Il ne prend pas la fuite. Il préfère simplement partir pour ne pas envenimer la situation. Son regard suit Billie qui se dirige à l’étage et avant même que sa mère ne prenne la parole, il détourne la tête. « Laisse tomber. C’est pas la peine. On s’en va, on va se trouver une place dans le ferry et y’a pas mal d'hôtels dans le coin. » Et il emboîte le pas de sa douce pour finalement la rejoindre dans la chambre qu’ils s’étaient réservés la veille. Elle a déjà commencé à préparer sa valise, à réunir ses affaires pour disparaître car c’est ce qu’ils s’apprêtent à faire disparaître. « Désolée. Je suis désolée. » « De ? », demande-t-il en levant un sourcil. « Je pensais pas que ça serait comme ça. Que ça finirait comme ça. » Personne ne pouvait se l’imaginer. « Je suppose qu’on doit pas s’attendre à une invitation à un brunch dominical ? » Ses lèvres s’étirent en un sourire amusé alors qu’elle se lève pour se rapprocher de lui et déposer un tendre et délicat baiser sur ses lèvres. « Je vais énoncer une vérité : très sexy tout à l’heure. Ça mérite un petit quelque chose en plus» Il laisse échapper un éclat de rire avant de venir enrouler ses bras autour d’elle pour l’inviter à se blottir contre lui. « On devra attendre pour le brunch dominical, ouais…. mais c’est moi qui suis désolé. Je ne sais pas vraiment c’est quoi son problème, et pour être honnête, je m’en contre-balance. » Il se penche légèrement en arrière sans desserrer son étreinte pour pouvoir la regarder. « Et je tiens à préciser que j’ai bien pris note du petit quelque chose en plus … que j’ai hautement mérité, donc. » ajoute-t-il d’une voix rieuse pour finalement déposer un baiser sur son front et lui tapoter les fesses avec l’enthousiasme d’un gamin. « Laisse-nous mettre les voiles le plus rapidement d’ici …»
Mais, il n’a pas le temps d’ajouter une connerie que l’on vient frapper à la porte ouverte de leur chambre. « Oliver ? » Le sourire qu’il affiche quelques secondes plus tôt disparaît pour laisser place à une mine sévère. Et, il fait volte-face pour apercevoir sa mère dans le cadre de la porte. « On est parti d’ici quelques heures, deux tout au plus. » « Je ne vous mets pas à la porte. » « Non, c’est nous qui partons. » dit-il d’une voix tranchante alors qu’il fronce les sourcils, en se demandant pourquoi est-ce que sa mère le contraint à venir jusque dans ses retranchements. « Je — je suis désolée. Je ne voulais pas vous blesser, c’est juste que je m’attendais à te voir peiné, triste … et que» « C’est pas à moi que tu dois t’excuser. » qu’il dit tout en lui coupant la parole, les bras croisés.
Quelques jours, après ma sortie d’hôpital – début Septembre 2022. Tout occupée que je suis à ranger mes affaires, je suis quand même contente de trouver Oliver. De le retrouver surtout. J’ai jamais pensé que cette déconnexion de la réalité, finirait ainsi. Qu’une envie fugace de ne faire qu’un dans une piscine, on se retrouve à devoir affronter Violet. Olly’ surtout. Moi, j’ai rien fait de ce côté-là. J’ai pas eu droit à la parole. J’ai pas eu gain de cause. Et, ça va être sûrement de pire en pire, si par malheur, je recroise la mère-louve de mon petit ami. Avec un léger soupir, je me laisse prendre dans les bras, non sans oublier de certifier à mon partenaire, qu’il aura un petit truc en plus, prochainement. Quand on se retrouvera. Seuls.
- T’as pas à être désolé, Olly’. C’est pas grave, tu sais. Y’a clairement pire dans la vie. Clairement pire. Alors, je lui souris tendrement. Avant d’éclater de rire, parce que oui, c’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd ma petite proposition lubrique. Hautement et pleinement mérité. Ça, je peux te l’assurer. Un petit froncement de nez mutin, alors que mes doigts passent dans ses cheveux bruns, avant de venir l’embrasser. Et, d’encore rire quand Monsieur Dawson se prive pas de me tapoter le derrière. Laisse-moi revêtir quelque chose, quand même. Pas que j’affole le restant des voisins, en sortant à moitié nue.
Y’a déjà eu ta mère, que ça veut dire. Alors qu’entre temps mon maillot de bain deux pièces couleur kaki a eu le temps de pleinement sécher. Ça me laisse l’opportunité de vite enfiler, l’un de mes jeans noir et moulant, que j’ai à peine le temps de boutonner jusqu’en haut, quand je vois débarquer sa mère. Pas eu le temps de mettre un débardeur. Ce sera pour après. Si je me fais pas étriper avant, tiens. Si Oli’ fait face à Violet, moi, je me permets d’enfiler un haut en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Mon acolyte lui, est toujours résigné à dompter sa louve de mère. Et quant à moi, de grimacer devant le spectacle. Parce que là encore, je sais rien faire. Et, je peux prétendument rien dire. Alors qu’en silence, en arrière-plan, je fais mine de finir de ranger. Entendant tout de même le terme ‘désolé’. Là, je me redresse de derrière la grande carrure de mon binôme, toujours silencieuse.
- Mets-toi à ma place Oliver. Je te croyais triste, au bout du rouleau … et j’assiste à quoi ? Un silence de Violet. Mets-toi, un peu à la place de ta mère, voyons. Moi, je pince mes lèvres. Violet, elle, elle me fixe. Sans ciller. Ne prenant pas la parole durant de longues secondes. C’est l’équivalence de l’attente des plats de Cassidy ou d’Icare qui se réchauffent dans mon micro-onde. C’est intenable. Désolée, Billie. Veuillez m’excuser, si je vous ai blessée. Et … faites-moi le plaisir de rester.
Je regarde Oliver, parce que c’est lui qui décide. Alors que je pose une main douce sur son épaule, pour qu’il en vienne à décroiser ses bras, et que je puisse prendre l’une de ses mains dans les miennes. Main, que j’embrasse d’ailleurs. Mon regard gris, ne se détourne pas de mon partenaire, parce qu’il est important. Parce que je l’aime, lui. Lui, et personne d’autre.
- On fait ce que tu veux Oli’. Moi, tu sais très bien que je te suis. Tu le sais. Ça, ça veut dire : à la fois pour le meilleur et pour le pire. Toujours.
« T’as pas à être désolé, Olly’. C’est pas grave, tu sais. » Il hausse une épaule, pas convaincu. « Hautement et pleinement mérité. Ça, je peux te l’assurer. Laisse-moi revêtir quelque chose, quand même. Pas que j’affole le restant des voisins, en sortant à moitié nue. » « Manquerait plus qu’une émeute pour mettre le point final sur notre week end détente. » dit-il d’une voix rieuse avant que la situation retombe dans le drame quand Violet décide de réapparaitre dans le décor.
« Mets-toi à ma place Oliver. Je te croyais triste, au bout du rouleau … et j’assiste à quoi ? » Oliver se contente de lui faire face, affichant un visage impassible. Il est doué pour ce genre de visage, c’est la même tronche qu’il utilise au boulot. Elle lui donne quelques années de plus et un air beaucoup trop sévère quand on le connaît personnellement. Il ne l’utilise pas souvent cette tronche mais pour le coup, sa mère ne semble pas lui mériter le moindre sourire. Il arque un sourcil, pas impressionné. « Mets-toi un peu à la place de ta mère, voyons. » Toujours pas impressionné par les paroles de sa mère, il en vient même à croiser les bras tout en la fixant, un sourcil levé. Se met-elle à la place de Billie, qui ne la connaît pas et se retrouve en plein champ de combat ? Se met-elle à la place d’Oliver, qui déteste devoir s’ouvrir et parler de sa vie privée … il lui présente une demoiselle comme petite-amie et se retrouve en terrain miné ? S’est-elle d’ores et déjà mis à la place de quelqu’un d’autre ? Soudainement cette question prend davantage d’ampleur en son for intérieur et la colère monte. « Désolée, Billie. Veuillez m’excuser, si je vous ai blessée. Et … faites-moi le plaisir de rester. » Il a le souffle coupé et sa colère est stoppée dans sa montée. Il fronce les sourcils et a même un geste de recul avant de poser son regard sur Billie, qui vient rompre la distance pour poser une main sur son épaule.
Ce simple geste a un effet automatique : il se détend et décroise les bras. L’alchimie entre les deux, elle est visible. Ses doigts viennent se mêler aux siens, et il ne la lâche pas du regard. « On fait ce que tu veux Oli’. Moi, tu sais très bien que je te suis. Tu le sais. » Il lui adresse le plus tendre des sourires, apaisé avant de se tourner vers sa mère.« C’est mieux si on part. » Têtu, il a toujours été comme ça. Il le sait qu’il blesse sa mère en prononçant ces mots. Il le sait mais il s’en moque. « Je suis désolé. » Il ajoute cela en regardant sa mère qui entrouve les lèvres surement pour ajouter une énième excuse. « Je ne suis plus vraiment à l’aise et je suis pas du genre à forcer … alors si tu veux faire la connaissance de Billie, il faudra organiser un truc et sans aucun doute changer l’ambiance. » Ses doigts délaissent ceux de sa petite amie pour finalement s’échapper de cette scène qui le met mal à l’aise et se met à ranger lui aussi ses affaires, sous le regard stupéfait de sa mère … sous le choc, qui finit par souffler un je comprends avant de regagner l’étage inférieur.
Dans un silence de plomb, il rassemble ses affaires et rejoint le rez-de-chaussée en compagnie de Billie. Violet est assise sur un haut tabouret de la cuisine, les clefs de sa voiture entre ses mains. « Notre taxi va pas tarder à arriver. » « Oh j’aurais pu vous … Très bien. » Elle se tait. Nouveau silence de plomb jusqu’à l’arrivée du taxi. Des au revoirs des plus froids et c’est une fois dans le taxi qu’il marmonne un juron, la main posée sur la cuisse de sa petite amie … sans elle à ses côtés, il aurait implosé.