D’habitude, je ne me serais guère intéressé à une boutique d’antiquité, les vieilles choses, ça n’a jamais été mon kiffe. Mais pour Célia, pour renouer un peu de ce lien qu’on avait à l’époque, oui j’étais plutôt curieux. Je n’ai rien contre les objets antiques non plus, après tout, pourquoi pas, ça pourrait peut-être plus me plaire que je ne pourrais l’imaginer. Elle m’expliqua alors un peu comment elle avait réussi à bien commencer pour sa boutique. Elle n’y connaissait rien à la base, et c’était tout à son honneur de réussir à s’en occuper maintenant toute seule. Même si apparemment elle avait eu un bon conseillé. Elle finit par m’annoncer qu’elle avait installé une alarme, à cause de la peur de ses proches, et forcément je pensais directement à Selina. Et puis oui, même moi ça me rassurait au fond. C’est bien plus prudent quand on dirige ce genre de boutique où des vieux trésors enfouis peuvent attirer bien des voleurs. Si t’arrives à collectionner pas mal d’objets de grandes valeurs, crois-moi que certains ne seraient pas contre d’essayer de braquer ta boutique. Surtout s’ils se rendent compte que tu la diriges toute seule. Lui expliquais-je alors, parce que malgré l’alarme, elle devait se rendre comptes des potentiels risques. En attendant, je lui proposais donc de passer un de ces quatre, mais peut-être n’était-elle pas tentée par l’idée, mais finalement, elle acceptait, mais elle retournait le doute contre moi. Elle me repoussait gentiment, mais j’ai cru comprendre tout à l’heure qu’elle ne voyait pas assez de monde et ça tombait bien, j’ai vraiment parfois des trous dans ma semaine. Maintenant qu’on a mis les choses au clair, j’aimerais bien repartir de zéro et qu’on se voit de temps en temps, donc ouais je passerais à l’occasion. Je ne savais pas quand, mais une chose est sûre, je le ferais. Et le repas touchait à sa fin. Bien plus agréable que je n’aurais pu l’imaginer. J’appelais alors le serveur pour qu’il m’apporte l’addition.
La jeune femme avait toujours fait les choses au carré comme le disait sa sœur. Il était rare que Célia Scott se lance à l'aventure sans rien connaître. Non, ça elle n'aimait pas trop. Alors comme pour toutes choses, elle avait fait des recherches pour sa boutique. Elle s'était rendue compte qu'il n'y en avait aucune dans la ville. Et que donc, le marché était ouvert. Elle avait contacté un banquier qui l'avait aidé à monter son projet. Puis une fois fait, elle avait eu l'aide d'un conseiller. Parce qu'elle n'y connaissait rien en comptabilité. Certes, elle payait ses factures tous les mois, mais c'était bien différent d'une boutique commerciale. Et puis, elle avait aussi appris la gestion des stocks, le marketing. Ces petites choses l'avaient aidé au fur et à mesure à être plus à l'aise dans sa boutique. Elle y avait passé des heures. Rien que pour la décoration intérieur. Elle avait choisi chaque objet, chaque meuble. Elle avait fait elle-même les moulures intérieures en bois. Se servir de ses mains, Célia adorait. Elle avait passé des heures interminables à la boutique pour la faire devenir ce qu'elle était. La jeune femme avait voulu en faire un endroit chaleureux, accueillant, lumineux. Pas une boutique lugubre, poussiéreuse avec une désagréable odeur de vieux. Et elle était heureuse de voir que sa boutique avait du succès. Mais peut-être que ces proches avaient raison pour ce qui était de la sécuriser. Enzo allait lui ficher la trouille. C'est vrai qu'elle était souvent seule à la boutique, pour les inventaires. « Tu vas finir par me faire peur. » Répondait-elle en finissant sa tasse de thé. « Mais ça aussi, je devrais y songer : employer quelqu'un. Ce serait pas une mauvaise idée. » Ça et l'alarme. Deux choses qu'elle mettait sur sa liste de choses à faire. Puis la jeune femme acquiesça aux paroles d'Enzo. « C'est une très bonne nouvelle. » Un sourire sur les lèvres, elle ouvrit sa pochette pour en retirer une carte de visite. Elle en avait toujours une ou deux sur elle. Elle était une commerciale après tout, cela pouvait toujours servir si elle tombait sur de futurs clients. Elle la donna ensuite au policier. Ainsi, il avait l'adresse et le numéro de téléphone ainsi que les horaires. Elle fermait la boutique tous les mardis.
Loin de moi l’envie de lui faire peur, je voulais surtout la mettre en garde, et dans ces moment-là, je ne suis jamais très futé pour prendre des gants, je n’ai jamais réussi et c’est sûrement à cause de mon boulot et de l’armée aussi. Désolé, c’était pas l’effet escompté. Lui répondais-je, soucieux, tout en fronçant les sourcils. Elle avait compris que je voulais juste la mettre en garde, mais j’avais su employer les bons termes. Mais ça me rassurait quand elle me confiait qu’embaucher une personne ne serait pas négligeable. Aussi, je lui confirmais bien que je passerais la voir dans sa boutique, malgré le fait que ce genre d’objet, ce genre de boutique ne m’intéresse guère. Mais je me dis que pour retrouver une réelle amitié, c’était la moindre des choses que je pouvais faire. Et qui sait, peut-être que lorsque les filles Scott s’entendront de nouveau, ce serait agréable de se voir avec elles. Je serais parfaitement bien entouré et pourrais rendre tous les autres mecs bien jaloux, alors que bien sûr, elles ne sont que de simples amies. Mais ça, pas besoin qu’ils le sachent. En attendant, elle trouvait que c’était une bonne nouvelle et c’était fort heureusement. Si elle n’avait pas voulu qu’il vienne la voir, il se serait senti un peu couillon. Mais bref, le serveur ne tarda pas à arriver et lui donnais ma carte bancaire sans même regarder le montant sur le ticket. Peu m’importe le prix, ce n’est pas comme si j’allais au resto toutes les semaines. J’en profitais également pour terminer mon thé, puis je souriais à Célia et me levais après qu’elle en fut autant. Bon, je remercierais Selina. Ce dîner fut bien plus plaisant que je ne l’aurais imaginé. Lui disais-je alors avant de me mettre à sortir du restaurant en sa compagnie, avant que nos chemins se séparent.