Elle appréciait qu'il fasse attention à elle. Il prenait son temps et elle faisait la même chose. Chacun découvrait le corps de l'autre sans précipitation. Et elle aimait ça. Parce qu'elle pouvait y aller à son rythme. Elle aimait le découvrir parcelle par parcelle. Chaque courbe de son buste, chaque muscle glissait sous ses doigts. La jeune femme aimait le sentir frissonner sous ses gestes, sentir qu'elle éveillait un peu plus en lui, le désir qu'il avait d'elle. Un désir qui était réciproque au fur et à mesure que les secondes s'écoulaient. Aux paroles d'Axel, elle reporta son attention sur lui. Elle l'observa avant qu'il ne vienne l'embrasser. Puis il posa l'une des mains de l'antiquaire sur son torse, juste à l'emplacement de son cœur. Célia en connaissait un rayon sur le cœur et son mécanisme. Il l'avait toujours fasciné. Depuis qu'elle était gosse. Depuis que le médecin de famille lui avait passé son stéthoscope et qu'elle avait pu écouter le cœur de son petite frère. Elle avait trouvé ça fantastique. Mais elle était une experte de son mécanisme complexe, pas de ses mystères et de ses subtilités. Elle avait gardé sa main pour sentir ces battements frénétiques sous ses doigts. Encore une fois, elle aimait ce qu'elle entendait. A croire qu'il lisait en elle comme dans un livre ouvert. Qu'il savait déchiffrer chaque crainte, chaque question qui venait obscurcir ses pensées. A chaque fois, il semblait les entendre. Et il y répondait de vive voix. Est-ce qu'il y avait quelqu'un qui l'avait déjà comprise aussi bien par le passé ? Célia ne le pensait pas. Enfin, il y avait sa sœur mais c'était complètement différent. Quand il s'agissait de relations charnelles, Célia avait toujours eu l'impression de cacher une partie d'elle. Une partie qu'elle ne voulait pas dévoiler, au risque d'être blessée. Elle gardait un jardin secret. Avec Axel, c'était différent. Il semblait ressentir les mêmes choses. Et cela la rassurait. Parce qu'il était bien plus expressif qu'elle ne pouvait l'être. Parce qu'il savait mettre des mots sur ce qui se passait. Parce qu'il semblait voir en elle, comme personne auparavant. Et cela la rassurait et la réconfortait en même temps. Elle gardait ses yeux verts sur lui alors qu'un silence était revenu entre eux. Elle se tenait contre lui, passant la main qui était sur son coeur autour des épaules du militaire. Célia posa ensuite son front contre le sien. Elle n'avait pas encore l'habitude de mettre des mots sur ce qu'elle ressentait. Axel était plus doué. Mais elle voulait apprendre, prendre exemple sur lui. « Alors j'aimerai que ce cœur bat toujours pour moi... » Elle l'observa à nouveau, un fin sourire sur les lèvres tandis que son autre main venait se poser sur la joue du militaire. « Je n'ai jamais voulu appartenir à un homme comme j'ai envie de t'appartenir. J'ai envie de sentir ta bouche sur la mienne, tes mains sur mon corps... et je sais que je ne pourrais jamais m'en lasser. Jamais. » Oh non loin de là. Pour la première fois de sa vie, elle avait l'impression d'avoir trouvé sa place. Elle ne voulait être nul part ailleurs, qu'ici, avec lui dans ses bras. Elle voulait sentir ses lèvres sur elle. Comme à cet instant, où il capturait sa bouche avec la sienne. Des baisers avides, passionnés qui augmentaient encore plus son envie de lui. Elle frissonnait un peu plus en sentant les mains d'Axel sur ses cuisses quand elle se retrouva à nouveau, dos sur le lit, Axel penché au dessus d'elle. Le souffle de la jeune femme s'entrecoupait à chaque fois qu'elle sentait les lèvres de l'homme d'affaires sur elle. Lentement, il lui retira la nuisette qui la recouvrait. Elle esquissa un sourire en voyant ce regard qu'il lui portait avant qu'il ne lui dise qu'elle était belle. Et pour la première fois, elle acceptait ce compliment. Pour la première fois, elle n'avait pas honte de son corps. Parce qu'elle avait toujours été un peu complexée. Célia n'avait jamais eu un rapport très simple avec son corps. Elle avait grandi trop vite, passant trop rapidement de l'étape de jeune fille à celui de femme. Elle n'avait jamais vraiment apprécié ses longues jambes, son nez trop fin, ses joues trop grosses, ses seins pas comme elle les voulait. Oui il lui arrivait encore d'être complexée par son corps. Mais en grandissant, elle avait obtenu la maturité suffisante pour ne plus en faire une obsession. Et puis, il y avait des regards qui lui donnaient confiance en elle, comme à cet instant. Qui lui donnaient envie de se découvrir encore plus. Elle oubliait même ses deux blessures encore un peu apparentes sur son corps, vestiges de son cambriolage. Et qui lui rappelaient encore une fois que la vie ne tenait qu'à un fil. Et qu'elle devait en profiter pendant qu'elle le pouvait encore. « Je te veux aussi. » Oui, elle le voulait également, de toute son âme, de tout son être. Elle avait le cœur qui battait de plus en plus la chamade mais elle n'avait jamais été aussi confiante dans ses gestes. Célia avait mené Axel à elle, l'embrassant à nouveau de façon passionnée. Ses lèvres capturaient les siennes dans un ballet perpétuel. Tandis que ses mains parcouraient à son tour le corps de ce dernier. Elles descendaient sur son torse jusqu'à sa taille. Son pantalon était devenu un peu trop gênant à son goût. Ne lâchant pas ses lèvres, elle entreprit de descendre le tissu qui ne tarda pas à rejoindre les autres vêtements qui étaient à présent, éparpillés sur le sol de la chambre. La jeune femme remonta ensuite ses mains sur le dos du militaire, s'attardant sur ses larges épaules avant de revenir sur sa nuque.
juice&morphine
Dernière édition par Célia Scott le Lun 8 Aoû 2016 - 19:45, édité 1 fois
Aussi troublant que cela puisse paraître, il n’existait pas de mot pour décrire ce qui se jouait entre eux, puisque ce sentiment n’avait aucune limite et ne pouvait être contenu. C’est aussi la raison pour laquelle Axel oubliait si facilement ses peurs les plus incontrôlables. Avec Célia, tout semblait simple. Tout n’était qu’une parfaite évidence. Les quelques mots qu’elle venait de prononcer eurent l’effet d’une véritable bombe dans l’esprit du militaire. Un sourire délicat se dessina sur son visage, tandis qu’un long frisson lui parcourait l’échine. Aussitôt, il s’était emparé de ses lèvres avec fougue et désir, les mots étant comme devenus superflus pour l’instant. Ses mains brûlantes qui avaient délicatement parcourut le corps de la jolie blonde jusqu’ici se firent plus sûres, plus passionnées. A plusieurs reprises, il se stoppa juste pour le plaisir de la regarder avec ce mélange de tendresse et d’envie qu’il ne pouvait contrôler. De plus en plus vive, l’étincelle du désir brillait dans le regard sombre d’Axel. Avec une lenteur provocatrice, il reprit ses baisers, promenant ses lèvres sur le corps parfait de Célia que rien, pas même l’empreinte des derniers évènements, ne rendait moins agréable à regarder. Chaque seconde semblait marquer l’intensité du tourment qui montait en lui, désir violent qu’il était difficile de contrôler. C’était la première fois qu’ils se retrouvaient peau contre peau et l’absence de vêtements après leurs étreintes habillées lui apparaissait comme une douce volupté de laquelle il ne souhaitait plus se détacher. Plus une seule parcelle de sa peau n’échappait à ses baisers. Que pouvait-il y avoir de plus excitant au monde que la douce et belle Célia Scott s'abandonnant totalement à lui ? Elle était la première à lui ôter la raison avec une telle facilité et autant dire qu’Axel aimait se perdre dans ce flot d’émotions qui envahissait ses sens. De caresses en baisers, d'effleurements en intenses provocations, il aimait tester les réactions de son corps aux courbes indécentes. Les messages qu’ils s’envoyaient étaient silencieux, teintés d’un désir inexplicable, et leurs soupirs se mêlaient au même titre que leurs respirations respectives. Un DDCAC accompli avec brio, il croisa le regard amusé de Célia et se mit à sourire à son tour.« Quoi ? » Amusé, il savait parfaitement ce qu’elle pensait à cet instant précis et ne pu s’empêcher d’en rire à son tour. Et c’est ainsi que de longues minutes s’écoulèrent. Une étreinte passionnée, faite uniquement de tendresse et d’un plaisir charnel comme Axel n’en avait que rarement connu. Ce n’est pas de sexe dont il avait envie, mais plutôt de tout ce qu’il y avait autour, ce contact particulier, ces émotions totalement indomptables et ces sensations n’inspirant que désir et passion. Il avait eu envie de prendre son temps, comme pour découvrir inlassablement ce corps qu’il voulait connaitre et qui s’avérait être désormais celui d’une femme aux courbes parfaites et ayant un incroyable pouvoir sur sa personne. Il fit basculer le corps de Célia sous le sien et laissa ses lèvres parcourir une dernière fois son corps de dizaines de baisers fiévreux. Prenant appui sur l’un de ses bras, il l’embrassa une dernière fois tandis que son corps prenait place juste au-dessus du sien. Ses lèvres allèrent goûter à la chair située au creux de son cou pendant qu’il prenait peu à peu possession de son corps. Sa respiration était altérée et bien qu’il soit en proie à une véritable folie amoureuse, il n’avait de cesse de faire attention à elle, il ne voulait ni la blesser, ni ne songer qu’à son propre plaisir, bien au contraire. Il faisait attention à elle, l’embrassait avec tendresse et passion, laissait ses doigts parcourir son corps autant que possible. On pouvait entendre leurs soupirs réguliers, témoignage de leur soif de plaisir, se répercuter contre les murs de la chambre, cet endroit totalement isolé du reste du monde. Leurs deux corps se mouvaient l’un contre l’autre en un ballet sensuel dont ils étaient les seuls à connaitre les secrets. Il y avait là une vivacité qui n’avait d’égale que son intensité et la tendresse toujours protectrice dont Axel faisait preuve envers elle depuis le début. Comme plongés dans une bulle à part, loin de tout et surtout loin de la réalité, ils se laissèrent guider peu à peu vers un véritable paradis sans nom, presque insolent. Sans qu’il puisse s’en apercevoir, l’une de ses mains s’était glissée dans celle de Célia, entrelaçant leurs doigts durant cette union possessive. Axel pouvait faire un véritable constat ; au cours de ces dernières années, il n’avait jamais éprouvé de telles émotions, ce plaisir éphémère n’avait rien de comparable avec ce qu’il était en train de vivre dans les bras de Célia. Après un baiser plus fougueux que tout ceux qu’il lui avait offert jusqu’alors, son corps pesa davantage sur le sien et c’est dans un soupir de plaisir, presque rauque qu’il parvint à atteindre le paroxysme du plaisir. Durant plusieurs minutes encore, Axel resta contre le corps de sa bien-aimée, déposant sur ses lèvres un long baiser enfiévré et empli de promesses. Il lui semblait que tous ses muscles allaient soudainement lâcher et que ses jambes n’étaient plus capables de supporter le poids de son corps après ça. Dès que son dos rencontra à nouveau le lit, une fine particule de sueur parcourant son corps, un sourire idyllique se dessina sur ses lèvres. Son bonheur était complet désormais. Délicatement, il attira Célia contre lui et caressa ses cheveux. « Je ne savais pas que ma belle héroïne de roman était aussi… enfin… whaou… Finalement, c’est beaucoup plus sympa que ce qu’on voudrait nous faire croire dans les romans. » lança-t-il ironiquement avant d’embrasser son front. Célia était parfaite. En tout point. « Je suis fou de toi… tu le sais ? »
Parfois, il y avait des regards qui rendaient les mots inutiles. Il y avait des choses qui exprimaient bien plus que des paroles. Depuis qu'elle avait rencontré Axel, Célia avait l'impression que la vie était plus douce, plus simple. Tout lui paraissait avec une incroyable lucidité. Jamais elle ne s'était sentie aussi légère. Elle qui était du genre à tout calculer. A réfléchir sans arrêt, à chacune de ses actions. Oui, on ne pouvait pas dire que Célia était du genre spontanée. Au contraire. L'inconnu lui faisait peur. Elle l'osait pas marcher sur des sentiers qu'elle ne connaissait pas. Dont elle ne pouvait pas deviner la destination. La jeune femme avait toujours été ainsi. Et c'était peut-être pour cette raison qu'elle avait toujours eu du mal avec les autres. Elle avait peur de se sentir idiote, incomprise. Alors elle restait là où elle savait comment agir, où se diriger. C'était une vie sous contrôle qui lui plaisait. Elle ne dirait pas qu'elle était une maniaque du contrôle, non pas du tout. Parce qu'il n'y avait que dans ses relations humains qu'elle péchait. Qu'elle n'arrivait pas à lacher la bride. Parce qu'elle était effrayée à l'idée de souffrir, qu'on lui fasse mal. Une des raisons pour laquelle elle n'avait jamais laisser les hommes s'attacher à elle. Elle les avait tous repousser à un moment ou à un autre. Quand elle se rendait compte qu'il pénétrait un peu trop dans sa bulle de protection. Elle les fuyait. Et jusqu'à présent, elle n'avait jamais regretté ces décisions. Parce qu'elle n'avait pas ressenti ce petit quelque chose qui faisait toute la différence. Cette petite étincelle, cette chaleur qui l'englobait dès qu'elle posait ses yeux sur un homme. Jusqu'à ce qu'elle rencontre Axel. Il avait su, avec une facilité déconcertante, entrer dans sa vie, dans son univers. Cela avait semblé si simple, si facile que Célia ne s'en était pas rendue compte. Jusqu'à ce qu'elle comprenne, qu'elle ne concevait pas de ne pas l'avoir à ses côtés. C'était apparu comme une évidence, un besoin insatiable d'être avec lui. De sentir ses mains sur son corps, son regard sur elle. Elle n'avait même pas eu à lutter. Parce qu'elle n'en avait pas envie tout simplement. Pour la première fois de sa vie, elle désirait appartenir à un homme. Elle voulait faire partie de son univers. Elle voulait construire quelque chose. Célia n'avait jamais songé à se poser avec quelqu'un, à partager un appartement, des habitudes, des pensées avec un homme. Se marier, avoir des enfants ne faisaient pas partie de ses priorités. Encore moins quand elle avait perdu Timothée. Pour elle, aimer c'était souffrir. Perdre une partie d'elle, sentir un vide immense dont elle savait qu'il ne pourra jamais être comblé. Alors si c'était ça, elle refusait. Elle refusait de s'attacher. De laisser à quelqu'un la possibilité de la blesser. Et pourtant... pourtant elle était prête à présent, à faire des projets avec Axel. Elle lui faisait une place dans sa vie, dans son univers. Elle l'avait laissé découvrir des parties d'elle-même qu'elle ne dévoilait que rarement. Avec lui, elle se sentait en confiance. La gêne des premiers temps, faisait place à une assurance dont elle ne se soupçonnait même pas. Elle osait. Et cela passait par lui montrer qu'elle avait envie de lui. Il n'était pas le seul à la désirer. C'était une envie partagée. Elle ne voulait pas qu'il soit le seule à découvrir son corps. Elle-même faisait parcourir ses mains sur le corps du militaire. Elle y découvrait chaque relief, chaque particularité. Elle déposait sa bouche sur son corps, mordillant par moment sa peau. Leurs souffles se mêlaient tout comme leurs corps. Et c'était magique. Elle n'avait pas de mot assez fort pour décrire ce qui était entrain de se passer. Elle se surprenait de ressentir autant de chose. Et plus elle y goûtait et plus elle ressentait un besoin d'en avoir plus. Elle laissait échapper des soupirs, des gémissements de plaisir. Il était partagé, renouvelée à chacun de leur geste. Tantôt Axel diriger leur échange, tantôt Célia reprenait cette sensualité à son compte, menant à son tour cette danse érotique. Elle voulait lui soutirer des gémissements, comme il arrivait si bien à le faire avec elle. Parfois, elle esquissait un sourire, laissant ensuite ses lèvres chercher celles d'Axel. Leurs corps se mêlaient en une parfaite harmonie, dans un ballet sans aucune fausse note. C'était comme s'ils étaient fait l'un pour l'autre. Comme s'ils avaient attendu une éternité pour se trouver, pour se compléter. Comme s'ils étaient deux morceaux d'une pièce, à présent reconstruite. Longtemps après le début de leur ébat, elle se retrouvait contre lui, essayant de reprendre un rythme cardiaque normal. Elle avait chaud mais elle n'avait pas envie de bouger, ni même de quitter l'étreinte d'Axel. Elle était trop bien là où elle se trouvait. La jeune femme avait posé sa tête sur le torse du militaire. Elle pouvait entendre les battements de son cœur. Elle ferma les yeux un instant avant d'esquisser un sourire aux paroles de son compagnon. Elle reposa ses yeux verts sur lui, l'observant. « Une héroïne ne se dévoile pas si facilement... » Elle garda ses yeux sur lui. « Et ce roman, il n'est que pour toi. Tu es le seul à pouvoir le lire. » Elle esquissa un sourire quand il captura à nouveau ses lèvres. Elle répondait à son baiser avec envie, posant une de ses mains sur son visage. Elle souriait un peu plus. « Je le sais et j'adore. » Oh que oui. Parce qu'il n'était pas le seul à avoir perdu la tête.
Autant dire qu’après une telle expérience, Axel allait avoir bien du mal à ne pas se laisser hanter par des souvenirs revenant le bouleverser à tout bout de champ. Ce n’était pas seulement un moment unique, c’était divin, indescriptible et il souhaitait garder chaque seconde jalousement notée dans sa mémoire. Aucun détail n’avait été mis au hasard et chacun de leurs sens était pleinement rassasié de plaisir. Lorsque leurs soupirs de plaisirs prirent fin en une dernière note s’entremêlant, Axel prit une grande inspiration, tout en gardant Célia contre lui. C’était un doux supplice qu’ils s’étaient fait endurer, et durant de longues minutes, Axel osa à peine la toucher pour éviter que sa respiration ne s’affole encore. Il avait besoin de se calmer dans un premier temps, de remettre de l’ordre dans le champ de bataille formé par son esprit et ses émotions. Ils avaient besoin de reprendre leur souffle, de s’enivrer des dernières émotions intenses de leur étreinte. D’une main délicate, il caressa ses cheveux, se laissant aller à une confidence qui ne lui ressemblait pourtant pas. Désormais, son futur résonnait comme une évidence et il n’avait plus peur d’envisager le reste de sa vie. Il ferma les yeux un instant, se concentrant uniquement sur sa respiration et les battements de son cœur, tandis que d’un revers de main délicat, il dessinait des formes indescriptibles sur l’épaule de la jeune femme. C’était cela, le plus incroyable : ce besoin indicible de la toucher en permanence, comme pour s’assurer qu’elle était bien réelle. « Comment ça se termine ? » demanda-t-il en faisant allusion à ce roman qui était le leur et dont Célia était la plus incroyable des héroïnes. D’ailleurs, comment faisait-elle ? Quel secret possédait-elle pour l’embraser ainsi d’un simple effleurement, alors que d’autres, en dépit de tout leur art et leurs efforts n’avaient pas su faire naitre le moindre frisson de plaisir en lui ? Jamais encore il n’avait été aussi proche de quelqu’un et ce sentiment était terriblement plaisant. En peu de temps, Célia était devenue son amie, sa confidente, la femme qu’il aimait… Elle était déroutante. Délicieusement déroutante. « Ca me fait bizarre de dire les choses aussi facilement alors que d’habitude, je ne suis pas vraiment doué pour ça. Avec toi c’est … naturel. C’est juste une évidence, tu es mon évidence… et j’aime ça. Je ne veux pas de la moindre seconde supplémentaire si tu ne la partages pas avec moi. Rien n’est insignifiant quand je le partage avec toi. Je ne voudrais même pas des mes rêves si je ne les vis pas avec toi. Ca me tue d’imaginer qu’on aurait pu passer à côté de tout ça. C’est peut-être le fait d’être encore sous le coup de l’émotion de ce qu’on vient de vivre, j’en sais rien. Tu crois que je deviens sentimental ? Oh mon dieu, quelle horreur… jamais un truc pareil ne pourrait m’arriver. » Lui sentimental et romantique ? Ce serait bien une première !! Cela dit, cette pensée le fit sourire de bon cœur tant elle semblait improbable. Pourtant, Célia avait sur lui un effet tout à fait incontrôlé et incontrôlable. Axel aurait aimé demeurer prisonnier de ce rêve éveillé durant des heures mais constata bientôt que le jour commençait à poindre au travers des rideaux de sa chambre. Ils avaient besoin de sommeil. Pourtant, il n’avait pas envie de dormir ou de succomber à la lassitude voluptueuse qui semblait pourtant promettre de le terrasser. Il préférait rester éveillé, goûtant l’apaisement de ses sens comblés. Perdu dans ses pensées, il observa Célia jusqu’à ce qu’elle sombre dans le sommeil, la trouvant plus sensuelle que jamais.
« … et après, bah même que j’ai dit à Lucy qu’on pourrait faire une cabane dans le jardin. Mais Lucy elle a trop peur des petites bêtes. » Tandis qu’elle prenait son petit déjeuner en balançant ses pieds dans le vide, Emily racontait ses dernières péripéties à son père qui l’écoutait d’une oreille distraite. Axel n’avait pas beaucoup dormi la nuit dernière et pour cause !! Toujours est-il qu’il s’était levé tôt afin de préparer le petit déjeuner aussi bien pour Emily que pour Célia qui dormait toujours dans sa chambre. Café, pancakes maison, toast, confitures, fruits frais, smoothie, il avait prévu un large choix tout en veillant à ne faire appel qu’à des ingrédients cent pour cent vegans. C’était sans doute assez drôle de voir cet homme élégamment vêtu, un torchon sur l’épaule en train de faire cuire des pancakes tandis que deux chats et un chien attendaient patiemment qu’un petit quelque chose de bien plus intéressant que la nourriture qui venait de leur être servie, tombe à leur portée. « Tu sais qu’elle a jamais fait du camping ? J’ai dit à Lucy que nous deux bah on part souvent dormir à la montagne mais j’crois vraiment que c’est une trouillarde. » Emily plongea sa cuillère dans son bol de céréales avant d’apercevoir Célia. Un large sourire se dessina sur ses lèvres et elle sauta de sa chaise pour aller l’embrasser. « Célia !!! Même que moi j’pensais que t’étais à ton travail. Y’a Mango qu’est rentré dans ta chambre ce matin mais toi t’y étais pas. T’étais où ? » Axel se raidit soudainement tout en fixant le mur devant lui. Non mais sans blague, c’était une gamine de cinq ans ou un agent du FBI ? « Emy…» Axel se tourna vers sa fille et tandis qu’il était sur le point de lui faire une remarque, son regard croisa celui de Célia ce qui vint aussitôt chasser toutes ses pensées. Un délicat sourire naquit sur ses lèvres tandis que les images de la nuit passée lui revenaient en mémoire. « Bonjour…» Ses magnifiques yeux vert… ses lèvres… son odeur… STOP !! Il fallait qu’il reste concentré ! Désignant le mini-festin qu’il avait préparé, il reprit : « Je ne savais pas trop ce qui te ferait envie alors…»
« Je ne sais pas. Il s'écrit à deux mains ce roman... » Répondait-elle à sa question. C'était le début de quelque chose mais elle ne savait pas encore comment tout ça allait se passer. Oui, elle aimait ce qu'elle vivait et elle voulait continuer à avoir ce genre de moments avec lui. Mais pas seulement, elle souhaitait partager son quotidien, ses pensées, ses inquiétudes. Et tout cela sur le long terme. En tout cas, elle était prête à vivre cette histoire. Pour la première fois, elle avait envie de construire quelque chose. Peu importe si cela allait mettre du temps ou non. Ce n'était pas le plus important. Ils s'étaient trouvés, c'était le principal. Elle garda ses yeux sur lui quand il reprit la parole. Il aurait fallu de peu en effet pour que leurs chemins ne se croisent jamais. Ou pas. Parce qu'elle était persuadée qu'ils auraient fini par se rencontrer. D'une façon ou d'une autre. Cela semblait évident. Célia esquissa un nouveau sourire à la question d'Axel. « Je suis certaine que tu aurais fini par entrer dans ma boutique. Quant à devenir sentimental... j'aime ça. » Elle avait son visage au dessus du sien. « Je crois que je n'aurais aucun mal à m'habituer à ce genre de confessions.. et si en plus, je peux avoir de temps en temps, un dîner aux chandelles. Je crois que nous serions proches du paradis. » Elle non plus, n'était pas douée pour exprimer ce qu'elle ressentait, ce qu'elle voulait. Pourtant, cela semblait plus simple avec Axel. Plus simple parce qu'il lui donnait l'envie de s'ouvrir, de se confier alors qu'elle le faisait rarement. « Ce serait si terrible pour toi ? » Axel était sur beaucoup de plans, semblable à elle. Lui non plus ne se confiait pas souvent, il gardait ses pensées pour lui. Il préférait observer plutôt que de parler. Oui ils se ressemblaient. Mais ils semblaient s'ouvrir peu à peu, l'un à l'autre. Célia ne pensait pas que c'était aussi horrible. Cela peur peut-être, parce qu'ils n'en avaient pas l'habitude. Mais peut-être que ce n'était qu'une question de temps. En tout cas, Célia n'avait pas envie de reculer. Parce qu'elle était bien avec lui. Parce qu'elle se sentait apaisée à ses côtés, en sécurité entre ses bras. Et cela faisait une éternité que cela ne lui était pas arrivé.
La jeune femme avait fini par s'endormir. Le sommeil l'avait capturé aux premières heures du jour. Quand elle ouvrit les yeux, le soleil était entré dans la chambre. Elle passa une main devant son visage à cause de la lumière trop intense du jour. Elle se tourna sur le côté et remarqua qu'Axel s'était levé. Elle ferma les yeux un instant pour se réveiller un peu plus, avant de se redresser. Il était plus de huit heures au réveil. La jeune femme passa une main dans ses cheveux désordonnés avant de chercher ses vêtements du regard. Mais elle ne chercha pas longtemps. Axel les avait soigneusement plié sur une chaise. Un sourire s'afficha sur ses lèvres. Elle repoussa le drap qui était sur elle et elle s'habilla. En ouvrant la porte, elle entendait les voix d'Emily et d'Axel. Elle avait oublié qu'Emily se réveillait souvent de bonne heure. Elle, quand elle était plus petite, elle aimait paresser au lit. Ce qui n'était pas le cas de la petite diablesse. Elle hésita un instant avant de se diriger vers sa chambre toute proche. Elle prit des vêtements dans la commode et se dirigea vers la salle de bain attenante à la chambre. Célia prit une bonne douche. Elle opta ensuite pour un short court et un top blanc avec un petit plastron en dentelle sur le devant. Elle enfila des sandales de couleur camel à lanières. Quant à ses cheveux, elle les laissa tomber sur ses épaules. Ils étaient encore un peu humides et donc, ils étaient ondulés. Elle regagna ensuite la cuisine et elle découvrit Axel aux fourneaux et Emily qui mangeait avec appétit. L'antiquaire esquissa un sourire avant de la prendre dans ses bras et de l'embrasser sur le front. « Bonjour princesse. » A ses mots, Célia jeta un œil à Axel avant de répondre. « Je faisais ma séance de yoga dans le jardin. » C'était ce qu'elle avait l'habitude de faire chaque matin. Sauf que ce jour-là, c'était un peu différent. Elle n'avait pas assez dormi et elle se serait volontiers reposer encore deux ou trois heures. Parce que quatre heures de sommeil, ce n'était vraiment pas assez. Mais elle n'allait pas se plaindre. Parce que sa nuit avait été magnifique. Elle déposa la petite fille sur le sol puis elle s'approcha d'Axel pour l'embrasser... sur la joue. « Bonjour. » Elle ne pouvait s'empêcher de sourire. Puis elle l'observa un instant. Comment faisait-il pour être toujours aussi soigné, même en faisant la cuisine ? D'ailleurs, elle ne se souvenait pas de l'avoir déjà vu en jean. Toujours en costume mais elle n'allait pas s'en plaindre. « C'est très gentil, merci. » Elle était touchée encore une fois qu'Axel fasse autant attention à elle. Elle bousculait un peu leurs habitudes alimentaires et pourtant, cela ne semblait pas le gêner. « Je vais prendre une tasse de thé et un ou deux toast, s'il te plaît. » Elle s'installa à la table avant de prendre une orange et de l 'éplucher. Elle reprit ensuite en regardant Emily. « Tu veux faire une cabane dans le jardin ? Tu sais, quand j'étais petite, avec ma sœur, on en avait fait une. » Elle se souvenait très bien de leur fameuse cabane. Tout était de travers, surtout les planches. Mais elles l'avaient construites toutes seules et les sœurs Scott en avaient été très fières. « Et on l'avait peinte en rose pour que les garçons, n'y entrent pas. Cela avait très bien fonctionné. » Ajoutait l'antiquaire avec un petit sourire amusé. Bon après c'étaient les voisins qui n'avaient pas trop apprécié de voir cette tache de couleur criarde dans leur paysage. Mais elles, elles s'en fichaient. Elles avaient trouvé leur refuge.
Tandis qu’elle était en pleine conversation avec Emily, Axel hasarda un regard vers Célia et ils restèrent quelques secondes à se dévisager. Quelques secondes durant lesquelles l’ombre de la nuit passée sembla planer au-dessus d’eux. Il fallait vraiment qu’il revienne à la réalité ! Tâchant de ne pas se laisser perturber par ces troublantes et délicieuses pensées, Axel se tourna, servit un thé à Célia et déposa quelques toasts encore chauds dans une assiette. Il déposa le tout sur le comptoir devant elle et fit signe à Emily de venir terminer ses céréales avant de se servir une tasse de café. « Dis, tu pourras m’aider à la construire ? Même que ce sera notre cachette secrète à toutes les deux. Papa, on pourra la peindre en rose ? Mais promis, toi tu pourras y entrer. Pas vrai Célia que papa il a le droit ? » Emily lança un adorable regard en direction de son père, ce même regard qui le faisait fondre à chaque fois. Axel s’avança jusqu’à l’immense baie vitrée et l’ouvrit afin que Finn puisse aller se dégourdir un peu dehors. Quand il revint, il passa derrière Célia et l’espace d’une fraction de seconde, posa sa main sur sa nuque en un geste tendre. Le contact de sa peau sous ses doigts le fit frissonner. Emily leur lança un regard inquisiteur et s’adressa directement à la jeune femme. « C’est ton amoureux ? Tu sais, papa c’est mon prince à moi et j’ai pas trop trop envie de te le prêter hein…» lança-t-elle avec beaucoup de sérieux. Comment lui expliquer clairement la situation ? La tâche n’était pas des moindres puisqu’il s’agissait de faire entendre à la petite demoiselle que Célia allait désormais occuper une place très importante dans leur vie. Emily qui semblait de prime abord beaucoup apprécier la jeune femme n'était pourtant pas prête à faire la moindre concession et encore moins à partager son père avec elle. Penchant la tête sur le côté, elle contemplait le jeune homme avec détermination, comme pour lui faire comprendre du haut de ses cinq ans qu'il était en train de faire une grossière erreur. Axel savait parfaitement qu'elle gardait en tête leurs expériences passées. Il faut dire que jusqu'ici, aucune femme n'avait apprécié la présence d’Emily et la petite fille l'avait parfaitement ressenti. Elle avait pour habitude d'être inlassablement rejetée par les femmes que fréquentait son père, même si elles n’étaient que de simples amies, et se disait que cette fois n'échapperait pas à la règle. A plusieurs reprises, elle avait été considérée comme un élément indésirable pour les conquêtes d'Axel si bien qu'au final, le jeune homme avait définitivement renoncé à s'engager dans une relation stable et durable. De toute évidence, s'il devait choisir entre sa fille et n'importe qui d'autre sur cette planète, le choix était vite vu. Cela dit, un autre problème était en train de s'imposer à lui ; il savait que même si Célia acceptait Emily comme il se doit, il ne serait certainement pas évident que la petite fille en fasse de même. Depuis toujours, elle faisait clairement comprendre à tous ceux et celles qui avaient le malheur d'approcher Axel d'un peu trop près qu'il lui appartenait. De ce fait, le militaire redoutait le fait qu'elle puisse faire vivre un enfer à Célia. « Célia est mon amoureuse, oui. Mais toi tu resteras toujours ma princesse.» La petite fille soupira et quitta la table pour aller à l’extérieur. Axel caressa doucement l’épaule de Célia pour lui signifier qu’il revenait dans un instant et sortit à son tour. Emily était assise sur la balançoire et Axel prit place juste à côté d’elle. « Je pensais pourtant que tu aimais beaucoup Célia. Tu devrais lui laisser une chance… elle nous aime beaucoup tu sais. Tout comme Finn et Octave... » Rapidement, la petite fille esquissa un nouveau sourire. Il est certain que le chien et le chat étaient un argument de taille mais visiblement insuffisant pour lui faire accepter la situation. Emily changea d'expression, l'air de réfléchir sérieusement à tout ça. Axel savait que ce n'était pas facile pour elle et il s'en voulait réellement de lui avoir fait vivre d'aussi mauvaises expériences par le passé. « Emy … regarde-moi ma puce … Tu sais bien que je ne laisserai jamais personne te faire du mal. Je suis certain que Célia a très envie de rester avec nous. Je sais qu'elle t'aime beaucoup, elle n'est pas comme les autres. Sans compter que tu sais que c'est toi qui passe en priorité dans ma vie. C'est toi que j'aime plus que tout au monde et rien ni personne ne pourra jamais changer ça. Il n'y a rien que je ne suis pas prêt à faire ou à sacrifier pour toi. Si tu n'es pas heureuse avec Célia, nous reprendrons notre vie comme avant. Mais laisse lui une chance Emily ... » Ce fut au tour de la petite fille de soupirer doucement. A vrai dire, elle aurait aimé croire les propos d'Axel. Elle avait envie de mener une vie nouvelle, d'avoir une maman ou un semblant de présence maternelle, elle savait que Célia était parfaite pour ça. Sans compter que la présence d'un chien dans la maison ne pouvait que la réjouir, elle qui rêvait depuis toujours d’être entourée d’animaux !! « Moi je l’aime bien Célia…» finit-elle par dire en songeant aux dernières semaines. « Vraiment ? » Emily acquiesça aussitôt. « Alors je crois que tu devrais aller le lui dire car je pense qu’elle a beaucoup de peine. » La petite princesse lança un regard en direction de la maison. « Mais si elle t’aime que toi et pas moi ? » Axel esquissa un léger sourire et l’attira tout contre lui. « Je vois…Et si tu allais lui poser la question, hum ? Fais un essai…» Emily acquiesça et retourna dans la maison, près de Célia. Elle hésita un moment à revenir près d’elle, l’observa durant quelques secondes avec attention et prit la paroles plus timidement que d’ordinaire. « Si on construit une cabane ensemble, ça veut dire que tu m'aimes bien, non ? Diis, c'est vrai ce qu'il dit papaaa ? T'es son amoureuse ? » Dans l'immédiat, pas mal de choses semblaient la préoccuper et elle avait visiblement besoin de réponses à ses questions. A son tour, Axel s'était rapproché et les observa, sans oser les interrompre. « Toi aussi t'as envie que je m'en vais quand t'es avec papa ? C'est toujours comme ça mais cette fois, j'ai pas envie.. Jt'aime bien hein … mais j'ai peur que toi bah tu m'aimes pas. Je sais que j'suis pas ta petite fille mais c'est pas de ma faute. Moi j'ai envie d'avoir une maman comme toi mais le problème, c'est que j’ai peur que tu m'aimes pas trop trop en fait …c'est normal, c'est parce-que moi j'ai jamais été dans ton ventre. Moi je t'aime beaucoup...vraiment, vraiment beaucoup... mais j'ai pas envie d'être encore triste. T'es fâchée ? »
La jeune femme remercia Axel quand il lui versa la tasse de thé. Bien qu'elle était ici depuis quelques jours, elle n'osait pas encore fouiller les placards et se servir, surtout pas sans demander. Même s'il arrivait à Célia de faire le petit-déjeuner. Elle savait ce que le militaire appréciait le matin, pareil pour sa petite fille. C'était une petite routine très agréable. Elle prenait ses habitudes ici, même si sa villa lui manquait. Ici, elle n'était pas dans son environnement familier. Sa cuisine lui manquait, son potager, sa serre. Voilà pourquoi elle avait décidé d'y passer aujourd'hui. Et puis elle devait relever le courrier. Elle savait que quelques factures de l'hôpital l'attendaient. A la question d'Emily, Célia posa ses yeux verts sur elle alors qu'elle venait de terminer d'éplucher son orange. « Bien sûr, je pourrais t'aider. » Même si l'antiquaire se demandait soudainement si elle n'avait pas fait un impair en parlant de cette cabane. Elle avait mis l'idée dans la tête de la petite fille. Et ne savait pas quelle était la position d'Axel dans tout ça. Peut-être qu'il ne voulait pas que sa fille fasse ce genre de construction dans son jardin. Il devait sûrement y avoir des codes qui géraient ce genre de chose dans le quartier. Elle ne savait pas si Axel était locataire ou non. Elle quittait ses pensées quand la petite fille posa une question à son père, elle releva son visage sur le militaire qui venait de faire sortir Finn. Le berger avait besoin d'exercice aujourd'hui. Et la jeune femme doutait qu'un tour dans le jardin allait le contenter. Elle avait à peine eu le temps de sentir la caresse d'Axel sur sa nuque que la petite lui lança un regard noir. C'était la première fois qu'elle voyait ce regard de sa part. Célia en posa sa tasse de thé encore fumante qu'elle venait tout juste de prendre. A sa question, elle sentait son estomac se tordre. Elle comprenait parfaitement la petite. Voilà pourquoi elle aurait voulu que cette discussion arrive plus tard. Qu'Emily puisse apprendre à l'apprécier sans brusquer les choses. Parce que les visions de la vie étaient différentes à son âge. Même si à bien des égards, la clarté d'esprit des enfants étaient plus affûtée que celle des adultes. Célia avait pu s'en rendre compte à plusieurs reprises. Et la jeune femme comprenait la réaction de la petite Westlake. Elle n'avait connu que son père. Célia ne voulait pas imaginer le nombre de femmes qui étaient entrées dans la vie d'Axel. Ce qui était sûr, c'est que cela avait blessé la petite et sûrement confortée dans son sentiment d'être mise à part. Alors que l'antiquaire ne voulait pas du tout ça. Si Emily ne la voulait pas dans sa vie, elle ne lui en voudrait pas. Parce que c'était son équilibre qui primait dans cette histoire. Et Axel le savait. Ce dernier tenta de la rassurer mais Emi quitta la table. Le cœur de Célia s'était mis à battre la chamade. Et elle se rendait responsable de tout ça. Cela lui coupait l'appétit. Elle repoussa l'assiette et hésita à aller les rejoindre. Mais elle se doutait que la petite avait besoin de temps et surtout, Célia ne voulait pas non plus interrompre une de leur conversation. Elle avait l'impression que le temps avait arrêté sa course folle, comme si cette conversation père-fille était interminable. Puis elle remarqua Emily qui entrait à nouveau dans la maison. A la question d'Emily, Célia fut un peu déboussolée. Elle ne savait même plus elle même ce qu'elle devait répondre. Elle ne voulait pas blesser une nouvelle fois la petite sans le vouloir. Et ces autres questions n'arrangeaient pas les choses. Elle garda ses yeux verts sur Emily avant de prendre sa petite main et de l'inviter à s'installer à côté d'elle. « Je comprends ta réaction ma puce et je ne suis pas du tout fâchée. Je ne veux pas te prendre ton papa. Parce qu'il est important pour toi et que tu es importante pour lui. Tu es sa princesse et ça ne changera jamais même si je suis là. » Célia pensait qu'il fallait d'abord rassurer la petite. Elle n'était pas là pour lui voler son père. Elle resta un instant silencieuse avant d'ajouter : « Ton papa t'a dit que j'étais médecin avant ? J'étais un médecin pour les enfants. Je les soignais. Et l'un d'eux était comme mon bébé. Je l'aimais comme une maman. Pourtant je n'étais pas la sienne. Tu vois, ce n'est pas parce que tu n'as pas été dans mon ventre que je ne t'aime pas. L'amour c'est plus fort que ça et ça ne regarde pas si on a le même sang ou si on vient de la même famille. » Elle caressa la joue de la petite, remettant une mèche de cheveux derrière son oreille. « Alors je ne veux pas que tu penses comme ça, d'accord ? » Elle l'observa. Emily avait du se sentir souvent rejetée. En tout cas c'était le sentiment de la jeune femme. Et cela l'attristait. Célia ne savait pas quel genre de femme avait pu fréquenter Axel mais cela avait du tourmenter un peu la petite fille qui se tenait près d'elle. Célia esquissa un mince sourire, encore un peu retournée par cette discussion. « Je t'aime beaucoup Emily. Je ne veux pas te blesser ou te rendre triste . Tu es une petite fille incroyable. Et je suis contente de te connaître. Je n'ai pas envie que tu t'en ailles quand je suis ici avec ton père. On peut faire plein de choses à trois. Mais ça c'est seulement si t'en as envie. D'ailleurs on pourrait même déjà commencer par cette cabane. » Elle s'était un peu approchée d'elle, se rendait compte au même moment de la présence d'Axel. « Enfin, si ton papa est d'accord. » Ajouta la jeune femme en regardant le miliaire. Elle ne savait pas depuis combien de temps il était là. Et elle ne savait même pas si elle avait eu les bons mots. Tout ce qu'elle voulait, c'était rassurer la petite fille.
Axel demeura en retrait, préférant laisser à Emily l’occasion d’expliquer à Célia ce qui ne tournait pas rond. Le problème, c’est qu’elle avait malheureusement trop souvent été déçue par les femmes qu’elle rencontrait. Elle ne connaissait pas sa mère et ne semblait avoir aucune envie d’en entendre parler. Axel avait déjà essayé d’aborder ce sujet avec elle, ne serait-ce que pour savoir ce qu’elle en pensait mais Emily trouvait toujours un moyen de détourner la conversation tout en lui faisant comprendre qu’ils étaient bien à deux. Par ailleurs, Axel n’ayant pas vraiment d’attache familiale, Emily n’avait nullement l’occasion de côtoyer des femmes avec lesquelles elle serait liée par le sang. Au regard de l’entourage du militaire, ce n’était pas plus mal en un sens. Il y avait ensuite les amies d’Axel… toutes celles pour qui avoir un enfant était une lourde responsabilité qu’elles ne se sentaient pas en mesure d’assumer. Et enfin, les femmes qu’il avait pu fréquenter de près ou de loin et qui s’éloignaient dès qu’elles apprenaient l’existence de la petite puce. Appuyé contre la porte, il les écouta attentivement tout en mordillant sa lèvre nerveusement. Axel se rendait compte de la complexité de la situation, même s’il savait que Célia l’appréciait déjà et ne demandait qu’à la connaître davantage. Il lui faisait confiance et savait qu’elle était capable de conquérir le cœur d’Emily toute seule. La petite demoiselle semblait concentrée sur tout ce que Célia disait, fit signe que non quand elle lui demanda si elle savait qu’elle était autrefois médecin et souria en entendant la suite. Ce n’était pas tant cette histoire d cabane, mais plus la façon dont Célia lui expliquait les choses qui la rendait aussi heureuse. Et soudain, Emily se sentit triste de s’être aussi mal comportée avec elle. « Célia… moi j’ai pas du tout envie que tu t’en ailles. Même que je serais vraiment très triste si tu partais. J’aime bien quand on est tout les trois. » finit-elle par avouer avant d’enlacer Célia pour lui faire un gros câlin. « Tu sais quoi ? Je vais aller faire un dessin de la cabane et même que comme ça, on va pouvoir la construire très vite. Et en fait, j’crois bien que papa bah il pourra pas y entrer. Ce sera notre cachette rien qu’à nous deux. » Après lui avoir fait un bisou, Emily s’éloigna avant de s’arrêter devant son père. La petite fille lui fit signe de se baisser et plaça sa main près de son oreille afin de lui confier un secret. « Je viens de réfléchir et en fait, je pense que t'as le droit d'être son amoureux. Bon t'es d'abord à moi et après à elle mais sinon, je suis d'accord. » Emy se recula et afficha un adorable sourire avant de partir en courant vers sa chambre, dans le but de pouvoir commencer ce dessin qui lui tenait tellement à cœur. Ce n’est que lorsqu’elle fut éloignée qu’Axel s’avança vers la jeune femme qui savait sans doute qu’il n’avait pas loupé un seul mot de tout ce qui venait d’être dit. « Je te remercie. Je crois qu'il n'y a rien à dire si ce n'est que tu es formidable et incroyablement stupéfiante. Ce n’est pas facile pour elle… j’ai ma part de responsabilité dans tout ça, j’en suis conscient. Mais toi, tu arrives miraculeusement à lui faire entendre raison… tu parviendras toujours à mes surprendre. » Après avoir délicatement caressé sa joue et redessiné le contour de ses lèvres du bout des doigts, Axel y déposa un baiser d'une tendresse incroyable. Bon sang mais comment pouvait-il éprouver des sentiments aussi intenses lui qui d'ordinaire était un véritable coeur de pierre ? « Tu devrais finir de manger, tu n’as rien avalé… » Il déposa un dernier baiser sur son front avant de l’entrainer avec lui jusqu’au petit déjeuner entamé mais non terminé. Il s’empara d’un pancake avant de se resservir un café. « Qu’est-ce que tu as prévu aujourd’hui ? »
L'antiquaire ne pouvait que comprendre les doutes et la peur de la petite Westlake. Elle arrivait à un âge où elle comprenait bien plus de chose qu'on ne le pensait. Ce qui voulait dire qu'elle examinait tout ce qui se passait autour d'elle. Elle devenait bien plus curieuse de savoir. Et en l’occurrence, la relation entre son père et Célia la tourmentait un peu. Mais l'antiquaire n'avait aucune envie de prendre la place de la petite. Loin de là. Elle était quand même un peu triste de constater que la petite pouvait avoir ce genre de pensée. Célia essayait de la rassurer comme elle le pouvait. Elle essayait de se mettre à sa place. Elle esquissa un sourire quand Célia lui avoua qu'elle ne voulait pas qu'elle parte. Elle n'en avait pas l'intention sauf si la petite fille le lui avait demandé. Les choses auraient été bien différentes mais elle l'aurait accepté. La jeune femme prenait ensuite la petite dans ses bras quand celle-ci lui fit un câlin. Elle esquissa un sourire aux propos d'Emily. « Je n'ai pas l'intention de partir alors rassures-toi. » Elle serra un peu plus la princesse contre elle puis à ces mots, elle la reposa sur le sol avant de se mettre à sa hauteur. « D'accord, ce sera notre lieu secret à toutes les deux. » Emily chuchota quelques mots à son père avant d'aller dans sa chambre pour dessiner cette future cabane. Elle soupira un peu en voyant Axel venir jusqu'à elle. Avant qu'un fin sourire se dessine sur ses lèvres. « On a évité une tempête. » Même si elle en plaisantait, Célia avait été très émue par cette conversation. Elle se rendait compte à quel point Emi avait besoin d'attention. En même temps, c'était un peu normal. Elle vivait seule avec son père. Et même si elle n'avait aucun doute sur le fait qu'Axel s'en sortait bien, il manquait quand même quelque chose à la petite. Et Célia se souvenait alors de la conversation avec le militaire, à l'hôpital. Quand il lui avait parlé de sa fille. Et que si Célia s'engageait avec lui, elle devait prendre en compte la petite. Pour la jeune antiquaire, c'était tout naturel de faire une place à la petite. Elle n'avait jamais songé à ce que cela puisse se passer autrement. Mais elle comprenait un peu mieux les inquiétudes d'Axel. Emily était un amour et elle avait du mal à s'imaginer qu'aucune femme entrant dans la vie d'Axel n'avait pas voulu lui faire une place. Célia quitta ses pensées quand le militaire reprit la parole. Elle releva ses yeux verts sur lui alors qu'elle s'était redressée. « Tu n'as pas à me remercier. Quand j'ai accepté de faire partie de ta vie, il était normal pour moi de faire une place à Emily.Même si sa réaction m'a attristée, je sais qu'elle avait besoin d'être rassurée. J'aurais sûrement voulu l'être à sa place. » Elle garda ses yeux sur Axel alors qu'elle était face à lui. Elle avait passé ses mains sur la taille de ce dernier quand il l'embrassa. Un baiser trop bref à son goût, mais délicieux tout de même. Elle sourie à ses paroles suivantes avant de s'installer à nouveau à la table du petit-déjeuner. Cette conversation lui avait noué l'estomac et elle aurait volontiers abandonné ce qu'il y avait sur la table. Mais Axel l'avait préparé, il y avait mis du temps. Et puis, Célia n'aimait pas le gaspillage. Alors elle finit par reprendre sa tasse de thé avant de croquer dans l'un des toast. Elle aimait bien ce genre de moment où ils étaient tranquilles. Célia ne voyait pas souvent Axel à cause de son emploi du temps. Alors quand il était là, elle voulait en profiter. A sa question, elle releva ses yeux sur lui. « J'aimerai rentrer chez moi. » Il fallait vraiment qu'elle passe chez elle. Elle avait beaucoup de choses à faire. Puis en voyant le regard d'Axel sur elle, elle ajouta : « Prendre quelques affaires et m'occuper un peu de mes plantes, ma serre et de mon potager. Prendre également mon courrier. Et je vais aussi passer chez ma soeur pour m'assurer que ça va.» Elle avait cru bon de préciser qu'elle comptait revenir. Un fin sourire s'afficha sur ses lèvres alors qu'elle le regardait. Elle repensait à cette nuit. Puis elle finit par ajouter : « Et toi ? Tu vas rentrer aussi tard qu'hier ? » Comme le week-end avait débuté, Célia imaginait que c'était les jours les plus chargés pour Axel. Alors un samedi, elle ne doutait pas qu'il devait passer une grande partie de sa journée là-bas. Puis alors qu'elle venait de terminer son toast, elle reposa son regard sur lui. Elle resta un instant silencieuse alors qu'il savourait lui-même son petit-déjeuner. Elle hésita puis elle finit quand même par demander : « Tu vas faire quoi pour ton père ? » Elle ne savait pas si elle pouvait aborder ce sujet. Mais comme il lui en avait parlé la veille, elle se disait que oui. Elle attendait un instant avant de proposer : « Si tu veux aller à New York, je m'occuperai d'Emily. » Il n'avait pas de souci à se faire là dessus. Célia voulait qu'il sache qu'il était libre d'aller là bas s'il le souhaitait. Oui, il ne lui parlait plus depuis des années, mais c'était quand même son père. Peut-être qu'il aurait envie d'aller le voir une dernière fois, de fermer ce chapitre de sa vie. La jeune femme garda le silence avant de prendre une gorgée de son thé sans quitter Axel des yeux.
Parvenir à apaiser les craintes de la petite Emily était une tâche complexe nécessitant une patience des plus extrêmes. Les déceptions du passé ne facilitaient en rien les réactions de la petite fille et pourtant, Célia était parvenue à la calmer avec une facilité déconcertante. Vraiment, elle était épatante et Axel ne pouvait qu’éprouver une admiration sans limite pour tout ça. Elle savait trouver les mots justes et faire preuve d’une patience exemplaire avec Emily, chose à laquelle la petite demoiselle n’était clairement pas habituée. En entendant les paroles de la jeune femme, il se mit à sourire avec bienveillance et déposa un nouveau baiser sur son front. Inutile de s’attarder davantage sur le sujet tant qu’Emily était dans les parages… Aussi, Axel détourna la conversation et arqua un sourcil en guise d’interrogation lorsque Célia affirma vouloir rentrer chez elle. L’espace d’un instant, il se demanda si tout ce qui était en train de leur arriver n’était pas trop difficile à gérer pour elle mais alors qu’il était sur le point de lui poser ouvertement la question, Célia ne manqua pas de lui fournir de plus amples explications qui semblèrent apaiser ses craintes sur le champ. « Est-ce que tu as l’intention de passer à la boutique ?» demanda-t-il innocemment, même si sa question n’était pas dénuée d’intérêt. La savoir seule dans sa boutique ne le rassurait pas outre mesure, surtout avec ce cambrioleur à l’extérieur. Axel n’avait pas encore pris la peine de lui en parler, mais il avait la ferme intention de lui mettre la main dessus en un temps record. Il s’en savait capable et allait se donner les moyens d’y arriver. Tandis qu’il songeait à tout ça, son regard s’était passablement assombri et c’est la question de Célia quant à son propre programme qui le tira de ses pensées. « Hum, tu disais ? Oh, je ne sais pas trop. J’ai quelques affaires à régler et de la paperasse à remplir… Cela dit je n’ai pas l’intention de m’éterniser. Tu ne veux vraiment pas venir ? » Axel lui lança un regard amusé, persuadé de connaître par avance la réponse de Célia. Il savait parfaitement que l’image qu’elle se faisait de sa boite était totalement erronée et elle serait sans doute surprise de voir par elle-même à quoi ressemblait véritablement cet endroit. Cela dit, Axel ne tenait pas à la brusquer et s’amusait véritablement des réactions de la jeune femme chaque fois qu’il était question d’évoquer sa boite. « Jusque là, tu n’as jamais été déçue par mes activités nocturnes, je me trompe ? » Il avait posé cette question avec une fausse innocence, sachant pertinemment que le sous-entendu était bien trop évident pour que Célia puisse passer à côté. Les images de la nuit qu’il venait de passer avec la jolie blonde n’avaient de cesse de lui revenir en mémoire et de lui provoquer d’intenses frissons. Chaque baiser, chaque caresse et chaque murmure de plaisir avait été en parfaite symbiose, et nul ne l’avait jamais emporté aussi loin. Lorsque son regard sombre croisa celui de Célia, c’est un regard empli d’amusement, d’amour et de désir qui se dessina bientôt sur son visage. Le militaire n’osa pas émettre le moindre son, se contentant de poser délicatement sa main sur celle de Célia avant de la porter à ses lèvres pour y déposer un furtif baiser. A la question de la jeune femme, Axel secoua doucement la tête de gauche à droite et haussa les épaules. « Honnêtement je n’en sais trop rien… Nos rapports n’ont jamais été au beau fixe. C’est tout juste si nous avons échangé trois mots au cours des dix dernières années. Mon père était un être égoïste, avide de pouvoir et ayant un penchant peu modéré pour l’alcool. Je ne suis pas certain d’avoir envie de me rendre à New York comme me l’a demandé son associé… J’aurais l’impression d’être un imposteur. C’est dingue mais je ne ressens vraiment rien… tu penses que c’est normal ?» Non, il ne pouvait pas retourner à New York et faire comme s’il se sentait peiné de la tragique disparition de son géniteur. « Il n’a jamais tenu son rôle de père… quant à ma mère et bien… elle était oppressée par un homme autoritaire n’ayant eu de cesse de brider sa liberté. C’est surtout pour elle que je m’inquiète. » Axel baissa le regard en direction de sa tasse de café, visiblement pensif. Les rapports qu’il entretenait avec sa mère étaient compliqués. Très compliqués. Mais en dépit de leur animosité respective, il ne pouvait s’empêcher de songer à elle. « Ta proposition est adorable Célia, mais je ne suis pas certain d’avoir envie d’y aller… ma vie est ici désormais. »
Buvant une gorgée de son thé, elle repensait à sa boutique. Axel voulait savoir si elle allait y passer. Elle ne savait pas. C'était idiot de réagir comme ça. Mais savoir que le second cambrioleur était encore en liberté, et par sa faute, la faisait vraiment douter sur la sécurité du lieu. Mais comme elle l'avait déjà dit à Axel, c'était SA boutique. Elle avait acheté ce vieux bâtiment pour en faire maintenant, ce qu'il était. Un endroit où elle aimait passer son temps ou elle faisait tomber ses barrières. Où elle avait rencontré Axel. Mais elle ne voulait pas précipiter les choses. « Pas aujourd'hui... enfin je devrais peut-être. Mon frère m'a dit qu'il y avait des tas de cartons qu'il avait réceptionné. Je suis censée ranger tout ça. Mais ça peut attendre jusqu'à lundi. » Elle avait reçu plusieurs commandes pendant son hospitalisation. Donc, ça voulait dire beaucoup de travail, un inventaire à faire. Et des livraisons à effectuer. Des clients attendaient des commandes. Mais ils avaient appris pour la plupart, ce qui s'était passé. Alors ils patientaient. « De toute façon, je doute d'avoir beaucoup de clients à la réouverture... même si j'imagine que des curieux vont franchir la porte de ma boutique. » Des articles avaient été écris ici et là sur son cambriolage. Célia en avait lu quelques uns. C'est ainsi qu'elle avait appris qu'un homme était mort dans son petit paradis. Ironique tout ça. Personne ne lui avait dit. Ces amis, sa famille avaient sûrement cru bien faire en omettant cette information. « Je vais peut-être être une attraction touristique. » Ajoutait la jeune femme avec une petite grimace. C'est là qu'elle vit le regard sombre d'Axel. Elle aurait bien voulu savoir à quoi il pensait exactement. A sa question, elle haussa un peu les épaules. « Pas vraiment... mais cela ne veut pas dire que je ne veux pas voir un jour où tu travailles. Je mettrais des boules quies. » Un fin sourire s'afficha sur ses lèvres. « Tu as découvert mon univers, j'ai bien envie de voir à quoi ressemble le tien. » Mais pour l'instant, elle préférait éviter les endroits remplis de monde. Elle aimait le calme que lui apportait la maison des Westlake. Après son hospitalisation, c’était la seule chose qu'elle souhaitait. Puis à la nouvelle question d'Axel, elle esquissa un sourire amusé. « Ça dépend de quelles activités nocturnes tu parles. » Elle garda ses yeux sur lui, un fin sourire aux lèvres. « Celle de la nuit dernière était loin de me décevoir c'est vrai. Mais comme tu es très occupé ces derniers temps, je me demande si je vais pouvoir profiter de toi encore une fois. » Elle avait gardé ses yeux verts dans les siens. Elle prit un petit air triste avant de sourire et qu'Axel ne dépose un baiser sur sa main. Il est vrai que ces derniers jours, elle l'avait souvent attendu. Mais elle savait qu'il travaillait beaucoup. Alors elle restait compréhensive. Puis la conversation déboucha sur le père d'Axel. Elle l'écouta, redevenant plus sérieuse pour le coup. Elle l'écouta sans l'interrompre puis après un silence, elle reprit la parole. « Je sais qu'il n'a pas été le père que tu attendais. Et je ne te pousse pas à faire quelque chose que tu ne veux pas faire. Je veux juste que tu saches que si tu veux y aller, je serais là. » Célia avait compris qu'Axel avait eu des rapports conflictuels avec son père. Père qui n'avait que le nom. Mais elle ne voulait pas qu'il regrette quelque chose, plus tard en y repensant. Parce qu'il sera alors trop tard. Puis quand il parla de sa mère, elle s'imaginait la sienne. Elle savait que s'il arrivait quelque chose à son père, elle serait anéantie. L'antiquaire ne connaissait pas les rapports qui liaient les parents d'Axel, ni même s'ils étaient encore mariés. « Tes parents étaient encore mariés ? » Demanda-t-elle, faisant ainsi écho à ses propres pensées. Peut-être qu'Axel pourrait l'appeler ou aller la voir. La proposition de garder Emily était valable dans les deux cas. A moins qu'il veuille y aller avec sa princesse. Ce qu'elle comprendrai. Axel lui avait dit qu'il songeait faire un voyage en Europe. C'était peut-être le bon moment pour eux. Puis aux derniers mots du militaire, elle reposa sa main sur la sienne. « Je comprends.. » Elle n'avait pas l'intention de l'ennuyer avec tout ça. Elle préférait abandonner le sujet pour l'instant. Elle termina son orange et son thé avant de reporter son regard sur lui. « Alors si j'ai bien compris... ce soir tu ne comptes pas rentrer tard ? » Ses yeux verts ne le quittait pas. Et bien quoi ? C'est lui qui avait commencé. Elle avait bien le droit de s'amuser un peu. Et puis, elle était de bonne humeur, il faisait beau dehors et elle était heureuse. Un beau mélange pour faire preuve d'un peu de taquinerie. Surtout quand elle pouvait s’exercer sur Axel. Cela avait une saveur toute particulière.
Les précieuses informations détenues par la police ne semblaient mener à rien et Axel avait la ferme intention de mener cette bataille sans l’aide de personne. A aucun moment il ne jugea bon d’en discuter avec Célia, sachant par avance qu’elle tenterait de le dissuader de tomber dans une telle frénésie de vengeance. S’il pouvait parfaitement comprendre son envie de tirer définitivement un trait sur cette histoire, il ne pouvait en revanche nullement cautionner qu’un enfoiré comme celui qui lui avait tiré dessus puisse toujours se trouver dans la nature. C’était tellement simple de s’en prendre à Célia !! Axel savait pertinemment qu’il n’aurait pas beaucoup d’effort à faire si d’aventure il souhaitait lui faire du mal. Avec effroi, il imaginait la facilité déconcertante avec laquelle ce taré avait pu l’attaquer. Fallait-il qu’il n’ait strictement aucun courage pour s’en prendre à elle de la sorte. Alors certes, Axel comprenait son envie de passer à autre chose mais il n’avait pas l’intention de rester les bras croisés. Sauf que connaissant son tempérament, il n’allait certainement pas passer par la case la plus conventionnelle qu’il soit et faire lui-même justice comme bon lui semblait. « Ne dis pas ça… tu n’as rien d’une attraction touristique. J’imagine que bon nombre d’habitués et de riverains se font beaucoup de souci pour toi et ils seront ravis de te voir reprendre du service. Tu veux bien que je te donne un coup de main, lundi ? » Même si sa demande pouvait paraître innocente, Axel avait en réalité une idée bien précise en tête. Il voulait voir qui allait s’empresser de venir sur place au moment où Célia y serait, persuadé que tôt ou tard, le salopard qui lui avait tiré dessus finirait par faire une apparition. Tâchant de ne rien laisser paraître des pensées qui l’habitaient, Axel en vint tout naturellement à lui proposer de venir faire un tour dans son club, sachant par avance quelle serait la réponse de la jeune femme. « Tu as de nombreux aprioris sur le monde de la nuit. Remarque, je comprends parfaitement. Les boites de nuit miteuses pullulent de nos jours. Mais si je te propose de venir, c’est parce-que je suis convaincu que cet endroit peut te plaire… du moins, je peux aisément faire en sorte que tu y passes une merveilleuse soirée.» annonça-t-il avec une pointe de mystère dans la voix. Après tout, il ne lui serait pas bien compliqué d’y créer une ambiance plus douce, avec un fond sonore correspondant parfaitement à ses goûts musicaux. Pour peu qu’Axel soit en grande forme et décide de se mettre au piano, cela promettait un moment inoubliable. Oui, ses activités nocturnes pouvaient être extrêmement intéressantes et la réponse de Célia le fit immédiatement sourire. « Tu rougis quand tu en parles et je trouve ça complètement adorable… Ce que j’ai vécu cette nuit en ta compagnie ne m’inspire aucun regret. Tu n’imagines même pas ce que cela me fait d’entendre mon prénom sur tes lèvres. » Lui non plus ne la lâchait pas du regard. Un sourire qui en disait long se dessina sur son visage et s’il s’était écouté, il aurait volontiers cédé à ses envies les plus inavouables. Mais tout ceci n’était que pure provocation et la conversation ne tarda pas à prendre une tournure plus sérieuse lorsque l’épineuse question d’un éventuel voyage à New York se posa. « Je ne sais pas trop ce que je dois faire. Nous n’avons jamais été proches, c’est un fait. Mais c’était mon père malgré tout…» D’où le dilemme incroyable qui s’offrait à lui. Lorsque Célia l’interrogea au sujet du mariage de ses parents, un sourire cynique se dessina sur les lèvres d’Axel tandis qu’il fixait sa tasse de café. « Ils n’ont jamais été mariés… ils ne se sont même jamais aimés. Ma mère était serveuse dans un café du centre d’affaires de Londres. Mon père était ce richissime investisseur New Yorkais venu en Europe afin de négocier un gros contrat. Il a eu la divine idée d’aller fêter ça avec ses associés et ce soir là, c’est ma mère qui a eu la malchance de prendre leur commande. Mon père a passé la nuit avec elle pour mieux la laisser tomber au petit matin. Il réapparaissait quand ça le chantait. Tu vois, je suis le fruit d’un amour détonnant. » ironisa-t-il avec mépris. La suite, il n’était sans doute pas nécessaire de l’évoquer puisque tout aussi pitoyable que le reste de son récit. Sa mère était tombée amoureuse, son père avait disparu dans la nature pour mieux réapparaitre dans leur vie chaque fois qu’il venait à Londres. Il avait accepté de s’occuper d’Axel, si on entend par là verser une pension alimentaire et prendre son fils à parti dès que quelque chose ne tournait pas rond dans son existence. « Ma mère était jeune… je pense qu’elle n’était qu’une gamine un peu paumée et facilement influençable. Elle est tombée sur ce gros nul et a pensé toute sa vie qu’il pouvait changer. Elle a gâché toute son existence pour ce minable. » Et même si elle avait refait sa vie aujourd’hui, Axel pensait que ce serait un coup dur pour elle. « Je l’appellerai dans la matinée… il faut que je sache comment elle prend la chose. » finit-il par dire avant de replonger son regard dans celui de Célia. Comprenant que le sujet était difficile à aborder pour lui, elle eut la délicatesse de changer de conversation, ce qui ne fut pas pour déplaire au militaire. « Alors si j'ai bien compris... ce soir tu ne comptes pas rentrer tard ? » Amusé, il pencha légèrement la tête sur le côté. Non mais il ne rêvait pas, elle était bel et bien en train de le chercher là ? Axel avait encore ce regard enfiévré qui ne l’avait pas quitté de la matinée, comme si un feu divin le consumait. La sensation de sa peau contre la sienne…la ligne sensuelle de sa bouche… tout ceci lui donnait envie d’envoyer au diable la prudence et de ne faire preuve d’aucune forme de résistance. Et pourtant… « En effet. Sans compter que je dois conduire Emily chez sa marraine qui lui a promis une soirée disney et pop-corn… autrement dit, j’ai toute la nuit devant moi. » D’un automatisme, son regard sombre passa des magnifiques prunelles de Célia à ses lèvres… « Et si on s’évadait le temps d’une soirée ? On pourrait passer la nuit ailleurs. Rien que toi et moi, coupés du reste du monde … ? »
Le sujet de la boutique était un peu sensible. Dans la mesure ou Célia naviguait un peu à l'aveugle. C'était la première fois que sa boutique était fermée pour « raisons exceptionnelles ». Elle l'avait quitté abruptement. Et peut-être qu'elle avait un peu peur de la retrouver. Elle avait peur de ne plus s'y sentir bien, de ne plus y trouver sa place. La jeune femme avait même songé un certain temps à refaire la décoration et/ou à changer ses meubles de place. Et peut-être qu'elle le fera. Si cela pouvait l'aider à se sentir à nouveau bien chez elle. Parce qu'elle ne voulait pas perdre sa boutique. Elle voulait continuer de faire ce qu'elle aimait faire. Elle appréciait son univers, ses ventes aux enchères, fouiller les greniers et les vieilles maisons mises en vente. C'était ce qui lui avait donné une nouvelle vie, loin de l'hôpital, loin de ses petits malades. Et elle pensait faire du bon travail jusque là. Célia avait toujours apprécié donner ses conseils à ses visiteurs. Les laisser découvrir son monde, découvrir des perles rares. Aux mots d'Axel, elle leva ses yeux verts sur lui. « Oui je sais... c'est juste que j'appréhende un peu ce retour. Même si je sais que mes clients fidèles seront là. » Et c'était sûrement ce qui la poussait à reprendre la direction de Pine Rivers. Parce que ses clients, ses amis pour la plupart lui manquait. Et que sa boutique était aussi une partie de son oxygène. Puis elle fut un peu surprise par la proposition d'Axel. Elle l'observa, comprenant doucement où il voulait en venir. «Si tu veux. » Il s'inquiétait. Cela se voyait. « Mais tu risques de t'ennuyer si tu restes toutes la journée. » Elle n'avait pas envie qu'il se fasse trop de souci pour elle. Elle se disait que cela allait bien se passer. Après tout, ce type n'allait quand même pas avoir l'idée de revenir dans sa boutique. En tout cas, elle refusait d'y penser. Il fallait vraiment qu'elle parle avec cette inspectrice. Peut-être qu'elle pourrait avoir de nouvelles informations concernant le cambriolage. Célia débarrassa ensuite la table. Emily n'avait même pas fini son bol de céréales. Elle posa le tout dans l'évier puis aux paroles d'Axel, elle secoua doucement la tête avant de revenir vers lui. « Je n'ai pas d’à-priori. A vrai dire, je connais peu les boites de nuit, les clubs. Mais je suis sûre que ton club, tu en as fait quelque chose de classe et de raffiné. Et si tu m'invites, je viendrai avec plaisir. » Elle ne doutait pas que le club d'Axel était différent de ce qu'elle pouvait imaginer. Il devait être à son image. Le truc c'est qu'elle n'était pas fan des atmosphères un peu trop oppressantes. Cela la rendait mal à l'aise. Déjà quand elle était plus jeune, elle laissait volontiers sa sœur courir les boites de nuit. Célia avait du l'accompagné à une ou deux reprises. Et encore, elle ne se souvenait pas être restée jusqu'au bout de la nuit. Un fin sourire s'afficha sur les lèvres de Célia quand le militaire reparla de leur nuit. Oui c'est vrai, elle n'avait pas l'habitude de parler de ça. Mais cela ne lui déplaisait pas. Mais pour l'instant, Axel avait reprit la parole pour lui parler un peu de ses parents. Célia était sensible aux explications que lui donnait Axel. Qu'il partage ainsi une partie de sa vie avec elle. Parce qu'elle savait que c'était un passé dont il ne voulait pas forcément discuté et sur lequel il avait tiré un trait. Et même si elle ne lui dirait pas ce qu'il devait faire, la jeune femme pensait quand même que sa place était à New York ou tout au moins présent aux obsèques de son père. Parce qu'il risquait de le regretter plus tard s'il n'y allait pas. Et puis, il n'était pas non plus obligé d'y rester longtemps. Enfin, elle le laissait poursuivre, l'écoutant sans l'interrompre. Elle apprenait ainsi qu'Axel n'était pas un anglais de pur souche comme elle avait pu le penser des semaines plus tôt. Son père était américain. Mais il avait indéniablement hérité des racines de sa mère. Et c'était tant mieux d'après ce que la jeune femme apprenait au fur et à mesure. « Peut-être... mais s'ils ne s'étaient pas rencontrés, nous ne serions pas là. Emily ne serait pas là. » Alors finalement, même si c'était une histoire triste, la rencontre de cet homme d'affaires et de cette serveuse avait permis son bonheur et celui d'une petite fille de cinq printemps. « Il faut toujours voir le bon côté des choses. » Et c'était sa philosophie. Même si parfois, il était difficile de ne pas succomber à des démons intérieurs. Mais cette fois-ci, elle était confiante. Parce qu'elle avait des personnes sur qui compter et c'était la même chose pour Axel. Il avait réussir à avancer malgré tout. Malgré une famille chaotique, il avait réussi à se construire et à être un bon père. Puis Célia acquiesça quand il lui expliqua qu'il allait appeler sa mère. C'était une bonne idée. Puis à ces dernières paroles, elle garda ses yeux dans les siens. Oui, elle jouait. Elle aimait même beaucoup ce jeu. Et apparemment Axel entrait dans le sien. Même si vu les circonstances, ils ne pouvaient qu'employer les mots. « Ce serait une excellente idée. Une nuit rien que toi et moi, loin de tout. Je ne peux être que partante. »
S’ennuyer ? Non, il n’y avait aucun risque. Cependant, Axel ne préféra pas s’éterniser au sujet de la boutique, craignant que Célia ne finisse par soupçonner ses projets. Il ne tenait pas à ce qu’elle soit au courant et d’ailleurs, même s’il parvenait à mettre la main sur cet enfoiré, il ferait en sorte qu’elle ne se doute de rien. Il savait qu’il y arriverait, ce n’était qu’une question de temps. De confidence en confidence, Axel en vint à évoquer cette famille qu’il méprisait tant et dont il cherchait à se démarquer depuis toujours. Une fois de plus, il fut touché par la manière dont Célia appréhendait la situation, voyant constamment le bon côté des choses. Comme toujours, c’est elle qui avait raison…
Le reste de la journée sembla passer à une vitesse ahurissante. A peine eut-il emmené Emily chez sa marraine qu’Axel se mit en quête d’une excellente idée susceptible de surprendre sa bien aimée. Et autant dire qu’il savait s’y prendre. C’était une immense qualité chez lui, qui par ailleurs, avait toujours amusé Jane, sa meilleure amie et complice de toutes les folies. Aussi, Axel ne tarda pas à mettre à profit ce temps en solitaire dont il disposait afin de leur concocter une soirée mémorable. Après cela, un petit passage sous la douche lui permit d’avoir les idées plus claires et de balayer définitivement les résidus de son mal de crâne provoqué par ses déboires familiaux, avant qu’il ne passe quelques minutes à décider quelle tenue il allait bien pouvoir porter dans le but de « plaire » à Célia. Il n’était pas question de trainer, car il avait du pain sur la planche. Il opta donc pour un pantalon beige et une chemise blanche, une tenue simple, élégante et qui, il fallait le reconnaître, lui allait à merveille. Le programme qu’il leur avait préparé avec soin était parfaitement au point lorsque Célia passa de nouveau la porte de chez lui. Axel ne manqua pas de l’accueillir comme il se doit, à savoir avec un baiser des plus langoureux dont il rêvait depuis le matin même. « Bonsoir mon ange. Tu as passé une bonne journée ? J’espère qu’il te reste encore un peu d’énergie car nous avons un programme chargé… Hélas pour toi, je vais devoir garder le secret pour l’instant. On ne sait jamais, des fois que tu aies envie de te sauver en plein milieu… » Un sourire résolument mutin se dessina sur ses lèvres tandis qu’il s’emparait de la main de Célia pour l’emmener… vers les étoiles, bien évidemment. Avant de sortir, Axel s’empara des clés de sa voiture et tâcha de maintenir le secret jusqu'au bout. Durant une bonne partie du trajet, le militaire conserva un silence presque de marbre, soudainement très peu bavard et aussi énigmatique que ces bouquins qu’il se plaisait à feuilleter avec autant d’avidité. De temps à autre, il lui lançait un regard, pour maintenir le suspens, avant qu’un sourire tout aussi mystérieux ne vienne ponctuer ses œillades. « Nous sommes bientôt arrivés… encore un peu de patience. » Axel laissa échapper un petit rire avant de se garer juste devant les quais et d’entrainer Célia dans un endroit qu’elle ne soupçonnait même pas. La tenant par la main, il lui fit descendre un petit sentier, remonter sur des rochers pour mieux redescendre ensuite en direction d’un petit paradis perdu que seuls une poignée de personnes avait l’immense privilège de connaître. Là, une petite plage déserte offrant une vue paradisiaque sur l’océan. Il y avait sur cette plage une petite bâtisse qui ne payait pas de mine. Celle-ci appartenait à un ami proche qui avait bien voulu prêter son petit coin de paradis à Axel. Juste pour l’occasion, Axel avait disposé quelques bougies dans le sable et dressé un tapis de fleurs. Il avait veillé à se faire livrer de quoi préparer un repas digne de ce nom et espérait vraiment que cet endroit plairait autant à Célia qu’il ne lui plaisait à lui-même. Tout était simple, mais incroyablement beau. « Première partie de notre fabuleuse soirée ! J’ai pensé qu’un petit coin de paradis totalement isolé du reste du monde ferait l’affaire… c’est une manière presque détournée de te signifier que je te veux rien que pour moi. Verdict ? Est-ce que cet endroit te plait ? » De petites vagues venaient s’écraser contre les galets avec un bruit apaisant. L’air était si pur, si frais, qu’Axel aurait pu l’inspirer jusqu’à plus soif. Et le plus beau, c’est qu’il n’y avait pas âme qui vive alentour.
Cela lui avait fait un bien fou de revenir chez elle. De retrouver cet univers familier qu'elle avait quitté quelques jours plus tôt avant de prendre quelques affaires et de partir chez Axel. Mais elle devait avouer que son cocon lui manquait. Peut-être qu'elle pourrait proposer à Axel et Emily de passer quelques jours ici. Peut-être qu'ils allaient apprécier sa villa. Villa à son image avec des fleurs et des plantes partout. Plantes et fleurs qu'elle soignait la plupart du temps et avec leurs racines. Elle n'en avait coupé aucune. Elle tenait trop à ces petites couleurs. Elle en gardait certaines à l'intérieur de la villa. Les autres étaient disséminés ici et là dans le jardin. C'était une petite forêt où la nature avait reprit ses droit. Célia ne voulait surtout pas les empêcher de se faire une petite place. Et puis, elle avait inspecté son potager. Elle avait récupéré quelques légumes de saison, de quoi faire de bons petits plats. Elle en avait rempli une cagette. Puis elle avait fait un peu de ménage. Elle avait fait une machine et avait fait un peu de rangement avant de prendre de nouveaux vêtements. Finn avait été content de retrouver son panier et ses jouets. D'ailleurs Célia en avait prit quelques uns. Même si Emily en avait offert au berger. Ce dernier n'avait jamais assez de jouets à sa portée. Une fois tout ça terminait, elle avait prit son courrier. Et elle avait relevé son répondeur. L'inspectrice Priest lui proposait de se voir la semaine suivante. Célia ne savait pas à quoi s'en tenir. Elle avait fini par lui laisser un message pour accepter de prendre un café avec elle, le jeudi suivant. Puis la jeune femme était allée voir ses parents, puis sa sœur. Selina était vraiment énorme. Et la fin de grossesse semblait un peu compliqué pour elle. Malgré elle, Célia avait joué au médecin et s'était assurée que sa sœur et les bébés allaient bien. Puis, elles avaient partagés une part de gâteau aux amandes. Il était presque sept heures quand elle la quitta, lui promettant de la rappeler le lendemain. Puis elle repassa chez elle, avant de revenir chez Axel. Célia avait à peine posé ses affaires qu'Axel la prenait dans ses bras. Un long baiser langoureux suivait son accueil. Et ce n'était pas pour déplaire à la jeune femme. Comme lui, elle avait attendu ce moment pendant toute la journée. « Bonsoir. » Elle resta contre lui, profitant de son étreinte. « Il m'en reste toujours un peu pour toi. » Elle esquissa un sourire amusé. Elle l'observait. Comme lui, elle s'était changé avant de revenir. Elle portait une robe blanche à bretelles larges qui lui arrivait jusqu'aux genoux, assez fluide et légère. Elle ne savait pas à quoi s'attendre alors elle avait opté pour le confort et la légèreté. « Pas de risque, crois-moi. » Ah ça, elle n'allait sûrement pas se sauver.
Durant le trajet, la jeune femme lui lança des regards amusés. Elle savait qu'il était inutile de lui poser des questions. Et puis, elle préférait avoir la surprise. Elle voyait parfois ces petits sourires en coin. La patience était une de ses qualités. Cela l'avait bien aidé pendant son internat, avec les enfants et les patients plus âgés beaucoup moins coopératifs. Mais aussi avec les ventes aux enchères auxquelles elle assistait. C'était avec la patience qu'on pouvait obtenir les meilleures choses. Après avoir quitté la voiture, elle le suivait sur un petit sentier. Elle faisait attention où elle mettait les pieds. Elle ne savait pas du tout où Axel l'emmenait mais elle ne fut pas déçue. L'endroit était un petit bout du monde. De là, où ils étaient, ils avaient une superbe vue sur l'océan. Un sourire s'afficha sur les lèvres de Célia. Elle aimait l'endroit. En même temps, il aurait fallu être très difficile pour ne pas apprécier. « C'est magnifique... » Elle se tourna vers lui pour l'embrasser avant d'ajouter. « Toi qui a horreur du romantisme,... Tu as fait autant d'efforts pour moi. Ça me touche. » Elle en profitait pour se blottir un peu contre lui et de profiter de ce calme et du bruit des vagues qui se fracassaient contre les galets. Elle ne s'était pas douée une seconde qu'il existait ce genre de petit coin de paradis. Elle resta un instant contre lui avant de mener la main d'Axel à sa bouche et d'y déposer un baiser. « Merci. » Cet endroit lui plaisait beaucoup. C'était simple, tranquille comme elle aimait. Encore une fois, Axel avait su lire en elle et c'était plus qu'agréable.