J'aurais vraiment bien aimer faire la conversation avec @Kai Luz, mais celui-ci ne semble pas motivé par cette idée. Il me répond simplement par un sourire poli lorsque je reprends l'étoile qu'il a fait tomber, puis s'adresse à une inconnue pour lui souhaiter un bon film. J'étais, je l'avoue, sur le point de réitérer ma question, lorsque @Mila Valentini s'immisce entre nous, s'accaparant totalement de Kai, ne me laissant donc pas l'occasion de lui parler. Sans me laisser le temps de m'en offusquer davantage, je m'éclipse rapidement et discrètement, laissant ainsi les deux inconnus discuter entre eux.

C'est, alors que je me dirigeais vers la sortie, que mon regard se pose sur @Sofia Shaw, une des kinés de l'hôpital. Même si je n'ai pas été suivi par elle, mais par un de ses collègues lors de ma rééducation, j'ai quand même eu plusieurs fois l'occasion de lui parler et d'échanger quelques éclats de rire avec elle. Bien que ce ne fut que quelques minutes à chaque fois, c'était, je l'avoue, toujours très plaisant de la voir, son simple sourire m'ayant aidé à plus d'une reprise à retrouver la motivation nécessaire. Évidemment, depuis que je suis suivi par un cabinet en ville, je n'ai plus revu l'équipe kiné ici si ce n'est rapidement lorsque je reviens pour faire quelques ajustements à la prothèse et que j'en croise un ou deux. Ça me fait donc sincèrement plaisir de savoir que Sofia est toujours présente en ville !

« Salut Sofia !» Lançais-je en levant la main avant de me diriger vers elle « ça fait longtemps dis donc » je lui offre un large sourire « Comme est-ce que tu vas, depuis tout ce temps ?» demandais-je en me plaçant en face d'elle « Tu travaille toujours ici ? »

HRP pour Sofia:

Ce serait mentir d'affirmer que les fins doigts de @Mila Valentini contre mon visage, soulevant dans un geste à la fois ferme et délicat mon menton de sorte à ce qu'elle puisse observer plus précisément les ecchymoses teintant mon visage, me laissent de marbre. Un frisson parcourt mon échine, les souvenirs de nos péripéties de l'autre côté de l'océan me saisissent, nuancés de ce cocktail d'émotions que seule l'italienne sait invoquer en moi. Pour autant, je ne me dégage pas, bien que mon regard la fuie, laissant l'entière responsabilité à ma répartie de banaliser la situation inavouable qui m'a conduit à recevoir ces coups. « Menteur ! Tout le monde m’adore, je suis un véritable sucre d’orge ! » rit la brune et je souris doucement, ne me privant pas d'étudier la vingtenaire de la tête aux pieds, dans son costume d'elfe, et de la complimenter.

Mon intérêt pour Mila est exponentiel, les questions germent rapidement dans mon esprit sur sa situation actuelle. Je suis curieux de combler les vides de ces années où nous ne nous étions pas ou peu fréquentés, sincèrement intrigué de la croiser par le plus grand des hasards dans cet hôpital australien. Croyant au destin, je me persuade que nos routes se rencontrent pour une raison et il me tarde de pouvoir éventuellement renouer avec la belle. La Valentini m'indique être photographe pour l'association et notre conversation est interrompue par la venue en fanfare du Père Noël. Je regarde la scène, lâchant un rire franc devant le commentaire de Mila. « Le devoir m’appelle. Je vais immortaliser tout ça. On se retrouve après ? » Je l'étudie avec doute. Je suis certes épris de la volonté de discuter davantage avec la jeune femme mais l'esprit de contrariété qui se développe à son égard me donne presque envie de lui désobéir. « Je suis sérieuse, Luz. Attends-moi. Et si tu me décores un gâteau de noël, je le mangerai bien volontiers. » Il suffit que de son clin d'œil pour me convaincre et levant les yeux au Ciel, je me tourne vers l'atelier pâtisserie. « Bon courage, Valentini. »

Je m'applique avec glaçage et bonbons sur quelques biscuits et en achète d'autres à la vente pour soutenir l'association. Je glisse le petit sachet dans ma poche puis je poursuis mon tour des animations et différents stands, m'arrêtant à celui prenant les adhésions pour m'inscrire à la liste des membres. Au fil de mon chemin et de mes rencontres dans l'atrium, les dix-huit heures sonnent avec l'annonce des résultats des récoltes de cadeaux ayant précédées cet événement. L'effervescence est palpable parmi les intéressés présents et appuyé à un pilier de la grande salle ouverte, j'observe les scènes avec un œil amusé, lorgnant de temps à autres sur l'elfe italien immortalisant ces moments avec professionnalisme.

J’avais passé la majeure partie de la journée en salle d’isolement avec mon titulaire et la patiente que l’on suivait depuis des mois, maintenant. Ça n’avait pas été la meilleure des journées, pour être tout à fait honnête. Malgré que des cas comme celui-là me plaisaient par leurs complexités, je devais admettre que je n’avais pas nécessairement la tête à ça aujourd’hui. J’avais revu mon père pour la première fois en quatre ans et des poussières et la rencontre s’était déroulée exactement comme je l’avais prévue : pleines de malaises et de discussions en surface. Mais à quoi m’attendais-je ? Nous n’aurions probablement pas laver notre linge sale devant tous ces inconnus du The Burrow et il ne m’aurait pas dit aussi facilement ce qui l’avait conduit aux urgences quelques semaines plus tôt… J’avais donc la tête dans les nuages, en ce moment, bien que mon professeur ne semblait pas le remarquer. J’étais professionnelle, après tout. Je savais faire la part des choses, mais il arrivait quelques fois qu’il y ait des débordements. La journée avait passée à la vitesse de l’éclair, à ma grande surprise, mais je ne pouvais toutefois pas encore rentrer chez moi pour me reposer - et me détendre à ma façon. En effet, ce soir c’était l'événement de noël organisé par l’association run for judy. Comme je m’étais beaucoup donné pour cet organisme à but non lucratif, c’était tout indiqué que je sois présente pour les enfants, les parents, mais aussi les autres bénévoles. Une fois la paperasse de la journée déterminée, je me dirigeais vers mon casier que je réservais à l’hôpital pour prendre mon sac. Dans ce sac, j’avais des vêtements de rechange - un peu plus propre que ce que je portais pendant ma journée de travail - et des souliers à talons pour compléter le look. Je passa par les toilettes réservés aux employés du St-Vincent’s pour me refaire une beauté et lorsque je fus satisfaite du résultat, je me dirigeais vers le lieu du noël de l’asso. J’arrivais un peu en catimini, bien consciente d’être en retard et de possiblement déranger les activités. L’une des premières personnes que je reconnus dans l’assemblée fut @Jackson Mills, celui à qui je devais ma place au sein de l’équipe de RFJ. Je m'approchas de lui, souriante. « Bonsoir Jackson, je suis heureuse de te voir. » dis-je, poliment. Nous nous étions rencontrés il y a quelques années alors que je débutais dans le programme de psychiatrie. J'étais aux côtés d'un titulaire médiocre et ancré dans de vieilles mentalités, mais j'avais créé un lien de confiance avec Mills, si bien que de fils en aiguilles, je me suis retrouvée à oeuvrer à ses côtés. Je me doutais qu'il devait vivre son lot d'émotions puisque du jour au lendemain, il avait « renoncé » au suivi en psycho... J'étais respectueuse de ses choix et il savait que s'il voulait me parler de quoi que ce soit, il pourrait le faire en tout temps. J'étais là pour lui et il le savait.