I only call you when it's half past five The only time that I'll be by your side I only love it when you touch me, not feel me When I'm fucked up, that's the real me When I'm fucked up, that's the real me, yeah - ambiance
La gorge sèche, l’estomac noué, les mains moites. Le parfait archétype du mec stressé à l’approche de son premier rencard. C’est risible, j’en ai conscience, alors que j’ajuste le col de ma chemise. Tout de noir vêtu, pour changer, je lisse un pli invisible sur mon jean, comme pour épousseter tout le stress qui m’entoure. J’aimerais sortir de ma voiture, mais j’attends que mon pouls se stabilise. Deux doigts plantés contre mon aorte, je me sens impuissant face à mon cœur qui s’emballe. Ça n’a rien d’étonnant, cela dit. Jamais une femme n’a fait vivre de telles montagnes russes à mon myocarde. J’ai l’étrange sensation que ce soir ne fera pas exception à la règle. Au diable ce muscle qui bat la chamade, je ne vais pas arriver en retard parce que je suis incapable de maitriser mes émotions ! Faut que je me rende à l’évidence, lorsqu’il s’agit d’Azur, je ne maitrise jamais totalement. Ça me fait perdre les pédales, ça me rend fou autant que ça m’excite. Le maso de première! Maso et stressé, la bonne affaire ! Tu parles du gros lot ! Ce soir, c’est elle le « gros lot », le pactole des enchères, mon portefeuille s’est allégé, mon cœur également, de ne pas la savoir avec un autre que moi ce soir ! Comme dans mes rêves le plus fous, elle est mienne. Et même s’il ne s’agit que de quelques heures, je ne ferai pas le difficile. Je lisse encore nerveusement un pli façonné entièrement par mes angoisses. Mes doigts détourent délicatement les pétales d’une pivoine rose pâle pour redescendre jusqu’à la base du bouquet. Vingt-sept pivoines toutes plus belles les unes que les autres. J’attrape ce dernier par les tiges, veillant à n’abimer aucune d’entre elle. Je veux que ça soit parfait. Parce que je suis loin de l’être. Peut-être mon attention fera illusion… trois secondes et demi ? Bordel, je déteste être stressé comme ça. Ça n’a pas de sens ! Ça ne me ressemble pas, putain ! Un coup de pied au cul mental et je m’extirpe de la voiture. Un dernier coup d’œil dans les vitres pour replacer une mèche rebelle. Elle tient pas… Fuck! Azur elle finit toujours par foutre ses mains dans mes cheveux, t’façon ! Bordel ! Non, bien sûr que non ! Elle faisait ça y'a dix putains d’années, alors tu te calmes, tu baisses ton chauffage, tu replaces cette fucking mèche et t’y vas ! En fait, je suis vraiment un gros con quand je suis autoritaire ! Comment les gens me supportent déjà ? Ah, bah oui, personne me supporte. Ahem… J’espère qu’elle acceptera qu’on se rende à l’endroit du rendez-vous en voiture, les transports en commun c’est vraiment pas ma tasse de thé… J'aperçois l'abri bus. Je la vois, de dos. J’évite de loucher sur ses bas. Trop tard. Merde. « Azur ? » Je lance pour qu’elle se retourne, à ma rencontre.
love.disaster
Dernière édition par Orion Pantazi le Dim 30 Avr 2017 - 13:13, édité 1 fois
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J’ai parié avec mes amies au travail que j’aurais quelque chose de prévu pour cette soirée-là, espérant vraiment que mon optimisme soit le garant de ma réussite. Sauf que non, rien au programme, alors elles m’ont mises en vente pour la bonne cause. Sans grande conviction, j’ai préparé ce panier ridicule avant de partir, prenant bien soin de ne pas oublier la bouteille d’alcool au cas où je me retrouverais avec un vieux à qui je n’ai rien à dire. Et j’ai bien lu les règles de participation avant de signer, c’est vraiment d’un commun accord, alors si je me fais trop chier, ça ne sera pas pour une soirée abusivement longue à laquelle je ne peux me dérober. En même temps, une soirée en plein air alors que la température est clémente, je ne vois pas vraiment ce qui se pourrait se passer de mal. J’ai le chocolat chaud, les guimauves, le plaid, les allumettes, tout pour en assurer la réussite. Je pars de chez moi et me dirige vers l’arrêt du bus qui me conduira au lieu de rendez-vous, guettant le moindre coup de vent qui pourrait soulever ma jupe. Bordel, une jupe… Je ne saurais dire la dernière fois que j’ai porté ce type de vêtement, je l’ai piqué à Bobbie qui partage ma taille de naine, certaine qu’elle ne verra aucun inconvénient. J’ai dû me regarder vingt minutes sous tous les angles avant de quitter, pour être certaine qu’on ne voyait pas ma cicatrice, et les bas aux genoux par-dessus les collants m’assurent une couverture parfaite. Rien n’est visible, et c’est parfait comme ça. Le trajet jusqu’au lieu de rendez-vous ne me prend pas réellement de temps, sachant que je dois rencontrer mon … acheteur -on dirait que je me prostitue, c’est terrible- sur un parking près du chemin où nous pourrons aller faire un feu. Le stress me prend au ventre, mais je chasse mes inquiétudes d’un revers de main. Tout ira bien. C’est que je me répète une fois au lieu de rendez-vous, mais quand j’entends cette voix, sa voix, j’ai envie de rire. «Azur ? » Je me retourne. Évidemment, il est là, bordel ! Et les fleurs qu’il tient dans ses mains m’ôtent tous les doutes : c’est avec lui que je devrai passer la soirée. Oh non, il en est hors de question. Pas depuis mon anniversaire. J’en ai assez de lui et de cette manie qu’il a à s’incruster à chaque moment de ma vie ! J’ai envie de rire et retourner prendre le bus, mais non, je ne peux pas sans dire un mot, ça serait mal me connaître. «C’est pour moi?» Je demande, m’approchant de lui, la main tendue vers ce magnifique bouquet de pivoines, des pivoines bordel… Je déglutis, tentant de garder un sourire qui paraît sincère alors qu’en moi, c’est totalement l’inverse…
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La température est plutôt fraiche pour une soirée d’été, je ne porte qu'une veste en cuir sans me préoccuper que nous soyons en saison estivale. Je la regarde jouer avec les pans de sa jupe, la faisant virevolter de gauche à droite. Mes yeux sont automatiquement attirés par la finesse et la sensualité de ses bas. Elle sait que c'est mon pêché mignon ? Non. Comment le saurait-elle ? À dire vrai, ce n'est pas véritablement mon talon d'Achille. L'exacte vérité ressemble davantage à "Azur + Bas". Alors ce ne sont pas les bas, non. Ce sont les bas sur elle. Putain, je divague déjà alors qu'on a pas échangé deux mots... Ma bouche sèche trahie mon appréhension, je crois, lorsque je l'interpelle. Je regrette de ne pas avoir gobé une gorgée ou deux de plus, dans la voiture. Comme si cela changeait quelque chose. Je me retrouverais dans le même état, moi, mon bouquet et mes incertitudes ! Notre dernière rencontre remonte à presqu'un mois, on peut pas vraiment dire que nous nous sommes quittés en bons termes... Je ressers mon emprise autour des tiges, bien conscient que je risque d'abimer les fleurs. Je ne peux maitriser mes émotions, c'est ça où je vais sortir une absurdité. Pire encore, une grossièreté ! Je crois qu'Azur a suffisamment donné le soir de sa fête en matière de spectacle, d'agressivité et de connerie. Je lui épargne mon numéro pour cette fois, le regard teinté d'une larme de culpabilité. Un maigre sourire anime ses lèvres, mais c’est mieux que pas de sourire du tout. Je l’encourage, lui souriant en retour, bien que peu assuré. Elle pointe le bras vers le bouquet de pivoines. « C’est pour moi ? » Je mets une baffe à l’Orion qui s’est empressé de hurler « NON POUR LE PAPE ! » dans ma tête. Bordel, ce que je peux être insupportable… Je lui tends en acquiesçant, autant ravi que surpris, Azur qui accepte une attention de ma part, nous partions sur de bonnes bases ! Je sens les muscles de mon dos se décongestionner légèrement. « Je… J’ai… » je bégaie comme un adolescent, le rose aux joues, trop impressionné de parler à une fille pour la première fois. PI-TIÉ ! « J’ai pensé que ça te ferait plaisir. » Et ça m’a fait plaisir. Sincèrement. J’ai même passé la soirée à relire les classiques dont elle me narrait autrefois l’intrigue, en tailleur au pied de mon lit, des étoiles plein les yeux, persuadée que je ne l’écoutais guère, préférant ma biologie à sa littérature. Foutaises ! Je différencie l’os du cubitus de celui du radius depuis qu’elle m’a conté la fabuleuse histoire de Romulus et Remus. Pour ce qui est de l’artère aorte et de la fémorale, c’est une autre histoire… Je divague. « Alors… ? Tu nous emmènes où ? »
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Mes yeux sont fixés sur lui, je tente de me calmer, bien que le poison de la rage coule de plus en plus vite dans mes veines. Pourquoi a-t-il fallu qu’il soit l’acheteur de mon panier? Presque qu’un mois que je n’avais plus de ses nouvelles, depuis qu’il s’est encore cru tout permis, comme si j’étais un vulgaire objet sur lequel il avait quelconque droit de propriété. Bordel, non, je ne dois pas y penser, sinon je vais hurler. Sauf que le regard qu’il me lance, je ne l’ai jamais vu comme ça. Je ne suis pas complètement débile, et je sais qu’il a quand même une once de sincérité en lui, qu’il ne pourrait pas feindre cet air… que je ne sais même pas comment qualifier. Mon cœur rate un battement, et je me demande pourquoi je me pose autant de questions ? Je me couvre de frissons alors que je tends la main pour me saisir du bouquet. « Je… J’ai… » Je porte les fleurs à mon nez pour humer leur doux parfum alors que je relève les yeux vers lui. Je ne l’ai jamais vu comme ça, et la seule chose qui me vient à l’esprit c’est à quel point j’aurais aimé qu’il soit comme ça avec moi avant. Bordel, la jeune fille de dix-sept ans que j’étais lui aurait sauté dans les bras, tout de suite, sans hésitation, passant une main dans ses cheveux pour l’attirer encore plus près. Sauf que je n’ai plus dix-sept ans, mais bien vingt-sept, et que trop de choses se sont produites entre nous pour qu’un putain bouquet de pivoines me permette de passer l’éponge. «J’ai pensé que ça te ferait plaisir. » Je ne réponds rien, lâchant un petite rire qu’il interprétera sûrement pour celui d’une femme conquise. Connard. «Alors…? Tu nous emmènes où ? » Je m’amuse à compter les fleurs alors que je me dirige vers le parking que je dois traverser pour me rendre quelques rues plus loin pour reprendre le bus. Il me suit, pensant sûrement que je me dirige vers sa voiture ou le lieu de rendez-vous, sauf qu’il a tort. NUL PART, j’ai envie de lui hurler, sauf que je réalise qu’il y a pensé. Le bouquet comporte vingt-sept fleurs. Bordel de merde. Putain ! Pourquoi doit-il être ignoble avec moi, puis revenir avec des petites attentions qui me sont impossible à oublier ? Sauf que cette fois, ça ne passera pas. Je me retourne vers lui, un sourire faux-cul sur le visage qui tombe directement alors que je passe près d’une poubelle. D’un coup, j’y lance le bouquet, ne supportant plus de le tenir dans mes mains. « Je sais pas pour toi, mais moi je rentre chez moi. » Je réponds, froide, alors que j’accélère le pas pour mettre le plus de distance entre nous. Je sais qu’il tentera de me rattraper, je m’en fous. Je veux juste partir. Et vite.
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Cette situation me flingue ! Ouais, y'a pas d’autres mots… Ça me tue parce que je me remémore amèrement cette époque où le moindre haussement de sourcils, la plus petite esquisse d’un sourire, même un bâillement, je savais l’interpréter. Si elle passait son temps à me parler de ses romans favoris, Azur restait, de loin, mon ouvrage favori, que je lisais avec une aisance folle. Un livre que seuls elle et moi pouvions ouvrir et lire. Nos éclats de rire résonnent dans ma tête, s’éloignant bien vite alors qu’elle attrape le bouquet pour me contourner. Sans un mot. Je veux dire, je m’attends pas à ce qu’elle me saute dans les bras, rien de tout cela en fait, mais un « merci » ça m’aurait probablement décontracté. Je regrette presque d’être venu sans me préparer un minimum pour cette rencontre… Parce que si je suis incapable de lire dans ses pensées, je les connais, ses longues enjambées. Elle fuit quelque chose, ou quelqu’un. Putain, elle trace sa route sans vérifier que je la suis. Bon, Azur me connait tout de même, pour rien au monde je ne la laisserais disparaitre de mon champ de vision, m’enfin… « Tu te la joues mystérieuse, ou quelque chose du genre … ? » Je tente vainement, dans l’espoir d’alléger l’atmosphère. Elle se retourne enfin, sans arrêter sa course néanmoins. Son sourire n’annonce rien de bon. Et puis je comprends. Ses yeux fixent la poubelle et deux enjambées plus tard mon bouquet y atterri, je crois que tous mes espoirs l’ont suivi, la tête la première. Putain… « Ok… » Elle veut pas de mon bouquet, j’ai saisi. « Je sais pas pour toi, mais moi je rentre chez moi. » Elle tourne les talons accélérant le pas pour s’éloigner. Si je parvenais à garder mon calme jusqu’alors, je sens déjà mon pouls s’accélérer. Je m’élance à sa poursuite pour combler la distance qui nous sépare, la dépassant pour me mettre juste devant elle, les mains en l’air, j’implore un cesser le feu, pourtant nous n’avons pas commencé à tirer… « Alors quoi, tu vas te contenter de fuir ? Et toutes ces conneries de cancer du sein, de bonne action, tout ça ? » Je tente la corde sensible, celle qui justifie notre présence ici, cette œuvre de charité qui me permet d’espérer un rencard avec elle. « Allons, toi et moi on sait que JE suis l’égoïste des deux. T’as pas le droit de me piquer le rôle, il est déjà pourvu. »
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Je sais que j’agis peut-être excessivement en agissant de la sorte avec Orion, alors que j’aurais vendu mon âme par le passé pour ne voir qu’une seconde cet aspect de sa personnalité, sauf que c’est trop tard. Il n’était pas là toutes les nuits où je l’implorais de me contacter, de m’expliquer, de me prendre dans ses bras et de me susurrer ‘ma Soie, tout ira bien, je suis là’. J’ai passé des mois, des années, dans le noir, sachant qu’il était le seul qui pourrait me relever en quelques mots, mais rien. J’ai dû traverser toute seule, et je suis encore toute seule quand on y pense. J’ai repris ma vie en main, et même si l’idée de goûter à nouveau aux meilleures années de ma vie en sa compagnie me tente pour une soirée, je ne peux passer outre le fait qu’il est celui qui m’a poussé sur cette pente glissante qui a eu raison de moi. Ni que chaque moment passé ensemble finit en engueulade et que je me sens briser à nouveau. Parce que je ne suis plus la même depuis qu’il a quitté ma vie, et ses sourires timides et sa putain de chemise ne me feront pas oublier le passé. Je fais taire cette Azur naïve en moi qui me supplie de lui donner une autre chance, de prendre cette occasion pour un nouveau départ, de fondre sur lui et de le prendre dans mes bras. Un frisson me parcourt à l’idée d’un nouveau contact avec lui, mais je ne sais en identifier la source. À le voir marcher de reculons face à moi, je cesse mes pas. Cette fois, réglons notre putain de différent, que je puisse partir sans me retourner, que nous n’ayons plus rien à nous dire par la suite ! « Alors quoi, tu vas te contenter de fuir ? Et toutes ces conneries de cancer du sein, de bonne action, tout ça ?» Mon air est neutre, et de croise les bras, lui laissant la chance de continuer. « Allons, toi et moi on sait que JE suis l’égoïste des deux. T’as pas le droit de me piquer le rôle, il est déjà pourvu. » Je lâche un rire ironique en rompant le contact visuel. « Alors c’est ça ? » Je débute. « Tu joues sur la charité pour me mettre au pied du mur ? » Le pire c’est qu’il a raison : si je me rétracte, il fera de même et rien n’ira pour la cause. Bordel, je suis mal barrée. Prise au piège. « C’est pas parce que tu dépenses pour un putain de panier que je suis à toi, tu le sais ça ?! » J’hausse les épaules, excédée, tentée de lui balancer que je le trouve pathétique. Je veux en finir, je veux juste partir. Du moins, c’est ce que je me fais croire, parce que j’ai tout aussi envie de mettre enfin les cartes sur la table.
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Cela relève du miracle, mais elle stoppe sa course pour se poster face à moi, dans toute sa théâtralité à la "Miss Ainsworth", bras croisés sur la poitrine, lèvres pincées, une caricature ! Sauf que j'imagine très bien ô combien elle est sérieuse à cet instant précis... La douce Azur, insouciante et naïve, a bel et bien quitté son corps en même temps que sa mobilité dans la jambe droite, alors que le parechoc du bolide de mon paternel la heurtait de plein fouet. Quelle anecdote sympathique, qui se mariera parfaitement à tous les futurs repas de famille ! En vérité, je ne ris pas... C'est juste... nerveux ! « Alors c’est ça ? » Elle va bien trouver quelque chose à objecter, évidemment. Lorsqu'il s'agit de couper court à tous mes projets ou de remettre en cause la moindre de mes assertions, Azur ne manque jamais d'inventivité. Faudrait penser à te reconvertir, rajoutes donc ça à ton curriculum vitae ! « C’est pas parce que tu dépenses pour un putain de panier que je suis à toi, tu le sais ça ?! » Comme si j'en avais quelque chose à battre des 500 balles versées à ce panier, c'est qu'un stupide prétexte, putain. Sauf que je vais pas lui dire, ça la ferait pas changer d'avis. Je peux seulement faire appel à la fibre de générosité qui anime encore sa personne, chez moi yen a plus vraiment, pas quand il s'agit de quelqu'un d'autre qu'elle. « Ah ! Non, non, non, tu t'en tireras pas comme ça, Ainsworth ! » J'emploie son patronyme volontairement. A l'époque, Ainsworth et Pantazi c'était un peu les Sherlock et Watson des temps modernes. Maintenant c'est juste une manière de souligner la bêtise de ses propos... « Pour ce soir, si, t’as pas lu les modalités de participation ou quoi ?! » Elle est coincée avec moi, qu'elle le veuille ou non, merde ! Je suis quoi au juste ? Un pestiféré dont la seule présence lui inspire un dégout incommensurable ? Bordel, je lui demande pas de se marier avec moi, juste de boire un coup, le cul posé sur un plaid, à la lueur d'un feu de bois. Programme qu'elle a ELLE MÊME choisi ! Merde, alors !
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Je déteste qu’il utilise mon nom de famille pour me parler, il le sait. En fait, peut-être que non, il ne le sait pas, il ne le sait plus, au vu de toutes les années qui ont passées. Il ne me connaît plus par cœur… Cette pensée me brise autant qu’elle me rassure, sachant que je peux toujours le surprendre, m’offrir une porte de sortie que je n’avais jamais réellement espéré détenir. Plantée devant lui, les bras croisés, j’attends. Quoi au juste ? Je ne sais pas, mais certainement pas de partir avec lui au lieu de rendez-vous. Quand nous passons du temps ensemble, ça finit toujours mal, comme si nous étions deux pauvres âmes qui n’ont plus rien en commun. Comme si nous n’avions jamais rien partagé par le passé, et ça me tue parce que malgré tous les efforts qu’il y met, je suis incapable de lui donner ce qu’il veut. C’est à croire qu’il semble oublier un léger détail, qui pourtant lui a valu un petit séjour en prison… À nous voir, moi qui vient sauvagement de jeter son bouquet de fleurs dans une poubelle, je me dis que j’ai vraiment le rôle de l’idiote… Mais je m’en fous : j’aime mieux passer pour l’idiote que pour la naïve qui se laisse manipuler, encore par le même. « Ah ! Non, non, non, tu t'en tireras pas comme ça, Ainsworth ! » Je serre les dents, consciente qu’il a fait exprès, pour m’énerver. Et ça marche. Bordel. «Pour ce soir, si, t’as pas lu les modalités de participation ou quoi ?! » Et il pense vraiment m’obtenir en agissant de la sorte ? Il se fout de ma gueule ou quoi ? « Tu penses que tu peux me marchander comme ça ? » je réponds, sèche, mais depuis qu’il est revenu dans ma vie, c’est à croire que c’est le seul ton que je suis capable d’utiliser en sa présence. «T’as pas lu les petites lignes comme quoi on est pas obligé de faire ce dont on a pas envie ? Tu peux me forcer à rien. » Si je veux partir, je pars. Si je veux rester, je reste. Ce n’est pas parce qu’il a dépensé une fortune qu’il pourra mener la danse.
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A croire qu'il nous est impossible de tenir une conversation "normale" plus de cinq minutes, qu'il semble sensé de se hurler dessus plutôt que s'échanger des mots à un niveau de décibels moyen pour une conversation NORMALE. Ouais, à d'autres ! Nos échanges ne sont pas normaux parce que notre relation n'est pas normale ! Je devrais la fuir comme la peste, l'oublier avec une autre, tourner la page... Sauf que je peux pas. Je ne peux pas et je ne veux pas. Chaque fibre de mon être s'oppose à annihiler complètement de ma mémoire Azur Ellsworth. Pire encore, elle hante mes jours et mes nuits, plus tenace qu'une odeur de clope sur mes chemises, après dix ans déjà à porter mes cigarettes au bec, putain ! « Tu penses que tu peux me marchander comme ça ? » Et voilà, les grands mots, du Azur tout craché ! Bientôt elle m'accusera de la traiter de pute sous prétexte que j'ai acheté sa compagnie. Pitié... « Putain mais t’es incorrigible ma parole ! » je m'esclaffe à mon tour, alors qu'au fond, je boue. Elle m'exaspère avec sa conduite irréprochable ! J'ai bien compris que c'est ELLE qui s'est vendue dans le seul but de contribuer à une œuvre caritative. Et bien sûr, c'est MOI qui ai sauté sur l'occasion, profitant de manière éhontée d'une cause à défendre pour servir mes propres intérêts. ET ALORS ? C'est le jeu, putain ! « C'est le principe même de la vente de panier, bordel ! » Je lève les mains au ciel, comme pour implorer le Gugus là-haut de donner du crédit à mes paroles. « T’as pas lu les petites lignes comme quoi on est pas obligé de faire ce dont on a pas envie ? Tu peux me forcer à rien » Petites lignes de mon cul, oui ! Elle ne m'aura certainement pas avec ça ! « Qu’est-ce qu’il faut faire pour que tu sois à moi, même juste une soirée merde ! » je finis par lâcher, résigné, mais également résolument énervé.
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Il me rend folle. C’est la seule certitude que je détiens depuis que je l’ai croisé au bar, notre première rencontre. En présence d’Orion, je deviens comme une boussole qui perd le nord, oscillant sans-cesse entre ma rage contre lui, de même que mes souvenirs qui tentent de refaire surface. Pourquoi je m’entête à lui redonner du crédit ? Il n’a pas voulu de moi, je lui ai tout offert, je lui aurais tout donné. Tout. Même s’il détenait déjà tout, ce n’était pas assez, et c’est cette simple idée qui me brise, parce que je sais que même si je lui laisse la chance de s’expliquer, de s’excuser, ça ne suffira pas. Sauf que je ne comprends pas sa manie, son entêtement et son acharnement sur ma personne, quand il a évoqué clairement que je n’étais pas assez d’intérêt pour lui. Même à mon anniversaire, il n’a pas démordu de ses propos… Et pourquoi ça me fait aussi mal d’y penser ? Cette situation me fait serrer les poings, encore, parce que je suis au pied du mur. Il prend ce qu’il veut, et laisse le reste, bordel… « Putain mais t’es incorrigible ma parole ! » À le voir rire, j’ai envie de m’approcher de lui et de le pousser sur le torse, juste pour le provoquer, mais je garde mes distances. Pour l’instant. « C'est le principe même de la vente de panier, bordel ! » Je ne dis rien, le laissant se complaire dans son monologue débile. « Qu’est-ce qu’il faut faire pour que tu sois à moi, même juste une soirée merde ! » QUOI ? Ça, c’est la meilleure ! Évidemment, le tout est mené par sa possessivité maladive qui ne semble pas s’être envolée avec les années. Les mauvaises habitudes ont la vie dure ! « Je serai jamais à toi, rentre toi ça dans le crâne ! » J’hurle presque, choquée qu’il puisse évoquer à voix haute l’idée que je sois sienne. Il se fout terriblement de moi et ça, je ne peux pas l’accepter. Pas quand il évoque ce pour quoi j’aurais préféré crever que me le voir refusé, et qu’il est au courant de toute l’envie qui m’animait à l’époque. « Que tu dépenses une fortune pour la charité ou peu importe quoi, je serai jamais tienne ! Je veux pas ! » Et alors que j’évoque ces propos, à cette seconde même, je le pense.
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Je crois que je sonne comme un désespéré, pourtant, je n'essaie rien d'autre que de la mettre face à ses contradictions. Pourquoi pas moi, c'est vrai quoi ? Et si je rêve encore de nos deux corps l'un contre l'autre, vacillant dans les affres du plaisir charnels, je ne cherche qu'à prouver une chose : ça ne la tuera pas de passer quelques heures en ma compagnie. Je ne suis pas pire qu'un autre, que tous "ses" autres... Elle ne semble pas vraiment de mon avis. « Je serai jamais à toi, rentre toi ça dans le crâne ! » Dans tes dents, Pantazi ! Je jure l'avoir entendu prononcer ces mots ! Ou elle les a pensés si forts qu'elle les a rendus audibles. Je ne sais pas... Ouais, j'en sais rien, je suis trop occupé à chercher les morceaux éparpillés de mon cœur sur le bitume. Parce que sa phrase m'a littéralement arraché le myocarde pour le déchiqueter en mille morceaux. Je fais semblant que rien de m'atteint, sauf que je suis obligé de fixer le sol pour qu'elle ne capte rien de mon trouble. Elle me blesse, évidemment. Bien qu'elle en doute fortement, il m'arrive plus que souvent de ressentir des émotions. Celles qui se manifestent à son égard ont tôt fait de me faire perdre la tête, mais je n'en pipe mot, prostré dans mon silence... « Que tu dépenses une fortune pour la charité ou peu importe quoi, je serai jamais tienne ! Je veux pas ! » Jamais tienne... Ma fierté en prend un coup et c'est vexé comme un poux que je prends le parti de répondre. « Putain mais tu préfères appartenir à l’autre bouffon dans ce bar qui te respecte même pas, qu’a moi, ou à tous les autres avec qui tu as couché ? » je secoue la tête, comme si ses mots allaient s'évaporer, en vain. « Ya pas plus incohérente que toi, sérieux ! » Je finis par lâcher, excédé.
I only call you when it's half past five The only time that I'll be by your side I only love it when you touch me, not feel me When I'm fucked up, that's the real me When I'm fucked up, that's the real me, yeah - ambiance
Chaque mot qui sort de sa bouche me donne envie d’exploser. Je déteste quand il joue avec moi, il le sait, et pourtant, il ne cesse de le faire. Juste au bal de Noël, quand il s’est rapproché de moi, que je pouvais presque sentir son souffle contre ma peau, je savais qu’il jouait. Je frissonne juste à y penser, mon lapsus me revenant en tête. Sauf qu’en ce moment, je boue surtout de rage. Je ne suis pas un jouet, ni un vulgaire objet sur lequel il s’attribue un droit de possession quand bon lui semble. « Putain mais tu préfères appartenir à l’autre bouffon dans ce bar qui te respecte même pas, qu’a moi, ou à tous les autres avec qui tu as couché ? » Ma bouche s’ouvre grande, encore une fois choquée de sa débilité. Parce que lui, lui, me respecte peut-être ? C’est vrai que de faire comme s’il n’en avait rien à faire de moi durant toutes ces années, c’est la preuve même du respect. De frapper un mec qui n’avait rien demandé, franchement, il ne pouvait pas mieux me respecter qu’à ce moment là ! Ah, et j’adore quand il remet sur le tapis que je l’ai supplié de me faire l’amour…. Je l’ai encore au travers de la gorge. Je veux qu’il me dise qu’il en crevait d’envie, savoir que je n’ai rien inventé, qu’il ne jouait pas avec moi, encore aujourd’hui. « Ya pas plus incohérente que toi, sérieux ! » « Non, mais tu t’entends ? Tu penses vraiment que le fait que je ne veuille pas être à toi relève d’une incohérence ? » Je lâche un rire, excédée, me pinçant l’arête du nez. Il faudrait que je songe à lui montrer mes cicatrices, les lettres que je lui ai écrites dans mes nuits de désespoir pour qu’il comprenne, qu’il réalise. « Et peut-être bien que je veux être à Achille, l’autre bouffon comme tu dis ! » Je lève les bras, dans une tentative désespérée de me calmer, sauf que mon ton augmente de plus en plus. Les décibels font écho à ma rage. « Peut-être que j’veux passer ma vie seule, et n’appartenir à personne ? Ou peut-être que j’ai envie d’me faire baiser par un type différent tous les soirs ? Mais dans tous les cas : ça te concerne en rien ! » Je termine, la respiration sifflante, consciente que je viens de nous remettre sur le même chemin qu’à l’habitude, qu’on s’hurle à nouveau dessus comme deux pauvres âmes qui n’ont rien en commun…
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Putain ! Pourquoi Diable a-t-il fallu qu’Arthur amène ce communiqué de la Mairie jusque dans notre appartement ! D'habitude, c'est moi qui m'occupe du courrier, et tout ce qui s'apparente de près ou de loin à de la publicité finit dans la poubelle, sans être au préalable consulté, bien entendu ! Sauf que pour une fois c'est Arthur qui a été le chercher! On en serait pas là, à s'époumoner comme deux poissonniers du dimanche ! À la place elle serait en train de bouffer ses foutus marshmallows avec Pierre, Paul ou Jacques. Faut toujours que je m'en mêle, bien sûr. C'est plus fort que moi. J'ai un grain ! J'en ai conscience au moins. Pas sûr que ça change quelque chose dans l'équation ? «Non, mais tu t’entends ? Tu penses vraiment que le fait que je ne veuille pas être à toi relève d’une incohérence ? » « Si l'on considère l'importance que tu apportes au concept d'appartenance, oui ! » Je lui lance n'essayant de convaincre qu'une seule et même personne : moi ! Parce que je peux pas décemment reconnaitre qu'elle appartienne à ce type dans le bar, ou à un autre. Ou à quelqu'un d'autre que moi. Déjà mon poing se serre à l'imaginer s'abandonner dans les bras d'un autre homme... « Et peut-être bien que je veux être à Achille, l’autre bouffon comme tu dis ! » En parlant d'autre homme... Elle ne se gêne pas pour m'en apprendre davantage sur ce connard. Je me serais volontiers passé de ce genre d'information. Mais maintenant la bêtise de l'humanité porte un nom : Achille. Encore un prénom de merde, pour un type qui, mis à côté, redonnerait ses lettres de noblesse à ce qu'on envoie directement dans le néant via la chasse d'eau. « Il était où Achille pendant les enchères alors ?!! » Je hurle rageusement, conscient que cela ne prouve absolument rien. R.I.E.N. « Peut-être que j’veux passer ma vie seule, et n’appartenir à personne ? Ou peut-être que j’ai envie d’me faire baiser par un type différent tous les soirs ? Mais dans tous les cas : ça te concerne en rien ! » « Si tel est ton si grand souhait, pourquoi tu baiserais pas avec moi ce soir !? » Je balance ça comme pour démonter tout son argumentaire, je réalise pas vraiment que mon exemple est peut-être exagéré. « Après tout, je suis un type différent de celui d’hier » Merci Orion pour cette expertise de valeur. « Sauf si la dernière t'a trop déçue au point de jamais vouloir recommencer ! D'ailleurs, chapeau, tu simules bien. » En le disant, je réalise que c'est pas si absurde. Un nœud dans mon estomac se forme et j'ai instantanément envie de vomir...
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Nous y revoilà. J’en suis presque à envier les soirées passées avec lui, avant, quand tout était simple. Cette époque où il n’y avait que moi et mes sentiments envers lui qui grandissaient à chaque jour. Cette époque révolue où je pouvais me terrer dans mon innocence, où je pensais qu’il ne pourrait jamais me faire de mal. Il a bien caché son jeu et il avait raison : il m’a fait du mal. Beaucoup, beaucoup trop, mais on dirait qu’il a complètement oublié ses actes. Pourquoi est-ce qu’il est aussi con ? « Si l'on considère l'importance que tu apportes au concept d'appartenance, oui ! » SI JE NE SUIS PAS À TOI C’EST PARCE QUE TU VOULAIS PAS QUE JE SOIS TIENNE ! Et je me dis que même si j’avais été sienne à l’époque, nous serions sûrement là à nous hurler dessus quand même, vu à quel point j’ai été facile à écarter. S’il avait partagé mes sentiments, rien ne me dit qu’il ne m’aurait pas repoussé plus tard. Nous étions voués à l’échec de toute façon… Putain, ça me fait encore mal d’y penser. Il n’est qu’un homme jaloux, envieux, et j’ai beau me creuser la tête, je n’arrive pas à trouver ses motivations, alors j’hurle. Comme celle qui ne comprend rien, j’hausse la voix, faute d’arguments. « Il était où Achille pendant les enchères alors ?!! » « Et ta Chloé, elle était pas en vente elle ?! » Je serre les dents juste à repenser à celle qui partage sa vie… Elle avait sûrement des plans et je passe en deuxième. Ça ne serait pas nouveau… « Si tel est ton si grand souhait, pourquoi tu baiserais pas avec moi ce soir !? » Qu… Quoi ? Ma rage tombe instantanément. Il vient vraiment de dire ça ? « Après tout, je suis un type différent de celui d’hier » Oh mon dieu. Je n’arrive pas à croire qu’après toutes ces années, j’ai cette image de catin qui me colle à la peau. Il n’y en a tellement pas eu d’autre depuis que je lui ai dit que je voulais passer ma vie avec lui, mais il doit s’imaginer que je me laisse encore sauter par tout le monde. « …C’est pour ça que t’as acheté mon panier ce soir ?» Je demande, moins venimeuse, le cœur débattant de plus en plus. « Sauf si la dernière t'a trop déçue au point de jamais vouloir recommencer ! D'ailleurs, chapeau, tu simules bien. » Je relève les yeux vers lui, blessée, frustrée. Il joue avec moi. Et moi, je me laisse avoir à chaque fois, et j’en viens même à souhaiter n’avoir jamais passé une nuit avec lui… « Pour ce qui est de simuler, tu m’as tout appris. » Et contrairement à lui, je ne parle pas que de ces nuits magiques où j’ai compris qu’il était le seul pour moi, mais bien de toutes nos années d'amitié qu'il me fait remettre en doute à chacune de nos rencontres.
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Pourquoi elle m'a dit son prénom, putain. Comment elle a osé ? Je veux dire, maintenant y'a plus qu'un disque qui tourne en boucle dans ma tête : Achille + Azur. Ah, non ! Pardon, y'a aussi le remix, dispo dans les bacs dès aujourd'hui : Azur + Achille ! « Et ta Chloé, elle était pas en vente elle ?! » Je me fends d'un rire sombre. Chloé elle a rien à voir dans tout ça, j'espère que son rendez-vous est pas aussi pourri que le mien d'ailleurs... «Bien sûr que si ! Moi je l'ai pas vu dans la salle des enchères, par contre, ton bel étalon!» Ça m'arrache la gueule, mais je préfère encore dire ça que de prononcer son nom une nouvelle fois. La première expérience m'aura suffi ! « … C’est pour ça que t’as acheté mon panier ce soir ? » « Oh bien sûr pour te supplier de me laisser te prendre, tu me prends pour qui ? » J'ai même pas envie de lire dans ses pensées, pourtant autrefois, j'aurais tué pour savoir ce qui tourmentait ses songes. Maintenant, j'aurais juste trop peur d'y lire à quel point son opinion à mon sujet s'est dégradée. « Et si c’était vrai, ça changerait rien apparemment. » Je rajoute, comme pour moi-même. Je cherche même pas à être inaudible, j'ai envie de tout envoyer valser ! « Pour ce qui est de simuler, tu m’as tout appris. » J'imite son sourire narquois, pourtant, mon cœur se serre. Mes hauts le cœur se ne calment pas, je sens que je vais dégueuler si elle arrête pas de revenir sur "ô combien elle simule bien avec moi", putain. Mes doigts me font mal, mais je peux pas m'empêcher de serrer d'avantage. « Oh ! C'est donc de là que vient ton talent ? » Je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour contrôler les tremblements dans ma voix... « À vrai dire, ça ne m'étonne pas... » Je marque une pause, quelque peu amère. « Surtout si tu t'es inspiré de quelqu'un qui n'a jamais rien simulé. » Je voulais juste dire ça de façon détachée, c'est tout le contraire. J'insiste bien trop sur "jamais". Je lui crache mes mots comme si le fait qu'elle ait pu simuler toutes ses sensations ne m'atteignait pas. Bien sûr que ça m'atteint, putain ! Ya pas de mur dans le coin et c'est tant mieux, j'aurais pas donné cher de mes phalanges à ce moment précis. Ouais, j'ai mal. Mal de réaliser que si elle désirait coucher avec moi à l'époque, le seul d'entre nous qui en a toujours envie, c'est moi. Le seul d'entre nous qui a vraiment ressenti des choses, c'est moi. Le seul d'entre nous qui n'a pu passer outre cette nuit, putain-de-bordel-de-merde, la réponse je vous la donne en mille : c'est moi.