Voilà, la vengeance était retombée sur moi. Forcément, c’est moi qui ait insisté pour que Selina sorte au moins une fois avec Sterling. Même si concrètement j’espère qu’avec Mina ils se remettront ensemble. Mais il broie tellement du noir que je ne peux pas le laisser ainsi. Cela aurait pu être de sa part que la vengeance face rage, mais non, ça venait de ma chère meilleure amie, et avec sa jumelle. Manquez plus que ça. Surtout que je sais très bien qu’elle nous prend tous pour des idiots. Seulement j’avais promis d’y aller, et c’est vrai qu’entre Celia et moi ça n’avait pas très bien fini. Non pas qu’on avait déjà tenté quelque chose, j’étais avec Maxyn à l’époque, mais elle s’était énervée contre moi, tout ça parce qu’elle n’en pouvait plus avec la médecine. Comme si j’avais pu le deviner. Bon ok, j’avoue que j’abusais un peu à l’époque à venir squatter directement chez elle pour qu’elle me soigne. Mais l’attente des urgences et l’odeur insupportable, j’avais préféré éviter. Maintenant ça fait quelques temps que je n’y suis plus aller, faut croire que je suis bien plus prudent. Toujours est-il qu’à ce rendez-vous, j’y allais totalement à reculons. Je suis sur de toute façon qu’elle va me poser un lapin et je pourrais bien le notifier à Selina, qu’elle avait bien fait cela pour rien. Mais bon, au moins elle aurait eu sa vengeance et je ne lui devrais plus aucun service. Même si je l’aiderais dans toutes les circonstances, mais en aucun cas ce genre de faveur. On avait rendez-vous dans ce petit restaurant cosy et chaleureux que j’aimais bien en temps général mais qui risque de bien vite changer. J’avais réservé une place pour être sûr de pouvoir m’asseoir en l’attendant pendant presque une heure avant de pouvoir m’en aller. Mais je fus désagréablement surpris quand je la vis à la table, déjà là. J’en écarquillais les yeux tellement j’étais choqué Pourquoi t’es venue ? Lui demandais-je de but en blanc, bien trop surpris pour en passer aux formalités.
Dernière édition par Enzo Valentine le Lun 1 Fév 2016 - 21:19, édité 1 fois
Pourquoi avait-elle accepté ? Encore une fois ? Célia ne le savait pas elle-même. Quoiqu'il en soit, elle se retrouvait là devant le miroir sur pieds de sa chambre. Elle portait une robe de soirée noire avec un décolleté. Rien de trop aguicheur. Ses longs cheveux étaient lissés et tombaient dans son dos. Elle n'aimait pas les rendez-vous qu'arrangeaient sa sœur. Mais cela faisait plus de sept mois qu'elle n'était pas sortie avec un homme. Pour sa sœur c'était une éternité. Pour elle, ce n'était qu'un chiffre parmi d'autres. Elle soupira en jetant un œil à son reflet. Elle avait accepté parce qu'elle n'avait pas le moral et parce qu'elle n'avait pas envie de se disputer avec sa jumelle. Elle n'en avait pas la force. Et puis après tout, pourquoi pas. Peut-être qu'elle allait passer une bonne soirée. Elle voulait s'en convaincre quand elle emporta sa pochette et qu'elle y glissa ses clefs de maison. Elle avait appelé un taxi qui l'attendait sur le trottoir, devant la maison. Dans le taxi, elle jeta un œil à son téléphone. Sa sœur lui souhaitait une bonne soirée. Célia soupira intérieurement. Sa sœur n'avait pas voulu lui donner l'identité de son cavalier d'un soir. Elle avait insisté pour en savoir plus, sans résultat. Alors c'était dans l'inconnu que Célia se lançait. Après tout, ça ne pouvait pas être pire que toutes les fois où elle lui avait arrangé des soirées. Même la fois avec Travis, ça n'avait pas été si mal que ça en fin de compte. D'ailleurs parfois, Célia regrettait d'avoir filé comme une voleuse. Peut-être qu'il était pas si mal que ça en fin de compte. Peut-être que c'était elle qui était trop perfectionniste. Célia ne savait même pas ce qu'elle attendait d'une relation. La bonne entente ? Oui, c'était ça. Célia avait besoin de ressentir LE truc. La sensation qui fait qu'elle voudrait en apprendre plus sur l'autre. Elle avait envie de sentir ses sens en éveil. Sauf que ces derniers temps, c'était le calme plat de ce côté. Elle en était là dans ces pensées quand le chauffeur s'arrêta devant le restaurant. Restaurant qu'elle connaissait pour avoir déjà mangé avec sa jumelle. A l'accueil, elle se présenta, précisant qu'elle était attendu. Le serveur lui expliqua que son invité n'était pas encore là mais qu'elle pouvait déjà s'installer à la table. Célia se laissa donc guider à travers le restaurant, la boule au ventre. Elle se sentait nerveuse. Selina avait intérêt à ne pas lui faire un coup foireux. Parce là... Elle posa sa pochette sur la table, en retira son téléphone avant de demander un verre de vin blanc au serveur. Elle en était à sa quatrième gorgée quand elle aperçu une silhouette familière venir vers sa table. Célia observa Enzo qui venait vers elle. Puis à ces mots, pas franchement chaleureux, elle s'énerva rapidement. « Mais de quoi je me mêle, Valentine ?! C'est quoi ton problème ? » Non mais c'est vrai quoi ? Qu'est-ce qu'il avait à l'agresser comme ça. Comme si il était déçue qu'elle soit là. Non... attendez-là... Célia blêmit sur le coup, venant de comprendre le subterfuge de sa jumelle. « Non elle n'a pas pu faire ça... » Sélina, elle allait la tuer et de la plus atroce des façons. Elle reposa ses yeux verts sur le flic. Sa colère étant redescendue aussi vite qu'elle était montée. « C'est toi mon rendez-vous... » et apparemment, il était heureux d'être là avec elle. Elle soupira légèrement et ajouta, le sourire triste. « C'est bon, tu peux repartir. Je ne voudrais pas gâcher ta soirée. » Ce n'était pas ce soir qu'elle allait passer une bonne soirée. Elle avala une autre gorgée de son verre, le finissant puis elle ajouta : « Selina ne m'a pas dit que c'était toi... »
Bizarrement, quand j’entendis sa réponse, il me semblait comprendre qu’elle croyait simplement que je venais l’agresser gratuitement. Mais non, j’avais bien une raison. Je savais que c’était elle mon rendez-vous de ce soir, et je pensais qu’également, elle le savait. C’est pourquoi j’étais persuadé qu’elle ne viendrait pas. Selina avait parfaitement bien joué son coup sur ce coup là. Bien sûr que non je n’étais pas ravi qu’elle soit mon rendez-vous, et apparemment c’était bien réciproque. Seulement elle s’était apprêtée et je ne l’avais jamais vu aussi jolie, alors forcément ça me faisait encore plus stagner sur place, alors qu’elle avait déjà un verre de vin entre ses mains. Elle me confirmait donc que sa sœur ne l’avait pas prévenu Oui, ça explique ta présence, sinon tu ne serais pas venu. C’est ce que j’en avais déduit. Répondais-je avec davantage de lassitude que d’agacement. Je finissais par m’asseoir à ma chaise prévu, retirant ma veste pour la laisser retomber sur le dossier et regardais Célia J’aurais pu être touché si tu t’étais vraiment préparée ainsi pour moi. Lui répondais-je avec un sourire en coin histoire de l’agacer encore un peu. En attendant, j’avais réservé la table, je m’étais fait à l’idée de manger au restaurant ce soir, quitte à être seul, peu m’importait. Elle était libre de décider si elle voulait rester, on est dans un pays libre et un endroit public. Après tout, cette place avait été réservé pour elle aussi, je me voyais mal lui demander de prendre congé. Et puis bon, au moins j’avais une belle vue, ce n’est pas non plus totalement négatif. Même si nos voisins de table risquaient de nous jeter quelques regards de travers d’ici la suite du repas si jamais elle décide de rester. Je sens que ça ne va pas être de tout repos. Après tout, on avait deux trois trucs à régler. Elle ne s’était jamais excusée de m’avoir envoyé chier il y a quelques années, alors que j’étais méchamment blessé. Enfin, j’abuse peut-être un peu aussi. Seulement ça m’avait vraiment blessé moralement ce rejet.
Célia maudissait sa sœur en voyant Enzo qui se tenait face à elle. Sa sœur avait fait fort cette fois-ci. Elle avait arrangé une soirée entre le flic et elle. Et à vrai dire, on ne pouvait pas dire qu'ils s'entendaient bien. Ils s'étaient brouillés il y a des années et depuis, ils ne faisaient que se dire des banalités. Célia avait du mal à l'accepter. A croire qu'elle n'avait été utile qu'à panser ses blessures et à rien d'autres. Enfin, tout ça c'était derrière elle. C'était ce qu'elle se disait quand ses yeux verts se posaient sur Enzo. Il ne semblait pas ravi de la trouver ici et elle alors, que devrait-elle dire ? Selina lui avait fait un mauvais tour et à présent, elle ne savait même plus si elle voulait rester en compagnie du policier. Si c'était pour avoir droit à sa mauvaise humeur, ses attaques incessantes, ses piques blessantes... Elle préférait encore passer la soirée avec Finn et Octave. Mais là, elle s'était préparée. Elle avait fait l'effort de se soigner, de se maquiller, de ressortir des talons. Ce n'était pas pour se sauver à la minute où il venait d'arriver dans l'établissement. A la première réponse d'Enzo, Célia reposa ses yeux sur lui alors qu'il s'installait à la table. « Qu'est-ce qui te fait croire que je ne serais pas venue ? » Après tout, elle n'avait rien contre lui. C'est plutôt lui qui était rancunier et susceptible. « Et si l'idée de passer une soirée avec moi te mets dans cet état, pourquoi est-ce que tu restes également ? » Célia n'allait pas se vexer qu'il s'en aille. A vrai dire, elle s'y était préparée à la minute où il avait ouvert la bouche. Elle posa son regard émeraude sur lui. S'il ne faisait pas la tronche à chaque fois, Enzo pouvait être de bonne compagnie. Et il était loin d'être vilain. Mais vu tous ce qui s'était passé. Elle doutait que la soirée allait être des plus agréables. Si elle en venait à tuer sa jumelle, est-ce que ça pourrait passer pour un crime d'amour ? Non Célia en doutait. Cela l'aurait presque fait rire. Parce qu'elle était certaine que sa jumelle était entrain de s'amuser à cet instant précis en les imaginant à deux dans ce restaurant. Selina lui avait déjà fait des reproches sur ses sorties, enfin plutôt sur l'absence de sorties. Pour elle, sa sœur ne sortait pas assez. Elle ne voyait pas assez de monde. Et c'était vrai. Célia l'avouait. Mais elle n'était pas comme sa sœur. Selina savait aller vers les autres, se faire facilement des amis. Ce qui n'était pas le cas de sa jumelle. Célia n'était pas aussi ouverte que sa sœur. Elle ne faisait pas confiance facilement. Elle avait besoin de temps pour l'accorder. Et la plupart du temps, elle n'avait pas besoin de le faire, parce qu'elle se rendait compte que ces personnes ne la méritait pas. Bref... a trop vouloir que tout soit comme elle le voulait, Célia était seule. Et sa dernière histoire avec un homme remontait à l'année dernière... Mais ça, elle ne l'avouerai même pas sous la torture. Elle reposa son verre sur la table nappé de blanc aux nouvelles paroles d'Enzo. « Pourquoi aurais-je fais cet effort pour toi ? » Après tout, on ne pouvait pas dire qu'ils étaient amis. Ce n'était même pas le cas.
C’est vraiment pas le meilleur début de rencard. Voire même le meilleur rencard, malgré le fait qu’on en était loin d’être au bout. Rien ne me dit que la suite des événements ne serait pas meilleur. Mais dirons-nous que j’en doute fortement. Et puis depuis notre dernière dispute assez violente, on ne se parlait plus, juste les politesses basiques, à savoir bonjour et au revoir, voilà tout. Alors il est normal que je pensais qu’elle ne serait pas venue Vu l’affection que tu me portes, il est évident que tu ne serais pas venue Célia. Lui répondais-je sérieusement avant d’écouter et de répondre à sa nouvelle question Et je reste parce que j’ai réservé cette table, que j’avais prévu de venir dans tous les cas, et que si je n’étais pas venu, Selina m’en aurait fait baver jusqu’à la fin de mes jours. Lui répondais-je alors sur un ton un peu plus léger avec un petit sourire en coin, pensant à cette fille qui me sert meilleure amie et que j’adore malgré ses plans foireux. Je rajoutais ensuite une petite phrase pour faire chier un peu mon rencard, histoire que le temps passe un peu plus vite. A croire que les serveurs profitent du spectacle ou n’ose pas vraiment nous déranger en pleine discussion. Je ne sais pas, le cerveau féminin est tellement étrange parfois … Lui répondais-je sur un air un peu désinvolte. Je ne savais pas pourquoi mais j’avais envie de l’emmerder, de la chercher un peu pour voir jusqu’où elle serait capable d’encaisser et d’aller. Je risquais de la faire fuir, mais après tout, peu m’importe. C’est les retombées de Selina qui m’inquiète le plus, mais elle ne pourra que comprendre que sa sœur et moi on est vraiment pas fait l’un pour l’autre, malgré le fait qu’à l’époque, on avait tout pour bien s’entendre. Mauvais timing encore une fois.
Elle l'observait prendre ses aises sur la chaise juste en face d'elle. Et dire qu'il y a encore une heure, elle se disait qu'elle allait passer une bonne soirée. Et pourquoi pas faire une belle rencontre, avec une suite. Là, en voyant l'air bougon du policier, elle en doutait fortement. Pour la simple et bonne raison que les deux personnes à cette table étaient loin d'être amis. Et pourtant, à une époque ils s'entendaient bien. Ils se marraient même. Là, ça semblait juste être une époque oublie. Enfin pas pour tout le monde... A la réponse d'Enzo, Célia garda ses yeux verts sur lui. Elle fronçait les sourcils. Pourquoi est-ce qu'il disait ça ? C'était faux. D'ailleurs, la jeune femme le rectifia par la suite : « Tu te trompes. Je n'ai rien contre toi. C'est toi qui a coupé les ponts du jour au lendemain. » Elle prit une nouvelle gorgée de son verre de vin avant d'ajouter : « Enfin je ne te servais plus à rien, alors tu as oublié mon adresse. C'est compréhensible. » Célia ne regrettait pas ce qui s'était passé. Enfin, en dehors de la dispute qu'ils avaient eu ensuite. Mais à ce moment-là, elle ne voulait plus toucher aucun patient. Elle en était incapable. Mais elle était alors trop fort et surtout trop blessée pour l'expliquer à Enzo. Et celui-ci était parti pour ne plus revenir. Aux autres paroles du policier, elle esquissa un léger sourire. « Oui et apparemment tu es encore loin d'en comprendre toutes les subtilités. » Elle l'observait un instant. Il avait fait des efforts ce soir-là pour s'habiller. Elle aurait pu lui sortir la même chose. Sauf qu'elle n'avait pas envie d'entrer dans son jeu. Le serveur arriva à ce moment et Célia hésita un instant à commander. Peut-être ferait-elle mieux de partir... Sauf qu'elle resta sur sa chaise. Tant pis si elle passait une mauvaise soirée. Peut-être que ça ne serait pas la cas. Elle ne le savait pas. Elle voulait peut-être mettre les choses à plat avec Valentine, une bonne fois pour toute. Célia commanda donc un gratin de légumes puis elle laissa le policier choisir son menu. « Selina te mène toujours la vie dur d'après ce que tu me dis. » Enzo et sa sœur étaient meilleurs amis. Parfois, elle avait du mal à les cerner. Mais Enzo semblait avoir une bonne influence sur sa sœur et c'était tout ce qui importait à l'antiquaire.
Ah bon. Je me trompais. Vraiment ? Je trouvais ça étrange quand même. Elle m’avait royalement bien viré de chez elle. Oui d’accord j’abusais un peu de ses services, mais me parler comme elle l’a fait avait été un peu trop poussé. Forcément je l’avais mal pris, forcément je m’étais senti agressé et blessé par son comportement. Evidemment que j’avais coupé les ponts, elle avait été plutôt clair là-dessus. Et elle osait dire que c’était parce qu’elle ne me servait plus à rien. J’avais pensé à ça oui, j’aurais pu venir m’excuser mais elle oubliait un détail Non, tu te trompes aussi. Tu te rappelles de la façon dont tu m’as parlé ? Qui voudrait venir s’excuser après une telle discussion ? J’étais persuadé que t’en avais juste marre de voir ma gueule. J’aurais été bien plus compréhensif si t’avais été plus sympa. Lui expliquais-je. Mais elle m’avait envoyé balader comme jamais personne n’avait osé le faire. En attendant j’avais tout de même apprécié le fait qu’elle n’avait finalement rien contre moi. Etait-ce vrai ? Je le pense, vu sa réponse assez sincère mais à l’époque, je ne suis pas sûr qu’elle pensait réellement comme ça. Mais qu’importe, après tout c’était du passé. Est-ce qu’on était capable de s’expliquer pour passer à autre chose et oublier toute cette histoire ? Pas sûr. Du moins pas tout de suite. Je préférais l’emmerder pour voir jusqu’où elle pouvait encaisser pour rester à ma table. Et elle avait assez de répondant pour prétendre à cette chaise, chose qui me fit sourire. Elle tirait avantage de ma remarque et c’était agréable de ne pas l’entendre se braquer. Je n’avais d’ailleurs rien à répondre, je ne voulais pas non plus trop attiser le feu, et partir de nouveau dans un grand débat non nécessaire. Autant lui laisser le dernier mot. Au fond, elle doit avoir raison. Et sa sœur en était la preuve vivante aussi. Non, ce rencard, je l’ai cherché. Oula, ça pouvait être mal interprété. Je veux dire, je l’ai rencardé avec mon ancien beau-frère alors je suppose qu’elle a trouvé en toi le façon de se venger. Lui répondais-je en haussant les épaules.
Elle avait l'impression que ce début de conversation n'avait pas de fin. Enzo était là, sans arrêt entrain de lui rabâcher ce qui s'était passé il y a trois ans. TROIS ANS. De l'eau avait coulé sous les ponts. Si Enzo voulait rester sur cette mauvaise note, c'était son choix. Célia était passé à autre chose. Elle n'avait pas envie de vivre dans son passé. Il était derrière lui. Et il n'allait rien lui apporter de bon si elle s'y accrochait. « Je t'ai simplement dit que je n'étais plus ton médecin personnel et que tu n'avais qu'à réveiller quelqu'un d'autre, à quatre heures du matin. » Puis elle haussa un peu les épaules : « Je ne t'ai jamais demandé d'excuse. Je crois que ce soir-là, on a tous les deux dépassés les bornes. » Ouais, elle ne lui avait pas laissé le loisir de s'éterniser. A ce moment-là, elle voulait juste être seule. Mais que ce soit avec son boulot à l'hôpital, ses amis ou sa famille. Cela avait été un pari impossible. Et forcément, quand le vase est à ras bord, à un moment donné, à la moindre goutte de trop, il déborde. Cela avait été le cas, ce soir-là. « Je crois que ce soir là, je n'avais pas envie d'être compréhensive. Et ça n'avait rien à voir avec toi. » Au contraire, peut-être que s'il était juste passé pour discuter un peu ou boire un café, les choses auraient été totalement différentes. Célia posa ses yeux verts sur le serveur qui prenait les commandes avant de reporter son regard sur Enzo. Elle se demandait en fin de compte pourquoi il était là. Enfin, aux dernières nouvelles, la jeune femme le croyait en couple. Puis un fin sourire s'afficha sur les lèvres de l'antiquaire. Ah sa sœur... Elle l'adorait mais parfois, elles avaient toutes les deux beaucoup de mal à se parler. « Et ça s'est mal passé je suppose. » Voilà qui répondait peut-être à la question qu'elle s'était posée quelques secondes plus tôt. Ancien beau-frère. Célia ne le connaissait pas. Mais apparemment, Enzo et lui étaient restés en bon terme. La jeune femme garda ses yeux sur le policier avant d'avouer un peu plus perdue, tandis que le serveur s'en aller avec leurs commandes. « Parfois j'ai du mal à comprendre ma sœur. De son besoin, presque maladif de trouver quelqu'un. »
Le tort était partagé pour cette nuit-là. Et pourtant je ne sentais aucune rancune dans la voix de Celia. Et même si je m’efforçais à lui faire comprendre qu’elle aussi avait été en faute, je ne lui en voulais plus vraiment je crois bien au fond. Non, sinon je ne serais plus ici en train d’essayer de mettre les choses au clair. Même si je suis bien plus chiant qu’elle, j’ai envie moi aussi de passer à autre chose. Voilà pourquoi j’essaie simplement de crever l’abcès. Elle s’excusa à sa manière, et cela me convenait parfaitement, elle reconnaissait qu’elle aussi était en faute, c’est tout ce dont j’avais besoin. Surtout qu’elle me faisait savoir que si elle s’était énervée contre moi, ça n’avait rien à voir avec moi. Peut-être une peu quand même non ? Lui demandais-je, un peu perdu dans ses explications. Par la suite je lui expliquais comment je m’étais retrouvé dans ce pétrin et que j’étais obligé d’y assister, peu importait qui était la femme avec qui j’avais rendez-vous. Elle releva très certainement que j’avais pu dire mon ancien beau-frère et elle en avait déduit que ça s’était mal terminé Oui c’est ça. Et pourtant ils sont fait l’un pour l’autre. Lui répondais-je simplement, oubliant le fait que lorsqu’on se fréquentait, j’étais en couple moi aussi, et que ça me paraît tellement il y a des années lumières que j’en oubliais cette information. En même temps, je lui rends bien, je l’embête à chaque fois qu’on se voit pour savoir si elle a un amant. Lui répondais-je avec un petit sourire en coin. Bizarrement je ne regrettais déjà un peu moins le fait de me retrouver en face d’elle, à parler de tout ça, de se reparler après toutes ces années de silence.
Un fin sourire s'afficha sur les lèvres de la jeune femme. Elle n'en voulait vraiment pas à Enzo. Célia était loin d'être une personne rancunière, surtout avec les gens qu'elle appréciait. Il y avait toujours des bonnes périodes et des périodes plus difficiles. La vie était faite ainsi. Elle n'allait pas en vouloir à Enzo alors qu'elle même, avait eu des périodes de creux et qu'elle en avait encore. Malgré tous les sourires qu'elle distribuait ici et là. « Même pas un peu. » Avouait-elle sans l'ombre d'un doute. Si vraiment, elle lui en avait voulu, pour une raison ou une autre, elle lui en aurait parlé. Célia n'était pas du genre à cacher ce qu'elle ressentait. C'était même parfois un peu le problème. Elle ne prenait pas toujours des gants pour le faire. Seulement, là ce n'était pas le cas. Bref, les choses avaient été mise au point et c'était tant mieux. Peut-être qu'ils pourront à nouveau repartir sur une relation plus saine. « L'un pour l'autre, je veux donc en savoir plus sur lui. » Elle imaginait mal sa sœur se caser, de façon définitive. Selina était tellement... fleur bleue. Elle s'amourachait très bien. Mais cela ne durait jamais longtemps... ou alors, ce n'était pas avec les bonnes personnes. « Elle a beaucoup souffert avec son ex, tu crois que c'est une bonne idée de la jeter dans les bras d'un autre. Même si c'est un « autre » en qui tu as confiance ? » Elle imaginait qu'Enzo n'allait pas lui présenter un sale type. Mais cela l'inquiétait quand même. Elle était sa sœur. Elle était censée veiller sur elle et sur son bonheur. Puis la jeune femme esquissa un sourire un peu plus amusée aux paroles du flic. « Je vois, c'est de bonne guerre dans ce cas. » Même si elle n'appréciait pas la manière, Célia devait admettre que cela leur avait permis d'applanir les choses avec Enzo. « Sa punition aurait pu être pire. » Selina aurait pu lui arranger un rendez-vous avec une de ses collègues, comme celle qui parle constamment de sa collection de pièces anciennes. « Quant à moi, ça me permet de sortir un peu. Selina a raison. Je vais finir vieille fille si ça continue. » Cela la faisait sourire. Célia n'était pas très douée dans ses relations avec les hommes. Et sa sœur le savait. Peut-être que dans un sens, elle ne s'autorisait pas à être heureuse. Le serveur revenait au même moment à leur table en déposant leurs apéritifs. Célia le remercia. Elle leva son verre pour trinquer avec le policier tout en disant. « Alors, dis-moi depuis tout ce temps, qu'est-ce qui s'est passé de beau dans ta vie ? »
Même pas un peu. Voilà qui était sa réponse. Et ça me faisait plaisir, tout autant que ça me faisait me sentir un peu coupable pour le coup. Mais c’est bien quelque chose que je ne pouvais pas savoir à l’avance sans qu’elle me le dise. Autant aller de l’avant et repartir sur de bonnes bases par conséquent. Vu qu’elle semblait plutôt à l’aise avec l’idée, c’était également le cas pour ma part. Notre conversation finit par dévier forcément sur Selina, et sur la raison qui l’avait poussé à nous donner ce rencard ce soir. Célia voulait en savoir plus sur Sterling et je ne pouvais que la comprendre. Surtout vu le passé de sa sœur. Tu sais, s’il y a bien quelque chose que j’ai appris, c’est qu’il ne faut pas avoir peur de son passé. Si elle ne va pas de l’avant, si elle reste sur son ex, comment veux-tu qu’elle se sente plus à l’aise ? Surtout avec les hommes. Ils ne sont pas tous comme ça, on est pas tous comme ça. Lui expliquais-je essayant de convaincre Célia que Selina ne doit pas restée enfermée dans son passé, sur son dernier échec amoureux. Je l’ai vu évoluer après cette séparation forcée, vu que c’est moi-même qui l’ait fait passer derrière les barreaux, et Selina va beaucoup mieux. Il est temps pour elle de continuer à vivre sa vie. Enfin, c’est assez catégorique de ma part tout ça, mais tout comme Célia, je ne veux que son bonheur. Sterling est quelqu’un de très gentil, parfois un peu maussade, mais il n’a pas eu une enfance facile, on est tous les deux orphelins. Mais je peux t’assurer que je suis bien plus violent que lui. Il est davantage réservé, un peu trop pris par son boulot parfois. Continuais-je de lui expliquer avant qu’elle ne me fasse remarquer que ma punition était douce après tout. Elle me fit rire avec son statut de vieille fille qu’elle risquait d’avoir à force. J’en doutais fort, tout comme Selina. Si tu sors un peu plus, tu ne pourras que rencontrer plus de monde intéressant. Je dis ça, mais moi aussi je devrais sortir plus souvent. Disais-je dans un faible rire un peu jaune. J’ai envie de rencontrer la femme de mes rêves, mais je désespère tellement que je n’ai pas envie d’essayer. C’est con, je sais. Célia me demanda alors ce que je pouvais lui raconter de beau. Je me rappelais alors qu’elle n’avait pas eu les dernières infos de ces dernières années Ma sœur n’est pas la seule à avoir la poisse en amour, j’ai quitté Maxyn. On a eu une fille ensemble mais j’ai préféré prendre les voiles plutôt que d’assumer. Mais finalement je suis revenu et c’est ma fille qui est devenue la femme de ma vie. Lui expliquais-je alors, m’enfonçant par la même occasion, mais préférant en rire à présent qu’autre chose.
Célia commençait à avoir faim. Mine de rien sentir tous ces parfums culinaires ici et là, lui ouvrait l'appétit. En plus, elle n'avait rien mangé au déjeuner ce qui n'arrangeait pas les choses. Heureusement qu'elle pouvait sur Enzo et sur leurs conversations pour penser à autre chose. Et puis c'était bien qu'ils puissent mettre les choses au clair entre eux. Si Célia avait été un peu blessée par son comportement il y quelques années, le temps était passé et elle n'avait pas envie de vivre avec plus de regrets qu'elle ne le faisait déjà. Surtout que certains regrets étaient plus difficile de vivre avec. Alors si là elle pouvait arranger les choses et s'excuser aussi, parce que les torts étaient partagés, elle devait le faire. Et elle l'avait fait. Aux paroles d'Enzo, elle garda ses yeux verts sur lui. Il n'avait pas tort... seulement, à force de voir Selina butinait ici et là, cela la rendait nerveuse. Parce qu'il fallait l'avouer, il y avait quand même plus de cons, que de mecs bien... Et sa sœur n'était pas la plus chanceuse des nanas. Alors forcément, Célia s'inquiétait. « Je sais... mais tu dois avouer aussi que Selina tombe souvent sur des gars qui ne la méritent pas. » Et c'était ça le problème. Selina s'emportait vite. Et on voyait les dégâts parfois. « J'aimerai juste pour une fois qu'elle prenne le temps d'apprendre à connaître quelqu'un avant de... tu vois. » Les joues de la jeune femme s'empourprèrent un peu. Elle n'aimait pas parlé de la vie privée de sa sœur mais bon, cela faisait partie de la conversation. Et d'après ce qu'elle avait compris Enzo, était plutôt cru lui aussi sur le sujet. La jeune femme avala une gorgée de son cocktail avant de reposer son attention sur le policier qui lui parlait de son beau-frère. « Je sais ce que c'est... pour le boulot. » Elle haussa un peu ses épaules avant de l'écouter à nouveau. Célia se demandait ce qu'il était devenu depuis tout ce temps. Elle n'avait pas eu de nouvelles de lui et ne savait rien. Elle n'avait pas demandé à Selina, parce qu'elle trouvait ça incorrect dans un sens, de se renseigner sur les gens comme ça. Ainsi, il avait quitté sa compagne. Mais il avait une fille ! Un sourire s'afficha sur les lèvres de Célia à cette évocation. « Vraiment ?! Tu es papa ? C'est génial. » Elle adorait les gosses même si elle ne se sentait pas prête pour l'instant pour en avoir. Elle jouait volontairement les nounous quand il le fallait. « Enfin, pas que tu ai mis les voiles... mais qu'elle soit là. » Elle connaissait le passé d'Enzo, l'orphelinat tout ça. Cela ne devait pas être évident de se décider à fonder une famille après avoir traversé ce genre d'épreuve. Alors elle n'allait surtout pas le juger. Elle n'était pas à sa place. Et puis, parfois il valait mieux ne pas assumer au lieu de faire des bêtises. Mais un enfant, ça changeait beaucoup de chose dans la vie. « Tu as une photo d'elle ? » Célia était curieuse de voir ce bout de chou.
C’est vrai que Selina n’avait jamais eu vraiment de chance en amour et quand je l’avais rencontré, elle était en plein dedans, en train de se sortir de sa situation avec le pauvre type qui la frappé et qui a fini en taule. Et apparemment ce n’était pas la première fois qu’elle tombait sur des cons, je l’avais remarqué aussi, surtout de part ses aventures passées. Oui je vois ce que tu veux dire. Lui répondais-je avec un demi-sourire en coin. Elle n’y paraît pas comme ça, mais Selina aime le plaisir charnel et s’amourache un peu trop vite par la suite. Mais c’est ce qu’elle est, et peut-être qu’un jour elle aurait la chance de tomber sur un chic type qui voudra la connaître avant de l’avoir dans son lit. Je lui parlais donc de mon ancien beau-frère, essayant de lui expliquer qu’il est loin d’être un con, mais qu’en effet, ça pourrait être une relation compliquée s’ils commençaient à bien s’entendre. Et c’est vrai que chez les filles Scott, le boulot a toujours été important. Même si pour le coup, j’ignore ce que fait à présent Célia dans la vie. Je lui racontais alors ma grande nouvelle et elle semblait emballée par le fait que je sois père, chose qui me fit sourire spontanément. Oui. Lui répondais-je simplement avant qu’elle ne se rattrape sur ses paroles. J’avais bien compris bien sûr, mais ça me permettait de continuer de lui sourire. C’était étrange. Dix minutes plus tôt, on aurait pu se jeter nos verres à la figure, et voilà qu’à présent je lui souriais facilement et elle me demandait une photo de ma fille. Je sortais mon téléphone et c’était relativement facile à retrouver. Oui, en fond d’écran. Heureusement que je ne prends jamais mon téléphone perso au boulot, je n’aurais pas pu l’y mettre sinon. Je la montrais alors à Célia et lui disais J’arrête pas de répéter à tout le monde qu’elle ressemble bien à sa mère, mais on s’acharne à me dire qu’elle a mes yeux, mon sourire et tout le blabla ! Lui expliquais-je à la fois désespéré et amusé.
Célia s'inquiétait beaucoup pour sa sœur. Peut-être parce qu'elle était pessimiste par nature ou parce qu'elle savait à quel point l'être humain pouvait être mauvais parfois... travaillait six ans aux urgences de Saint-Vincent lui avait fait voir certaines choses. Il y a encore des nuits où elle a du mal à dormir. Selina était parfois tellement... à côté de tout ça. L'antiquaire se faisait toujours du souci pour elle. Dès qu'elle était posée, il fallait qu'il arrive quelque chose. Sa sœur écoutait davantage son cœur (ou son corps) que sa raison. Enzo le savait autant qu'elle. Donc il pouvait comprendre les craintes de la jeune femme qui lui faisait face. Même si elle savait qu'il veillait sur sa sœur, cela n'était pas plus vite pour Célia. Par moment, elle avait envie de se détacher de tout ça. De laisser vivre et de voir, sauf que l'imprévu lui faisait peur. Pire, cela la paniquait. Décrocher un peu de son train-train habituel lui faisait du bien. Et là ce soir, malgré quelques petites frictions en début de soirée, Célia se sentait bien. La conversation coulait toute seule et elle n'avait pas besoin de combler les vides. Une soirée comme ça, loin de tout, cela faisait longtemps qu'elle n'en avait pas eu. Et même si sa sœur abusait sur sa façon d'avoir arranger les choses, pour l'instant Célia ne regrettait pas. Elle passait une bonne soirée. Cela lui faisait plaisir de reprendre des nouvelles d'Enzo après tout ce temps. Il avait donc une petite fille. Elle devait être toute jeune. Célia esquissa un sourire quand Enzo fouilla dans sa veste pour en sortir son téléphone portable. En voyant la mine boudeuse de la petite, le sourire de l'antiquaire était plus adoucie. « Elle est mignonne... Et je confirme, elle a tes yeux. » Elle regarda un peu plus la photo puis elle redonna le téléphone au policier. « Elle doit avoir ton caractère aussi. » Ajouta la jeune femme en finissant son cocktail. Elle aussi, elle voulait des enfants. Mais pas maintenant. Elle ne se sentait pas prête pour ça. Timothée était un peu comme son fils et le perdre, cela l'avait anéanti intérieurement. Elle ne savait même pas si elle serait capable de construire sa propre famille avec tout ça.
Oui, elle avait mes yeux. Tout le monde était catégorique là-dessus. Et j’étais relativement d’accord également. Outre la même couleur, elle avait plutôt la même forme également. Le sourire, c’était bien encore trop tôt pour le dire. Mais ça me va qu’elle ressemble davantage à sa mère, au moins je suis sûr que ma Zoey deviendra une belle femme. Peut-être une femme de caractère, qui a mon caractère, comme le propose Célia. C’est encore tôt pour le dire, mais elle est du genre calme et un peu râleuse. Oui, je suppose qu’elle me ressemble un peu. Répondais-je à la blonde avec un petit rire. Mais voilà que je venais d’annoncer la meilleure nouvelle de ma vie durant le temps où on ne s’était pas vu, et à présent c’était à son tour Et toi alors, tu es devenue quoi ? Oui parce qu’elle avait apparemment laissé tomber la médecine et les soins intensifs. J’étais donc curieux de savoir comment elle gagnait sa vie à présent. Et puis il fallait bien faire la conversation durant ce dîner forcé, qui finalement n’était plus si désagréable que cela. Une paix était envisageable, suffit d’aller de l’avant, il n’y a plus de raison à présent pour qu’on se prenne la tête, vu que le sujet de notre discorde d’en-temps est à présent révolue et plus d’actualité. En attendant, nos plats ne tardèrent pas à arriver, et c’était tant mieux parce que je crevais vraiment de plus en plus la dalle.