Je sens mon téléphone vibrer alors que je suis à moitié endormie sur mon bureau de travail. Je grogne avant de répondre, la bouche sèche et la voix rauque. Je regarde l’heure sur mon cadran, 23h30, et au passage je jette un coup d’œil sur Gabriel qui dort paisiblement dans notre lit. J’aurais le goût de le rejoindre mais je me contrains de répondre.
« Oui, allo? »
« Adaline! »
La voix de mon éditeur me fait sursauter. Je ne m’attendais pas à avoir un appel de sa part, et surtout pas aussi tard dans la nuit.
« Richard…Que me vaut un appel à cette heure de la nuit ? »
J’entends Richard rire. C’était un homme beaucoup trop heureux dans la vie, mais je ne m’en plaindrai pas. Après tout, il m’avait permis de monter à l’échelle international et depuis ce temps j’avais beaucoup de respect pour lui.
« J’ai une nouvelle qui ne pouvait attendre ma chère Adaline »
Son excitation se transmet à travers les ondes de mon téléphone. Cela pique ma curiosité et ma fatigue s’évapore.
« Je t’écoute »
« Tu te souviens de cet ami français que je t’ai déjà parler il y a quelques mois ? »
« Le professeur à la fac de droit de Sorbonne ? »
« Exactement ! Eh bien, je viens tout juste de recevoir un message confirmant qu’il serait intéressé à planifier une conférence ce mois-ci sur tes œuvres. Il a mentionné que tu avais un esprit vif pour ton âge et qu’il serait enchanté que tu puisses montrer l’exemple aux étudiants de sa fac. »
« Pardon ? »
« Tu as bien compris. Je t’ai pris un billet d’avion pour le 20 septembre. La conférence va se tenir le 25 septembre. Malheureusement, je ne pourrai t’accompagner. »
Je suis sidérée. Je ne sais pas si je devrais être heureuse et sauter de joie ou fâchée qu’il aille planifier tout cela sans me consulter. Mais je connais Richard, me fâcher contre lui n’aurait rien changer.
« Richard…Tu sais bien que je ne voyage plus depuis deux ans. J’ai une vie à New York maintenant…Et même si je continue à écrire pour toi, je me t’attendais pas du tout à cela. Tu sais bien que je ne peux pas y aller, pas dans un délai aussi rapproché. »
« Trop tard ma petite, le billet est déjà payé et je ne peux canceller. Tu en profiteras pour sortir un peu de ton trou à rat et explorer la France ! Ton billet de retour est en date du 25 octobre, alors tu auras amplement de temps pour voyager ! Je suis convaincu que Gabriel ne t’en voudra pas ma chérie ! »
Je ne peux m’empêcher de grogner à l’idée de partir plus d’un mois loin de Gabriel. Mais Richard était tout de même mon éditeur, alors je ne peux me permettre de le contrarier si je veux continuer d’écrire pour lui. Et l’idée de voyager en France, avec un billet d’avion était une idée alléchante. Richard me connait trop bien, il sait comment me faire mordre à l’hameçon pour satisfaire mon esprit curieux.
« Je t’hais »
« Je sais » Et il raccroche. Je prends plusieurs minutes à observer Gabriel. Il est vrai que depuis deux ans je ne m’étais pas aventuré en dehors de New York. Un peu d’air frais pourrait me faire du bien, à moi et à mon couple…
20 septembre 2005
J’embarque dans l’avion d’une attitude morose. Gabriel n’avait pas du tout apprécié le fait de me voir partir aussi loin pendant un mois. Nous avions eu plusieurs engueulades durant les dernières semaines, et je suis épuisée avant même de débuter mon voyage. Mon rucksac semble peser plus lourd qu’il ne l’est en réalité, et je m’endors rapidement une fois à bord de l’avion d’Air France, ma musique me berçant dans des rêves lointains.
25 septembre 2005 Mes premiers jours en France furent pénibles. J'avais l'habitude de voyager, et pourtant j'avais complètement oublier de me réserver des chambres pour mon séjour. Entre les chicanes avec Gabriel, l'écriture de mon prochain livre, la rédaction de ma conférence et les arrangements avec mon emploi, l'idée m'avait complètement sorti de la tête. J'avais donc dû courir les auberges de jeunesse et les restaurants à prix modique. J'entrais donc à la fac avec un mal de tête qui persistait depuis deux jours, la bouche sèche de ne pas boire assez, et le ventre qui me faisait mal parce que je n'avais pas eu le temps de déjeuner ce matin. J'avais fait tout mon possible pour paraître acceptable, mais mon débardeur était fripé faute d'un manque de repassage.
J'entre dans la fac de droit d'un pas mal assuré, et je me perds dans les corridors à la recherche de la salle de conférence. Ma journée ne pouvait pas mieux aller... Maintenant, j'allais être en retard à ma propre conférence. Il ne restait pas beaucoup de temps, alors je lançai à la foule française se promenant dans les corridors trop étroits à mon goût
« Quelqu'un sait où se trouve la salle de conférence s'il-vous-plait?»
Mon accent québécois me trahit dès le premier instant.
Dernière édition par Adaline Rousseau le Mer 30 Mar 2016 - 7:10, édité 2 fois
Ces dernières semaines notre responsable de promo n’avait pas arrêté de nous bassiner avec la future conférence qu’allait tenir une écrivaine française vivant à New York. Il ne cessait de se jeter des fleurs quand à ce qu’il avait accompli grâce à l’aide de l’éditeur de cette dernière qui se trouve être un de ses amis et autant au début c’était drôle de le voir ainsi et à nous demander de bien se tenir car sa pseudo réputation était en jeu, mais autant aujourd’hui après un bon mois de rabâchages c’était horrible. Limite j’avais envie de me lever et descendre les escaliers de l’amphi afin de lui mettre un coup de tête et lui dire qu’on n’est pas des guignols et qu’on a compris. Surtout que cette fameuse écrivaine n’arrivait qu’en début de semaine prochaine alors c’est bon je n’ai pas vraiment envie de l’entendre encore nous prendre la tête avec ça. Autant je n’ai rien contre cette artiste, mais limite le professeur nous l’a fait et ce à tous les étudiants présent dans l’amphi, la détester avant même qu’elle n’arrive ici à force de nous en parler. J’espère que son livre était intéressant parce que la pauvre elle va se faire lyncher par tout le monde sinon et pourtant elle n’y est pour rien. De plus, ils ont placé la conférence en début d’année scolaire ce qui est malin mais aussi très bête. C’est malin dans le sens où c’est le moment où on a le moins de cours, qu’on commence seulement à prendre le rythme, mais c’est très con car c’est le seul moment où on peut sortir en soirée sans avoir peur des répercussions immédiate en revenant le lendemain en cours, donc ça me surprendrait même pas que personnes ou très peu de monde assistent à cette conférence. Moi en ce qui me concerne, je pense y aller car elle mérite d’être écoutée ne serait-ce que par rapport au fait qu’elle ait voyagé uniquement pour ça, et parce qu’en soit elle n’a rien demandé.
La fin de semaine à la fac se passait relativement bien et je ne sais pas pourquoi mais le professeur s’était calmé sur son pote éditeur et tout le tralala. Je ne sais pas si certains sont allés se plaindre au secrétariat de sa lourdeur à propos de ça, et qu’il s’était pris une sacré soufflante par rapport à ça, mais au moins cela a porté ses fruits et l’ambiance dans l’amphi était plus agréable et beaucoup moins tendu et c’était un très bon point pour lui, car au moins cela pourrait convaincre plus de personnes à venir jeter un coup d’œil à la conférence.
Le week end comme d’habitude était passé à une vitesse incroyable et très vite on se retrouvait lundi matin. Heureusement on allait commencer doucement avec cette fameuse conférence tant attendu avec cette écrivaine de New York. J’avais hâte de voir de quoi traitait son nouveau bouquin. Car au lieu de nous bassiner avec ses histoires d’amitié et tout le binz, il aurait pu au moins nous parler du sujet qu’était traité dans le bouquin et nous faire un petit synopsis. Mais je suis persuadé qu’il ne connait pas l’artiste qu’on va recevoir et qu’il n’a jamais lu un de ses livres, mais bon. Rapidement je me préparai afin de ne pas arriver en retard car personnellement j’étais curieux et je voulais voir ce que ça allait donner et sur quoi on allait traiter.
Je sauta donc dans ma voiture et pris la direction de la Sorbonne assez rapidement afin de pouvoir trouver une place, car c’est vraiment la merde pour en trouver une et ce à n’importe quelle heure. Une fois arrivé à la fac, je rentra dans les couloirs qui comme d’habitude étaient blindés d’étudiants et surtout de première année qui vont par la même occasion très vite jeter l’éponge. Je pris alors la direction du grand amphi là où avait lieu la fameuse conférence ou j’étais impatient de prendre part. Malgré tous le bruit qu’il y avait dans les couloirs j’entendu une personne prendre la parole avec un fort accent québécois ce qui me fit légèrement rire sur le coup
- Quelqu'un sait où se trouve la salle de conférence s'il-vous-plait ?
Je me dirigea vers cette personne qui à vrai dire était perdu à un point … c’était impressionnant et c’est ce qui me faisait dire qu’elle était nouvelle ici
- Hey Céline Dion … Non je rigole. J’y vais alors permet moi de t’y accompagner
J’aimais blaguer mais ce n’était pas méchant, pas du tout même. Je tutoyais cette jeune femme car elle avait environ mon âge, donc que pour moi elle était étudiante tout comme moi tout simplement. Afin qu’elle ne se perde pas je lui pris la main car on perd très vite de vue la personne qu’on suit ici vu le nombre de personnes rodant dans les alentours.
Et alors que les bruits de pas de renferment sur moi, j’entends le messie arriver.
"Hey Céline Dion … Non je rigole. J’y vais alors permet moi de t’y accompagner " Je me retourne pour faire face à un jeune homme ravissant de mon âge environ. Je lui souris, et ris après coup de sa blague. J’ai toujours eu un sens de l’humeur, et je savais que les français n’allaient pas être bernés par mes efforts d’intégration. Alors qu’il me prend la main pour me conduire parmi la confusion des corridors, je me permets de faire suite à sa blague, me trouvant coquette. Je commence donc à chanter de ma belle voix, assez fort pour qu’il puisse m’entendre mais pas assez pour éveiller l’intérêt général.
"Fallait pas commencer M´attirer me toucher Fallait pas tant donner Moi je sais pas jouer On me dit qu´aujourd´hui On me dit que les autres font ainsi Je ne suis pas les autres Avant que l´on s´attache Avant que l´on se gâche"
Je connaissais bien Celine Dion. Elle m’avait permis de gagner un concours de chant l’an dernier à New York. Son nouvel album comprenait une chanson se nommant «Pour que tu m’aimes encore» et je l’avais chanté quelques fois depuis sa sortie. Je finis en me rapprochant de son oreille, un sourire s’étirant sur mon visage. J’étais beaucoup trop joyeuse d’avoir trouvé un guide, et je n’allais pas me plaindre du contact de sa main. Avant que le jeune inconnu puisse répliquer, je tente de le devancer.
- Je suis chanteuse. D’ailleurs, je m’appelle Ada. Quel est ton nom, jeune sauveur ? Je suis pauvre et sans le sous, alors je ne pourrai pas te donner d’argent pour ce tour de taxi ! Mais le temps a passé trop vite, je réalise bientôt que nous sommes en face de ma fameuse salle de conférence. L’ampleur de la salle me coupe le souffle, et le trac commence à me jouer des tours. Je lâche la main du jeune homme mystérieusement apparu pour me sauver car ma main devient de plus en plus moite et cela me rend inconfortable. Ma bonne humeur passagère s’estompe quelque peu pour laisser place à une certaine angoisse. Tout va bien aller, je dois simplement focusser sur un point et… J’ai oublié mon texte. Je me rappelle maintenant…J’ai laissé mon texte sur la commode de l’auberge…
Je commence à me mordre la lèvre, oubliant quelques instants la présence du jeune homme. Je finis par me reprendre, me disant que je l’avais pratiquer assez souvent pour me rappeler des grandes lignes. Et puis, une conférence , c’était toujours mieux lorsque c’était quelque peu improvisé. À ma grande surprise, la salle est relativement pleine. Mon livre doit vraiment avoir eu un impact ici, je présume.
Je jette un coup d’œil rapide à mon homme-taxi, je lui fais un de mes plus beaux sourires lorsque je réalise qu’il est probablement venu m’écouter et qu’il ne se doute pas que je suis l’écrivaine de cette fameuse conférence. Je me permets donc d’ajouter un petit suspense, comme je sais si bien le faire lorsque j’écris.
- Je ne suis pas Bond, James Bond mais je suis Ada, Adaline Rousseau, écrivaine et chanteuse. J’espère que tu vas apprécier ma conférence et merci du petit tour guidé. Sur ce, je m’empresse de le quitter, le cœur un peu plus léger. Faire des blagues diminuait beaucoup mon anxiété, alors je monte sur la scène un sourire collé au visage. Je n’avais pas fait tout ce périple pour commencer à bégayer et oublier mon texte. Je devais montrer à ses français que je n’étais pas qu’une simple québécoise de 21 ans, mais bien une écrivaine réputée à l’international. J’hoche rapidement de la tête, et je vais me chercher une chaise sur la scène pour l’approcher du bord. J’aime être proche des gens, peut-être est-ce une qualité pour ce genre de conférence, je n’en sais rien. Un homme, surement celui qui s’occupe de la mise en scène, vient me porter un micro sur pied et mon livre. La couverture m’étonne quelque peu, car il s’agit de la couverture française que je n’avais jamais vue encore. Il s’agit d’une femme aux cheveux blonds tenant la main d’un enfant défavorisé. Je souris car je vois bien Marie dans ce dos de femme. Et l’enfant me fait penser à Nat. Je décide donc de commencer ma conférence, oubliant mon texte et laissant l’inspiration du moment me guider comme tout bon écrivain sait si bien le faire.
"Bonjour. Je me nomme Adaline Rousseau. J’aimerais bien vous demander qui a réellement lu « Afrique, je t’aime » mais je me doute de la réponse. Je tiens à vous remercier cependant de venir m’écouter et j’espère pouvoir répondre à vos questions du mieux de mes connaissances. "
Je jette un rapide coup d’œil à Antoine, qui s’est installé assez proche pour que je puisse le reconnaitre. Je me sens bien, ici sur scène devant ses gens. Je me sens bien, parlant de Marie et Nat.
« Ce livre est en quelque sorte une autobiographie fictive. J’ai eu la chance de faire un voyage humanitaire en Afrique dans ma jeunesse, et ce que j’y ai vu m’a sidéré. Nat a réellement existé, cet enfant au cœur d’or, mais il n’est pas mort dans les bras de Marie. Il s’est éteint dans les miens. Cet enfant est mort de faim, alors que je ne pouvais pas le satisfaire de ma nourriture. Pourquoi ? Parce que donner à manger a un enfant qui n’a pas manger depuis des semaines l’aurait tué de toute façon. »
Après un résumé de mon voyage en Afrique, je commence a parler d’un enjeu encore plus important de la famine dans ce pays.
« Saviez-vous que 90% du blé qui est produit mondialement appartient aux industries d’abattage ? Pour nourrir les animaux que VOUS allez consommer par la suite. Pis encore, saviez-vous que la majorité du blé qui est produit pour ses industries provient de l’Afrique ? Pour nourrir vos enfants, vos ventres qui sont loin d’être en famine ? Savez-vous combien d’enfants meurent chaque année pour satisfaire les besoins des pays industrialisés ? C’est révoltant. »
Je ne peux m’empêcher de verser quelques larmes, et ma gorge se serre en pensant à tous ses enfants. Je décide de terminer ma conférence en espérant semer le doute dans quelques esprits.
« Vous pouvez me dire que je suis extrémiste, vous pouvez me dire que je ne comprends pas les enjeux, qu’encourager la souffrance est une bonne chose, mais alors je vous dirai que vous êtes ignorants. Je vous dirai que vous êtes inconscients du génocide qui se passe présentement. Si cette conférence n’a rien éveillé en vous, alors peut-être suis-je née à la mauvaise époque. Merci pour votre attention, je vous souhaite une bonne journée »
Et je descends de la scène, la tête haute en entendant le silence comme applaudissement.
Après avoir blagué quant à son accent québécois et en la surnommant Céline Dion, cette dernière me regarda dans les yeux avec un petit sourire et cela me rassurait car elle avait l’air de bien prendre le fait que je rigole de cela et je trouvais ça vraiment cool de sa part de ne pas se braquer directement. Alors je ne pouvais qu’être à mon tour gentil avec elle et l’aider à retrouver son chemin dans ce troupeau d’étudiants. Je lui souris aussi en retour et cette dernière s’adressa ensuite à moi
- Fallait pas commencer M´attirer me toucher Fallait pas tant donner Moi je sais pas jouer On me dit qu´aujourd´hui On me dit que les autres font ainsi Je ne suis pas les autres Avant que l´on s´attache Avant que l´on se gâche
J’aimais son sens de l’humour et je ne pouvais donc pas m’empêcher d’éclater de rire en l’entendant chanter une des dernières chansons de Céline Dion qui s’appelle « Pour que tu m’aimes encore ». Elle se rapprocha de moi pour me susurrer les dernières paroles de cette chanson surement pour ne pas que tout le monde ici entendent ce qu’elle venait de chanter, et par là il ne fallait pas voir une sorte de message comme une tentative de séduction de sa part. Honnêtement je n’y crois pas bien que le titre de la chanson soit en rapport avec l’amour, en ce qui la concerne c’est juste pour continuer la petite vanne que je lui avais lancé quelques minutes auparavant, et je dois avouer que je ne m’y attendais vraiment pas. - Je suis chanteuse. D’ailleurs, je m’appelle Ada. Quel est ton nom, jeune sauveur ? Je suis pauvre et sans le sous, alors je ne pourrai pas te donner d’argent pour ce tour de taxi !
Elle avait le sens de l’humour je devais l’avouer car une fois de plus elle venait de me voler un éclat de rire accompagné bien entendu d’un grand sourire, chose que j’avais très peu l’habitude de faire ces derniers temps avec la mort de Jake, et ce bien que ça remonte à 4 ans déjà, mais cela est un fantôme qui revient tous le temps et qui ne part jamais.
- Honnêtement j’aurais pu le deviner rien qu’à t’entendre chanter. Ravi de te connaitre moi c’est Antoine. C’est un joli prénom Ada, c’est original. Oh je t’en prie je fais ça de bon cœur. Et de toute manière c’est gratuit pour toi
Je lui fis un léger clin d’œil tout en lui souriant. Je ne savais pas pourquoi mais sa présence me faisait du bien et pourtant je ne le connais ni d’Eve ni d’Adam. Je venais de la déposer devant l’amphithéâtre ou allait se passer la conférence d’ici une bonne dizaine de minutes à peu près.
- Voilà on y est … c’est ici qu’a lieu la conférence. Si tu veux comme tu es nouvelle, tu n’as qu’à venir avec moi et on se mettra assis l’un de côté de l’autre
Cette dernière jette un coup d’œil à l’intérieur et je pouvais voir à travers ces yeux qu’elle commençait à paniquer de plus en plus. Chose que je ne comprenais franchement pas puisqu’en soit elle n’avait rien à faire si ce n’est rentrer dans l’amphi, monter les escaliers, choisir sa place et s’asseoir pour ensuite écouter l’écrivaine nous parler de son livre et toutes ces choses-là. Après certes elle était nouvelle, et il est vrai que certains gère le stress différemment et stresse pour des choses différentes par la même occasion, donc peut être que chez elle cela est un comportement normal. Puis elle commença à enlever sa main de la mienne ce qui commençait à me faire réfléchir sur son attitude plutôt bizarre et excessive pour ce qu’elle allait faire ici. Cette dernière commence à se mordre la lèvre inférieur surement rongé par le traque et cela ne cessait de me surprendre de plus en plus, puis comme si elle était possédée elle revient à elle-même et me fit un grand sourire surement dans le but de rassurer quant à son attitude pour le moins spéciale. On s’était dirigé à l’intérieur de l’amphi afin de prendre une place et déjà il y avait un bon nombre de personnes présente ce qui je dois l’avouer me surpris énormément. J’attendais qu’Ada prenne place mais celle-ci s’arrêta devant moi et prit la parole
- Je ne suis pas Bond, James Bond mais je suis Ada, Adaline Rousseau, écrivaine et chanteuse. J’espère que tu vas apprécier ma conférence et merci du petit tour guidé.
Ah donc depuis tout à l’heure ses blagues étaient pour lui faire oublier ce qu’elle allait faire et qu’elle devait parler devant deux bonnes centaines d’étudiants. Ce qui explique l’attitude pour le moins étrange qu’elle a commencé à avoir lorsqu’on était devant l’amphi et qu’elle a remarqué que la salle était grande et qu’elle était pleine. Suite à sa déclaration et au fait que son masque tombe, elle me laissa en plan et se dirigea vers l’estrade, pour s’installer là où elle devait être c’est-à-dire devant son pupitre en train de nous parler de ses motivations, de son livre et tout le bazar en rapport avec son bouquin. Moi de mon côté je pris la décision de faire de même et de prendre place là où je devais être et je posa mes petites fesses sur une chaise relativement proche d’elle sans l’être trop non plus car je n’aimais pas être au premier plan ça me mettait mal à l’aise. Une fois tout le monde rentré dans la salle et les portes fermé, Ada ou plutôt Adaline, commença son discours
- Bonjour. Je me nomme Adaline Rousseau. J’aimerais bien vous demander qui a réellement lu « Afrique, je t’aime » mais je me doute de la réponse. Je tiens à vous remercier cependant de venir m’écouter et j’espère pouvoir répondre à vos questions du mieux de mes connaissances.
Elle fit une légère pause puis cherche un peu du regard une personne dans l’amphithéâtre puis s’arrête de chercher lorsqu’elle me regarde. Un léger sourire se forme sur mon visage ainsi qu’une sorte de gêne dans le même temps car je n’étais pas trop à l’aise lorsqu’on me regarde avec insistance, puis elle reprend le cours de son discours - Ce livre est en quelque sorte une autobiographie fictive. J’ai eu la chance de faire un voyage humanitaire en Afrique dans ma jeunesse, et ce que j’y ai vu m’a sidéré. Nat a réellement existé, cet enfant au cœur d’or, mais il n’est pas mort dans les bras de Marie. Il s’est éteint dans les miens. Cet enfant est mort de faim, alors que je ne pouvais pas le satisfaire de ma nourriture. Pourquoi ? Parce que donner à manger a un enfant qui n’a pas manger depuis des semaines l’aurait tué de toute façon.
Plus elle parlait de son bouquin et de l’histoire en elle-même, et que c’était une fiction certes mais tiré de faits réel me touchait énormément. A chaque mot qu’elle employait je pouvais ressentir des frissons parcourir mon échine.
- Saviez-vous que 90% du blé qui est produit mondialement appartient aux industries d’abattage ? Pour nourrir les animaux que VOUS allez consommer par la suite. Pis encore, saviez-vous que la majorité du blé qui est produit pour ses industries provient de l’Afrique ? Pour nourrir vos enfants, vos ventres qui sont loin d’être en famine ? Savez-vous combien d’enfants meurent chaque année pour satisfaire les besoins des pays industrialisés ? C’est révoltant
En parlant de cela elle commençait à verser quelques larmes et je me sentais mal pour elle et ce à un tel point que je pouvais sentir ma gorge se nouer. Je ne le connais pas c’est vrai mais personne n’aime voir quelqu’un pleurer de la sorte. Il faut que je lui parle une fois qu’elle aura fini sa conférence. Je veux en savoir plus sur elle. Je ne pleurais pas car perdre mon frère m’a forgé et qu’il m’en faut énormément pour lâcher ne serait-ce qu’une larme. Le seul moment où il peut m’arriver de flancher c’est quand je pense à Jake. Mais j’ai un cœur et cela ne m’empêche pas de me sentir mal par rapport à son état actuel - Vous pouvez me dire que je suis extrémiste, vous pouvez me dire que je ne comprends pas les enjeux, qu’encourager la souffrance est une bonne chose, mais alors je vous dirai que vous êtes ignorants. Je vous dirai que vous êtes inconscients du génocide qui se passe présentement. Si cette conférence n’a rien éveillé en vous, alors peut-être suis-je née à la mauvaise époque. Merci pour votre attention, je vous souhaite une bonne journée
Cette dernière quitta la salle sous un silence assourdissant. Je regardai partout autour de moi, puis je me leva à mon tour et je me dirigea vers la sortie afin de retrouver la jeune femme. Et alors que je m’apprêtais à sortir je pouvais entendre mon professeur de macroéconomie m’appeler afin de m’empêcher de sortir mais je n’y prêta pas attention et je sortis à mon tour de l’amphi à la recherche d’Adaline. Ou pouvait bien aller une femme ou même une personne lorsqu’elle pleure ? Les toilettes ! Je pris la direction des toilettes pour femme et je posa mon oreille contre la porte pour écouter si jamais je pouvais ne serait-ce qu’entendre des petits reniflements ou même tout simplement quelqu’un pleurer. Effectivement je pouvais entendre ces signes distinctif alors je pris la décision de prendre la parole pour la rassurer et pour lui parler surtout, car je ne pouvais pas la laisser dans cet état là
- Adaline ? C’est moi, c’est Antoine. Tu sais le taxi driver. Ouvre moi je t’en prie et parle-moi. Parles moi de tout ce qui te chante et redonne le moral, mais ne reste pas comme ça. Ne te rend pas malade comme ça. Je sais que c’est dur et ton livre est une bonne manière d’essayer de faire bouger les choses afin que ces pauvres africains ne souffrent plus. Mais ne pleure pas … une femme qui pleure ça perd de son charme tu sais.
J’attendais une réponse puis me vint une idée. Ce n’était peut-être pas le moment mais on ne sait jamais. J’espérais que ça allait lui redonner le moral ou du moins la faire rire
- Je veux que tu saches J´irai chercher ton cœur si tu l´emportes ailleurs Même si dans tes danses d´autres dansent tes heures J´irai chercher ton âme dans les froids dans les flammes Je te jetterai des sorts pour que tu m´aimes encore Je trouverai des langages pour chanter tes louanges Je ferai nos bagages pour d´infinies vendanges Les formules magiques des marabouts d´Afrique J´les dirai sans remords pour que tu m´aimes encore
Je me dirige en dehors de la salle de conférence sans vraiment réfléchir. La conférence a fait remontrer en moi de vieilles émotions enfouies, et je les sens monter sans que je puisse les arrêter. Je cherche rapidement les toilettes, que je trouve avec peine et misère. Je referme la porte derrière moi et barre à double tour.
Je m’écrase de tout mon long contre la porte et je replis mes jambes contre mon corps fiévreux. Je me sens faible, étourdie et affamée. Cela fait plusieurs jours que je ne dors pas, et la conférence vient de brûler les dernières réserves d’énergie que j’avais. Mais derrière l’extrême fatigue qui vient s’abattre sur moi en un instant, se cache le visage d’Isabelle qui me sourit. J’ai menti durant la conférence. J’ai menti, car c’était la chose la plus facile à faire. Ce n’est pas moi qui est allé en Afrique, j’étais trop jeune à l’époque pour pouvoir faire cet échange. Ce livre n’est pas une autobiographie, pas la mienne en tout cas.
Je sens mes mains trembler. Je connais l’intention de Richard derrière ce voyage. Je sais qu’il voudrait que je fasse le deuil d’Isabelle, et il croit que cette conférence serait une façon de lui dire au revoir. Mais elle n’avait pas le droit de me quitter, et je lui en voudrai toujours pour cela. Elle n’avait pas le droit de me quitter pour aller rejoindre ce garçon qui ne faisait même pas parti de notre famille. Ce garçon qui est mort de faim.
J’entends des bruits de pas, et une voix réconfortante derrière la porte.
- Adaline ? C’est moi, c’est Antoine. Tu sais le taxi driver. Ouvre moi je t’en prie et parle-moi. Parles moi de tout ce qui te chante et redonne le moral, mais ne reste pas comme ça. Ne te rend pas malade comme ça. Je sais que c’est dur et ton livre est une bonne manière d’essayer de faire bouger les choses afin que ces pauvres africains ne souffrent plus. Mais ne pleure pas … une femme qui pleure ça perd de son charme tu sais.
Un sourire m’échappe, mais je préfère garder le silence. Je ne veux pas qu’il sache que je suis là. Je veux simplement m’écraser et m’endormir. Dormir dans les bras d’Isabelle, loin de tous ses Français et de la réalité. Parce que la réalité fait mal, les mensonges sont plus doux. Si doux…
- Je veux que tu saches J´irai chercher ton cœur si tu l´emportes ailleurs Même si dans tes danses d´autres dansent tes heures J´irai chercher ton âme dans les froids dans les flammes Je te jetterai des sorts pour que tu m´aimes encore Je trouverai des langages pour chanter tes louanges Je ferai nos bagages pour d´infinies vendanges Les formules magiques des marabouts d´Afrique J´les dirai sans remords pour que tu m´aimes encore
J’écoute Antoine chanter, comme une berceuse pour mon âme meurtri. Je connais cette chanson par cœur, mais l’entendre maintenant, alors que je me sens déjà impuissante, cela fait monter en moi des émotions contradictoires que je peux contrôler. Des larmes coulent sur mes joues, en silence. Je suis un tourbillon de colère et de tristesse, de remords et de ressenti. Mais les larmes qui coulent sont de plus en chaudes, ou est-ce mes joues qui le sont ? Je le laisse terminer, une colère froide montant en moi. Antoine n’a aucune idée de l’effet de cette chanson sur moi, et je sais qu’il tentait de me remonter le moral. Mais elle eut l’effet contraire, et je ne peux m’empêcher d’échapper un long grognement rauque suivi d’une quinte de toux et de larmes. Je tente de me calmer, de me raisonner mais j’ai la tête qui tourne et les idées embrouillées. Isa n’aurait jamais dû me quitter, elle n’aurait jamais dû succomber aussi facilement. Son fardeau, elle me le fait porter depuis des années. Je suis lasse d’elle, de ses souvenirs gravés dans son journal. Je suis lasse de me rappeler d’elle et d’être tout à l’envers. Je voudrais qu’elle revienne pour me bercer comme seule ma grande sœur savait le faire.
« Antoine, as-tu déjà perdu quelqu’un au point que cette personne hante tes jours et tes nuits ? J’ai menti pendant la conférence, ce n’est pas les africains qui me rendent aussi triste. J’ai des chimères, mais mes chimères refusent de me quitter et c'est ce qui me fait aussi mal. »
Je réussi à me relever, prise de vertiges. Je me regarde dans le miroir, et remarque que mes joues sont roses mais mon teint pâle. Je semble mal en point, et sur le point de m’évanouir. Je commence à faire couler de l’eau pour tenter de me refroidir. Je débarre la porte pour laisser Antoine entrer, et je bois une bonne quantité d’eau à même le robinet. Je m’étouffe au passage.
« J’aimerais être un Dieu. J’aimerais être un Dieu pour lui dire « Je t’aime » une dernière fois. »
Je ferme le robinet, les mains tremblantes. Je ne vais pas bien. Je suis en choc émotif. Je n’ai pas mangé, je suis probablement en hypoglycémie et en déshydratation. En plus d’un manque de sommeil dû à mon insomnie. Mais alors que je relève la tête pour observer la silhouette d’Antoine s’approcher de moi, je commence à voir des taches noires. Je réussi à avertir Antoine, sachant très bien ce que cela veut dire. J’ai eu plusieurs épisodes semblables ces dernières années étant donné que je m’alimente mal.
« Je crois que je vais m’évanouir… »
Et comme de fait, le monde s’évapore comme un rêve sous mes yeux brouillés de larmes
Après avoir chanté la suite de la musique de Céline Dion qu’Adaline m’avait chanté tout à l’heure « Pour que tu m’aimes encore », je pensais pouvoir la calmer et lui arracher un sourire mais de ce que j’entendais, ce n’était vraiment pas le cas, puisque je pouvais ouïr des sanglots de plus en plus fréquents et de plus en plus forts. Je m’en voulais énormément car en pensant la réconforter, j’ai empiré les choses carrément, puisqu’à présent elle toussait fortement tout en pleurant de plus en plus. Je serrais les dents ainsi que les poings que je posais sur la porte en réfléchissant à ce que je pouvais faire. Mais à vrai dire, peut être que je ne devrais rien faire du tout puisque j’empire la situation plus qu’autre chose. Alors que je tournai en rond devant la porte en attendant qu’elle m’ouvre, je l’entendis prendre la parole et me parler
- Antoine, as-tu déjà perdu quelqu’un au point que cette personne hante tes jours et tes nuits ? J’ai menti pendant la conférence, ce n’est pas les africains qui me rendent aussi triste. J’ai des chimères, mais mes chimères refusent de me quitter et c'est ce qui me fait aussi mal.
Sa question me glaça le sang et mon visage se pâlit immédiatement. Heureusement que la porte était fermé car elle aurait tout de suite sû que quelques choses clochait chez moi. Je sais que c’est égoïste de ma part de ne pas parler de cette chose-là aux autres, quand ceux-ci se livrent à moi en me parlant de toutes leur souffrance, mais je n’aime pas en parler dans un premier temps car ça me rappelle constamment que Jake n’est plus là à mes côtés et aussi je n’aime pas les regards de pitié que peuvent avoir les gens quand ils sont au courant. C’est pour ça que je n’en parle pas, car au moins personnes ne joue de rôle et chacun dit ce qu’il pense sans avoir peur de pouvoir blesser le pauvre Antoine qui a déjà perdu son frère. Je ne répondis pas à sa question dans l’immédiat puis je revins à moi-même et sans paniquer je m’exclama, afin qu’elle ne puisse pas sentir à travers ma voix que je suis en train de lui mentir
- Non Adaline je ne sais pas ce que ça fait puisque je n’ai jamais perdu quelqu’un … Je pense que ça doit être très dur à vivre et je comprends ta réaction, mais ouvre moi la porte.
Je pense que j’ai été convaincant car j’ai moi-même cru à mon mensonge. Je peux l’entendre de l’autre côté de la porte en bois se relever, puis déverrouiller la porte et c’est alors que je m’empresse de rentrer pour remarquer l’ampleur des dégâts que j’ai causé. Je la regarde dans les yeux, et ces derniers sont gorgés de sang, signe qu’elle a énormément pleuré et je ne peux que me sentir coupable de cela. Puis elle se met à boire afin de se désaltérer et elle passe même à deux doigts de s’étouffer alors je pose ma main sur son dos - Attention ne t’étouffe pas …
Puis elle prend la parole de nouveau
- J’aimerais être un Dieu. J’aimerais être un Dieu pour lui dire « Je t’aime » une dernière fois.
Dans ces paroles je peux sentir l’impuissance ainsi que bien évidemment le manque de la personne qui est parti. Elle est faible et je peux le voir à sa manière d’agir. Elle a du mal à fermer le robinet, ses mains commencent à trembler toutes seules. En sentant que ça ne va pas je me rapproche d’elle au cas où quelque chose de mauvais se produise mais aussi pour l’empêcher de faire quelque chose de stupide et cette dernière me regarde mais je peux voir qu’elle n’est plus vraiment là non plus
- Je crois que je vais m’évanouir…
Effectivement cette dernière commence à perdre conscience et je la rattrape avant qu’elle ne s’affale par terre. Rapidement je la mets dans mes bras et je sors des toilettes, ainsi que de la faculté. J’allais rater des cours extrêmement important pour moi et cela pourrait m’empêcher de valider mon année, mais je devais prendre soin d’elle. Si elle était dans cet été je n’y étais pas pour rien alors je lui devais bien ça et dans tous les cas je ne peux pas la laisser dans les toilettes inconsciente.
Une fois arrivée à ma voiture, je la pose sur le siège passager sans oublier de boucler sa ceinture pour pas qu’elle tombe la tête la première contre le tableau de bord. Et moi de mon côté je prends le volant, je mets le contact et je commence à sortir de mon espace de stationnement, et cette fois ci je roule un peu comme Dom alias Vin Diesel dans « Fast and Furious ». Habituellement je roule normalement tout en respectant les limitations de vitesse mais là non. Lorsque le feu est à l’orange je ne m’arrête pas et au contraire j’accélère. Vraiment j’adopte la méthode des gros cons sur Paris, mais moi aussi c’est urgent. Avec de la chance je ne me suis pas fait flashé ou alors je n’ai pas vu et pas plus conventionné par les gendarmes donc c’est une bonne chose au final et tout le monde est gagnant.
Rapidement je sors Adaline de la voiture en le portant et j’ouvre la porte de ma maison. Mes parents ne sont pas là puisqu’à cette heure-ci ils sont au boulot tous les deux. Je la monte dans chambre et une fois dedans je la couche sur mon lit. Je vais mouiller ensuite un gant de toilettes avec de l’eau et je le lui pose sur le front, puis je descends à la cuisine pour lui ramener de quoi manger lorsqu’elle aura repris ses esprits ainsi qu’une boisson chaude pour qu’elle puisse se réchauffer le corps puisqu’elle tremblait tout à l’heure. Je lui ai donc ramené la boite de gâteau que l’on sort au gouter ainsi qu’un thé à la menthe bien chaud que j’ai posé sur la table de chevet, en espérant qu’elle ne se réveille pas trop tard afin que le thé ne refroidisse pas car après c’est vraiment pas bon à boire. Au pire des cas je lui en referai un, je ne suis pas à un sachet de thé prêt.
Une odeur de thé à la menthe et de biscuits me monte tranquillement au nez. Je prends de grandes inspirations pour en sentir les flagrances, et le bat plusieurs fois les paupières avant d’ouvrir les yeux pour de bon. Je me retrouve à fixer un plafond qui m’est inconnu, couchée sur un lit trop moelleux pour être le miens.
Je tourne doucement ma tête sur le côté, pour apercevoir un jeune homme au regard inquiet qui me scrute. Et là, tout me revient. Je retourne ma tête vers le plafond et je prends une grande inspiration. J’avais toujours le don de faire des grosses scènes et de me ramasser dans des situations embarrassantes. Mais avant que je ne puisse penser à la façon de m’excuser, ou de trouver un autre mensonge pour couvrir mes fabulations dans la salle de bain, mon ventre se met à gargouiller violement. Je réalise maintenant à quel point j’ai faim, et je me tourne sur le ventre pour attraper la boite de biscuits que je cache entre mes bras. Pourquoi être sérieux, hen?
Je mange plusieurs biscuits d’affilé, et la bouche sèche je prends une gorgée du thé à la menthe qu’Antoine m’a préparé. Je le remercie intérieurement et je me promets de faire quelque chose pour lui en échange. Une fois la boite de biscuits vide, je regarde Antoine en exagérant mon soupir.
« Merci pour le thé et les biscuits, je crois que tu m’as sauvé la vie! J’allais finir par mourir de faim! »
Je lui fais un sourire timide. J’ai de la difficulté à détendre l’atmosphère après ce que je lui ai dit, et je suis certaine qu’il va me poser des questions. Je tente de trouver des alternatives, mais la seule que je trouve me semble boiteuse.
« Désolé pour mon comportement de tantôt, je crois que l’hypoglycémie m’a joué des tours. L’eau en France a un goût étrange aussi, vous devez tous en être affecté. »
Je crois que j’ai poussé ma blague trop loin, mais je me tente tout de même. Je n’ai pas le goût de parler d’Isabelle, et tous les moyens sont bons pour éviter qu’il revienne sur le sujet. Doux mensonges, mes chers amis.
Je tente de m’assoir, et malgré des étourdissements, j’y parviens. Je m’appuis contre le mur de sa chambre et j’inspire le parfum du thé à la menthe en le tenant de mes deux mains. J’observe la réaction d’Antoine, intriguée par sa personnalité.
« T’es un prince charmant, n’est-ce pas? Tu cours à la détresse des princesses et tu les sors des griffes des méchants dragons. »
Je souris en tentant de ne pas rire, et je bois une gorgée de thé pour camoufler mon amusement.
« Antoine, chasseur de dragon et chauffeur de taxi. Ça te va bien! Je pourrais en faire un livre! »
Je ne peux m’empêcher un fou rire, encore un peu embrumée par l’hypoglycémie et la fatigue.
« Avoir su que je n’avais qu’à m’évanouir pour me retrouver chez un garçon je l’aurais fait plus souvent! »
Je tente de paraitre sérieuse, mais je finis par prendre une autre gorgée de thé pour m’empêcher de rire. Je me sens déjà mieux, loin de mes pensées. J’ai une personnalité changeante, mais c’est ce qui fait mon charme.
« Je meurs encore de faim! Qu’est-ce que tu dirais que je te montre ma spécialité en cuisine? Tu mérites bien que je me force un peu pour toi !»
J'accentue mon accent québécois, ce qui fait en sorte que mon "toi" devient "Toé". J’attends sa réponse, un sourire collé au visage et un regard taquin.
Alors que j’étais assis sur le lit tout en gardant un œil sur Adaline, je ne pouvais pas m’empêcher de me sentir fautif pour ce qui vient de se passer. Peut-être pas à 100% c’est une certitude, mais je l’étais quand même et ça m’embêtait d’avoir joué un rôle dans sa perte de conscience. Cela ne change rien à ce que j’ai fait car je l’aurais ramené chez moi dans tous les cas, mais j’étais responsable de son état actuel. Quelques minutes plus tard, la jeune femme se réveilla doucement en commençant par ouvrir les yeux, puis en regardant un peu partout surement perdu puisqu’elle se retrouve dans un endroit qui lui était inconnu. Elle tourne la tête et me regarde, et je la supervise avec un regard inquiet. Regard que je perds lorsque je la vois respirer ou plutôt soupirer tout en regardant le plafond. Elle allait mieux et j’étais rassuré. J’avais plein de question à lui poser, mais pour le moment je ne comptais pas lui parler des sujets qui fâchent puisque ce sera mal de ma part de remuer le couteau dans la plaie et je n’aimerai pas qu’on en fasse de même pour moi.
Je pouvais entendre son ventre gargouiller et cela me faisait rire. Rapidement elle comprend qu’elle doit se nourrir car elle est très faible, alors elle se place sur le ventre afin d’attraper la boite à biscuit et la placer entre ses mains. Cela me faisait une fois de plus rire car elle me faisait penser un peu à l’image qu’on a des ours dans les dessins animés avec leur bocaux de miel entre les pattes, et c’est exactement ce que faisait Adaline mais avec une boite de biscuit. Entre quelques biscuits mangés, cette dernière boit une gorgée du thé à la menthe que je lui ai préparé et ça me faisait plaisir de la voir prendre des forces. En quelques minutes elle avait boulotté tous les biscuits qui étaient dans la boite. Un vrai goinfre. Puis elle posa son regard sur le mien et soupira très fort avant de prendre la parole
- Merci pour le thé et les biscuits, je crois que tu m’as sauvé la vie! J’allais finir par mourir de faim !
Elle était toute mignonne et innocente là à me remercier comme si j’avais fait quelque chose d’extraordinaire alors qu’au final quand on y réfléchit bien, il n’y a rien de fabuleux dans ce que j’ai bien pu faire. D’ailleurs elle me fit son petit sourire comme pour se faire oublier et je lui répondis à mon tour - Je t’en prie ce n’est rien ce que j’ai fait et c’est normal de le faire. En plus ça me fait plaisir
Je voulais lui dire que je lui devais bien ça parce que je suis celui qui l’a mise dans cette état là, mais cela nécessiterait de reparler de ça et de possiblement faire ressurgir une once de souffrance à l’égard d’Adaline et je ne voulais pas ça.
- Désolé pour mon comportement de tantôt, je crois que l’hypoglycémie m’a joué des tours. L’eau en France a un goût étrange aussi, vous devez tous en être affecté.
Elle était incroyable à toujours s’excuser alors qu’il n’y avait pas lieu, mais en revanche j’avais vu juste et elle ne voulait pas parler de ce qu’il s’est passé donc je pris la décision d’aller dans le même sens qu’elle et de ne pas l’obliger à parler de chose comme ça alors qu’elle n’en a pas envie
- Tu n’as pas à t’excuser pour ça, tu n’as rien fait de mal tu sais. En revanche, en ce qui concerne l’eau, c’est toi qui a un souci. En plus tu ne sais pas boire
Je rigolais à gorge déployé dans la chambre, et elle de son côté essayait de se relever et elle y arriva d’ailleurs. Avec un peu de mal certes, mais elle l’avait fait. Elle prit ensuite appui avec son dos et ses fesses sur le mur et respirais ensuite l’odeur de la menthe qui émanait de sa tasse et ceci me faisait légèrement sourire. La voir beaucoup plus en forme qu’avant suffisait amplement à mon bonheur pour le moment. Cette dernière lorsqu’elle était bien en place me fixait du regard puis pris la parole alors que le silence régnait suite à leur jeu de regards
- T’es un prince charmant, n’est-ce pas? Tu cours à la détresse des princesses et tu les sors des griffes des méchants dragons.
Elle sourit à sa petite blague et moi aussi par la même occasion et elle prit une autre gorgée de son thé
- Je suis un prince charmant qu’avec les princesses qui le méritent, sinon je les laisse se faire carboniser par les dragons.
- Antoine, chasseur de dragon et chauffeur de taxi. Ça te va bien! Je pourrais en faire un livre!
Cette dernière éclate littéralement de rire et je souris à mon tour
- Je rêve ou tu serais en train de te moquer de moi sans t’en cacher et en plus juste devant mes yeux ?
- Avoir su que je n’avais qu’à m’évanouir pour me retrouver chez un garçon je l’aurais fait plus souvent!
Cette fille était complétement décalée mais ça ne me dérangeait pas, bien au contraire ça m’apaisait. De son côté elle ne pouvait s’empêcher de sourire aux conneries qu’elle sortait et pour ne pas rire elle buvait son thé en toute tranquillité l’air de rien. - Je meurs encore de faim! Qu’est-ce que tu dirais que je te montre ma spécialité en cuisine? Tu mérites bien que je me force un peu pour toi !
Elle me regarda avec un grand sourire et un regard taquin mais assez charmeur dans le même temps et je dois avouer que cela ne me dérangeait pas, bien au contraire - Pas de problème je suis pour cela …
Je m’approche d’elle délicatement et lui murmure dans l’oreille
- Mais je vais t’aider à cuisiner
Alors qu’ils descendaient pour aller à la cuisine, je pris Adaline sur ses épaules afin de descendre les marches et à mon tour je la taquinai
- Je n’ai pas envie que tu te casses une jambe en tombant tu vois bien donc je prends mes précautions
Alors que nous étions à la cuisine je sortais les casseroles et je lui demandai ce qu’elle comptait me faire et alors que je me mis à ouvrir le frigo je sentis sa main dans la mienne
J’aime bien l’attitude d’Antoine. Il me fait penser à un chat, patient, qui attend une souris trop excitée. Attends, est-ce que je suis la souris? Eh…
Je ne comprends pas très bien la chimie que je ressens avec lui. Après tout, je viens tout juste de le rencontrer. Mais il dégage quelque chose d’attirant, et de rassurant. J’aime le fait qu’il soit capable de répondre à mes conneries, et cela m’encourage encore plus. Je me sens hilarante, et j’adore la sensation. Comme une petite fille qui vient tout juste découvrir un nouveau jeu. J’aime prendre la vie comme un jeu, et Antoine entrait parfaitement dans cette partie de ma personnalité. Prendre les choses à la légère, avec un brin d’humeur aide à gérer les situations, et c’est un mécanisme de défense que j’ai appris à utiliser au fil des années.
Alors, impatiente, j’attends son approbation pour descendre à la cuisine. Il m’observe et je l’observe, comme deux animaux de zoo à travers une vitrine.
- Pas de problème je suis pour cela …
Mon cœur fait un bon et se presse doucement. L’élan de joie qui s’empare de moi est spontané et, du moins je le trouve, exagéré. Pourquoi suis-je aussi contente qu’il veuille que je lui fasse à manger ? Pour passer plus de temps avec lui ? Parce que cela signifie qu’il ne met pas en dehors de chez lui maintenant que je me sens relativement mieux ? Et si ses beaux yeux voyaient quelque chose que je n’avais pas vu ? Et si…
Je me perds dans mes idées, quelque chose qui m’arrive souvent. Ayant un esprit très vagabond, il m’arrive fréquemment d’entrer dans ma bulle et de me perdre dans les vagues de mes pensées hyperactives. Pour cette raison, je sursaute lorsqu’Antoine me chuchote à l’oreille. Je peux sentir ses cheveux contre ma joue, ce qui provoque un énorme frisson dans mon corps. Il sent bon…
- Mais je vais t’aider à cuisiner
Pour une raison que j’ignore, ce qu’il me dit déclenche une violente réaction dans mon corps. Mon bas ventre me brûle quelques instants. Je me mords la lèvre inférieure, coupable. Je ne devrais pas ressentir ce genre de choses envers d’autres hommes que Gabriel…Mais il est vrai que cela fait longtemps que je n’ai rien fait avec Gabriel, alors je peux comprendre la réaction de mon corps. Peut-être que ce voyage allait pouvoir m’aider à faire une action que je n’ose pas faire depuis quelques mois…Peut-être que cela pourrait m’aider à…Mais je me perds encore.
Je décide de suivre Antoine qui s’est déjà engagé dans l’escalier. Mais mon pas maladroit me fait trébucher, et sans hésiter celui-ci me prend sur ses épaules. Je hausse les sourcils, surprise mais pour le moins satisfaite. Il était fort sous ses vêtements, ce qui provoque une autre onde violente dans mon corps. Je me maudits intérieurement d’être autant attiré par lui.
- Je n’ai pas envie que tu te casses une jambe en tombant tu vois bien donc je prends mes précautions
Je ne peux pas m’empêcher d’avoir un rire quelque peu gêné, et je sens mes joues devenir chaudes. Il me fait de l’effet, et plus que je le pensais. Pour dissiper quelque peu mon malaise, je tente une blague
"Tu devrais étamper ‘’Prince charmant à la rescousse’’ dans ton front, tu pourrais conquérir quelques filles comme ça…"
Mais je ne suis pas crédible, ma voix est basse et chaude. Mes joues sont chaudes, mon corps est chaud. Et puis merde, que me faisait-il comme effet exactement ? Même avec Gabriel, cette sensation n’avait jamais été aussi forte. Il faut avouer qu’en dehors de Gabriel, je n’ai jamais couché avec personne. Je suis une fille de la vieille école, il faut dire. Ce que je ressens présentement est nouveau pour moi, et je ne peux m’empêcher d’éprouver une certaine curiosité face à cette sensation. Mes idées commencent à s’embrouiller, mais pas pour les mêmes raisons qu’après la conférence…Non, vraiment pas pour les mêmes raisons.
Il me dépose une fois que nous sommes dans la cuisine, et je le regarde s’avancer et ouvrir son frigidaire. Il me demande ce que j’ai prévu lui faire à manger, mais mes pensées sont ailleurs…Dans ses bras musclés…Et voilà, c’est reparti je m’égare une fois de plus. Je secoue la tête pour tenter de reprendre mes esprits, et je m’approche de lui pour finalement glisser ma main dans la sienne. Je ne veux pas me battre contre ce que je ressens présentement, ça c’est la première certitude que j’ai aujourd’hui.
« Hmmm, voyons voir ce que tu as… »
Je regarde rapidement son frigidaire et réalise que c’est un frigidaire qui ne convient pas vraiment à la recette que j’avais prévu.
« Ça risque d’être compliqué de faire ce que je veux faire, tu n’as pratiquement aucun légume ! Et je suis végétalienne alors les légumes c’est âme sœur ! »
Je dessine des ronds dans la paume de sa main.
« Voyons voir ce que tu as dans tes armoires… » Je prends la liberté de fouiller ses armoires, ou je découvre les aliments nécéssaire pour faire du hummus. Je le regarde, tenant ma boite de pois chiches devant moi, triomphante.
« Je sais ! Nous allons faire du hummus ! » Je retourne vers son frigidaire pour sortir un bocal d’olives, du tahini et quelques autres articles.
« Si tu veux absolument m’aider, tu pourrais utiliser ton corps d’athlète pour me trouver un mixeur. Et par la suite, tu pourrais me raconter quelque chose de toi, que j’arrête de croire que tu es un prince charmant sorti d’un conte de fées. Je n’aime pas les contes de fées, il y a toujours un revers à l’histoire. » Je commence à ouvrir la boite de pois chiches et les rincer.
« Je peux commencer si tu veux. Présentement je suis sans abris, je loge dans une auberge non loin d’ici car mon éditeur a hormis de planifier des hotels. J’ai l’intention de prêter ma voix pour me faire un peu d’argent…Parce que la prostitution c’est pas trop mon truc… » J’attends de voir comment il prend ma blague. Je me risque dans un humour sarcastique, qui en réalité fait beaucoup plus parti de ma personnalité que l’humour « léger ». Je lève rapidement les yeux vers Antoine, je sais qu’il a compris ce que je voulais dire derrière mon sarcasme, car je vois une lueur traversé ses yeux. Je m’en mords les lèvres, et j’échappe la canne vide par terre. Elle résonne sur le sol et roule quelques mètres plus loin. Je ne me penche pas pour la ramasser. Mon regard est figé dans celui d’Antoine, alors que je tiens mon bol de pois chiches.
Ce moment de suspens dure trop longtemps à mon goût, alors je secoue rapidement la tête et je me presse de mettre les pois chiches dans le mixeur. J’ajoute les olives, l’eau, le tahini et quelques épices. Et je pars le mixeur, à mon grand soulagement. Le bruit de l’appareil me remet les idées un peu au clair, et c’est à ce moment que je réalise qu’Antoine n’est plus devant moi. Je le cherche rapidement du regard, avant de sentir son souffle dans mon coup. Je retiens ma respiration quelques secondes.
« Il faudrait du pain naan pour le hummus. J’ai oublié de te demander si tu en avais… »
Mais le pain naan n’est pas ma première préoccupation.
Quand je descendais les escaliers je pouvais sentir son souffle dans mon cou, ainsi que son corps chaud collé au mien. Cela ne me dérangeait pas mais je me demandais surtout ce qu’elle avait pour avoir le corps aussi chaud que cela. Cela doit surement être dû à son malaise et au fait qu’elle ait bu son thé qui était bouillant, ça ne pouvait pas être moi. En revanche il est vrai qu’une fois dans la cuisine elle semble assez bizarre et même ailleurs. Je ne sais pas ce qu’elle a mais j’espère que ce n’était rien de bien trop important, puis elle glisse sa main dans la mienne comme si de rien n’était et je la regarde. Non pas que cela me dérange, simplement que ça me surprend puisque je ne m’attendais pas à ça. Je la laissais placer sa main dans la mienne sans rien dire puis elle se concentra sur le contenu en lui-même du frigo
- Hmmm, voyons voir ce que tu as…
En un rapide coup d’œil elle vérifie ce qu’il contient avant de me regarder dans les yeux
- Ça risque d’être compliqué de faire ce que je veux faire, tu n’as pratiquement aucun légume ! Et je suis végétalienne alors les légumes c’est âme sœur !
J’aime les légumes mais de là à dire que c’est l’âme sœur, il ne faut pas pousser mémé dans les orties. Je la laissai faire ce qu’elle voulait du coup, et elle commença par me faire des sortes de papouilles dans la main en y dessinant des petits ronds avec son pouce
- Voyons voir ce que tu as dans tes armoires…
Elle se dirigea vers les armoires qui se situaient juste en face du frigo. Et elle fouilla dedans afin chercher quelques choses qu’elle pourrait bien faire à manger. Elle sort de ces dernières une boite de pois chiche avec un grand sourire sur son visage comme si elle venait de gagner la Coupe du Monde et je dois avouer que je commence à avoir peur. Qu’est ce qu’elle compte me faire là ? Elle veut me tuer ou quoi ? En plus les pois chiche ça fait péter et tout donc bon ce n’est pas le top.
- Je sais ! Nous allons faire du hummus !
Rien que le nom de son plat ne me mettait absolument pas en confiance. Et de plus je ne pouvais pas en placer une seule puisqu’elle était à fond dans son monde en ce moment même. Elle va ensuite dans le frigo afin d’en sortir un bocal d’olive et d’autres choses que je ne connaissais même pas. Je vais faire une intoxication alimentaire avec tout ça moi
- Si tu veux absolument m’aider, tu pourrais utiliser ton corps d’athlète pour me trouver un mixeur. Et par la suite, tu pourrais me raconter quelque chose de toi, que j’arrête de croire que tu es un prince charmant sorti d’un conte de fées. Je n’aime pas les contes de fées, il y a toujours un revers à l’histoire.
Je lui fis un sourire et j’exécutai la tâche ingrate qu’elle venait de me demander de faire. Alors je cherchais dans les armoires se trouvait accrochait au mur juste à côté du frigo afin d’en sortir le mixeur de ma mère. Dans le même temps elle me parla d’elle.
- Je peux commencer si tu veux. Présentement je suis sans abris, je loge dans une auberge non loin d’ici car mon éditeur a hormis de planifier des hôtels. J’ai l’intention de prêter ma voix pour me faire un peu d’argent…Parce que la prostitution ce n’est pas trop mon truc…
Elle n’avait nulle part où dormir donc si ce n’est cette vieille auberge de jeunesse et je ne pense pas que ce soit le top, surtout vu les spécimens qu’il y a ici. Peut-être devrais-je lui proposer de rester dormir ici le temps de son séjour en France. En revanche sa petite blague sur la prostitution me fit légèrement sourire et je levai la tête afin de la regarder dans les yeux avec un petit regard malicieux. Et tout à coup elle laissa tomber sa boite de pois chiche vide par terre, et elle n’eut aucune réaction si ce n’est de se perdre dans mes yeux et par ailleurs je m’autorisai de faire la même chose aussi. Mais elle était plutôt gêné et mis ses pois chiche et tous les autres ingrédients dans le mixeur avant de le lancer. Le bruit phénoménal que faisait le mixeur lui fit perdre quelques peu les pédales puisqu’elle ne savait plus vraiment ou elle était. Moi de mon côté je ramassa la boite vide avant de la poser sur le plan de travail, et dans le même temps je me rapprochai d’Adaline et je me mis derrière elle. Au début elle ne dit rien puis elle fut prise de panique et commença à s’agiter dans tous les sens
- Il faudrait du pain naan pour le hummus. J’ai oublié de te demander si tu en avais…
Je posa mes mains doucement sur ses hanches et je lui murmurai que j’avais bien du pain frais mais que ce n’était pas notre priorité tout de suite. Rapidement je la retournai tout en délicatesse afin qu’elle se retrouve en face de moi. J’approcha doucement ma tête de la sienne tout en gardant les mains sur ses hanches et je l’embrassa fougueusement tout en lui mordillant la lèvre
- C’est pas plus intéressant cela tu penses ?
Je lui souris avant de la porter et que cette dernière place ses jambes autour de ma taille tout en continuant à s’embrasser. Alors que j’étais en train de l’embrasser je me demandais bien ou est ce que je pourrais l'amener pour l'éblouir. Au rez de chaussée il y avait la cuisine dans laquelle on était déjà actuellement avec la table en plein milieu de la carré et la hôte ainsi que le frigo et les plaques chauffantes. C’était une belle salle pas non plus impressionnante. Il y avait le salon qui était spacieux avec le grand canapé rouge qui était en face de la télé et qui se trouvait près de la cheminée, mais je ne sais pas non plus si cela était une bonne idée puisqu’il y avait en soit rien de fabuleux, ça restait un salon basique. Il y avait dans la pièce juste à côté la salle à manger, mais il n’y avait rien d’exceptionnelle si ce n’est une grande table à ne plus en voir la fin. A l’étage il y avait les chambres dont la mienne qu’elle connaissait déjà puisqu’elle y était tout à l’heure, puis une idée de génie me vint à l’esprit. Il y avait la salle de jeu dans laquelle il y avait un canapé ainsi qu’une petite surprise qui pourrait lui plaire surtout qu'elle était chanteuse donc ça pourrait effectivement lui plaire. Je passais mes mains dans ses cheveux doucement en prenant soin de ne pas les tirer et les arracher et je l’emmenai à l’étage dans la salle de jeu. Cette salle se trouvait juste à côté de ma chambre et elle était très bien cloisonner de manière à ce que le son ne sorte pas d’ici et ne dérange pas.Je la déposa sur sol et avant d'ouvrir la porte je lui banda les yeux avec mes mains
- Il y a une surprise pour toi.
En soit dans la salle il n’y avait rien si ce n’est un canapé vert pour se mettre à l’aise et un piano noir en plein milieu. De plus c’était une salle relativement sombre avec une fenêtre juste à côté du piano. Mais justement il y avait le piano et étant une chanteuse cela pourrait lui plaire si elle est musicienne aussi
- Voilà pour toi.
J'enleva mes mains de devant ses yeux afin de les poser sur ses hanches doucement en attendant une réaction de sa part. J'espérais avoir frappé juste et l'avoir surprise dans le bon sens du terme
Je sens ses mains se poser doucement sur mes hanches, et j’exhale tranquillement. J’éteins le mixeur, car j’appréhende la suite. J’ai peut-être été trop directe avec lui, et maintenant il va espérer des choses de moi…Je commence à paniquer intérieurement. Je n’ai aucune expérience avec les garçons en dehors de Gabriel, et Gabriel est plutôt un type doux. Alors, quelque chose comme ça… Ma respiration est saccadée, et mes mains deviennent moites en quelques secondes seulement. Avant que je puisse lui dire que je ne me sentais pas très à l’aise dans cette position, elle me tourne pour lui faire face. Je me sens petite et impuissante ainsi prise dans ses bras, et ma tête tente de me dire que ce n’est pas bien, alors que mon corps réagit fortement au sien. Je ne suis qu’une mare de confusion, et son baiser me prend par surprise. Ce n’était pas le style de baiser sur le bord d’une plage au soleil couchant, mais plutôt un baiser passionné et langoureux comme je les décris dans les livres. Ouahhh, j’en ai le souffle coupé et je ne peux m’empêcher de rire entre ma barbe lorsqu’il me dit
- C’est pas plus intéressant cela tu penses ?
Oui, c’est certainement plus intéressant…Mais je doute toujours du bienfondé de la chose. Ayant toujours été plus préoccupé par mes bouquins et mes études que par les garçons, j’ai un terrible manque de compétences dans ce domaine. Bien que Gabriel m’ait dit que j’embrassais bien, personne ne m’avait déjà embrassé comme Antoine venait de le faire. Et je dois l’avouer, cela me fait peur autant que cela m’excite. J’aimerais lui dire quelque chose du genre « Hyyya Cowboy, monte-moi comme un grand étalon »…Et puis, j’ai l’autre côté de moi qui se refuse à de tels propos. Je suis un démon dans un corps d’ange… Ou plutôt…Un dragon dans un corps de princesse ? J’aimerais bien que mon dragon intérieur prenne le dessus, mais la gentille petite princesse garde la première place, la tête haute alors que le dragon se noie la tête première dans un lac pour étouffer son feu. Qui est-ce que je devrais écouter ? Je n’en sais rien, et cela va sans dire que ça me trouble encore plus.
Antoine ne me laisse pas le temps de pousser cette réflexion plus loin, car il m’embrasse de plus belle. Par instinct, je m’agrippe à lui avec mes jambes, ce qui accentue la pression que je ressens dans mon entre-jambes. J’échappe un certain gémissement timide qui me glace le sang. Mon dragon danse alors que ma princesse se cache les yeux. L’effet qu’Antoine a sur moi me sidère, et j’espère en mon fort intérieur qu’il comprenne mon incertitude et qu’il ne pousse pas les choses trop loin. Mais ses lèvres m’attirent, et je ne peux m’empêcher de lui répondre. Je passe une main dans ses cheveux, et je laisse celle-ci dans sa nuque alors qu’il me trimbale jusqu’en haut des escaliers. Lorsque je réalise qu’il me supporte aussi facilement qu’une plume, un tiraillement me surprend une fois de plus. Putain, à ce rythme je vais finir avec un lac dans ma petite culotte… J’entends mon dragon rire et ma princesse se boucher les oreilles. Penser ce genre de choses me gêne, et je sens mon visage s’empourprer. Je n’avais jamais soupçonné que je puisse être aussi…dévergondé ? Non, ce n’est peut-être pas le bon mot.
Au lieu de me déposer, j’aurais aimé qu’il me plaque contre le mur et qu’il passe ses mains sous mon chandail…Mais la simple pensée me fait rougir de plus belle, et je me sens coupable une fois de plus. Je me sens aussi immature qu’une jeune adolescente. Je devrais savoir comment gérer de telles situations…Et pourtant…
Antoine me surpend en me couvrant les yeux de ses mains. Ce qu’il me dit fait faire un tour à mon cœur. Mais que pouvait-il bien me réserver de plus ?
- Il y a une surprise pour toi.
Je suis excitée, et apeurée à la fois. Je crois que je devrais inventer un mot simplement pour décrire cet état d’âme qui m’occupe depuis que j’ai rencontré Antoine. Depuis tantôt, en fait…
- Voilà pour toi. Il me libère, et je dois avouer que le piano me surprend. Je m’attendais à quelque chose de plus…sexuel…Quoi qu’un piano... Alors là, je m’égare encore. Je me tourne vers Antoine, éblouissante, avant de m’asseoir sur le tabouret et d’admirer le merveilleux piano qui se trouve devant moi. En quelques instants, je me retrouve seule sur une grande scène de New York, moi et ce piano. Je me permets de toucher quelques notes, et le son qui en ressort me fait vibrer. Je n’ai jamais vu un piano aussi beau, ou c’est peut-être l’euphorie du moment qui me fait penser cela. Quoi qu’il en soit, je reste pensif quelques instants avant de choisir une chanson que je pourrais bien lui jouer. Je ris intérieurement. Je ne pourrai cesser d’être moi, alors pourquoi ne pas être…Tout simplement. J’observe Antoine, qui s’est assis sur le sofa pour m’observer. Son regard se promène sur mon corps, j’en mords ma lèvre. Mais je n’aurais pas dû, car cela me rappelle notre baiser et je perds encore une fois mes moyens. Je me retourne, décidée à le faire rire un peu et j’entreprends les premières notes de « My Heart Will Go On » de Celine Dion. J’ai une façon à moi d’interpréter sa chanson en y ajoutant une note de jazz. Je me laisse emporter par la chanson, chantant comme si j’étais possédée.
Aux dernières notes, je me retourne rapidement vers Antoine, toujours possédée de cette énergie qui me transporte lorsque je chante, je lui lance un coup d’œil provocateur. Mon attitude a changé, Bowser a enfermé Peach dans le cachot, et il rit de son rire rauque dans ma tête. Je me lève d’un bond, fait une révérence avant de lui dire
« Ada, alias Peach, alias Celine, à votre service. » Et je m’approche de lui tranquillement, toujours en gardant un contact visuel. Je ne sais pas ce qui a provoqué cette assurance soudaine chez moi, mais je remercie Bowser de me prêter ses forces. J’en ai marre d’être la petite fille parfait à papa. J’en ai marre de vivre pour les autres, à leur façon et de m’exiger d’être parfaite. Je veux vivre, je veux explorer…Mais ce que je veux explorer avant tout…C’est ce corps musclé que je peux presque voir à travers ses vêtements si j’imagine très fort.
Je m’assois sur Antoine, m’assurant de ne pas appuyer tout mon poids sur ses jambes. Et sans avertir, je l’embrasse avec autant de fougue qu’il m’a démontrée dans la cuisine. J’aventure mes mains dans ses cheveux, et puis sur ses bras, sur son torse…Je m’aventure de plus en plus, découpant chacun de ses muscles avec mes doigts. Cela m’excite d’avantage. Ma culotte est un lac, je ne peux plus rien y faire.
A la vue du piano, Adaline se retourne vers moi et me fait un de ses sourires dont elle a le secret et je peux même apercevoir des étoiles dans ses yeux. Je pense que j’avais pointé du doigt quelque chose qui lui tenait à cœur et elle avait apprécié mon initiative. Je venais de marquer des points à son égard, c’était une certitude. Rapidement cette dernière s’approcha de l’instrument en question qui lui a donné ce magnifique sourire, et elle s’assit sur le tabouret qui se trouve juste devant le piano. Dans un premier temps elle test la sonorité de l’instrument à l’aide des petites touches afin d’écouter si le son qui en ressort et satisfaisant et à la vue de sa réaction je pense que cela la comble et que ça lui convient amplement. Après cela elle s’arrête de jouer quelques notes et elle regarde le plafond en pensant certainement à quelle partition jouer devant ma personne, et j’appréciais le fait qu’elle cherche car cela signifie qu’elle ne veut pas me jouer n’importe quoi juste pour jouer mais elle veut me faire passer un message, d’où le choix d’une musique en particulier. Je ne pouvais donc pas m’empêcher de sourire, et pendant qu’elle cherche quoi jouer, moi de mon côté je décide de m’asseoir dans le canapé vert qui se trouve derrière le piano. De plus je ne peux m’empêcher de regarder ses courbes parfaites, puis elle se retourne en cherchant mon regard, mais je ne le lui rends pas immédiatement étant perdu dans ses hanches.
Cela doit la perturber d’ailleurs puisque rapidement elle se retourne afin de commencer à jouer un début de partition, et la mélodie qui en ressort ne m’est pas inconnue, elle me dit quelque chose, mais sur le coup je n’arrive pas à mettre un nom sur la musique. Je me laisse emporter par ses doigts de fée qui tape sur les touches de piano, puis lorsque vint le refrain j’arrive enfin à reconnaitre la musique qu’elle était en train de me jouer. C’était une fois de plus du Céline Dion décidemment, mais ce n’était pas n’importe laquelle de cette artiste québécoise, puisqu’elle était en train de jouer à sa manière d’ailleurs « My Heart Will Go On » qui est la bande originale du film émotion de la fin des années 90 qui n’est autre que Titanic. Que voulait-elle dire par là ? Etais je Leonardo Di Caprio et elle Kate Winselt, ou alors pour rester dans le film est ce qu’elle voulait me faite comprendre que j’étais Jack et elle Rose. C’était mignon, mais ça dépend du moment du film. Si c’était pendant qu’ils sont au bout du bateau et qu’il lui donne l’impression de voler, je dis oui. En revanche si c’était au moment où il est dans l’eau glaciale et elle sur sa planche en bois après le naufrage du navire, ça ne me convient plus vraiment.
Je dois avouer qu’elle m’avait transporté, puisque je ne m’étais pas rendu compte qu’on était déjà à la fin de la partition. Je la voyais se retourner en ma direction tout en jouant les dernières notes. Et la lueur que dégageaient ses yeux était devenue totalement différente et ça commençait à devenir intéressant. La gentille petite écrivaine venait de se transformer en tigresse et ça me plaisait, le petit Salamèche venait d’évoluer immédiatement en Dracaufeu sans passer par la case Reptincel. Je ne pouvais pas m’empêcher lui lancer un petit rire dont j’ai le secret et qui rend relativement folle les femmes et ensuite je la regardais avec beaucoup d’envie avec mon regard charmeur. Mes yeux bleus perçants allaient faire le job je le savais pertinemment, et rapidement elle sauta de son tabouret sur lequel elle était installée depuis tout à l’heure tout en me faisant face et elle prit la parole
- Ada alias Peach alias Céline, à votre service
Doucement elle commence à s’approcher de moi sans rompre le contact visuel et j’aimais ça, la provocation. Elle mettait de la chaleur dans la pièce rapidement et j’avais envie de jouer avec à ce jeu qu’elle venait de mettre en place. Certes j’ai lancé la première pierre, mais là c’est elle qui prend les choses en main. La femme que j’avais devant moi en ce moment était totalement différente de celle que j’avais rencontrée dans le couloir. Elle avait beaucoup plus confiance en elle et en son charme et ce n’était pas pour me déplaire il est vrai. Mais je préférais amplement cette femme-là avec l’humour décalé de celle que j’ai rencontré précédemment. D’ailleurs sans rompre notre petit jeu de regard, elle s’assied de manière sensuelle et sexy sur moi comme le font les femmes fatales dans les films du style de James Bond. Et sans que je ne puisse faire quoique ce soit elle m’embrasse fougueusement sans demander ou même prévenir et j’aimais cette prise d’initiative. Elle passe ses mains un peu partout sur mon corps : cheveux, bras, torse, abdominaux. Je commence à la sentir de plus en plus excité et je comptais bien la rendre folle.
A mon tour je l’embrassa tout en lui mordillant sensuellement la lèvre tout en passant mes mains dans ses cheveux délicatement, avant de placer directement sur ses hanches en les passant en dessous de sa chemise bien entendu. Rapidement je commençai à lui faire des papouilles afin de lui faire perdre totalement le contrôle d’elle-même et que la jeune femme timide qui est toujours là s’envole et là laisse faire ce qu’elle souhaite dans l’immédiat au lieu de lui mettre des limites. Je gardais une main sur ses hanches en continuant à lui faire des papouilles plus douces et sensuelles les unes que les autres, mais avec l’autre je vins la poser sur ses fesses bien ferme et je me permis de saisir sa fesse avec détermination tout en la palpant fermement sans pour autant lui faire mal.
Je la regardais en souriant et je lui lécha le cou avec beaucoup de passion en me dirigeant vers son oreille et une fois sur cette partie de son corps, je lui mordilla le lobe et je commençai à la sentir se cambrer de plus en plus ainsi que frissonner. Elle était folle ou presque, et donc afin de m’assurer qu’elle craque totalement je lui susurra de manière provocatrice et très sexy dans l’oreille ces quelques mots
Je ne sais pas ce qu’il me prend tout à coup, mais mes mains bougent sans que je les commande. Antoine réponds à mes avances avec une énergie nouvelle, ce qui me fait sourire à moitié. J’aimerais qu’il me caresse, qu’il passe ses mains sur mon corps fiévreux à son contact. Il ne se fait pas prier, et il commence à me caresser les cheveux. Des frissons me parcourent le corps, et je hoche de la tête pour tenter de les dissiper. Je sens ses mains descendent le long de mon corps jusqu’à mes hanches, mais il ne s’arrête pas là. Il prend la liberté de me caresser, son contact est doux et chaud, ce qui entre en contradiction avec le reste de son corps. Je ne pensais pas pouvoir être encore plus excité que je l’étais à ce moment-là, mais c’est à cet instant que je sens une de ses mains se déplacer sur ma fesse, et lorsqu’il la presse un léger grognement m’échappe. J’aime son assurance, et c’est peut-être ce qui m’a conquis. Mais au-delà de cette façade, à travers ses caresses, je devine un côté plus sombre à mon beau prince charmant. Je ne suis pas en mesure de pousser la réflexion plus loin à ce moment, mais l’idée me traverse tout de même l’esprit. Nous ne nous connaissions pas réellement, mais j’avais l’impression de le connaitre depuis longtemps. Cette sensation me perturbe durant quelques instants, où je semble hésiter. Je ne devrais, je le sais, mais je suis incapable de ressentir de la culpabilité. L’énergie du moment me transporte et je ne sais pas comment l’arrêter.
L’audace d’Antoine ne s’arrêta pas, et je suis quelque peu surprise lorsqu’il s’aventure dans mon cou. Sa respiration chaude et rapide me donne presque des vertiges. Je sens un contact humide dans mon cou, et puis un tiraillement sur mon lobe d’oreille. Je ne peux m’empêcher de sourire face à sa créativité, et je me promets de tenter de le surprendre à mon tour. Cependant, je doute qu’il ait plus d’expériences que moi dans ce domaine, car il ne me laisse pas le temps de me remettre de mes émotions. Au contraire, il réussit à me faire perdre mes derniers moyens lorsqu’il me susurre à l’oreille
- Enlève ma chemise … j’ai chaud
Une vague de chaleur m’envahit. Putain, son ton autoritaire me fait flipper mais je décide de ne pas l’écouter. Ou plutôt, je décide de le faire patienter. J’aimerais pouvoir lui faire ressentir des émotions aussi fortes que les miennes, mais je doute que ce soit le cas. Il semble trop en contrôle à mon goût, trop confiant. Il sait qu’il me tient dans ses cordes, il sait qu’il pourrait faire n’importe quoi que je ne lui refuserais pas. Il a gagné, mais je compte bien le gagner à mon tour.
Je prends ses mains pour les guider vers mes seins. Je dirige ses doigts sur les coins ronds de ma brassière en dentelle. Je le laisse explorer mon corps par lui-même et je dirige les miennes sur son torse. Prenant de plus en plus confiance en moi, je dirige mes mains doucement vers le bas, et je m’arrête à la boucle de sa ceinture. Lorsqu’il tente de m’embrasser à nouveau, je l’arrête d’un doigt en faisant la moue
- Shhh.
J’approche ma bouche près de la sienne et je dépose un baiser chaste sur mon doigt posé sur sa bouche. Je dépose par la suite un baiser sur sa joue, et puis dans son cou… Pour finalement en déposer un sur le premier bouton de sa chemise. Je le prends entre mes dents, et d’une geste expert je le déboutonne avec ma langue. Je n’ai peut-être pas beaucoup d’expérience avec les hommes, mais les deux ans passés avec Gabriel m’avaient appris certaines choses intéressantes. Je déplaçai ma main qui se trouvait sur la boucle de sa ceinture vers le bas…toujours plus bas. Une fois certaine de ma prise, je serai doucement son paquet dans ma main. Je le sens bouger en dessous de ma main, ce qui me tire un léger sourire. Je savais être agace lorsqu’on me provoquait.
Alors que je me préparais à enlever sa chemise, un bruit sourd me perturbe. Je tourne vivement ma tête vers la porte, qui est restée entre-ouverte. J’ai l’impression qu’il y a quelqu’un à l’étage inférieur, et je me retourne vers Antoine en retirant mes mains rapidement. Je murmure plus que je parle lorsque je lui demande
- Antoine, sommes-nous seuls?
Je n’attends pas sa réponse avant de me lever. J’entends des bruits de pas dans l’escalier et une voix de femme qui appelle Antoine, ce qui me confirme mes peurs. Je commence à m’affoler. Je sais que j’ai une tête échevelée alors je tente rapidement de la replacer, en vain. Je dois trouver une raison à ma venue ici, et la seule idée qui me vient à l’esprit me dirige vers le piano à grands pas. Je m’assois, place mes mains sur les touches et je prie fortement pour qu’Antoine ait reboutonné sa chemise. Avant que je puisse me retourner pour vérifier, quelqu’un ouvre la porte et une silhouette de femme entre dans le salon.
Après lui avoir demandé d’enlever ma chemise afin que nous puissions faire monter la température en emboitant nos corps les uns aux autres comme des lego, je sens qu’elle veut craquer et faire cela, mais la jeune femme se retient au maximum en me faisant patienter un peu plus longtemps que ce que je ne pensais. Peut-être que mon pouvoir de séduction n’est plus aussi fort qu’il a pu l’être dans le passé, ou alors peut-être tout simplement qu’elle en veut plus que ce que je lui ai donné jusque-là. Mais alors que je pensais qu’elle n’allait pas succomber, cette dernière prend mes mains et les placent sur ses seins. Alors que je m’amusais à faire plus ample connaissance avec les formes de son corps, la belle Adaline fit de même en posant ses mains sur mon torse, et rapidement elle se lassa ou alors elle ne pouvait pas résister et elle descendit légèrement ses mains en direction de ma ceinture. Je prends l’initiative de m’approcher d’elle afin de lui voler un baiser fougueux, mais elle met fin à ma tentative en mettant son doigt devant ma bouche en me faisant une petite moue tout en émettant un léger son
- Shhh
Elle s’approche ensuite et m’embrasse tout en laissant son doigt ou il était c’est-à-dire sur ma bouche, ce qui empêchait le contact complet entre nos lèvres. Puis elle m’embrasse sur la joue avant de se diriger délicatement vers mon cou en y déposant une fois de plus un léger baiser tendre. Je ne pouvais pas dire que je ne ressentais rien c’était faux, mais je la connais très peu pour savoir si elle me plait réellement ou pas. Elle est attirante, mais je recherche plus que ça et à vrai dire je ne recherche pas grand-chose en fait. Depuis Jake je me suis écarté des femmes car ça ne m’intéresse pas. Sur le coup je me demandais si je devais continuer car je ne veux qu’elle développe quelque chose immédiatement alors que moi pour ma part je suis de marbre et j’ai un cœur de pierre. Mais celle-ci me fit sortir de mes pensées en me faisant quelque chose que l’on ne m’avait jamais fait auparavant et qui me surpris pour le coup, en bloquant le bouton avec ses dents et en le déboutonnant à l’aide de sa langue et comme par magie le premier bouton qui était accroché à ma chemise s’enleva ce qui me fit sourire légèrement. Dans le même temps elle en profita pour descendre sa main en direction de mon organe reproducteur et se permis de saisir la marchandise. Je ne m’y attendais pas alors je sursauta légèrement. Elle était chaude comme une baraque à frite excusez-moi de l’expression. Comme l’Olympique de Marseille, elle n’a qu’une seule devise et c’est droit au but.
Alors que je vois à travers ses yeux qu’elle en a assez de jouer et qu’elle veut passer directement aux choses sérieuses et ce sans attendre une minute de plus, j’entends la porte d’entrée se refermer en claquant. J’étais relativement surpris d’entendre quelqu’un rentrer puisque mes parents travaillent tous deux et je suis seul à vivre avec eux. Adaline perturbée par le son de la porte d’entrée se retourne rapidement vers la porte de la salle dans laquelle nous étions et moi je jette un coup d’œil à ma montre pour voir que celle-ci affichait midi et demi. A coup sûr c’était ma mère qui rentrait du boulot pour venir manger à la maison afin de sortir un peu de son bureau. La jeune qui se trouvait sur mes jambes enleva ses mains qui étaient respectivement placées sur mon torse pour l’une et sur les parties génitales pour l’autre, et prise d’un élan de panique me chuchote à l’oreille
- Antoine, sommes-nous seuls ?
Je connaissais la réponse et je pense qu’elle aussi la connaissait d’ailleurs, et c’est pour cela qu’elle se leva et s’éloigna légèrement de moi, et des pas commencent à se faire entendre provenant de l’escalier. Adaline commence à paniquer de plus en plus ce qui me fait sourire et dans un mouvement de précipitation décide de s’asseoir sur le piano histoire de faire croire à ma mère qu’elle est venu jouer une partition et qu’il ne se passe rien entre elle et moi. Pendant qu’elle panique, moi je garde mon calme et j’en profite pour reboutonner ma chemise proprement et pour me coiffer avant de me rasseoir sur le canapé. La pauvre Adaline devait se poser un tas de question et se demander que faire, que dire. Donc une fois que ma mère fit irruption dans la salle de musique, je me leva du canapé avec un grand sourire et je l’embrassa tout en la prenant dans mes bras puisque je ne l’avais pas vu ce matin. Je ne devais pas lui poser de question sur sa venue soudaine car elle se douterait que quelque chose d’anormale se passait.
- Salut maman comment tu vas ? Je te présente Adaline …
Je lui montra la jeune femme qui était au piano et qui se leva afin de se diriger vers ma mère tout en la saluant.
- C’est une amie à moi qui est venu pour une conférence à la fac. Elle n’a pas de lieu où dormir alors je pensais qu’elle pourrait dormir dans la chambre d’amis
Ma mère fronça les sourires avec un sourire en coin à peine visible mais je la connaissais par cœur et je savais qu’elle allait se jouer d’Adaline
- Non hors de question !
Je me décida de jouer à ce jeu avec ma mère car nous sommes assez complices tous les deux, alors je jeta un coup d’œil auprès d’Adaline assez choqué et désolé de la réaction de ma mère et celle-ci passa d’un grand sourire sur son visage pour faire bonne figure à une perte de tout signe distinctif de joie. Et dans le même temps son teint passa du mat au blanc et ce à un tel point qu’on pourrait croire à un fantôme en la voyant. Pendant une bonne minute qui devait lui paraitre des heures ma mère tenait son rôle au sérieux et ensuite elle décida de mettre fin à sa supercherie en rigolant - Mais bien sûr qu’elle peut dormir ici. Autant temps qu’elle le souhaite
Je pris de nouveau ma mère dans mes bras et cette dernière quitta la salle afin de descendre faire à manger. Cela me permettrait d’éviter le hummus là car je ne sentais pas ce dossier-là. Lorsque ma mère n’était plus présente, je charia Adaline par rapport à la scène précédente et celle-ci me donna quelques coups sur les bras et le corps alors pour le calmer je l’embrassa tendrement sur la bouche
J’observe la conversation entre Antoine et sa mère d’un œil inquiet. Je ne sais pas comment réagir face à elle, et j’ai déjà entendu dire que les familles françaises aimaient les engueulades. Mais alors que je m’attends à voir un combat de lions enragés, ce qui se passe sous mes yeux ressort plus d’une étrange complicité.
- Salut maman comment tu vas ? Je te présente Adaline … Il lui fait la bise…Tout semble normal. J’attends le moment de l’explosion, mais elle ne vient pas. Plus j’observe la mère d’Antoine, plus je remarque qu’elle semble avoir des traits détendus…Je réalise un peu en retard qu’Antoine vient tout juste de me présenter, alors je me lève du tabouret d’un pas maladroit et je me mêle les pieds dans les pattes. Je m’appuis sur le piano pour m’empêcher de tomber, mais ma main tombe sur les touches qui émettent une cacophonie. Je me maudis intérieurement pour ma mauvaise présentation, et je tente de me redresser pour paraitre confiante. Intérieurement, je tourne de tous les côtés pour tenter de trouver la sortie, mais je tente de me tenir droite.
- C’est une amie à moi qui est venu pour une conférence à la fac. Elle n’a pas de lieu où dormir alors je pensais qu’elle pourrait dormir dans la chambre d’amis
Ce qu’Antoine vient de me dire me surprend, et je fronce les sourcils. Je ne lui avait jamais demander un tel service, et le fait qu’il ose ainsi le demander à sa mère alors qu’il vient tout juste de me rencontrer me fait paniquer quelque peu. Je commence à avoir de la difficulté à me tenir en place, faisant aller mes jambes dans tous les sens. Je me sens mal à l’aise dans une telle situation, et surtout avec ce qui vient de se passer…D’ailleurs, je réalise que j’ai retrouvé mes esprits et que la confusion qui régnait sur moi depuis une heure s’était évaporée. Je soupire de soulagement, me disant que je n’aurais pas aimé que le moment passé avec Antoine aille plus loin. Après tout, ce n’était pas Gabriel et ce que je pouvais ressentir pour Antoine était purement physique…Mais ses muscles…
Je me perds dans mes pensées, et la réponse qui suit me prend par sort brusquement de mes rêveries.
- Non hors de question !
Antoine se tourne vers moi, la mine déconfit. Personnellement, je peux comprendre sa mère de réagir ainsi. Acceuillir une inconnue, une québécoise en plus… Sauf que vivre sous le toit d’Antoine doit être beaucoup plus agréable que les logements miteux dont j’ai pu bénificier ses derniers jours. Je tente donc mon coup avec une blague à l’intention de sa mère. Pourvu qu’elle aille le même sens de l’humour que son fils.
« Je sais faire des bons repas ! D’ailleurs, il y a un hummus dans la cuisine qui attend d’être manger... »
Une idée me vient alors
« Et je peux payer ma chambre en divertissement ! Je vois que vous avez un piano, et il s’avère que je suis douée. »
Je souris, quelque peu inquiète. Et si sa mère me trouvait trop insistante ? Mais alors que les secondes passent, celle-ci me regarde toujours d’un air rigide. Je commence a regretter ce que j’ai dis, et je me sens palir. Mais qu’avais-je encore fait ? Je cherchais encore une excuse a lui donner pour ma plaisanterie, lorsqu’elle décide de briser sa mascarade.
- Mais bien sûr qu’elle peut dormir ici. Autant temps qu’elle le souhaite
Je soupire, soulagée. J’attends que celle-ci sorte de la salle avant de parler à Antoine. Je prends un ton bas car j’ai peur qu’elle puisse m’entendre d’ici.
« Je comprends d’où vient ton sens de l’humeur » Je lui souris, avant de partir à rire
« Vous m’avez presque eu »
Je me lance a quelques coups pour le punir, mais il me coupe d’un baiser. Celui-ci me semble moins passionné que tout à l’heure, et je dois avouer que la chimie n’y est plus autant. Je coupe notre contact en le poussant gentiment de mes mains sur son torse. Je lui souris timidement, mal à l’aise.
« Que dirais-tu qu’on aille chercher mes affaires maintenant que tu m’as embarqué dans cette histoire ? » Je me dirige déjà vers la porte, ne lui laissant pas vraiment le choix
« Tu pourrais me faire visiter ta ville aussi, ce serait apprécié. Après tout, tu vas bien devoir m’endurer pendant quatre semaines… »
Je l’observe, attendant sa réaction. Je sais qu’il ne s’attendait pas à ce que mon voyage soit aussi long, et sa réaction me fait rire.
« C’est toi qui s’est mis dans cette situation je te ferais remarquer… »
Et sans lui laisser le temps de choisir, je descends les escaliers et me dirige à l’extérieur en remerciant au passage sa mère de bien vouloir m’héberger.