Pousser la porte de l’appartement silencieusement, éviter de faire le moindre bruit en la refermant et aller jusqu’à sa chambre. Voilà quelle était la périlleuse mission d’Axel qui une fois encore, rentrait à une heure particulièrement tardive. La saison battait son plein et les évènements de grandes ampleurs s’enchainaient au sein de son club, nécessitant une organisation bien particulière dont lui seul avait le secret. Au sein de son appartement, aucun bruit si ce n’est le miaulement désapprobateur de Mango, probablement tiré de son sommeil par l’arrivée intempestive du militaire. Axel retira lentement la veste de son costume, laissant apparaître une chemise d’un blanc immaculé, aussi impeccable qu’au moment de son départ. « Chuuut !! » finit-il par dire au chat qui le snoba en faisant demi-tour et en se précipitant dans le couloir pour mieux pousser la porte de la chambre d’Emily. L’appartement d’Axel était grand. Peut-être même excessivement grand pour un homme célibataire vivant seul avec sa fille. Mais c’était comme ça, Axel aimait les grands espaces et avait besoin de place pour se sentir à son aise. La décoration était extrêmement raffinée et il ne faisait aucun doute que cet endroit aurait pu faire la une d’un magasine de décoration. La seule chose qui manquait cruellement en ces lieux, c’était une touche féminine… Comme il le faisait tous les soirs, Axel traversa l’immense couloir à son tour et entra sans faire le moindre bruit dans la chambre de sa fille. Qu’elle était jolie !! Si sereine, si calme. Ses longs cheveux aux reflets blonds encadraient son visage angélique, elle portait un pyjama rose imprimé de dizaines de petits donuts colorés. Emy dormait profondément, ce qui n’empêcha pas Axel de déposer un baiser sur son front avant de croiser le regard arrogant de Mango qui venait de se coucher contre la petite princesse. Il tendit la main vers le chat qu’il caressa brièvement avant de sortir de la chambre à pas de loup. Sa chambre se trouvait tout au bout du couloir et il lui restait encore à passer devant celle de Célia, sans faire de bruit. Cela faisait maintenant une dizaine de jours que la belle antiquaire vivait chez eux et autant dire que sa présence ravissait tout autant Axel qu'Emily, qui était particulièrement intriguée par cette présence féminine. Après de douloureux efforts, mission accomplie !! Désormais dans sa propre chambre, il pouvait se permettre d’allumer la lumière et de se déplacer à sa guise. Bon sang, que c’était bon d’être enfin chez soi ! Un à un, Axel défit les boutons de sa chemise avant de se déshabiller et de se rendre sous la douche. Durant un long moment, il laissa l’eau chaude ruisseler sur son corps et détendre ses muscles meurtris par la rude journée qu’il venait de passer. Ce n’est que lorsque la buée se fit extrêmement dense autour de lui qu’Axel se décida enfin à en sortir. Il enfila un bas de pyjama gris et un t-shirt noir près du corps qu’il aurait tout aussi bien pu porter pour sortir. A croire que même pour dormir, il avait besoin de se sentir élégant !! Oui, sauf que ce soir, Axel n’avait pas vraiment sommeil. Plus tôt dans la soirée, il avait reçu un appel en provenance de New-York… l’associé de son père venait de lui annoncer sa disparition. Un tragique accident de hors-bord. Axel ne savait pas trop comment réagir à cette nouvelle et c’est précisément ce qui le rendait aussi perplexe. Etait-ce normal de n’éprouver aucune forme de tristesse ? Il était déjà 3h30 du matin mais au lieu de s’installer dans son lit où il savait qu’il ne ferait que se tourner et se retourner, Axel préféra sortir de sa chambre et se rendre dans la cuisine. Il s’empara d’une bouteille d’un grand cru issu d’un vignoble français et l’ouvrit avant de s’en servir un verre. Il l’emporta jusque dans le salon et le déposa sur l’imposant piano à queue qu’il chérissait tant. L’espace d’un instant, Axel contempla la vue imprenable sur la ville avant de soupirer doucement. Il songea à sa mère… était-elle au courant ? Il prendrait soin de l’appeler plus tard, un exercice auquel il ne s’était pas soumis depuis une éternité. Après de longues minutes de réflexion, le ténébreux Axel s’installa au piano et se mit à jouer. Ses doigts glissaient sur les touches d’ivoire avec une remarquable aisance, faisant naitre une mélodie à la fois douce et poignante, reflet de ses propres émotions. Chaque fois qu’il jouait, il parvenait à mettre ses préoccupations de côté et à s’enfermer dans l’armure familière qui l’aidait à s’isoler du monde extérieur. Seulement éclairé par la lumière du clair de lune qui pénétrait dans le salon, Axel joua durant un long moment jusqu’à ce qu’il ne sente une présence dans son dos. S’arrêtant presque brusquement il se tourna et croisa le regard de Célia. « Oh… je t’ai réveillée, je suis navré. »
Elle avait beau regarder ce classeur, aucun souvenir ne lui revenait pour l'instant. Elle observait tous ces visages, mais aucun flash, aucune information. Pourtant, ce n'était pas faut de les voir et les revoir. Cela faisait déjà deux jours que l'inspectrice Priest lui avait donné ce classeur contenant tous les délinquants du coin, susceptible d'avoir cambriolé sa boutique mais rien. Elle aimerait bien que les souvenirs lui reviennent mais ce n'était pas le cas. Elle avait même été en ville aujourd'hui. Elle s'était promenée sur Pine Rivers, près de sa boutique. Mais elle n'avait même pas traversé la rue. Elle ne se sentait pas encore capable d'entrer à l'intérieur. Même si elle savait, qu'elle devait le faire. Lundi, elle allait reprendre le boulot. La boutique avait été fermée déjà bien longtemps. Elle avait déjà perdu beaucoup d'argent. Et peut-être même des clients. Elle était restée un instant à observer la bâtisse jusqu'à ce qu'Emily lui propose de manger une glace. Ce qu'elle avait accepté. C'était samedi et la petite n'avait cours. Alors Célia s'était proposée pour la garder. Elle en avait un peu assez de rester enfermé chez les Westlake. Elle avait besoin de sortir et Finn commençait à déprimer sans ses longues balades au parc. Alors elles étaient sorties toutes les deux. Cela leur avait fait du bien, tant à Emy, qu'à Célia. Elle avait l'impression que cela faisait une éternité qu'elle n'avait pas fait ce genre de chose. L'antiquaire avait oublié combien il était agréable de se promener sans réel but, à flâner ici et là. Et puis Emily était très agréable, un rien l'intéressait. Ce qui amusait toujours autant la jeune femme. La soirée avait été plutôt calme. Axel travaillait tard et elles étaient seules. Malgré tout, Célia veillait à ce qu'elle ne se couche pas trop tard. Et en dépit des suppliques de la petite fille, elle avait rejoins son lit à une heure raisonnable, Mango qui ne la lâchait pas d'une minute. Célia lui avait raconté une des histoires qui figurait dans son livre de contes puis elle avait laissé la petite fille dormir. Elle avait regagné le salon. Elle était passé chez son frère qui s'était occupé des papiers de sa boutique. Elle avait récupéré les factures et les différents courriers en attente. Elle avait réglé des achats, puis elle avait répondu à quelques lettres de clients et de fournisseurs. Il était presque minuit quand elle avait tout rangé. Elle avait attendu Axel pendant une bonne heure, comme elle le faisait souvent quand il rentrait tard. Mais ne le voyant pas arriver, elle s'était finalement dirigée dans la chambre qu'elle occupait pendant son petit séjour. Elle s'était mise au lit avec la ferme intention de dormir. Seulement ces derniers temps, le sommeil la fuyait. Elle avait beaucoup de mal à dormir, encore plus qu'avant son hospitalisation. Lasse de se tourner et de se retourner dans son lit, elle avait fini par reprendre en main le classeur de la police. Elle faisait des efforts pour se rappeler de quelque chose mais rien. Puis elle avait entendu des pas dans le couloir. Elle se doutait que le militaire était rentré. Célia jeta alors un œil au réveil et constata qu'il était plus de trois heures du matin. Elle esquissa un petit sourire, repensant à leur discussion à l'hôpital. Il était la nuit et elle était le jour. Aujourd'hui, cela avait particulièrement un sens. Axel travaillait beaucoup. Elle ne savait pas si c'était comme ça, depuis toujours. Ou si au final, sa présence le gênait. Elle ne savait pas. Elle espérait que cela ne soit pas le cas. Depuis leur baiser à l’hôpital, ils n'avaient eu aucun autre contact entre eux. Parce que sa famille était souvent là. Et ensuite parce que c'était la présence d'Emily qui les poussait à faire attention. Célia ne savait pas vraiment. Pour Emily, elle était juste une amie de son père, venue quelques jours chez eux pour se reposer. Et l'antiquaire devait admettre qu'elle appréciait son séjour chez les Westlake. Axel et elle apprenaient l'un sur l'autre. Et il passait du temps avec Emily. Cela lui faisait du bien. La jeune femme oubliait presque qu'un criminel était encore en liberté. Après quelques minutes, elle se décida à se lever et d'aller boire un verre d'eau. C'est quand elle quitta sa chambre, qu'elle entendit la mélodie au piano. Elle ferma le déshabillé blanc qu'elle venait de mettre sur ses épaules. Ses cheveux sur les épaules, elle se dirigea pieds nus vers le salon. Axel se trouvait assis sur le tabouret, ses doigts parcourant les touches noires et blanches. Derrière lui, il ne pouvait pas la voir. Et à vrai dire, Célia ne voulait pas l'interrompre. Sa mélodie était triste et un verre de vin se trouvait sur le piano. Elle l'écouta jouer avant qu'il ne la remarque. Elle l'observa puis à ses mots, elle esquissa un doux sourire avant de hausser un peu les épaules. Elle s'avança vers lui. « Tu ne m'as pas réveillée. Je ne dormais pas. Alors ne t’excuse pas. » Elle avait posé une main sur son dos, l'observant. Ses yeux verts scrutaient le visage du militaire avant qu'elle ne demande : « Quelque chose ne va pas ? »
Concentré sur les notes qui naissaient de ses doigts, Axel tentait de discipliner son esprit afin d’en extraire les sombres pensées qui l’occupaient depuis le début de la soirée. Son père… Depuis bien longtemps, Axel avait décidé de minimiser l’importance de leur lien familial ; il n’avait été qu’un accident provoqué par une situation exceptionnelle, il en était absolument certain. Entre eux, il n’y avait jamais eu la moindre démonstration d’amour ou d’attachement. William Westlake était un homme violent qui avait trop longtemps calmé ses nerfs sur son fils unique jusqu’à ce que celui-ci soit en âge de se rebeller. Axel tâchait tant bien que mal d’occulter cette partie de son existence mais parfois, comme ce soir, la dure réalité reprenait le dessus en le contraignant à se remémorer d’aussi lointains souvenirs. Il continua de jouer jusqu’à ce qu’il ne perçoive une présence dans son dos. La vue de Célia détruisit instantanément l’opinion d’Axel selon laquelle il était un être raisonnable et rationnel, sachant garder ses sentiments sous contrôle. Bien que la tâche ne fût pas facile, il avait consciencieusement essayé de chasser de son esprit les délices inattendus de leur baiser. Et depuis dix jours, il n’était pas toujours évident de faire preuve de contrôle, surtout quand il n’éprouvait qu’un seul désir, la serrer dans ses bras. A sa demande, il hésita. « Je n’en sais trop rien… » Le contact de sa main tout contre son dos l’aida à faire le point et se recentrer. Il y eut un silence de plusieurs longues secondes, avant qu’il ne se décide à continuer. « L’associé de mon père m’a téléphoné depuis New York tout à l’heure… » Le regard perdu dans le vide, Axel se remémora la brutalité de leur échange. Cynique, il avait d’abord imaginé que son père allait une nouvelle fois chercher à lui emprunter de l’argent afin de se sortir une nouvelle fois d’une embarrassante situation. Mais non… « Mon père est mort. » Ce n’est que lorsqu’il eut prononcé ces mots à voix haute qu’il réalisa à quel point cette nouvelle le laissait indifférent. Axel était davantage troublé par son manque d’émotions que par la nouvelle en elle-même. Après avoir respiré à fond et expiré lentement, il osa de nouveau croiser le regard de Célia et rassembla ses forces pour lui dire la vérité. Il n’avait pas envie de lui cacher quoi que ce soit. Non, pas à elle. « Je ne sais pas trop ce que je ressens… mon père était de loin et à mon grand regret, la personne la plus détestable sur cette planète. Nous n’avons jamais véritablement eu l’occasion de nous parler et en même temps, je ne vois pas trop ce que nous aurions pu nous dire. » Tandis qu’il parlait, il laissa ses mains courir sur le clavier sans pour autant jouer la moindre note. Axel était manifestement plongé dans ses pensées, partagé entre son envie de tout raconter à Célia et la peur qu’elle ne découvre une facette un peu trop sombre de sa personnalité et de son histoire. Paradoxalement, elle était la seule personne au monde à laquelle il souhaitait se confier. « C’était un homme d’affaires rongé par l’alcool et son intarissable avidité envers l’argent et le pouvoir. Enfant, je subissais ses foudres à longueur de temps…physiquement parlant, je veux dire. C’est sans doute pour cette raison qu’en grandissant, j’ai voulu m’engager dans l’armée. Pour devenir quelqu’un de bien… quelqu’un de différent de William Westlake. » La simple évocation de son nom fit naitre un sourire cynique aux coins de ses lèvres. Axel s’empara de son verre de vin et en but une légère gorgée avant de le reposer. « J’ai toujours été effrayé à l’idée de lui ressembler d’une quelconque manière. Quand Emily est née, j’étais effrayé à l’idée de mal me comporter… je n’ai jamais su ce qu’était un père alors comment pourrais-je être un bon exemple pour Emily ? Je sais désormais que mes inquiétudes n’étaient pas fondées mais tu vois… je crois que même aujourd’hui je suis incapable de lui pardonner tout ça. Et là… je ne ressens rien si ce n’est de l’indifférence. » Et il lui en voulait d’avoir failli dans sa tâche de père mais le mal était fait et rien ne pourrait désormais corriger les erreurs du passé. « Il faut juste que je me fasse à cette idée. » Comme toujours, Axel n’aimait pas montrer ses émotions. Aussi, s’empressa-t-il de s’éclaircir la voix afin de se redonner contenance et attira Célia tout contre lui, pour qu’elle vienne s’asseoir sur ses genoux. Il remit une mèche de ses cheveux en place, la dévisageant avec un désir difficilement dissimulable. « Et toi, comment vas-tu ? Avec tout ça, je n’ai même pas pris la peine de te le demander… »
Elle l'observait, s'attardant sur chaque trait de son visage qu'elle avait appris à connaître par cœur. Elle n'aimait pas le voir avec cet air triste sur le visage. Alors forcément, elle s'inquiétait. Mais elle ne voulait pas non plus qu'il cache ses émotions à cause d'elle. Elle n'allait pas le juger pour le faire, au contraire. Elle appréciait quand ils partageaient des choses, même quand il s'agissait de discussions difficiles ou sérieuses. Comme cela semblait le cas au moment présent. De sa main, elle caressait son dos, lui laissant le temps de prendre la parole. Célia n'avait pas envie de le brusquer ou de l'obliger à lui confier quoique ce soit. Elle voulait qu'il se sente libre de lui parler ou non. Mais elle voulait qu'il sache qu'elle était là, si c'était le cas. Qu'elle n'allait pas partir et qu'elle allait l'écouter jusqu'à ce que la conversation soit terminée. A ses premiers mots, elle reposa ses yeux verts sur lui. « Je suis désolée.... » A cette nouvelle d'Axel, elle resta silencieuse. Célia avait cru comprendre que les relations entre Axel et sa famille n'étaient pas au beau fixe. Lors de leur rencontre, il lui fais comprendre que ses parents n'avaient pas vraiment été des parents. Et elle imaginait bien qu'il avait pris ses distances dès qu'il avait pu le faire. Même si elle trouvait ça un peu triste. Sa famille à elle, était constamment sur son dos. Dès son enfance. Les jumelles étaient un peu l'attraction du quartier. Leur mère les habillait de la même façon. Et heureusement qu'elles n'étaient pas des copies conformes parce que cela aurait ennuyé un tas de personnes. A l'école, elle se souvenait de ses frères qui les surveillaient Selina et elle, pareil pour le lycée. A chaque fois qu'un garçon s'approchait un peu trop de Selina ou de Célia, il avait affaire à un Scott. Combien de fois, l'antiquaire s'était mise en colère contre ça, contre cette surprotection, cette surveillance à outrance... Maintenant, elle se rendait compte qu'elle avait été chanceuse. Oui, sa famille n'était pas parfaite mais chacun protégeait l'autre. La famille passait avant tout. Ses parents lui avaient inculqué des valeurs qu'elle prônait encore aujourd'hui. Quant à ses frères, ils lui avaient permis d'avoir une adolescence et un passage à la vie d'adulte plus facile. Elle les remerciait pour ça. Encore aujourd'hui, après le cambriolage de sa boutique et son séjour à l'hôpital, elle avait pu voir à quel point, ils s'inquiétaient tous pour elle. Célia n'était peut-être pas la plus expressive de la famille, même loin de là. Mais cela la touchait beaucoup. Elle savait que peu importait ce qui se passait, elle pourra toujours compter sur eux. Et ce n'était pas donné à tout le monde. Célia aurait aimé qu'Axel puisse connaître ça. Qu'il ne soit pas obligé de se forger une carapace et qu'il puisse grandir comme n'importe qui sans se poser trop tôt des questions d'adultes. Mais cela n'avait pas été le cas. Elle le comprenait alors qu'elle l'écoutait sans l'interrompre. Écouter ce qu'il lui disait, lui faisait mal quand elle imaginait ce qu'il avait pu subir plus jeune. Sa main était remontée jusqu'à la nuque d'Axel, ses doigts fins au contact de la peau de ce dernier. « Malgré ce qui s'est passé, tu n'es pas devenu comme lui. Tu es quelqu'un de bien. Et Emily est heureuse avec toi. Il suffit de la voir s'épanouir, de s'ouvrir comme une fleur. Tu lui donnes le sourire à chaque fois que tu es à ses côtés. C'est une petite fille brillante, espiègle et très ouverte avec les autres. Tu as réussi là où ton père a échoué. » Elle l'observa en lui faisait un doux sourire. Quand elle avait rencontré Emily, elle avait été surprise de voir à quel point la petite fille était épanouie. Les enfants dans les familles monoparentales avaient souvent des lacunes affectives. Mais ce n'était décidément pas le cas de la petite. Axel l'avait élevé toute seule et rien que pour ça, il pouvait être fier. « Et puis, elle a un papa qui a su garder la tête haute, qui a appris à ne pas abandonner, à travailler durement pour réussir et à se battre pour ses convictions. Alors non tu n'es pas comme ton père. » Elle caressa sa nuque doucement, sans quitter ses yeux des siens. « Tu as réussi à faire ta vie sans lui, à avancer sans son ombre au dessus de ta tête. A être différent. Ne t'en veux pas de ne rien ressentir. » Parfois, il était nécessaire de couper les ponts avec son passé. Célia était entrain d'en prendre conscience depuis quelques jours maintenant. Un passé ne devait être chéri que s'il nous aidait à avancer, et qu'au contraire, il ne nous gardait pas enchainé à de mauvais souvenir. La jeune femme se retrouva ensuite sur les genoux d'Axel. Elle passa l'un de ses bras sur ses épaules, l'observant. Ça faisait une éternité qu'ils n'avaient pas été aussi proches tous les deux. Elle approcha son visage de celui d'Axel, posant doucement son front contre le sien. La main libre de Célia se posa sur la joue du militaire. Elle aimait profiter de ce genre de moment rien qu'à eux. Puis à la question d'Axel, elle reposa son regard sur lui. « Je vais bien, ne t'en fais pas. » Elle n'avait presque plus de douleur à la poitrine. C'était une bonne chose. Et elle ne prenait plus qu'un léger anti-douleur. « Je n'arrive toujours pas à dormir. Mais je suis habituée. » Elle esquissa un fin sourire et ajouta : « Tu vois, tu n'es pas le seul oiseau de nuit dans cette pièce. » Célia pourrait clairement avoir des horaires décalés, tant son sommeil était irrégulier. Elle garda ses yeux sur lui. Avec une telle proximité, elle sentait encore le souffle chaud de sa respiration. Et le regard de Célia s'attardait une fois de plus sur le contour des lèvres du militaire.
Les mots de Célia l’apaisèrent presque instantanément, le sortant ainsi de la noirceur des pensées qui l’habitaient depuis des heures. C’est aussi pour ça qu’il se sentait si bien avec elle. Elle était la seule à pouvoir lui faire entendre raison. Doucement, il caressa ses cheveux soyeux, replaça une mèche rebelle en arrière et glissa ses mains le long de ses bras avec douceur. Comme toujours, il émanait d’elle une sensualité affolante, irrésistible. « Je t’ai déjà dit que tu es la femme la plus incroyable de cette planète ? Ca me fait du bien de t’avoir à mes côtés. Je crois vraiment que tu es l’élément qui manquait à ma vie… et probablement le plus important.» La confiance était un bien extrêmement précieux à ses yeux et il était forcé d’admettre que Célia en était l’un des rares acquéreurs. Il tenait à elle d’une manière qu’il ne comprenait pas mais de toute façon, la rationalité ne faisait pas partie de ses préoccupations premières. Lui qui s’était toujours contenté des histoires sans lendemain, des passions éphémères, se rendait désormais compte de tout ce qu’il aurait pu manquer. Célia était devenu un véritable point d’ancrage dans son existence, ce qui était relativement effrayant à ses yeux dans la mesure où leur histoire débutait à peine. A la lumière du clair de lune, elle était encore plus éblouissante. « Qu’est-ce qui t’empêche de dormir, hum ? » voulut-il savoir. Etait-ce en raison d’un sommeil irrégulier ou bien était-elle préoccupée par un quelconque sujet ? Si tel était le cas, il espérait bien qu’elle daigne lui en parler. Fermant les yeux un court instant, il s’imprégna de la présence de Célia avant de resserrer plus fermement son étreinte et de l’attirer un peu plus contre lui. Il déposa un baiser au coin de ses lèvres puis un autre dans son cou tandis que son doux parfum assaillait ses sens. « Je suis désolé de ne pas avoir été très présent cette semaine. Il y a pas mal de choses que je dois gérer en ce moment et bon nombre de dossiers qui ne peuvent pas attendre. Ca devrait aller mieux dans les jours qui viennent et je pense même m’octroyer des vacances… J’ai envie de passer plus de temps avec toi et je crois que j’en ai vraiment besoin. Tu me manques…» Même s’ils vivaient temporairement ensemble, Axel avait l’impression de passer tout son temps au travail et de toute évidence, se sentait lassé de cette situation tandis que ses priorités étaient bien différentes désormais. N’y résistant plus, il vint chercher ses mains qu’il enlaça avec les siennes et vint chercher ses lèvres pour y déposer le plus délicat et le plus langoureux des baisers qu’il lui ait encore jamais été donné. Ses lèvres avaient une saveur particulière et le souvenir de leur dernier baiser n’était qu’une vaste mascarade à côté de ce qu’il ressentait en cet instant. Lorsque son visage s’éloigna de celui de la jeune femme, Axel ne prit pas immédiatement la parole mais un sourire étira ses lèvres. Plus il la regardait et plus il la trouvait incroyable. Tout en elle était si démesurément parfait que l’œil s’abîmait sans cesse dans un trouble fasciné. La lumière de la lune projetait des reflets de neige sur ses cheveux, donnant à ses impossibles yeux verts, une nuance tout aussi impossible. Les ombres dansantes sur les angles de son visage accentuaient la beauté sculpturale de ses lèvres, la rendant aussi séduisante que le péché mortel. « Hum… » finit-il par dire en signe de réflexion tandis qu’il tâchant de se redonner un minimum de contenance. Il observa le piano un instant puis reposa son regard ténébreux sur Célia. « Tu m’as dis que tu savais jouer, non ? » En attendant sa réponse, il tendit la main en direction de son verre de vin et le tendit à la jeune femme afin qu’elle y goûte si elle le désirait.
Gardant ses yeux verts sur lui, un fin sourire s'afficha sur ses lèvres aux propos d'Axel alors que ce dernier remettait correctement une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Même si encore une fois, elle ne pensait pas mériter de tels éloges. Mais c'était quand même bien agréable à entendre. Elle devait l'admettre. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas eu de relation. Et se sentait un peu comme une collégienne. Quoi faire, quoi dire... Elle naviguait un peu à l'aveugle. Mais elle prenait son temps et elle écoutait son cœur comme le lui avait suggéré le militaire. Elle n'avait pas envie de mettre des barrières imaginaires à cette histoire naissante. Elle ne voulait pas tout gâcher à cause de ses peurs. Tout le monde en avait, il fallait juste apprendre à vivre avec elles. Et ne pas gâchait ce qui se profilait à l'horizon. Elle avait déjà raté beaucoup de choses par le passé. Alors elle commençait à se dire qu'il était temps de changer les choses. Le fin sourire toujours sur les lèvres, elle se serra un peu plus contre lui. « Je crois que je ne pourrais pas me laser de t'entendre dire ce genre de choses. » Qui pourrait se laser de ça en même temps ? Elle garda ses yeux sur lui quand il lui demanda ce qui l'empêchait de dormir. Elle l'observa, haussant un peu les épaules. « Je ne sais pas. Je n'ai jamais été du genre à dormir longtemps, cinq heures me suffisent. Mais avec ce qui s'est passé, je crois que mon cerveau essaie encore de faire le tri des informations.... » Son sourire s'estompa un peu. Ce cambriolage bien qu'elle n'en parlait pas, était quand même traumatisant. Elle ne se souvenait pas de ce qui s'était passé. Mais elle avait appris qu'un homme était mort dans sa boutique. SA boutique, SON refuge... Forcément, cela la chamboulait un peu. Elle essayait de ne pas trop y penser, mais son esprit n'était pas d'accord. Et il se rappelait à elle quand elle mettait ses sens en veille. « L'inspectrice m'a laissé un classeur avec des photographies de suspects. Mais je ne me souviens de rien... J'aimerai mais je n'y arrive pas. » Et pourtant, elle le feuilletait ce classeur, encore et encore. Mais rien jusqu'à présent, aucun souvenir, aucun détail. Rien du tout. Elle avait été médecin. Et elle avait déjà vu ce cas de figure. Amnésie post-traumatique. Elle soupira doucement, puis elle reporta ses yeux sur lui. Et elle ne savait même pas si elle avait envie que ça revienne... Célia sentait ensuite les lèvres d'Axel sur sa peau. Cela avait le don de lui faire oublier ce qui assombrissait son esprit. Comme cela avait été le cas quelques secondes plus tôt. Puis elle secoua légèrement la tête aux propos suivants d'Axel. « Tu me manques aussi. Et je comprends très bien que tu as d'autres priorités. Quant aux vacances... j'espère que tu vas en profiter. Parce que je retourne à la boutique la semaine prochaine. » Ils n'allaient donc faire que se croiser ? Cela semblait le cas. Elle avait fermé la boutique assez longtemps. Et puis, travailler lui manquait quand même beaucoup. Elle avait envie de reprendre sa vie. Et puis, Axel l'avait assez aidé jusque là. « Mais tu pourras venir me rendre visite. » Elle n'oubliait pas que leur histoire avait commencé là-bas. Elle qui avait refusé tous les rendez-vous arrangé, les présentations d'amis... Elle qui ne voulait rien de sérieux, qui même ne voulait personne dans sa vie... Cette visite à sa boutique avait tout remis en cause. Et elle ne regrettait pas qu'Axel soit entrée dans son monde. A quelques minutes près, ils auraient pu ne jamais croisé. Peut-être que c'était alors un signe du destin ? Ses yeux verts observaient les traits du militaire. Cette fois-ci, ce dernier l'embrassa. Elle répondait à ce baiser. Ses lèvres lui avaient manqué comme cette sensation particulière qui lui nouait le ventre quand elle sentait la bouche du militaire contre la sienne. A regret, elle sentait Axel lâchait ses lèvres alors que le silence s'installait entre eux. Encore une fois, elle avait l'impression que quelque chose le gênait. Comme s'il n'osait pas. A sa question, elle fut un peu surprise. Elle prit le verre en main et un sourire naquit sur les lèvres de l'antiquaire. « Je n'ai pas pratiqué depuis longtemps... » Elle gardait ses yeux verts sur lui. Bon, peut-être qu'elle ne parlait pas seulement du piano. Elle reposa le verre de vin sur l'instrument de musique. « Tu sais, si ma présence ici te met mal à l'aise, ce que je comprends. » Après tout, cela faisait longtemps qu'il vivait seul avec Emily. Ils avaient des automatismes tous les deux. Et elle, elle venait se mettre en plein milieu. « tu peux me le dire. » Elle esquissa un sourire avant de se relever et de se poser contre le piano. « Je conçois que ce n'est pas évident pour vous deux. » Elle ne voulait pas que les choses se passent mal entre eux. Et durant cette semaine, il avait été souvent absent... mais il y avait aussi ces moments où ils passaient à trois. Et c'était agréable. Seulement, quand ils étaient deux cela semblait plus compliqué...
Parvenir à faire le tri dans ses idées après un événement aussi traumatisant est loin d’être chose aisée. Pour sa part, Axel avait été conditionné pour réussir à faire face à toutes les horreurs qu’il avait pu voir ou vivre au cours de ses différentes missions. Pourtant, certaines images demeuraient indélébiles et le hanteraient jusqu’à la fin de ses jours. Le cas de Célia était certes bien différent et la mémoire lui reviendrait certainement lorsqu’elle serait prête. « Donne-toi du temps… peut-être que tu ne parviens pas à te souvenir pour le moment mais tôt ou tard, quelque chose finira bien par te revenir à l’esprit. Un son, un visage, un détail imprécis… Ne cherche pas à précipiter les choses. Et puis, j’imagine que les enquêteurs ont dû relever des empreintes dans ta boutique. » Il serait surprenant que ces deux malfaiteurs aient été suffisamment minutieux pour prévenir le moindre risque de se faire coincer. Ils avaient forcément commis un faux pas et tôt ou tard, ce faux pas allait les mener à leur perte. En attendant, il avait envie que Célia prenne le temps de se vider l’esprit et de se relaxer. Elle méritait vraiment de se reposer et de songer à autre chose qu’à cette sordide affaire. C’est aussi pour cette raison qu’il en vint à lui parler des futures vacances qu’il comptait s’octroyer. Ainsi, ils pourraient certainement passer un peu de temps ensemble, apprendre à mieux se connaître et pourquoi pas s’accorder quelques jours en amoureux. Mais la réponse de Célia sembla anéantir ses certitudes en une fraction de seconde. « Oh … » Si une lueur de déception traversa instantanément son regard, Axel tâcha bien vite de ne rien laisser paraître de son trouble et se força à sourire légèrement. Sa boutique lui tenait à cœur, il le savait. La tenir éloignée de son petit coin de paradis trop longtemps n’était pas envisageable et manifestement, elle ne désirait pas attendre davantage. « Tu es certaine d’être prête pour ça ? » Retourner dans sa boutique était peut-être l’élément déclencheur qui allait raviver ses souvenirs. Axel se fit la réflexion qu’il serait sans doute bon qu’il se joigne à elle, du moins les premiers jours. Sans compter que Célia allait certainement avoir besoin d’un petit coup de main pour tout remettre en ordre avant la réouverture. Sauf si sa présence n’était pas désirée. Elle avait peut-être besoin de se retrouver seule, de se réapproprier son refuge à sa manière, sans aucune forme d’aide extérieure. En réalité, il ne savait pas trop ce qu’elle désirait et c’est peut-être ce qui le tracassait autant. « J’ai plutôt l’impression que c’est pour toi que les choses ne sont pas évidentes… » déclara-t-il le plus naturellement du monde. En réalité, il ne comprenait pas trop où elle souhaitait en venir en disant tout ça. Axel lui avait-il donné une seule bonne raison de croire que sa présence compliquait son quotidien ? Certes il avait souvent été absent mais comme il venait très justement de le faire remarquer, il était en plein rush à cause de la saison estivale et forcément, croulait sous les différentes demandes en lien avec le club. Il était tout de même le propriétaire des lieux et se devait donc de faire le nécessaire pour satisfaire sa clientèle. Croisant ses bras devant lui avec une mine sérieuse, il l’observa attentivement. « Est-ce que j’ai dit ou fait quelque chose susceptible de te laisser imaginer que je puisse me sentir mal à l’aise ? Car ce n’est absolument pas le cas. Bien au contraire… j’aime te savoir ici et pas seulement car cela me rassure mais aussi car j’ai besoin de toi à mes côtés. » Un court instant, il détourna le regard en direction du clavier puis le reporta sur Célia. Une étrange pensée venait de lui traverser l’esprit et il préférait tirer les choses au clair immédiatement. « Est-ce qu’Emily t’a dit quelque chose ? Elle avait pourtant l’air heureuse que tu sois là…» Oui et autant dire qu’il n’avait jamais vu sa fille aussi épanouie que depuis que Célia partageait leurs vies. A croire qu’elle était ce souffle de vie qui manquait tant à leur existence ! « La seule chose qui pourrait éventuellement m’effrayer à l’heure actuelle … » Axel hésita un court instant, pas franchement certain de pouvoir se lancer sur le sujet sans s’attirer les foudres de la jeune femme. Mais qu’importe, s’il fallait jouer franc jeu, autant y aller maintenant. «… ce sont mes sentiments. Ce que j’éprouve chaque fois que mon regard se pose sur toi ou que tu es dans les parages. Pas la peine de brûler les étapes… on a tout le temps de se découvrir, de s’apprivoiser… Même s’il serait tentant de répondre à ce désir ardant qui me consume chaque fois que je pense à toi. Je ne pense qu’à toi, je ne rêve que de toi, je n’ai besoin que de toi… Et je n’ai pas l’habitude de tout ça. Je suis un loup solitaire, allergique à toute forme de romantisme. Mais toi… tu es une sorte de drogue dont je ne peux plus me passer. Tu me prends pour un dingue, c’est ça ? »
Célia ne savait pas si elle avait vraiment envie de se souvenir. Elle n'avait pas envie de connaître en détail ce qui s'était passé... Même si cela pourrait aider à la capture de ce deuxième cambrioleur. Elle avait peur du résultat. Peur de ne plus être faire ce qu'elle aimait faire. Encore une fois. La jeune femme ne voulait pas qu'on lui retire sa boutique et le monde qu'elle s'était reconstruit en quittant l'hôpital. Parce qu'elle ne savait pas si elle serait capable de se relever cette fois-ci. Sa boutique, c'était son havre de paix. Elle avait mis des semaines à la retaper, à refaire toutes les boiseries, les moulures. A imaginer chaque section, chaque décoration. Cela lui avait occupé l'esprit. Et pour la première fois depuis des mois et des mois, elle s'était surprise à s'enthousiasmer à l'idée de travailler dans cette boutique. Boutique qui prenait forme petit à petit. Elle y avait mis son cœur, son âme et son identité. Elle s'était mise à nue entre ses murs. Et elle ne voulait laisser personne lui enlever ça. Personne. Aux paroles d'Axel, elle secoua légèrement la tête. « Justement, la police n'a trouvé aucune empreinte exploitable... » Voilà pourquoi la pression policière était forte sur ses épaules. Elle savait que les forces de l'ordre attendait sa déposition. Seulement elle avait beau essayer de se remémorer ses heures à la boutique, rien ne revenait. Peut-être qu'Axel avait raison. Elle devait encore se donner du temps. Cela n'allait pas revenir comme ça. Cela faisait à peine plus de deux semaines qu'elle était sortie du coma. Elle devait d'abord se rétablir avant de penser à la police. Célia fut ensuite un peu surprise par la réaction du militaire à son envie de son envie de retravailler, ou de ne pas pouvoir passer du temps avec eux... peut-être les deux. Elle l'observa à sa question. Elle secoua un peu la tête. « Non... mais je n'ai pas envie que ce type m'empêche de faire ce que j'aime. C'est ma boutique. » C'était son bébé, à défaut d'en avoir un à proprement parlé. Elle y avait mit toute sa passion. Elle s'était reconstruite grâce à elle... Elle ne voulait pas qu'on lui enlève. Cela n'était pas la première fois qu'elle affrontait une situation qui lui déplaisait. Mais elle allait se forcer, comme elle faisait d'habitude et reprendre sa vie d'avant. C'était tout ce qu'elle voulait. Enfin presque tout. Ses yeux s'attardaient sur Axel qui avait reprit la parole, croisant ses bras sur son torse. Elle écoutait ses mots sans l'interrompre. Et plus il parlait et plus elle avait le cœur qui battait la chamade. Elle avait besoin d'entendre tout ce qu'il était entrain de lui dire. Tellement besoin. Célia était souvent assaillie par les doutes. Et elle était peut-être trop fière, trop orgueilleuse pour les exprimer. Ou peut-être qu'elle avait tout simplement peur de montrer ses faiblesses. Axel lui avait dit qu'elle pouvait compter sur lui. Mais cela faisait des années qu'elle vivait ainsi, qu'elle gardait tout pour elle. Ce n'était pas facile de changer aussi rapidement. Mais elle avait envie d'essayer. Elle allait essayer. Ces mots lui faisaient plaisir. Et un fin sourire s'afficha sur les lèvres au fur et à mesure des paroles du militaire. Elle s'avança vers lui. « Oh non, tu n'es pas dingue. » L'antiquaire déposa ses mains sur ses joues. Elle l'observa un instant avant de l'embrasser tendrement, une fois puis une seconde fois, puis une troisième fois. Des petits baisers, comme des caresses. Puis elle reporta son attention sur lui. Est-ce qu'elle avait vraiment mérité tout ça ? Elle ne le savait pas encore. Mais elle ne voulait plus trop se poser de questions. Elle avait glissé ses mains sur la nuque d'Axel, restant contre lui. « Je ne suis pas plus douée que toi pour tout ça... Mais tu viens de dire tout ce que j'avais besoin d'entendre. Nous allons apprendre ensemble. » Elle caressa sa nuque de ses doigts fins. En effet, ils n'étaient pas obligé de brûler les étapes. Elle avait envie de prendre son temps, de profiter de chaque moment. Replongeant son regard émeraude sur lui, elle ajouta après un léger silence. « Et si vous le voulez tous les deux, je peux encore rester un peu. Comme ça, on pourra encore se voir, même si je reprends le travail... » Elle caressa une de ses joues. « Et puis je ne veux pas travailler vingt-quatre heures sur vingt-quatre, ni sept jours sur sept. J'aurais du temps à vous consacrer. Enfin si ma sœur n'accouche pas entre temps, là... on sera de corvée de babysitting. » Et ça, c'était une possibilité. Selina allait bientôt accoucher. L'antiquaire s'était réconciliée avec sa sœur et elle ne voulait plus louper un seul instant avec elle. « Mais si ce n'est pas le cas, on pourrait en profiter pour partir en week-end ou visiter quelques coins dans la région. » Parce que mine de rien, cela faisait un bail qu'elle n'avait pas pris de vacances. Alors elle ne savait plus vraiment ce qu'il était possible de faire dans la région.
Son regard ténébreux et son sourire d’éternel séducteur lui conféraient une expression particulière tandis qu’il écoutait attentivement la jeune femme. « Je me sens soulagé. L’espace d’un instant, j’ai bien cru que tu cherchais à m’éconduire ce qui, je ne te le cache pas, aurait causé des dommages irréparables à mon égo. » plaisanta-t-il, même s’il y avait une once de vérité dans tout ça. Après tout, personne n’avait encore jamais sapé l’amour-propre du militaire. Non, jamais. Mais là n’était pas la question. Y voir clair dans les contradictions de Célia était loin d’être chose facile et Axel avait parfois l’impression d’avoir occulté toute la complexité qui caractérisait si bien les femmes. Certes il gardait à l’esprit que leur situation était peu conventionnelle et qu’ils auraient certainement besoin de temps pour s’apprivoiser, mais tout de même ! Il y avait certains moments où il ne savait plus du tout à quoi s’attendre et cet instant qu’ils partageaient en était le parfait exemple. « Célia, je ne t’oblige à rien… je veux dire… bien sur que je serai ravi si tu restais vivre avec nous, si nous pouvions passer du temps rien qu’à deux ou partir en week-end quand bon nous semble. Mais je ne veux pas que tu te sentes obligée de faire tout ça… je veux que tu le désires véritablement. Si tel est le cas, alors sois certaine que je ne te laisserai plus jamais partir… » Non… Car si elle désirait être avec lui autant qu’il désirait être avec elle, il était hors de question de gâcher la moindre minute. Axel ne se pensait pas capable d’éprouver des sentiments aussi remarquables en si peu de temps et pourtant, il se devait bien d’admettre que c’était à la fois inouï et extrêmement grisant. « Avec le temps, tu découvriras sans doute que je suis un homme extrêmement possessif… pas jaloux, non… mais possessif. Cela signifie que je suis fou de toi et que je ne peux pas me passer de ta présence. Pas même pour quelques jours… » ajouta-t-il sur un ton amusé tout en déposant un nouveau baiser sur ses lèvres. Il exagérait volontairement le trait pour qu’elle prenne conscience que désormais, il lui était impossible de revenir en arrière et qu’il était préférable qu’elle réfléchisse à deux fois avant de s’engager davantage. Mais comme il le lui avait fait remarquer, ils avaient tout leur temps et il ne lui en voudrait pas d’hésiter ou d’avoir besoin de quelques jours pour réfléchir à tout ça. Axel glissa une main derrière sa nuque et l’attira vers lui sans aucune brutalité afin de goûter à nouveau à ses lèvres. Voilà une chose dont il ne serait jamais totalement satisfait et elle risquait fort de le voir en demander encore et toujours plus. Il n’y pouvait rien, le jeune homme était tactile par nature. Ainsi, il ne fallait pas qu’elle s’étonne de ses baisers, ses caresses et autres enlacements inattendus. Il avait besoin de ça et ne se rendait pas forcément compte que certaines personnes pouvaient être moins à l’aise que lui avec ça. Son front resta appuyé contre celui de Célia et il glissa ses mains jusqu’à sa fine taille de guêpe qu’il serra doucement. « Il se fait tard… tu devrais aller te reposer. Ou alors… je pourrais te serrer dans mes bras jusqu’à demain. » murmura-t-il à son oreille. Oui, elle pouvait tout aussi bien venir dormir dans sa chambre si elle le désirait. Et par dormir, il voulait clairement dire dormir. Comme toujours, lorsque la situation devenait trop sérieuse à son goût, Axel tourna en dérision ses propres mots. « J’ai vu un reportage très intéressant sur certaines communautés nord-américaines… tu savais que parfois, bon nombre d’années sont nécessaires avant qu’un couple ne partage le même lit ? Pas d’embrassades, pas de caresses… rien. Mais rassure-toi, je ne suis pas un amish. Juste un anglais ayant un sens aiguisé des bonnes manières. » Axel ne put s’empêcher de tourner la situation en dérision. Ce qu’il disait était vrai, il avait eu l’occasion d’en avoir la preuve au cours de ses nombreuses et enrichissantes lectures. Son sourire s’accentua au moment où il réalisa que pour lui, mener une telle vie de chasteté était certainement improbable et que pour le coup, il n’aurait probablement pas survécu dans un environnement aussi austère. Ses mains glissèrent le long des bras de la jeune femme puis il attrapa ses mains qu’il caressa délicatement. « Qu’est-ce que tu en dis ? »
Gardant ses yeux verts sur lui, elle l'observait. Elle ne doutait pas qu'il avait eu un nombre incalculable de conquêtes, que les femmes devaient se presser autour de lui, surtout avec le métier qu'il faisait. Et à vrai dire, elle ne savait pas si c'était plaisant à savoir. Elle n'avait vraiment pas envie d'avoir ce genre de détails. Elle imaginait toutefois qu'il n'avait pas du avoir beaucoup de refus de la part de la gente féminine. Et elle avait craqué comme les autres. Parce qu'elle aimait son sourire, son regard, la façon dont il lui parlait, dont il l'observait. Elle avait l'impression de se sentir unique à chaque fois. Et c'était agréable. Elle y prenait goût, petit à petit. Mais elle ne devait pas être la seule, à être tombé sous son charme. Pour la première fois depuis qu'ils se connaissaient, La jeune antiquaire se rendait compte que leur relation allait être un peu plus compliquée que ce qu'elle pensait. Et en même temps, c'était un peu normal. Après tout, aucune relation n'était idyllique. Célia le savait très bien. Ils avaient beau partager des points communs, ils avaient quand même des caractères opposés. Célia était plus jalouse que possessive. Elle tenait beaucoup à sa liberté, son indépendance. Elle avait toujours fait ce qu'elle voulait, quand elle voulait et de la façon dont elle le voulait. Elle n'aimait pas se savoir enchaîner. Voilà pourquoi elle avait pris son indépendance très tôt, dès qu'elle avait eu son premier diplôme. Alors elle se demandait s'ils n'allaient pas finir par se disputer, encore et encore. La jeune femme ne savait pas pourquoi Axel lui disait tout ça. Quel était son but ? Elle venait de lui répéter qu'elle n'avait envie que de lui, et de continuer leur histoire telle qu'ils pouvaient la vivre actuellement, alors pourquoi lui dire ça. L'antiquaire garda son regard sur lui. Elle resta silencieuse quelques secondes avant de reprendre la parole. « Tu apprendra que je ne fais rien par obligation. Quand je n'ai pas envie de faire quelque chose, je ne le fais pas. Mais j'ai envie de rester encore un peu ici... et de faire quelques balades avec vous. » La jeune femme n'oubliait pas Emily. Elle aimait passer des moments avec la petite, comme elle l'avait fait ces derniers temps. Puis elle jeta un œil à Finn qui dormait près du canapé après les avoir observé tous les deux pendant un long moment. « Je crois que Finn s'est déjà installé. » On ne pouvait pas dire que le berger était difficile. Il était même plutôt facile à vivre. Il trouvait sa place peu importe où il se trouvait. Combien de fois avait-il passé des journées, même des nuits chez Duncan. Quand elle travaillait tard, le chien allait voir le médecin et passait du temps avec lui quand il était à sa villa. Villa juste en face de celle de sa meilleure amie. Puis elle s'installa à nouveau sur le banc, près d'Axel. Elle l'observa avant de faire glisser ses doigts sur les touches de l'instrument. « Tu me dis ça pour me faire peur ? » Elle plongea ses yeux verts dans les siens. « Parce que ça ne fonctionne pas. » Ajoutait l'antiquaire avec un sourire. Elle pianota quelques notes. Cela faisait un bail qu'elle n'avait pas joué du piano. Une éternité même. Et cela lui avait manqué. Après ce baiser partagé, elle resta silencieuse, son front contre celui du militaire. Elle aimerait rester comme ça encore un bon moment. Puis elle ne pouvait s'empêcher de sourire aux paroles de l'homme d'affaires. Elle reporta son attention sur lui. « Ce que j'en dis ? Du mode de vie de certaines communautés nord-américaines ? » Elle aimait déjà le taquiner. Elle aimait voir ce pli au coin de ses lèvres. « Mais cela me rassure, que tu ne sois pas amish. Et que tu as de bonnes manières. » Elle n'en doutait pas. Cela avait été flagrant dès leur rencontre. Cela lui plaisait. Elle aimait les bonnes manières, détestait la vulgarité sous toutes ses formes. « J'espère seulement que ton éducation de gentleman anglais ne va pas t'empêcher de m'embrasser, de me prendre dans des bras ou de me caresser quand tu en auras envie... » Elle arrêta ses mains qui étaient toujours sur les touches et elle leva son regard sur lui. Elle l'observait sans rien dire. Elle approcha son visage du sien pour l'embrassa. « Je ne suis pas anglaise, je risque donc de faire ça souvent. » Elle garda son visage près du sien. « Mais tu peux bien sûr m'en empêcher. » Elle posa ses lèvres sur la bouche d'Axel avant de descendre sur son menton puis glisser lentement sur son cou. Une douce caresse qui la faisait elle-même frissonner. Puis elle l'observa à nouveau, ses yeux ne quittant pas ceux du militaire. « Enfin... tu as raison, il se fait tard. Il est peut-être temps d'aller dormir. »
Lui faire peur ? Non, ce n’était pas son but. Pourquoi ferait-il une chose pareille ? Axel entrouvrit la bouche pour lui répondre mais sembla chercher ses mots durant un bon moment. Parfois, il avait beaucoup de mal à comprendre ce qui se passait dans l’esprit de la jeune femme. Elle semblait lui attribuer des pensées qui n’étaient absolument pas les siennes, ou alors il allait devoir faire de sérieux efforts en matière de communication, ce qui n’était pas impossible. « Non. C’était juste une manière visiblement maladroite de te dire que mon quotidien va me sembler bien triste lorsque tu auras quitté les lieux. Ni plus, ni moins… » Axel pencha légèrement la tête sur le côté, sans la quitter des yeux. Peut-être qu’avec le temps, il avait perdu l’art et la manière de s’exprimer avec clarté et il s’en voulait qu’elle puisse se faire de fausses idées à son sujet. C’était à n’y rien comprendre, y compris pour lui qui était fasciné par les tourments des âmes et la complexité des sentiments. « Tu sais, j’aimerais parfois comprendre ce qui se passe dans ta jolie tête. » déclara-t-il avec un léger sourire aux lèvres. Il savait qu’en dépit des efforts qu’elle faisait, Célia se posait encore beaucoup trop de questions. Cela dit, elle allait sans doute finir par comprendre d’elle-même qu’elle n’avait absolument rien à craindre de la part d’Axel. « Je ne voulais pas t’effrayer en disant ça. Je suis désolé… » Son regard passa de Célia au piano, duquel émanaient quelques notes qu’elle était en train de jouer. Il était certain qu’elle était capable de jouer quelque chose d’intéressant et il se ferait d’ailleurs un plaisir de l’écouter. Mais le moment était mal choisi et la tournure que prit la conversation ne leur laissa pas le temps d’en débattre. « Oh mais ton avis sur le sujet m’intéresse beaucoup. » Elle aimait le taquiner certes, mais ce sentiment était parfaitement réciproque. Silencieusement, il écouta la suite, un délicat sourire aux lèvres. Quoi qu’on en dise, c’était toujours surprenant d’entendre Célia lui ouvrir son cœur, même si c’était à demi-mots. Axel ne pouvait que la trouver touchante et terriblement adorable. Il y avait une certaine fragilité dans sa voix et dans ses gestes qui renforçait son envie de la protéger et de l’aimer jusqu’à son dernier souffle. Alors qu’elle s’était toujours montrée sur la défensive en matière de sentiments, voilà que les démonstrations semblaient désormais affluer de manière spontanée et naturelle, comme si tout ceci n’était rien de plus qu’une évidence. Axel attendait, guettant scrupuleusement et systématiquement l’instant où il pourrait de nouveau s’emparer de ses lèvres. Comment y résister ? Bien plus qu’un baiser, Célia traça un chemin de ses lèvres à son cou, qui enflamma sa peau et le fit délicatement frissonner. Il était comme subjugué par la douceur dont elle faisait preuve, à son insu. Même s’il était encore trop tôt pour l’admettre, c’était bien la première fois de sa vie qu’il tombait réellement amoureux et contrairement à tout ce qu’il avait pu imaginer, c’était loin d’être un sentiment rébarbatif et mielleux à souhait. Lui qui n’était pas un grand adepte des instants de complicité et d’intensité se trouvait soudain au cœur d’une romance dont il ne maîtrisait plus les effets. Axel resserra plus étroitement son étreinte, dans un geste protecteur et dépourvu de toute connotation sexuelle. Ce n’est pas ça qu’il attendait d’elle, il n’avait pas envie qu’elle ne soit qu’une parmi tant d’autres. Célia était différente des autres et pour elle, il était prêt à braver l’impossible, décrocher la lune et vendre son âme au diable s’il le fallait. A cet instant précis, il n’avait besoin de personne au monde à part elle. C’était un sentiment qu’il ne parvenait pas à comprendre, lui avec son indépendance et sa vie de solitaire. Pourquoi avait-il attendu tant d’années avant d’éprouver un bonheur pareil ? Ses yeux avaient un éclat fiévreux et en un sens, ce n’était sans doute pas plus mal que la jolie blonde ne puisse pas y déceler tout le désir qu’il éprouvait à cet instant précis. « Enfin... tu as raison, il se fait tard. Il est peut-être temps d'aller dormir. » Qu…quoi ? Elle était sérieuse là ? Axel l’observa un court instant, arquant un sourcil avec désinvolture. « C’est cruel ça… je découvre une nouvelle facette de la personnalité de ma belle et douce héroïne de roman; elle n'est qu'une vile manipulatrice...» Mais il n’était pas homme à se laisser embobiner aussi facilement. Et comme pour ponctuer sa phrase, il s’empara de nouveau de ses lèvres, langoureusement, chaque geste était tendre et particulièrement bien maîtrisé. Axel n’avait pas l’intention de précipiter les choses, bien au contraire, il avait envie que chaque instant soit unique et indéniablement, celui-ci l’était. Il avait la faculté de passer d’une fougue presque brutale à une tendresse inouïe en moins de deux secondes. Les battements de son cœur venaient d’adopter un rythme effréné tant et si bien qu’il n’aurait pas été étonnant de le voir s’arrêter dans la seconde. Jamais de sa vie il ne s’était senti dans un état aussi effroyable, si on entendait par là absolument, merveilleusement bien. Chacun de ses baisers le rendait brûlant d’une passion étrange, mystérieuse et délicieuse. Sa voix n’était désormais plus que murmure, comme s’il était effrayé à l’idée de rompre le charme. « Je n’ai qu’un seul désir, celui de te toucher,de t'embrasser et de te sentir vibrer sous mes caresses… Nous ne sommes pas en angleterre et j’ai envie que tu prennes ce risque aussi souvent que tu le désires… » Lentement, il approcha son visage du sien comme pour l’embrasser mais se ravisa à la toute dernière limite. « Oh j’oubliais… tu parlais d’aller dormir…» Un sourire moqueur et triomphant à la fois, il se leva et recula de deux ou trois pas en arrière. Décidément, il aimait vraiment vraiment la taquiner. « Tu n’as pas l’intention de partager ce canapé avec Finn, n’est-ce pas ? »
Elle aurait pu passer sa soirée à faire ça, l'embrasser, poser ses lèvres sur sa peau. C'était agréable pour elle, donc probablement agréable pour lui. En tout cas, elle l'espérait. Elle aimait ces petits moments de tendresse. Elle osait faire un pas vers lui. Parce qu'elle se disait qu'elle devait écouter un peu plus son cœur. Parce que sinon, elle allait passer à de choses merveilleuses. Et que pour la première fois depuis des années, elle avait envie d'avancer. Parce qu'elle avait plein de raisons de le faire. Les mains toujours sur la nuque d'Axel, elle l'écoutait parler. Ses doigts fins caressaient sa peau. Le militaire allait apprendre que Célia était parfois pleine de contradictions, surtout en ce qui concernait les relations à deux. En même temps, elle était plus qu'un peu rouillée alors cela se comprenait un peu. Mais elle se laissait guider tout en sachant qu'elle allait quand même faire quelques erreurs. Elle redoublait donc d'efforts pour essayer de faire comprendre à Axel le fond de ses pensées. Oui c'était un peu maladroit. Ou alors c'était Célia qui n'avait plus l'habitude de ce genre de relation, pour comprendre toutes les subtilités quand il y en avait. C'était sûrement ça. Mais tant mieux. Un fin sourire resta affiché sur ses lèvres tandis que ces lèvres douces avaient tracé un chemin imaginaire sur la peau du militaire. Puis à son exclamation, elle ne pouvait s'empêcher de sourire. « Les femmes sont cruelles et manipulatrices, tu ne le savais pas encore ? » Répondait-il doucement alors que ses mains étaient sur le cou d'Axel. Elle aimait jouer Célia. Et là, cela en valait la peine. Rien que pour voir ce regard désinvolte qu'il lui lançait. Axel l'embrassa à nouveau, tendrement et langoureusement comme elle aimait. Elle profita de cet instant, se serrant un peu plus contre lui. Ses mains avaient glissé de son cou jusqu'à ses cheveux noirs, qu'elle attrapait doucement entre ses doigts. Quand le baiser se termina, elle reposa ses yeux verts sur lui, toute la villa était calme. Axel brisa une nouvelle fois le silence avec quelques mots murmurés. Cela faisait une éternité qu'elle n'avait pas partagé ça avec un homme. Pendant un temps, Célia avait pensé ne jamais plus connaître ça. Parce qu'elle le refusait simplement. Parce qu'elle pensait que le bonheur n'était pas pour elle, qu'elle n'y avait pas le droit. Parce qu'elle refusait d'aimer, de perdre et de souffrir à nouveau. Son cœur était encore trop fragile. Et la jeune antiquaire savait qu'il ne pourrait pas supporter une autre blessure. Elle pensait qu'elle avait assez de choses dans sa vie pour s'épanouir. Elle comptait un peu sur les autres pour ça. Vivre à travers eux, ce n'était pas une si mauvaise idée, si cela pouvait lui permettre de ne pas souffrir. Elle aimait sa vie comme elle était. Elle avait une famille autour d'elle. Elle avait des amis qu'elle voyait régulièrement. Elle avait une boutique qui faisait des bénéfices. Elle avait ouvert la pension avec Cora. Et il y avait tout cet amour qu'elle recevait de ses petites bêtes à poils dont elle s'occupait. Elle savait qu'avec eux, elle ne risquait pas d'être déçue ou d'être blessée. Parce qu'il ne demandait rien, qu'un peu d'attention. Alors voilà pourquoi Célia n'avait pas cherché autre chose. Oh Selina avait bien essayé de lui faire rencontrer des hommes. Oui, elle avait essayé à de nombreuses reprises. Mais Célia avait toujours réussi à trouver un prétexte pour y échapper. Et quand malgré elle, elle devait sortir, elle faisait clairement comprendre qu'elle ne recherchait rien, surtout pas de partager le lit de qui que ce soit. Selina râlait. Elle désespérait de voir sa sœur seule et Célia le savait très bien. Mais elle n'arrivait plus à avancer et les relations avec les autres, c'était devenu difficile pour la jeune femme. Il n'y avait qu'à son travail, qu'elle parlait facilement. Parce qu'elle parlait de ses objets, de ses brocantes, de ses merveilles dénichées dans les greniers. Elle faisait abstraction de ses craintes pour mener des conversation tout à fait banales. Et puis il y avait eu le cambriolage. La certitude que la vie ne tenait qu'à un fil et qu'elle n'en avait qu'une. Qu'elle devait en profiter parce qu'elle était vivante, qu'elle respirait et qu'elle pouvait donc faire tout ce qui lui faisait envie. Et c'était ce qu'elle était entrain de faire. Elle s'ouvrait aux autres et davantage à Axel, c'était indéniable. Elle qui avait tant de mal à parler d'elle, à exprimer ses sentiments, se sentait prête à se confier à quelqu'un. Même si pour être totalement à l'aise, il faudra qu'elle s'habitue à cette vie à deux. Mais elle ne demandait que ça. Célia écoutait Axel quand il lui expliqua qu'elle pouvait l'embrasser quand elle le souhaitait. Ce qui était une bonne chose, pour tous les deux. Puis à son esquive, elle garda ses yeux sur lui. Humm... monsieur voulait s'amuser. Elle l'observa, se mordillant la lèvre. Elle voyait ce sourire triomphant sur ses lèvres. Il savait bien jouer lui aussi, Célia devait l'admettre. Mais elle n'avait pas dit son dernier mot. « Non... je ne dormirai pas avec Finn. » Bien que c'était arrivé quelques fois chez elle. Quand le chien n'était pas bien ou quand Célia avait le cafard. Elle n'aurait pas honte de l'admettre. Elle l'aimait son gros nounours. Il était un compagnon fidèle depuis des années. Qui avait réussi à plusieurs reprises de lui rendre le sourire. Célia garda ses yeux sur Axel alors qu'il avait reculé pour mettre de la distance entre eux. Joueur mais joueuse aussi. « J'avais plutôt l'intention de te proposer de dormir avec moi, mais bon tant pis.... » Elle s'approcha de lui pour déposer un baiser sur sa joue. « Bonne nuit. » Elle esquissa un sourire taquin.
Comment ça « bonne nuit ? » Il comprenait désormais ce qu’elle voulait dire quand elle prétendait que les femmes étaient cruelles et manipulatrices. C’était vraiment bas de lui faire un coup pareil, non ? Cela dit, avant qu’elle ne puisse s’éloigner davantage, Axel s’empressa de la retenir par le poignet tout en se mettant à rire. « D’accord, tu as gagné !! Mais pour cette fois seulement… » Il relâcha la légère pression qu’il exerçait sur elle, convaincu à juste titre sans doute qu’elle ne tenterait pas de se dérober. Délicatement, il l’attira à lui et prit son visage entre ses mains afin de l’embrasser longuement et passionnément. Il était généralement beaucoup plus facile d’ignorer ses paroles que ses gestes et c’est la raison pour laquelle il laissa s’exprimer toutes ses émotions en une passion, brûlante et irrésistible. Quand il se recula, une lueur passa dans son regard tandis qu’il l’observait avec une admiration non dissimulée. Il chercha quelle serait sa prochaine cible et jeta son dévolu sur son cou. D’un geste assuré, il dégagea les mèches de ses cheveux et y déposa ses lèvres tandis que ses mains glissaient le long des hanches de la jeune femme en une douce caresse. Il attira son corps tout contre le sien et remonta ses baisers pour regagner ses lèvres qu’il mordilla doucement. Elle avait voulu jouer avec le feu ? Et bien ce n’était qu’un juste retour des choses. Axel adopta un air faussement sérieux mais une lueur malicieuse dans son regard vint aussitôt le trahir. « Finalement, j’aime beaucoup vos insomnies mademoiselle Scott… » Un dernier reste de lucidité lui souffla que c’était de la folie de continuer sur sa lancée mais il n’y pouvait rien, c’était plus fort que lui. Peut-être qu’en fin de compte, toute sa vie n’avait été qu’une succession d’épreuves qui convergeaient toutes vers le même moment. Ce moment. Celui où il prenait enfin conscience que son quotidien pouvait être empreint d’amour et de complicité. Il vivait la présence de Célia à ses côtés comme une évidence. C’était elle. Elle et aucune autre. Les paroles de la jeune femme lui revinrent alors en mémoire, elle lui avait fait comprendre qu’elle n’avait plus vraiment l’habitude de tout ça. Lui, non plus. Pas de cette manière en tout cas. Axel avait envie de la rassurer, de gagner sa confiance et d’avoir une chance de lui prouver que jamais il ne lui ferait le moindre mal. « Je sais que ce n’est pas simple nous deux… mais tu n’as aucune raison de paniquer, tout va bien. » Comme pour appuyer ses propos et incapable de résister à la tentation, il se pencha vers elle pour goûter de nouveau à ses lèvres. Une seule fois, se jura-t-il. Mais sitôt que leurs lèvres se rencontrèrent, Axel oublia ses intentions. Qui séduisait l’autre exactement ? Il n’en savait rien et à vrai dire, cela n’avait plus aucune importance. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, il la souleva dans ses bras et la transporta jusqu’à sa chambre avant de la déposer sur le lit et de se pencher par dessus elle pour pouvoir l’embrasser de nouveau. Lentement, il fit glisser le morceau de tissu blanc qu’elle avait passé sur ses épaules, dénudant ainsi ses épaules sur lesquelles il vint déposer de nouveaux baisers tandis que ses mains tentèrent de deviner chacune la moindre courbe, la moindre forme, la moindre parcelle de peau. Son pouce se posa doucement sur ses lèvres entre-ouvertes, prenant la mesure de son souffle, en dessinant les contours avant que ses baisers ne viennent prendre la relève. Inutile d’espérer faire demi-tour après ça. Le plaisir charnel s’était mêlé à un amour incroyable qui ne demandait qu’à s’épanouir, toujours davantage. Il avait envie qu’elle lui appartienne... Ses lèvres se posèrent dans son cou, humant ce parfum qu’il avait l’impression de découvrir pour la première fois. Axel était à l’affut du moindre frémissement, du moindre soupir et de la moindre réaction de Célia chaque fois qu’il entreprenait de poser ses mains ou ses lèvres sur son corps. Il n’avait de cesse de la couvrir de nouveaux baisers possessifs à la fois fougueux et d’une tendresse incroyable. Il ne se fiait qu’au souffle de la jeune femme et aux frémissements de sa peau pour savoir ce qu’il devait faire ou ne pas faire. Finalement, il abandonna son ouvrage afin de pouvoir susurrer à son oreille.« Est-ce que ça va ? » Il n'avait pas envie que Célia éprouve la moindre appréhension et comme toujours, il se montrait extrêmement prévenant en la matière. Il gardait à l'esprit tout ce qu'elle lui avait dit quelques minutes plus tôt mais ne pouvait s'empêcher de s'en assurer continuellement.
Un sourire victorieux s'afficha sur les lèvres de la jeune femme quand Axel capitula. Cela faisait un à zéro. Et elle était plutôt bonne à ce genre de jeu. Qu'il ne s'attende pas à gagner, parce qu'il serait déçu. En tout cas, c'était ce que Célia se disait quand Axel l'agrippa au poignet, l'empêchant de regagner sa chambre. Elle l'observa, gardant ce fin sourire ravi sur les lèvres avant que le militaire ne s'en empare. Elle savoura ce baiser, y répondant, se serrant un peu plus contre lui. Elle sentait son corps frémir à chacun de ses gestes. Elle avait oublié à quel point, tout cela pouvait être agréable. Elle ferma les yeux quand la bouche de l'homme d'affaires se posa sur son cou. Elle en profita pour poser ses mains sur la taille de ce dernier, aventurant l'une de ses mains sous son t-shirt. Elle pouvait sentir la peau chaude d'Axel sous ses doigts fins. Elle voyait ces gestes déclencher des frissons sur le corps du militaire. A ces premiers mots, elle reporta son attention sur lui et murmura, son visage près de celui d'Axel. « Et je crois savoir pourquoi... » Puis à ces mots suivants, elle le regarda un peu plus sérieusement. Elle comprenait pourquoi il disait ça. Parce qu'elle lui avait rappelé que cela faisait un bail qu'elle n'avait pas eu ce genre de relation. Qu'elle avait refusé toute forme d'affection de la part de la gente masculine. « Je ne panique pas. Je te fais confiance. » Pourquoi elle paniquerait ? Elle voulait qu'il continue de l'embrasser. De la caresser comme il le faisait. Elle avait envie de lui. Envie de lui mais aussi de lui appartenir. Ce qu'elle n'avait pas souhaité autrefois. Alors elle ne se sentait effrayée. Un peu tendue mais parce qu'elle ne voulait pas le décevoir. Axel la mettait sur un piédestal, encore aujourd'hui. Alors qu'elle lui avait dit mainte et mainte fois qu'elle était une femme ordinaire, avec une vie encore plus ordinaire. Et s'il se rendait compte finalement que ça ne fonctionnait pas encore eux. Et si c'était nul ? Enfin non, pourquoi ce serait nul ? Ils en avaient tous les deux envie. Et puis, Célia avait quand même de l'expérience, même si c'était certain qu'Axel en avait beaucoup plus qu'elle. Enfin là aussi, elle préférait ne pas y penser. Pour l'instant, elle préférait répondre à ce doux baiser qu'il lui donnait. Elle pouvait sentir toutefois son envie, son impatience dans son geste. Célia se retrouva ensuite dans ses bras. Elle l'observa avant de déposer ses lèvres sur son cou tandis qu'il se dirigea vers sa chambre. C'était bien la première fois qu'elle y mettait les pieds. Une fois la porte fermée, l'antiquaire se retrouva sur le lit. Elle laissa Axel venir à elle et approcha son visage du sien pour aller à la rencontre de sa bouche. Les mains de la jeune femme s'étaient posées sur la nuque de l'homme d'affaires, le pressant un peu plus contre elle. Elle laissa ensuite les lèvres et les mains d'Axel s'aventurer sur son corps, après lui avoir retiré son déshabillé qu'elle portait au dessus de sa nuisette. Elle frissonnait à ses gestes. Mais ce n'était pas de crainte, juste un désir qui ne demandait qu'à être assouvi. Elle ferma les yeux un instant quand la bouche du militaire s'attarda sur une parcelle de peau. Puis elle reporta son attention sur lui quand il se redressa. Elle l'observa alors qu'il reprenait la parole. Célia lui fit un doux sourire pour répondre. Bien sûr que ça allait. Même très bien. « A merveille... » Chuchota-t-elle avant de venir capturer ses lèvres avec les siennes. Elle l'embrassa avec un peu plus de fièvre tandis que les mains de l'antiquaire s'aventuraient sous le t-shirt du militaire. Elle caressait sa peau avant de lui retirer complètement le tissu encombrant. Elle l'observa un instant avant de se redresser. Elle l'embrassa alors qu'il était à califourchon sur elle. Sa poitrine se collait à son torse musclé. Ses mains, ses doigts en dessinaient le contour avant de descendre un peu plus. A son tour, elle descendait sa bouche sur le menton d'Axel, sur son cou, sur la naissance de son buste. Puis elle remonta finalement, l'embrassant furtivement sur les lèvres avant de mordiller la lèvre supérieure. Joueur, joueuse. Un fin sourire s'afficha sur ses lèvres. Elle garda ses yeux dans les siens. Elle avait envie de lui. Elle voulait ne jamais se lasser de ce genre de moment, d'en vivre encore et encore d'autre. « Et toi ? Ça va ? Tu as toujours envie de continuer ? » Elle voyait bien le desir dans ses yeux, parce qu'elle devait avoir le même. Elle se sentait bien avec lui et comme elle lui avait dit, elle lui faisait confiance.
Ne tenant pas à brusquer les choses ou à se montrer maladroit, Axel préférait s’assurer du bien être de la jeune femme avant d’aller plus loin. Sa réponse le fit sourire légèrement tandis qu’il sentait tout contre son torse les doux battements de son cœur. Les doigts de Célia lui brûlaient la peau, tandis que son désir pour elle ne faisait que s’accroitre au fil des secondes qui s’écoulaient. « Laisse-moi réfléchir… » annonça-t-il avec amusement tout en faisant mine de réfléchir. Il déposa ses lèvres sur celles de Célia puis se recula de nouveau. « Je crois bien que oui. » Un sourire charmeur et tout à fait à propos naquit sur son visage. Cependant, il imaginait aisément que Célia puisse désirer une réponse un peu plus sérieuse de sa part. En un geste délicat, il vint placer la main de la jolie blonde sur son torse, précisément là où elle pourrait sentir son cœur battre. Celui-ci semblait réellement s’affoler et tambourinait dans sa poitrine à une vitesse surprenante. Pour un peu, il aurait presque pu jurer qu’elle l’entendait de là où elle se trouvait. « Est-il véritablement nécessaire que je te rappelle pour qui bat ce cœur ? Pour qui je respire et autour de qui je construis ma vie désormais ? Il n’y a rien que je ne sois capable de faire pour toi … toi et moi nous sommes complémentaires. La parfaite harmonie du jour et de la nuit : différents mais insensés l’un sans l’autre. »Au diable les provocations précédentes. Ils allaient y revenir mais pour l’instant, Axel tenait à ce qu’elle garde tout ceci à l’esprit. Il voulait qu’elle n’oublie jamais à quel point il pouvait tenir à elle. Et ce sentiment, au lieu de l’effrayer, lui semblait le plus naturel au monde. Le militaire n’avait pas pour habitude de se dévoiler autant, c’était une forme de pudeur sans doute complètement stupide mais qui pourtant, le rongeait en permanence. En présence de Célia, la donne était différente, comme si les frontières n’existaient plus et qu’ils n’étaient effectivement qu’une seule et même personne. Une seule et même âme. Elle était la seule à pouvoir le désarmer de la sorte sans même en avoir conscience et avec une facilité déconcertante. Cela dit, il ne trouva pas la force de lui en dire davantage. La langueur de ses caresses et de ses baisers étaient à son sens une réponse parfaitement claire quant à son point de vue. Chaque fois que ses lèvres s’imprégnaient à nouveau de sa peau, le jeune homme sentait une onde de plaisir se propager en lui, faisant frémir les moindres parcelles de son corps. Il ne se souvenait même plus de la fois où il avait éprouvé des sentiments aussi intenses. A croire que c’était la toute première fois et la fièvre de son désir était telle, qu’il ne parvenait plus à penser avec cohérence et discernement. Axel s’abandonnait pleinement à cette passion dévorante qui était en train de le consumer avec une ardeur extrême. Bien vite, il reprit possession de son visage entre ses mains, réclamant de sa bouche de nouveaux baisers. Le jeune homme était en proie à des désirs et à des envies dont il peinait à contrôler l’intensité. A croire qu’il avait besoin de cet amour, besoin de s’y abandonner totalement quitte à en perdre l’esprit. Lentement, il fit glisser les bretelles de sa nuisette, ses lèvres traçant un chemin sur ses épaules, ses mains remontant le long de ses cuisses qu’il pressa doucement. Sa peau était douce comme du velours et sa sensibilité tactile semblait s’être accrue au fil des minutes. Chaque caresse, chaque effleurement lui arrachaient une réaction immédiate, que ce soit un frisson ou une autre forme de contentement, ce qui enchantait le militaire. Axel abandonna ses épaules pour descendre ses baisers le long de son corps de sirène. Du moins, dans les limites que lui octroyait la nuisette de la demoiselle. Ses mains remontèrent le long de ses jambes en une délicate caresse et il déposa même quelques baisers sur l’intérieur de ses cuisses. A mesure que le temps passait, Axel n’avait de cesse de découvrir chaque parcelle de son corps, comme s’il voulait en mémoriser chaque détail jusqu’à la fin de ses jours. Tirant doucement sur l’encombrant tissu, il parvint à le lui retirer et automatiquement, un sourire vint s’étirer sur son visage tandis qu’il la contemplait. Elle n’était pas belle, elle était somptueuse. Et le pire, c’est qu’il n’y a rien qu’il n’eut été capable de faire pour conquérir son cœur. En ses moindres aspects, Célia était parfaite. A telle point qu’il imaginait qu’un simple effleurement pourrait venir la briser. Elle était une œuvre d’art dont même les dieux se détournaient afin de ne pas rougir face à une beauté si pure, si angélique. Mais la vision d’Axel ne s’arrêtait pas simplement à cette apparence troublante, non… il l’aimait pour ce qu’elle était, même s’il n’avait pas encore eu le courage de le lui dire. Il aimait l’entendre rire, la prendre dans ses bras, il aimait la façon dont elle le regardait ainsi que ses maladresses. Enumérer la liste des raisons qui le poussaient à l’aimer était chose aisée. Il espérait seulement qu’elle en ait conscience. « Tu es tellement belle… » Vraiment, il lui était désormais impossible de revenir en arrière. Il appartenait véritablement, totalement et indéfiniment à cette jeune femme qui était en train de frémir sous ses caresses et faire de son corps un véritable brasier sans nom. Rien en dehors de Célia n’avait plus le moindre intérêt. « Je te veux…» Un simple murmure à son oreille qu’il ne maîtrisa pas. Les mots étaient sortis de manière spontanée et bien qu’il n’ait eu aucune maîtrise là-dessus, Axel n’en éprouvait pas le moindre remord. Oui il la voulait. Il l’avait désirée au premier coup d’œil, dès qu’il lavait aperçue dans sa boutique… Elle l’avait littéralement envouté. Même maintenant, son désir le taraudait, ne lui laissant aucun répit. Axel ne se souvenait pas d’avoir déjà réagi à une femme avec une telle violence.