Daniel laissé aux bons soins de ses grands-parents, Joanne et moi prenons la route pour l’aéroport, tout au nord de la ville. Je ne suis jamais prêt à laisser mon fils, pour une soirée ou pour un week-end. J’ai toujours un pincement au cœur, une petite boule dans l’estomac. Le plus dur, c’est de déposer un dernier bisou sur son petit nez, et tourner les talons en se persuadant que l’on n’est pas émotionnel au point de se retourner au bout de deux pas pour faire un dernier coucou. Une fois la porte fermée, c’est au bout de quelques minutes de voiture que cette nervosité se dissipe. Le petit est entre de bonnes mains, et même s’il va nous manquer, parce que même lorsqu’on rêve de tranquillité et d’intimité notre bébé finit par nous manquer, nous n’en seront que plus ravis de le retrouver dimanche soir. Le chemin se fait en silence, seule la musique résonne dans l’habitacle. Je fais confiance à Joanne pour s’assurer que nous n’avons rien oublié. Moi, je finis toujours par avoir la tête ailleurs et laisser mes lunettes ou mes chaussettes à la maison. Je laisse l’Aston aux bons soins du parking privé de l’aéroport, récupère nos deux petites valises, et nous filons trouver notre vol. Notre embarquement se fait rapidement, et le voyage passe à toute vitesse. Ce n’est pas long deux heures et demie lorsque l’on discute autour d’une coupe de champagne –même s’il est un peu tôt pour ça, disons que nous nous mettons déjà dans l’ambiance de ce soir. Ce n’est d’habitude pas mon genre, mais pour cette fois, je nous ai commandé un chauffeur pour toute la durée du week-end. C’est un luxe que je m’autorise vraiment rarement, mais je ne voulais pas m’encombrer de quoi que ce soit cette fois. Nous sommes donc conduits jusqu’à notre hôtel, qui est également l’endroit où aura lieu une partie de l’événement de Valentino. Le couturier présentera ses pièces dans l’immeuble juste à côté, dans le centre artistique. Il est toujours bon de ne pas s’éloigner du lieu de la soirée et de ne pas avoir à prendre la voiture pour retourner à son hôtel, chauffeur ou non. Question d’expérience et de pratique. Le Langham Hotel de Melbourne est un établissement qui possède un charme particulier, froid et chaleureux à la fois. Sûrement à cause de tout ce marbre du sol au plafond, mais d’un personnel souriant et aux petits soins. Pour une fois, je n’ai pas pris de chambre démesurément grande, pas même une suite. Nous ne restons pas longtemps après tout, nous ne comptons pas non plus passer notre vie dans notre chambre tant que nous avons l’occasion de découvrir une nouvelle ville, et puis, le plus important est là ; une grande terrasse avec une superbe vue sur la skyline. Je crois que c’est le point qui fait pencher la balance de toutes mes réservations. Nous avons quelques heures avant de devoir nous préparer pour la soirée. Du temps que je passe dans l’une des chaises longues du balcon, prélassé et somnolant, observant le ciel qui s’obscurcit petit à petit. Un peu de repos avant une soirée qui s’annonce longue, mais non sans intérêt. Quand Joanne me rejoint, je lui adresse un sourire tendre et complice. « J’ai hâte de voir ce que tu porteras ce soir. » dis-je en plissant les yeux, curieux. Pourtant je ne me suis pas permis de demander ni de jeter un coup d’œil dans sa valise. Sur la petite table entre les deux chaises, je fais glisser une petite boîte vers elle. « Tu ne vas pas me dire que ça t’étonne, j’ai toujours un quelque chose pour toi quand on sort. » dis-je avec un petit rire. « Et puis, quand on se rend à l’événement d’une marque, il est toujours bon d’en avoir un peu sur soi. » C’est la moindre des choses d’ailleurs, si ce n’est toute la tenue, au moins un détail. « Ce n’est pas grand-chose. » j’ajoute, mains en l’air, la moue innocente. Ce n’est qu’une pince pour ses cheveux, en espérant que cela aille avec ce qu’elle a prévu de mettre. Je me suis dit que le noir allant avec tout, je ne devrais pas tomber complètement à côté.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
La semaine était passée à vive allure. Elle avait été particulièrement chargée, entre la reprise en mains de la fondation, le rendez-vous chez son psychologue, acheter une robe, et, avant toute chose, s'occuper de Daniel. D'ailleurs, ce petit bonhomme était bien le seul à savoir comment était la nouvelle robe de sa maman. Joanne avait passé toute une après-midi, indécise entre deux robes. Les vendeuses avaient tout autant mal qu'elle pour l'aider à trancher, et Daniel semblait être ravi dans tous les cas. Les employés avaient certainement eu vent que la jeune femme avait été convié à une soirée organisé par le créateur qui les avait embauché. Donc forcément, la belle blonde était aux petits soins, on lui proposait régulièrement une boisson, par exemple. La robe avait été méticuleusement protégé et caché dans une housse, Joanne tenant à ce que son fiancé la découvre le soir de la réception. Elle était toujours un peu nerveuse quant à ses choix, surtout qu'elle avait longuement hésité entre deux tenues. Et le jour du départ était déjà venu, leur bébé avait été confié aux parents de la jeune femme. Toujours une sensation de manque et de culpabilité au moments des au revoirs, pour les deux parents. Mais le tout s'estompait en route, par les différents morceaux qui passaient par la radio. Joanne s'était occupé de tous leurs bagages, du moins, de tout ce que son fiancé pouvait potentiellement oublier. Elle le connaissait par coeur, de ce côté là. Arrivés à l'aéroport, il insista pour porter leurs affaires à eux deux pour aller jusqu'à l'avion. Joanne n'était pas encore tout à fait habituer à la première classe, mais elle avouait que c'était plus que plaisant. Elle l'avait laissé choisir l'hôtel, il était bien plus doué pour ce genre de choses, et savait repérer ce qui pourrait leur convenir selon les circonstances de leur visite. Le temps était passé à une vitesse folle, jusqu'à ce qu'ils arrivent dans leur chambre. Elle adorait tous ses choix, tout le temps. Joanne prit le temps de déballer l'essentiel de ses affaires pendant que son fiancé se prélassait sur la terrasse, offrant une vue incroyable sur la ville. Une fois fait, elle le rejoignit, et s'allongea juste à côté de lui. Joanne rit nerveusement à sa remarque. "J'espère que ça te plaira." Il savait déjà que c'était une Valentino, c'était ce qui lui semblait le plus correct pour se présenter à une soirée organisée par ce créateur. Ses yeux bleus s'arrondirent lorsqu'il glissa une petite boîte vers elle. Il ne manquait jamais une occasion, jamais. "Jamie..." dit-elle d'un air tendre, plus que touchée. Elle se redressa et posa ses pieds à terre, du même côté de la petite table. Elle était toujours profondément touchée par ses cadeaux, même si c'était trois fois rien pour lui. Elle ouvrit méticuleusement la petite boîte avant de prendre délicatement la pince à cheveux qui y était abrité. Déposant la boîte sur la table, elle observa attentivement l'accessoire. "C'est magnifique." dit-elle tout bas, totalement émerveillée. "Merci infiniment, mon amour." Elle se pencha sur lui pour l'embrasser tendrement. "Tu me gâtes énormément." lui fit-elle remarquer. Ce n'était jamais assez pour lui, il lui avait déjà dit. "Je comptais me faire un chignon, et il y a une petite touche de noir sur la robe, ça devrait être parfait."dit-elle en l'observant encore, avec un sourire enthousiaste. Joanne allongea à nouveau ses jambes, gardant dans l'une des mains le bijou, et tenant et caressant la main de son fiancé avec l'autre. "J'aime beaucoup cette chambre." finit-elle par dire, ses yeux se perdant dans le paysage. "Je te l'ai déjà dit, mais je suis contente de pouvoir passer une soirée comme ça avec toi." Ils allaient s'y plaire, il y avait un certain intérêt pour cette soirée, et ça restait une occasion de partir d'un bon pied. Le temps passait à vive allure alors qu'ils discutaient de tout et de rien. Joanne fut un peu paniquée lorsqu'elle constata l'heure. "Je vais prendre ma douche." dit-elle en se levant et en filant dans la salle de bain. Elle se lava rapidement et sortit en peignoir de la petite pièce, la laissant libre pour Jamie. Dans la chambre elle se sécha les cheveux et enfila sa robe, de la collection printemps-été de cette même année. Blanche, et particulièrement décolletée, elle disposait de motifs dorés et noirs au niveau du jupon. Mais c'était surtout au niveau du dos que ça avait plu à la jeune femme, était au niveau du dos, la manière dont les tissus se rejoignaient au niveau de ses omoplates. Avec la sympathie de la maison, on lui avait offert le bijou qui avait été porté lors du défilé. Elle ne le mit pas, ayant l'idée en tête de laisser son cou dénudé. Ce pourquoi elle se fit un chignon, assez simple et redressé, dans lequel elle ajouta la pince que son fiancé venait de lui offrir. Elle adorait le bijou de Valentino, mais elle trouvait que ça ne lui correspondait pas trop. En rappel aux couleurs de sa robe, elle ne mit que le tout premier bracelet que Jamie lui avait offert, et de hauts escarpins noirs sur ses petits pieds. Elle finissait son maquillage lorsque son fiancé sortit de la salle de bain. Ses mains jointes devant elle, son rythme cardiaque s'accéléra en attendant l'avis de son fiancé. Elle en déglutit même difficilement sa salive.
Il suffit de voir l'expression sur le visage de Joanne pour comprendre pourquoi je sème des cadeaux pour elle a chaque occasion. La manière dont son sourire étire ses lèvres et son regard pétille. Cela donne envie d'y avoir droit tous les jours, juste pour faire plaisir ainsi, et savoir que l'on est à l'origine de cette seconde de joie. Et puis, elle apprécie toujours les présents à leur juste valeur. Même si j'étais plutôt peu assuré de mon coup avec cette épingle, elle semble en être ravie. « Content qu’elle te plaise. J’espère que ça ira avec ce que tu as choisi, ce n’est pas facile de prendre un accessoire à l’aveuglette. » Même si j'avoue avoir tablé sur une valeur sûre. D'après la jeune femme, l'accessoire devrait concorder avec la robe. Cela ne me donne pas plus d'indices sur ce qu'elle portera, si ce n'est que la barrette sera dans ses cheveux. Nous continuons de prendre le temps d'admirer la vue en nous remettant des quelques heures d'avion, nos mains se frôlant au dessus du sol de la terrasse. « C’est beaucoup plus petit que ce que je réserve d’habitude, mais c’était la plus belle vue dans cet hôtel, et je ne voulais pas que nous soyons trop éloignés du lieu de la soirée. » je réponds au sujet de la chambre. Cela change des grandes suites, ce petit quarante mètres carré. Je m'y sentirais presque à l'étroit s'il n'y avait pas ce grand bol d'air de l'autre côté des portes-fenêtres. « Ici, au moins, si tu comptes me sauter dessus encore une fois, nous serons déjà près de la chambre. » j'ajoute avec un petit rire. C'était déjà le cas à Sydney, autant rester stratégiques. Joanne ne semble pas trop appréhender la soirée qui s'annonce. Elle est même plutôt contente de s'y rendre. « Moi aussi. Je pense qu’on va passer un bon moment. » Et sinon, nous nous exilerons ici avec une bouteille de champagne et un enchaînement de commandes folles pour les cuisines jusqu'à ce qu'elles ferment ou ne veulent plus nous servir. J'aime toujours me faire plus capricieux que je ne le suis vraiment dans les hôtels de ce standing. Après un moment dehors, ma fiancée file dans la salle de bains pour commencer à se préparer. Quand elle en ressort, je prends sa place sous la douche. Je suis plutôt rapide pour m'habiller pour sortir, malgré mes élans de coquetterie. Je sors de la douche et noue une serviette à ma taille. Dans la chambre, je tombe sur Joanne déjà en tenue, quasiment prête. Qui a dit que les femmes sont toujours en retard? J’arque un sourcil alors que je l'observe de haut en bas. « Eh bien… » Difficile de ne pas remarquer le décolleté, encore moins la transparence de la robe. Le drapé sur sa poitrine a quelque chose de gracieux qui sublime le port de tête. Sur le coup, je me demande si je suis nerveusement prêt à laisser ma fiancée se montrer dans une robe qui laisse peu de place à l'imagination. « Je crois que je suis à deux doigts de t’interdire de sortir ainsi, mais que tu es trop belle pour que je le fasse. » Ce n'est pas comme si elle ne m’avait pas prévenu que ma jalousie risquait d'être mise à rude épreuve. J'approche pour pouvoir laisser mes doigts glisser sur le tissu et en sentir la texture. « Finalement, c’est peut-être moi qui te sautera dessus avant la fin de la soirée. » dis-je avec un sourire en coin. Mon visage s'approche du sien, et je murmure au bord de ses lèvres, le regard bourré de sous-entendus ; « Ou peut-être que nous n’irons même pas… » Je scellé un baiser tendre, non sans une subtile envie devinée par le passage de mes dents sur sa lèvre inférieure, puis dépose quelques autres baisers sur son cou. Finalement, je prends ses bras et lui fait faire un demi-tour pour l'envoyer sur la terrasse. « Hors de ma vue, tentatrice. » Je m'habille à mon tour avec le costume qui se trouve dans ma valise. Peu inspiré par mon noeud de cravate ce soir, je m'y reprends à trois fois avant d'arriver à quelque chose de correct, trop fier pour demander un coup de main. Je rejoins Joanne sur le balcon une fois prêt. « Je sais que tu aimes quand je mets du gris et que tu voulais que j’en enfile depuis un bon moment, donc... » Donc, voilà du gris. De l’anthracite rehaussé d'une cravate émeraude et de chaussures caramel. Moins sobre et sévère qu'un smoking noir en somme. J'ai décidément quelque chose contre le noeud papillon. Après m'être laissé inspecter par le regard de Joanne, je lui propose mon bras. « Nous pouvons y aller ? »
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Jamie avait des goûts incroyables. C'était un homme qui ne faisait jamais de fausses notes en matière de mode et de style. Il était donc évident que les bijoux ou vêtements qu'ils sélectionnaient étaient très bien faits, finement terminés. De ce côté là, elle savait qu'il pouvait parfois se montrer exigeant pour une pièce de choix. La proximité et la vue offerte par cette chambre ont pesé dans la balance de ses choix, rappelant de vagues souvenirs d'envies inattendues de la jeune femme. Elle rit avec lui. "Eh ! Cette pulsion a été à l'origine de la conception de Daniel, je te rappelle." remarqua-t-elle. "C'était une méthode plutôt efficace." ajotua-t-elle un peu plus nerveusement, en lui faisant un clin d'oeil. Après quoi, la jeune femme était vite partie dans la salle de bain. Joanne était toujours un peu stressée lorsqu'elle lui dévoilait une nouvelle tenue. Jusqu'ici, il n'avait jamais été déçu, mais elle sortait pour une fois des sentiers battus, en osant mettre une robe qui en dévoilait un peu plus de son corps. Un décolleté plongeant sans pour autant être vulgaire, un dos en partie à l'air, un tissu léger et flottant. Jouant un petit peu avec ses doigts, elle regardait Jamie la contemplant de haut en bas, un sourcil haussé. Ses premiers mots lui soulevaient le coeur, ayant soudainement la peur que ça ne lui plaise pas. Elle sourit nerveusement, passant sa main dans sa nuque lorsqu'il dit qu'elle était bien trop belle pour la laisser enfermée ici. "C'est bête, je n'ai pas emmené d'autres robes de soirée." lui rétorqua-t-elle tout bas. Il s'approcha de lui pour pouvoir l'admirer de plus près et pour toucher la matière du tissu. "Tout ce qui compte, c'est que ça te plaise." reprit-elle un peu plus sérieusement, le regard sincère. "Je voulais changer un peu de ce que je porte d'habitude. Les vendeurs m'ont proposée à plusieurs reprises d'essayer des tenues où... tu ne m'aurais clairement pas laissé sortir avec." dit-elle avec un petit rire. "Et puis je sais que c'est une marque qui te tient à coeur, je voulais... que ça te plaise." Le regard de Jamie était le plus important de tous. "Et... Je me sens bien, dans cette robe." lui assura-t-elle. "Lorsque je me suis vue avec dans le miroir, eh bien... J'ai apprécié ce que j'y avais vu." Un exercice qui rappelait grandement la fois où Jamie l'avait confronté à son propre reflet. Jusque là, ce n'était que par les yeux de Jamie, à travers de ses peintures, qu'elle pouvait apprécier ce qu'elle voyait. Son visage s'approchait peu à peu du sien, Jamie avait déjà des idées bien précises en tête, qui annonçait le programme de leur fin de soirée. En faisant un petit bruit avec sa langue, Joanne hocha négativement la tête avec un large sourire satisfait. "Si tu savais à quel point c'est plaisant de te faire languir, comme ça." dit-elle au bord de ses lèvres, juste avant qu'il ne l'embrasse. Il passait ses dents sur sa lèvre, ce qui en disait déjà bien long. Elle sentait toujours un peu plus ses canines lorsqu'il faisait cela, et elle trouvait que c'était particulièrement sensuel. Son cou dénué de tout tissu et bijou permettait à Jamie de l'y embrasser comme bon lui semblait, arrachant de discrets soupirs à sa fiancée, qui avait toujours ce réflexe de pencher la tête et fermer les yeux sous ce contact. "Dis toi que tu auras des choses en moins à enlever au moment de." susurra-t-elle à son oreille, maligne à souhait. Sa robe ne lui permettait certainement pas de porter un quelconque soutien-gorge, Jamie avait certainement pu le constater par lui-même. Elle lâcha un rire lorsqu'il l'éjecta sur la terrasse, le temps qu'il ne se change. Jamie l'y rejoignit quelques minutes plus tard, vêtu d'un costume gris. Il savait à quel point elle adorait lorsqu'il se vêtit de cette couleur. "Tu es magnifique." lui dit-elle en l'admirant de haut en bas. Elle l'embrassa tendrement. "Comme toujours." renchérit-elle. Ses costumes sur mesure mettaient en valeur sa silhouette qu'elle trouvait parfaite. Pas un faux pli, pas à un réajustement à faire. "Tu noteras que j'ai pensé à ne pas mettre de rouges lèvres." lui dit-elle tout bas au bord de sa bouche. Son maquillage était assez épuré. Un peu d'ombres à paupières, de mascara, elle restait très naturelle. Elle acquiesça d'un signe de tête lorsqu'il lui demanda s'ils pouvaient y aller. sa main se posa délicatement sur son bras, l'autre tenait une pochette assortie contenant divesres choses, mais avant tout ses cachets, au cas où. Ils empruntèrent l'ascenseur pour atteindre le rez-de-chaussée de l'étage. Là, Joanne était effectivement un petit peu nerveuse. Ses doigts se reserraient légèrement sur la manche du costume de son fiancé. L'hôtesse d'accueil leur précisa qu'il y avait en premier lieu un apéritif dans leur salle de réception, qu'ils pouvaient ensuite voir les dernières créations de Valentino, avant de revenir ici pour le dîner. Les deux immeubles étaient connectés et évitaient aux invités de devoir passer par l'extérieur. Joanne fut surprise qu'elle n'ait pas eu besoin se décliner son identité, l'hôtesse l'ayant déjà appelé par son nom de famille. L'employée les guida alors vers la grande salle en question, qui grouillait déjà de d'invités sirotant un verre de champagne d'une valeur inestimable.
Il est rare pour Joanne de se trouver belle. Pas seulement physiquement, mais de voir quelque chose qui vaille le coup dans le miroir, quelque chose qui lui plaise lorsqu'elle se dit qu'elle se regarde elle-même. Pour beaucoup, être confronté à son propre reflet est une sorte de torture du quotidien, c'est un peu le cas pour la jeune femme qui se trouve toujours tant de points négatifs. Je suis pour elle un miroir qui l'embellit et lui renvoie un reflet bien plus plaisant. Mais je sais qu'il est difficile de s'aimer soi-même, même lorsque quelqu'un nous aime tel quel. Ca n'est pas un cheminement qu'elle fera du jour au lendemain. Néanmoins, Joanne a au moins parfaitement conscience de l'effet qu'elle me fait et de son pouvoir de séduction sur moi. Elle n'en joue pas souvent, mais lorsque c'est le cas, elle prend un malin plaisir à me faire tourner en bourrique. « Je le sais bien, j'ai le même plaisir à te faire languir. Mais c'est bien moins facile avec toi. » Ou alors, elle cache bien son jeu. Moi, il en faut si peu pour me rendre tout feu tout flamme, encore plus dernièrement. Je pourrais lui sauter dessus pour un oui ou pour un non. « Mais moi j'aime t'ôter des choses. » dis-je avec une petite moue avant de l'exiler sur le balcon le temps de me changer. Je savais que le costume lui plairait, même si je pensais qu'elle pourrait émettre une petite réserve sur la cravate -avant de constater qu'elle avait elle aussi joué la carte de la couleur ce soir. Cela ne semble pas la déranger. « Je me demande si un jour je trouverai un costume que tu n'aimes pas. » Mais je ne l'espère pas pour autant. Je préfère voir ce regard un brin admiratif posé sur moi. Il est toujours bon de se sentir beau aux yeux de celle qu'on aime. Elle me fait remarquer l'absence de maquillage sur ses lèvres. « J'ai vu, je t'en remercie. Je ne me sens pas bien sans mon quota de baisers dans la soirée. » dis-je avec une mine de chien battu. Puis je lui vole un baiser, malicieux comme tout. Prêts à nous rendre à la soirée, nous quittons finalement la chambre. L'ascenseur nous mène une vingtaine d'étages plus bas. A peine les portes s'ouvrent-elles que je devine la nervosité de ma fiancée. Je lui adresse un regard complice et un sourire rassurant alors que je la mène jusqu'à l'hôtesse qui lui détaille le programme de la soirée. En nous rendant dans la salle de réception, nous arrivons au niveau du photocall. « Attention capitaine, passage obligé dans la forêt de flashs droit devant. » je lui glisse à l'oreille. Celui-là dure moins d'une minute – mais déjà une longue minute. Regarder à droite, à gauche, faire un petit signe, un grand sourire si l'envie y est, et le tour est joué. Nous quittons le tapis et filons rejoindre le reste des invités, attrapant une coupe de champagne chacun au passage d'un serveur. « Alors ce soir je ne suis pas Lord Keynes, je ne suis que l'humble cavalier de Miss Prescott. » Après tout, c'est elle qui a été invitée, pas moi. « Je me demande dans combien de temps la première personne viendra vers toi pour te parler. La dernière fois, à l'aquarium, avant qu'on ne m'aborde, ça avait pris quoi, une bonne dizaine de minutes ? Je suis curieux de savoir si ça sera moins pour toi. » C'est souvent moins, pour les belles demoiselles. D'autant plus qu'elle se trouve dans un environnement qui la connaît pour lui avoir fait des avances il y a quelques mois de ça. « Est-ce que je t'ai parlé de ce photoshoot que je dois faire pour GQ dans deux semaines ? » je demande, sans trop savoir pourquoi j'ai cette soudaine illumination. Mais je préfère en parler avant d'oublier encore une fois et d'être encore forcé de mettre Joanne devant le fait accompli -parce que ce n'est pas une séance photo que je peux décliner. « Je ne crois pas, ça a dû me sortir de la tête. J'ai eu la relance hier pour me confirmer la date et l'heure. » Et heureusement, sans quoi je ne m'y serais pas rendu, et j'en aurai eu vraiment honte. Rater pareille occasion et pareil honneur serait une terrible erreur. « Top dix des personnalités d'influence en Australie. J'aurai sûrement la dernière page, mais c'est quelque chose, non ? » dis-je avant de porter ma coupe de champagne à mes lèvres. Je me demande ce que Edward dirait de ça. Si ça me ferait un peu trouver grâce à ses yeux.
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Il était vrai que Joanne avait vite compris ce qu'il fallait faire pour que son fiancé prenne son mal en patience. Lui glisser quelques mots à l'oreille, lui faire deviner la suite des événements. Elle se souvenait que cela l'avait rendu particulièrement fébrile lorsqu'elle lui avait glissé dans l'oreille combien elle avait envie de lui au beau milieu du gala de Sydney. Elle se doutait bien que sans ces médicaments, ce genre de frustration allait revenir de plus belle. Après que Jamie ait noté que sa belle n'avait pas maquillé ses lèvres -ce qui l'arrangeait beaucoup-, le couple prit l'ascenseur pour rejoindre les autres invités. Sentant sa nervosité, Jamie fit un sourire rassurant à Joanne. Elle lui rendit, quoique toujours un peu nerveux. L'hôtesse d'accueil les mena dans la salle de réception. Jamie la prévint qu'elle avait aussi droit à la séance photo habituel de ce genre d'événements. Elle échangea un bref regard, souriante, à Jamie avant de se jeter sous les flash. Ils restaient proches l'un de l'autre. Joanne s'efforçait de regarder dans la direction où on la sollicitait. Par fois la main sur la hanche, parfois le long de son corps. Parfois un sourire discret, parfois plus prononcé. Etrangement, elle parvenait à garder son calme, et surtout, son naturel. A un moment, elle ne put s'empêcher d'échanger un regard amoureux avec son fiancé, et les photographes prirent des dizaines et des dizaines de clichés de ces petites secondes d'échange. Une fois les professionnels satisfait, on laissa le couple avancer et s'immiscer parmi les invités. "Les flashs sont encore un peu trop agressifs pour mes yeux." dit-elle tout bas, en clignotant rapidement des yeux. Déjà que les iris clairs, ça ne pardonnait pas, à la moindre luminosité. Joanne était facilement éblouie. "Ca a été ?" lui demanda-t-elle, craignant d'avoir peut-être déjà fait un faux pas. Joanne fronça des sourcils lorsqu'il se qualifia d'escorte, d'accompagnant. "Non, tu restes Lord Keynes." rétorqua-t-elle. "Je suis peut-être celle qui a été invitée, et j'ai voulu que tu viennes avec moi. Ca ne fait pas de toi un objet, ou quoi que ce soit d'autre qui puisse être si dégradant." lui dit-elle doucement. Autant Joanne accepterait ce statut là si les places avaient été inversées, mais elle ne l'acceptait quand ça le concernait. Il était un homme qui gagnait constamment en notoriété, et il le prouvera plus tard lorsqu'il annoncera à Joanne qu'il fait partie du top dix des personnalités d'influence dans le pays dans lequel elle avait toujours vécu. Jamie était persuadé que l'on viendrait rapidement l'aborder, se comparant à lui-même lors de la dernière réception dans laquelle ils s'étaient rendus. "Peut-être que personne ne viendra vers moi." dit-elle en haussant les épaules. "Peut-être que je ne ferai la conversation qu'avec toi." Elle lui vola rapidement un baiser avant de boire une gorgée de son champagne. Joanne ne voyait pas pourquoi on s'intéresserait déjà à elle, même si le créateur était venu vers elle par différents moyens. Elle n'avait encore aucune influence, pour elle. La jeune femme écarquilla les yeux. "Pour GQ ? Sérieusement ?" lui dit-elle. Non, il ne lui en avait jamais parlé. Elle resta bouche bée lorsqu'il entra dans les détails, lui annonçant enfin qu'il faisait partie du top dix des personnalités d'influence en Australie. "Dans le top dix..." répéta-t-elle. Dans un magazine renommé. Elle peinait à réaliser qu'il ait autant gagné en notoriété en si peu de temps. "Tu vois, j'avais raison." lui dit-elle, avec un sourire des plus satisfaits, tant elle était fière de lui. "Preuve supplémentaire qui prouve que tu n'es pas que l'humble cavalier de Miss Prescott." Joanne lui caressa tendrement sa joue. "Je suis tellement fière de toi, Jamie." Elle l'embrassa tendrement, se fichant bien de ce que pouvait penser les autres. Il y avait toujours une partie d'elle qui avait un peu peur de cette montée en puissance de son homme, mais la grande majorité était véritablement heureuse pour lui. "J'ai hâte de voir ces clichés." lui dit-elle avec un large. Elle adorait le voir en photo, elle trouvait que les photographes -en dehors des paparazzi-, parvenait à le sublimer, alors qu'il était déjà magnifique naturellement. "Miss Prescott." Un homme, d'une quarantaine d'années, élégamment vêtu, les fit sortir de leur petite bulle. Moins de dix minutes, effectivement. "Pardonnez-moi de vous interrompre, je suis Jack Gallaway, l'un des stylistes de la maison." "Enchantée de faire votre connaissance." Joanne avait tendu sa main en s'attendant à une poigne délicate, mais certainement pas pour un baise-main. "Je dois vous dire que cette robe vous va ravir. En toute simplicité, inutile de dorer votre cou de bijoux, cela ne ferait que dissimuler votre beauté. Vous êtes magnifique." Il ne se gêna pas pour la regarder de haut en bas, d'un oeil expert. "On aurait encore pu un peu réajuster au niveau de la longueur." remarqua-t-il en fronçant les sourcils. "Vous devriez repasser avec dans l'une de nos boutiques, pour corriger cela." "Oh non, non ! Ne vous en faites pas, ça me va très bien comme ça, je vous assure." lui assura-t-elle, embarrassée qu'il se sente obligé d'avoir du travail supplémentaire. Elle espérait que la personne qui l'avait initialement réajustée ne se fasse pas trop lyncher pour cette faute apparemment impardonnable pour le styliste. "Non, j'insiste." répondit-il poliment. "L'ensemble de la maison espère que vous passerez une bonne soirée, et que vous apprécierez notre nouvelle collection. Mr. Keynes étant déjà un grand amateur de nos créations, nous sommes des plus comblés de savoir que vous vous y intéressez également. N'hésitez pas à venir vers nous si vous avez besoin de quoi que ce soit." Satisfait, l'homme repartit après un signe de tête à ses deux convives, pour aller se prendre une nouvelle coupe de champagne. "Tu trouves aussi qu'il faut réajuster quelque chose ?" demanda-t-elle à Jamie en regardant vaguement sa robe. Joanne la trouvait très bien comme elle était. Joanne ne remarquait pas les premiers regards qui se posaient déjà sur elle, à majorité masculine. Certains avaient ce sourire de satisfaction, de pouvoir voir ce que sa robe autorisait à voir.
Le passage obligé par le banc de photographes est rarement aussi agréable que ce que les clichés publiés veulent faire croire. Tous ces crépitements, cette lumière, ces ordres balancés de toutes parts avec une amabilité parfois très relative. Une minute sous cette pluie de flashs est bien suffisant pour donner aux objectifs tout ce qu'ils veulent et ne pas finir déjà épuisé. « On s'y fait. » dis-je en haussant les épaules. Mais je veux bien croire que les yeux bleus de Joanne souffrent. Ce n'est pas pour rien que certaines célébrités portent des lunettes de soleil en permanence. « Tu étais impeccable. Tu fais ça de mieux en mieux. » je lui assure avec un sourire. Je me souviens de la première fois, elle était tétanisée. Cette fois, elle se prend doucement au jeu des pauses, et elle n'est presque plus crispée. Dans peu de temps, elle sera à son aise -ou du moins, saura parfaitement le feindre. Ce n'est qu'une question d'apparence au fond. La jeune femme s'offusque presque de m'entendre me donner bien peu d'importance comparé à elle ce soir, comme s'il était hors de question qu'elle me surpasse. « Ca n'est pas dégradant à mes yeux, au contraire. » Cela me rend fier d'elle, et fier de l'accompagner. Parfois, il n'y a pas de mal à jouer à la parure. Je pouffe légèrement quand Joanne se montre persuadée que personne ne viendra lui parler. C'est mal connaître ce genre de bains de foule. Ils sont faits pour ça. « Je n'y mettrais pas ma main à couper si j'étais toi. » je murmure, sarcastique, avant de prendre une fine gorgée de champagne. Sûrement est-ce que l'occasion et l'environnement qui veut cela, mais je me rappelle assez soudainement de cette séance photo que je dois faire dans une poignée de jours pour un magazine dont le nom suffit à impressionner ma fiancée, mais moins que l'intitulé de celle-ci. « Hmh, c'est fou hein ? On ne se sent pas si important que ça, bien planqué dans le studio d'enregistrement, et pourtant... » Il ne faut pas oublier que le moindre murmure atterrit directement au creux de l'oreille de milliers de personnes. Entre ça et WWF, ma portée médiatique a grimpé en flèche en moins de temps que je n'aurais pu l'imaginer. Adieu l'anonymat des premières années australiennes ; j'attire sur moi la lumière quoi que je fasse, né dans ce bain médiatique qui fait finalement partie de moi. Comme prévu, il faut moins de dix minutes avant qu'un homme ne s'approche de nous et s'adresse à Joanne. Il parvient à se faire plutôt mal voir, malgré tout mon respect pour sa main, à la seconde où ses lèvres touchent la main de la jeune femme. Le reste de l'échange me donne envie d'agrafer le haut et le bas de sa bouche pour qu'il cesse de risquer de complexer ma fiancée. Dieu merci, il ne se fait pas prier pour passer aux convives suivants. « Je trouve que ce qui doit être réajusté, c'est le toupet de ce type. » dis-je entre mes dents. « Si tu te trouves bien comme ça c'est tout ce qui importe. » Et me concernant, je vais prendre sur moi tous les regards masculins qui la déshabillent depuis que sa présence a été remarquée par tous les parasites et autres meutes de loups. Mon regard glissant sur la salle, je cherche des têtes connues -et en croise un tas – mais surtout familières. Je reconnais sans mal la tignasse décolorée et la robe trop décolletée d'une des femmes à l'autre bout de la salle. « Vee est là. Si elle te voit, elle va essayer de te vendre à tous les stylistes et magazines ici présents. » dis-je avec un petit rire. Elle ne ratera pas l'occasion, d'autant plus que les deux femmes ne se sont pas vues depuis longtemps. Je n'ai pas remarqué l'homme qui s'approchait de nous, et ne réalise qu'il est là qu'à la seconde où il s'adresse à moi. « Keynes, ravi de vous voir ici. J'ai vu vos dernières photos dans Vogue, quelle classe ! » Ronald, la trentaine bien tassée, est le genre de gosse de riche qui fait partie du comité administratif de l'entreprise de papa par pur principe et certainement pas pour ses compétences. Si l'homme est tout à fait charmant et plaisant, et à ne pas sous-estimer, il demeure un puits sans fond d'absence de passion et de flamme qui en fait un monsieur fort beau, mais aussi plat qu'une page de magazine -ce qui ne l'empêche pas de faire tomber ces dames, surtout ces starlettes de télé-réalité qui n'aspirent qu'à être dans la lumière un peu plus longtemps grâce à lui avant de tomber dans un abyme d'oubli total. Ne me demandez pas comment je le connais, je n'en sais rien moi-même. « Quelle charmante créature vous accompagne ? » « Vous ne savez pas ? » je demande, un sourcil arqué, l'air véritablement interloqué. Il n'y a rien de plus efficace pour donner de l'importance à quelqu'un que de faire croire qu'il en a plus que ce n'est le cas. Puis la rendre spéciale et désirable. Ne pas connaître quelqu'un dont le nom est une évidence pour moi fait passer mon interlocuteur pour un idiot, et pour palier à ce petit coup dans sa fierté, il s'intéressera forcément à elle afin de pouvoir à son tour se vanter de la connaître. Et ainsi naît une notoriété. « Joanne Prescott, nouvelle directrice de la fondation Oliver Keynes. Elle fait un travail extraordinaire depuis l'Australie. Un coeur immense. Elle était conservatrice dans le musée de Brisbane auparavant, et si vous aimez autant l'Histoire italienne que notre couturier de ce soir, vous pourrez apprendre tout ce qu'il y a à savoir auprès d'elle. Et comme vous dites, c'est une vraie beauté, courtisée par plusieurs créateurs. C'est un véritable concentré de talent.» Au fil de mes paroles, l'intérêt de Ronald grandit et son regard brille de plus en plus. Peu à peu, il ne me regarde plus quand je m'adresse à lui, et il porte toute son attention sur cette demoiselle si particulière. « Jamie est chanceux de vous avoir à son bras alors. » dit-il avec un sourire mielleux. « C'est moi qui suis chanceux d'être au sien. » je corrige avec un sourire qu'il ne dénote pas tant il est désormais absorbé.
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Jamie peinait à croire qu'on pouvait s'habituer à ce mur de flashs. Ses yeux bleus prirent plusieurs minutes avant de ne plus avoir de tâches disgracieuses au niveau de sa vision. Elle était contente de savoir que des progrès étaient à constater en matière de pose et d'expérience. Elle apprenait peut-être lentement, mais elle apprenait. "C'est plus facile quand tu es juste à côté." lui avoua-t-elle. Sa présence la rassurait. Elle serait certainement un peu moins à l'aise seule face à ces dizaines de photographes. Mais c'était passé, et il pouvait passer à autre chose. Jamie répondit à sa remarque en faisant comprendre que c'était quasiment honorifique que de l'accompagner. "Vraiment ?" lui demanda-t-elle,, plus que flattée. Il était persuadé que l'on viendrait très rapidement vers elle, et il avait bien raison. Il n'avait fallu que d'une poignée de minutes avant que l'un des employés de Valentino ne s'adresse à elle. Mais l'interlocuteur semblait beaucoup irriter Jamie, surtout à partir du moment qu'il se permit d'embrasser la main de la jeune femme. Elle lui caressa tendrement le dos pour le détendre un petit peu, sachant qu'il pouvait s'énerver facilement avec ce genre de personnalités. "Je me trouve bien comme ça." lui assura-t-elle tout bas, en glissant affectueusement ses doigts dans ses cheveux quelques secondes. Le bel homme vit que la directrice de Vogue était également présente, ce qui était peu surprenant pour un tel événement. "Elle ne l'a pas déjà fait ?" demanda-t-elle avec un petit rire nerveux en se rappelant bien leur première rencontre, lorsqu'elle tenait à la présenter à des couturiers de choix. Joanne ne comprenait pas réellement l'intérêt d'être présentée à autant de créateurs différents. "Il n'y a pas de si, je pense qu'elle va nous voir de toute façon."le corrigea-t-elle dans un rire. Un homme, inconnu de Joanne, fit soudainement son apparition. Jamie, quant à lui, semblait le connaître. Il se jouait d'ailleurs bien du fait qu'il ne reconnaisse pas Joanne. Elle ne put s'empêcher de sourire face à la réaction exagérée de son fiancé, qui ne manquait pas d'en rajouter une coucher. Peu à peu, le regard de leur interlocuteur s'intéressa à la petite blonde. "Vous pouvez m'appeler Ronald." Le baisemain était décidément de vigueur ce soir-là, parce qu'il s'y mit également en prenant délicatement la main de Joanne, qui était restée le long de son corps jusque là. Elle voyait Jamie fulminer à côté. Ronald gardait assez longtemps sa bouche apposée sur le dos de sa main. "Vous avez bien raison de vous intéresser à elle à partir d'aujourd'hui Ronald, je suis prête à parier qu'après cet été, Joanne ne devienne totalement inaccessible." Une voix bien plus familière, reconnaissable parmi des dizaines. Vee fit son apparition, toujours ce large sourire aux lèvres et ce grain d'insouciance. Elle enlaça chaleureusement Joanne et Jamie, sans trop faire attention à Ronald lorsqu'elle passait devant lui. "Ca me fait tellement plaisir de vous voir. Et, Joanne ! Bon Dieu, cette robe est magnifique sur toi. C'est incroyable de voir que ça te va si bien, tout en sachant que c'est la marque préférée de ce bel étalon qui est à ton bras." Vee riait tout le temps, son comportement extraverti faisait toujours sourire Joanne. "Je suis contente de vous revoir aussi, Vee." "Je t'en prie, tutoie-moi ma belle, ne me vieillis pas davantage." pouffa-t-elle, avant de boire une gorgée de champagne. "Dis-moi, refuser quelques fois les avances de Valentino, et finir par accepter l'une de leurs invitations. C'est un plan particulièrement judicieux." lui dit-elle tout bas e lui faisant un clin d'oeil. Voyant qu'il était de trop, Ronald finit par s'éclipser sans dire mot. "Je t'assure que ce n'était pas planifié comme ça." "Je n'en doute pas ma chérie, mais plan judicieux quand même. Ca ne te rend plus enviable que tu ne l'es déjà, je t'assure." Elle fit une tape amical au bel homme. "Si ça se trouve, elle sera avec toi dans GQ l'année prochaine. J'avoue que ça ne m'étonnerait même pas." dit-elle. "Et alors, ce mariage, c'est pour quand, mes chéris ?" "Novembre." répondit Joanne. "Ce sera assez intime." précisa-t-elle. "Et vous avez bien raison." répondit Vee. "Mais dis moi, Joanne, tu as trouvé ta robe de mariée ?" Joanne, tout sourire, acquiesça d'un signe de tête. "Dis moi dans l'oreille quel créateur il s'agit. Il ne faudrait pas gâcher la surprise à ton cher et tendre." Joanne lui chuchota donc le nom du couturier dans l'oreille. "Sérieusement ? Et si je peux me permettre, quelle robe alors ?" Joanne la lui décrit brièvement. "Le jour où elle sera ta femme, je peux t'assurer qu'elle sera particulièrement canon." le nargua-t-elle en arquant un sourcil, et un petit rire malicieux. "Au fait, Joanne, je voulais te prévenir. Ne sois pas surprise si Vogue UK te contacte, un de ces quatre. J'ai eu le directeur l'autre jour parce que nous aimerions organiser une soirée assez internationale pour la fin d'année, et figure-toi qu'il m'a posée des questions te concernant. Ce n'est même pas moi qui t'ai mentionnée, le fourbe m'a devancée." dit-elle en riant. "Un homme adorable, bien sûr. Mais je pense qu'avoir su que tu étais à la tête de la fondation lui a mis la puce à l'oreille." Elle haussa les épaules, comme si cela n'était pas surprenant. Joanne, quant à elle, avait les yeux assez écarquillés. "Ne me regarde pas comme ça voyons, je t'ai dit que je n'y suis pour rien." ajouta Vee, en riant. D'ailleurs, la directrice de Vogue Australia était particulièrement tentée d'envoyer les clichés qui avaient été faits. Vee restait encore un peu à discuter avant qu'elle ne regarde sa montre. "Ah, c'est bientôt l'heure !"
Maintenant, je sais qu'un accro à la notoriété comme Ronald ira forcément passer le mot. Joanne Prescott est une personne à connaître, et toute personne à qui ce nom ne dit rien n'est décidément pas à la page. Les gens ont besoin de se savoir au courant de tout ce qu'il se passe. S'il y a une ascension à suivre de près et qu'ils sont les derniers sur le coup, autant dire que ce n'est pas bien vécu. Je sais que je peux compter sur le jeune homme pour parler tant et si bien qu'à la fin de la soirée, tout le monde saura que Joanne était ici, et même s'ils ne savent pas vraiment pourquoi elle est importante, cela n'a pas d'importance ; elle était présente, eux aussi, voilà tout. L'arrivée de Vee ne fait que confirmer ce début de notoriété que nous faisons tous les deux glisser dans l'air. Il est amusant de défaire une réputation, mais il est plus intéressant de relever le challenge d'en construire une. Je prends volontiers la modeuse dans mes bras pour la saluer. « Ca fait longtemps. » « Trop longtemps, chéri. » Elle ne tarit pas d'éloges concernant ma fiancée, et je tourne au rouge pivoine lorsqu'elle me qualifie d'étalon, ne sachant plus du tout où me mettre. Je bois mon malaise avec une gorgée de champagne. Tout passe mieux avec le champagne. Pour Victoria, il ne serait pas étonnant que l'année prochaine, Joanne pique la place d'une des personnalités d'influence de l'année du magazine pour lequel je dois poser bientôt. « Moi non plus, mais elle n'en croit jamais un traître mot quand je lui dis ce genre de choses. » dis-je en haussant les épaules. J'ai l'impression que pour Joanne, tout est plus crédible quand cela ne sort pas de ma bouche. Pourtant, ce n'est pas parce que nous sommes fiancés que cela me dénue complètement d'objectivité la concernant. Vee se montre particulièrement enthousiasmée par le mariage, même si elle n'y est pas invitée. Elle ne se vexe pas de si peu, elle sait ce que c'est de pouvoir une cérémonie en famille -elle s'est mariée trois fois après tout. Curieuse, elle demande tous les détails que je n'ai pas le droit de connaître à propos de la robe qu'à choisie Joanne. Et d'après elle, le choix est bon. « Je n'en doute pas. Et j'ai hâte de voir ça. » Encore un peu de patience. Plus que quatre mois. Ils passeront à toute allure, je n'en doute pas. Sans jamais aucune transition, Victoria passe du coq à l'âne en évoquant l'intérêt de l'édition britannique de Vogue pour Joanne. J'écarquille les yeux au moins autant qu'elle. A ce point ? « Je me demande toujours par quel miracle je n'ai jamais entendu parler de cette fondation alors qu'elle porte le nom de mon propre frère et qu'elle semble avoir sa renommée en Angleterre. » Ce qui fait que celle de ma future épouse monte en flèche à toute vitesse. « Parce que tu ne le voulais pas, chéri, c'est aussi simple que ça. » J'étais imperméable à tout ce qui touchait de près ou de loin à ma famille. Même si j'en avais eu vent, je n'y aurais pas fait attention. « Tu as mis la meilleure de nous tous à sa tête, c'était le meilleur choix à faire. » J'acquiesce d'un signe de tête avec un sourire. Après un rapide coup d'oeil sur l'heure, nous remarquons que le défilé ne tardera pas. Le temps de nous frayer un chemin jusqu'à l'autre salle, nous devrions commencer doucement à bouger. « C'est vrai. Allons trouver de bonnes places. Vee, tu restes avec nous, je veux de beaux clichés de nous à cette soirée sur internet et ta présence embellit le cadre. » « Vile flatteur. » « Toujours. » Je lui envoie un sourire charmeur avec un clin d'oeil. Je suis trop vieux pour elle de toute manière. Et trop fiancé. Nous arrivons dans la salle du centre culturel où un grand podium a été installé, ainsi que tout un décor divinement pensé donnant d’ors et déjà l'esprit de la collection que nous allons voir. Alors que nous nous avançons vers les bancs sur le bord du catwalk, je glisse à l'oreille de Joanne ; « Tu crois que le baise-main est une tradition très ancrée à Melbourne ou bien ils ne font qu'en profiter pour se pencher et avoir une vue imprenable sur ton décolleté ? »
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Vee était une femme très pétillante, et toujours bien informée. L'apparition prochaine de Jamie, la montée en flèche de la jeune femme dans un univers qu'elle ne connaissait encore trop peu. "Mais il dit tout le temps ce genre, c'est parce qu'il bien trop amoureux." dit-elle en faisant un clin d'oeil à son fiancé. Il était vrai que Joanne pensait qu'il parlait surtout avec sa subjectivité. "Ma chérie, ce n'est pas parce qu'il est raide dingue de toi qu'il exagère tout ce qu'il dit." dit Vee, prenant le parti du bel Anglais. "Il a suffisamment d'expérience dans ce domaine, il a un bon flair pour ce genre de choses. Il est amoureux, certes, mais il sait de quoi il parle." En gros, la directrice de Vogue lui fit comprendre qu'elle pouvait se fier à lui, et que lorsqu'il parlait de ça, ce n'était pas que par flatterie. La jeune femme, le sourire franc, acquiesça d'un signe de tête, se promettant à elle-même de lui faire plus confiance dans ce domaine. Il restait un expert en la matière. Vee parlait ensuite du mariage, semblant satisfaite du choix de la jeune femme. Embarrassée, elle massa sa nuque en faisant une petite intervention. "J'espère vraiment qu'il va aimer." dit-elle tout bas. "Ma chérie, je pense que tu pourrais enfiler n'importe quelle robe qu'il fondrait comme neige au soleil. Si mes souvenirs sont bons, il n'aime pas les bustiers, ça t'a laissé quand même pas mal de choix." C'était à la fois une grande joie, mais une grande appréhension, cette histoire de robe. Joanne l'adorait, vraiment. "Fais un peu confiance en tes choix, ma belle." dit Vee, en posant une main sur son bras. La directrice mentionna aussi Vogue UK, et Jamie semblait tout aussi surpris que la première concernée concernant ce que Vee disait. Il peinait à réaliser comment il avait pu passer à côté de la fondation, et leur amie avait tapé dans le mile. Joanne caressa tendrement la joue de Jamie. Victoria félicita également le choix de Jamie en mettant sa belle à la tête de la fondation. "Merci beaucoup, Vee." dit la belle blonde, flattée qu'elle-même soit on ne peut plus d'accord avec ce choix. "Et encore, le mot est faible. On a besoin de plus de personnes comme toi, tu ne trouves pas, Jamie ?" Les trois interlocuteurs regardaient l'heure et décidèrent de changer d'immeuble pour la suite du déroulé de la soirée. Main dans la main, ils arrivent dans la grand salle où allait se passer le défilé et s'installèrent à des places de choix, Vee s'étant mise à côté de Jamie. Joanne était émerveillée par le décor imaginé par le créateur et ralentit le pas avant de s'asseoir pour en observer quelques détails. Elle rit doucement à la remarque de son fiancé. "Grand dieu, Mr. Keynes, seriez-vous jaloux ?" lui dit-elle tout aussi bas. Les yeux pétillants, son visage proche du sien, elle ajouta. "Tu as toujours des vues imprenables, toi." Elle approcha ensuite ses lèvres de l'oreille de son fiancé, histoire de le narguer un petit peu. "Dis toi que tu me feras autre chose qu'un simple baise-main tout à l'heure." Puis elle l'embrassa sur la joue. Joanne rit malicieusement quelques secondes, mais s'arrêta aussitôt lorsqu'elle vit une personne qu'elle connaissait de l'autre côté de la catwalk. "Qu'est-ce que Lionel fait là ?" demanda-t-elle tout bas. L'ancien supérieur de Joanne, qui lui avait fait des avances plus que douteuses. Il n'avait pas remarqué sa présence, et Joanne préféra regarder ailleurs pour ne pas attirer son attention. Non, personne n'allait gâcher leur soirée. La jeune femme, par habitude, avait laissé l'une de ses mains sur la cuisse de son fiancé, qui discutait un peu avec Vee. Celle-ci finit par sortir Joanne de ses rêveries en posant sa main sur son avant-bras. "La collection Couture n'est pas encore sortie, là il s'agit de la Resort 2017. Jamie m'a dit que tu espérais peut-être trouver une tenue pour le gala de cet été ?" Joanne acquiesça timidement d'un signe de tête. "Ce serait chouette, oui. Sinon, j'irai regarder ailleurs, j'ai encore un peu de temps." "Si jamais, tu n'hésites pas, je te donnerai un petit coup de pouce, ma belle." lui dit-elle avec un clin d'oeil, à voix basse, alors que les lumières de la salle se tamisaient pour faire commencer le défilé. "A vrai dire, je ne sais pas vraiment ce que je devrais porter pour ce gala." dit-elle tout bas, pensive. "Je me dis que je me verrais plutôt simple. Je veux, par forcément beaucoup de broderies, ou détails dans la robe, même si j'aime beaucoup ça... Je ne sais pas." bafouilla-t-elle tout bas, alors que les premiers mannequins faisaient leur apparition.
Pas qu'il soit plus difficile que prévu de devoir soutenir tous les regards qui se posent sur Joanne, je savais à quoi m'attendre lorsque je l'ai vue dans cette robe à la transparence subtile et l'obligeant à laisser sa poitrine nue. Aucun homme ne pourrait s'empêcher de la toiser d'un regard rapide pour voir ses jolies jambes, ses hanches, ses seins, son cou. Même si ce n'est pas forcément par envie, juste pour admirer quelque chose de beau. Cela fait toujours un peu bouillir. Parfois beaucoup, selon l'intensité du regard. Ce sont toujours ceux qui donnent l'impression de la déshabiller sur place qui me déplaisent vraiment. « Je le suis, complètement, et j'ai l'impression que le monde entier en joue. » Joanne me rappelle que je suis privilégié par rapport à tous les autres hommes qui devront se contenter de ce qu'ils devinent sous les jupons translucides de sa robe, alors que je peux profiter tous les soirs de ce qui se cache dessous. « Je ne suis pas partageur. » je réponds en haussant les épaules. Et d'un autre côté, j'aime la savoir admirée et désirée par des hommes qui ne l'auront jamais, et souligner sous leur nez qu'ils ne peuvent que rêver d'elle alors qu'elle sera ce soir dans mon lit. Etrange mélange de sentiments que tout cela. « Je compte bien profiter égoïstement de la plus imprenable des vues. » j'ajoute en tendant la joue pour recevoir son baiser. Je lui souris, l'air complice, avant de m'asseoir sur le banc juste à côté de Victoria. Les rédacteurs en chef ont toujours une place au premier rang. Joanne reconnaît un homme de l'autre côté de la salle, et articule un nom qui fait déjà naître en moi des envies de meurtre et autres destructions massives. « Tu te fiches de moi ? » Ce n'est pas la première fois que nous recroisons Lionel lors d'un événement. Je me demande si ce n'est pas lui qui nous suit, nous traque et cherche à nous monter l'un contre l'autre. Une musique d'ambiance démarre afin de faire comprendre que le silence est bientôt attendu afin de débuter le défilé. Juste assez de temps pour que ma fiancée explique à Vee qu'elle cherche sa robe pour son gala de cet été. Alors qu'elle a déjà déniché sa robe de mariée, elle se retrouve bien moins assurée pour dénicher une tenue moins importante. « Prends quelque chose qui te plaît et te ressemble. Les gens seront là pour te voir toi. » je lui glisse avant que la première silhouette filiforme dépose son talon sur le podium. Pas la peine de donner à quoi quelque chose qui ne fait que vaguement ressembler à ce qu'elle pense que l'on veut voir d'elle. De toute manière, le poste est à elle à la fondation. Elle ne sera pas là pour prouver quoi que ce soit, mais pour confirmer un choix et donner sa ligne de conduite. Je me fais silencieux quand le défilé débute. Vee, à côté de moi, ne peut pas s'empêcher de commenter, et j'acquiesce ou rejette ses affirmations d'un simple de signe de tête, préférant me concentrer sur le détail des robes plutôt que trop tergiverser -tout en restant courtois. Elle sait comment je fonctionne pendant ces occasions, et dans le fond, tout ce qui lui importe est une oreille qui écoute ses paroles. Au bout d'un moment, je me penche vers Joanne ; « Je pense que tu vas largement pouvoir piocher dans cette collection. Je ne sais pas pour toi, mais moi dois être à mon troisième coup de coeur. » Et encore, je ne parle que des tenues qui peuvent m'arracher un « ouah » d'admiration. Du reste, je les trouve toutes belles à leur façon, originales, créatives. Même si je ne suis pas pour le retour du motif camouflage, les autres pièces qui composent les ensemble sont, elles, à mon goût pour la grande majorité. « Si ça peut te rassurer, je crois que quoi que tu prennes là-dedans, tu feras mouche. » renchérit Victoria un peu plus tard. Machinalement, parfois, mon regard cherche Lionel et le trouve, non sans dégoût. Jusqu'à ce qu'il finisse par forcément se sentir observé, que ses yeux atterrissent dans les miens, puis se posent sur Joanne. Bravo, Jamie. « Il t'a vue. » je murmure. Elle comprendra sans mal. « J'espère pour lui qu'il n'a pas en l'idée d'approcher sinon je coupe court à son élan et à ses jambes. » J'ai perdu le compte de mes coups de coeur. Six, sept ? Oh, et puis, je pourrais tout simplement tout acheter. Mais cela ne serait vraiment pas raisonnable -et largement hors budget. Alors que nous arrivons près des derniers modèles de la collection, je retourne du côté de la modeuse ; « Vee, tu as ton passe-droit dans les coulisses pour aller saluer le créateur avant que tous les invités ne lui sautent dessus ? » « Bien sûr, vous me suivrez juste après le défilé. » répond-t-elle avec cette évidence naturelle, comme si absolument tout coulait de source.
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Jamie avait toujours été particulièrement ambigue, lorsqu'il s'agissait des regards masculins qui se posaient sur la jeune femme. Autant, elle pouvait sentir à quel point cela le faisait bouillir, peut-être même rager lorsqu'une paire d'yeux la scrutait un peu trop longtemps, autant il pouvait apprécier ces regards là sa propre manière. C'était ce qui équilibrait cette balance. Le fait de savoir qu'il ne pouvait que se rincer l'oeil par ce qu'ils voyaient, et que le reste ne serait issu que de leur imagination. Il adorait ces regards jaloux et envieux, tout en sachant qu'il est bien l'homme qui passera le reste de la nuit avec elle, comme toutes les suivantes d'ailleurs. Par moment, Joanne le sentait se crisper un peu, alors elle lui faisait une caresse tendre, un doux baiser, pour lui rappeler que c'était bien avec lui qu'elle était. Qu'elle était à lui. Au moins, il admettait sa jalousie. A cette mesure là, la jeune femme le trouvait adorable. C'était une preuve d'amour, en soi. "La prochaine fois, je mettrai un col roulé, comme ça tu n'auras plus rien à partager." lui dit-elle tout bas, avec un petit rire. Mais il aimait aussi la voir dans de belles tenues, il pouvait lui-même se rincer l'oeil, et plus si affinités. "J'ai hâte que tu me montres ton égoïsme, alors." lui glissa-t-elle après lui avoir embrassé la joue, juste avant que le défilé ne commence. Malheureusement, une fausse note vint s'ajouter au tableau, et Jamie avait parfaitement entendu ce que sa belle venait de dire. Une personne qu'ils n'appréciaient guère tous les deux, et qui était tout à fait capable de mettre Jamie dans une rage folle. Ils préféraient l'ignorer et se concentrer sur le défilé. Le bel homme rassura sa belle en lui faisant comprendre qu'elle ne devait pas trop se casser la tête pour cette fameuse tenue de gala. Qu'elle devait avant tout se faire plaisir et porter quelque chose dans lequel elle se sentira bien. La belle blonde regardait silencieusement et attentivement chaque tenue qui passait devant ses yeux bleus. Jusque dans le moindre détail, ne faisant absolument pas attention aux murmures environnants. Elle ne s'intéressait qu'aux chuchotements de son fiancé, qui lui avoua avoir déjà de nombreux coups de coeur depuis le début, ce qui n'étonna guère sa douce. Elle lui sourit tendrement avant de se concentrer à nouveau sur les robes. Joanne aussi, avait eu quelques coups de coeur, mais elle préférait se prononcer à la toute fin du défilé. Il y avait des tenues qu'elle trouvait belle et originale, mais qui ne lui correspondait absolument pas selon. Et elle tombait sous le charme d'autres, par leur élégance, leur classe, leur originalité. Jamie finit par lui faire comprendre que Lionel l'avait repéré. Depuis, son regard ne se détachait pas d'elle, mais elle ne fut aucunement tentée de le croiser. Elle avait juste un peu plus nerveusement serré la main de Jamie, qu'elle avait fini par tenir enre les deux sienne durant le défilé. Celui-ci touchait à sa fin, Joanne entendait vaguement parler Jamie et Vee entre eux, mais n'entendit rien. Elle applaudit, comme tous les autres, à la fin de la présentation. Enfin, elle se décida à partager sa pensée à Jamie. "Il y a trois robes que j'ai beaucoup aimé." lui confia-t-elle. "Seulement trois ? Tu es encore trop raisonnable, ma chérie. Ca te rend adorable." intervint Vee, qui ne perdait pas une miette de leur conversation. "Tu veux peut-être les voir de plus près ?" demanda la directrice à la jeune femme avec un ton comme pour l'amadouer. "Pour de vrai ?" dit Joanne, plus qu'enthousiaste à cette idée. Vee lui fit un clin d'oeil, alors que Jamie lui souriait tendrement, lui assurant que Vee était plus que sincère. "Suivez-moi." leur dit-elle avant que tout le monde ne se mette à se lever. Joanne gardait précieusement la main de Jamie dans les siennes et le suivit, tout comme lui suivait Vee, pour rejoindre les coulisses du défilé. Joanne faisait vraiment très petite, en passant à côté des mannequins, elle avait l'impression de vivre dans un monde de géants. "On va vraiment rencontrer le créateur ? Je veux dire... pour de vrai ?" souffla-t-elle à Jamie sur le chemin, peinant à réaliser cet incroyable privilège. Vee embrassa le héros de la soirée plus qu'amicalement avant de lui présenter le jeune couple. "Bon, tu connais déjà Jamie Keynes, c'est loin d'être la première fois qu'il se rend à l'un de tes défilés. Mais il me semble que tu n'as jamais rencontré Joanne Prescott." Un sourire des plus ravis s'afficha sur les lèvres du créateur, heureux de faire enfin sa connaissance. Elle était un peu nerveuse, mais profondément honorée de pouvoir serrer la main d'une personne aussi talentueuse. "Puis-je vous faire la bise ? Serrer la main à une femme, je trouve cela inadapté." Joanne approuva d'un signe de tête et le couturier s’exécuta. "Tu l'excuseras hein, c'est encore tout nouveau pour elle. Elle est un peu timide, mais adorable comme tout, je suis certaine que tu vas l'adorer." renchérit Vee. Joanne ne savait plus vraiment où se mettre. "J'espère que le défilé vous a plu." "Oui, beaucoup." répondit la jeune femme sans hésiter. "Y'a-t-il des modèles que vous avez préféré ?" Joanne échangeait de brefs regards avec son fiancé, cherchant de quoi calmer sa nervosité dans son regard - et ça marchait à chaque fois. "Eh bien, oui." commença-t-elle. "Il y a trois de vos robes qui m'ont énormément plu." "Dites-moi lesquels, je peux vous les montrer de plus près." "Je ne voudrais pas prendre trop de votre temps, vous devez être attendu par beaucoup de personnes." "Ils attendront davantage, dans ce cas." répondit-il en haussant les épaules, tout simplement. "Venez avec moi, venez." dit-il en engageant la marche jusqu'aux portants, les mannequins ayant déjà retiré leur tenue. Joanne décrivait comme elle le pouvait les trois modèles de robes qui lui avait tapé dans l'oeil. Trois couleurs et trois styles totalement différents. Il demanda à ce que l'on apport des mannequins de présentation afin de pouvoir mieux visualiser les trois modèles. Ils s'éloignèrent tous de la foule, Joanne regardait couramment derrière elle pour voir si Jamie était toujours bien là. "Ne vous en faites pas, je ne pense pas qu'il se détachera de vous." dit le créateur, avec un sourire amusé et attendri. Joanne avait pensé qu'il aurait mal pris la manière dont elle décrivait les robes. Après tout, elle n'était pas une grande connaissance en matière de tissus et de style, mais il ne semblait être pas plus offusqué par ses termes un peu simplistes. Eloignés de la foule et des mouvements de coulisse, le couple, Vee, et le célèbre créateur avaient tout le loisir de pouvoir discuter devant les trois robes qui plaisaient à Joanne sans risqué d'être interrompus pendant quelques minutes.
Il est toujours terriblement attendrissant de voir à quel point tout semble irréaliste aux yeux de Joanne. Elle s’émerveille véritablement de toutes les nouvelles expériences qui lui sont proposées et auxquelles elle n’aurait jamais pensé participer un jour. Les pages de magazine, les publicités, les visages dans les films prennent vie, deviennes palpables, et cela est toujours impressionnant. Mais cela l’est toujours autant pour moi que pour Victoria par moments. Nous avons tous des personnalités que nous admirons et sommes honorés de rencontrer, qu’importe notre propre notoriété. Je souris à ma fiancée en prenant sa main pour ne pas la perdre lorsque nous suivons Vee. « Bien sûr, pour de vrai. Je t’assure qu’il est comme toi et moi, simplement humain. Et tout le monde aime être félicité en personne pour son travail. Alors tu pourras lui dire ce que tu as pensé de ses créations de vivre voix, ça lui fera plaisir. » On pense toujours que les célébrités ‘’savent’’. Qu’ils sont conscients de leur talent ou de l’affection qu’on leur porte comme s’ils étaient omnipotents. Les médias rapportent un avis généralisé sur le travail, cela doit suffire, non ? Pourtant, rien ne vaut le compliment d’un fan face à vous. Après avoir traversé un couloir où s’activent mannequins pour certains à moitié nues, assistantes, habilleuses et couturières, nous rejoignons le créateur en question. Joanne se montre particulièrement intimidée, et l’homme très avenant. Il lui propose de voir de près les trois robes qu’elle a appréciées. La laissant passer devant, je traîne le pas plus en arrière avec Vee. « Est-ce que tu pourrais arrêter de la présenter comme si elle était un chiot dans un sac à main ? » Toute petite, toute fragile, tout mignonne et le pelage soyeux. « Je ne vois pas ce que tu veux dire. » « Tu le sais très bien. Tu ne lui rends pas service en disant à tout le monde qu’elle est encore novice et parfois malhabile, ou scander qu’elle est adorable tous les deux mots. Il est déjà facile de se jouer d’elle, pas besoin de placarder partout à quel point ça l’est. » Et Dieu sait que tout le monde n’est pas plein de bonnes attentions lorsqu’on leur met pareil minois sous la dent. Vee lève les yeux au ciel, l’air de dire qu’elle sait bien mieux que moi ce qu’elle doit faire, mais qu’elle ne me tient pas rigueur de mes paroles. Mon regard roule aussi. A l’écart des coulisses, le créateur a fait venir les robes qui avaient tapé dans l’œil de Joanne. « Tu as lu dans mes pensées, non ? » je demande avec un petit rire en découvrant les mêmes modèles que j’avais tout particulièrement apprécié. « Tu serais sublime dans chacune d’entre elles. » dis-je en déposant un baiser sur sa tempe. « C’est pour une occasion particulière ? » « La fondation Keynes donne un gala cet été pour présenter Joanne qui en prend la tête. Ce sera un peu sa première vraie grande apparition publique, alors il faudrait quelque chose qui lui ressemble vraiment et marque un peu les esprits. » Néanmoins, à mes yeux, chacune des robes ci-présentes sont un peu une facette de la personnalité de Joanne, et le choix ne dépend que de celle qu’elle souhaite mettre en avant. Je prends le temps d’en faire le tour, inspectant les détails avec, parfois, un haussement de sourcil ou un rictus admiratif. « Me concernant, je ne saurais pas laquelle choisir, elles ont toutes quelque chose. Mais ça n’est pas un choix qui m’appartient, je ne suis que le portefeuille, et je sais que tu aimes me faire la surprise… » Du coup, je ferais mieux de m’éclipser pour ne pas influencer son choix. Elle sait que j’aime les trois. « Je te laisse avec deux experts. » Je l’embrasse furtivement sur le front, salue le créateur et me dirige vers la salle de réception. Vers la sortie des coulisses, je ne reste pas seul longtemps. Mon regard croise rapidement celui d’une mannequin, et nous nous dévisageons l’un l’autre quelques secondes avant qu’elle ne s’approche avec un sourire grandissant. Elie, rappelle-t-elle qu’elle se nomme était amie avec Enora pendant quelques années. Nous nous sommes croisés plus d’une fois lors de diverses soirées infestées d’autres figures de magazines. Je suis surpris de la croiser ici, sur un podium, mais elle m’assure que la retraite est pour la fin de l’année, elle n’est plus assez jeune pour ce genre de choses. Sans jamais nous être particulièrement bien connus, nous prenons des nouvelles de nos vies respectives par pur souci de courtoisie, en attendant que Joanne revienne.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Jamie rappelait à sa belle que le créateur était composé comme elle et lui. Qu'il était certes sur un piédestal, mais que cela ne faisait pas de lui un dieu. Il lui conseilla également de ne pas hésiter à le complimenter pour ses créations, que c'était toujours très appréciable. Alors qu'ils s'écartaient de toute l'agitation, Joanne discutait avec le couturier des trois robes qui lui avaient tapé dans l'oeil. Elle voyait derrière son épaule Jamie discuter avec Vee, mais ne fit pas très attention à ce qu'ils racontaient, absorbée par sa propre discussion. Le créateur réajusta quelques plis de robes désormais dressées sur des mannequins de bois de tissu avant de donner quelques détails. Jamie fit un remarque qui fit beaucoup sourire la jeune femme, si bien que ses iris bleus pétillèrent. "Je ne suis pourtant pas télépathe." lui assura-t-elle avec un léger rire. Ca la rassurait de savoir qu'ils avaient les mêmes goûts en matière de robe. Il l'embrassa affectueusement sur la tempe, en lui disant que chacune des trois lui irait à merveille. "Tu crois ?" lui demanda-t-elle tout bas. Le créateur en profita pour demander pour quelle occasion elle cherchait une nouvelle tenue, un élément fondamental pour pouvoir aider la jeune femme à choisir. Ses doigts sur le menton, il réfléchit quelques secondes en regardant les trois tenues. Jamie était particulièrement indécis pour ce choix et il savait très bien combien sa belle adorait le surprendre pour chaque nouvelle tenue. Après l'avoir embrassé sur le front, il s'éclipsa, laissant sa fiancée choisir d'elle-même. Elle lui glissa tout bas un "je t'aime" avant qu'il ne s'éloigne. Puis elle se reconcentra sur les robes. "Je peux les toucher ?" demanda-t-elle. "Bien sûr, allez-y." Le tissu de la robe rouge était particulièrement doux, très agréable au toucher. Elle aimait beaucoup le revers couleur crème. Elle trouvait que la dentelle de la noire, et ses broderies fleuries la rendait particulièrement élégante. Sur ce modèle là, la transparence la choquait moins que celle avec les papillons. "Vous êtes quelqu'un de romantique, n'est-ce pas ?" demande le créateur. "Comment avez-vous deviné ?" dit Joanne, avec un sourire émerveillé. "Il suffit de voir ces robes là. Ces décorations florales, la dentelle, la légèreté du tissu." Il haussa les épaules. "Je suis un grand romantique moi-même, sinon je ne les aurai pas fait de cette façon." ajouta-t-il dans un rire. Joanne discuta longuement avec l'expert, expliquant sa manière de voir les choses, de comment elle voudrait être présentée au gala, et même pour les événements qui suivront. Il semblait beuacoup s'intéresser à sa manière de voir les choses, ça devait être certainement un regard neuf pour lui. Le côté rêveur et romantique de Joanne était très présent dans sa personnalité, et le créateur semblait l'avoir bien relevé. Cela le faisait particulièrement sourire. Elle commençait même à sympathiser avec lui, restant très naturelle. Une vingtaine de minutes plus tard, elle finit par se frayer un chemin pour sortir des coulisses, même si ceux-ci s'étaient largement désemplis. Jamie se trouvait tout juste à la sortie, discutant avec une mannequin. C'était ce que Joanne supposait, vu sa taille. Il avorta certainement la conversation en voyant sa belle arriver. Elle salua poliment cette parfaite inconnue avant de se tourner vers Jamie. "Je l'avoue, je suis quelqu'un de faible." dit-elle avec un sourire niais. "J'en ai choisi deux." finit-elle par reconnaître, les yeux pétillants. "Une que tu paies, une que je paie." Elle porta ses lèvres à sa bouche pour lui chuchoter. "Il m'a fait une toute petite remise pour le deuxième choix." Certes, ce n'était vraiment pas grand-chose, mais l'attention était là. Vee était restée avec le créateur pour discuter encore un peu avec lui avant de se rendre à nouveau à l'hôtel pour faire un bain de foule. La mannequin qui connaissait Jamie leur souhaita une bonne soirée avant de suivre le mouvement. La salle culturel se désemplissait petit à petit. "Au moins, pour ce coup là, je suis certaine que tu aimeras déjà." dit-elle avec un petit rire. "C'est vraiment une personne très gentil, nous avons beaucoup parlé." lui raconta-t-elle alors qu'ils se dirigeaient d'un pas lent vers l'hôtel. "Nous avons bien entendu parlé des robes, mais aussi de plein d'autres choses. Nous avons un peu parlé de nous. La première chose qu'il a constaté chez moi est que je suis une grande romantique. Surprenant, pas vrai ?" dit-elle en riant. Le couple finit par retourner d'un pas nonchalant vers la salle de réception, la vraie. Une multitude de tables rondes décorés selon l'imagination de Valentino étaient dans la grande pièce. Beaucoup de convives avaient déjà trouvé leur place place, sirotant un dernier verre de champagne avant de s'attaquer au vin. D'ailleurs, Joanne prit volontiers une dernière coupe qu'un serveur lui proposa sur plateau. Il y avait une petite estrade avec comme fond un écran géant diffusant silencieusement les précédents défilés du célèbre créateur. Jamie et Joanne prirent un certain temps avant de trouver leur place. Une fois que tout le monde était installé, le créateur entra dans la salle, sous une pluie d'applaudissements, avant de se rendre sur l'estrade pour un discours de bienvenue.
Les sujets de conversation sont bientôt épuisés lorsque Joanne réapparaît de son entrevue avec le créateur et Victoria, tout sourire, vraisemblablement ravie. Presque sautillante dans ses talons et sa grande robe, la jeune femme avoue non sans excitation avoir craqué pour deux robes plutôt qu’une seule. Cela ne peut pas être une mauvaise chose, me dis-je ; les deux tenues seront forcément portées un jour, ce ne sont pas les occasions qui manquent. Maintenant, je n’ai plus qu’à attendre pour découvrir desquelles il s’agit. Mon sourire se ternit un peu lorsque ma fiancée précise, devant la mannequin avec qui je discutais, qu’elle se paiera une des deux robes et que le créateur la lui avait cédé avec quelques dollars en moins sur la facture. Je retiens le moindre commentaire à ce sujet le temps qu’Elie ne décide qu’il est temps pour elle de nous laisser entre nous et finir de se rhabiller pour le reste de la soirée. J’attends qu’elle soit un peu plus loin avant de parler. « Un jour il faudra qu’on parle de bannir le mot "remise" de ton vocabulaire. Il me heurte les oreilles. » Surtout devant le genre de pipelettes que sont les mannequins. Le degré de maladresse est particulièrement élevé pour le coup. Cela va sûrement jaser à propos de cette remise. La petite Joanne n’a pas de quoi payer le prix fort, a des goûts trop luxueux pour elle, est obligée de faire les yeux doux pour avoir une robe au rabais. S’ils partagent en deux, ça peut dire que son fiancé n’a pas non plus de quoi financer les deux robes, ou qu’il ne le voulait pas. Il y a tellement à dire sur pareil mot qui n’a absolument pas sa place dans un monde comme celui-ci. Et pourquoi est-ce qu’elle est toujours si fière, pourquoi est-ce qu’elle se sent toujours si maligne d’avoir eu une remise ? Qu’est-ce que ça a de si positif ou gratifiant à ses yeux qui m’échappe complètement ? J’essaye de ne pas être trop sévère, que Joanne ne s’en veuille pas trop, mais j’avoue que ce genre de maladresse m’embête vraiment. Comme le reste des invités, nous prenons la direction de la salle de réception en marchant d’un pas lent, loin d’être pressés. Une fois là-bas, nous ne serons plus vraiment tranquilles, mais bien obligés de faire la conversation avec les personnes environnantes. En chemin, Joanne m’explique avoir sympathisé avec le créateur, parlé de choses et d’autres, et s’émerveille assez naïvement de la manière dont l’homme l’a cernée. « Pas vraiment. Cela signifie seulement qu’il a des yeux. Il suffit de te regarder et voir les robes que tu as choisies pour le deviner. » dis-je en haussant les épaules. Rabat-joie que je fais me direz-vous. Pourtant, c’est bien vrai. Avec sa bouille angélique, voir toute son admiration pour des pièces aux longs jupons de dentelle et aux motifs floraux fait sauter cette évidence aux yeux. Ce n’est certainement pas à un homme spécialiste de l’habillement des femmes que cela échappera. Arrivés dans la grande salle, nous trouvons enfin nos places autour d’une table ronde vers le centre de la salle, donc relativement éloignés de l’estrade. Victoria est bien plus devant, et Lionel, lui, le regard toujours perçant, plus au fond à ma droite. Je ne suis pas surpris de constater qu’il regarde encore Joanne quand mon regard se pose sur lui, et après une seconde de défi, il se détourne. « Seigneur, est-ce qu’il compte arrêter de te dévisager un jour ? » je soupire avant de prendre une grande gorgée de champagne, sentant mon pouls commencer à palpiter. « Je devrais aller lui parler. Mettre les choses au clair. C’est insupportable de se sentir autant observé. » Je ne me lève pas immédiatement, j’attends n’importe quelle forme d’accord ou de désaccord de la part de Joanne avant de faire quoi que ce soit. Après tout, elle est la première concernée, et si elle ne tient pas à ce que son ancien collègue soit remis à sa place, je serais bien obligé de faire avec.