“J’hypothèse, c’est tout.” T’es en train de te dire qu’elle change d’avis. Ce sera donc ça la solution ? L’hypothèse. Mais si ça commence à penser par là, tu te dis que tu vas bel et bien finir par l’acheter tout seul cette maison. Ce qui n’est pas un problème. C’est juste pas la vision que tu avais. “Maybe I am.” Okay. Y’a un pincement à ton coeur qui se forme doucement mais sûrement. Elle a tout les droits d’avoir peur mais elle était tellement sûre de vouloir acheter avec toi. Au fur et à mesure que tu tentes de lui ôter son stress vis à vis de cette maison ci, tu comprends que son mariage avec Will va passer avant vos plans initiaux. Tu aurais dû penser à ce détail avant de t’enjailler. Tu es réellement voué à être en deuxième position. She’s just thinking it through. Tu te rassures comme tu peux. Vous avez le temps de voir venir, tu lui ôtes la pression du temps des épaules. Tu proposes d’aller lire l’avenir car toi aussi à ce compte là, tu aimerais bien avoir une idée plutôt que de ne pas savoir sur quel pied danser. Elle t’aime, tu sais, mais elle est marié à un autre. C’est une distance naturelle et qui était absolument invisible entre vous. Sauf que cette histoire de maison la met en évidence, vous ne voyez plus que ça.

“On peut toujours. Ça sera intéressant quoi qu’il arrive.” Tu n’aurais pas cru que cette proposition de voyant aurait été ce qui la fait se retourner vers toi. Voir son visage rassure ton petit coeur. Elle t’aime. Tu n’es pas juste en deuxième position. C’est avec toi qu’elle a changé toute sa vie sans même s’en rendre compte. Naturellement. Organiquement. Avec toi. Ensemble. Tous les deux. Vous vous élevez vers des versions meilleures de vous deux. “Mais cette maison est une valeur unique, Jor. T’as vu à quoi elle ressemble ? ” Hein? Tes yeux dans les siens. “Elle est… Elle est parfaite! Une vraie cabane sur la colline version XXL! On ne trouvera pas mieux que ça.” Ton coeur qui bat plus vite car elle est en train de te confirmer qu’elle veut celle ci et pas une autre. Elle le dit dure comme fer et y’a un sourire qui se forme sur ton visage. “ Je sais pas si t’as remarqué mais on est particulièrement chiant dans nos critères.” Elle n’a pas tort. “T’as vraiment envie de rester de longs mois enfermé.e ici ?” Tu fais non de la tête. Elle sait très bien. « But it’s not just about me. » Tu vas poser tes mains sur ses avant bras que tu caresses doucement. Tu te regardes faire, ton nez baissé du coup. « I can wait if you need more time for… Figuring it all out. » Pour divorcer. C’est ça les mots. Mais tu n’oses pas les dire car elle ne l’a pas fait non plus. « I’m not going anywhere. » Tu ajoutes au cas où elle aurait besoin d’un refresh. « Like. Literally. » Tu te pinces les lèvres. « With the house and all… I’ve moved my trip to LA for later. I don’t feel like going now. » Est-ce que c’était le bon moment de le mentionner ? Tu sais pas. Mais au moins, ça y est, c’est fait.

La réponse de Jordan ne se fait pas attendre ; non, iel n’a pas envie de rester ici encore des mois et des mois. Quand est-ce qu’ils retrouveront une demeure qui leur conviendra, qui leur donnera des étoiles dans les yeux et la vision de leur futur ensemble dedans ? Birdie est persuadée que ce genre de coup de cœur est rare et elle n’aurait pas tort à son avis vu le nombre de maisons visitées et celles juste vues en photo. Ils ont des critères et des exigences bien spécifiques et, visiblement, ils sont peu enclins à la discussion. Alors ça la ferait incroyablement chier de laisser passer une occasion pareille.

« But it’s not just about me. » Ses mains sur ses bras, Jordan essaie véritablement de la rassurer par ce simple geste. Elle a conscience que ce n’est pas que lui. Mais quand elle parle de lui, c’est plus facile. Jordan a une telle confiance en ce projet, elle veut lui faire honneur et elle veut aussi s’en inspirer. Elle ne dénigre en rien leur progression mais elle ne peut pas s’empêcher d’avoir des aprioris. Et ça a tout avoir avec ces abandons à répétition dont elle est victime sans même s’en apercevoir depuis l’âge de 10 ans. « I can wait if you need more time for… Figuring it all out. » “Pour divorcer. C’est le mot que tu cherches.” Inutile de prétendre ou de choisir des chemins de traverses pour tourner autour du pot. Son partenaire n’a jamais rien dit à ce sujet de véritablement tendancieux mais l’oiseau se doute qu’iel n’attend qu’une chose ; qu’elle se sépare de cet anneau définitivement. Peut-être pas le bijou en lui-même - parce qu’il est beau et qu’elle n’a pas envie de l’enlever - mais simplement de ce lien invisible mais qui est omniprésent ces derniers jours.

« I’m not going anywhere. » Birdie a envie d’y croire. Elle y croit. Elle hoche la tête lentement pour signifier qu’elle a entendu. « Like. Literally. » Puis elle fronce un peu des sourcils parce que… Pourquoi est-ce qu’iel rajoute ça ? C’eest louche, non ? « With the house and all… I’ve moved my trip to LA for later. I don’t feel like going now. » “What ?” Mais… “Et Halsey ? C’est la deuxième fois que c’est annulé!” Car iel était déjà censé la voir lors de leur première année ensemble… Si elle se rappelle bien. “Me dis pas que t’as annulé parce que j’avais pas envie de venir.” Non non, Jordan a dit que c’était pour la “““““maison”””””. And all. Elle se sent impliquée dans ce terme.

“Pour divorcer. C’est le mot que tu cherches.” Ton coeur part super vite d’un coup à l’entente du mot que tu t’interdisais de prononcer. Elle va réellement le faire alors ? C’est tellement trop beau pour être vrai et tu t’en veux de penser ça alors que Birdie est totalement tourmenté par cette situation. Tu le croiras quand ça se fera de toute façon. Y’a encore moyen que tout bascule. Tu ne prends rien pour acquis, c’est comme ça que tu te protèges de ce que la vie met sur ta route.

“What ?” Oui ça sort un peu de nul part. Tu t’étais fait une joie de filer pour tout ce que tu avais aligné lors de ces trois semaines en Californie. “Et Halsey ? C’est la deuxième fois que c’est annulé!” « Yeah… » Une fois c’était elle, cette fois c’est toi. “Me dis pas que t’as annulé parce que j’avais pas envie de venir.” Tu fais non de la tête. « C’est juste… Trop de choses à la fois. C’est pas le bon moment. Ca se fera, mais juste pas maintenant. » Tu te mords la lèvre. « Ca l’arrange en plus. Elle vient de changer de maison de disque, elle a rompu avec son mec, bref c’est le bordel aussi de son côté. » Puis tu arrêtes de tourner autour du pot alors que tu mets ton regard dans celui de Birdie. « I can’t leave you alone now. I don’t want to. I won’t be OK. You didn’t ask me to stay. I know. I want to stay. » Tu veux pas qu’elle t’en veuille ou se sente coupable, tout est possible. « Halsey is not my life, you are. » Des fois on se demande quand même Jordan, mais oui, tu te sens adulte quand tu fais ce genre de choix qui pourraient donner l’impression d’être impossible à faire. Et bien non. Tu choisis Birdie en un claquement de doigt.

« C’est juste… Trop de choses à la fois. C’est pas le bon moment. Ça se fera, mais juste pas maintenant. » Ta mâchoire se crispe car t’as clairement l’impression que Jordan a annulé pour te materner comme il faut. Tu n’as pas besoin de ça. Vraiment ? Je n’en suis pas aussi certaine. Tu t’étais préparée psychologiquement à être toute seule en juillet. Ce n’était pas un problème il y a encore quelques semaines mais maintenant, c’était carrément plus compliqué à te le faire entrer en tête. Tu soupirres en massant ton front. “Jor…” « Ca l’arrange en plus. Elle vient de changer de maison de disque, elle a rompu avec son mec, bref c’est le bordel aussi de son côté. » “How convenient.” Que tu marmonnes avec un air peu convaincu. Tu es persuadée que Jordan a fortement influencé la décision. Qu’iel a été l’initiateur ou a approuvé sans broncher. De toute façon, c’est une décision majoritairement à deux. Tu n’arrives pas à croire que Jordan ait repoussé ça. Lui qui se faisait une joie d’y aller et d’enfin travailler avec une de ses artistes préférés. Pour ne pas dire sa déesse sur terre qu’iel workship plus que de raison.

« I can’t leave you alone now. I don’t want to. I won’t be OK. You didn’t ask me to stay. I know. I want to stay. » Tes yeux braqués dans les siens alors que tes ressentis naviguent entre l’agacement et autre chose… La reconnaissance ? Jordan t’a fait passer avant son travail et Halsey. Quand on connait l’amour de ton partenaire de ces deux choses, c’est exceptionnel. « Halsey is not my life, you are. » Tu fermes les yeux car… C’est sûrement une des plus belles choses qu’on ait pu t’avoir dit de toute existence. T’es valide à ses yeux. T’existe, t’es là, iel ne veut pas te laisser. Pas comme tous les autres avant lui. Tu ne pensais pas que ça t’aurait ému à ce point. Tu déglutis tout en frottant tes yeux. T’as pas envie de pleurer. Mais tu sens que ce n’est pas loin. “You’re so freaking stupid.” Vraiment. “I would have been fine. I was alone and fine for the most of my life. I’m a big girl. You’re an idiot.” Ah. La technique de l’insulte combinée à lui rappeler que ça n’aurait pas été la première fois que tu te retrouvais seule de toute façon, pas sûre que ça change grand chose ceci dit. Te voilà en train de rouvrir tes paupières pour le regarder de nouveau. “Who asked ? Halsey or you ?” Après, ça ne change pas grand chose. T’essaie de paraître détachée mais t’es tellement émue qu’il y a un peu d’eau qui coule de tes yeux. Halsey is not my life, you are.

“Jor…” Tu le vois en plus de l’entendre qu’elle aime pas ce que elle, elle entend.  “How convenient.” I know right. Mais tu te gardes bien de le dire à voix haute celle là. Tu veux pas abuser, même si un brin d’humour ne ferait pas de mal pour relaxer tout ça. Apparemment c’est une déclaration d’une nouvelle forme qui aide à ne pas envenimer le tout. Tu vois qu’elle est ému. Impossible de louper. Tu la connais ta Birdie. Elle s’en frotte même les yeux après les avoir fermés. Tu te mords la lèvre alors que tes mains sont sur ses bras toujours, comme si tu la maintenais pour être sûr qu’elle reste mais non, tu ne mets aucune force dans ta prise. Tu la caresses doucement, distraitement. “You’re so freaking stupid. I would have been fine. I was alone and fine for the most of my life. I’m a big girl. You’re an idiot.” Tu vas doucement déposer un baiser sur son front. But I’m your idiot.

Quand tu te détaches, ses yeux sont dans les tiens. “Who asked ? Halsey or you ?” Y’a un petit sourire qui se forme sur tes lèvres car cette question est incroyable. Tu te pinces les lèvres, tentant de retenir ton sourire parce que c’est pas le moment de se marrer alors que votre conversation est sérieuse. Mais ton sourire se fait plus large et tu t’expliques. « I’m sorry I’m just having a fanboy moment cos I can’t believe Halsey is actually in the middle of our conversation. Like if they were my bestie. » Oh Jordan, tu es beaucoup trop adorable mais oui, c’est toujours aussi peu croyable que tu côtoies tes idoles car tu es doué dans ton boulot. Beaucoup de monde a des beaux mots à ton égard. « Sorry sorry I’m back on the conversation. » Tu dis mais tu as encore un petit sourire rêveur sur le visage. « What were you saying? Oh yeah yeah I remember.  » Tu laisses passer une seconde. « You already know it’s me. » Car elle te connait et tu ne vas pas chercher à la lui faire à l’envers. Tu n’es pas comme ça. « And this is about me. I would not have enjoyed my stay at this time. I can’t leave you here, when you’re mourning Will who just left. It’s just cruel. I won’t do that. I refuse. I don’t want to. » Ton ton est sans appel. Tu n’aurais juste pas été. Oui on a compris. « And Halsey is my bestie now anyway, I’ll see them another time. » Tu as un petit sourire adorable qui se forme sur tes lèvres car ça reste incroyable de pouvoir la contacter si aisément car oui, tu es passé en direct quelques fois pour arranger les plans à plus tard, mais sans suite pour l’instant car l’avenir est trop rempli pour vous deux, vous avez décrété que ce sera l’année prochaine.

Ta question paraît absurde. Jordan a même un sourire qui s’agrandit et seulement lui sait pourquoi. Tu es dans la confusion pendant deux secondes, d’autant que ça serait très malvenu si ton partenaire venait à se foutre de toi à ce moment-là. Ça ruinerait complètement les jolis mots dit juste avant. Halsey is not my life, you are. « I’m sorry I’m just having a fanboy moment cos I can’t believe Halsey is actually in the middle of our conversation. Like if they were my bestie. » Tu ne comprends pas trop le rapport. C’est vraiment à ça que Jordan est en train de penser en ce moment ? Vous n’êtes pas sur la même longueur d’onde en tout cas. Tu es toute sérieuse et presque vexée de le voir réagir comme ça. Qu’est-ce que t’en as à foutre d’Halsey, sérieusement ? Tu l’aimes bien parce que Jordan en est fan mais ce n’était pas la tournure que tu penses avoir donné à ta question. « Sorry sorry I’m back on the conversation. » “That’s cool if you can have your fun, enjoy yourself.” Que tu mumures entre tes dents. « What were you saying? Oh yeah yeah I remember. » Si Jordan ne s’était pas reprit, il y aurait de très fortes chances que tu te serai isolée ou que tu serai partie en prenant toute ta vexation avec toi.

« You already know it’s me. » Oui, tu l’avais deviné mais avoir la confirmation te renfrogne un peu plus malgré tout. « And this is about me. I would not have enjoyed my stay at this time. I can’t leave you here, when you’re mourning Will who just left. It’s just cruel. I won’t do that. I refuse. I don’t want to. » Tu lèves les yeux au ciel. “C’est ridicule.” Tu vas le répéter combien de fois, exactement ? « And Halsey is my bestie now anyway, I’ll see them another time. » Tu soupires lourdement, guère amusée par ses paroles. Y’a rien que tu entends qui va. “Will isn’t dead, he’s just gone.” Will serait six pieds sous terre, tu ne seras pas debout à cet instant précis. Tu serais dans un état bien pire que ça. “Donc quoi, tu vas juste rester là à me couver comme une maman hyène ?” Tu passes ta main sur ton front avant d’ôter enfin tes lunettes car elles gênent. “Enfin bref, j’aurai beau dire n’importe quoi, c’est pas comme si tu reviendrais sur ta décision. Y’a juste pas intérêt que ça me retombe un jour à la gueule.” Même s’il y a peu de chance que ça arrive mais sait-on jamais. Tu es bien placée pour savoir toutes les choses hors de contrôle qui peuvent passer par la tête quand on est en colère. Tu te détournes pour finir ton verre d’eau qui continuait à trainer ici à moitié rempli.

“That’s cool if you can have your fun, enjoy yourself.” « I’m sorry. » Tu répètes car tu comprends bien que c’est déplacé mais tu n’en reviens pas de cette conversation. T’es fier de toi au fond, d’avoir ces opportunités. Mais c’est pas le moment, tu as bien compris

“C’est ridicule.” Oui t’as bien compris ça. Elle ne voit pas les choses du même oeil que toi. “Will isn’t dead, he’s just gone.” Oui tu as un peu regretté ton choix de mot une fois qu’ils ont été dit mais… tant pis. C’est bien ce que ça a l’air de lui donner comme effet vu son état. C’est pas négligeable malgré tout. « I’m sorry you’re right. » Mais tu sens que tu as fauté avec ce mot et tu t’excuses. Tu ne veux pas imaginer Will mort. Ton sérieux repris intégralement malgré la petite tentative - sans vraiment le vouloir - d’humour en mentionnant de nouveau Halsey qui est ta bestie. Tu ne souris plus maintenant. Tu te sens stupide d’avoir parlé de deuil.

“Donc quoi, tu vas juste rester là à me couver comme une maman hyène ?” Elle est en train de s’énerver. Elle enlève ses lunettes. Elle est agitée. “Enfin bref, j’aurai beau dire n’importe quoi, c’est pas comme si tu reviendrais sur ta décision. Y’a juste pas intérêt que ça me retombe un jour à la gueule.” Ne dit rien Jordan. Parce que tu en as des phrases qui te viennent pour répliquer mais tu ne veux pas être mauvais gratuitement. Son moral ne va pas. Tu la regardes retourner prendre son verre et tu cherches quand même des mots à dire qui ne seraient pas mauvais car elle ne mérite pas ça. Tout comme tu ne mérites pas qu’elle te blâme d’avance pour quelque chose que tu n’aurais jamais fait en premier lieu. Lui mettre en pleine face que tu as loupé une opportunité à cause d’elle car ce n’est pas le cas. Ca te blesse quand même de l’entendre supposer ça. Tu as bien entendu ses mots, tu ne vas pas la couver. « Message reçu, je ne vais pas te couver comme une maman hyène. » Au moins elle a communiqué ça. Tu ne prends pas la peine de mentionner l’autre phrase car tu préfères juste oublier qu’elle a été dite. Tout va bien Jordan. Elle ne le pensait pas vraiment. Elle est pas bien. Y’a trop de chose qui se passent en ce moment. Et sur ces mots, tu fais les trois pas - plus que trois pas ok - qui séparent avec la chambre en bordel. T’as besoin de ta bulle pour redescendre toi aussi. C’est beaucoup d’émotions tout ça. Tu fermes la porte derrière toi et tu vas mettre ton casque sur les oreilles après l’avoir branché à ton piano électronique.

« I’m sorry. » La mauvaise humeur commence à te gagner de nouveau. Voilà que ça faisait quelques heures que tu maintenais un cap plus ou moins positif mais là, il est clairement en train de plonger dans la négativité. « I’m sorry you’re right. » Tu ne relèves pas. Tu laisses passer mais tu as les yeux baissés. Tu encaisses et tu gardes en toi. Pour l’instant. Tu es une petite cocotte minute. Même toi tu ne te comprends pas. Tu perds le fil de tes émotions. Mais le petit air fanboy de Jordan est clairement dépassé aujourd’hui. Tu es même soulée pour lui car Halsey n’est peut être pas sa vie, mais elle en fait beaucoup partie. Tu voulais qu’iel aille vivre sa meilleure vie, loin de toi et tes mauvaises ondes. Mais non. Cet idiot a volontairement souhaité décaler ses projets. Pour rester avec toi. C’est complètement dingue. Tu n’as pas envie d’être ce genre de partenaire. De le faire pleurer à une Pride. De lui faire reporter une collaboration avec une de ses artistes préférées. Ce n’est pas censé se passer comme ça, encore une fois.

« Message reçu, je ne vais pas te couver comme une maman hyène. » Tu entends ses mots. Tout comme tu captes qu’iel s’éloigne. T’as une compression dans ta poitrine. Tu serres ton verre dans ta main alors que tu tentes de te canaliser. Tu te retournes à moitié pour le voir complètement partir dans la chambre qui sert de bordel, de débarras, de fourre tout. Seulement, iel s’enferme. A quel moment Jordan pense pouvoir utiliser la pièce pour lui tout seul? T’as été blessante, aussi. Mais t’as été blessé en première. C’est le serpent qui se mord la queue. Inutile de chercher des excuses. Il n’y en a pas. T’es juste nulle, un véritable poison. Et ça te fait chier que Jordan reste. Ça te fait chier qu’iel renonce à ce qu’iel avait prévu. Avec Halsey en plus.

Cela ne t’empêche pas d’aller dans la chambre. T’en as rien à faire que Jordan ait fermé la porte ; c’est pas sa pièce. C’est la vôtre. Y’a autant tes affaires que les siennes. En plus, ton partenaire a le casque sur les oreilles pour jouer à son piano. Alors c’est quoi l’intérêt de fermer, hein ? En tout cas, tu ranges ton ordi (enfin, tu fermes l’écran et tu le fourres sur le côté) avant de prendre ton carnet et un crayon. Tu sors mais tu laisses la porte ouverte. Pour faire chier ? Probablement. Mais ce n’est pas sa pièce. C’est la vôtre. Et iel a un casque. Par contre, tu ne t’empêches pas de mettre de la musique sur une enceinte. Du Disney. Les voisins risquent de te détester. Jordan aussi peut-être. C’est presque comme si tu faisais exprès de lui faire regretter de te traiter comme une gosse. De ne pas pouvoir juste partir pour trois semaines pour profiter. Tu n’as jamais prétendu être mature malheureusement. En tout cas, te voilà calée dans le canapé, à chantonner tout en griffonnant ce qui te passe par la tête, la main droite jamais loin du grand saladier à bonbons et chocolat qui est toujours sur la table basse deux mois après.

Tu joues le morceau que ta mère a composé. Tu le joues en boucle. Tu sens le petit courant d’air, tu vois Birdie apparaître dans la pièce. Mais elle ne fait que passer et tu te demandes pourquoi elle vient se faire remarquer alors qu’elle en a visiblement marre que tu la couves. Tu lui laisses son espace mais voilà qu’elle laisse la porte ouverte et quand tes doigts ne jouent pas tu l’entends dans la pièce à côté vu qu’elle a laissé la porte ouverte. Elle fait exprès, tu sais. Tu la connais. Sauf que tu ne comprends pas ce que tu dois en déduire de ça. Elle veut pas que tu la couves mais elle veut toute ton attention ? C’est ça ? Tu sais pas, et tu t’arrêtes de jouer parce que y’a tes mains sur ton visage, tes coudes posés sur tes cuisses car tu es assis en tailleur par terre, sur un petit coussin. Tu es perdu dans tes émotions et tu n’aimes pas la vibe. Tu n’aimes pas non plus ce que tu vas faire. Tu te lèves. Ton casque posé autour de ton cou. Tu la regardes, tu cherches tes mots mais tu n’aimes vraiment pas la sensation que tu as au creux de ta poitrine. Tu la regardes sans rien dire car aucune des phrases qui te viennent n’est approprié à ton avis. Le silence est ton meilleur ami dans ces situations mais tu es blessé à bien des niveaux que tu ne formuleras pas à voix haute car elle en a assez dans son assiette comme ça et puis c’est l’histoire de ta vie qu’on te fasse sentir que tu ne fais pas ce qu’il faut. C’est mieux si tu n’existais pas. « I don’t want us to be mad at eachothers. » Tu dis enfin. « We should talk… » Oh my god Jordan… T’es sûr de toi ? It can’t stay like this.

Tu restes le nez dans ton carnet mais tu sens, tu vois au bord de ton regard que ça bouge. Et c'est bien trop grand pour que ce soit Milady. Le chat qui se prélasse tranquille sur votre lit pendant que ses maîtres semblent être complètement déconnectés l'un de l'autre. Cette situation absurde qui est en train de se dérouler, sortant de nulle part. Uniquement parce que t'es butée et que tu cherches quelque chose. Une réaction, un mot, un geste, tu ne sais pas trop. Mais c'est là. C'est toi dans le pire de ce que tu peux être. Un des pires. Tu l'avais prévenu que tu n'allais pas être de bonne compagnie. Tu aurais trouvé de quoi faire. Au pire tu serais allée trois semaines à Elimbah. Ou t'as même songé à rejoindre de la famille ailleurs. En dehors de Brisbane. Mais non. Jordan veut rester près de toi et c'est un grand drame. Tu te rends compte à quel point c'est stupide ? Ta vie est si dure, Birdie, hein. Incroyable ce manque de compassion et d'empathie que tu peux avoir ; non, tu préfères rester têtue sur le fait que Jordan ruine ses projets pour toi. Ce n'est pas ce que tu veux pour lui. Et en plus, t'es une fière indépendante. Tu aurais survécu trois semaines. Tu n'aurais à peine été seule. Tu te connais.

« I don’t want us to be mad at eachothers. » Tu penches un peu plus ton nez contre ton carnet en chantonnant la chanson qui passe sur l'enceinte. Birdie, sérieusement… « We should talk… » Tu relèves les yeux vers lui. Ah. Voilà les mots magiques. Ceux qui donnent le vertige, qui font dégringoler ton cœur dans ta poitrine, qui font resserrer ta prise autour de ton crayon. Iel va te laisser. T'es certaine. Iel va se barrer. T'as tout ruiné. “About what ?” que tu demandes en essayant de ne pas paraître trop en alerte. Rien de pire que ces mots-là. Tu t'imagines déjà le pire.

Tu vois dans son regard quelque chose que tu n’es pas sûr de comprendre. Elle va exploser à ton visage? Elle va être piquante et t’envoyer chier ? “About what ?” Tu fronces les sourcils un bref moment parce que tu viens de le dire à propos de quoi. Elle joue à la conne. Ce n’est pas le bon moment pour discuter. Rien de bon n’en ressortira. Tu n’es toi même pas prêt à cette conversation. Tu as peur de ce que tu pourrais dire. « Je viens de le dire. » Tu prends une grande inspiration car c’est vraiment pas facile. « I think it’s not the right time. » Tu vas masser tes paupières d’une main. « I just don’t want us to be mad at each others. » Tu as besoin de redescendre mais si elle n’est pas ouverte à la conversation, ce n’est pas de ce côté là que ça va t’aider. « Je vais aller faire un tour dehors. » Car tu n’oses pas rester, tu ne veux pas qu’elle pense que tu la couves et tu as également extrêmement besoin d’être seul pour redescendre. Pour essayer de comprendre ce qu’il se passe et cet appartement est trop minuscule pour ne pas la voir du coin de l’oeil à te narguer. Car oui, c’est comme ça que tu as pris son acte. Elle a l’air de chercher à te provoquer et tu ne veux pas que ça fonctionne, même si en réalité, c’est le cas, puisque tu es sur le départ. Y’a plein de phrases qui viennent dans ta tête mais toutes sonnent comme une maman hyène alors tu les tais. Et tu te sens triste parce que tu sais pas quoi faire. Sortir d’ici c’est bien. Tu as besoin de décompresser réellement et essayer de te faire une raison sur tout ça. Comment vous en êtes arrivé là ? Ah oui tu sais, tu l’aimes et tu veux prendre soin d’elle et ça l’embête. Tu sais pas quoi faire. Tu ne pensais pas aimer trop. Tu ne veux pas l’étouffer. Tu veux que son bien et pourtant… Ca te retombe sur le coin de la figure. Tu gardes ton casque autour du cou alors que tu tournes vers l’entrée qui est juste là tellement c’est petit.

« Je viens de le dire. » Quoi ? Jordan est sorti.e, a dit qu’iel ne voulait pas qu’ils soient fâchés l’un envers l’autre - chose que Birdie accepte et approuve totalement même si le mode bête et conne est activé - et lui dit qu’il faut qu’ils parlent. D’accord, mais de quoi ? Du fait de ne pas se faire la gueule ? Birdie n’y comprend plus rien et elle aussi fronce des sourcils. « I think it’s not the right time. » “Mais…” Au final, il n’y a pas de que l’oiseau qui complique tout. Jordan n’est pas mieux. Sa partenaire n’y comprend plus rien et plus iel parle, plus elle est confuse. Et ça commence à l’énerver de nouveau de ne pas comprendre. Que ce ne soit pas clair. « I just don’t want us to be mad at each others. » Jordan se répète comme si elle n’avait pas entendu la première fois. Ou alors, iel la trouve conne. Iel pense qu’elle en fait exprès alors que ce n’est pas le cas. Ce n’est pas fait exprès si la jeune femme n’arrive pas à lire l’esprit de son partenaire. Pourquoi est-ce que ça doit être aussi compliqué ? “Oui, j’avais compris, mais-” « Je vais aller faire un tour dehors. » “Non mais merde, Jordan!” Elle s’exclame sous l’exaspération et une certaine rage tout en se levant du canapé. Forcément, son amoureux veut se tirer au lieu de lui expliquer les choses. Cela ne va rien arranger du tout. “J’ai pas compris de quoi tu veux qu’on parle.” Au cas où ça n’était pas clair. Au cas où la confusion sur le visage de l’oiseau n’était pas assez parlant. “Tu reviens sur ta décision ? T’as plus envie ? Tu veux tout arrêter ?” Encore une fois, des hypothèses. Des hypothèses dont elle n’a pas envie de croire. Son partenaire lui a dit de si jolies choses juste avant que c’est impossible que tout s’arrête… N’est-ce pas ? Birdie a la frousse au cœur. Est-ce que c’est le jour où iel va lui dire que c’est fini ? Non… Impossible. Pas vrai ? “Je jure que je te suis si tu vas dehors. Tu peux pas me dire “faut qu’on parle” et te barrer juste après. Je suis en train de me faire tous les pires scénarios dans ma tête alors crache ton morceau. J’ai pas envie de me rendre malade pour des non dits.” Merlin sait qu’il n’y a rien de pire. Elle n’a pas besoin de ça en ce moment. Elle n’a pas besoin des suspenses de Jordan pour remettre tout en doute. Pour se blamer, s’en vouloir, culpabiliser. “Alors vas-y. Je t’écoute.” La curiosité est bien plus forte que le reste. La tension dans ses membres aussi.

“Mais…” Elle fait exprès encore. D’après toi. “Oui, j’avais compris, mais-” Elle a compris mais elle veut que tu expliques ? Elle joue à la meuf stupide qu’elle n’est pas et tu détestes quand elle fait ça dans un moment aussi sérieux que celui là.

“Non mais merde, Jordan!” Mais voilà qu’elle réagit vivement quand tu suggères que tu ailles prendre l’air car la conversation n’est pas possible. “J’ai pas compris de quoi tu veux qu’on parle.” Mais elle insiste ? Tu veux pas croire qu’elle a pas compris. Elle fait celle qui n’a pas compris. Il est évident qu’elle t’en tient rigueur pour le choix que tu viens de faire. “Tu reviens sur ta décision ? T’as plus envie ? Tu veux tout arrêter ?” Sur ta décision ? Celle de pas aller aux USA ? Car c’est bien ça le sujet là non ? Tes sourcils se froncent car c’est ton tour de ne pas comprendre de quoi elle parle. Tu veux tout arrêter ? Arrêter quoi ? Tu es complètement à l’ouest mais une chose est sûr, tes mots ont délié ceux de Birdie. “Je jure que je te suis si tu vas dehors. Tu peux pas me dire “faut qu’on parle” et te barrer juste après. Je suis en train de me faire tous les pires scénarios dans ma tête alors crache ton morceau. J’ai pas envie de me rendre malade pour des non dits.” Tu t’es arrêté dans ton ascension vers la porte, c’est certain. Elle parle enfin. Elle dit ses craintes, c’est un début. Tu apprécies qu’elle veuille te suivre si tu sors. Elle veut parler. Tu veux parler. Vous devriez

“Alors vas-y. Je t’écoute.” Elle est prête à t’écouter. Mais est ce qu’elle est prête à entendre les mots. Est ce que tu es prêt à les formuler toi aussi ? Tu rebrousses chemin et va t’installer sur le bord du canapé à côté d’elle. « Okay. » Car vous allez parler. Comme tu l’as demandé. Un premier souhait d’exaucer pour que a ton tour tu arrêtes de cogiter tout comme elle est en train de le faire après tes mots. Faut juste que tu trouves comment formuler tout ca.

Tes pensées sont mis à rude épreuve car il y a la musique qui ne t’aide pas à te concentrer mais tu prends ton temps. « Je ne vais pas changer d’avis. J’ai décidé de ne plus aller aux USA à la fin du mois et j’ai bien compris que ça t’emmerde. Mais je vais pas m’excuser de vouloir être à tes côtés. Tu peux être en colère autant que tu veux ça changera rien. Je reste ici. » Tu répètes ça pour que ça rentre dans sa tête. « I’ll give you all the space you want. I don’t want to suffocate you. I don’t want you to be mad at me for wanting to be around when you’re not ok. This is fucked up. » Les quatre derniers mots qui sortent de manière impulsive. « Stop being too proud. I wanna be there for you, you didn’t ask. I know. I just want to do it anyway because I love you. This is love to me. It’s being there for you. No matter what. » Tu n’as pas fini. « I know you’re not doing good lately and I know you don’t really mean some of the things you’ve said but man it’s hard sometimes I need a minute or two. » Même plus que ça et c’est ce que tu as fait en allant dans la chambre mais elle est venue te déranger. Tu prends une grande inspiration avant de reprendre. « I’ll do what you want me to do, except going to the USA cos this is not happening, literally the only certainty I have in life right now. » Okay Jordan. Tu t’en es pas mal sorti. Tes yeux remontent aux siens, inquiet de la suite qui peut aller dans n’importe quelle direction…

« Okay. » Elle va écouter. Elle l’a dit et elle a tellement l’impression qu’il y a quelque chose de grave et d’important qu’elle va se rasseoir en même temps que Jordan. Elle n’est pas sereine et c’est tant mieux ; il serait temps qu’elle réalise que ses actions sont parfois extrêmes. Elle baisse même la musique parce qu’elle l’a mise trop forte, dans le seul but d’agacer son monde. Et pas seulement Jordan. Non, c’est universel. Elle a besoin de montrer son mécontentement au monde entier. Dans ces momets-là, oui, elle est égoïste. Mais elle ne s’en rend pas forcément compte. Elle est bien trop aveuglée par les montagnes qui se forment dans sa tête.

Jordan prend son temps et elle n’ose même pas dire un mot. Elle entend son cœur battre si fort si vite qu’elle a l’impression d’être en apnée. Sa bouche frémit un peu sous l’effet de l’attente, les yeux piquent déjà d’avance sans même savoir ce qui va sortir de celle de son partenaire. « Je ne vais pas changer d’avis. J’ai décidé de ne plus aller aux USA à la fin du mois et j’ai bien compris que ça t’emmerde. Mais je vais pas m’excuser de vouloir être à tes côtés. Tu peux être en colère autant que tu veux ça changera rien. Je reste ici. » Birdie baisse les yeux sur ses mains qui sont jointes, qui s’emmêlent et qui se frottent l’une à l’autre. Il n’y a rien à faire. Pourtant, elle est persuadée que ça aurait pu se faire. Mais à sa place, qu’est-ce qu’elle aurait fait ? Est-ce qu’elle l’aurait laissé trois semaines en sachant pertinemment qu’iel ne va pas bien ? « I’ll give you all the space you want. I don’t want to suffocate you. I don’t want you to be mad at me for wanting to be around when you’re not ok. This is fucked up. » C’est vrai. Mais ça lui fout une petite claque de l’entendre dire ça avec ces mots-là. Est-ce qu’elle serait folle ? « Stop being too proud. I wanna be there for you, you didn’t ask. I know. I just want to do it anyway because I love you. This is love to me. It’s being there for you. No matter what. » Birdie passe sa main sur son nez en reniflant avant de s’affaisser un peu plus dans le canapé. Elle entend, ô oui, elle entend. Jordan n’a pas l’air de vouloir arrêter l’histoire. Iel veut seulement qu’elle accepte sa présence et son soutien. Même si c’est au détriment de ce qui le fait vibrer le plus. Jordan l’a fait passer avant le reste. Birdie est frustrée pour lui mais elle est tellement… Emue. Les mots lui retournent la tête dans un tourbillon d’émotions. « I know you’re not doing good lately and I know you don’t really mean some of the things you’ve said but man it’s hard sometimes I need a minute or two. » La main se frotte contre sa cuisse alors que son visage est toujours plongé devant elle, perdu dans le vide. « I’ll do what you want me to do, except going to the USA cos this is not happening, literally the only certainty I have in life right now. » Jordan n’est pas en train de rompre. Au contraire, Jordan veut crever cette bataille inutile direct dans l'œuf. Son partenaire ne changera pas d’avis. Et elle, elle est simplement idiote d’avoir une telle réaction.

Elle ferme les yeux tout en reniflant. Halsey is not my life, you are. Jordan l’a mise en priorité. “I’m sorry for being such an ungrateful bitch.” Elle le dit avec sincérité. Avec émotion aussi car elle commence à réaliser l’étendue de sa connerie. De sa réaction surtout. “Mais je suis tellement… En colère de te voir mettre un projet qui te tient à coeur à plus tard juste à cause de moi.” Elle passe sa main sur son visage pour reprendre une respiration afin d’éviter de s’effondrer. Cependant, elle est toute recroquevillée dans son coin. Elle a envie de se faire toute petite tellement qu’elle a honte. D’absolument toute la situation. “J’ai pas l’habitude qu’on fasse ça pour moi. Me mettre en priorité.” Que ce soit ses parents ou certains de ses proches. Tous ont fini par partir, par la laisser, l’abandonner. Si elle ne venait pas aux nouvelles, est-ce que les autres se soucieraient un temps soit peu d’elle si elle ne les relançait pas ? C’est dur à accepter. Pourtant, ça ne devrait pas tant que ça car c’est doux de se dire qu’elle peut compter sur Jordan pour être là pour elle.

Tu n’aurais tellement pas cru qu’elle serait restée calme, à véritablement t’écouter. Elle a même coupé la musique. Elle s’est rendu compte que ça te dérangeait ? Elle te connait si bien ? Elle sait certainement que c’était pour faire chier et elle vient de changer de mode. Elle est raisonnable. Elle t’écoute. Elle n’a pas l’air rassuré alors que tu pensais réellement qu’elle aurait explosé de nerfs. Son visage qui regarde dans le vide ou vers le bas, tu captes juste sa silhouette car tu ne relèves les yeux vers les siens qu’à la fin de ton speech. Elle ne t’a pas interrompu et c’est aussi très agréable. Tu te dis que sois elle va vraiment pas bien du tout, soit elle a mûri et est plus aisément ouverte à la conversation. Tu préfères aller sur la deuxième option, même si la réalité est plutôt un mix des deux. Tu lui as fait peur avec ta confrontation. Toi même tu t’es fait peur car tu ne savais pas quoi dire jusqu’au moment de parler. Son attitude qui a changé en quelques secondes de temps a aidé. Les mots que tu te répètes en boucle dans ta tête aussi. Elle va pas bien. Elle ne pense pas ce qu’elle dit. Tu lui laisses toutes les deuxièmes chances du monde quand elle parle sans réfléchir car c’est exactement ça. Des paroles spontanées juste sous le coup de la colère, de l’agacement. Tu la connais et tu en as encore à revendre des free pass pour elle. Elle mérite tout. Même quand elle va trop loin. No matter what.

Elle a l’air sur le point de pleurer. Elle est toute recroquevillée. Tu as envie de te rapprocher d’elle et la prendre dans tes bras mais… Tu gardes tes distances. Tu veux pas la faire suffoquer. Tu es là pour elle, mais elle a bien exprimé ce qui l’agace même si c’est une connerie totale… C’est ce qu’elle veut. Alors tu attendras que ça vienne d’elle. Tu espères que oui. Car tu risques d’être faible et de la prendre contre toi malgré tout, au risque de te prendre un nouveau revers de sa part. She looks exhausted. Vrai. Mais toi aussi t’as ta fierté en réalité. Elle t’a vraiment blessé et t’as besoin d’encore un peu de temps avant d’avaler cette pilule. Ca passera, tu le sais, c’est juste encore trop frais. “I’m sorry for being such an ungrateful bitch.” Tu t’attendais pas à des excuses. Tu es agréablement surpris qu’elle t’ait vraiment écouté. “Mais je suis tellement… En colère de te voir mettre un projet qui te tient à coeur à plus tard juste à cause de moi.” Ca te brise le coeur de la voir toute diminuée comme ça. “J’ai pas l’habitude qu’on fasse ça pour moi. Me mettre en priorité.” Et la fierté de côté, la rancoeur aussi, tu t’approches d’elle pour la prendre doucement conter toi car il t’est littéralement impossible de juste la regarder être misérable sous ton nez. C’est physiquement intolérable. Tu embrasses le dessus de ses cheveux doucement alors que tu la berces tel une maman hyène certainement, mais t’en as rien à foutre. « Comme ça on est deux. » Et ça pince dans ta poitrine car le simple fait qu’elle soit marié à un autre prouve que tu n’es pas une priorité d’une certaine façon, mais comme tu viens de le dire, tu as l’habitude. Tu fais avec. La vie ce n’est pas que ça, même si c’est mieux quand on l’est. Et elle l’est pour toi. Quand tu aimes, tu aimes trop, car tu en as à revendre de l’amour. « Respectfully you’re my favorite project. » Tu murmures doucement pour tenter une fois de plus de lui faire comprendre que tu ne te sacrifies pas. Le choix n’a pas été difficile. « If you’re sad i’m sad. » Tu veux tenter de lui faire comprendre que tu n’aurais pas profité. Ca aurait été terrible de t’inquiéter pour elle de l’autre côté de l’océan. Tu aurais eu la tête ailleurs. Tu n’aurais pas été totalement présent pour le projet en lui donnant tout l’attention qu’il mérite. Mais tu ne vas pas dans tous ces détails là car t’a pas envie de faire revenir sa colère. Ca reste la base de la dispute.