C'est Clara qui a insisté pour venir à la fête de Noël de l'hôpital. Même si elle en est sortie depuis plusieurs mois déjà, que son état est stable et que ses progrès son constant, elle a émis le souhait d'y retourner. Peut-être est-ce, justement, parce qu'elle va mieux qu'elle voulait à nouveau venir ici ? Montrer aux infirmières qu'elle est sur la bonne voie de la guérison ? Ou alors peut-être qu'elle avait juste envie de donner un peu de son temps pour ceux qui vont moins bien ? Dans tous les cas, je ne me voyais pas lui refuser ça.

C'est ainsi que nous nous avançons dans le couloir du service de pédiatrie et force est de constater que Clara est bien plus à l'aise que je ne le suis moi-même. Je ne laisse, pourtant, rien paraître et laisse ma fille discuter joyeusement avec le personnel médical qui lui est totalement familier. Sachant qu'il me sera impossible de l'en déloger de si tôt et après un petit sourire à l'infirmière pour comprendre qu'elle s'occupera de ma fille pendant quelques minutes, je pose une main sur l'épaule de cette dernière «Je vais déposer les biscuits dans la salle de jeux » lui expliquais-je avec douceur « Prend ton temps, tu me rejoins quand tu veux » pour toute réponse, j'ai droit à un hochement de tête et un 'mhm' avant qu'elle ne continue la discussion dans laquelle elle est plongé.

Dans un soupir, je me détourne et me dirige vers le sapin de Noël devant lequel se trouve l'un des présidents de l'association qui a organisé tout cela. « Bonjour Jackson » lançais-je après avoir attendu qu'il ait accroché son étoile et lui tend la main « On ne s'est jamais croisé personnellement, mais ma fille m'a tellement parlé de toi» déclarais-je, souriant « Thomas. Et ma fille, c'est Clara, elle est là-bas en train d'accaparer les soignants » je lance un coup d’œil au-dessus de mon épaule « En tout cas vous faites un excellent boulot » mais ça, il le sait sans doute. Je suis persuadé que lui et Jensen savent à quel point ils sont incroyables et combien leur association change la vie des petits, patients « cookie ?» Demandais-je finalement en lui tendant l'assiette remplie de biscuits faits et décorés par les mains de Clara.

Je m'étais orienté vers le laboratoire en fin de matinée, étant le biologiste de garde. L'esprit vagabondant vers mille pensées consécutives, je m'étais installé machinalement derrière le poste informatique puis je me concentrais sur les divers examens biologiques que j'avais la charge de valider. Soigneusement, j'étudiais chaque donnée avant de les signer électroniquement et de les adresser aux praticiens concernés, accompagnant mes envois de certaines notes et remarques issues de mes comparaisons aux précédents bilans de certains patients. La tâche achevée, je faisais le tour des automates, croisant quelques techniciens d'astreintes, puis appris que l'après-midi organisé par l'association Run for Judy se tenait dans l'atrium ce jour-même. Je jetais un coup d'œil à l'horloge et hésitais quelques instants à m'y rendre. Non pas que je ne souhaitais pas soutenir l'association qui œuvrait pour de nobles causes, organisme dont j'avais appris par ailleurs l'existence il y a peu, étant moi-même nouveau au sein des effectifs de l'hôpital, mais les quelques ecchymoses reposant sur mon visage me ravisait au bain de foule composée majoritairement d'enfants. J'entendais ma collègue m'inciter à m'y rendre puis gommer mes appréhensions lorsque je les lui présentais. Finalement, c'est en sa compagnie que je me rendais dans le petit univers festif créé avec coeur par les bénévoles.

« Wow, » je soufflais en admirant le sapin décoré. La magie de Noël était présente, les enfants étaient ravis, les participants adultes souriants. Les lutins étaient plus chaleureux les uns que les autres et naturellement, un sourire sincère se dessinait sur mes lèvres alors que j'échangeais un regard attendri avec ma collègue. Je pensais rapidement à mes propres Noël lorsque j'étais enfant et j'acceptais poliment le chocolat chaud qu'on me tendait. « C'est impressionnant, » je commentais, intrigué. « Oups, désolé, » je faisais dès que mon épaule se heurtait malencontreusement à celle d'une autre personne. Je récupérais l'étoile en papier au sol, que je devinais devait être accrochée au sapin, avant de la tendre à l'individu : « C'est à vous ? »

Vous êtes le bienvenue pour être la personne à qui Kai s'adresse

Du temps, j'en ai eu énormément ces dernières semaines. Autant j'en ai profité au début pour me reposer comme les médecins me l'ont prescrit, autant sur la fin de ma convalescence, je n'en pouvais plus de mes quatre murs. Je suis donc, je dois l'avouer, plus qu'heureux d'être obligé de sortir aujourd'hui afin de récupérer ma nouvelle prothèse, l'autre que je portais ayant été trop endommagé lors de l'agression. Avec Robert, l'orthoprothésiste qui me suit depuis le début, j'en ai profité pour tester des pieds différents afin de trouver celui qui me conviendrait le mieux. Même si je suis plutôt content de celui que j'ai depuis plusieurs mois maintenant, je dois avouer que le nouveau est autrement plus agréable et plus performant aussi.

Et c'est donc sur mes deux jambes et amplement satisfait par les sensations que me procure cette nouvelle prothèse, que je me dirige vers le hall en faisant un crochet vers le service de pédiatrie, me rappelant soudainement que Run for Judy organise une petite fête de Noël ce jour. Arrivé sur place, je m'approche directement du sapin, impressionné par la grandeur et observe les quelques étoiles qui y sont accrochées. Toutes portent un mot, sans doute un vœu pour l'année à venir. Dans un sourire, j'attrape une étoile en papier puis un stylo et y griffonne le mot « évolution » dessus. Une évolution autant sur le plan professionnel que personnelle, voilà ce que je me souhaite pour l'année 2023.

Mais alors que j'allais l'accrocher à une branche, je me fais bousculer par un jeune homme. Rien de bien méchant, mais assez surprenant pour que j'en lâche la petite décoration. L'inconnu s'excuse expressément, se penche pour ramasser le petit objet et me le tend à nouveau «Ah, oui merci » dis-je, gratifiant le jeune homme d'un sourire, en reprenant l'étoile. Je m'empresse de l'accrocher à la branche que j'avais choisie et allais reprendre la parole lorsqu'un gobelet de chocolat chaud apparaît dans mon champ de vision. « Ah parfait, exactement ce dont j'ai besoin maintenant » remerciais-je la jeune femme avec entrain, avant de me tourner à nouveau vers l'homme à mes côtés «C'est vraiment sympas ce qu'ils ont fait ici » dis-je en regardant autour de moi. Lorsque mon regard se pose sur @Jackson Mills, je lui adresse un sourire et lève un instant mon gobelet vers lui pour le saluer « Vous êtes un membre de l'association ?» Demandais-je, curieux, bien décidé de faire un peu la conversation tant la présence humaine me manque

@Kai Luz je me permet

« Ah, oui merci, » formule @Andrew Livingstone à qui je tends l'étoile de papier que j'ai récupérée au sol. Je lui souris poliment tandis qu'il la récupère puis je le suis curieusement du regard s'orienter vers l'arbre de Noël pour l'accrocher. Mon regard dévie vers le stand offrant plusieurs étoiles similaires et je comprends en lisant les panneaux faits à la main le présentant que l'on peut s'en procurer une et y inscrire un souhait avant de la hisser sur l'une des branches du conifère géant. L'idée est séduisante, surtout qu'il me ferait plaisir de contribuer à l'association en laissant un don dans la boîte située à côté des étoiles et investir dans une qui a peut-être été réalisée par un membre de l'association ou un jeune patient de l'hôpital.

Armé d'un chocolat chaud, je fais donc abstraction du film de Noël qui est projeté derrière le grand rideau rouge et opte pour me rapprocher des intrigantes étoiles, ma collègue me délaissant pour prendre un appel. « Bon film, » je souhaite à @Sofia Shaw amicalement en la voyant s'orienter vers le cinéma improvisé, ayant croisé la jeune femme à quelques reprises dans le centre hospitalier.

A proximité du stand des étoiles, je sens une silhouette s'imposer à mes côtés. Si d'abord je pensais que ma collègue m'avait rejoint, mon cœur manque un battement lorsque je reconnais la voix qui m'est inoubliable de @Mila Valentini : « Je te manquais tellement que tu as décidé de faire des milliers de kilomètres pour venir me retrouver à Brisbane ? » La surprise se lit aisément sur mon portrait, bien qu'en réalité, sa présence en Australie fait du sens selon les quelques bribes d'informations que je détiens sur sa famille. La jeune femme saisit mon menton de ses doigts, son geste invoquant ces frissons qu'elle seule sait générer en moi. « De toute évidence, je ne pouvais plus me passer de toi, » je provoque avec arrogance. « Tu étais bien plus beau dans mes souvenirs… » Un sourire en coin en réponse, mon regard la fuit pour lui dissimuler les souvenirs qui me happent et dont la teneur de honte, culpabilité et épouvante transparait dans mon regard. « Il s’est passé quoi ? » « J'ai parlé de toi, t'as pas bonne réputation dans le coin, » je nargue avec jeu. « T'es canon en lutin, le rouge te va toujours aussi bien, » je complimente tout en tentant une diversion. Mila est époustouflante et je ne me prive pas de la scruter de la tête aux pieds. « Je suis heureux de te revoir, » j'avoue tout de même, mon cœur gonflé d'affection pour elle. Notre relation est atypique mais malgré tout, l'italienne compte pour moi et elle avait été présente à des périodes sensibles de mon histoire. « Tu fais partie de cette association, j'imagine ? » Je conjecture en soulevant l'appareil photo pendu à son cou.