« Pfiouh. » Le soulagement est compréhensible. Le temps s’est après tout arrêté pour eux deux. « Tu me plais. » Ces trois mots sont définitivement leurs trois mots. Ils les unissent, les réunissent. Prudemment. Pudiquement. « Le nouveau deal à la Redfield ? Attends … » Et, il fronce doucement les sourcils en se demandant ce que cela présage, jamais rien de bon avec elle. Dès qu’elle réfléchit à ce genre de chose, c’est pour lui annoncer une folie. Il en est sûr et certains. Il attend le verdict final. « On se dit qu’on se plaît. Parce que les autres mots, on sait qu’ils existent mais … c’est peut-être pas nous ? » Il acquiesce discrètement car il approuve totalement ce qu’elle est en train de dire. Ces mots qu’ils n’osent prononcer ne sont pas eux. Ces mots ne leur correspondent pas. Ils leur sont étrangers. Prudent, pudique, il ne sait pas comment il pourrait les prononcer. Il ne sait même pas s'il serait capable de les dire un jour … L’adolescente Alma avait été la seule à les entendre de sa bouche ; l’amour adolescent, le premier, celui qui nous donne des ailes, celui qu’on pense éternel. « Meilleurs amis, avec ce gros gros gros truc en plus. » Il aurait voulu dire une connerie mais il se retient, car cet Oliver là n’a pas envie de gâcher le moment avec une blague graveleuse qu’il est néanmoins convaincu de la faire rire au moins pour quelques secondes. « Tu me plais, Oliver Dawson. Dans les moments où tu ronchonnes, comme dans les moments où tu brilles. Tu me plais avec tes incertitudes comme avec tes croyances. Et ça, ça changera jamais. Meilleur binôme qui va pas hésiter une seule seconde à m’accompagner pour une soirée karaoké, hein ? et peut-être bien … pousser la chansonnette ? » et même sa moue adorable, il ne peut pas céder. Impossible. Sa réaction ? Un éclat de rire avant de s’enfoncer davantage dans l’eau. « Le jour où tu me verras pousser la chansonnette dans une soirée karaoké n’est pas encore arrivé et je ne suis pas certain qu’il arrivera un jour … va falloir apprendre à faire avec. », qu’il dit alors d’une voix rieuse parce qu’il sait au fond de lui qu’un jour ou l’autre, elle parviendra à le convaincre. Un jour ou l’autre, il perdra un pari et se retrouvera dans cette fameuse situation où il devra chanter … surement une chanson ridicule, un tube des Hanson ou une connerie du genre.
« T’as encore un long chemin à faire avant de me voir un micro à la main », qu’il lui dit de nouveau en prenant possession de ses lèvres pour un court baiser néanmoins brûlant. Oliver la soulève doucement sans pour autant se détacher d’elle, il la soulève suffisamment pour venir déposer un nouveau baiser sur la naissance de sa poitrine. La douceur de sa peau salée rend cet instant une fois de plus particulier. Il aimerait lui dire qu'elle lui a manqué, que son rire, son énergie, son côté solaire lui avaient manqué et qu'il avait eu peur de ne plus les avoir à ses côtés. Il aimerait lui dire ce qu'il ressent, ce qui l'anime et à la place, une fois de plus, il ne dit rien et laisse simplement son corps s'harmoniser avce le sien, son coeur battant au même rythme. Les cris du corps plutôt que les cris du coeur, encore et toujours.
Quelques jours, après ma sortie d’hôpital – début Septembre 2022. Ouais, je peux le dire : je suis soulagée. De pas m’être jetée dans le vide, sans m’écraser. Oliver, a la même vision. A les mêmes pensées. Et, ça, personnellement, ça m’enchante. Nos trois mots sont peut-être différents de ceux qu’on peut attendre actuellement, mais justement : ils me plaisent. Un jour, j’arriverais à les lui dire, les autres. Ceux que je dis pourtant à ma mère, à feu mon père, à Cass’ et Lexie. Mais, ils ont peut-être pas cette même résonance. Alors que pourtant, je les aime ceux qui gravitent ou qui ont gravité autour de ma personne. Or, Olly’, c’est peut-être cette légère différence qui me comble, en fait. Et, on se l’est dit au tout début qu’on veut pas se foirer. Cependant, avec mon binôme, j’ai cette impression grandiose d’être moi-même. Qu’on se comprenne et que c’est ‘simple’. Pour ça, moi je veux aucun autre binôme. Aucun autre.
Passé le soulagement, je glisse toujours mon envie de le voir pousser de la voix au karaoké, -je lâche pas l’affaire hein-, en plus il pourra rencontrer Asher. Et, il est vraiment sympa Ash’. Lui aussi, je l’aime beaucoup. Ce que je peux malheureusement constater, c’est que ma moue adorable ne fonctionne pas. Pire, qu’il semble vraiment buté sur ses idées. Mais, foi de Billie Redfield, je vais y arriver. D’ailleurs pour montrer, ne serait-ce qu’un peu de mon mécontentement qui n’en est pas vraiment, je lui ébouriffe ses mèches brunes mouillées. Avant d’un peu l’éclabousser, même si ça demeure impossible, vu comment on est collés l’un à l’autre. J’aime cette proximité. J’aime sa chaleur. Même si Monsieur Dawson est un véritable relou quand il s’agit de refuser l’opportunité de monter sur scène !
- Ah mais, j’apprendrais jamais à faire avec, Dawson. Dans ma tête, je suis persuadée que je vais y arriver. Le jour, où tu perdras un pari que je t’aurais lancé, tiens. Je le toise avec un rire dans mon regard gris. Et, il est clair que tu choisiras pas la chanson ce soir-là. Ce sera moi. Un petit rire s’échappe de mes lèvres. Le genre de rire, quelque peu diabolique, là. Mais tellement drôle. Perdre un pari ? Je pense pas que le chemin soit véritablement long, tu sais ? Que je le questionne en riant, avant qu’il ne m’embrasse et que le moment devienne bien plus intense. Intime. Et, charnel.
« Ah mais, j’apprendrais jamais à faire avec, Dawson. Dans ma tête, je suis persuadée que je vais y arriver. Le jour, où tu perdras un pari que je t’aurais lancé, tiens. Et, il est clair que tu choisiras pas la chanson ce soir-là. Ce sera moi. Perdre un pari ? Je pense pas que le chemin soit véritablement long, tu sais ?» « Mais quelle arrogance !» dit-il d’une voix rieuse alors qu’ils finissent par s’embrasser.
« T’as changé ma vie, billie» souffle-t-il sans la regarder contre son épaule, toujours la tête posée contre elle. Elle a tout bouleversé. Et, il en est ravi. Elle est particulière, Billie. Elle est parvenue à tout bouleverser sans qu’il n’en est la moindre peur. Desserrant son étreinte, Oliver vient caresser du bout des doigts sa joue, suivant la courbe de ses lèvres avec son pouce : « tu m'as manqué»
Quelques jours, après ma sortie d’hôpital – début Septembre 2022. - Toujours. Ça, je le rétorque avec une putain d’assurance. Parce que mon binôme sait comment je peux fonctionner au quotidien, et que ça me fait clairement pas peur d’en être certaine. C’est comme ça que je suis, de toute façon. Et Olly’, par extension aussi. Un peu. Voire beaucoup, même. Or, mes rires tendres atterrissent dans ses baisers. Et, c’est clair que je le lâche pas. Que je le lâche plus. Plus du tout. Il en est strictement hors de question. Strictement hors de question.
Et encore, de telles paroles. Que moi, j’aime particulièrement entendre.
- En bien, j’espère ? Que je le questionne, en souriant avec tendresse, mes mains posées sur son visage pour qu’il puisse me regarder. Il a tout modifié dans mes paradigmes Oli’. Il a su faire s’effacer quelques barrières. Et … ses dernières paroles … elles me fendent le cœur et elles m’émeuvent. Au-delà, du possible. … Si tu savais combien je voulais te revoir … parce que tu me manquais trop. Parce que sans toi, c’était pas pareil. Ça a jamais été pareil. Un baiser sous le coup de l’émotion, de l’intensité de la danse charnelle qui elle, est survenue juste avant. Tu m’as manqué, ouais. Beaucoup. Des caresses qui s’échouent encore sur sa peau, langoureuses et languissantes. Là, je suis merveilleusement comblée. J’avoue que j’ai faim. Ventre sur pattes, ici. Je veux encore profiter pour mater un film et genre faire une nuit blanche, comme quand j’étais gosse et que mon père voulait se faire des trilogies des eighties. Je dis ça, je fais la fière là, mais c’est pas impossible que je m’endorme direct dans la douche quand on sera revenus dans la demeure familiale Dawson.
« En bien, j’espère ?» qu’elle le questionne en souriant, ses mains venant se poser sur son visage et il se pince les lèvres comme pris en flagrant délit. « Si tu savais combien je voulais te revoir … parce que tu me manquais trop. Parce que sans toi, c’était pas pareil. Ça a jamais été pareil.» Si tu savais combien j’ai eu peur de ne jamais te revoir sourire, de ne jamais t’entendre rire à nouveau ou déblatérer des conneries. Si tu savais combien j’ai douté, hésité entre aller prier dans la chapelle avec nos collègues ou mettre Brisbane à feu et à sang. Pour toi. Si tu savais combien j’ai eu peur de ne jamais avoir eu l’occasion de te dire combien tu comptes. Il aimerait lui dire une ribambelle de paroles douces et réconfortantes mais à la place, il la regarde et rêve à une transmission de pensées. « Tu m’as manqué, ouais. Beaucoup.» « Et bien, on va veiller à ne pas revivre ce genre de trucs dans les prochaines années … si c’est possible.» qu’il dit tout en adressant un sourire timide. Il a du mal à en rire. Il a du mal à plaisanter là-dessus … parce qu’il la revoit encore cette scène. Billie, au sol, blessée. Ses mains comprimant la plaie et la suppliant de rester là, de rester consciente.« J’avoue que j’ai faim. » « Surprenant.» souffle-t-il pour la taquiner en roulant des yeux. « Je veux encore profiter pour mater un film et genre faire une nuit blanche, comme quand j’étais gosse et que mon père voulait se faire des trilogies des eighties. » « Tout ce que tu voudras … laisse-nous rentrer. » et leurs regards se dirigent vers la maison qui les attend. C’est main dans la main, les doigts entrelacés aux siens qu’ils s’échappent de l’eau pour regagner leurs vêtements qu’ils emportent avec eux avant d'accélérer le pas pour regagner la demeure soudainement chaude et chaleureuse. « J’nous prépare un truc vite fait à manger … t’as qu’à prendre de l’avance et aller te doucher, comme j’ai dit, fais comme chez toi. » et c’est dans sa tenue d’Adam qu’il jette un coup d’oeil dans le réfrigérateur et armoire pour anticiper un potentiel repas.
C’est après une douche chaude et reposante que nous pouvons retrouver le couple - peut-on le dire ? - dans l’immense pièce de vie. Oli, après sa douche, avait opté pour des Vegemite Pasta with Parsley Pangrattato. L’australien connaît les repas classiques qui vont vite et qui remplissent l’estomac : l’habitude du célibataire. Torse nu, simplement vêtu d’un pantalon de jogging embarqué dans sa valise quelques heures plus tôt, il la laisse arriver tranquillement … apparemment, elle avait eu besoin d’une douche plus longue que lui. Son bras vient s’enrouler autour d’elle pour une seconde afin de déposer un baiser sur le haut de son crâne. « C’est pas de la haute gastronomie mais au moins, ça calmera le hulk qui sommeille en toi. » Il dépose alors devant elle ce bol dans lequel se trouvent son plat de pâte avant de prendre place face à elle. « C’était d’ailleurs le plat préféré de ma sœur. » qu’il glisse comme un simple commentaire. Ouais, ça lui rappelle sa cadette. Ça lui rappelle sa passion pour les tartines de vegemite sous le regard dégoûté de ses aînés.
Quelques jours, après ma sortie d’hôpital – début Septembre 2022. Oliver, il est pudique dans ses sentiments, mais je sais que son regard parle pour lui. Que l’intensité de ce dernier vaut bien mieux que mille mots. Je sais ce qu’il veut dire, alors qu’il demeure silencieux. Y’a pas à réfléchir longtemps, parce que je le ‘sens’. Toujours avec tendresse, je continue de caresser son visage, visage que j’aurais plu vu si … et ça, ça m’aurait rendue malade. J’aurais pu rien dire de mes sentiments. J’aurais rien pu partager avec lui, alors que j’aime tout particulièrement évoluer à ses côtés. Si, je m’en étais pas sortie, il aurait rien su de ce que je pouvais ressentir à son égard. Et, c’est clair, que cette seconde chance, elle m’est importante. Là encore, nulle envie qu’elle me passe sous le nez.
Je sais qu’être amputé d’une partie de son binôme, ça l’a extrêmement touché Olly’. Même s’il s’exprime pas à ce sujet. Je sais pas comment il a été, quand j’étais pas ‘là’. Je sais pas comment il a vécu la chose. Sûrement pas bien. Ça l’a torturé, et moi, ça me fait être coupable. Parce que j’ai pas été là, durant un laps de temps trop long. J’ai pas été là, à ses côtés. Alors que ça fait des années, nous deux. Pas ensemble. Mais presque. Si lui avait été à ma place, je crois que j’aurais foutu le feu à tout Brisbane, pour qu’il aille mieux. J’aurais prié tous les dieux que je connais. Pour qu’il me revienne. Et, je crois que c’est ‘ça’, qu’il veut me dire et que bien malgré moi, je parviens à comprendre. Car, il a pas besoin de s’exprimer : je le sais.
- Ah non. Je veux pas. Je veux clairement pas que ça nous arrive. Mais on doit pas vivre dans la peur constante de se prendre une balle. Or, c’est plus facile à dire qu’à faire là. Étant donné que je suis pas encore sur le terrain avec Oli’, j’ai peur pour lui, malgré tout. S’il se prend une balle perdue ou volontaire ? Ça, c’est peut-être devenu ma hantise. Mais, j’ai trop peur de lui en parler et d’en faire part à ma psy’. Et mon regard gris qui se plante dans le sien, veut dire qu’une seule chose : ’fais gaffe, jusqu’à ce que je revienne.’ Et, la suite ? Il se moque le bougre ! Hé ! Là, je m’exclame en faisant la choquée, mais je ris. Bien qu’une petite tape sur son torse ne semble pas être de refus.
J’ai faim, parce que je me sens vivante. Surtout après cette célébration intimiste à laquelle, on a pris part sans se cacher. Liant mes doigts aux siens, je suis heureuse quand il accède à ma requête. D’obtenir tout ce que je peux demander. Moi, c’est relativement simple hein. Tant qu’il est à côté, tout me va. Attrapant rapidement mes vêtements, je prends pas le temps de me couvrir, parce que la maison est proche et que je vais pas tarder à filer sous une douche chaude et rassérénante. Avec un rire, je contemple je spectacle qu’il m’offre. Lui, nu. Devant son réfrigérateur, tentant d’improviser un repas. M’approchant, j’embrasse ses omoplates et je le serre brièvement contre moi. Des baisers dans son cou, avant de me reculer et d’obtempérer.
- Ça va. Je reviens. Cette fois, je disparais pour de bon. Me plongeant entièrement sous une eau brûlante. Pour y rester longuement. Inspirer et expirer. Et, profiter. C’est au bout d’un temps qui me semble être une éternité, que je consens à éteindre l’eau. Pour me sécher et revêtir des vêtements bien plus confortables. Une tenue pour dormir, constituée d’un short couleur kaki et d’un haut oversize de la même couleur. Mes boucles rousses sont relevées dans un chignon désordonné tandis que je reviens près de lui. Je l’entendais déjà grogner sous la douche mon démon de Hulk. Merci. Un baiser sur ses lèvres, alors que je pioche ma fourchette dans ce plat de pâtes qu’il a préparé.
Assise sur l’un des tabourets hauts de l’îlot central de cette cuisine gigantesque, j’observe mon interlocuteur, goûtant son mets. Mets, que je connais. C’est celui que je me prépare quelquefois, après des heures passées en planque. C’est le truc qui te fait tenir. Et, c’est bon. Reposant temporairement ma fourchette dans mon bol, je l’écoute. Et, dès lors qu’il me parle de sa sœur, je fais le lien avec les photos, disséminées un peu partout. Il se confie, non ? Du moins, un peu. J’en suis attendrie, et c’est tout simplement que je prends l’une de ses mains pour venir la porter à mes lèvres. Y déposer un baiser.
- Elle se serait entendue avec mon père. Il adorait que ma mère, lui prépare ça le Dimanche. C’était, une sorte de tradition chez nous. Mais là, ma mère, elle l’a un peu perdue du coup. Je bois rapidement une gorgée d’eau du verre qui est devant moi. Avant de murmurer, pour pas le brusquer. Ou le déranger. Je sais pas. Comment elle s’appelait ? Elle était comment ? J’ai compris qu’elle n’était plus, vu qu’il parle d’elle au passé. Mais mon regard gris lui fait bien comprendre qu’il est pas obligé de me répondre, s’il s’en sent pas capable. Je lui en voudrais pas. Sûrement pas.
Il s’est confié. Première confidence sortie de ses lèvres. La nostalgie est responsable de cette confidence qu’il n’a pas eu envie de retenir. L’endroit, Billie, leurs confidences, tout a fait qu’il la mentionne. « Elle se serait entendue avec mon père. Il adorait que ma mère lui prépare ça le Dimanche. C’était une sorte de tradition chez nous. Mais là, ma mère, elle l’a un peu perdue du coup. » Il lui adresse un sourire tendre avant de planter sa fourchette pour la faire tourner parmi ses pâtes. « Comment elle s’appelait ? Elle était comment ? » qu’elle demande avec pudeur et il prend soudainement conscience que sa sœur est un sujet tabou, qu’il ne parle pas d’elle, qu’il ne mentionne pas sa famille et y compris elle. Pourquoi ? Gabrielle méritait d'être connue. « Gabrielle » dit-il dans un murmure comme peur que les murs l’entendent. Un sourire naît néanmoins sur ses lèvres en repensant à elle, à son sourire, à son humour débile, à sa force … « Gaby, elle détestait qu’on l’appelle Gabrielle. » corrige-t-il en relevant la tête pour observer Billie. « Ma sœur cadette. Elle a perdu le combat contre la leucémie quand on était ados … Mes parents ont vite fait évincé les photos d’après le diagnostic … comme si on ne pouvait pas les montrer … pour ça que tu ne peux pas voir grand chose ici. » la colère est présente, dormeuse. Il leur en veut de ne pas afficher les clichés où elle se déguise, où elle rit, où malgré les soins, elle continue de vivre. Apparemment, la maladie ne mérite pas sa place sur les armoires des Dawson. Pas assez vendeur, il ne comprend pas que la douleur de ses parents était toute aussi grande et que ça avait été leur moyen de ne pas affronter leur impuissance face à la maladie : la communication aurait ici joué un rôle essentiel. « Un sacré caractère. Une guerrière. La version polie pour dire qu’elle a toujours eu un caractère de merde. Un ventre sur pattes, elle t’aurait plu, j’en suis convaincu.» dit-il d’une voix rieuse avant de froncer les sourcils en la regardant.
« J’sais pas pourquoi je t’ai jamais parlé d’elle. » et il secoue la tête de droite à gauche tout en haussant les épaules, se rendant compte que ça lui fait du bien de parler d’elle, de continuer à la faire vivre à travers ses paroles. « On a passé pas mal de nos vacances ici, en famille … avant qu’on ne puisse pas quitter Brisbane et l'hôpital. » Il se redresse avant d’avaler une bouchée. Cela lui permet de ne pas parler, de ne plus se confier … mais avant de saisir son verre d’eau pour en boire une gorgée, il ajoute en plongeant son regard dans celui qui lui fait face : « T’es en train de rendre cet endroit un peu moins glauque. Chapeau bas, Redfield. » Il le dit d’une voix rieuse mais elle doit bien comprendre que cela veut dire bien plus que ce qu’il laisse paraitre. Oui, elle bouleverse sa vie.
Quelques jours, après ma sortie d’hôpital – début Septembre 2022. Il me fait des aveux, et ça me fait bizarre, tout autant qu’à lui, je parie. Mais, j’écoute. Religieusement, d’ailleurs. Ma fourchette et mon plat de pâtes, ne m’intéressent presque plus. Parce que le moment est solennel et que je veux pas être impolie, alors qu’il se confie. Mon regard gris, l’observe intensément et sa petite sœur me semble être une personne que j’aurais aimé connaitre. Mordant mes lèvres, j’en éprouve une certaine émotion. Car si Olly’, en parle pas ouvertement de Gabrielle, c’est parce que sa famille a voulu sauver les apparences. Comment peut-on seulement ‘oublier’ ? Des clichés de mon père, j’en ai encore chez moi. Même si c’est souffrir par ce biais, je me dis qu’il est encore ‘vivant’, dans un sens. Qu’il me ‘protège’, comme il l’a toujours fait.
Alors sa petite sœur, d’après ce qu’il m’en dit, c’était une battante. Un fort caractère dans un corps d’enfant. Emportée par une maladie au destin tragique. Perdre un proche, ça vous tue à petit feu. Ça vous consume. Et en faire le deuil, ça vous met dans une colère folle. Parce qu’on comprend pas pourquoi. Pourquoi, ça arrive à notre famille ? Et le pire, c’est cette putain de maladie qu’il m’évoque. Cette saloperie qui vient s’agripper et qui a l’audace de rester. Je peux pas dire que ça m’attriste pas, de comprendre ce qu’il a traversé. Perdre sa sœur cadette a dû être un véritable enfer. Mais sa famille, a eu l’air de vouloir sauver les apparences. Peut-être de cacher cette maladie, au regard du monde ? J’en ai aucune idée. Violet m’a pas semblée ainsi. Alors qu’Oliver, lui, parait conserver une colère sourde en lui. Qui ne demande qu’à éclater.
- Gaby, alors. Je lui offre un sourire tendre et doté de bienveillance. Je m’excuse d’avance pour tes parents, mais je trouve ça tellement égoïste de leur part. De cacher, ce qu’elle a été. Ça se fait pas. Non. Ça se fait clairement pas. Elle était courageuse ta petite sœur. Elle a dû lutter jusqu’au bout, je suis sûre. Vu que tu me dis, qu’elle avait un fort caractère. Un rire tendre. C’est pas un caractère de merde, hein. C’est un putain de caractère, pour défier le monde. Et ouais, elle m’aurait plu d’office. J’en suis persuadée. Une caresse sur sa main et le long de son bras.
À ses autres aveux, je me redresse lentement et viens me placer à côté de lui. L’observant longuement sans rien dire. S’il m’a pas parlé d’elle, je le comprends tout à fait. Comme j’ai jamais parlé de ma mère, ni entrer dans les détails concernant mon père. Il a voulu préserver son jardin secret et ça, c’est tout à son honneur. Et ça, il le sait qu’il a tout mon respect. Inébranlable. Et, inaltérable. Lentement, je viens caresser son visage du bout des doigts, avant de déposer mes lèvres sur sa joue. Et de lui murmurer, toujours avec ce ton rempli d’affection :
- T’en ressentais pas le besoin. Je veux dire, c’était plutôt pas le moment, pour. Y’a des moments pour tout, dans la vie. Un silence. Y’avait des souvenirs heureux ici, non ? Je suis sûre de ça. Tendrement, je ris encore. Avant d’avoir une petite idée, pour rendre ‘cet endroit moins glauque’, comme il le dit si bien. Oli’ ? T’as des photos de Gaby ? Je veux dire, y’en a dans les tiroirs ? Ou dans une caisse au grenier ? Un autre silence, parce que j’espère qu’il voit où je veux en venir. Et, qu’il accepte, surtout. On peut rendre cet endroit moins glauque, parce que comme ça, ta petite sœur, elle est ‘toujours’ là. Tu comprends ? Elle a le mérite d’apparaitre sur les tables et les consoles de l’entrée. Parce que c’était une guerrière et qu’il faut toujours célébrer ceux et celles qui se sont battus.
« Gaby, alors. » Il acquiesce. « Je m’excuse d’avance pour tes parents, mais je trouve ça tellement égoïste de leur part. De cacher, ce qu’elle a été. Ça se fait pas. » Il ne comprend pas non plus pourquoi les années de maladie ont disparu de la surface de la terre, ne choquant personne à part lui. « Elle était courageuse ta petite sœur. Elle a dû lutter jusqu’au bout, je suis sûre. Vu que tu me dis qu'elle avait un fort caractère. C’est pas un caractère de merde, hein. C’est un putain de caractère, pour défier le monde. Et ouais, elle m’aurait plu d’office. J’en suis persuadée. » Une vague de tendresse traverse son regard car il sait combien elle lui aurait plu, elles et leur caractère de merde … leur fort caractère, pardon. « Pourquoi est-ce que ça ne me surprend pas que tu viennes faire cette petite nuance ? », dit-il d’une voix amusée concernant sa remarque sur le caractère de sa cadette.
A sa surprise, Billie s’approche et contourne même la table pour venir se poser à ses côtés. « T’en ressentais pas le besoin. Je veux dire, c’était plutôt pas le moment, pour. Y’a des moments pour tout, dans la vie. » et il lui donne raison, silencieux. « Y’avait des souvenirs heureux ici, non ? Je suis sûre de ça. » « Difficile à dire ; j’ai une fâcheuse tendance à me focaliser sur les choses qui font chier, tu le sais. », répond-il tout en esquissant un fin sourire pour lui faire comprendre qu’il exagère, évidemment. Il y a des bons souvenirs. Un paquet même. Mais il a une fâcheuse tendance à se concentrer sur les choses négatives : un gros défaut. « Oli’? T’as des photos de Gaby ? Je veux dire, y’en a dans les tiroirs ? Ou dans une caisse au grenier ? On peut rendre cet endroit moins glauque, parce que comme ça, ta petite sœur, elle est ‘toujours’ là. Tu comprends ? Elle a le mérite d'apparaître sur les tables et les consoles de l’entrée. Parce que c’était une guerrière et qu’il faut toujours célébrer ceux et celles qui se sont battus. » « Tu veux vraiment que ma mère me tue ou me bannisse ? » demande-t-il en posant son coude sur la table pour la fixer, un léger rire au fond de la voix. Car, sa mère le tuerait volontiers … si jamais il venait à afficher Gaby malade dans le présent de la famille Dawson. Gaby malade ne devait apparaître nulle part. Ils devaient se souvenir de Gaby en bonne santé et puis au fur et à mesure des années, ils avaient arrêté d’en parler … et ça avait été le début de la fin. « Je ne peux même pas te dire où sont ces clichés. » Sa main vient chercher la sienne. « Et … on est pas venus ici pour réparer les problèmes de la famille Dawson … » Ses doigts viennent jouer avec les siens avant de pencher la tête vers elle pour préciser : « Je te rappelle que nous sommes venus ici pour que tu te reposes. C’est à moi d’être aux petits soins et pas l’inverse. »
Quelques jours, après ma sortie d’hôpital – début Septembre 2022. - Ah bah, avoue-le qu’elle te plait, cette toute petite nuance qui a son importance … Et, de lui mimer la dite nuance en faisant un geste entre mon pouce et mon index. Avant d’éclater de rire, et de l’observer avec une infinie tendresse. Parce que oui, j’aurais aimé la connaitre cette petite demoiselle à l’âme de guerrière. Et surtout, elle fait partie de la vie d’Oliver. Comme j’aurais aimé, qu’il rencontre mon père avec ses méthodes un peu trop brusques, qu’il a su transmettre à Lexie. J’en conviens qu’ils se seraient entendus avec Olly’. Car mon père, c’était l’homme sur son fidèle destrier qui voulait sauver le monde. Et, y’a un peu de ça, chez mon binôme. C’est aussi pour ça, que je l’aime.
À ses côtés, je viens me positionner. C’est une évidence, ça. Et, je lui souris toujours. Venant caresser son front et replacer l’une de ses mèches foncées. Je ris doucement à sa remarque. Parce que je le sais, qu’il bluffe en enjolivant les ombres. Qu’il en a eu des merveilleux souvenirs. Ceux qui restent gravés en mémoire. Même lorsqu’ils ont été malheureux, je reste certaine qu’il a dû puiser du bonheur ici. Que cette immense maison, ne lui a pas été étrangère quand il était un enfant. Un adolescent rebelle, même. Mais, j’avoue que le fantôme de Gaby, y est pour beaucoup pour la désertion de mon partenaire. Envers cette bâtisse qui abrite des sentiments.
- Ah mais, je te connais, dis. Je le sais. De nouveau, un tendre sourire. Tout comme je sais, que tu grossis les traits. Un baiser sur ses lèvres, avant d’hausser un sourcil. Violet Dawson, est-elle donc si terrible ? Il semblerait. Continuant de passer mes doigts dans sa chevelure brune, je pince mes lèvres pour ne pas rire. Mais, je peux d’ores et déjà, apporter une solution et ma contribution. T’as qu’à rejeter la faute sur moi. J’ai pas peur qu’elle me tue ou qu’elle me bannisse, moi. Un rire contre ses lèvres, avant que mon regard gris ne l’observe avec sérieux. Je comprends Oliver.
Même si je trouve cela d’une tristesse infinie. De reléguer une âme qui a vécu. De la pousser délibérément dans les ténèbres. Je trouve ça, tellement aberrant. Or, je peux rien en dire. C’est la famille Dawson. Et là encore, cet aveu me broie le cœur. Lui-même ne sait pas où sont les clichés. Caressant ses joues, je le contemple sans un mot. Sans une parole. Avant de l’embrasser, doucement. De lui faire comprendre que je suis là. Et, que je compte plus m’en aller. Plus du tout. Et, naturellement, je viens lier mes doigts aux siens. Les enserrant. Il me fait rire en prétextant qu’on est venus pour moi, ici. Mais, réparer les problèmes de la famille Dawson, je crois que ça m’intéresse. Même si on est ici, pour ma personne et pour reposer ma santé mentale, surtout.
- Okay. Je vais me contenter de me reposer, alors. Que je lui dis, en venant piocher des pâtes dans mon bol. Étrangement, j’ai pas mal là. Je ressens pas de fatigue. Pour l’instant, je pense. Parce que toutes ces émotions, me tiennent éveillée, je parie. T’es déjà aux petits soins avec moi, j’ai pas à me plaindre, je crois. Je fronce mon nez dans une expression mutine. Avant d’avaler une grosse bouchée de ce plat qu’il m’a concocté avec amour, non ? Merci. Oliver Dawson. Meilleur binôme. Meilleur amant. Meilleur … petit ami. Un rire, alors que je le prends par les mains. Et maintenant, j’aimerais m’endormir soit devant un film, soit tout simplement dans tes bras. Parce que t’es là et que je te fais confiance. Un silence. Et … que je dors bien mieux quand t’es là.
« Ah mais, je te connais, dis. Je le sais. Tout comme je sais, que tu grossis les traits. » Il nie en bloc d’un signe de tête, ironique. « T’as qu’à rejeter la faute sur moi. J’ai pas peur qu’elle me tue ou qu’elle me bannisse, moi. Je comprends Oliver. » Impossible, il ne peut pas encore repousser la faute sur elle … un jour, peut-être. Mais pour l’heure, il est censé être ici seul. Pour une petite pause. Il scelle ses lèvres aux siennes quand elle admet le comprendre. Elle comprend et il sait qu’elle est suffisamment pudique pour ne pas forcer le chemin, pour respecter la prudence de l’enquêteur. « Okay. Je vais me contenter de me reposer, alors. » « Merci. », dit-il dans un faux soupir tout en remerciant le ciel en levant les mains vers le plafond. Un tantinet théâtral pour pouvoir détendre l’atmosphère qu’il a plombé lui-même, sans s’en rendre compte. « T’es déjà aux petits soins avec moi, j’ai pas à me plaindre, je crois. Merci. Oliver Dawson. Meilleur binôme. Meilleur amant. Meilleur … petit ami. » Ses lèvres forment un « oh » presque surpris alors qu’il laisse échapper un éclat de rire. « Et maintenant, j’aimerais m’endormir soit devant un film, soit tout simplement dans tes bras. Parce que t’es là et que je te fais confiance. Et … que je dors bien mieux quand t’es là. » « C’est ton côté romantique qui te rend soudainement craquante ? », qu’il lui dit tout en la scrutant comme un inspecteur d’assurance. Ouais, il a un petit air faussement suspicieux sur le visage. « T’as qu’à monter pendant que je range vite fait ici et vais prendre une douche. Tu peux même choisir le film si le coeur t’en dit … »
Il a dit qu’il prendrait soin d’elle alors il l’est. Il la laisse disparaître à l’étage et s’occupe du reste avant d’aller prendre une douche pour finalement la rejoindre après de longues minutes. Il arrive à pas feutrés sur le pas de la porte qu’il pousse pour finalement l’apercevoir dans ce lit qu’il ne connaît que vide. La chambre est semblable à celle d’un hôtel : impersonnel bien qu’il y ait quelques photos un peu partout, des photos de Hunter trainent même sur la bibliothèque. Un musée cette chambre. « Pas fait de connerie en mon absence au moins ? », qu’il demande tout en venant se glisser sous les draps à ses côtés. Il déplace son oreiller pour pouvoir s’y installer plus confortablement et il tourne la tête vers elle. « Tu nous as trouvé un truc à mater ? … genre dix minutes … parce que je suis presque convaincu que tu vas pas les tenir les dix minutes … », il la taquine et pour le prouver, il vient déposer un baiser sur son épaule avant d’étouffer un rire amusé.
Quelques jours, après ma sortie d’hôpital – début Septembre 2022. Si je l’avais pas, faudrait l’inventer Oliver. À chacune de ses mimiques, il me fait sourire. Voire rire. Même si par tous les moyens, je tente d’être sérieuse mais j’y parviens pas. Hochant ma tête aux boucles rousses, j’abandonne momentanément l’idée de panser les plaies de la famille Dawson. Parce qu’il va assez me répéter qu’on est là pour moi. Que c’est moi, qui dois bénéficier des petits soins, que lui me prodigue. À son ‘merci’, je lève mon regard gris vers le plafond et il écope d’un soupir amusé. Assorti d’un rire doux et léger. Il est pas croyable Olly’. Buvant une nouvelle gorgée de mon verre d’eau que je termine, je manque de m’étouffer par ailleurs.
Comment ça ? Mon côté romantique qui me rend soudainement craquante ? Imperceptiblement je fronce mes sourcils, alors que lui arbore un air suspicieux sur son visage. Hé, c’est ce que je pense moi. Je dors mieux avec lui, quand il est là. Bien que je puisse prendre tout l’espace de mon lit et m’étaler entièrement quand je suis seule entre les draps, mais quand y’a Oli’, c’est mieux. Je me cale généralement sur sa respiration et il me serre contre lui. Plus fermement, depuis l’incident, d’ailleurs. Et moi, je me pelotonne contre lui avec plus de force, voulant nullement qu’il s’échappe. Qu’il m’échappe. Pour le garder, tout contre moi. Alors ouais, je crois que je dors plus sereinement quand il est présent. C’est comme ça, maintenant. Mais, n’empêche, qu’il récolte une tape sur le bras, pour l’affront qu’il vient de commettre.
- T’es con Dawson. Que je lui assène avec un rire, assorti d’un baiser rapide. Malgré que je veuille l’aider à ranger. Parce que j’aime pas quand je le fais seule chez moi, alors je me doute que mon hôte, ça doit pas l’enchanter. Là encore, il me pousse à monter à l’étage, me promettant qu’il me rejoint par après. Faisant la moue, j’en viens à l’embrasser avec fougue avant de monter les marches et arriver sur le palier.
C’est comme en bas. C’est long, large et aseptisé. La décoration est somme toute minimaliste mais c’est quand même plaisant. Avec un rire, je me jette dans ce lit géant qui m’avale et je me roule dans les draps. Observant les meubles et les quelques photos qui sont disséminés dans la pièce. Tête en bas, je vois que ce sont encore des bribes de la vie d’Oliver. Que c’est ce qu’il cache ou ne dit pas. Mais, c’est encore du passé, qu’il tait. Son jardin secret qu’il préserve. Me relevant, je m’approche de la bibliothèque, scrutant les clichés. Quelques minutes seulement, avant de me remettre dans ma position initiale. À savoir entre les draps, légèrement surélevée sur l’oreiller, parce que je sais que si je fais pas ça, direct, je m’endors. Avec un grand sourire, je vois réapparaitre mon partenaire. Qui pose une interrogation, ma foi, très pertinente, vu ma personne. Il vise juste.
- Tout de suite, des conneries. Moi, je suis un ange. C’est tout ce que tu dois savoir. Un rire, mais heureusement que j’ai vite enregistré les quelques films présents dans la bibliothèque, dont l’un d’entre eux a retenu mon intérêt : il fait parti de mon top cinq. J’ai deux options à te proposer. Soit on mate Jeff Goldblum se transformer en vieille mouche vraiment dégueulasse. Ouuuuu … Je marque un temps d’arrêt, toujours en laissant planer ce satané suspense. Soit … l’Associé du Diable. Parce que ce film, il est magistral. Et, vu que t’es mauvaise langue hein, je risque de tenir au-delà des dix minutes que tu OSES me prédire. Un autre silence, alors que je le vois qui sourit, contre ma peau. Avec son petit air de sale gosse amusé. T’en dis quoi ? S’il choisit pas Al Pacino et Keanu Reeves, je change de binôme. Je blague, hein. Mais quand même, quoi. Pitié, dis-moi que ton cœur balance vers Al Pacino et son jeu magistral. Et, Keanu Reeves est grandiose. Moulin à paroles ici. Ou sinon, on embarque dans la DeLorean avec Marty et Doc. Trop de choix. Trop de possibilités. Y’a trop de choix et je sais plus. Ah bah. C’est tout moi, ça.
« Tout de suite, des conneries. Moi, je suis un ange. C’est tout ce que tu dois savoir. » « Non, ça, ça marchait avant … mais maintenant que j’ai l’expérience, je sais que c’est dangereux de te laisser seule même quelques instants. » « J’ai deux options à te proposer. Soit on mate Jeff Goldblum se transformer en vieille mouche vraiment dégueulasse. Ouuuuu … Soit … l’Associé du Diable. Parce que ce film, il est magistral. Et, vu que t’es mauvaise langue hein, je risque de tenir au-delà des dix minutes que tu OSES me prédire. » Il lève les mains en signe de reddition. « T’en dis quoi ? Pitié, dis-moi que ton coeur balance vers Al Pacino et son jeu magistral. Et, Keanue Reeves est grandiose » Oliver ne peut retenir un sourire attendri devant une Billie qui essaie de se faire convaincante. Il se demande si elle ne l’assassinerait pas s’il venait à choisir le mauvais film, selon elle. « Ou sinon, on embarque dans la DeLorean avec Marty et Doc. Y’a trop de choix et je sais plus. » Impossible de regarder un film avec Docteur Brown … ce serait un appel direct à sa petite soeur et aux souvenirs qu’il partage encore avec elle … Non, impossible. Mais, il parvient à cacher son trouble tout en se redressant, prenant un air des plus sérieux. « Ok Ok. On se calme tout de suite. Pas de panique. Comme j’ai dit, il va s’agir de dix minutes … ok, dans le bénéfice du doute, je dis quinze minutes à tout casser. » qu’il dit d’une voix calme et posée, comme s’ils étaient en train d’élaborer un plan pour s’échapper d’une prison. « On y va pour le bon Pacino. Ça fait une éternité que j’l’ai pas vu en plus – c’est gagnant gagnant. » et le voilà qu’il tranche.
Elle disparaît quelques secondes pour aller mettre le film et il ouvre son bras pour qu’elle vienne s’y loger, s’y blottir comme à leur habitude. Dingue de se dire qu’ils ont des habitudes à eux, une espèce de routine alors qu’ils ne se sont pas encore avoués être officiellement ensemble … quoique si, elle avait dit « petit-ami » un peu plus tôt dans la soirée. Il la laisse venir se blottir contre lui et serre doucement son étreinte pour finalement regarder l’écran de télévision. Il sait qu’il ne va pas tenir longtemps ; regarder un film une fois le soleil couché, avec lui, c’est dangereux. Il s’endort beaucoup trop vite. Le film doit avoir démarré depuis quelques minutes, cinq ou quelque chose comme ça, quand il brise le silence concentré qui les entoure pour lui dire : « Meilleur … petit ami ? C’est ce que t’as dit tout à l’heure … » Putain, mais il sort de où cette envie soudaine de niquer le film pour parler de ses états d’âme. Typiquement Dawson. Il fixe toujours l’écran de télévision mais il sent son regard venir se poser sur lui. « Petit-ami ? » qu’il répète en laissant glisser son regard vers elle.
Quelques jours, après ma sortie d’hôpital – début Septembre 2022. - Mais quelle arrogance ! Textuellement, je lui reprends ses mots, qu’il m’a énoncé quelques instants auparavant. Ainsi donc, à force de me côtoyer et à grand renfort d’expérience, Monsieur Dawson est donc sûr de ce qu’il avance ? Me laisser seule, ça semble hyper dangereux apparemment. Moi, ça me fait rire. Mais ça va hein, je sais encore me gérer même si par définition, je peux parvenir à faire les plus grosses conneries du monde. Monsieur a acquis une certaine expérience dans le dossier Billie Redfield. Je note. Je viens le taquiner, en venant mordiller la peau de sa joue.
Après, j’ai perdu les pédales. Y’a eu trop de choix qui se sont imposés à moi et j’ai pas su retenir un seul film présent dans le lot. Heureusement qu’Olly’ est là, parce que sans lui, elle était là la petite connerie. On allait tout s’enfiler et j’allais pas dormir. Même s’il reste persuadé que je vais pas dépasser les dix minutes avant de sombrer dans le sommeil. Et, j’ai axé aussi ma préférence dans un sens. Moi, elle va vers ce film que je trouve tellement ‘parfait’. Y’en a d’autres hein. Mais celui-là. J’aime bien me le mater quand je suis seule et que je sais que j’ai pas d’impératifs à côté. Parce que je connais les dialogues par cœur, connais les scènes clés, qui font de ce film un chef d’œuvre. Et, l’histoire, ah là là. Applaudissant devant son nez, je suis contente qu’il ait opté pour ‘lui’. Sinon, je l’aurais mordu, hein.
- Quinze ? T’es devenu généreux dis-donc. Je ris. Avant de l’embrasser à nouveau sur la joue. Satisfaite, qu’il ait succombé aux jeux impeccables de Keanu Reeves et d’Al Pacino. Et si en plus, ça fait un petit moment qu’il ne l’a pas vu … c’est win-win, tout ça. Ouais ! Parfait ! Je bondis hors des draps pour pouvoir mettre le film et me reblottir rapidement dans les bras de mon partenaire. Moi, le film commence et il a toute mon attention. Avec une hâte certaine de retrouver ce jeu de pouvoir et de désillusion. Cet aveuglement pour une notoriété, proposée par un gars qui s’avère être le Diable en personne.
Ça fait cinq minutes, que mon regard gris ne quitte pas le film. Passionnée par ce que je peux voir. C’est fantastique. Puis, y’a mon interlocuteur qui brise peu à peu le silence. Intriguée, je comprends rapidement qu’il fait référence à ce que j’ai dit plus tôt. Concernant le fait qu’il soit le meilleur petit ami. C’est bien ce que j’ai dit, ouais. Et, j’ai qu’une parole. Il me plait Oliver. Je le lui ai déjà dit de toute façon. Il le sait. Mais là, il profite du film pour pouvoir en parler et je trouve ça somme toute adorable. Alors, qu’il aurait pu le faire quand on était pas occupés à scruter Kevin Lomax et ses failles bien présentes devant un John Milton, bien sous tous les rapports. Instinctivement, je mets pause au film. Or, je me dis que ça va peut-être le rassurer si je le laisse en fond sonore. Pour pas qu’il trouve ça ‘trop’. Alors, je remets le film, mais à un volume moindre. Pour qu’on puisse parler du coup. Échanger.
- Meilleur petit ami, oui. Ce sont bien mes paroles. Un sourire tendre alors qu’il fait mine de scruter l’écran qui se trouve en face de lui. Petit ami. C’est bien la définition, de la personne avec laquelle je passe le plus clair de mon temps. Qui me supporte dans les orages comme dans les jours de grand soleil. Et pour qui j’ai des sentiments. Un silence alors, que je le regarde. Notre relation, c’est bien ça, non ? Et, même si c’est flippant et que ça fait peur, on est un couple et je l’aime. Moi, qui me désintéresse des autres assez facilement et que ceux-ci me prennent pour une reloue givrée. Mais, Olly’, il est pas comme ça lui. C’est ce côté-là, qui lui plait. Tu me plais. Et, j’aime la personne qui est avec moi, là. Qui me dit que je vais même pas tenir dix minutes de film, alors qu’on les a bien passées, les dix minutes. Un silence. Et … c’est flippant parce que je veux te les dire ces mots, mais pas que tu crois que c’est parce que j’ai failli mourir que je me sens obligée de devoir les dire. Te les dire. Mais, je les ressens. Et, je le sais. Un autre silence, alors que c’est à son oreille que je viens les lui murmurer ces trois mots. Légèrement pudique, comme si j’avais peur que cette immense baraque ne les entende.
Le film, centre de leur attention depuis plusieurs minutes, passe au second plan. Un fond sonore et visuel. Il demeure néanmoins dans cette position et fait comme si de rien n'était, comme s’il ne venait pas de poser une drôle de question qui concerne leur « couple », ce qu’ils sont et les conséquences de ce statut. Petit ami. Un statut qu’il ne connaît plus depuis des années. « Meilleur petit ami, oui. Ce sont bien mes paroles. » Il ne bouge pas sa tête mais laisse son regard se poser sur la rouquine. « Petit ami. C’est bien la définition, de la personne avec laquelle je passe le plus clair de mon temps. Qui me supporte dans les orages comme dans les jours de grand soleil. Et pour qui j’ai des sentiments. » Son regard est désormais accroché à celui de Billie. « Notre relation, c’est bien ça, non ? » Les lèvres s’étirent doucement pour former un fin et discret sourire, symbole d’approbation. Toujours dans la même position, il a le sentiment qu’elle devient de plus en plus minuscule … comme s’il devait la protéger. « Tu me plais. Et, j’aime la personne qui est avec moi, là. Qui me dit que je vais même pas tenir dix minutes de film, alors qu’on les a bien passées, les dix minutes. » Il dodeline la tête de droite à gauche, pas vraiment convaincu par le fait de tenir longtemps éveillé devant le film. mais son sourire s’est un peu plus étiré. « Et … c’est flippant parce que je veux te les dire ces mots, mais pas que tu crois que c’est parce que j’ai failli mourir que je me sens obligée de devoir les dire. Te les dire. Mais, je les ressens. Et, je le sais. » Son cœur se serre car il sait quels sont les mots qu’elle va venir lui souffler au creux de l’oreille, sur le ton de la confidence. Et, ils se font entendre ces trois mots …
Ces trois mots le transportent dans un autre univers. Ils ne sont plus dans cette chambre. Ils sont ailleurs. Un endroit qu’il ne pourrait pas définir. Le temps est suspendu alors que ces trois mots résonnent encore dans son esprit … Il lui faut une ou deux secondes pour réagir mais il réagit. Il resserre son étreinte pour venir écraser ses lèvres contre son front avant de poser son front contre le sien et de le regarder dans les yeux. Sa main libre glisse de sa joue à son cou comme pour vouloir maintenir cette distance. « Je voulais juste être certains d’avoir bien entendu … et … c’est exactement ce que j’ai envie d’être. » dit-il dans un murmure contre ses lèvres, oubliant jusqu’à ce film en fond sonore. Le statut de petit-ami rend les choses un peu plus officielles … si officielles qu’ils vont sans doute devoir avertir les ressources humaines de la brigade, car ce sont les règles. « Navré d’avoir troublé ton film. » ajoute-t-il avec un sourire amusé et taquin, levant une épaule prenant un air innocent. Et, dans la seconde qui suit, il se retrouve encore plus près d’elle, collé à elle, sur elle. Le regard plongé dans le sien dans un éclat de rire à cause de sa surprise. « La dernière fois que j’ai eu une petite-amie officielle, ça remonte … à … pfiouuu. » siffle-t-il d’une voix rieuse alors que sa main libre se glisse sous son tee-shirt pour venir effleurer sa peau du bout des doigts. La peau de son ventre, de ses côtés. Ses lèvres effleurent les siennes avant de venir se poser sur son menton, dans son cou et de descendre sur son ventre alors que sa main a libéré son tee-shirt. « Ça se fête. » murmure-t-il contre sa peau en continuant sa descente.
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Quelques jours, après ma sortie d’hôpital – début Septembre 2022.