Quelques jours, après ma sortie d’hôpital – début Septembre 2022. Depuis que je suis rentrée dans mon appartement de Fortitude Valley, c’est bien simple, j’ai l’impression d’être comme une lionne en cage. Certains et certaines disent que je possède déjà la crinière, me manque plus que le statut. Mes journées sont rythmées par mes visites à l’hôpital et celles chez ma psy’. Parce que les médecins, dans leur infinie miséricorde, m’ont demandée d’aller voir un ou une professionnelle pour prétendre guérir mon esprit. Le corps, c’est en cours. Mais le reste, ça n’est pas encore parfait selon eux. Alors, pour ne pas me fatiguer, j’ai choisi la psy’ à quelques pas de chez moi. À la fin de ma rue. Je sais pas si elle est bien ou non, mais les avis sur internet m’ont convaincue de l’idée.
Mais avec elle, ça passe pas. Ça fait quelques rendez-vous, que je reste assise dans son fauteuil et qu’on parle pas. Je lui ai jamais ouvert la bouche, parce que je vois pas quoi lui dire. Ça reste encore bloqué quelque part, de toute façon. Elle, elle me dit que je dois prendre mon temps. Qu’elle est là pour ça. Qu’elle reste à ma disposition si j’ai envie de parler. Or, justement, j’en ai pas envie. Moi, ce que je veux, c’est repartir sur le terrain. Retrouver la Brigade, celle que je considère comme étant une seconde famille. Voire, la seule techniquement parlant. Et surtout, revoir Oliver. Ne pas le laisser seul avec un ou une inconnue. Parce que j’ai pas confiance en l’autre. Et, s’il met en danger mon binôme lors d’une intervention ? Alors que moi, je suis putain de vissée sur mon canapé à sommeiller dès que je fais une action un peu trop fatigante pour mon corps qui se trouve être encore en convalescence.
Elles résident là, mes Peurs. Celles que je tais à la femme à lunettes qui tapote la mine de son stylo sur son carnet à spirales. Elles veulent pas sortir, alors qu’elles sont bien là. J’ai failli crever et du coup, je veux pas perdre Oli’. Et, inconsciemment ça me rend folle de le savoir seul ou mal accompagné s’il se rend sur une affaire. Note, que dès qu’il a du temps libre, il le passe automatiquement avec moi. Et moi, j’ai l’impression d’être un boulet plus qu’autre chose à son bras. La meuf pas encore en forme, et totalement useless. Si on regarde un film, j’arrive pas à le voir jusqu’au bout. Il me dit que c’est pas grave, que je dois prendre le temps de me reposer, encore. Mais je fais que ça. Et quand il est là, il m’étreint juste. J’aime ça évidemment mais c’est un véritable enfer de pas être tout à fait moi. La Billie Redfield reloue, qu’il connait. Et, qui lui plait.
Par le bruit caractéristique d’un sms sur mon téléphone posé sur la table basse de mon salon, je sais qu’il s’annonce et qu’il va passer incessamment sous peu. Mon regard gris balaye l’entièreté de la surface qui se trouve face à moi, et y’a eu pire comme bordel. Au tout début, c’était la cata’. J’avais trop mal pour ranger ne serait-ce que des trucs qui allaient être jetés à la poubelle. Cass’ et Lexie sont venues en renfort, m’aider. Passer un peu de temps quand elles le pouvaient. Et Icare. M’apporter des plats de sa confection. Même si comme pour Olly’, je m’endormais après quelques minutes de discussion intensive. Mais, ça va mieux aujourd’hui. Malgré que je sois vêtue d’un bas de jogging kaki oversize et d’un haut de la même couleur qui peut presque m’avaler, tant il est immense. J’avoue, c’est un tee-shirt d’Oliver. Alors que je me prends un verre d’eau, je constate que je n’ai fait aucune croix sur mon calendrier depuis que je suis revenue. Et surtout … nos anniversaires respectifs n’ont pas été fêtés. Alors que c’est une tradition bien ancrée à la Brigade. Et là, avec la merde qui m’est arrivée : j’ai zappé.
On pourrait dire que c’est pas important. Que c’est somme toute assez relatif. Que ça reste tout bêtement un anniversaire. Or, pas pour moi. Parce qu’il a une toute autre saveur là. Et, que je veux pas le louper une seconde fois. Même si on est en retard de près d’un mois, je veux pas l’oublier. Avec un stylo rouge, j’entoure nos deux dates respectives et les surligne trois fois. Dès qu’il est là, je lui en parle. Je lui soumets l’idée. Parce que je veux pas que ça tombe dans l’oubli. Et, je veux penser à autre chose que les rendez-vous à l’hôpital pour du suivi et causer à une psy’ envers qui je partage -presque- rien comme information ou traumatisme comme elle se plait à l’imaginer.
Lorsque j’entends qu’il arrive dans l’allée, je prends quelques secondes pour me redresser et marcher sans me presser, jusqu’à la porte d’entrée que je déverrouille. Avec un tendre sourire, je l’entraine à l’intérieur de mon appartement pour l’embrasser et le saluer. Le retrouver. Pas le harceler sur le boulot, bien qu’il me connaisse et qu’il sait que je dois me mordre l’intérieur des joues pour pas le faire. Toutefois, je le laisse prendre place sur le canapé, prenant ses mains dans les miennes, avec un air bien trop formel sur mon visage aux joues parsemé d’éphélides. Mon regard gris ne quittant pas le sien. Car, je suis heureuse qu’il soit là.
- Faut qu’on parle Oliver. Je laisse planer un temps cette phrase en suspens. Je sais que tu vas me dire, faut pas faire trop d’efforts Billie, tu dois te retaper à cent pour cent … mais putain, j’en ai marre d’être ici. Et, aujourd’hui, ça va mieux. Un silence, alors que j’arrive tout doucement à cette destination où je veux l’emmener. Avec la merde qui m’est arrivée, on a pas fêté nos anniversaires ensemble. Comme on fait chaque année. Y’a pas eu le gâteau à la carotte traditionnel de la femme du Chef. Un autre silence. Même s’il est très bon, je m’en fous là. Je veux qu’on aille faire un truc. Pas un truc de malade mais quelque chose. Tous les deux. J’attends avec une certaine appréhension, ce qu’il va bien pouvoir me dire. S’il me dit : ‘on reste ici’, je crois que je le mords. Pour de vrai.
« Woh ! Il s’est passé quoi ? » est la première réaction d’Oliver quand la porte s’ouvre et qu’une Billie enthousiaste et énergique vient l’embrasser et l’entraîner à l’intérieur de son appartement. Il est amusé et surtout ravi de voir qu’elle retrouve peu à peu ses marques, qu’elle retrouve peu à peu son énergie légendaire. En voie de guérison, il l’a vu jurer comme pas possible en se voyant limitée dans ses mouvements, déplacements et perdant un tantinet de son indépendance. Il laisse échapper un éclat de rire quand finalement, il se retrouve le cul posé sur le canapé et Billie lui prenant les mains. « C’est quoi ? Une espèce d’intervention ? », qu’il lui demande tout en levant un sourcil, plus pour la blague que pour autre chose. Il ne sait pas ce qui l’attend et ce qu’elle souhaite lui dire, lui annoncer mais il comprend rapidement qu’il faut être attentif et surtout la laisser parler. Alors, il presse doucement ses mains et la regarde dans les yeux, silencieux et attentif. « Faut qu’on parle Oliver » « Merde. » souffle-t-il alors qu’elle laisse sa phrase en suspens. Il prononce ce juron tout en esquissant un sourire amusé. Le genre de conversation qui commence de cette manière n’est jamais une partie de plaisir mais avec Billie, il n’y avait plus aucune règle. Ca allait peut-être être une conversation des plus amusantes. Qui sait ? « Je sais que tu vas me dire, faut pas faire trop d’efforts Billie, tu dois te retaper à cent pour cent … mais putain, j’en ai marre d’être ici. Et, aujourd’hui, ça va mieux. » Il acquiesce d’un signe de tête aux propos de Billie, qui le cite mot pour mot. Oui, il faut qu’elle se retape, se repose. Non, laisse-moi porter ça. Laisse-moi faire. Reste assise. Arrête. Il avait tout comme ses collègues veillé sur elle. « Avec la merde qui m’est arrivée, on a pas fêté nos anniversaires ensemble. Comme on fait chaque année. Y’a pas eu le gâteau à la carotte traditionnel de la femme du Chef. Même s’il est très bon, je m’en fous là. Je veux qu’on aille faire un truc. Pas un truc de malade mais quelque chose. Tous les deux. » Il fronce les sourcils tout en laissant échapper un éclat de rire. « J’ai jamais été très fan de ce gâteau … soit dit en passant. Juste pour le protocole. » Leur premier anniversaire en tant que … quelque chose de plus qu’amis et collègues. Elle marque un point néanmoins.
« Qu’on aille faire un truc ? … je suis partant pour toute folie, Billie mais je ne sais pas si c’est très prudent … je sais que je porte la casquette du casse-couilles quand je dis ça mais il faut bien qu’un de nous soit la voix de la raison sinon c’est parti pour l’apocalypse. » A peine a-t-il fini sa phrase qu’il voit et lit la déception dans le regard de la rouquine. Il soupire, lâche ses mains pour les poser sur ses propres cuisses. « Ooook. On peut tenter un truc pour éviter que tu ne te transformes en Hulk et pour fêter nos anniversaires avec un peu de retard. Mes parents ont une petite villa sur Moreton Island … un endroit réservé pour les événements familiaux … je ne pense pas qu’il y ait quelqu’un là-bas … on pourrait y passer quoi … deux jours. » il fait mine de regarder sa montre. « Tu te prépares un sac. Je préviens ma mère. Et on part dans quelques heures pour revenir … lundi matin, histoire que je ne perde pas mon boulot. » L’avantage d’être un gosse de riche, il s’en rendait compte maintenant. « On va te faire voir autre chose que le quartier … pas envie de te voir péter un câble enfermé ici » qu’il dit dans un murmure alors que ses mains se sont posées sur ses joues pour venir déposer un tendre baiser sur ses lèvres. « J’attends néanmoins un cadeau d’anniversaire … encore une fois, juste pour le protocole. » ajoute-t-il pour la taquiner.
Dernière édition par Oliver Dawson le Lun 11 Juil 2022 - 14:19, édité 1 fois
Quelques jours, après ma sortie d’hôpital – début Septembre 2022. - Rien. Je suis contente c’est tout. Que je lui réponds simplement avec un sourire et un baiser, l’alpaguant par le col de son haut pour le faire entrer chez moi. Aujourd’hui, ça va enfin mieux. Bon, je suis pas encore tirée d’affaire mais ça va vers le positif en soi. Même si je reste encore fatiguée mais ça, c’est normal. Il va encore me falloir un temps pour digérer cette condition. Mais, tout me manque. Lui, le boulot et les autres collègues. À son questionnement, je ne peux retenir un rire bien longtemps, d’ailleurs. Peut-être, qui sait ? C’est que le boulot, ça me manque hein.
Parce que je le connais à force mon quartier pour y rester durant des journées entières. La course, autour du pâté de maison, j’ai essayé. Or, j’ai rebroussé chemin bien vite. Malgré la musique dans mes oreilles et toute la bonne volonté du monde, pour faire quelques mètres. Je suis rentrée, épuisée et je me suis affalée dans le canapé. Là, où se trouve Olly’, d’ailleurs. Ses mains m’offrent un contact plus appuyé, alors qu’il est suspendu à mes paroles. J’aime bien ménager mon petit suspens, ça, ça n’a jamais changé. Son juron, me fait rire aux éclats, alors que mon regard gris pétille d’une lueur malicieuse. Mais son sourire le trahit. Ça l’amuse, toutefois.
- J’ai bien vu une fois, que t’en étais pas fan du gâteau de la femme du Chef. J’avais bien remarqué, le morceau craché dans la serviette en pensant que personne t’avait gaulé. Un rire doux et rempli de tendresse. Mais moi, je t’avais bien vu ! Et, j’aurais pu te dénoncer aux instances supérieures … mais je l’ai pas fait. Ne suis-je pas ta coéquipière préférée ? La question ainsi posée, m’amène un grand sourire, aussitôt effacé par la Raison d’Oliver. Je suis déçue et ça doit se voir. Je l’aime pas cette casquette. Que je murmure telle une gosse, à qui on a pas offert le cadeau voulu à Noël. Ou à son Anniversaire, du coup.
Cependant, mon partenaire se rattrape bien vite. Et moi, j’applaudis. Parce que, ce qu’il me propose m’enchante au plus haut point et que je vais enfin pouvoir sortir de cet enfer. Que je vais pouvoir voir autre chose que mes plus proches voisins de palier. Je les aime hein, là n’est pas la question en soi, mais putain faut que je change d’air. Sinon, avec tout ça, je vais devenir totalement névrosée. Et, j’ai pas envie de finir comme ça. Pas avant de retrouver ma place au boulot. Pinçant mes lèvres, je me redresse d’un bond. Prête à faire un sac pour deux jours, vitesse grand v. Faut pas me le dire deux fois, hein. Oli’, a libéré un peu d’espace pour le fauve que je suis et je vais pas m’en priver là. Certainement pas.
- Je cours ! Y’a l’adrénaline de se barrer d’ici pour souffler un peu. La perspective de passer du temps avec lui, dans cette demeure familiale que fondamentalement, j’ai jamais vue. Ou peut-être bien en photo. Okaaaay. Juste que sa mère passe pas. Je me sens pas prête à affronter Violet Dawson dans cet état. Au boulot, on t’a foutu avec qui, d’ailleurs ? Pas que je sois jalouse, hein … Si, un peu mais chut. Que celui ou celle qui est en renfort avec toi, qu’elle fasse gaffe à tes miches. Sinon, je lui tombe dessus. Y’a un peu de ma Peur enfouie qui s’exprime en surface. Quelques secondes mais ça suffit. Merci, de veiller à ma santé mentale.
Je viens doucement sur ses genoux, l’une de ses mains dans l’une des miennes, l’autre caressant sa joue. Monsieur, attend donc un réel cadeau d’anniversaire. Levant mon regard gris au plafond, je fais mine de chercher durant quelques secondes. Même si j’ai ma petite idée et même si je sais que lui, me taquine à me le demander. Or, c’est notre ‘tradition’. Puis, cette fois-ci, on est bien plus qu’un binôme soudé sur le terrain, ainsi qu’une amitié forte. C’est plus que ça. Bien plus que ça.
- Et, il attend quoi comme cadeau, -juste pour le protocole-, mon binôme ? Je le titille à raison, avant de venir chercher ses lèvres, mes deux mains posées sur chacune de ses joues, cette fois-ci. Durant, un baiser qui parait interminable. Mais, qui me fait énormément de bien. Je vais préparer un sac, du coup. Bien que ma foi, j’ai quelques autres idées qui me viennent en tête. Et, elles ne sont vraiment pas très chastes. Mais, il va peut-être encore sortir sa casquette de casse-couilles. Qui sait ?
« J’ai bien vu une fois, que t’en étais pas fan du gâteau de la femme du Chef. J’avais bien remarqué, le morceau craché dans la serviette en pensant que personne t’avait gaulé. Mais moi, je t’avais bien vu ! Et, j’aurais pu te dénoncer aux instances supérieures … mais je l’ai pas fait. Ne suis-je pas ta coéquipière préférée ? » Il ne peut s’empêcher de rire en levant les yeux au ciel. « Est-ce une vaine tentative de me manipuler ? » demande-t-il en levant un sourcil.
Quand il cède à sa demande, il la voit s’illuminer en un éclair. Apparemment, ce n’est pas un caprice mais bel et bien un appel au secours avant de devenir folle. Il pouvait la comprendre, il n’est pas certains d’être capable de réagir avec parcimonie si jamais on venait à l’enfermer chez lui, à le garder alité pendant des semaines sous prétexte qu’il ait failli y laisser sa peau. « Je cours ! » « On va y aller mollo quand même », prend-il le temps de glisser d’une voix amusée devant l’enthousiasme de la rouquine. « Au boulot, on t’a foutu avec qui, d’ailleurs ? Pas que je sois jalouse, hein … Que celui ou celle qui est en renfort avec toi, qu’elle fasse gaffe à tes miches. Sinon, je lui tombe dessus. » « J’ai fini ma journée alors on va éviter de parler boulot, si tu veux bien. Je sais que toi, ça te manque mais perso … j’ai besoin de faire une petite pause. » Il est sérieux pour une fois et parle d’une voix presque trop calme. Elle doit sans aucun doute comprendre que cela signifie rien de bon, on a sûrement dû le mettre avec un petit nouveau de la criminelle qui se prend pour un personnage principal d’une série télévisée. Elle connait également suffisamment Oliver pour savoir que dans ces cas-là, mieux ne vaut pas creuser car ce serait à son tour de se transformer en monstre. Il précise néanmoins juste « pour le protocole » : « Crois-moi, t’as pas raison d’être jalouse. J’attends qu’une chose, que tu sois enfin de retour. » Un moyen comme un autre de lui dire qu’elle lui manque. « Merci de veiller à ma santé mentale. » dit-elle finalement avant de venir prendre place sur ses genoux. Et il enroule ses bras autour d’elle aussitôt tout en la regardant. « Et, il attend quoi comme cadeau, -juste pour le protocole-, mon binôme ? » « Tu crois tout de même pas que j’vais te faciliter la tâche et te dire tout ce que je souhaite …. » dit-il d’une voix rieuse. « [color=indianredJe vais préparer un sac, du coup.[/color] » Il acquiesce. « Ouais, tu peux. » enchérit-il en la laissant disparaître pour que lui, il contacte sa mère et s’assure que la villa de vacance soit libre. La première réaction de sa mère, c’est pour qui ? pour quoi faire ? est-ce qu’elle doit organiser une femme de ménage, un cuisinier ? Il rit tout en lui disant que c’est simplement pour profiter d’un week end de libre, besoin de changer d’air. Elle semble mordre au poisson. « Hey Billie, je passe chez moi vite fait faire ma valise et je passe te chercher d’ici une heure, OK ? Tâche d’être prête … pour pas qu’on loupe le ferry. », qu’il lui annonce sur le pas de la porte de sa chambre. Un signe de main en guise de « à plus », et il disparaît pour laisser son binôme préparer sa valise. Une heure plus tard … une heure et dix minutes plus tard, il débarque avec sa voiture devant chez elle … direction le ferry … pour finalement arriver après quelques heures sur la fameuse petite île paradisiaque sur laquelle ses parents possédaient une villa de vacances. Une villa chic, colorée, gigantesque au bord de la mer. Un endroit dans lequel il avait passé beaucoup trop de vacances et dans lequel il ne se rendait que très rarement. « Tu me promets de pas t’emballer et de rester tranquille pendant ce week end ? Je m’en voudrais à vie si jamais tu venais à te blesser … c’est un week-end « chill », tranquille. Compris ? », qu’il lui dit alors que le chauffeur de taxi s’arrête devant la dite villa et qu’il lui fait signe que c’est le moment de lui montrer qu’elle a compris et surtout de sortir … Elle le connaissait issu d'une famille aisée ... mais sans doute pas de cet accabit là. Peut-être que ça expliquait le comportement de Violet.
Quelques jours, après ma sortie d’hôpital – début Septembre 2022. - Peut-être bien ? Que je lui rétorque en riant, consciente que mes petits mots ont pu produire leur effet sur mon binôme. Mais, je dois avouer que ce qu’il me propose me convient à merveille. Que pouvoir respirer un autre air que celui de mon quartier m’enchante. Qu’on va être tous les deux et qu’on va voir autre chose. Et surtout, je vais quitter mon appart’ pour deux jours. Pas que je m’y sente pas bien, mais là, je l’ai beaucoup trop vu. Et, dès qu’il me donne le feu vert, j’ai envie de bondir. D’ailleurs, sa réaction me fait sourire. ‘Mollo’ ? Je connais pas vraiment ce terme. Il est inconnu de mon vocabulaire. Or là, j’ai pas encore vraiment le choix. Je dois m’y plier. Je vais essayer d’y aller mollo mais je promets rien …
Un clin d’œil amusé que j’adresse à mon partenaire. Avant que mon sourire ne s’efface peu à peu. Oupsie, j’ai mentionné le boulot et ça a pas l’air de bien se passer. Et, je le connais Oliver. Quand il se renferme et qu’il m’offre un ton de voix bien plus grave, je sais que je dois me taire. On se comprend et je pose tendrement mes doigts sur ses joues. Pour clore le sujet boulot. Même si j’espère qu’on lui a pas collé un bleu ou un abruti qui se prend pour le meilleur des flics. Ça, c’est cet état d’esprit qui me fout en rogne. Ceux qui croient tout savoir, alors qu’ils sont à des lieues de tout connaitre. J’espère juste, qu’il est pas tombé avec un gonze de ce genre. Cependant, son petit aveu me fait tendrement sourire, parce que moi aussi, je souhaite revenir au plus vite. Être avec lui, sur les affaires. Toutefois, faut que la psy’ me juge apte. Quand je réussirais à lui décocher plus que des politesses.
- Okay. Je ferme ici, le sujet boulot. T’as besoin de ta petite pause. Pardon. Je lui octroie une petite moue contrite, avant de sourire à nouveau. La faute à ses petits mots. Bah crois-moi, j’ai hâte d’être de retour. Hâte de te retrouver. Hâte de tout, en fait. Toute la Brigade dans son entièreté me manque. Les sourires bienveillants de Cass’, les termes peu courtois de Lexie. Et, tout le reste. Tout. Le. Reste. Même le café dégueulasse et les barres de chocolat qui peuvent manquer dans les distributeurs. Hum. Hum. Je trouverais bien Oliver Dawson. Mais, il en est de même pour moi hein. C’est donnant-donnant. Je le taquine avant de l’embrasser, encore. Consciente que mes pensées peu chastes, je peux les remettre à plus tard. Vu qu’il m’ordonne de faire mon sac.
Et, je m’exécute. Bien trop heureuse, de pouvoir partir. De pouvoir ‘respirer’. Occupée à remplir déjà un sac à dos, de carnets de croquis, d’aquarelles et de mon appareil photo argentique, je vois tout de même passer la silhouette d’Olly’ dans l’embrasure de ma porte. Il a prévenu sa mère visiblement. File faire sa valise et passe me chercher dans une bonne heure. Hochant ma tête aux boucles rousses, je suis déjà dans la préparation de mon sac pour deux jours. N’empêche, ça va être rapide ça. La faute à un père, qui avait une vision militaire des départs en vacances. Du coup, j’étais prête bien avant qu’Oli’ débarque. M’étant changée pour quelque chose, d’encore plus confortable. Mais, clairement plus regardable qu’un vieux jogging pas franchement plaisant.
Sur le Ferry, je tente de pas être trop. De faire gaffe. Mais, l’air emplit mes poumons et je me sens merveilleusement bien. Alors que je prends des photos de la traversée. Pour tout garder en mémoire. Sur une photo, parce que j’ai pris aussi mon Polaroïd, je chope Oli par la nuque pour venir embrasser sa joue quelques secondes. Qu’il le garde quelque part, ce cliché que je lui tends. Peut-être pas le montrer aux collègues hein. Mais voilà. Extatique, -parce que hé, être enfermée quelque part, ça me réussit vraiment pas-, je n’en reste pas moins stupéfaite quand je vois apparaitre la demeure familiale Dawson, sous mon regard gris. C’est gigantesque. Immense. Et, je ne peux qu’émettre un sifflement impressionné devant pareille bâtisse. C’est … WOW. Et là, y’a le puzzle de Violet Dawson qui s’emboîte. Je comprends pourquoi, la mère de mon coéquipier est ainsi. Vu, l’énormité de la villa. Parce que oui, c’est bien une villa, non ? Que j’ai en face de moi …
- Promis. Je m’emballe pas. Je fais ni la folle, ni la reloue. Un éclat de rire, alors que j’ai déjà envie de tout visiter. De tout voir. Le domaine, il a l’air si grand. C’est … magnifique. C’est wow, Olly’. Ça me touche qu’il me montre cette partie de lui, parce que je le savais privilégié. Mais pas autant. Tu me fais visiter ? Y’a des choses à savoir sur cette demeure ? Des petits secrets ? Je le taquine avec mes questions, alors que je prends mon sac à dos, et mon autre sac à la main. Mon autre main, elle cherche directement celle d’Oliver. Merci, d’avoir vraiment veillé à ce que je ne devienne pas folle. Un froncement de nez qui lui est destiné, et un autre baiser. Plus langoureux. Et bien plus intense.
« Promis. Je m’emballe pas. Je fais ni la folle, ni la reloue. » Il aurait pu y croire si elle n’avait pas éclaté de rire. Evidemment, elle n’y parviendrait pas. Elle allait faire un faux pas, tôt ou tard. Il y a des choses que l’on ne peut pas changer et sa touche de folie en fait partie. Après avoir payé la course du taxi, il sort les valises du coffre avant de le laisser disparaitre sur l’île, certainement pour regagner l’aéroport duquel s’échappent souvent des touristes. Il repose alors son attention sur son invitée du week-end qui semble hélas impressionnée par la villa de vacances. Enorme. Gargantuesque. Trop grosse pour être honnête. Oliver se souvient de la première fois où il y avait mis les pieds, en famille, avec ses grands-parents. Il avait passé la soirée avec sa cadette à jouer aux cartes sur la terrasse. Un bon souvenir. Un rare souvenir qui joue le rôle d’exception dans sa mémoire de gamin frustré. « C’est … magnifique. C’est wow, Oliv’. » « C’est démesuré tu veux dire. » répond-il d’une voix amusée tout en haussant les épaules. Les bons souvenirs avaient laissé place à d’autres, moins joyeux. Des galas. Des soirées organisées par son paternel pour certains lobbys. La pression de la prestation. Rentrer dans des cases. La disparition de sa cadette dans ces tableaux de famille. Il avait détesté cette prison dorée, édulcorée, aseptisée d’humanité. Une fois qu’il eut l’âge de pouvoir dire non, il avait toujours trouvé une excuse pour ne pas y remettre les pieds … hormis durant les fêtes de Noel, qui évidemment se déroulaient ici chez les Dawson. « Tu me fais visiter ? Y’a des choses à savoir sur cette demeure ? Des petits secrets ? » qu’elle lui demande d’une voix taquine tout en venant glisser sa main dans la sienne, rendant cet instant étrangement solennel. Le baiser échangé lui permet de ne pas s’y attarder et détachant ses lèvres des siennes, il jette un coup d’œil vers la villa et acquiesce finalement. « Allez viens. », qu’il dit tout en se dirigeant vers la porte d’entrée.
Une fois rentrés et atterris dans le hall, il allume la lumière pour finalement constater que tout est comme avant, comme avant le décès de son père. Sans doute que personne ne vient dans cette villa, à part le jardinier et la femme de ménage. Sans doute que c’est un caprice qu’ils pourraient revendre, louer peut-être. « J’pourrais te faire visiter … mais ce serait rendre la chose bizarre, fais comme chez toi, y’a personne à part nous et y’a pas de pièces secrètes qui donnent sur une salle de torture ou de psychopathe, promis. » dit-il tout en lui lâchant la main pour se diriger vers le coin cuisine, ouvrir le réfrigérateur et constater que sa mère avait bien appelé les employés de la maison pour qu’ils livrent et apportent quelques nécessaires. Les bases pour une survie de deux jours. Il a beau se plaindre de la Violet, elle sait s’occuper de sa progéniture. La décoration des pièces est simple. Très simple. Minimaliste même. Mais par-ci, par-là, on découvre quelques clichés encadrés et posés sur les armoires. La famille Dawson au grand complet à Noel, à un anniversaire, à un mariage et puis il y a ces photos de la fratrie Dawson. Oli, l’aîné et ses cadets … dont sa petite sœur, dont il ne parle pas vraiment. Billie sait qu’il a une fratrie mais ne l’a jamais entendu parler de ces derniers. La famille a toujours été un sujet tabou pour le gamin qui ne passe pas dans les codes familiaux. « On a la chambre au premier, celle qui donne sur la plage … l’avantage d’être l’aîné, j’ai pu réserver cette chambre à vie ! » qu’il dit en se redressant pour contourner le coin cuisine et s’approcher de la jeune femme. « Et maintenant si tu veux bien, je vais aller me fumer une clope sur le patio … ma méthode à moi pour faire chier mon père qui m’a toujours expressément interdit de fumer ici … mon petit côté anarchiste et mignon. » Il sourit. « ou simplement ma foutue dépendance à la nicotine. Au choix. »
Quelques jours, après ma sortie d’hôpital – début Septembre 2022. Je crois qu’il a finalement raison : c’est démesuré. J’ai jamais vu une baraque de cette taille, ni de cette envergure. Le domaine est immense et la villa, n’en parlons même pas. J’ai l’impression que si j’entre à l’intérieur, je vais me faire avaler toute crue. Et là, je me rends compte qu’on est pas du même monde et qu’immanquablement, ça me renvoie à sa mère. Toutefois, je sais qu’Oliver est aux antipodes de ce que sa famille peut attendre de lui. Mais, cette gigantesque demeure de vacances me fait penser que ouais, on est clairement pas pareils. Évidemment je tais mon introspection, ne souhaitant pas lui en faire part. Et de toute manière, ne voulais-je pas de grands espaces, en définitive ? Plutôt que de rester dans mon appartement, à tourner comme une lionne en cage.
Là, j’ai tout ce qui faut. Et bien plus encore. Enregistrant dans mon esprit, l’architecture colossale qui me fait face. Je suis sûre et certaine, qu’il y a des recoins cachés. Des pièces condamnées qui ont peut-être quelques secrets. C’est sur cette pensée, qu’Olly’ me fait signe de le suivre. Et, à l’intérieur c’est pire. Des pièces à la longueur interminable mais à la décoration somme toute soignée. Épurée et délicate, avec juste assez de goût pour prétendre en faire une œuvre d’art contemporaine. Toujours impressionnée, je me mords l’intérieur des joues pour contenir sifflements et soupirs remplis d’intérêt. Tout me plait. Non pas que je sois matérialiste mais c’est de découvrir un peu de ce qu’est mon binôme. Je le sais être l’aîné d’une fratrie qu’il ne mentionne jamais.
- Ah ! Zut ! Moi, qui pensais trouver des preuves compromettantes pour te faire chanter, me voilà bien emmerdée ! Que je m’exclame en riant, tandis que mon regard gris balaye l’espace. Et tombe sur les quelques clichés qui sont des souvenirs de sa vie. Pour ne pas paraitre totalement désobligeante, je ne m’attarde pas dessus. Si mon partenaire ne souhaite pas en parler, je vais clairement pas le forcer. C’est pas moi, qui vais lui foutre un couteau sous la gorge pour me raconter sa vie. S’il veut un jour qu’on en parle, il sait où me trouver. Mais, jamais je le forcerais. Ça doit venir de lui tout ça. Pas de moi. Ah … Je vois les avantages de Monsieur l’aîné Dawson, du coup. On va peut-être pas s’en plaindre. Ou si ? La question est purement rhétorique, par ailleurs.
Alors, qu’il me fait rire et que je m’approche de lui, mes mains plaquées dans les poches arrière de mon jean moulant noir. Pinçant mes lèvres, parce que lui peut fumer et pas moi. C’est pas conseillé dans mon état. Clairement pas. Faisant la moue, je le laisse s’échapper sur le patio pour qu’il puisse s’en griller une et rendre hommage à cette autorité paternelle qu’il a dû défier toute sa vie. Profitant qu’il soit à l’extérieur, mon regard gris est de nouveau attiré par ces clichés. Et, de ce que je peux remarquer, c’est qu’il a pas l’air heureux Olly’. Ou du moins, pas quand son père se trouve dans les parages. J’ai toujours su que le paternel est un sujet tabou et là encore, j’ai jamais voulu savoir. J’ai jamais voulu creuser. Tout comme lui, a jamais su pour ma mère. Qui est devenue folle suite au meurtre de mon père et que j’ai dû ‘sauver’ en la faisant interner. D’ailleurs, je dois prendre de ses nouvelles. Grâce aux infirmiers et infirmières qui lui ont jamais dit que sa fille unique s’était pris une balle dans le foie.
Avec un coéquipier toujours à fumer dans son patio, j’en profite pour récupérer mon téléphone présent dans la petite poche extérieure de mon sac à dos. Et, je m’éloigne à l’extérieur. Le plus loin possible pour composer le numéro de l’Hôpital Psychiatrique et prendre des nouvelles de ma mère. Je la sais, pas très bien en ce moment. Son traitement n’a pas l’air de lui convenir et le médecin a dû réadapter ses comprimés. Du coup, je rassure l’équipe soignante de mon état, -eux sont au courant-, et je m’enquiers de celui de ma génitrice. Elle a l’air d’aller mieux. Bien mieux. Tournant avec mon téléphone en main, c’est face à Oli’ que je me retrouve. Il a dû me chercher, vu que j’ai disparu durant une bonne vingtaine de minutes. À la hâte, je mets rapidement mon téléphone dans l’une des poches arrière de mon pantalon. Avant de lui sourire avec tendresse.
- Y’a un beau spot pour faire des photos, ou pour dessiner ? Que je le questionne toujours en souriant. T’as vu ? Je tiens ma promesse de pas faire des folies et de pas être reloue. C’est un bon début, non ? Je mérite pas une petite récompense, d’ailleurs ? Ici, je le taquine. Et, j’adore ça.
« Ah ! Zut ! Moi, qui pensais trouver des preuves compromettantes pour te faire chanter, me voilà bien emmerdées ! » « Et, c’est peu dire … même en y cherchant avec toute la volonté du monde, tu trouveras rien. J’y ai veillé. Crois-moi pas que je t’aurais emmené dans la gueule du loup pour t’offrir des armes contre moi. », dit-il sur le ton de la plaisanterie bien qu’il y ait un peu de vrai dans son affirmation. Il a, en effet, veillé à ce que rien de compromettant ne reste dans cette maison. Il s’en est détaché au grand dam de sa mère, d’ailleurs. « Ah … Je vois les avantages de Monsieur l’aîné Dawson, du coup. On va peut-être pas s’en plaindre. Ou si ? » Ses lèvres s’étirent en un sourire débile et amusé.
Et il finit par disparaitre pour aller s’empoisonner les poumons à l’extérieur, sur ce patio. Une terrasse qui donne sur une piscine avant de terminer sur un morceau de plage et la mer. Gamin, il n’avait jamais compris le pourquoi d’une piscine alors que la mer est à quelques pas. Il n’a jamais compris le pourquoi avoir une résidence secondaire alors que leur résidence principale était suffisamment grande pour accueillir la famille proche. Il n’a jamais compris pourquoi c’était essentiel pour ses parents d’avoir. Avoir, qu’importe le quoi mais avoir était important. C’est ce qui l’a poussé à prendre une autre voie. A avoir un appartement minuscule dans un quartier modeste. C’est ce qui l’a poussé à ne pas posséder grand-chose. C’est ce qui l’a poussé à placer cet argent reçu par son père sur un compte séparé du sien. Il ne veut pas être confronté à cette vie faite d’apparences, de mensonges, de remarques cinglantes. Il tient à les séparer, ces deux mondes. Celui-ci n’est pas le sien. Il ne se sent pas à son aise. Un étranger dans ses propres murs. Calé dans un des fauteuils du patio, il s’est mis à son aise tout en regardant la fumée grise s’échapper de ses lèvres pour disparaitre dans l’air divin du bord de mer. Les minutes passent et Billie n’est toujours pas là. Il pourrait s’en inquiéter : est-elle en train de fouiner comme une détective ? est-elle en train de s’émerveiller devant les différentes pièces ? ou est-elle simplement occupée à autre chose ? Après tout, il lui a dit de faire comme chez elle. Après tout, il est venu jusqu’ici pour elle, pour qu’elle ait un autre environnement au moins pour deux jours. La main posée sur l’arrière de son crâne, il est allongé dans ce fauteuil de bois et fixe l’étendue d’eau bleu. Pendant quelques minutes, il se replonge dans de vieux souvenirs et devient nostalgique. Il se revoit courir vers la mer avec son frère et sa sœur. Il se revoit se bousculer avant de s’éclabousser. A un moment, il était heureux. Il revoit même Hunter, venu pour quelques jours de vacances. A un moment, il se sentait bien … ici.
Cette vague de souvenir lui donne la nausée et il se redresse rapidement pour retrouver Billie. « Y’a un beau spot pour faire des photos, ou pour dessiner ? . T’as vu ? Je tiens ma promesse de pas faire des folies et de pas être reloue. C’est un bon début, non ? Je mérite pas une petite récompense, d’ailleurs ? » Il a remarqué la manière dont elle a glissé son téléphone dans la poche de son jeans et il fut un temps où il aurait ignoré ce geste mais aujourd’hui, il se demandait s’il ne venait pas de remarquer quelque chose d’important. Peut-être. « Tu pourras sans doute te caler sur la plage si le cœur t’en dit, sinon à l’étage, le balcon offre une plus belle vie ... à moins que tu ne veuilles me dessiner comme une de ces françaises », qu’il finit par dire en battant des cils, l’air débile et gamin sur le visage, faisant naturellement référence au film Titanic et à cette fameuse scène.
« Mais plus sérieusement je valide et apprécie la raison dont tu fais preuve … impressionnant. Surprenant mais impressionnant. » vient-il lui dire sur un ton un peu plus sérieux. « Tu veux manger un truc ? Boire un truc ? » Il est mal à l’aise. On peut voir à sa manière de se comporter qu’il est un très mauvais hôte dans cette demeure. « Ca fait une éternité que j’suis pas venu ici … J’ai l’impression d’être un cambrioleur. » qu’il avoue finalement tout en jetant un coup d’œil autour d’eux.
Quelques jours, après ma sortie d’hôpital – début Septembre 2022. - Mince ! Hé, je suis vraiment déçue en plus ! Que je lui rétorque en éclatant de rire. Me prend-il vraiment pour une nana susceptible de retourner mes prétendues trouvailles à son égard, contre lui ? Probablement. Ça me fait rire encore d’ailleurs. Mais moi, ce que je vois, c’est une autre partie de mon binôme. Celle qu’il n’aime pas ou qu’il cache aux yeux des autres. Pourtant, sa mère, hormis son jugement à mon encontre, je l’ai trouvé à propos dans le rôle de la mère de famille fortunée. Mais Olly’, lui, je suis sûre et certaine, qu’il rentre pas dans les cases familiales. Ou, on a essayé de le forcer pour qu’il entre, et il s’est vite échappé.
Le petit sourire qu’il m’octroie suite à ma question rhétorique vaut bien mille mots. Il est clair qu’on va pas se plaindre d’un tel palace, moi la première. Le laissant s’empoisonner et fumer pour deux, moi, je prends des nouvelles de ma mère. Pensant au fait, que ça lui ferait peut-être du bien de voir autre chose que cet endroit aux murs blancs qui est désormais sa principale résidence. Lorsque je vais la voir, et que j’en fais pas étalage, on se promène dans le parc. Elle salue, ses ‘amis’ et se fait un plaisir de me les présenter. Y’a même Lennon qui a voulu se marier avec moi une fois, j’ai décliné l’offre évidemment. Même si je lui ai dit, que j’étais extrêmement flattée de sa proposition. Du coup, ma génitrice s’est forgé son propre monde. Où parfois se rend mon père, sans y rester pour autant. Dernièrement, je suis pas vraiment allée la voir, étant donné ma convalescence. Et, forcément je m’en veux, vu le coup de fil donné à la hâte. Et qui me rassure. Un peu.
Face à moi, y’a mon partenaire qui semble peu à l’aise. Voire pas du tout. Alors que c’est quand même chez lui. Et que moi, je vais pas faire ma reloue pour une fois. Avec un sourire, j’écoute ses petits conseils et je me permets un petit rire. Monsieur a des envies de Jack Dawson ? Note, qu’il possède déjà le nom de famille … ce qui est pas si mal en soi. Et ses mimiques, lui valent une tape à la fois sur la joue et le torse. Ah mon binôme, si je l’avais pas, qu’est-ce que je m’ennuierais, hein. Mais avant, de le dessiner entièrement nu, -c’est ce qu’il suggère hein, c’est pas moi-, je viens l’embrasser. À la fois pour le remercier d’être avec moi et pour ce week-end des plus improvisés. Surtout qu’il n’était clairement pas obligé. Clairement pas.
- Dawson, t’as déjà le nom de famille, c’est comique. Un silence que je ne peux garder longtemps, d’ailleurs. Aloooors … on peut carrément tout combiner. Je m’adapte à tout moi. D’un, je te dessine en tenue d’Adam sur le balcon, y’a pas de vis-à-vis, je crois. Et de deux, sur la plage. Avec un coquillage autour du cou, histoire de faire comme le Cœur de l’Océan. Le tableau serait tellement magique. Un autre rire, mais je le vois encore pas à l’aise. T’as pas dit, que je te surprenais toujours, d’ailleurs ? Mon regard gris se pose sur lui, et je décide de rentrer à l’intérieur. Suite à son aveu qui me broie un peu le cœur. À la fois chez lui et totalement l’inverse. Pinçant mes lèvres, j’avise un panier en osier posé non loin de l’îlot central de la cuisine et vu qu’il m’a dit de faire comme chez moi hein, je vais pas m’en priver. Je peux proposer un truc, alors ? Vu que je te sens pas à l’aise et que j’aime pas te voir comme ça … On peut aller se poser sur la plage, prendre des trucs à manger et à boire ? Puis, c’est pas trop loin, je serais pas ‘fatiguée’. Je hais ce terme qui commence à faire partie un peu trop souvent de mon vocabulaire. T’en dis quoi ? On resterait là, jusqu’au soir …
« Dawson, t’as déjà le nom de famille, c’est comique. » Ses mains viennent se poser sur les hanches de la jeune femme pour l’attirer davantage vers lui et se perdre quelques instants dans son regard. Il en a besoin. « Aloooors … on peut carrément tout combiner. Je m’adapte à tout moi. D’un, je te dessine en tenue d’Adam sur le balcon, y’a pas de vis-à-vis, je crois. Et de deux, sur la plage. Avec un coquillage autour du cou, histoire de faire comme le Cœur de l’Océan. Le tableau serait tellement magique. T’as pas dit, que je te surprenais toujours, d’ailleurs ? » « Va falloir que j’apprenne à me la fermer, je crois que ce serait une bonne idée, non ? » qu’il dit d’une voix amusée tout en levant les yeux une seconde au ciel, prenant un faux air pensif. Il ferait mieux parfois de se taire avant de déblatérer des conneries sur lesquelles saute Billie aussitôt. Elle saute toujours sur ces idées à la con ; elle et son sens de l’humour tout aussi pourri que le sien. Tu parles d’un duo. Alors que lui est en train de fondre de malaise, la rouquine semble déjà avoir pris ses places dans les lieux. C’est son habilité à être flexible et à s’adapter à tout, tout le monde, tout le temps. Un truc qu’il admire chez elle, lui l’asocial de base. « Je peux proposer un truc, alors ? Vu que je te sens pas à l’aise et que j’aime pas te voir comme ça … On peut aller se poser sur la plage, prendre des trucs à manger et à boire ? Puis, c’est pas trop loin, je serais pas ‘fatiguée’. T’en dis quoi ? On resterait là, jusqu’au soir …» Il passe ses mains sur sa nuque tout en se mordillant l’intérieur de la joue. Pas à l’aise dans ces lieux, peut-être que le coin de plage qui est au pied de la villa peut être une bonne idée. Cela lui donnerait le sentiment de ne pas être chez son père mais simplement en vacances : espoir quand tu nous tiens. Il relève la tête pour hausser les épaules comme un gosse incertains. « T’as raison ; c’est une bonne idée. » finit-il par lui dire en la remerciant du regard. Elle est là pour lui tendre la main alors que ce week end avait été organisé pour lui tendre la main à elle. Un duo de choc, je vous le dis.
Et c’est ainsi qu’on les retrouve sur la plage, à plusieurs mètres de la villa. Pieds nus, ils ont pu quitter la résidence pour traverser le jardin et atterrir sur la plage. Un petit coin de paradis, loin des touristes – un argument de vente hors catégorie. Ils sont tous les deux installés sur le sable, un panier en osier préparé par les soins de la rouquine qui déborde – il doit bien l’avouer – d’énergie. Le soleil n’est pas encore couché mais ne tardera pas non plus. Le vent est léger et apporte la fraicheur que l’on apprécie après une journée ensoleillée. Oliver se laisse tomber sur le côté, enfonce son coude dans le sable pour déposer sa tête dans la paume de sa main, le regard rivé vers celle qui l’accompagne. Silencieux, il l’observe avec ce drôle de sourire aux lèvres.
Quelques jours, après ma sortie d’hôpital – début Septembre 2022. - Ce serait une bonne idée ça. Essayer de te la fermer. Juste pour voir … Évidemment que je le taquine. Comment, il peut en être autrement ? Lorsqu’il lève son regard brun au ciel, juste l’espace de quelques secondes, je l’observe avec un tendre sourire. Savourant ce petit break qu’il m’offre, avec gentillesse. Je l’ai dit, qu’il n’était pas obligé mais franchement, je le remercierais jamais assez. Même s’il semble pas être à l’aise. Peut-être, y’a-t-il des fantômes ici ? Et, c’est pas ce qu’il veut voir, tout compte fait. C’est peut-être ça, qui le met mal à l’aise.
Mais, j’investigue pas. J’ai promis de pas faire ma détective reloue. Tout comme il a remarqué mon téléphone que j’ai rapidement mis dans la poche arrière de mon jean, il m’a pas posé de questions. Bah là, c’est pareil. Sauf s’il en vient à me demander si je lui cache pas un amant en douce, là, je lui dirais la vérité. Que ma mère, c’est pas la top forme depuis près de dix années maintenant. Qu’elle évolue telle une funambule sur un fil bien trop fin. Entre rêves et réalité. Je serais obligée de m’épancher, même si j’aime pas ça. Parce que ce serait me livrer. Même si en lui, j’ai une totale confiance et il le sait. Or, il me prendrait pour quoi après ? Chassant ces idées sombres de ma tête aux boucles rousses, il n’empêche que je suis euphorique. Extatique. Bref, tout ce qui résume à bouger plus que de raison. Un peu trop énergique même. Mais hé ! J’en ai rien à foutre, j’ai vécu comme une pestiférée à deux doigts de péter les plombs ! Me faut bien un peu d’air.
Même si l’air en question est tout bonnement immense. Que c’est limite un songe éveillé là. Sur la plage avec un panier en osier que j’ai généreusement garni, je profite du silence. Là encore, c’est paradoxal. Parce que chez moi, y’en a eu du silence. J’en ai même été noyée par cette absence de bruit. Toutefois, avec Olly, c’est différent. Parce qu’inconsciemment c’est lui en fait. Lui, que j’ai ‘vu’ quand j’ai été dans le coma, en plus de mon père. Lui, qui évolue dans mes pensées. Souvent d’ailleurs. Lui, avec qui j’aime passer le plus clair de mon temps. Dessinant face à la mer, et prenant des clichés tant que la lumière est encore belle et soutenue, je fais pas attention à ce qu’il m’observe. Qu’il est en train de me regarder. Silencieux. C’est bien lorsque je me retourne, que je croise son regard et que j’interprète son sourire, qui semble ravi ou bien tendre. Je sais pas. Un peu des deux, sûrement. Reposant carnet et appareil photo, sur une serviette que j’ai trouvé durant ma fouille chez les Dawson, je le contemple.
Quelques secondes. Sans un mot. Me rendant compte que si je n’étais pas ‘revenue’, j’aurais pas vu cette vision. D’Oliver Dawson, étendu sur le sable fin qui me regarde. M’approchant, mon regard gris s’accroche à ses iris brunes. Mes doigts, caressant ses joues. Mais, ce moment est bien trop solennel. Trop ‘vrai’. Alors, je dois y mettre de mon répondant et de mon piquant, parce que sinon ça va pas. Même s’il y a ces pensées qui n’ont de cesse de survenir et que je parviens plus vraiment à taire. On est quoi, tous les deux ? Je suis quoi, moi, pour lui ? Et lui, il sait au moins ce qu’il représente pour moi ? Non. Tout ‘ça’, ça apporte une touche de sensations et de sentiments bien trop intenses pour être divulgués. Alors, je joue le rôle de l’handicapée des sentiments. Celui qui fonctionne le mieux.
- Pour en revenir à des mois en arrière … Tu me plais Oliver Dawson. Énormément. Dans cet adverbe, y’a ce plus que je veux bien admettre. Mais pas conscientiser ni verbaliser autrement. Et, tu vas avoir une petite gommette verte, mais tu supportes ta binôme reloue avec une certaine élégance. Et pour ça, la binôme en question, elle te remercie ! Je m’exclame en riant, avant de laisser mon dos rencontrer la serviette et mes mains le sable fin. À minuit … Un bain de minuit, ça te tente ? Même si elle n’est pas énorme, j’aime pas la cicatrice qui a pris place sur le côté de mon corps où je me suis pris cette balle. Pour ça qu’avec Oli’, je préfère faire l’amour sans lumière. Dans la pénombre. Comme ça, il voit pas. Il a rien dit, jusqu’à présent. Il sait ou il respecte peut-être. Je sais pas. J’ai dit que je tentais de pas faire de folies, mais ça, bah j’en ai envie. Et, on refuse rien à son invitée. Voilà, c’est plié. Merci.
Il la regarde et un sourire apparaît sur ses lèvres. Avec elle, tout est simple. Avec elle, il n’a pas besoin de jouer sur les mots, de faire attention. Avec elle, il est lui-même tout comme elle, elle est elle-même. Ils se préservent toutefois. Pas de mots trop doux. Pas de paroles trop sérieuses. Pas trop de sentiments, surtout pas de sentiments même si ses collègues juraient l’avoir vu pleurer comme un gosse dans la salle d’attente alors qu’elle passait sur le billard. Mais personne a eu le courage de lui en parler, de lui mentionner cet état d’âme, mettant tout cela sur le coup du choc, du binôme. Il la regarde et il se contente de profiter de sa présence. Avec elle, il a le sentiment que tout est possible sans vraiment savoir ce qui se cache ou doit se cacher derrière ce « tout ». Mettre des mots sur leurs sentiments serait trop dangereux, trop fou. Cela rendrait les choses réelles. Cela les obligerait à parler, à réaliser qu’ils ont finalement manqué à leur contrat : ils se sont amourachés de l’autre, comme deux adolescents. Ce sont les iris de la jeune femme qui viennent le sortir de sa torpeur : « Pour en revenir à des mois en arrière … tu me plais Oliver Dawson. Énormément. » Ses lèvres s’étirent davantage et il tourne la tête pour venir déposer un tendre baiser sur ses doigts qui sont venus caresser sa joue. Il lui plaît autant qu’elle lui plaît. Parfois, la vie fait bien les choses et elle vous laisse le temps de vous adopter, de vous adapter et de surtout vous cerner. Ils avaient eu le temps avec leur boulot d’apprendre à se connaître, d’écouter les anecdotes de relations plus ou moins sérieuses, les maux d’amour, les maux tout court. « Et, tu vas avoir une petite gommette verte, mais tu supportes ta binôme reloue avec une certaine élégance. Et pour ça, la binôme en question, elle te remercie. » Son rire vient se mélanger au sien, brisant le silence dans lequel ils s’étaient laissés tomber … et il la suit du regard s’allonger sur sa serviette, les mains dans le sable. « Je suis un mec bien, je sais. Un exemple de patience et d’élégance, tu vises juste.» dit-il d’une voix bien trop amusée pour être sérieuse. C’est donnant-donnant. Elle le supporte, lui et ses moments de doute, lui et ses crises de colère, lui et ses moments sombres, lui et ses silences pesants.
« A minuit … un bain de minuit, ça te tente ? » propose-t-elle à … sa grande surprise et il ne peut pas la cacher ; il a même levé un sourcil en entendant sa proposition. Depuis son retour, il avait constaté combien elle avait changé. Elle a beau essayer de dissimuler les blessures bien plus profondes laissées par la balle, il les voit. Elle est devenue pudique, elle est devenue gênée et elle fuit parfois entre ses doigts … il ne pousse pas. Il ne pose pas de question, il s’en tient aux nouvelles règles tout en veillant sur elle. « J’ai dit que je tentais de pas faire de folies, mais ça, bah j’en ai envie. » Il se laisse tomber doucement sur elle, venant nicher son nez au creux de son cou et laissant sa main venir se poser sur sa hanche. Pas un geste romantique mais plutôt puéril, celui d’un gamin qui veut l’entendre rire. Il dépose un simple baiser dans son cou avant de rester ainsi, sur le côté, contre elle : « Je suis chargé de veiller à ce que tu ne fasses pas de folie … ce genre de folie est absolument approuvé par Dawson.» Et il lève la main vers le ciel pour mimer une espèce de tampon Dawson qu’il placerait sur un document officiel. Sourire au coin des lèvres, il tourne la tête vers elle avec l’envie de lui hurler qu’il l’aime … mais a-t-il seulement déjà prononcé ces mots ? Impossible de les formuler mais son inconscient les sait, les connait et aimerait. « Elles sont même hautement recommandé ces folies.» dit-il en acquiesçant ses propres paroles, l'air idiot et le regard pétillant de malice.
Quelques jours, après ma sortie d’hôpital – début Septembre 2022. Quand Cass’ m’avait dit qu’avec son Tom, c’était si simple, je l’avais pas crue au début. Elle était tout bonnement sortie avec celui qui était son meilleur ami. Et, qui la comprenait parfaitement. Y’avait pas besoin de tergiverser longtemps pour se connaitre. Peut-être, que ç’avait été la solution de facilité, mais ma blonde adorée, elle avait eu raison, je crois. Qui, de mieux que son meilleur ami, amant et premier amour pouvait la compléter ? Avec Olly’, je crois qu’il avait la casquette de meilleur ami, de toute façon. J’ai jamais été autant en connivence avec un gars. Je l’ai déjà précisé, qu’ils me laissent tomber quand je suis un peu trop ‘moi’ et que moi, je me lasse quand ils sont trop ‘eux’. Du coup, j’ai jamais ressenti ça avant. Avant Oliver.
Qui, en plus d’être mon meilleur ami est devenu mon amant. Parce que moi, j’ai tout tenté. J’ai laissé exploser la bombe. Et, sérieusement, j’ai jamais autant été heureuse que maintenant. J’ai eu raison, d’initier ce cataclysme sans précédent. Sauf, qu’au fil du temps, j’ai failli à ma promesse. Celle de pas développer des sentiments plus forts pour mon binôme. De rester tout simplement des amis, avec ce petit truc en plus qui nous caractérise. Mais, on se comprend et je veux penser qu’on ‘ressent’ prétendument la même chose, non ? Les sourires qui me sont destinés, ils me trompent pas. Parce que je lui offre les mêmes, en retour. Avec un rire doux, je le laisse embrasser mes doigts qui frôlent ses joues, consciente que ouais, je suis contente. Que le cadre pourrait être nul, que j’en éprouverais la même chose. Parce qu’il est là. Et qu’il est présent. Il l’a même été, quand j’ai été alitée. Mais de ça, on en a jamais trop parlé. Parce que ça laisse des traces. Et que j’ai pas envie de nous torturer avec ça.
- Ah mais quel exemple ! Je l’aime beaucoup ce mec bien. Pourvu d’une dose de patience et d’élégance ! Un nouvel éclat de rire, alors que je fais mine d’être outrée. Là encore, comment pourrais-je ne pas viser juste ? Enfin ! Moi, j’ai toujours l’art de viser juste. C’est mon second prénom, ça. Et, d’éclater encore de rire. Oubliant un peu le restant qui peut être merdique parfois. Et, lorsque je propose le bain de minuit, je sais que j’ai totalement visé juste.
Je le vois être étonné, hausser un sourcil devant ma proposition plus que sérieuse. Parce que je suis certaine que dans l’obscurité avec potentiellement la lueur argentée de la lune, il me verra pas. Du moins, il verra pas ce que j’aime pas de moi, depuis des mois. Même si je le sais patient et compréhensif, il n’empêche que tout ça là, ça a modifié la perception que j’ai de moi au demeurant. Je suis un peu plus réservée quand il s’agit de me dénuder alors que mon corps, j’en suis fière. Et, j’en éprouve aucun dégoût. Or là, c’est somme toute assez différent et Olly’, ne s’offusque pas quand je me dérobe à son contact. Il n’en dit rien. Ça a pas l’air de le gêner. Et pour ça, je l’en remercie encore. Silencieusement. Je ris tendrement quand il s’approche. Qu’il love son corps, contre le mien. J’apprécie ce contact et ce qu’il me dit ensuite me certifie vraiment que j’ai eu l’art de viser juste, comme je le prétends.
- Si Monsieur Dawson Oliver, y met son stample rouge, ça me va ! Un autre rire quand je le vois faire son geste. Et … lorsqu’il me regarde là, comme ça, comme il est en train de le faire, j’ai envie de lui souffler qu’il soit bien plus. Que c’est plus qu’un collègue. Plus qu’un meilleur ami. Plus qu’un simple amant. Que ouais, j’ai gravement merdé en en tombant amoureuse. Mais, je le regrette pas, ça. Je crois que je le regretterais jamais. Oh ? Vite minuit alors ? Un petit clin d’œil, alors que je continue mes croquis, passant de mon interlocuteur à l’étendue de sable fin et d’eau. Prenant mes clichés avec application, grignotant et buvant. Jusqu’à ce que l’ombre s’installe et que je peux enfin me dévoiler.
Sensuellement, je retire mon jean et mon haut. Ainsi que l’entièreté de mes sous-vêtements. Que je pose rapidement sur la serviette avant de courir en riant sur le sable de la plage et de m’immerger dans l’eau, entièrement. Attendant qu’Oliver, en fasse de même et me rejoigne. Et, dès lors qu’il le fait, nu lui aussi, je viens entourer ses flancs de mes jambes et mes bras autour de son cou. Mon regard gris, fixant ses iris brunes. Alors que moi, j’inspire et j’expire, dans cette atmosphère qui me pousse peut-être aux confidences. Y’a aussi le fait que j’ai failli rester sur le carreau. Plus le voir, du tout. Plus passer d’instants tels que celui-ci en sa compagnie. Me rapprochant encore, comme si cela est humainement possible, je souffle une vérité absolue. En espérant qu’il la comprenne. Parce que ces mots-là, ces trois mots et ces huit lettres, je sais pas les dire. Ou du moins, je veux les dire à la bonne personne. Et, c’est lui, la bonne personne.
J’en suis sûre.
- Je crois … que j’ai merdé Oliver. J’ai failli à ma promesse de quelques mois plus tôt … C’est trop solennel. C’est ‘trop’. Mais, c’est ce que je ressens. Et si pour lui, bah c’est pas ça, c’est que je me serais encore foirée. Et ce, dans les grandes largeurs.
Les heures passent et il s’autorise à fermer les yeux, à rejoindre les bras de Morphée pendant que la rouquine se concentre sur ses croquis. Dormir car il n’en a pas vraiment eu le temps après son service. A la fin de celui-ci, il a directement été emporté par sa propre tempête qui l’a conduit jusqu’ici, sur cette plage de sable fin, dans cette résidence démesurée. Quand il ouvre les yeux, elle est toujours en train de dessiner, concentrée et cela l’enchante. La découvrir sous cette facette, ça a quelque chose de spécial. Cela lui donne un côté particulier, à Oliver. Il la connaît donc autrement qu’avec un flingue et jouant des coudes pour se faire une place dans un monde d’hommes. Il l’aime cette femme à différentes facettes. Il est en train de boire une longue gorgée d’eau quand elle se redresse brusquement, subitement, décidant soudainement qu’il est minuit … et il est même bien probable que l’heure soit avancée. Le soleil disparaît peu à peu, faisant d’eux de simples ombres. Allongé sur le dos, redressé sur les coudes, il suit chacun de ses mouvements. Il la dévore du regard sans pour autant bouger. Il se contente de l’observer s’éplucher de ses vêtements pour finalement, à son tour, se lever pour l’imiter. Il s’empresse de se déshabiller, feignant une drôle de course à celui ou celle qui serait dans l’eau en premier. Mais, c’est elle qui a de l’avance et part au pas de course vers l’étendu d’eau salée dans un éclat de rire, qu’il avait eu peur de ne plus jamais entendre. Il la rejoint assez rapidement, s’enfonçant dans l’eau claire … s’approchant dangereusement de celle qui ne fuit plus, mais qui vient se coller à lui, enrouler ses jambes autour de sa taille. Un sourire amusé prend place sur ses lèvres alors que ses bras viennent s’enrouler autour de la jeune femme pour la presser davantage contre lui.
Et pendant une seconde l’instant devient magique. Ils sont là. En vie. Seuls. Plongés dans le regard de l’autre. Le temps s’arrête. Plus rien d’autre ne compte. Pendant cette seconde où le temps s’arrête, ils prennent conscience de leur chance. La chance d’être en vie, de pouvoir vivre ce moment ensemble. « Je crois … que j’ai merdé Oliver. J’ai failli à ma promesse de quelques mois plus tôt … », et il sait ce dont elle parle. Il se souvient de son rire débile lui disant qu’elle ne devait pas tomber amoureuse, que ça allait être dur mais qu’elle ne devait pas tomber amoureuse. Interdiction formelle de tomber amoureux-amoureuse du binôme. Juste des amis avec un petit truc en plus … et ce petit truc en plus … qu’en est-il ? Oliver est muet. Il ne dit pas un mot. Il se perd dans son regard pour une seconde ou deux de plus. C’est sans doute de longues secondes pour quelqu’un qui vient de se lancer dans le vide … mais il ne sait pas quoi répondre. Il ne sait pas car c’est la première fois … « On a pas merdé, Billie », qu’il dit alors, avouant par la même occasion la réciproque. Approchant doucement ses lèvres des siennes, son regard dérive de ses iris pour venir se poser sur ses lèvres contre lesquelles il finit par souffler : « tu me plais. » Peut-être vont-ils devoir changer ces trois mots par d’autres trois mois. Peut-être que ce sont ces trois mots qui veulent tout dire pour eux. Ses lèvres viennent s’unir aux siennes dans un baiser qui se veut libérateur. Libérateur, car il est soulagé. Détachant ses lèvres des siennes, il a ce sourire accroché à ses lèvres pour finalement dire d’une voix amusée … car une situation aussi lourde et solennelle, il ne peut pas la vivre trop longtemps : « C’est quoi le nouveau deal à la Redfield maintenant ? Amis avec ce gros truc en plus ? »
Quelques jours, après ma sortie d’hôpital – début Septembre 2022. Tout occupée que je suis à dessiner et à photographier par moments, ce qui se trouve à ma portée, je jette quand même un regard à la dérobée à mon binôme. Et, je m’aperçois qu’il dort. Avec un sourire tendre, je l’observe durant de longues minutes parce que j’ai bien failli ne plus voir ce genre de scènes, moi. Alors, j’en profite. Ne souhaitant pas le réveiller. Pas le déranger. Je me doute qu’il a pas dû dormir beaucoup avec ses heures de service dans les pattes et son inquiétude quand j’étais pas encore tirée d’affaire. Je m’en doute, parce que j’aurais fait pareil. Mes nuits auraient été des jours entiers. Et, mes jours des nuitées cauchemardesques. De peur, qu’il ne se réveille plus. Alors oui, je le laisse dormir. Et, il a l’air apaisé en plus. Je veux clairement pas gâcher ça.
Quand il remet un pied dans la réalité et abandonne Morphée, je suis toujours concentrée sur ce que je vois. Parce qu’inconsciemment, je sais qu’une partie, je vais la donner à ma mère. Quand j’irais la voir, je lui porterais les croquis que j’ai fait sur cette plage accompagnée d’Olly’. Et même qu’Oliver, je l’ai un peu croqué. Pour qu’elle voit un peu qui c’est. Même si je lui en ai déjà parlé. Le jour même, où on a été mis en binôme. Le jour même, où j’ai su que j’allais lui confier ma vie à ce grand gaillard mal rasé que j’aime énormément. Tout comme mon père l’a fait avec Muire’ quand il était encore vivant. Mais mon partenaire, je sais que je veux profiter de tous mes instants futurs avec lui. Que j’en veux pas d’autres, moi. Parce que j’ai eu une seconde chance de pouvoir le retrouver et que je compte pas la laisser passer. Aucunement, d’ailleurs.
Comme lorsqu’on se baigne nus dans l’onde encore tiède, j’en profite rapidement pour river mon corps au sien. Pour préserver un contact, quand parfois je le lui refuse. C’est pas que je veux pas de lui, j’adore quand il parcoure mon corps de ses mains. Qu’il me fait frissonner dans mon entièreté et que je murmure son prénom au moment de la délivrance. Mais là, j’ai un peu honte de ce que mon corps est devenu. De la fatigue accumulée, une légère cicatrice que je déteste voir ou toucher, et toujours cette envie de retrouver celles et ceux de la Brigade, alors qu’apparemment, c’est encore trop tôt. Que je dois encore me préserver. Me préserver, je viens d’y mettre un terme. Car, je pense avoir laissé tomber mes défenses. Ou les avoir perdues. Parce que je viens de me lancer, sans nul parachute pour me rattraper. J’ai avoué à demi-mots, ce que je ressens pour lui. Avec cette Peur viscérale de me foutre en l’air. D’avoir merdé.
Il met du temps à me répondre et mon cœur lui, bat la chamade. Prêt à se barrer de ma cage thoracique, s’il le pouvait. Je suis stressée et tendue. C’est limite pire que quand j’ai dû prouver mon envie d’intégrer l’Académie de Police, devant un jury constitué que de gars. Qui, pour certains ont eu du mal à voir une nana intégrer les rangs. Mais, y’avait le fantôme de Christopher Redfield qui planait au-dessus de moi, et, en plus de ma conviction, ça a dû aider. Là, j’ai balancé presque textuellement, que j’étais tombée amoureuse de lui. Que mes sentiments n’ont eu de cesse de croitre depuis que je suis sortie du coma. Pinçant imperceptiblement mes lèvres, j’attends son verdict. À ce qu’il vient de me dire, là, tout de suite, je le resserre encore plus contre moi. ‘On a pas merdé, Billie.’ Ça résonne comme un putain de soulagement à mon oreille.
- Pfiouh. C’est pour traduire tout mon soulagement, là. Alors qu’il capture mes lèvres dans un baiser brûlant. Où là aussi, j’en ressens une intensité folle. Tout comme moi, il est libéré. Tu me plais. Je crois que ces trois mots, aussi anodins soient-ils, c’est pour se dire qu’on s’aime. À notre manière. Fronçant mon nez, je souris, ne lâchant pas ses lèvres. Pas encore. Hors de question. Alors que mes mains, n’ont de cesse de parcourir son corps. Le nouveau deal à la Redfield ? Attends … Je réfléchis avec un sourire en coin, avant de murmurer contre ses lèvres : On se dit qu’on se plait. Parce que les autres mots, on sait qu’ils existent mais … c’est peut-être pas nous ? Un silence. Meilleurs amis, avec ce gros gros gros truc en plus. Un nouveau silence. Tu me plais, Oliver Dawson. Dans les moments où tu ronchonnes, comme dans les moments où tu brilles. Tu me plais avec tes incertitudes comme avec tes croyances. Un autre silence. Encore. Et ça, ça changera jamais. Avant qu’on tombe dans le sentimentalisme, là. Meilleur binôme qui va pas hésiter une seule seconde à m’accompagner pour une soirée karaoké, hein ? Et peut-être bien … pousser la chansonnette ? Une petite moue adorable pour le faire plier. Alleeeeeez.