« Ah oui je vois... Elle pense que tu vas finir ta vie tout seul. »
Je souriais légèrement. Charline semblait beaucoup s'inquiéter pour la vie amoureuse de son père. Je me souvenais encore de la première chose qu'elle m'avait dite. Elle m'avait demandé si j'étais célibataire, m'annonçant au passage que son père l'était. Ce qui m'avait beaucoup amusé. J'imaginais que c'était délicat pour Spencer de présenter quelqu'un à sa fille. Il ne pouvait pas mettre en péril son équilibre ou lui présenter n'importe qui. Cela prouvait une fois de plus qu'il était un bon père. Il privilégiait sa fille plutôt que sa vie amoureuse. J'en connaissais qui n'étaient pas capables d'en faire autant. Mon sourire s'élargissait alors qu'il parlait de « dîner de la dernière chance ».
« Une chance que le charme ait opéré alors... »
Enfin il avait opéré bien avant ce dîner a vrai dire. J'appréciais Spencer depuis un moment. Il m'avait tout de suite plût physiquement. J'avais ensuite appris à le découvrir et sa personnalité m'avait aussi séduite. Cette soirée ne faisait que confirmer ce que je pensais. J'étais contente qu'il m'ait invité, qu'il ait eu cette idée.
« C'est le meilleur compliment que tu puisses me faire. »
Dis-je, alors qu'on parlait de mon travail. Je ne faisais pas ça pour l'argent ou pour la gloire. J'avais vraiment envie de retransmettre une émotion à ceux qui voyaient mes photos. C'était ce que je trouvais le plus gratifiant et j'avais vraiment l'impression d'avoir atteint mon objectif quand j'entendais ce genre de paroles.
« Quand j'y pense, moi aussi je vais avoir le droit à pleins de questions... »
J'avais déjà parlé du garde du corps avec Kael, alors j'imaginais qu'il me poserait des questions. Il m'avait poussé à plusieurs reprises à me libérer de mes craintes, me rappelant que tous les hommes n'étaient comme pas notre père.
Le garde du corps hocha doucement la tête aux propos de la photographe. « C'est tout à fait ça. » Répondait-il, un sourire aux lèvres. « Je ne sais pas pourquoi elle s'est mise cette idée dans la tête. Pourquoi cela a tant d'importance pour elle. » Ça, il n'en savait vraiment rien. C'était venu comme ça, un peu du jour au lendemain. Charline s'était intéressée aux femmes de son entourage. Elle semblait vouloir le caser à tout prix. « Mais peut-être que je me suis trompé et qu'elle a vraiment besoin d'une présence féminine. » Il avait beau faire tous les efforts du monde. Il avait beau endosser le rôle du père et de la mère, il savait très bien qu'Evelyn allait toujours être un manque pour sa fille. C'était une évidence contre laquelle, il n'avait jamais essayé de combattre. « Je pensais qu'avec le temps, cela allait être moins difficile... Ou alors, c'est parce qu'elle voit ses copines et ses copains avec leurs parents. A vrai dire, je n'en sais rien. » Non du tout. Il n'avait jamais eu de conversation avec sa fille à ce sujet. Ce n'était pas quelque chose qui les empêchait de vivre. « Mais au moins, cela ne l'empêche pas d'être heureuse. » Même si le manque était toujours là. Spencer avait toujours fait en sorte de privilégier le bien être de sa fille. Et cela n'allait jamais changer et ça, Charlie le savait très bien. Aux mots de Kara, Spencer ne pouvait s'empêcher de rire. « Exactement ! Si tu savais comme ça me rassure. » Avait-il répondu avec un large sourire. Le courant était tout de suite très bien passé avec la photographe avant même de faire la moindre spéculation sur la suite de leur rencontre. Ils s'entendaient bien. Et à vrai dire, pendant un moment cela avait suffit au garde du corps. Et puis il avait bien compris qu'elle avait une dent contre la gente masculine. Mais il n'était pas étonné après avoir entendu son histoire personnelle. C'était peut-être pour cette raison qu'il avait pris son temps avec elle. De plus, il n'avait pas envie de précipiter les choses. Ce n'était pas du tout son tempérament. Il aimait profiter des bonnes choses. Et ce qui doit venir, viendra selon lui. Il ne se faisait pas de souci la dessus. En plus, on ne pouvait pas dire qu'ils avaient été tous les deux chanceux au niveau de leurs emplois du temps. Et jusqu'à maintenant, ils n'avaient pas pu profiter d'une soirée en tête à tête. Alors ce moment, l'ancien militaire en profitait. Et il était ravi de savoir que c'était la même chose pour la jeune femme qui se trouvait devant lui. « Et c'est sincère. J'aime beaucoup ce que tu fais et d'ailleurs, je pense bien t'acheter quelques clichés à ta prochaine exposition. » Oh que oui. Il avait envie de mettre deux ou trois photographies dans la maison. Puis elle parla de son jumeau ce qui faisait sourire Spencer. Il n'allait pas être le seul à subir un interrogatoire. « Ah ? Ton frère est curieux lui aussi? » C'était étrange parce que Kara ne semblait pas l'être. Peut-être qu'ils étaient différents sur ce point. « Ou alors c'est qu'il s'inquiète pour toi. » Ajouta le garde du corps un fin sourire aux lèvres. S'il était protecteur, il était bien normal que le frère de Kara se fasse du souci pour sa sœur. « Mais je peux le comprendre. Si j'avais eu la chance d'avoir ma sœur à mes côtés, je crois que j'agirais comme ton frère. »
Charline n'avait pas eut la chance de pouvoir grandir auprès de sa mère. Je savais ce qu'une mère pouvait représenter pour sa fille. Enfin, j'étais très proche de la mienne. C'était elle qui, encore aujourd'hui, me réconfortait quand ça n'allait pas ou me donnait de bons conseils. Je savais aussi ce que c'était de grandir avec un seul parent. Bien sûr, les circonstances étaient différentes, mais j'avais très bien connu cette sensation de manque.
« Charline est une enfant épanouie, je le vois bien quand on est ensemble. Elle est joyeuse, curieuse, dégourdie. Mais, je pense qu'il y a des moments où le manque de sa mère se fait plus ressentir. Et peut-être que oui, elle aurait envie d'une présence féminine et peut-être qu'a force de voir tous les parents de ses camarades en couple, elle se dit que tu serais plus heureux si il y avait quelqu'un dans ta vie. Enfin ce n'est que des suppositions. »
Parce que j'étais pas psychologue et que je ne pouvais pas affirmer avec certitude ce que pouvait bien ressentir Charline. La seule à le savoir c'était elle-même. Mais les enfants gardent parfois certaines choses pour eux.
« Je suis contente que ça te plaise au point de vouloir afficher mes clichés sur tes murs. »
Je souriais. Puis, je lui confiais que j'allais sûrement avoir le droit à quelques questions, moi aussi. Non pas que Kael était très curieux, mais on était proches et il se souciait de ce qu'il pouvait se passer dans ma vie.
« Je crois qu'il y a un peu des deux. Puis, on s'est toujours tout dit. Il a jamais besoin de beaucoup me questionner quand il veut savoir quelque chose. Toute façon je suis incapable de lui cacher quoi que ce soit. Il me connaît trop bien. »
Le garde du corps observait la jeune femme qui était à ses côtés. Kara connaissait la situation étant donné qu'elle avait été élevé quasi exclusivement par sa mère. Son père était toujours absent, c'était sa mère qui avait fait figure et de mère et de père. Ce qui n'était pas évident pour le parent restant. Et c'était bien ce que ce passait avec Spencer. Parfois il devait se substituer à Evelyn dans certaines étapes de la vie de leur fille, comme les discussions sur le premier coup de cœur, la première jalousie de fille, mais aussi quand il s'agissait de faire des virées shopping. Spencer connaissait tout ça. Bien sûr, parfois c'était plus simple pour Charline de parler avec une femme. Alors quand c'était ainsi, quand Spencer sentait le besoin de sa fille d'être avec une femme, il faisait appel à sa belle-soeur. Belle sœur avec laquelle, il était toujours en contact et qui était une super tata pour Charlie. « Peut-être oui. Peut-être qu'elle a envie que je me case... » C'était une possibilité. Jusque là, il avait pris tout ça avec légèreté et amusement. Mais sa fille semblait avoir cette histoire très à cœur. Alors peut-être qu'il devrait avoir une discussion avec elle. « Et puis après cette soirée, je crois qu'elle sera contente. » Le garde du corps esquissa un sourire. Cette soirée se passait bien alors il se doutait que d'autres soirées comme celle-ci les attendaient tous les deux. « Je serais ravi de les accrocher, crois-moi. Et puis, peut-être que dans cinq ans, tes photographies vont valoir de l'or. Je serais alors un homme riche. » Bon là il plaisantait. Il n'avait pas pour ambition de devenir riche. Et d'ailleurs, si c'était le cas, il ne se serait pas enrôler dans l'armée à peine sa majorité célébrée. Non. Mais il était certain que ses photographies allaient avoir leur succès. Certain. « J'envie votre relation gémellaire. Enfin, ça me fascine ce genre de lien. Savoir, ressentir, sans même être en contact. Enfin, c'est ce qu'on dit. Ça doit être assez spécial, dans le bon sens du terme. » Spencer, ça le rendait perplexe. Il avait entendu un tas de choses sur les jumeaux. Mais jusque là, il n'en connaissait pas, ou pas assez bien pour se permettre de poser la moindre question.
« Je pense qu'elle a simplement envie que tu sois heureux. »
Je souriais légèrement. A mon avis, ce qui comptait le plus pour elle, c'est de voir son père heureux. Peut-être que la petite pensait que cela passait par une belle rencontre. Peut-être qu'elle pensait que sa mère n'était plus là et qu'elle ne voulait pas qu'il reste tout seul. Allez savoir ce qui peut il y avoir dans la tête d'une petite fille de son âge. Les enfants sont capables de comprendre beaucoup de choses. Mon sourire s'élargissait aux mots suivants.
« Qui te dit qu'elles ne valent pas déjà de l'or ? »
Je plaisantais. J'étais loin d'être une photographe célèbre, mais j'en vivais et c'est tout ce qui m'importait. La célébrité et la richesse ne me faisaient pas envie. J'avais simplement envie de partager mon travail avec les autres, de montrer ce que j'étais capable de faire avec mon appareil. Le reste m'importait peu.
« On dit pas mal de conneries sur les jumeaux en fait. Mais c'est vrai que c'est un lien unique, que j'aurais du mal à expliquer moi-même. Je dis souvent que Kael est comme une partie de moi-même. Vraiment. Je n'imagine pas ma vie sans lui et personne ne me comprends aussi bien. »
J'étais ravie d'avoir un frère jumeau. J'étais venue au monde quelques minutes après lui et on ne s'était plus jamais quittés. On avait grandit et évolué ensemble. On avait toujours été là dans les étapes importantes de nos vies. Après un court silence, je reprenais :
« Pour te dire, quand il est parti pour Brisbane et qu'on ne s'est pas vus pendant des mois, j'étais vraiment mal. On avait jamais été séparé aussi longtemps. Je ne lui en avais jamais voulu à ce point. Mais je l'ai rejoint et j'ai laissé ma rancœur de côté. Je peux pas lui en vouloir trop longtemps. Puis finalement, heureusement qu'il est venu ici. Ça m'a attiré à Brisbane et je t'ai rencontré. »
« Mais je le suis. » Oui il était heureux. Et jusque là, ne pas être accompagné dans la vie de tous les jours n'avait pas été un frein à son bien être personnel. Mais Charline avait encore une vision assez étroite de la vie. Ou alors avait-elle vraiment envie d'une femme dans sa vie. D'une personne avec qui elle pourrait partager des moments privilégiés. Une personne qui pourrait faire du léche-vitrine avec elle. Avec qui elle pourrait parler des garçons de sa classe. Peut-être. A vrai dire, jusque là, il ne s'était pas posée de question. Et Charlie ne parlait pas trop de sa mère. Elle posait parfois quelques questions, mais cela n'allait pas plus loin. Même s'il était clair que le manque était là. « Ah mais je n'ai pas dis le contraire. Mais pour l'instant, tu restes une artiste dans l'ombre et je peux me faire une petite collection afin de m'acheter plus tard, une jolie maison sur une île paradisiaque. » Il l'observa, esquissant un sourire satisfait. C'était une bonne idée. Partir loin de tout ça. Juste profiter de la vie, sans penser aux factures, aux obligations, aux impératifs liés à son travail. Qui n'aurait pas envie de lacher du leste et de se laisser porter. Faire tout ce dont on avait envie ? Tout le monde non ? Lui, il avait passé une bonne partie de sa vie à servir les autres. Et il le faisait encore. Alors ce genre de vie, cela lui donnait matière à réflechir. « Avoue que c'est un bon deal. » Il souriait un peu plus avant que Kara ne reprenne la parole. Il était vrai que l'on disait tout et n'importe quoi sur les jumeaux. Et il ne pouvait pas se faire une idée là dessus puisqu'il n'avait jamais été dans la situation de la jeune femme. Il avait eu une petite sœur. Mais elle était décédée très jeune et il avait quasiment grandi seul. Il acquiesça de la tête aux mots de la jolie brune. Effectivement, elle lui avait dit pour son frère et le fait qu'elle avait été en colère contre lui parce qu'il était parti de Chicago. Spencer était de ceux qui pensaient que la rancœur ne servait à rien, juste à se pourrir la vie et empêcher les gens d'avancer. « En effet, tu as bien fait de venir le rejoindre. » Parce qu'ils n'en seraient pas là ce soir. Il ne serait pas en charmante compagnie. Spencer avait fini sa tarte et il avait reprit un peu de vin, en versant dans la coupe de la jeune femme. « Tu n'aurais pas goûter à ce superbe dîner et à cette excellente tarte. Et puis, admets que je suis quand même un très bon danseur. »
« Ouais, mais peut-être qu'elle pense que tu le serais plus avec quelqu'un. Je ne sais pas. »
Les enfants avaient une certaine vision des choses, de la vie et du bonheur. C'est après tout ce que la société nous apprenait. On devient adulte, on se marie et on a des enfants. Heureusement que nos vies ne se résument pas qu'à cela. Même si il est certain qu'un amour et des enfants apportent le bonheur, ne pas en avoir ne rend pas pour autant malheureux. Enfin ça dépend des gens. Certains rêvent de fonder une famille alors qu'ils sont encore adolescents, alors que d'autres nourrissent des ambitions différentes. Chacun peut trouver le bonheur à sa façon et à travers des choses différentes.
« Bah voyons... »
Je faisais mine d'être vexée. Revendre mes photos pour se payer une villa sur une île, quelle honte ! Enfin, c'est vrai, qui n'a pas rêvé un jour à tout plaqué pour s'installer sur une île ? J'avais beau adorer mon travail, une vie tranquille sans avoir à se faire de soucis, sans obligations, ça faisait envie ! Je le remerciais alors qu'il ajoutait du vin dans mon verre.
« C'est vrai, je suis très impressionnée par tes talents de danseur. Mais avoues que tu as eu une excellente partenaire. Ouais. J'ai bien fais de venir. Tu n'aurais pas rencontré la formidable femme et artiste que je suis. Puis faut dire que ma compagnie est tellement agréable. Tu aurais loupé quelque chose. »
Je souriais avec un air angélique. Je plaisantais et d'ailleurs, je ne pu retenir un petit rire à mes bêtises. Ce que je pouvais raconter comme bêtises parfois ! Puis j'avais bu quelques verres, alors ça me déliait un peu la langue. Quoi que. J'avais jamais eu besoin de boire pour faire ma fofolle. Mais bon, inutile d'effrayer Spencer aussi tôt.
Il acquiesça de la tête aux mots de la photographe. Elle avait raison. Même s'il était bien dans sa peau. Qu'il appréciait sa vie comme elle était. Peut-être que Charline voulait lui offrir ce petit plus. Et ce petit plus ressemblait grandement à Kara. Ce qui le faisait doucement sourire. « Sur ce point là, je suis d'accord avec elle. Je pourrais être très heureux avec quelqu'un. » Il avait gardé ses yeux bleus sur elle, lui faisant ainsi comprendre que cette personne, c'était elle. Jusque là, le garde du corps n'avait jamais songé à ça. Il n'avait pas fait la bonne rencontre. Il n'avait pas trouvé la femme avec qui il avait envie de construire quelque chose. Mais il semblerait que la donne avait changé. C'était bien la première fois qu'il songé à se caser. Et cela ne lui déplaisait pas. Bien au contraire. Peut-être que c'était le bon moment. « Quoi ? Je vais animer le marché de l'art, rien que pour toi. C'est gentil, tu ne trouves pas ? » Des photographies qui pourraient lui permettre de changer complètement de vie, cela faisait rêver. Oui. Qui n'avait jamais songé à tout quitter pour vivre au gré de ses envies ? Sûrement tout le monde. Mais voilà, ce n'était qu'un rêve. Sa vie était ici, à Brisbane. Il s'y sentait bien. Il avait sa famille dans les environs. Et il n'avait pas envie de changer d'air. Sauf pour son boulot. « Mais je sais que cela ne se fera pas tout de suite. Alors en attendant, je vais garder mon boulot. Enfin, plus pour très longtemps d'ailleurs. Là aussi, j'ai envie de changement. Et je crois que cela ne fera pas de mal à Charline. » Il y songeait depuis longtemps. Et il pensait prendre la bonne décision. L'idée lui plaisait de plus en plus. Et il ne tenait qu'à lui de changer de boulot. Le garde du corps se mit ensuite à rire aux propos de la belle. « Je suis d'accord. Tu es une femme incroyable et formidable. » Il l'embrassa doucement avant d'ajouter avec un petit sourire en coin. « Même quand tu as bu un peu trop. » Il l'observa un instant avant de l'embrasser à nouveau. « Je vais avoir du mal à te laisser repartir.... »
Je souriais aux mots de Spencer. Je ne m'étais jamais dit que le bonheur, c'était de trouver l'amour et de partager sa vie avec quelqu'un. Probablement parce que me laisser aller à se genre de sentiment m'effrayait. Pourtant, quand je regardais Spencer, je me disais qu'il pouvait me rendre heureuse. En tout cas, je me sentais bien en sa présence. J'avais parfois l'impression de le connaître depuis plus longtemps. Je ne savais pas comment il s'était débrouillé, mais j'arrivais à me sentir en confiance. Je lui avais déjà confié beaucoup sur ma vie ou mes pensées.
« C'est trop généreux. »
Dis-je en riant à ce qu'il venait de dire. C'est certain, tout le monde rêvait de changer de vie, de faire ce que bon lui semble. La liberté fais rêver. Malheureusement, on n'est pas si libre que ça, la vie est faite de beaucoup de devoirs et d'obligations. Une chance qu'il n'y ait pas que cela, que certains moments ou certaines personnes nous fassent tout oublier.
« Ah oui ? Et tu sais ce que tu voudrais faire ? »
Demandais-je, curieuse. Peut-être qu'il voulait être d'avantage disponible pour sa fille ou qu'il en avait assez du travail de garde du corps. Je n'en savais rien. Mais j'avais très envie de savoir ce qu'il avait en tête. Nous échangions un nouveau baisé, après qu'il ait confirmé que j'étais quelqu'un de formidable. Je n'étais pas en recherche de compliment, mais ça faisait toujours chaud au cœur d'entendre ce genre de paroles. Surtout venant de lui.
« De quoi, tu parles ? Je n'ai pas trop bu. »
Je souriais très légèrement. Bien sur que si, j'avais trop bu. Enfin je n'étais pas ivre. Je savais très bien ce que je faisais. Mais, c'est vrai que ces verres m'avaient un peu détendue on va dire. Après un autre baisé, je reprenais la parole, dans un murmure.
« Alors ne me laisse pas repartir. »
Je devais admettre que je n'avais pas du tout envie de rentrer chez moi. Je ne voulais pas que cette soirée s'arrête, parce que je passais un très bon moment. Je savais que ce genre d'instants étaient trop rares. Je voulais en profiter le plus possible. Je l'embrassais encore une fois.
Il ne pouvait s'empêcher de sourire aux mots de la belle. « Très généreux et altruiste aussi, tu pourrais ajouter. » Un fin sourire resta affiché sur les lèvres du garde du corps. Bien sûr, la conversation restait sur le ton de la légèreté. Ce n'était pas du tout le genre de Spencer de se vanter ou de se mettre en avant et cela peu importait la situation. Ce soir, la conversation était plutôt à la confidence. Que ce soit Kara ou Spencer, ils n'étaient pas habitués à parler d'eux, à s'ouvrir comme ils le faisaient. Pourtant, ils parlaient sans entrave. Preuve que le courant passait définitivement bien entre eux. Alors que c'était bien la première fois qu'ils avaient l’occasion d'avoir toute une soirée pour eux, sans personne autour. Et c'était agréable. Ils n'avaient pas à se soucier d'autre chose que de passer un bon moment. Puis à la question de Kara, il hocha doucement la tête. « Oui. » Il reposa son verre après avoir bu une gorgée. Puis il expliqua après avoir posé son verre. « J'ai un ami qui a ouvert une école de pilotage, il y a trois ans. Et il m'a proposé un poste. J'aurais des horaires stables et je ne travaillerai plus le week-end. Bon c'est moins bien payé. Mais comme je te l'ai dit, l'argent n'a jamais été une motivation. » Il n'était pas devenu garde du corps pour l'argent. Bien qu'il gagnait plus que bien sa vie. C'était même grâce à ça qu'il avait pu payer l'intégralité du crédit de sa maison. Mais maintenant, il avait d'autres aspirations. « Charline m'a manqué cette année. J'ai rendu service à mon oncle en devenant le garde du corps d'une actrice. Et j'ai sacrifié quelques moments que j'aurais pu passer avec Charlie. Je sais qu'elle ne m'en veut pas. Mais pour moi, ça était une révélation. Il est peut-être temps de changer de choix de carrière. » Oui et il y songeait de plus en plus. « Mon contrat se termine ce mois et je crois que je dirais oui à ce nouveau poste. » Et c'était plus qu'une certitude à présent. Il savait qu'il prenait la bonne décision. Même s'il n'allait pas réellement voler comme autrefois, au moins il allait renouer avec sa passion de toujours : le pilotage. Puis à la nouvelle remarque de la photographe. « Non pas trop bu mais apparemment cela suffit pour toi. » Il s'était alors doucement emparé de la flûte qu'elle tenait dans ses mains. Il la posa tout aussi délicatement sur la table avant de reporter ses yeux bleus sur elle. D'une main, il caressa sa joue de ses doigts avant de murmurer tout en s'approchant de ses lèvres : « Avec plaisir. » Un fin sourire en coin, il s'approcha davantage pour capturer les lèvres de la belle, prolongeant ce baiser. Lui non plus, il n'avait pas envie que cette soirée cesse aussi tôt. Mais comme tout gentleman, Spencer avait laisser le choix à la photographe de la suite de leur soirée. Il n'était pas là pou imposer quoi que ce soit. Il allait au feeling. Et il constatait que c'était la même chose pour la jeune femme et ça, il en était ravi.
Je portais mon attention sur Spencer, qui me parlait de son nouveau projet de travail. Je comprenais les raisons qui le poussait à vouloir changer. Depuis que je le connaissais, j'avais remarqué qu'il était très souvent occupé par son travail. C'était aussi pour ça qu'on avait eu du mal à s'accorder une soirée. Soit il bossait, soit je bossais. J'imaginais donc que ça avait parfois été compliqué pour lui de passer aussi du temps avec sa fille.
« Tu devrais sauter sur l'occasion alors ! Surtout que tu as toujours aimé le pilotage. C'est quoi comme travail précisément, tu donnerais des leçons ? »
Demandais-je, curieuse d'en savoir un peu plus sur son nouveau travail. J'étais sûre qu'il accepterait cette offre, en tout cas, il en parlait comme si c'était déjà tout réfléchi.
« Si en plus ça te permets d'avoir plus de temps libre pour Charline, c'est pas négligeable. L'argent n'a jamais été une motivation pour moi non plus, je serais pas photographe freelance sinon, donc je te comprends. »
Spencer n'avait pas tord. J'avais pas bu beaucoup, mais c'était amplement suffisant pour moi. En même temps, ce n'est pas comme si j'étais habituée à boire. Je sortais rarement en soirée. Enfin, si, en fait, je sortais beaucoup, sauf que c'était pour le travail et que je devais rester professionnelle. Je ne pouvais pas me permettre de siroter des cocktails. Surtout que vu que je ne tenais pas l'alcool, les photos ne seraient pas très jolies à voir. Enfin bref. Je souriais aux mots de Spencer. Il ne semblait pas vouloir que cette soirée se termine, bien au contraire. On échangeait un baisé langoureux. Oui, il était clair que je ne voulais pas rentrer chez moi maintenant. On avait tellement attendu pour pouvoir s'accorder une soirée, alors autant la prolonger le plus que possible.
« Alors je reste là. »
murmurais-je après que nos lèvres se soient séparées.
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