I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
()
Tout faisait tellement mal. Derrière chaque geste affectif, il y avait cette chose qui la heurtait, la blessait après chaque baiser, après chaque caresse. Mais elle voulait de ses baisers, de son attention, même si c'était toujours aussi douloureux. Joanne ne savait pas ce qui lui prenait, elle savait juste qu'elle le désirait, même s'il n'y avait plus rien de lui qui était encore un peu à elle. La jeune femme ne trouvait plus les mots pour décrire ce qu'ils s'infligeaient l'un l'autre. C'en était tellement douloureux qu'elle en versait quelques larmes. L'un des sillons fut interrompus par les lèvres de Jamie, comme s'il se délectait de cette souffrance qu'elle évacuait comme elle le pouvait. Même si ça n'effaçait les marques de territoire laissées par Hannah, le bel homme semblait apprécier sentir à nouveau les doigts de la belle blonde parcourir son torse et son dos. Il se plut à la reposséder en retrouvant la ligne de sa mâchoire, en venant attaquer l'une de ses faiblesses en effleurant la peau de son cou. L'effet fut immédiat. Joanne soupira longuement de plaisir alors que sa tête se tournait légèrement sur le côté. Elle était toujours à lui, et il le savait très bien. Il était désormais torse-nu, sa peau était déjà brûlante. Il fit en sorte que sa belle soit également à découvert, en retirant dans la plus grande délicatesse sa robe noire, qu'il laissa ensuite tomber sur le sol. Joanne se sentait si vulnérable, face à lui, totalement à sa merci. Après avoir enlevé son soutien-gorge avec cette même délicatesse, il flâttait le haut de son corps avec ses lèvres, se plaisant à regoûter à sa peau, qui n'avait pas changé depuis leurs derniers ébats. Joanne glissa doucement ses doigts dans les cheveux de Jamie, alors qu'il s'attardait sur sa poitrine. Puis sa bouche revint à la rencontre de son fils, qui avait bien grandi depuis la dernière fois où il était venu l'embrasser à ce niveau là. Elle soupira ou gémissement sous chacun de ses baisers, retrouvant avec plaisir son toucher. Mais chacun d'entre eux avait aussi l'effet d'un coup de poignard, tout était si agréable et si douloureux à la fois. Enfin, les lèvres de Jamie terminait leur voyage sur le dernier tissu qui recouvrait sa belle. Le baiser à ce niveau lui procura un frisson de plaisir qui s'empara de tout son corps. Il suffit d'un regard pour qu'ils se retrouvent, pour qu'ils se lancent dans des préliminaires que tous les deux aimaient tant. L'espace d'un instant, Joanne ne put s'empêcher de se demander comment cela se passait avec Hannah, si tout était foncièrement différent ou non. Jamie savait très bien qu'il avait tous les droits sur elle, il sentait certainement que l'entièreté de son corps et de son âme lui appartenait totalement. Alors il ôta le sous-vêtement à sa belle, venant caresser son intimité avec sa bouche et sa langue. Elle avait toujours sa main dans ses cheveux, son dos se courbant à chaque vague de plaisir qu'il parvenait à lui procurer. Il connaissait par coeur ses faiblesses, ces petits endroits qui lui permetter d'approcher cette phase d'extase. Il paraît que la libido des femmes enceinte à cette période de la grossesse est particulièrement accrue. Une chaleur qui ne l'avait pas conquise depuis longtemps s'empara peu à peu de son corps, l'enrobant de sensations presque oubliées. Elle avait toujours ces gestes de hanches incontrôlées, ses gémissements se multipliaient. Il lui avait tellement manqué, lui et sa manière propre de lui faire l'amour. Ses doigts se crispaient de temps à autre entre ses mèches de cheveux. Joanne prit délicatement son visage entre ses deux mains avant qu'il ne parvienne à l'emmener au delà de ses limites. Elle voulait qu'il y parvienne autrement, qu'ils soient unis pour cet instant si singulier, à chaque fois. Joanne prit d'assaut ses lèvres, fébrile, mordillant parfois l'inférieur. Elle le bascula doucement sur le côté, afin de le surplomber à son tour. Elle l'embrassa toujours avec cette tendresse, cet amour non mesurable. Ses doigts glissaient doucement le long de son torse, jusqu'à arriver à son pantalon, qu'elle ouvrit. Même le touchait, faisait mal, comme si son épiderme avait changé en matière de douceur, de chaleur. Elle retenait encore une fois ses larmes, c'était insupportable. Enfin, sa main glissa sous le sous-vêtement afin de retrouver sa virilité, qu'elle caressa plus que délicatement. Son ventre rond était collé au sien. Joanne craignait déjà le lendemain, le réveil. Elle se demandait s'il resterait dormir, s'il partirait comme un voleur une fois qu'elle se serait endormie, s'il la haïrait à nouveau dès que le jour aura à traversé les rideaux. Tant d'appréhension, et pourtant, elle continuait de le désirer, de le vouloir plus que tout.
L'effet est immédiat. Autant pour elle que pour moi. Son petit corps se tend, son échine se courbe, ses doigts dans mes cheveux serrent mes mèches brunes. Ce contact est de ceux qui m'ont le plus manqué. Elle a ce toucher si particulier qui a toujours su me faire fondre -mais je ne la laisse pas atteindre la moindre de mes défenses, parvenant à garder le dessus, le contrôle sur mes émotions, ce volcan de sentiments qui menace d'exploser. La retrouver ainsi est des plus plaisants. Je m'en délecte et m'y applique d'autant plus que je ne sais pas quand aura lieu la prochaine fois, ni même s'il y aura une prochaine fois. Mon coeur galope dans ma poitrine, rendant ma respiration déjà courte, haletante. Le savoure le moindre baiser, la moindre caresse sur chaque parcelle de sa peau, là, sur son intimité. Qu'il est étrange de si facilement reprendre ses repères, ces endroits plus sensibles que d'autres, savoir exactement comment lui arracher un soupir ou un gémissement, de quelle manière faire grimper le plaisir en elle et rendre son corps plus brûlant. Je ne compte pas partir avant de l'avoir entièrement consumée, qu'il ne reste plus rien d'elle à part mon nom au bord de ses lèvres. Cela n'a rien à voir avec une vengeance. Je ne me le permettrais pas, pas de cette manière, pas ce soir si particulier. Je ne cherche pas à la blesser, à la meurtrir. Mais je veux la laisser avec chaque cellule de son corps imprégné en son coeur de l'amour que j'ai pu lui porter, et que je lui porte toujours. Toute cette passion et cette adoration qu'elle a piétinés. Je laisse Joanne mettre fin à mes caresses entre ses cuisses et m'attirer vers ses lèvres pour m'embrasser, tentant de laisser sa marque, aussi petite soit-elle, du bout des dents. Je suis allongé à mon tour sur le lit, sur le dos, la jeune femme à califourchon sur moi. Je ne sais pas pourquoi, mais remarquer le poids de la grossesse sur sa silhouette normalement si frêle, sentir son ventre rond et ferme contre le mien, me fait légèrement sourire en coin pendant une seconde. C'est étrange, et c'est agréable. L'embrasant toujours tendrement, je me laisse complètement faire, laissant les rennes à la jeune femme pour un court instant. Yeux fermés, les mains crispées sur ses cuisses, je profite du toucher de chaque parcelle de sa peau sur la mienne, retrouvant son grain, sa douceur, sa délicatesse dans chaque mouvement. Un soupir traverse mes lèvres lorsqu'elle défait mon pantalon, se finissant en un long gémissement étouffé au moment où je sens ses doigts atteindre ma virilité. Je prends son visage entre mes deux mains pour lui coller un long baiser plus passionné pendant que ses caresses me font doucement oublier que je ne devrais pas être là. Que tout ceci n'a aucun sens, aucune logique. Les doigts dans ses cheveux, je passe mes dents sur sa lèvre inférieure, le long de son cou, quelques râles supplémentaires résonant dans ma gorge au fur et à mesure que mon corps succombe au brasier qu'elle attise ainsi. Jusqu'à ce que toute couche de tissu m’apparaisse comme une insupportable frontière entre nos deux corps, et que ses doigts sur mon intimité ne soient plus assez. Je prends délicatement son poignet pour tirer sa main hors de mon pantalon. Entre nos baisers, ma respiration est haletante, et réclame toujours plus le souffle de Joanne, comme si mes poumons ne pourraient jamais assez inspirer l'air qui traverse ses lèvres. Mon regard la dévore totalement, montrant que tout chez elle m'a manqué, que ses baisers, ses caresses, sa tendresse ne sont pas oubliés pour autant. Je rebascule la jeune femme sur le lit et ôte rapidement mes derniers vêtements, ne cessant d'observer le moindre détail de son corps changé, dévorant chaque nouvelle courbe, me répétant qu'elle est terriblement belle ainsi. Que je donnerais n'importe quoi pour faire l'amour à ma fiancée qui attends notre fils, plutôt qu'à une femme m'ayant brisé le coeur improvisée en maîtresse d'un soir. Nu, je me penche au-dessus d'elle, le regard plongé dans ses yeux bleus, et soudainement terriblement triste. Toujours ce « pourquoi ? ». Je capture ses lèvres au bout de quelques secondes, l'embrassant cette fois avec tout mon amour, laissant finalement ce sentiment s'infiltrer goutte à goutte dans mes veines. Je dépose un baiser sur son épaule, que je saisis délicatement pour faire tourner Joanne sur le flanc. Il n'est pas question de risquer de l'écraser ou de faire souffrir un peu plus son dos. Derrière elle, mon corps se colle et épouse parfaitement le sien. Caressant son ventre d'une main, remontant sur ses seins, ou descendant caresser doucement son intimité, je l'embrasse dans le cou, inlassablement, atteins parfois ses lèvres. Pouvoir sentir la totalité de son corps contre le mien me fait complètement perdre pieds, la chaleur que nous échangeons étant des plus brûlantes. A l'aide de ma jambe, je replie peu à peu l'une des siennes. Il me suffit de songer à la suite pour me sentir plus fébrile que jamais. J'aurais aimé faire durer l'attente, languir, mais j'en suis incapable. Mon esprit et mon corps hurlent leur besoin de sentir Joanne au plus près de nouveau, chaque rapprochement rendant l'attente plus insupportable. Sans laisser passer une minute supplémentaire loin d'elle, je mets fin à ce qu'il reste de distance entre nous deux en glissant en elle avec une lenteur qui permet de savourer chaque seconde, laisser chaque centimètre annihilé se transformer en une vague de plaisir, sentir la caresse de chaque parcelle de peau rencontrant l'autre, de plus en plus profondément, jusqu'à ce que nous ne fassions plus qu'un. Je serre toujours un peu plus le drap du lit au fur et à mesure de cette avancée. Enfin pleinement en elle, au plus près d'elle, ma respiration jusqu'alors complètement coupée reprend, et un long soupir traverse mes lèvres qui n'ont à aucun moment cessé de frôler celles de Joanne.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
()
Jamie semblait autant profiter de cet instant qu'elle. Au moment même ou ses doigts fins atteignaient son intimité, il ne manquait pas de soupirer et de se délecter des caresses de son ex-fiancée. Les mains de Jamie avaient retrouvé sans mal leur place habituelle sur les cuisse de Joanne, où ses doigts se plaisaient à nouveau às 'enfoncer dans sa chair lorsque le plaisir augmentait. Le bel homme l'embrassa bien plus passionnément, proportionnel aux sensations qu'elle lui procurait. Et son corps devenait, comme à son habitude, des plus ardent, jusqu'à ce que même la plus fine des couches de tissu lui soit insupportable. Joanne sentait qu'il gardait tout de même un certain contrôle de soi, qu'il maîtrisait absolument tout. Il ne voulait plus s'ouvrir à elle, et le fait que la mannequin ait laissé sa marque ne faisait qu'accentuer cette certaine distance instaurée entre eux durant ces échanges charnels. Jamie prit tout de même plaisir à la dévorer, à passer ses dents sous sa peau, lui faire comprendre qu'elle restait à lui malgré tout. Mais ce phénomène n'allait plus que dans un sens. Elle soupirait longuement, de le retrouver ainsi. Il prit sa main, et reprit le dessus, se débarassant de ce qui lui restait de vêtements. Son regard vert la désirait plus que tôt, elle vit cet éclat qu'elle n'avait plus vu depuis une éternité. Il la voulait, il la voulait rien que pour lui. Jamie se retrouvait à nouveau par dessus elle. Le bel homme eut très soudainement à nouveau ce regard si triste, qui lui brisa le coeur, vraiment. Elle le regarda d'un air des plus des désolés, des plus sincères. Elle ne savait pas quoi faire, elle ne savait pas quoi lui dire. Elle se sentit incroyablement mal à l'aise, mettant un peu plus les pieds à terre, réalisant que tout ce qui se passait ce soir là n'avait plus aucun sens. Elle ne comprenait pas, mais ne refusait pas. Elle lui demandait pardon, elle le suppliait du regard. Jamie reprit ses lèvres d'assaut, son baiser contrastant totalement avec l'expression qu'il venait d'avoir. La jeune femme ne savait plus sur quel pied danser. Ses lèvres effleurèrent la peau de son épaule, puis la bascula très délicatement sur le flan. Son coeur battait tellement vite, sa respiration était déjà des plus saccadées. Jamie se colla contre elle, retrouver ce contact procura à sa maîtresse temporaire un long frisson qui parcourut son corps de haut en bas. Joanne déposa sa main sur celle du bel homme, elle-même posée sur son ventre, qu'elle caressait très délicatement. Il chérissait son cou de baiser qui la faisait soupirer. Parfois, elle tournait la tête pour pouvoir retrouver ses lèvres, toujours ce snetiment de culpabilité qui demeurait, en sentiment de fond. Les mains de Jamie parcourait tout le corps de Joanne. Parfois, il caressait ses seins, parfois, son intimité, parfois, tout simplement, son ventre arrondi. Joanne se laissa totalement guider dans ses gestes, comme une poupée envoûtée. Sans plus tard, le bel homme se glissa lentement en elle, et, simultanément, elle gémissait longuement en retrouvant ce contact, ce plaisir dont il était le seul à pouvoir lui procurer. Joanne respirait l'air qu'il expirait, ne quittant pas une seule seconde son regard. Elle était à sa merci. Sa main atteignait son visage, qu'elle caressa doucement, tout en profitant de ces retrouvailles. Elle chercha la main de Jamie, afin de la guider jusqu'à son sein. Il commença à faire de très longs mouvements de rein, ce qui était largement suffisant pour faire monter la température de Joanne en flèche, ne pouvant s'empêcher d'exprimer son plaisir par des gémissements, une respirations haletante, une main qui se crispait sur la sienne. Son corps cherchait à s'unifier encore plus avec celui de son amant, si cela était encore possible. Les yeux vitreux, il semblait prendre autant de plaisir qu'elle à se retrouver, s'unir à nouveau, même si cela était peut-être pour une dernière fois. Joanne se laissait totalement succomber par ce flot de sentiments totalement contradictoires, ayant toujours en tête que Jamie ne lui appartenait vraiment plus, ce regard triste qu'il lui avait lancé à plusieurs reprises, mais qu'elle oublia lorsqu'il accélérait progressivement la cadence. Elle sentait son souffle chaud parcourir la peau de son épaule et de son cou lorsque leurs lèvres ne se touchaient pas. Joanne ne comprenait absolument pas ce qu'il se passait, mais savait que lui appartenir ainsi lui avait terriblement manqué.
Non, je ne peux pas lui pardonner. Je peux l'aimer malgré tout, et de tout mon coeur ce soir, mais il m'est impossible de pardonner. Ces retrouvailles ne sont pas synonyme de fin des hostilités. Juste une trêve. A la fois un moment de paix, et un moment pour se rappeler pourquoi nous nous battons. Un instant pour se souvenir de tout ce qui nous unit, de l'amour que nous avons l'un pour l'autre quoi qu'il advienne, de tout ce qu'il y a de beau entre nous. Tout est si ambivalent en permanence. La tendresse qui se teinte parfois d'amertume malgré moi. L'envie l'un de l'autre, ce désir qui nous pousse à oublier le reste et mettre de côté toute logique, mais cette même rationalité qui revient à la charge, le temps d'une seconde, pour nous mettre en face de nos actes et nous rappeler que tout ceci n'a aucun sens, que nous avons encore une fois mis de côté tout ce que nous avons de raisonnable. Comme des électrochocs qui nous ramènent parfois sur terre, contrebalancés par un baiser encore plus passionné, plus amoureux, plus langoureux, pour s'enfoncer un peu plus dans l'oubli de toutes ces blessures que nous prenons plaisir à rouvrir en grand ce soir. Un plaisir qui anesthésie ces plaies pour le moment, qui tait nos inhibitions. Mieux vaut oublier, oui. Oublier tout le reste. Se laisser porter et guider par nos corps à la recherche l'un de l'autre, attirés comme deux aimants séparés depuis trop longtemps. Mieux vaut profiter, accueillir et savourer chaque sensation, chaque caresse, chaque baiser brûlant, et plus que tout, ce délicieux moment où nous sommes de nouveau l'un dans l'autre, l'un sur l'autre, l'un partout, envahissant chaque molécule de l'espace vital de l'autre. Comme s'il n'y avait plus d'autre oxygène que son souffle, plus d'autre sons que ses soupirs et ses gémissements qui résonnent dans la chambre à chaque vas-et-viens. Accroché à sa poitrine ou sa cuisse comme à la dernière trace de rationalité dans un monde devenu sans dessus-dessous, je me perds dans les baisers entre ses lèvres, son cou, son épaule, les dents frôlant parfois sa peau ; je me noie dans son regard bleu, au moins aussi absent et perdu que le mien, ne parlant finalement que d'un amour qui est à la fois la cause et la conséquence de tout ceci. Mes propres gémissements passent de ma bouche à la sienne, mes tremblements et mes vagues de plaisir viennent envahir son petit corps. Je retrouve cette symbiose avec l'être que j'aime le plus au monde, et je ne sais pas si c'est de plaisir ou de douleur que mon coeur explose, me faisant lâcher un nouveau râle alors que la cadence s'intensifie. Je prends la main libre de Joanne et la fait passer au dessus de son épaule afin que ses doigts viennent se glisser dans mes cheveux. Qu'elle puisse serrer mes mèches brunes autant qu'elle le veut, me tirer vers son cou ou vers ses lèvres selon son envie. C'est sûrement le seul contrôle que je lui laisse sur tout ceci. Du reste, je décide du rythme de la houle, d'à quel point je veux lui manquer ou non en me trouvant plus ou moins au fond d'elle. Je m'éloigne parfois pour la laisser incomplète et insatisfaite, et reviens de plus belle lorsque je n'en peux plus moi-même. Plus soutenus, plus intenses, les mouvements ne cessent jamais de me faire un peu plus perdre pieds. Cet amour dont je ne voulais plus entendre parler continue de s'infiltrer dans on sang, prendre possession de mes membres, de mes pensées, de mes baisers. Et je l'aime tellement. Elle me manque tellement. Impossible de faire comme si ce sentiment n'existait pas, comme s'il n'était pas à l'origine de chaque battement de coeur en la présence de Joanne. Elle est tout pour moi, et je ne suis rien sans elle. J'ai si bien pu l'expérimenter ces derniers temps. Je ne sais plus qui je suis si je ne suis pas à elle. Pourtant, je ne suis pas à elle. Même là, même ce soir. Mais je l'aime, comme si je ne pourrai plus l'aimer ainsi avant bien longtemps. Je veux qu'elle soit mienne comme avant, et même plus qu'avant. Je veux qu'elle s'avoue complètement vaincue, que chaque soupir soit une complainte, une supplication pour que ceci n'arrête pas ; qu'elle perdre complètement l'esprit, qu'elle oublie son nom, et qu'elle puisse atteindre ce moment de volupté pure. La serrant contre moi d'un bras ferme, la maintenant complètement prisonnière, je peux sentir ses muscles se raidir, les spasmes annonciateurs. Sa bouche tout près de mon oreille laissent éclater des gémissements incontrôlables. Dans quelques derniers coups de reins, elle sera mienne plus que jamais.
CODE ☙ LOONYWALTZ
Dernière édition par Jamie Keynes le Mar 22 Déc 2015 - 20:40, édité 1 fois
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
( )
Ils se retrouvaient, malgré tout. Malgré les coeurs brisés et les espoirs évanouis. Comme si les fêtes de fin d'année mettaient en suspend le temps, capable de stopper guerres et querelles sans nécessairement signer d'armistice. C'était le cas pour eux, Joanne le ressentait. Jamie ne voulait et ne pouvait pas lui pardonner quoi que ce soit, malgré les sentiments qu'il avait pour elle qu'il laissait consumer son corps et son âme afin de se laisser enivrer du toucher d'un corps dont il ne pourrait jamais se passer. Ils étaient plus unis que jamais, et le lendemain, tout les séparerait à nouveau. Ce n'était qu'un maigre exemple de tout ce qu'elle avait gâché à cause de peurs injustifiées. L'un se perdait dans l'autre, à tout oublier. La plaies, encore ouvertes et béantes ne se faisaient plus ressentir, elles étaient ignorées, alors qu'elles saignaient encore et toujours et que leurs ébats ne faisaient qu'empirer la cicatrisation. Plus rien ne cicatrisait, pour aucun des deux. Il y avait juste ce besoin d'être avec l'autre qui les animait, qui les poussait à faire ce qui est inconcevable au stade de leur relation actuelle. La dépendance était toujours plus que présente, malgré eux. Le besoin de l'autre, de son contact, de ses caresses, de sa présence. Comme une drogue dont ils s'étaient passés depuis trop longtemps, dont ils voulaient rester éloignés, mais cela leur était impossible. Difficile de reconnaître qu'elle ne pouvait pas vivre sans lui alors que c'était elle qui avait rendu la bague. Et alors, il y avait cet immense plaisir que de le retrouver, mais aussi cette douleur, sachant que ce n'était pas bien, du moins, ce n'était plus dans l'ordre des choses. Encore une fois, parce qu'ils s'aimaient beaucoup trop, très certainement. C'était la seule explication relativement rationnelle qui existait. Jamie exprimait autant qu'elle le plaisir qu'ils s'échangeaient l'un l'autre, par des gémissements que Joanne inspirait. Une partie de son âme prit alors possession de son corps, et, pendant cet instant, Joanne se sentait à nouveau entière. Le vide n'était plus. La main de son amant tenait fermement son sein, ou sa jambe, ancrant davantage son désir de posséder sa chair et son corps, s'imprégnant jusqu'à la moelle. Il prit doucement sa main, qu'il voulait sentir dans ses cheveux. Jamie ne pouvait décidément pas se passer de ses caresses. Mais la cadence s'accélérer, et les doigts de Joanne se crispait entre ses mèches, tandis que sa gorge émettait des gémissements de plus en plus forts, saccadés par une respiration des plus anarchiques. Parfois, ses doigts se repliaient plus sur sa nuque, et cela le fit automatiquement approcher de son visage, afin qu'elle puisse effleurer ses lèvres, et inspirer chaque molécule qui sortait de ses poumons. S'imprégner entièrement de lui, à nouveau. Joanne balançait entre le plaisir de le retrouver et le supplice que cela lui infligeait. Quelle idée, de le laisser marquer davantage sa propriété dans sa chair alors qu'il y avait une partie de lui qui la haïssait au plus haut point. Elle sentait ses dents glisser sur la peau de son cou, l'air chaud s'infiltrer dans ses pores et elle sentait son corps se recouvrir d'une fine particule de sueur. Jamie voulait contrôler absolument tout, hormis cette main, qu'il laissait faire à son bon plaisir. Mais il restait seul maître de la situation, cette envie de contrôle et de posséder, il savait qu'avec cela, elle était à sa merci. Il voulait créer en elle des frustrations qu'il comblait sans prévenir, sans geste qui indiquait ses intentions, et il la contrôlait ainsi avec brio. Joanne perdait totalement, hypnotisée par l'homme qu'elle aimait le plus au monde. Ses cris s'amplifiaient lorsqu'il était le plus possible en elle, ces instants brefs où elle se reconnaissait enfin, où elle retrouvait son identité qu'elle avait bafouillé le jour où elle avait ôté sa bague de fiançailles. Jamie la tenait fermement contre lui, alors qu'il variait encore le rythme de ses mouvements de rein, bien que ceux-ci avaient largement gagné en intensité et en cadence. La jeune femme sentait alors cette vague de plaisir qu'elle n'avait pas connu depuis bien longtemps, tout doucement, l'envahir. Mais elle ne voulait pas que ça éclate aussi rapidement, elle voulait à tout prix faire durer ce moment, que leurs ébats ne prennent jamais fin. Qui sait ce qui se passera après. Elle résistait comme elle le pouvait. Tous ses muscles se crispaient, elle se mordait fortement la lèvre inférieure en plissant des yeux alors que Jamie continuait à faire en sorte qu'elle se soumette à sa volonté et qu'elle se libère. Il ne la voulait que pour elle, Joanne avait l'impression qu'il voulait que cela soit encore plus marqué. Mais il la connaissait par coeur, et connaissait les gestes et les choses à faire pour qu'elle se perde totalement dans cette phase de volupté ou elle oubliait absolument tout, hormis le nom de celui qui parvenait à l'emmener à ce stade là. Joanne ne put résister plus longtemps, et tout ses muscles se contractèrent, au point d'en être douloureux. Sa respiration se bloqua de longues secondes, sa main serrait fort la nuque de son amant, de celui qui contrôlait tout. Jusqu'à ce qu'elle parvienne expirer de manière sonore tout l'air qu'il y avait dans ses poumons et ce sentiment d'être complète, à lui. Enfin, tout son corps se mit progressivement à se détendre, mais son coeur, ses poumons, tous ses organes restaient encore dans une anarchie certaine.
Pas besoin de mouvement supplémentaire. Lorsque la respiration de Joanne se bloque et que son corps tout entier se contracte, à ce moment où toutes les valves s'ouvrent sous la pression des sensations, le temps suspend longuement cette seconde si particulière pour la rendre comme plus réelle qu'elle ne l'est déjà. Ainsi, pendant que ses doigts se crispent sur ma nuque et que ses membres se bloquent dans ce spasme, je peux voir ses yeux fermés, sa bouche ouverte à la recherche d'oxygène, ses joues enflammées sur lesquelles ses mèches de cheveux se collent, tous ses traits froissés céder face à l'arrivée de cette vague de plaisir dont la jeune femme a tant essayé de retarder la venue. Comme un déroulé image par image, il me semble voir le moindre détail de cet instant. Mais il n'y a pas que les images. Toutes les sensations sont d'une terrible précision. Sous mes paumes, je peux palper son épiderme brûlant et moite pourtant traversé d'un grand frisson qui lui donne la chair de poule. Tout ce corps en perdition se plaque complètement contre le mien, tout aussi chaud et humide. Pendant cette seconde, au plus profond d'elle, le séisme qui la secoue, tord ses membres et contracte ses muscles, déboule le long de son échine jusqu'à moi. Je peux deviner cette secousse alors qu'un plaisir pur s'infiltre absolument partout en elle. Cette vague, après avoir dévasté Joane, s'abat sur moi. Alors le contrôle m'échappe et mon esprit se laisse court-circuiter. Il n'y a plus que ce délicieux et irrésistible plaisir dans mon esprit, si fort qu'à la seconde où le corps de Joanne retombe sur le lit, défait, le mien se crispe et mes os tremblent. Mes doigts se resserrent autour du drap de toutes leurs forces, mais ce n'est pas assez pour contenir le long râle qui vide mes poumons. Cette libération est des plus intenses, quasiment douloureuse, et pourtant si délectable. Parce que c'est elle. Je ne voulais pas aller aussi loin avec elle, je ne comptais pas m'offrir entièrement de la sorte ce soir, et je n'y ai rien pu. Tout était si fort. Beaucoup trop fort. Tout était si bon. De la retrouver, de tout oublier. Tout était si beau, dans cette phase de volupté qui s'est emparé de Joanne. Quand mes membres se détendent soudainement, complètement, je me sens à bout et en ruines. Je garde le visage logé au creux du cou de la jeune femme, la respiration haletante, le coeur battant à une allure anarchique et ingérable. Ce plaisir me quitte à peine. Il traîne, là, dans mon crâne et dans mes veines. Je ne veux pas quitter cet état, relever la tête, laisser mon regard se poser sur la réalité. Non, je garde cette bulle quelques secondes de plus, je m'y accroche comme tout en dépendait. « Je... » Je t'aime. C'est imperceptible, inaudible, mais les mots sont là comme elle seule peut les saisir. Mais je ne peux pas les articuler. Je ne peux pas. Malgré tout, notre acte passe subitement du monde abstrait au très concret. Il faut réaliser que tout ceci a bien eu lieu. Il me suffit de fermer les yeux et me sentir toujours en elle pour en avoir conscience. Le moment est terminé. Je la quitte et me laisse rouler sur le dos, épuisé, bien plus émotionnellement que physiquement. Tout était si bon, et tout était si mal. Comment peut-on s'infliger une chose pareille alors que tout est déjà douloureux au possible ? A quel moment le monde a-t-il cessé de tourner ? Je reste à une certaine distance de Joanne. Il n'est pas question de la laisser se blottir contre moi comme elle en avait l'habitude. Je dois d'abord retrouver mes esprits. Je lui adresse un regard au bout de quelques minutes, essayant de déceler ses pensées qui semblent tout aussi sans dessus-dessous. Calmé, je me rapproche, pose une main sur son ventre et l'embrasse tendrement. Elle semble avoir peur que je parte dans la seconde, et ce n'est pas mon intention. « La grossesse te va bien. » dis-je tout bas, un sourire au coin des lèvres. Je le pense vraiment. Je ne pensais pas qu'il puisse être aussi agréable de la voir avec un ventre qui s'arrondit de plus en plus, le corps distendu de manière incroyable pour accueillir notre fils. Pourtant, cette grande courbe sur son profil est de toute beauté. « Tu es si belle ainsi... » je murmure, caressant ses lèvres, sa joue, sa mâchoire du bout des doigts. Mon regard la scrute, rempli d'amour pour ces deux êtres qui comptent plus que tout pour moi. Je lui vole un nouveau baiser avant que la peine ne reprenne le dessus. Ils me manquent tellement. « Tu sais que tout ça ne change rien ? » je demande avec sérieux, plongé dans ses yeux bleus. J'aurais préféré dire que cela change tout. Pourtant, je lui en veux toujours. Demain, quand nous serons un autre jour, je saurais me souvenir de la raison pour laquelle je ne suis plus chez moi où que ce soit.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Joanne avait presque oublié toutes ces sensations, cette vague de chaleur et de plaisir parfaitement incontrôlable qui prenait possession de tout son corps. La dernière qu'elle avait couché avec quelqu'un, c'était avec Jamie. Elle n'aurait ni supporté, ni toléré que quelqu'un d'autre la touche comme lui pouvait le faire. Elle avait tenté de résister d'autant qu'elle pouvait. Pousser l'échéance le plus loin possible afin qu'ils restent enfermés dans ce laps de temps qui n'était qu'à eux. Mais la jeune ne tint pas longtemps, et laissa cette phase de volupté que Jamie savait si bien lui donner l'envahir totalement, venant contracter au possible tout ses muscles, bloquant tout son corps pendant de nombreuses secondes avant d'accepter de la relâcher et de la laisser respirer à nouveau. Elle savait qu'il avait son regard posé sur elle, qu'il observait certainement chaque détail de cet instant. Mais tout lui semblait si abstrait qu'elle ne s'en rendait pas véritablement compte. Là, elle se définissait à nouveau, elle savait qu'elle était encore plus à lui qu'avant. Que l'emprise qu'il avait sur elle ne faisait que s'accroître malgré la séparation et la rancoeur. Quelques secondes après que Joanne ait pu retrouver sa respiration, elle sentit contre elle le corps de Jamie se perdre également. Bien qu'elle s'en délectait totalement, elle trouvait cela surprenant de sa part, étant donné qu'il n'avait que l'envie de contrôle durant la totalité de leurs ébats. Alors, elle parvenait encore à le faire voyager au-delà de ses propres limites. Elle sentit le souffle de son râle s'imprégner dans ses pores, sa libération en elle. Il gardait sa tête logé dans le creux du cou de Joanne. Chacun reprenait plus ou moins ses esprits, chacun refusait certainement de remettre les pieds à l'air. Le coeur de Joanne continuait de pomper son sang encore plein de plaisir dans ses veines, lui offrant toutes ces sensations après leurs ébats. Joanne s'attendait à ce qu'il s'éloigne au plus vite d'elle, mais non. Comme ils le faisaient toujours, ils restaient au plus proche l'un de l'autre, à profiter de ces secondes frôlant la perfection. Jusqu'à ce que l'on retrouve un rythme cardiaque décent, une respiration relativement supportable. Il lui manquait tellement. En tout point. Ils avaient retrouvé, l'espace de cet instant, leur symbiose parfaite, réalisant que l'un ne pouvait plus vivre sans l'autre. C'était à la fois agréable et terriblement destructeur. Il allait lui chuchoter quelque chose, et cela relança de plus belle le coeur de la jeune femme, mais Jamie ne termina pas sa phrase. Tout retombait, et il fallait désormais réaliser tout ce qu'il venait de se passer. La belle blonde était encore plus égarée qu'avant, ne comprenant strictement rien au déroulé de cette soirée, dans quel monde parallèle elle serait tombée. Jamie s'éloigna d'elle et s'allongea sur le dos. Pendant ce temps, Joanne resta longuement allongée sur le côté, à regarder dans le vide. Elle ne savait plus, elle ne le comprenait plus. Finalement, elle s'allongea également sur le dos, sans lui adresser un regard. Tout ceci la mettait mal à l'aise, ça la dérangeait. Quelque chose ne tournait pas rond. Peut-être que la respiration du bel homme s'était détendue, c'était loin d'être le cas pour celle de sa prétendue maîtresse, qui restait haletante. Joanne s'était égarée dans un flot d'émotions incontrôlables et ne savait plus quoi penser, ne savait plus quoi faire. Elle fut surprise qu'il finisse par se rapprocher d'elle, accepter à nouveau un contact physique. Tout lui semblait si exclusif désormais. Elle avait cette peur qu'il ait finalement abusé de sa faiblesse et de sa solitude pour combler je ne sais quoi, et qu'il ne pensait qu'à partir une fois le travail. Il ne se serait jamais comporté comme un tel monstre mais l'idée effleura l'esprit de la jeune femme, et sa panique et son anxiété se lisaient très bien sur son visage. Il l'embrassa, il caressait son ventre, profitant encore de la présence de son fils, au plus près de lui. Absolument tout était douloureux pour Joanne. Les lèvres de l'Anglais n'avaient plus le même goût, mais les acceptait quand même. C'était comme s'il persévérait à lui montrer tout ce qu'elle avait perdu. Comme si ses lèvres à elle étaient à vif et qu'il y versait du sel dessus. Mais elle acceptait ses caresses, elle y répondait. Car c'était tout aussi agréable de le retrouver ainsi. Il la complimenta, avec un sourire, sincère, tandis qu'il effleurait la peau de son visage du bout de ses doigts. Tout ceci lui faisait toujours énormément d'effets, mais Joanne s'attendait au contre-coup. Son regard était pourtant plus que sincère, elle le regardait avec bien plus de tendresse, mais elle désenchanta très rapidement. Il avait suffi de quelques mots pour qu'il la désoriente totalement. Involontaire, Joanne lui lança très brièvement un regard presque terrifié, avec cette sensation amère de n'avoir été que victime de ses sentiments et d'avoir succombé à son charme pour le satisfaire. Etait-il vraiment comme ça ? Elle ne le savait plus. Ses yeux se mirent à briller plus que d'habitude, et, émue, elle ne parvint pas à dire un mot. Juste cette respiration haletante et saccadée. Elle réfléchit longuement, se disant qu'il ne fallait surtout pas qu'elle s'enfonce dans ce qu'il venait de dire. Mais ça faisait mal. Ce qu'il venait de dire était insupportable pour elle. Le sentiment d'avoir été abusée ne faisait que s'accroître en elle. Comme l'enfant naïve qu'elle était et à qui on arrivait à faire croire n'importe quoi. "Alors pourquoi ?" dit-elle tout bas, le regard interrogatif, mais surtout perdu. "Pourquoi est-ce que nous nous sommes tout de même offerts une avalanche de cadeaux pour chacun ? Pourquoi es-tu revenu ensuite ?" Ils avaient chacun tellement de questions à se poser, très certainement. "Pourquoi avions-nous ressenti le besoin de nous faire l'armour ? Tu as tout contrôlé, sauf pour la fin, je l'ai senti." Sa voix restait douce, elle parlait à voix basse et ne quittait pas un seul instant ses yeux verts. "Pourquoi as-tu accepté de me toucher ainsi alors que tu me hais ?" Elle voulait savoir le fond de ses intentions. Pourquoi il était revenu, pourquoi il voulait rappeler qu'elle était à lui. "Je t'appartiens toujours, Jamie, tu l'as senti. Et je t'appartiendrai toujours. Si tu dis que ça ne change rien, cela voudrait que ça n'a strictement rien signifié pour toi ?" Joanne posait aléatoirement ses questions, Jamie ressentait aisément à quelle point elle était perdue, au bout du rouleau. "Pourquoi l'a-t-on fait, si ça ne change rien ?" Aussi blessée pouvait-elle être, elle aura toujours cette petite lueur dans son regard qui sera toujours rempli de tendresse pour lui. Parce que c'était Jamie, voilà tout. "Je serai toujours à toi, Jamie, encore un peu plus ce soir. Que tu veuilles de moi ou non." dit-elle au bout de ses lèvres, tout en lui caressant doucement son cuir chevelu. Joanne releva sa tête pour l'embrasser plus que tendre, caressant la moindre parcelle de ses lèvres, de sa langue, bien que rien de tout ceci ne soit à elle. Et toujours cette même comparaison de douleur comme si l'on mettait du sel sur une plaie béante. Pour elle, c'était un moindre mal pour le bien que cela lui procurait, c'était ce qu'elle méritait. Pour d'autres, c'était de la simple inconscience de se faire autant souffrir.
Le regard que me lance Joanne me transperce de part en part. J'ai l'impression d'avoir articulé la pire horreur qui soit -et ça l'est peut-être à ses yeux. Je souhaitais avant tout écarter toute ambiguïté. Pas que tout ceci n'a rien signifié, mais cela ne peut pas marquer de changement dans la situation actuelle. Nous sommes toujours séparés, et le fossé n'est pas moins grand qu'avant. Ma rancoeur est toujours présente. Je n'ai plus confiance en elle. L'aimer n'est plus assez, et faire l'amour ne permet pas de faire comme si de rien n'était. Nous nous sommes prouvés notre faiblesse et notre besoin l'un de l'autre, et puis quoi ? Non, rien n'a changé. A moins que c'était ce qu'elle voulait, ce qu'elle espérait. Que cela marquerait un nouveau départ. C'est peut-être le cas. Je n'en sais rien. Plus j'y pense, plus je me sens perdu. Coucher ensemble n'était pas nécessaire. Je ne sais pas pourquoi nous en sommes arrivés là, même si j'ai été l'instigateur de ce moment. Je ne me souviens plus quelle pensée m'a mené jusqu'à cette chambre. Pourquoi je l'ai embrassé en premier lieu. « Je ne sais pas... » je murmure alors que Joanne commence à déverser sur moi un flot ininterrompu de questions. Pourquoi les cadeaux, pourquoi offrir autant de bijoux et de diamants à a personne qui m'a brisé le coeur, pourquoi me soucier encore d'elle, pourquoi venir ici, revenir, alors que rien ne m'y obligeait. Mon rythme cardiaque s'accélère un peu alors que je bafouille tout bas un tas de « Je.. » qui restent suspendus dans l'air, sans suite, sans justification. Mon regard complètement perdu reste planté dans les prunelles tristes de la jeune femme, la suppliant presque de se taire, d'arrêter de m'assener toutes ces questions auxquelles je ne peux pas répondre. Elles ne servent qu'à nous faire souffrir un peu plus. Nous rendre compte que ce court moment si parfait n'était décidément qu'une grande illusion. « Je ne te hais pas... » j'arrive à articuler vaguement. Je ne pourrais pas la haïr. Même si cela a été mon premier sentiment après avoir appris sa manière de m'abandonner, la haine n'a jamais réussi à véritablement s'accrocher à moi. Une certaine colère, de l'animosité, de l'amertume sont restés à la place, et ces émotions ne sont que des preuves de la taille de mes blessures. Elles ne font que donner une petite idée de la hauteur depuis laquelle j'ai chuté. Ma respiration se saccade, Joanne embrouille mon esprit un peu plus à chaque mot. Pourquoi faire l'amour si cela ne devait rien changer ? « Non, je... » Cela signifiait quelque chose pour moi. Mais je ne saurais pas dire quoi. Je ne sais pas. « S'il te plaît... » Qu'elle se taise. Qu'elle cesse. Je ferme les yeux, et si je le pouvais, je me boucherais les oreilles. Je sens son souffle s'approcher de mon visage et sa bouche frôler la mienne, et plutôt que de m'en écarter, un peu plus blessé par tout ceci, je passe mes doigts dans ses cheveux pour répondre à son baiser, saisissant les lèvres de mon bourreau avec ardeur. Apposant mon front au sien, je garde les paupières closes, une main caressant sa joue tendrement. Le coeur battant à toute allure. « Je ne sais pas, Joanne. Je n'ai pas de réponses. » Rien qui puisse expliquer la raison pour laquelle nous avons tous les deux terminé dans ce lit. « Je n'y comprends rien moi-même. » je murmure, cherchant dans quel courant m'engouffrer, comme une girouette. Si je dois la détester ou pardonner, dresser une muraille entre elle et moi ou lui donner une chance. Je m'écarte de Joanne, me redresse, et m'assied sur le bord du lit pour fuir cette paire d'yeux qui continue de me transpercer et m'empêche de penser. « Je préférerais être capable de te haïr. » Je passe une main dans mes cheveux, me tirant doucement de ce qui a été un rêve trop court. « J'arrive assez bien à m'en donner l'illusion, la plupart du temps. » A moi, et aux autres. Je veux donner l'impression d'être toujours debout, en train de passer à autre chose. Je ne suis pas si affecté que ça, non, la petite conservatrice ne mérite pas que je termine à genoux pendant des semaines. Tout serait plus simple s'il n'y avait pas notre fils pour continuer de nous lier. Tous les ponts seraient coupés, nous pourrions vivre chacun pour soi. Il n'y a rien à faire. Je peux faire comme si Joanne n'a plus d'importance, néanmoins, cela ne sera jamais vrai. « Mais pas ce soir. J'avais besoin d'être ici, avec toi, et notre fils, pour Noël. Vous êtes aussi ma famille malgré tout. » Je me lève et attrape mon sous-vêtement et mon pantalon, que j'enfile rapidement, malgré mes membres lourds. Puis je reviens sur le lit, surplombe la jeune femme quelques secondes, le temps de déposer un baiser sur son ventre rond, et l'autre sur son front. « Tu es sa mère, et je t'aimerai toujours pour ça. » Ma gorge se serre un peu sur la fin de ma phrase. Dire que je l'aime est si difficile, si douloureux. Ce pincement au coeur fait immédiatement grimper quelques larmes au bord de mes paupières, rendant mon regard plus brillant dans l'obscurité de la chambre. « Je t'aime. » je répète tout de même. C'était ce que signifiait tout ceci. J'hésite à déposer un nouveau baiser sur ses lèvres, mais je me relève avant de céder à cette envie. Je m'éclaircis la gorge, dégageant toute cette émotion qui s'accroche à mes cordes vocales, avant de reprendre, aussi naturellement que possible ; « Je vais me faire ce thé. Tu en veux ? »
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Qui était le plus perdu des deux ? La question se posait. Joanne le voyait dans le regard du bel homme. Il n'arrivait pas lui-même à répondre à quoi que ce soit, alors qu'il avait été le précurseur des événements de cette soirée-là. Il la suppliait du regard d'arrêter de les torturer avec cette liste interminable de questions, mais c'était plus fort qu'elle. Elle aussi, elle aimerait savoir pourquoi. Il bafouillait quelques mots, mais aucune phrase distincte. Mais là, Jamie dit quelque chose qui la laissait plus que perplexe. Il disait ne pas la haïr, alors qu'il avait toutes les raisons du monde pour que ce soit le cas. Il pensait que leurs ébats signifiaient quelque chose, mais il n'avait pas d'arguments. Contre toute attente, elle l'embrassa et il répondit avec la même ardeur, logeant même sa main dans ses jeux. Tout ceci n'avait ni queue ni tête, aucun des deux ne savait pas comment réellement se comporter avec l'autre. Après quoi, Jamie restait très affectueux, à garder son visage proche du sien, à lui caresser tendrement la joue, alors qu'il disait n'avoir aucune réponse. Il s'installa au bord du lit, disant qu'il aurait préféré pouvoir la détester, mais qu'il ne parvenait qu'à le se faire croire. La jeune femme écoutait avec attention, sans dire mot, ses yeux rivés sur lui. Jamie ressentait le besoin d'être auprès de sa propre famille pour les fêtes de fin d'année. Il revêtit le bas de son corps, avouant qu'il l'aimerait toujours pour être la mère de son fils. Joanne sentit son coeur s'accélérer, sa respiration se couper. Alors, il avait quand même encore un peu de sentiments pour elle. Ses yeux verts brillaient plus que d'habitude, malgré le peu de luminosité dans la chambre. Joanne le regarda avec énormément de tendresse et d'amour. Elle était tentée de l'embrasser à nouveau, mais il se redressa rapidement, esquivant toute tentative et tentant d'être à nouveau le plus normal possible. Un peu perturbée au début, Joanne bafouilla un peu avant d'arrive à articuler quelque chose. "Oui, je veux bien." dit-elle tout bas. Elle avait cette boule dans cette gorge qui l'empêchait de parler plus fort, un peu secouée par tout ceci. Une fois qu'il avait quitté la chambre, elle se redressa aussi et enfila uniquement sa robe de chambre sur elle, faisant un noeud avec la ceinture au-dessus de son ventre arrondi. Elle expira profondément, espérant avoir les idées un peu plus claires et peut-être comprendre tout ce qui venait de se passer. Son coeur se remit à battre à folle allure lorsqu'il réapparut dans son champ de vision, quand elle arriva dans la cuisine. Il était dos à elle, l'eau était déjà sur le feu. Elle s'approcha doucement de lui, ses lèvres venant effleurer la peau de son dos, pour finalement y coller sa tempe. Elle entendait son coeur battre, et ferma les yeux, aposant également ses doigts juste à côté. Cela lui rappelait beaucoup la première fois qu'il était resté dormir ici, lorsqu'elle lui disait qu'elle ne voulait pas qu'il parte. Elle pensait la même chose à cette instant. Doucement, sa bouche se mit à parcourir son épiderme légèrement salé, toujours chaud. Elle restait très délicate dans chacun de ses mouvements, l'embrassant ici et là. Parfois, ses doigts glissaient le long de ses côtes, effleurant à peine cette peau qui n'était plus la sienne depuis trop longtemps. "Je suis contente que tu sois là." dit-elle tout bas, tout en continuant ses gestes. Malgré la douleur qu'il y avait pour chacun, même si cela ne faisait que les égarer davantage. "Je serai toujours heureuse de te connaître, de t'avoir, de n'importe quelle manière qui soit, dans ma vie." Bien qu'elle préférerait largement être à nouveau sa compagne, sa fiancée, même son épouse. "Je suis heureuse que tu sois le père de notre fils, je n'aurai pas voulu que ce soit quelqu'un d'autre. Et je n'ai pas encore eu l'occasion de te dire que je suis aussi heureuse et... soulagée que tu veuilles être présent lors de l'accouchement." Elle avait hâte, mais Joanne appréhendait toujours énormément ce jour là. "Je t'aime, Jamie." Là, c'était son coeur qui parlait pour elle, son esprit s'était égaré dans les caresses qu'elle effectuait. "Et je t'aimerai toujours." dit-elle encore tout bas. Quelques minutes passèrent, silencieusement. "Je suis tellement simple d'esprit, pour avoir du faire la plus grosses bêtise de mon existence pour réaliser que je n'ai besoin que de toi dans ma vie." avoua-t-elle, le regard perdu dans le vide. "Mais j'y arriverai, à tout recoller, à vous protéger. Qu'importe le temps dont tu auras besoin pour me pardonner, je serai là." Peut-être qu'il ne le lui pardonnera jamais, Joanne y avait déjà pensé. Mais elle était dans un stade où elle était prête à tout pour se rapprocher de lui, même si cela revenait à s'engager dans une relation malsaine qui se démontrait parfaitement avec tout ce qu'il venait de se passer. Peut-être qu'il ne sera plus jamais à elle, aussi. C'était une autre possibilité. L'eau pour le thé était suffisamment chaude, Jamie se chargea d'éteindre le feu. Elle s'éloigna un peu de lui pour chercher une petite boîte dans l'une des étagères. "Il me reste des loukoums, si tu veux." dit-elle en le regardant tendrement, avec un léger sourire sur les lèvres. Depuis qu'elle le connaissait, elle avait toujours une boîte chez elle.
Lorsque Joanne se trouve dans la même pièce que moi, je le sens immédiatement. Mon corps a je ne sais quel capteur capable de la détecter à plusieurs mètres à la ronde. Alors je sais exactement lorsqu'elle sort de la chambre, et en relevant la tête, du coin de l'oeil, je peux deviner ce qu'elle porte. La partie de moi qui ne veut toujours pas se faire à l'idée que nous ne sommes plus ensemble s'étonne de ne pas la voir me voler ma chemise. Ridicule. Je peux sentir chacun de ses pas qui l'amènent de plus en plus près de moi, et son souffle semble atteindre la peau de mon dos quelques mètres avant qu'elle ne se trouve réellement derrière moi. Cela n'empêche pas tous mes poils de se hérisser sous le passage d'un long frisson au moment où les lèvres de la jeune femme s'apposent entre mes omoplates. Mon coeur part à toute allure. Comme paralysé, je la laisse glisser ses mains sur moi, embrasser quelques parcelles de mon dos, si légèrement. Je ferme les yeux pour maîtriser ma respiration qui s'est coupée sur le coup, et expire très doucement un fin fil d'air pour calmer toutes les émotions que ces simples gestes viennent secouer. Dans le silence, seule la voix de Joanne résonne. Et je reste parfaitement muet pendant de nombreuses minutes. Cette envie de tout relâcher, de craquer complètement, me reprend et serre ma gorge alors que je retiens de lourdes larmes du mieux que je peux. Mais elles sont quelques unes à déborder de mes paupières, me déchargeant d'un peu de cette pression qui écrase tous mes organes, et à glisser sur mes joues pendant que la jeune femme parle, tous ses mots étant si durs à entendre, aussi tendre soient-ils. J'ai envie de la prendre par les épaules et la secouer de toutes mes forces jusqu'à ce que sa tête quitte ses petites épaules en lui demandant inlassablement pourquoi, et lorsque son crâne roulera par terre, moi aussi je lui promettrai de réussir à la recoller sur son cou. J'ai envie de l'attacher à des briques et de la jeter dans le fleuve pour qu'elle ait une petite idée de la situation dans laquelle j'ai l'impression de me trouver, oppressé, étouffé, entravé, complètement à court d'oxygène, perdu et désespéré. Elle n'a pas idée. Elle n'a pas la moindre idée de ce qu'elle a fait. Tant mieux pour elle, si elle a appris une belle leçon de vie en voyant ses erreurs. Cela n'est d'aucune consolation pour moi. Je suis toujours celui qu'on a brisé, piétiné. Celui qui se noie. Je ne sais pas s'il est possible de pardonner ça. Je reste parfaitement silencieux, sans réaction autre que les quelques larmes qui ont roulé sur mon visage. Le temps que je m'occupe de sortir des tasses, des sachets de thé et de verser l'eau chaude, les sillons ont le temps de sécher un peu. Je passe rapidement une main sur mon visage pour en effacer les dernières traces -mais je sais que mes yeux légèrement rouges ne manqueront pas de me trahir. J'adresse un léger sourire à Joanne qui sort une boîte de ma gourmandise préférée. « Je veux bien, merci. » Pas moyen de refuser. Tout ce sucre glace ne peut faire que du bien aux coeurs endoloris, n'est-ce pas ? Tandis que la jeune femme amène la boîte sur la table basse du salon, j'y apporte les deux tasses remplies de thé, puis m'assied sur le canapé. Mal à l'aise au possible, je ne compte pas laisser le silence reprendre immédiatement ses droits et alourdir un peu plus cet air et cette étrange atmosphère. « Qu'est-ce que... » J'aimerais lui demander ce qui peut la laisser penser que je lui pardonnerai un jour. Mais je sens que la conversation n'aurait rien d'agréable, et pourrait rapidement finir en reproches. Or, il n'est pas non plus question de briser la pseudo-entente qui règne entre nous à cet instant. Alors je corrige ma pensée et demande, comme si de rien n'était ; « Qu'est-ce que tu aimerais faire ? » J'attrape ma tasse sur la table et souffle doucement sur la surface de l'eau pour la tiédir un peu. Ce n'est qu'une manière comme une autre de canaliser ma nervosité. « Je… Je me disais que, eh bien, vu que cette soirée est déjà au-delà du bizarre, on ne perd rien à poursuivre sur cette voie. » J'hausse les épaules. Ce moment où agir normalement est particulièrement étrange. Honnêtement, je préfère cesser de me demander le pourquoi du comment. C'est toujours Noël. C'est toujours notre soirée. Notre parenthèse. C'est tout ce qui compte. Nous pouvons complètement baisser les armes et accepter ce moment tel qu'il est. « On peut… regarder un film, tranquillement, ou juste parler sur le canapé. » Après tout, si personne ne veut se faire la guerre, se détester ce soir, si nous avons simplement envie d'être ensemble, et rien d'autre, rien ne nous en empêche. Nous pouvons nous comporter comme des adultes, qu'ils disent. « Je suis assez curieux de savoir si tu prévoies des choses avec Vee, après les fêtes, et de… De savoir ce que tu as fait ce mois-ci, par exemple. » Mais je réalise assez vite qu'une question entraîne souvent une relance, et qu'elle n'a sûrement pas envie d'entendre mes réponses à ses « et toi ? », de me faire parler d'Hannah en somme. C'est si frustrant de ne pas savoir sur quel pied danser. « Ou… Ce n'est peut-être pas une bonne idée, tu dois être fatiguée. Il est tard… » je murmure. Mon regard se pose sur l'heure affichée par le décodeur de la télévision. Autour de trois heures du matin. « Enfin, tôt. »
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Elle avait l'impression de le traumatiser avec ses paroles, ses gestes. Elle sentait sous ses doigts les muscles de Jamie se crisper, se tordre au fur et à mesure des secondes qui passaient. Joanne sentait qu'il n'était pas satisfait de ce qu'il entendait, qu'il s'énervait contre elle. Les yeux tristes, elle n'osait plus reprendre quoi que ce soit comme geste affectif après lui avoir tendu les loukoums. Elle se disait que c'était la seule chose bien qu'elle aurait fait ce soir-là, lui tendre une boîte de son péché mignon, et la poser ensuite sur la petite table du salon. Installée sur un côté du canapé, elle n'osait plus dire quoi que ce soit, craignant de ne voir ses yeux verts rougir encore une fois, ou la fusiller du regard comme il savait si bien le faire dernièrement. Joanne ne savait plus. Finalement, ce fut lui qui réengagea la parole. Elle se tenait droit comme pic, alors qu'elle devrait se sentir comme chez elle. Elle avait l'impression de n'y avoir pas droit. La jeune femme n'était pas sûre de comprendre sa question. "Pour... nous ?" demanda-t-elle alors, le regard interrogatif. Ses iris bleus se baissèrent, regardaient ses doigts, alors qu'elle haussait les épaules. "J'ai quelques idées en tête, mais tu les entendais, tu me prendrais pour une... inconsciente." Ou une folle, qui se faisait elle-même de faux espoirs. Mais bon, Joanne en était déjà à un stade désespéré et la liste d'idées ne faisait que s'écourter selon les derniers événements. A vrai dire, elle n'en avait plus qu'une seule, mais elle ne le lui avouera jamais. Elle espérait que d'autres viendraient s'ajouter au fur et à mesure, mais elle n'y croyait plus vraiment. Joanne laissait sa tasse sur la petite table, il était encore bien trop chaud pour elle, et n'avait pas vraiment le coeur à boire quoi que ce soit sur le moment. La belle blonde était surprise qu'il soit encore curieux à son sujet, qu'il veuille faire prolonger cette trêve. "Juste discuter, ça me va très bien." dit-elle tout bas, toujours sans le regarder. Pourquoi voulait-il en savoir plus sur ses journées, ses éventuelles projets ? Joanne ne cessait de se poser la question, mais lui répondit tout de même. Elle n'avait rien à lui cacher. "Pour Vee... Je ne sais pas encore. La seule motivation que j'avais lorsqu'elle ne cessait de me faire des sortes d'offres, c'était toi. Je me disais que par son biais, je pourrai un peu plus te voir. Je pense qu'elle voulait me laisser tranquille pendant les fêtes, je verrai bien ce qu'elle me dira en début d'année." dit-elle, haussant encore une fois les épaules. Mais cela n'avait pas porté ses fruits, peut-être que ça n'avait qu'empiré les choses. "Et ce mois-ci, mis à part avoir un peu aidé la chambre du petit, je n'ai pas fait grand-chose. Dès que je suis debout un peu trop longtemps, je commence à avoir de très fortes douleurs dans le bas du dos. Je ne peux plus vraiment me promener comme je le voudrais." Et ça lui manquait énormément, de prendre un grand bol d'air pendant des heures entières. Depuis quelques jours, ses promenades duraient moins d'une heure, et les lombalgies commençaient déjà à lui faire vivre des misères. "Je m'occupe comme je peux." dit-elle avec un sourire, légèrement forcé. Jamie constata avant elle l'heure tardive, la jeune femme n'avait pas vu le temps défiler. Elle n'avait pas non plus le coeur à dormir. "Non, ça va, je vais bien." dit-elle doucement. Depuis qu'ils s'étaient installés, elle ne lui avait pas adressé un seul regard, honteuse de ce qu'il s'était passé dans la cuisine. "Mais si toi tu as besoin de dormir, tu peux aller dans la chambre. Je resterai ici, je n'ai pas sommeil." dit-elle d'une voix douce et d'un sourire tendre. S'il voulait aller dormir quelques heures, elle allait certainement restée planter ici, à réfléchir, ou à ne rien penser. Joanne n'osait pas lui demander quoi que ce soit en retour, elle craignait entendre le nom d'Hannah -bien que celle-ci ne faisait que l'encourager pour qu'ils se remettent ensemble. Il avait certainement trouvé comment occuper ses heures, peu de choses avaient certainement changé. Joanne cherchait longuement quel sujet de conversation elle pouvait aborder mais les idées lui manquaient, une nouvelle fois. "Et tes tableaux alors ? A quand l'ouverture de ta première exposition ?" demanda-t-elle, curieuse.
Les yeux plissés, je regarde rapidement Joanne de haut en bas, interrogateur. Il y a quelque chose qu'elle n'a pas compris dans ce que je viens de dire, je ne sais pas trop comment ni de quelle manière elle l'a interprété, et je ne comprends pas plus ce qu'elle est en train de dire. La prendre pour une inconsciente, pourquoi ? Un peu amusé par le quiproquo, je ne peux pas m'empêcher de sourire en coin. « Je parlais juste de ce soir. » dis-je pour remettre ma question dans le contexte qu'elle n'a pas saisi. « Ce que tu veux faire là, maintenant, histoire d'éviter de se regarder en chien de faïence le temps de boire notre thé. » Alors je lui propose de simplement s'installer dans le salon, sur le canapé. Eventuellement regarder un film afin d'esquiver toute conversation gênante, être simplement l'un près de l'autre, pourquoi pas l'un dans les bras de l'autre, et s'occuper l'esprit. Nous aurions pu revoir celui d'où toutes nos divagations et nos fantaisies à propos des autres vies a débuté. Cela aurait été bizarre, mais tout l'est ce soir. La jeune femme préfère simplement discuter. Vu le peu de fois et les circonstances dans lesquelles nous nous sommes vus ce mois-ci, je ne sais rien de ce qu'elle a fait de ses journées, ce ses projets. Et qu'elle aille bien reste important pour moi. Visiblement, Vee l'a laissée en paix pendant les fêtes. Je fais comme si je n'avais pas entendu Joanne souligner le fait qu'elle utilisait la modeuse pour me voir. Même si je respecte l'intention, je crois avoir parfaitement saisi qu'elle cherchait tous les moyens de m'approcher, le placer à la moindre occasion ne changera rien. « Profite bien de la pause des fêtes alors, parce qu'en général, passé le Nouvel An, le business repart à toute allure. Si Victoria n'a pas décidé de te laisser tranquille, tu peux être sûre que la prochaine fois que tu entreras dans son bureau, c'est pour signer une demi-douzaine de contrats. » dis-je avant de prendre une gorgée de thé. D'ailleurs, je suis assez certain que chez Vogue, Joanne a toujours autant de succès. Si elle plaît au public, ils voudront sûrement pomper le filon jusqu'à la moelle ; ils suivront toute la grossesse, donneront tous les ''tips'' pour être aussi radieuse qu'elle enceinte, ils la proposeront à des photographes qui sauront rendre sa silhouette poétique, ils lui feront parler de sa courte expérience en tant que jeune femme banale dans un monde d'immortels, et quand elle aura accouché, ce sera rebelote dans les pages beauté pour connaître sa manière de perdre de retrouver la ligne, et comment réussir à gérer sa vie de mère célibataire relativement anonyme tout en ayant un contact avec moi. Joanne est une inépuisable matière à faire couler de l'encre. L'accepter ou non est son choix, c'est elle qui a souhaité s'enfoncer là-dedans. Il y a beaucoup d'argent à la clé pour elle et le bébé. « Est-ce que tu veux que je te prenne rendez-vous pour un massage ? Ca pourrait te faire du bien. » dis-je quand elle me parle de ses maux de dos, l'air vraiment concerné. Je sais à quel point elle aime se promener, elle doit terriblement s'ennuyer lorsqu'elle n'a pas la possibilité de sortir. Et je ne pense pas que notre fils apprécie l'idée que sa mère soit frustrée par l'ennui. Je n'arrête pas de chercher son regard, mais Joanne ne daigne pas m'en adresser un seul. Je soupire, et plonge dans mon thé. « Je n'ai pas sommeil non plus. » J'hausse les épaules. Peut-être que le sommeil me tombera dessus tout à coup, c'est bien mon genre, mais ce n'est pas le cas pour le moment. Avant qu'un trop long silence ne s'installe, Joanne relance la conversation. Elle trouve sûrement le seul sujet susceptible de n'ouvrir aucune boîte de Pandore. Quoi que. « Oh, je… Je n'en sais rien du tout. » dis-je avec un certain embarras. « Pour une fois, je délègue complètement une partie de ma vie à quelqu'un, alors je laisse Nyx s'en charger et m'appeler s'il y a du nouveau. Et il n'y a rien pour le moment. » A moins qu'elle n'ai cessé de me contacter pour une autre raison. A méditer. Je devrais sûrement l'appeler. Je reprends ; « Mais vu que l'atelier est plein à craquer, j'ai décidé de donner quelques toiles à WWF pour leurs prochaines enchères. Ca libère un peu d'espace. » Je reprends une gorgée de thé, cherchant quoi ajouter à cela. « Ils vont me nommer ambassadeur. Ca sera officiel dans quelques jours. » Je me sens assez flatté, et en même temps, cela me rend un peu nerveux. Ce n'est pas grand-chose en réalité, pourtant. Mais je suis assez content que cela soit tombé sur moi cette année. Malgré tout ça, le silence reprend ses droits en quelques minutes. Je me pince les lèvres, tracassé. Les mots que Joanne a dit un peu plus tôt me reviennent en tête, et si je les avais rapidement esquivés avant, cette fois, ils m'intriguent un peu plus. A la réflexion, je comprends qu'elle pensait que je lui demandais ce que nous allions faire de notre situation, de notre relation après avoir fait l'amour. Néanmoins, je veux l'entendre expliciter ses idées ; « Qu'est-ce que tu voulais dire tout à l'heure ? Quand tu disais que je te prendrais pour une inconsciente, tu pensais à quoi ? » je demande alors, cherchant toujours son regard bleu, un léger sourire sur les lèvres. Après avoir plus ou moins trompé ma pseudo-compagne actuelle avec mon ex-fiancée, je pense pouvoir dire que je suis mal placé pour juger ce qu'elle pourrait dire.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Joanne se sentait tellement bête sur le moment, de n'avoir pas compris le véritable sens de sa question. Cela ne la fit que se recroqueviller davantage sur elle-même. Elle ne dit rien, sur le coup, ne voyant pas l'utilité d'ajouter quoi que ce soit. "Oh, pardon." dit-elle alors, tout simplement, avec une voix à peine audible. Elle parlait ensuite un peu d'elle, Jamie comprit rapidement qu'il n'y avait pas finalement grand chose à dire. Ses journées ne faisaient que se ressembler, il y avait juste les travaux dans la chambre du bébé qui venait ponctuer ses semaines de petits événements notables. Sa vie était d'un ennui. Bien qu'elle vivait très bien sa grossesse, et que tout le monde lui disait que ça lui allait bien, ça la limitait beaucoup dans ses activités quotidiennes. Jamie ne manqua pas de lui dire que Vee l'attendait certainement au tournant dès les premiers jours de l'année suivante, il semblait assez sûr de ce qu'il disait. Ca la fit soudainement un peu peurs, elle n'était pas certaine d'être finalement prête à ça, bien qu'elle s'y soit plongée d'elle-même. Elle n'avait pas vraiment pensé à l'après-coup. La belle blonde hocha simplement la tête à ses propos, faisant signe qu'elle avait bien entendu ce qu'il avait dit. Jamie se fit soudainement bien plus soucieux de l'état de son ex-fiancée, lorsqu'elle mentionna son mal de dos. Enfin, elle lui adressa un regard, bien qu'il fut des plus timides. "Je ne sais pas si ça changera beaucoup de choses, mais pourquoi pas." dit-elle avec un faible sourire. Elle haussa les épaules.[color=#006699] "Plus on avance dans le temps, moins le médecin ne m'autorise de faire trop d'efforts. J'ai déjà eu quelques petites contractions, mais il m'a dit que c'était normal durant le deuxième trimestre. Je suppose qu'il craint chaque potentielle complication. Ca me manque, de prendre l'air." Ce qui était des plus compréhensibles, mais, en l'état actuel des choses, cela empêchait beaucoup Joanne de vivre correctement. Alors peut-être qu'elle aura des dizaines d'opportunités grâce à Victoria, mais elle pressentait qu'elle ne pourrait pas y répondre. Ce que Joanne ne préféra pas dire à Jamie, c'était qu'elle passait à nouveau de très mauvaises nuits, le temps d'endormissement devenait interminable. La jeune femme caressa tendrement son ventre rond. "J'ai tellement hâte de le voir, de le prendre dans mes bras." dit-elle, pensive. Jamie avoua également qu'il n'avait pas plus sommeil qu'elle, mais elle savait qu'il avait tendance à se blottir dans les bras de Morphée lorsqu'il s'y attendait le moins. Avant que tout ne redevienne étrange, la jeune femme trouva enfin un sujet de conversation potable. Il ne tarda pas à dévier un peu le sujet. Le regard de Joanne s'illumina, véritablement heureuse pour lui. "C'est merveilleux, Jamie." dit-elle avec un large sourire, comme elle n'en avait plus fait depuis une éternité. "Je suis vraiment contente pour toi. Tu le mérites largement." Joanne pensait véritablement ses paroles. Elle savait à quel point il savait s'investir pour des causes notables, à donner sans compter, et elle l'y avait toujours encouragé. "Et vendre tes tableaux pour cette cause est une idée fantastique. Je trouve que c'est un moyen aussi d'y mettre un peu de soi." Joanne se demanda sur le coup ce qu'il avait fait de ces fameux croquis et tableaux qu'il avait fait d'elle. Elle se disait qu'il les avait certainement mis à brûler depuis longtemps. C'était compréhensible, après tout. A nouveau ce silence plus que gênant. Et là, Joanne séchait, elle ne savait vraiment plus quoi dire. Finalement, ce fut Jamie qui reprit parole, revenant sur quelque chose que son ex-fiancée craignait. Enfin, il put obtenir quelque chose qu'il cherchait depuis quelques minutes ; son regard. Celui-ci était peu rassuré, même triste. Joanne fut prise par un léger vent de panique, ne sachant que faire. Elle savait, malgré le sourire qu'il esquissait, qu'il ne lâcherait pas la grappe sur le coup. Elle tenta tout de même de l'en éloigner. "Ce n'est pas important." commença-t-elle, avec un sourire triste. Pourquoi se soucierait-il donc de ce genre de choses ? "Je crois que je préférerais avoir un refus sec sur le moment voulu, plutôt que de repartir bredouille dès maintenant." Elle était pessimiste, du moins, elle l'était beaucoup après cette soirée, après certaines choses qu'il avait pu dire ou faire ressentir. La détermination, quant à elle, n'était aucunement éreintée. Mais Joanne voyait que cette réponse n'était largement pas suffisant pour lui. "J'avais pensé à..." Elle soupira. "...t'emmener quelque part pour... pour faire quelque chose." Elle voulait que ce soit une surprise, mais ce n'était désormais plus vraiment le cas. Joanne réalisa que ce petit plan qu'elle avait déjà monté de toute pièce était plus qu'utopique. Elle lui sourit tristement. "Je vois ça un peu comme ma dernière chance." dit-elle tout bas, en rebaissant ses yeux, qui s'étaient depuis bordés de larmes. Elle haussa ses épaules, toute gênée, et sourit, faussement amusée par toute cette ironie. "Et puis, pourquoi accepterais-tu que je t'emmène où que ce soit ?" C'était un sourire totalement nerveux, et triste, il n'y avait là que ses yeux pour traduire ses véritables émotions, comme toujours.
Impossible de m'empêcher de m'inquiéter pour Joanne, d'avoir envie de prendre soin d'elle, surtout pendant sa grossesse. Son bien être est important pour moi autant que celui du bébé, et actuellement, les deux sont étroitement liés. Si cela ne tenait qu'à moi, elle aurait accès à mille choses à faire pour s'occuper, un chauffeur pour aller où elle le souhaite sans efforts, ou simplement pour se balader dans la ville en regardant le paysage défiler. Il suffirait d'un claquement de doigts pour qu'elle soit au centre des petits soins de personnes particulièrement qualifiées pour la faire sentir en forme et épanouie. Elle n'aurait pas à subir le moindre mal. Je me souviens une phrase qu'adorait scander ma mère à ce sujet ; il n'y a pas de femmes laides, il n'y a que des femmes pauvres. L'argent ouvre les portes de tant de choses, et donne amplement les moyens de vivre une grossesse sans le moindre souci. J'ai les moyens de l'aider, elle le sait, mais je doute qu'elle accepte mon aide plus que ce que lui donne déjà pour qu'elle ne retourne pas au travail. Mais suppose que lui offrir quelques soins afin qu'elle prenne soin d'elle ne peut pas lui faire de mal, même si elle pense que cela ne changera rien. « Tu dis ça parce que tu ne sais pas entre quelles mains je vais te mettre. Je ne parle pas d'un traitement qui part en deux heures. » dis-je avec un sourire plus large. Toujours cette excitation à l'idée de lui montrer de nouvelles choses, lui faire vivre certaines expériences. Je me souviendrai toujours de l'éclat de son regard lorsqu'elle a aperçu l'hélicoptère sur la piste de l'aérodrome de Sydney. Ou lorsqu'elle a mis un pied dans le penthouse de Londres. J'ai envie de l'initier à tout, de lui montrer tout ce dont elle peut avoir accès. Pourrait avoir accès. Pouvait. Alors l'excitation retombe. Je n'ai plus à être comme ça avec elle. C'est un rôle dont elle m'a privé. Je peux encore prendre soin d'elle en tant que mère de mon fils, mais c'est tout. Nous n'avons plus rien à partager de cette manière. « Je devrais... » t'emmener quelque part que tu adorerais, pour prendre l'air sans effort. Non. On reprend. « …te donner l'adresse d'un endroit à fortitude valley qui te plairait. C'est un bar au sommet d'un building, avec de grandes baies vitrées. C'est très vert, et la vue est incroyable. Tu devrais y aller, pour prendre l'air, un jour. » Certes, ce n'est pas un vrai parc, et il n'est pas question de se balader à pied, mais au moins, elle verrait un nouveau paysage, et pas des moindres. Qu'il est difficile de se comporter avec détachement ce soir. Nous ne sommes plus en couple, mais le réflexe de la choyer est toujours bien ancré. L'étrangeté de cette soirée n'aide en rien. Je regarde les mains de Joanne, posées sur son ventre. « J'ai hâte aussi. » je murmure avec un léger sourire. J'y pense souvent, au moment où je tiendrai ce petit bout dans mes bras. Je m'inquiète aussi souvent de la manière dont se déroulera l'accouchement, mais je pense que ni elle ni moi n'avons envie d'y songer pour le moment. Sans trop savoir pourquoi, je parle à Joanne de la vente de quelque uns de mes tableaux pour une association qui me tient à coeur, et cette nomination d’ambassadeur que je vais partager avec Lana. Cela semble vraiment ravir la jeune femme. « Ce n'est vraiment pas quelque chose d'énorme, tu sais... » je bredouille, pas très à l'aise. L'idée pour moi est de leur faire profiter un peu de ma couverture médiatique qui grandit un peu plus tous les jours. Ca sera des déplacements d'un bout à l'autre de Australie. Une autre campagne de pub, qui sait. Plus de travail, au final. Gêné, je laisse le silence prendre le dessus, le nez caché dans ma tasse de thé qui se vide lentement mais sûrement. J'en viens à demander à Joanne plus de précisions sur le petit quiproquo que nous avons eu dans la cuisine. Rien d'important d'après elle. Je fronce les sourcils, la scrute alors que toutes ses paroles sont particulièrement mystérieuses. M'emmener quelque part. « C'est… très vague. » dis-je, toujours avec ce léger sourire pour la rassurer. Sa dernière chance. Je n'y comprends toujours rien. Et la jeune femme semble de plus en plus triste, ce qui serre mon coeur dans ma poitrine. Je pose ma tasse sur la table basse pour libérer mes mains et prends celles de Joanne, mon regard se plantant dans le sien. « Pourquoi pas ? Je suis bien là, pourtant. » dis-je en espérant la réconforter un peu, tâtant, sans savoir quelle peine je cherche à apaiser. Encore aujourd'hui, je sais que je suis incapable de lui refuser quoi que ce soit. Je ne vois pas pourquoi je ne la suivrai pas quelque part si je n'ai rien de mieux à faire. Un peu paniqué en la voyant si triste, je demande ; « Est-ce qu'on ne peut pas aller à cet endroit tout de suite ? » A trois heures du matin de Noël, comme si cela était parfaitement normal. Mais il n'y a plus rien pour nous rendre à la normalité pour le moment. Le monde s'est arrêté, a inversé ses rouages, et tourne à l'envers depuis des heures.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
"Alors, c'est d'accord." dit-elle avec un sourire gêné. Jamie connaissait toujours les bonnes adresses, savait toujours quel professionnel recommander pour beaucoup de choses. Et s'il ne le savait pas, il étudiait longuement pour ne trouver que les meilleurs, la crème de la crème. Et il semblait qu'il voulait toujours des soins de qualité pour la jeune femme, pour son bien-être, malgré tout. Il avait toujours cette affection, cette attention toute particulière pour elle, et il semblait que leur relation actuelle n'atténue pas ce sentiment. Joanne l'acceptait volontiers, sa tendresse lui manquait plus que tout. Il lui recommanda ensuite une adresse à laquelle elle pourrait se rendre, et il était sûr que cela pouvait atténuer ce manque de la nature, de se promener au gré de ses envies dans un parc ou à la plage, à apprécier chaque couleur dont le ciel s'habillait. Tout était bon à prendre, Joanne commençait à trouver les journées longues toute seule chez elle, bien que la présence de ses parents ces derniers temps les rendaient un peu moins monotones. Joanne lui sourit tendrement. "Volontiers, oui. Je devrais essayer d'y aller." Ca ne lui fera pas plus de mal, de sortir, voir de nouveaux visages, de nouveaux paysages. Jamie la connaissait, et s'il disait que la vue allait l'impressionner, eh bien ce sera le cas. L'attente du bébé restait tout à fait supportable, mais Joanne craignait devenir trop impatiente au fil des mois. Là, elle profitait pleinement de l'avoir tout court. D'être enceinte, de savoir qu'il allait bien et qu'il grandissait sereinement. Elle ne demandait rien de plus. Elle lui parlait souvent, lui racontant des tas de choses, mais la majorité d'entre elles restait centré sur Jamie. Ou elle lui chantonnait quelques mélodies qu'elle aimait bien. Elle ne s'en lassait jamais. Jamie exprimait également sa hâte, de le tenir dans ses bras. C'était une image qu'elle s'empressait de voir. Les deux hommes de sa vie. Vint alors cette histoire d'ambassadeur. Plus que gêné, Jamie prétendait que ce n'était pas grand chose. "Ca reste très significatif. WWF reste tout de même très réputé mondialement, cela n'a rien d'anodin. Tu le mérites, ce titre." lui dit-elle avec un sourire tendre. Elle n'avait toujours pas touché à son thé. Elle aurait adoré lui dire à quel point elle était fière de lui mais la jeune femme craignait que cela soit inapproprié. Sa curiosité l'avait piqué depuis ce malentendu, et Jamie n'hésita pas trop à en savoir plus. Il devait être déçu, les détails manquaient cruellement. Joanne était un peu paniquée, elle se sentait presque prête à ce qu'il lui fasse la moral en lui disant que c'était peine perdue, ou qu'il claque tout simplement la porte derrière lui. Comme Jamie savait si bien le faire, il sortit Joanne de ses pensées en lui prenant tendrement les mains et en cherchant son regard qu'il récupéra sans la moindre difficulté. "Mais tu es venu de ton plein gré, c'est pas... c'est pas la même chose." dit-elle en baissant brièvement les yeux, mais il parvint à les récupérer en une fraction de seconde. Il la prit de court, en demandant s'il n'était pas possible d'y aller dans la foulée, à cet instant là. Ne s'attendant clairement pas à cela, Joanne écarquilla ses yeux par suprise, et bafouilla longuement avant de retrouver un sens à ses phrases. "Je... Heu..." Encore un effort. "Je peux pas." dit-elle. La première phrase entière qui sortit enfin de sa bouche. "Enfin ...Pas que je refuse la spontanéité, mais il y a beaucoup trop facteurs qui font que ... c'est pas possible maintenant." dit-elle, profondément embarrassée. Elle aurait tellement aimé que ce soit le cas " Et ce serait sur quelques jours, mais tu pourrais repartir quand tu veux. Et en cette fin d'année, j'ai supposé que tu serais pas mal pris, je voulais pas..." Elle soupira, se maudissant de trouver avec tant de difficultés ses mots. "J'avais prévu tout ça... pour dans quelques jours." se répéta-t-elle. Joanne ne voulait pas, ne pouvait pas lui en dire plus. Déjà qu'en soit, ce n'était plus vraiment une surprise, lui qui n'aimait pas ça. Elle trouvait qu'elle lui avait déjà donné bien assez d'informations. Il n'y avait plus qu'à espérer que ce jour là, il soit un peu dans le même état esprit que cette nuit de Noël-ci.