâce à sa présence, grâce à lui, j'ai pu évoquer les événements de la journée, j'ai pu trouver un espace dans lequel me laisser aller sans craindre de craquer, ou de me laisser envahir par mon passé, par mes émotions ou par mes angoisses. Il ne réalise même pas à quel point ce qu'il a fait aujourd'hui est important, à quel point il m'aide aujourd'hui, mais au quotidien aussi. A quel point, sa présence m'aide à me réguler, m'aide à me stabiliser, m'aide à être heureuse aussi. « Tu étais là pour moi et ça compte beaucoup. » Il ne réalise pas comme sa présence est importante pour moi, et je suis sincèrement touchée de toutes ses petites attentions à mon égard même si pour lui ce n'est pas grand chose, je sais apprécier le côté attentionné de mon mari. Je me tourne légèrement, mais sans aucune douceur, pour venir l'embrasser et glisser mes deux mains dans ses boucles pour prolonger le baiser un peu plus longtemps. Une manière sans doute de lui montrer que j'apprécie sa présence ce soir, et aussi que je vais mieux. C'est pas la grande forme encore, mais je vais mieux et si j'ai aimé ce baiser et le bien que ça me procurait, je ne reste pas longtemps dans cette position qui n'est pas confortable du tout pour moi. Je bouge un peu, je me remets contre lui, je laisse ses doigts caresser mon ventre et après plusieurs essais pour trouver une position confortable et non douloureuse pour dormir, je finis par me faire à l'idée que malgré la fatigue, dormir n'est pas encore une option. Pas tant que mon corps n'aura pas fini de me faire souffrir ou que ma fatigue l'emporte sur ces sensations désagréables. Je le questionne sur sa journée, à défaut d'avoir été avec eux, je veux savoir comment ça s'est passé pour eux. Je sens les baisers de Caleb dans mon cou et sur mes épaules, et je ferme les yeux quelques secondes, sentant quelques frissons me parcourir et mes muscles se détendent un peu. « En rentrant Nathan a défait ses sacs et s’est un peu installé dans sa chambre, après on a commencé par faire les cookies et puis après c’était l’heure du bain des filles. Il voulait que je lui montre un peu comment ça se passait donc il était avec moi, ensuite je lui ai montré comment changer les couches et il s’est occupé de Lena. J’ai servi à manger aux filles et pendant qu’elles mangeaient on a fait les burgers ensemble. » Je garde les yeux fermés alors qu'il me raconte leur fin de journée qui a l'air de s'être passée sans aucun soucis, ni avec les filles, ni avec Nathan. Je souris quand je l'entends dire que Nathan s'est occupé des filles, qu'il a lui même demandé à voir comment ça se passait et ça me rassure sur l'idée qu'au moins Nathan ne semble éprouver aucun sentiment négatif envers les filles et c'est important pour moi. « Nathan qui change une couche et celle de Lena en plus, j'aurai aimé voir ça. » Je dis ça en souriant légèrement, sans une once de regret de ne pas avoir été là, mais uniquement amusée par cette image. Ce n'est qu'après avoir dit ces mots que je réalise que si j'avais été avec eux, ça ne se serait sans doute pas aussi bien passé. C'est une constatation qui fait mal, mais avec laquelle je vais devoir apprendre à vivre. Sauf, que Nathan, Caleb et même nos filles, méritent de pouvoir avoir des moments comme ceux là, des moments ou il n'y a aucune tension, aucune retenue ni de la part de Nathan, ni de la mienne. Ils méritent ce genre de moments pour que chacun puisse trouver sa place et créer des liens. Je suis un élément qui peut mettre à mal l'équilibre précaire de ce qu'ils sont en train de construire et je ne veux pas être un frein à l'entente entre Caleb et Nathan. J'ai vu cet après-midi comme ça avait été compliqué à la sortie du centre, comme les moments à trois avaient été pleins de tensions et je ne veux pas qu'on revive ça demain et j'en viens à la conclusion qu'ils seraient mieux qu'ils aillent acheter les meubles pour la chambre de Nathan sans moi. Nathan a besoin de Caleb, il a besoin de temps avec son père, il a besoin de temps sans moi dans les parages et si dans mon état je ne peux définitivement pas partir trop loin, l'idée que Caleb et Nathan passent du temps tout les deux ce week-end me semble être une bonne idée pour tout les deux. « Bébé, il va bien falloir que tu lui reparles un jour. » Je lève les épaules, je sais que je vais devoir lui reparler, je sais que ça sera une étape à laquelle on ne pourra pas échapper mais ça n'est pas incompatible non ? Je peux très bien lui reparler, mais qu'ils aillent tout les deux passer quelques jours ensembles non ? Non je n'essaye pas de l'éloigner de moi, non je n'essaye pas d'occuper son temps sans moi pour éviter d'avoir à gérer les moments avec lui. Non je ne fais pas, enfin je ne pense pas. « Je sais, et je vais le faire, mais c'est peut-être encore trop tôt, je sais pas s'il est prêt à accepter cette discussion, il n'a jamais semblé vouloir me poser des questions. » Il ne m'a pas demandé pourquoi j'avais fais ça, il ne m'a pas demandé pourquoi je l'avais abandonné, ni même si je regrettais. Il m'a juste dit qu'il me détestait et que j'avais gâché sa vie, ça n'invite pas à une discussion ce genre de propos non ? Il a dix ans Alex, 10 ans c'est toi l'adulte, toi qui doit gérer les choses, toi qui a peur de ne pas trouver les mots face à lui. « Je ne veux pas gâcher ces quelques jours qu'il a avec vous. Il en a besoin et toi aussi. » Je sais que pour Caleb cette tension doit être dur à vivre, je sais qu'il doit se sentir mal de nous savoir en froid, que ce n'est pas comme ça qu'il aurait espéré que les choses se passent, en tout cas, ce n'est pas ainsi que j'avais espéré que ça se passerait moi. Mais, pour eux ça se passe bien et s'il n'a pas répondu véritablement à ma proposition de week-end entre mecs, il réponds en revanche à ma deuxième proposition au sujet d'une possible rencontre avec ses parents. « Non je pense que c’est bien trop tôt pour ça. Il commence tout juste à m’accepter et je ne pense pas qu’il soit prêt à rencontrer mes parents. » Je ne peux que me fier au jugement de Caleb à ce sujet. C'est de sa famille dont il est question et surtout, il est celui qui est le plus à même de savoir ce dont Nathan a envie ou besoin. « Avant tout ça je pense qu’il est préférable qu’on lui laisse le temps de trouver sa place parmi nous. » De nouveau je bouge un peu pour me tourner sur le côté droit et faire face à Caleb. « Tu le connais mieux que moi, je te fais confiance la dessus. » Et si je lui fais aussi confiance, c'est parce que je sais que pour lui, ce moment risque d'être important et s'il considère que ce n'est pas encore le bon moment pour ça, je ne peux que lui donner raison. Ma main vient caresser la nuque de Caleb et jouer avec ses cheveux un peu alors que je me perds quelques instants dans ses yeux. Il ne parle pas beaucoup de ce qu'il veut lui, de ce qu'il aimerait faire, que ce soit avec Nathan ou avec nous. Je ne sais même pas si finalement demain il pense que c'est mieux qu'ils y aillent tout les deux sans moi. Je ne sais pas si l'idée du week-end avec Nathan lui plaît ou pas ou si lui préfère rester avec les filles et Nathan chez nous. « Toi, tu voudrais quoi chéri ? Ça te plairait de passer ce week-end avec lui ? Ou tu préfères un autre programme ? » Je le regarde toujours attendant une réponse de sa part. C'est difficile pour moi de ne pas parler encore, de ne pas lui proposer plusieurs choses, je suis prête à lui proposer un week-end à cinq me disant que partir ailleurs pourraient apaiser les tensions, mais c'est sans doute bête de penser ça et puis de toute façon j'ai envie d'entendre ce qu'il veut, j'ai envie de savoir ce que lui a envie. Pas Nathan, pas moi, juste ce qu'il veut lui. Ma seconde main vient se poser sur mon ventre et je grimace en sentant les douleurs revenir, je bouge à nouveau, et après quelques secondes à gesticuler dans le lit, je viens poser ma tête contre son torse. Ma deuxième main se pose elle aussi sur son torse. « J'aurais quand même pu profiter un peu de ton torse ce soir. » Que je lui dis en souriant légèrement, parce qu'il me l'avait promit, il m'avait promit plus aussi mais ce soir, je sais que moi je ne pourrais rien lui donner, mais pourtant ma main sur son torse, je trouve un certain apaisement à sentir sa peau sous mes doigts, à sentir son odeur, à sentir ses battements de cœur.
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« Tu étais là pour moi et ça compte beaucoup. » J’aimerais pouvoir faire plus qu’être simplement là pour elle, très clairement mais elle semble pourtant s’en contenter. Pourtant elle mérite mieux, Alex, mais je dois dire que son baiser me fait un bien fou et c’est donc en remontant une main sur sa joue que je le prolonge, les yeux fermés essayant ainsi de profiter d’autant plus de ses lèvres sur les miennes et de son corps contre le mien. Ce n’est pas vraiment comme ça que j’imaginais notre soirée, j’avais bien d’autres plans et d’autres idées en tête pour nous. Mais je sens bien qu’Alex n’en a pas envie et qu’elle n’a clairement pas la tête à ça alors je n’insiste pas, je ne fais même pas le premier pas pour lui montrer que j’ai envie d’elle et quand elle me demande comment s’est passé la journée je lui réponds tout en caressant encore et toujours son ventre. « Nathan qui change une couche et celle de Lena en plus, j'aurai aimé voir ça. » Un sourire s’étire sur mes lèvres alors que je revois l’image de Nathan s’occupant de ses sœurs et essayant tant bien que mal de changer la couche de Lena. « C’était plutôt drôle mais assez touchant en même temps. » Lena n’est pas la plus simple, elle bouge beaucoup et elle a tendance à ne pas se laisser faire aussi facilement que Lucy. Moi aussi j’aurais aimé qu’Alex soit avec nous pour voir tout ça mais c’est quelque chose que je ne lui dis pas, ne voulant clairement pas la faire culpabiliser. Elle est enceinte de sept mois et qu’elle se sente fatiguée après une journée à marcher me semble totalement normal et si sa présence son sourire et son rire m’ont manqué en cette fin de journée, j’accepte le fait qu’elle n’ait pas pu – ou voulu – être avec nous ce soir. Après tout ce qu’elle ressent est bien plus important que le reste. « Je sais, et je vais le faire, mais c'est peut-être encore trop tôt, je sais pas s'il est prêt à accepter cette discussion, il n'a jamais semblé vouloir me poser des questions. » Je secoue la tête, n’étant pas d’accord avec elle comme assez souvent finalement. « Bébé, c’est à toi de faire le premier pas pour avoir cette conversation. Pas à lui. Il n’a que dix ans. Il attend que tu ailles vers lui. » C’est d’ailleurs une remarque que je lui ai déjà faite il y a quelques mois et pourtant elle n’a toujours rien fait, attendant sagement que ce petit garçon de dix ans fasse le premier pas vers elle. Mais comme je viens de lui dire et comme je lui avais déjà dit, c’est n’est pas comme ça que ça va se passer et je suis sûr que plus elle attend, plus Nathan se montrera dur avec elle. « Il m’a dit qu’il n’aimait pas que tu agisses comme si rien ne s’était passé. Tu peux pas continuer comme ça si tu veux que tout s’arrange entre vous. » Il me semble normal qu’il attende qu’Alex entame une conversation d’elle-même. Après tout ce n’est pas lui l’adulte, mais elle. « Je ne veux pas gâcher ces quelques jours qu'il a avec vous. Il en a besoin et toi aussi. » Je pense surtout qu’elle a bien trop peur d’avoir cette discussion avec lui et qu’elle n’arrête pas de la repousser encore et encore car elle ne veut pas ressasser un passé déjà bien compliqué et fragile pour elle. Sauf qu’elle ne va pas avoir le choix. Je le sais. Et elle doit le savoir aussi. « Tu le connais mieux que moi, je te fais confiance la dessus. » Mes yeux se perdent dans les siens maintenant qu’elle se retrouve face à moi. Je profite de cette proximité pour la regarder sans un mot, laissant même ma main caresser son visage avec douceur. Je me perds dans son regard, je l’admire pendant encore quelques secondes dans le silence avant qu’elle ne vienne le briser avec une question inattendue. « Toi, tu voudrais quoi chéri ? Ça te plairait de passer ce week-end avec lui ? Ou tu préfères un autre programme ? » Si passer un week-end seul avec mon fils me plairait ? Bien sûr que oui c’est quelque chose que j’aimerais vraiment beaucoup faire mais ce dont j’ai envie pour ce week-end je ne suis pas sûr de pouvoir le lui partager. Qu’on soit tous les cinq et que l’on puisse passer deux jours à profiter de passer de temps en famille ainsi. Sauf que je sais que ce genre de moment ne pourra jamais vraiment arriver, pas avant qu’Alex ne parle avec Nathan afin que les tensions et les non-dits entre eux ne s’apaisent. Je soupire doucement et bouge un peu quand Alex change encore une fois de position venant cette fois poser sa tête sur mon torse. J’ai l’impression d’être bien trop long à répondre à une question pourtant d’apparence si simple. « Je ne sais pas… » Je lui mens parce que je sais exactement ce que je veux mais ne voulant pas la faire culpabiliser je préfère garder mon envie pour moi. « Tu es enceinte de sept mois je ne te laisserais pas toute seule tout un week-end. » Et là-dessus je suis catégorique, il est pour moi impensable de laisser ma femme qui porte mon bébé seule avec nos filles qui auront bientôt deux ans. « J'aurais quand même pu profiter un peu de ton torse ce soir. » Voilà une réflexion qui a le mérite de me faire sourire et qui m’arrache même un léger rire. « Clairement pas de la manière dont je l’aurais aimé. » que je lui réponds en riant un peu, loin de moi l’idée de vouloir la faire culpabiliser. « C’est pas grave on remet ça à demain, on aura le temps d’y penser toute la journée et ça sera encore meilleur. » Si je dis ça sur le ton de l’humour je n’en reste pas pour le moins sérieux et je viens lui voler un baiser pour ponctuer la fin de ma phrase.
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