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Ca y est, Sloane lui avait fait franchir le pas. Son téléphone n’arrêtait pas de vibrer depuis le début de la semaine à cause des dizaines notifications Tinder qu’elle recevait. Sa meilleure amie s’était peut-être un peu trop emballée en swipant à sa place, car visiblement son pouce avait eu une préférence pour le côté droit de l’application. Helen n’avait pas encore eu le courage de la rouvrir depuis la veille, un peu effrayée à l’idée de se plonger véritablement dedans. D’autant plus que la photo très osée, voire irrespectueuse du l’inconnu sur le téléphone de Sloane, ne l’incitait pas à ouvrir les messages envoyés par les hommes avec qui elle avait matché. Elle craignait de retomber sur l’horrible vision d’un autre pénis que celui de Sam… bah, il fallait avouer que c’était rebutant, et très offensant car elle n’avait pas donné son consentement pour recevoir une telle photo. Heureusement, Sloane avait réussi à la dérider un peu et à la faire rire. Mais… seule, comment réagirait-elle ? Certainement pas en envoyant une photo de ses seins nus, oh ça non. En tout cas, pour le moment, la brune ne se sentait pas encore prête à consulter l’application. Elle ressentait bien un peu de curiosité à l’idée de connaître les profils de ces hommes, au fond… Peut-être plus tard, dans la journée. Pour le moment, il était 6h du matin, et Helen s’était pris d’envie d’aller se défouler à l’extérieur. En s’extirpant du lit conjugual, la chirurgienne avait malencontreusement réveillé son époux, à qui elle avait susurré un rapide « Je vais courir, j’ai une opération cette après-midi qui me stresse. ». Un baiser sur la joue avant qu’il ne puisse lui proposer de la déstresser autrement, et elle avait déjà quitté la chambre. Bien évidemment, il n’y avait pas d’opération stressante dans la journée. Ce qui la stressait sérieusement, c’était Tinder. Ridicule. Malgré tout, elle était quand même là, à la plage artificielle de Brisbane, ses baskets aux pieds et sa tenue de sport prête à éponger la sueur de ses efforts. Même si elle courrait de partout à l’hôpital, Helen était une piètre sportive. Pourquoi donc s’était-elle embarquée là-dedans ? se demanda-t-elle, alors que son corps se mit instinctivement à trottiner. Parce qu’au fond, elle avait bien trop besoin de s’aérer l’esprit et que courrir l’aiderait certainement. Sa course commença tranquillement, pour ne pas accueillir trop vite la pointe de côté.  Elle savait qu’il ne fallait pas avoir un rythme trop soutenu dès le départ, si elle souhaitait pouvoir courir longtemps, alors elle se fit violence de ne pas foncer à vive allure pour oublier toutes ses pensées tourmentées. Au bout d’un quart d’heure, la brune y prit finalement goût, même si elle était déjà probablement rouge comme une tomate. Heureusement, l’air était frais à cette heure-ci, elle n’avait pas à subir la chaleur accablante de l’été qui arrive. Tout se passait bien, jusqu’à ce que son téléphone ne se remette à vibrer une énième fois dans sa poche et ne la fasse sursauter. Réaction stupide, mais Helen se doutait qu’il s’agissait encore d’une notification Tinder. Alors, sans s’arrêter de courir, elle s’empara de son smartphone en pestant : « J’aurais du le mettre en mode silenci… » Evidemment, ce qui devait arriver, arriva. Elle courrait, en regardant son téléphone. Helen fonça dans un sac posé au sol. Ses pieds se prirent dans les anses, et elle eut tout juste le temps et le réflexe de lever les bras pour qu’elle ne tombe pas la tête la première sur les planches qui donnaient sur le sable de la plage artificielle. « Fais chier... » Finalement, peut-être aurait-il mieux valu qu’elle laisse Sam la déstresser, pour une fois ?  

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Lorsque ses genoux rencontrèrent le sol, Helen ne savait plus si elle pestait davantage contre Sloane, Tinder ou cette idée à chier d'aller courir, alors que ce n'était pas son truc à la base. La peau de ses coudes et de ses genoux la brûlait, au contact des petits graviers parterre. La chirurgienne resta immobile l'espace de plusieurs secondes, pour rassembler ses esprits et s'assurer qu'elle n'avait rien de casser suite à cette chute. Elle ne ressentait aucune vive douleur, ce qui était plutôt bon signe. Il ne manquerait plus que ça... que la chirurgienne orthopédiste se foule la cheville, voire pire encore. La jeune femme n'était pas prête à être blessée, et à se voir offrir du repos forcé à la maison, oh non. Il fallait à tout prix qu'elle puisse continuer à aller travailler. « Tout va bien pour vous ? Je suis désolée je ne vous avait pas vu, je n'aurai pas dû poser mon sac ici. » S'il y avait bien une chose contre laquelle elle n'avait finalement pas grogné, c'était le fameux sac dans lequel elle s'était prise les pieds ou son propriétaire. La jeune femme était tellement obnubilée par les problèmes de sa vie que, ce qui l'entourait, c'était vraiment secondaire à l'heure actuelle. Le sac qui avait causé sa chute appartenait à une femme, métisse, elle aussi vêtue d'une tenue de sport. A son allure, elle semblait cent fois plus sportive qu'Helen. En tout cas, c'était d'apparence puisqu'elle avait l'air bien plus préparé qu'elle. La chirurgienne n'avait même pas pensé à prendre une gourde pour boire, alors qu'elle savait l'hydratation importante dans ce type d'exercice.  « Ce n'est rien, tout va bien. Je n'ai rien de cassé. » A ses yeux, c'était vraiment le plus important, vraiment. Helen laissa la jeune femme l'aider à se dépatouiller des anses, puis elle se releva sans difficulté. Ses genoux et ses coudes saignaient un peu, mais rien de grave. « C'est aussi de ma faute, je ne regardai pas où je courrais, je fixais mon tél... mon téléphone ! » S'exclama-t-elle finalement, en regardant autour d'elle pour s'assurer de ne pas l'avoir perdu. L'objet avait terminé sa course, quelques mètres plus loin dans la chute, la chirurgienne fila donc le récupérer. Son smartphone était intact, ouf. Et, sans surprise, des dizaines de notifications Tinder polluaient sa page d'accueil. « Il est intact. » Précisa-t-elle pour ne pas faire stresser inutilement la jeune femme. « Quelle idée de se mettre à la course, pas la meilleure que j'ai eu ce matin, je pense. » Sourit-elle, sans tenir compte de ses égratignures qui picotaient légèrement, mais il en fallait plus à la jeune brune pour se sentir mal.

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@Ishtar Brown 27 avril 2024 - streets beach
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Ses genoux brûlaient si légèrement, finalement, que la chirurgienne ne se formalisait pas du tout de la douleur. Plus de peur que de mal, sa chute lui vaudrait quelques petites croûtes l'espace de plusieurs jours, rien de plus, et heureusement. Elle n'avait pas envie de finir immobilisée et que cela l'empêche d'aller travailler. Parce que bon, opérer avec un pied dans le plâtre, impossible. Et deuxième point positif suite à cette chute, c'était que son téléphone portable s'en tirait lui aussi indemne. Un peu de chance dans sa malchance ces derniers temps, ça ne faisait pas de mal. « C'est la première fois pour vous aussi ? Je pourrais essayer de vous donner des conseils, même si je suis débutante j'ai pu regarder quelques conseils sur le net avant de m'y mettre. » Comment ça, pour vous aussi ? A voir l'égyptienne, Helen aurait parié tomber sur une coureuse aguerrie, plutôt que sur une débutante comme elle. Pour le coup, la chirurgienne se sentit moins stupide, car elle ne la jugerait probablement pas d'être une brêle en course, du coup. « C'est très gentil, merci. » Elle ne disait pas non à quelques conseils pour paraître moins novice, c'était bienveillant de la part de la jeune femme en face d'elle. « Je remarque que vous n'avez pas de sac avec vous. Je peux vous proposer à boire si vous le souhaitez ou de l'eau sur votre blessure. » Sa proposition était très gentille également, même si en tant que chirurgienne, Helen se voyait mal accepter de boire à la même gourde qu'une inconnue. Néanmoins, elle était partante pour se nettoyer un peu ses plaies aux mains et aux genoux. « Je vais en prendre un peu, je ne veux pas vider votre gourde juste pour nettoyer des petits bobos. » Le mieux aurait été d'avoir du désinfectant et des compresses, mais ça allait faire l'affaire pour le moment. « Je m'appelle Ishtar au passage et vous ? » Alors que la brune s'affairait à laisser couler quelques filets d'eau sur chaque paume, ainsi que sur ses genoux pour y retirer les petits cailloux de ses blessures, Helen lui répondit : « Helen » Une fois terminé, la chirurgienne rendit la gourde à Ishtar, reconnaissante pour sa générosité envers une inconnue complètement nulle en course. Elle eut envie de la remercier, une troisième fois, mais son téléphone se mit une nouvelle fois à vibrer et une énième notification Tinder fit tinter le silence entre les deux jeunes femmes. « C'est pas possible, ce téléphone va me rendre fou. » Helen ne résista plus à l'envie de déverrouiller l'objet électronique et de le mettre en mode avion, rien que pour avoir un peu de calme. La chirurgienne paraissait frustrée, énervée, agacée, alors qu'elle voulait tout simplement remercier la jeune femme à ses côtés pour son aide. « Désolée, une amie m'a installé Tinder, et depuis ça n'arrête pas de sonner. » Helen n'avait pas honte de le dire, Ishtar était une inconnue, il était peu probable qu'elle aille crier sur tous les toits qu'Helen Stenfield, chirurgienne à l'hôpital St Vincent, s'était mise sur une application de rencontres. « Vous disiez que vous aviez quelques conseils ? » Pour autant, l'objectif de la brune n'était pas de s'étendre sur sa vie privée avec une personne qu'elle ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam... alors elle bifurquait de nouveau sur le sujet de la course.

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« Oui un peu d'eau suffit pour nettoyer vos blessures. » Helen acquiesça de la tête, et s'empara de la dite gourde pour se passer de l'eau sur les genoux et les mains, tout en veillant à ne pas la vider entièrement. La chirurgienne n'avait pas envie de gâcher l'eau qui servirait plutôt à ce que la jeune femme de désaltère lorsqu'elle en aurait véritablement besoin. Le faire serait lui manquer de politesse, alors qu'elle lui proposait très gentiment de partager cette ressource vitale. « Pas de problème. Vous avez accepté le fait qu'elle vous l'installe ? » Un petit rire s'échappa des lèvres de la brune, en imaginant Sloane essayer de lui installer l'application sur son téléphone sans qu'elle n'en sache rien. La discrétion, on ne pouvait pas dire que c'était forcément son fort, alors il était peu probable qu'elle puisse l'avoir fait sans qu'elle ne le remarque. « Oui, mais je regrette maintenant que mon téléphone ne cesse de sonner toutes les 30 secondes. » Soupira-t-elle. « Tenez, je suis sûre que si je le rallume, il va se remettre à m'embêter. » Certainement très sadique, la chirurgienne retira le mode avion de son smartphone pour appuyer ses dires, et un nouveau tintement se fit entendre. Elle l'avait éteint quoi, deux minutes seulement ? « Voyez, qu'est-ce que je disais ? » C'était agaçant, et Helen allait devoir se résoudre à répondre à tout ce petit monde qui tentait vainement d'entrer en communication avec elle. Sauf que, la chirurgienne se rendit rapidement compte qu'elle venait de bien faire en le rallumant, puisqu'un appel de l'hôpital retentit au même moment qu'Ishtar lui prodiguait de précieux conseils pour la course : « Docteur Stenfield, le docteur Marsh a besoin de vous pour l'assister en urgence. » L'infirmière lui expliqua très rapidement les détails de l'opération en question. Helen raccrocha aussitôt, et s'excusa platement à l'égard d'Ishtar pour ne pas avoir pu entendre tous ses bons conseils. « Désolée, je dois me rendre à l'hôpital pour une urgence. Merci pour tout ! » La brune ne s'était même pas présentée en tant que chirurgienne, mais elle n'avait pas de temps à perdre en lui expliquant davantage sa vie, alors elle lui adressa une mine vraiment désolée avant de se mettre à courir en directement de l'hôpital. Toute personne ayant déjà côtoyée des chirurgiens savait que ce genre de situation arrivait tout le temps, et qu'il était très probable qu'il soit amené à quitter précipitamment un anniversaire, un mariage, ou tout simplement une rencontre après une chute pour pouvoir aller sauver des vies.