La progression du groupe dans les tunnels avait été plus rapide que Dean ne l’avait imaginé, et surtout plus calme. Ils avaient certes croisé la route d’un zombie, mais Kyte avait immédiatement réagi. Il était allé au corps à corps, leur sommant de rester derrière. Et le grand costaud n’avait fait qu’une bouchée du zombie. Il semblait même ravi de ce combat, comme un gamin qui aurait enfin pu se défouler sur la piñata à son anniversaire. Après quelques minutes de marche supplémentaires, Ezra leur indiqua la sortie. Dean fronça les sourcils en observant son ami, curieux comme les autres de savoir comment il savait tout cela. Mais il ne capta pas le regard d’Ezra, qui semblait perdu dans de lointains souvenirs. Kyte testa l’échelle, souleva une plaque en fonte, vérifia les alentours puis redescendit : la voie était libre. Il invita tout le monde à monter et resta derrière avec Dean pour surveiller les alentours. Les deux hommes rejoignirent finalement le reste du groupe et l’avocat put observer les lieux : les survivants se trouvaient dans un garage, celui d’Ezra. Le jeune homme avait été prévoyant, et cela les aidait beaucoup aujourd’hui.
Alors que Dean se dirigeait déjà vers la porte pour jeter un œil aux alentours, quand la belle rousse, celle qui l’avait sauvé, les arrêta : elle voulait vérifier qu’aucun d’eux n’était porteur de la maladie de zombification, ou un truc comme ça ! Dean haussa un sourcil mais s’avança vers Rosa, lui montrant ses bras et ses jambes. La partie la plus touchée de son corps était sa cheville gauche, qui avait été griffée par le zombie qui l’avait attrapé dans la forêt.
« Je suis curieux, comment vas-tu déterminer qui est … sain et qui ne l’est pas ? »
Dean jeta un coup d’œil à ses camarades et fut parcouru d’un frisson. Que se passerait-il si l’un d’eux était infecté ? Pourraient-ils tous rester ensemble jusqu’au laboratoire dans l’espoir que le Professeur fabrique rapidement un remède ? Devraient-ils laisser la personne partir dans une autre direction ? Faudrait-il tuer cette personne pour éviter qu’elle ne leur fasse du mal et lui éviter la transformation ? Le jeune homme pensait que les tunnels serait l’étape qui lui glacerait le plus le sang, mais ce n’était rien comparé à ce qu’il ressentait maintenant.
Dans mon sac j'ai une corde, une machette, un fusil et des chewing gum.
Les survivants grimpent les uns après les autres le long de la petite échelle bancale. Kyte reste en arrière avec le type qu’aime bien la stratégie, Dean. Quand vient leur tour, ils rejoignent le petit groupe dans le garage du résistant inconnu. Kyte referme consciencieusement la dalle après son passage : inutile d’attirer d’éventuels zombies sur leur présence ici. Il se relève et commence à inspecter ses armes, prêt à repartir, mais la jolie rousse aux crises de folie l’arrête de sa voix douce comme ferme. « Avant qu'on entame la partie suicide de cette mission, je veux m'assurer que vous êtes autant que possible en bonne santé, et hum... comment dire, sain ? Qu’elle ordonne, et Kyte laisse pousser un gémissement de protestation. « Aaah ! Allons on a pas l’temps pour ça, faut qu’on avance. » Il plaide de sa voix morne et monotone, mais c’est sans compter la détermination de la jeune médecin. Nous n'avons plus le temps, on vient montrer ses écorchures sans discuter. » Kyte aurait bien aimé insister encore un peu, mais voilà que Dean s’approche déjà de la jeune femme pour lui montrer ses membres. Alors il attend son tour en jetant des regard nerveux vers la porte, comme si elle allait s’ouvrir d’un instant à l’autre. Comme si les zombies n’attendaient que ça pour leur sauter à la gorge et les encercler. Après un moment, il doit bien se rendre à l’évidence : ils sont en sécurité ici pour l’instant. Alors avec un soupir, il glisse ses armes sur le sol à côté de son sac à dos et remonte ses manches pour laisser la docteure l’inspecter à sa guise. « Pose ton verdict ma belle, et après faudra pas qu’on traîne. Hum ? Si y’a des plaies à soigner on f’ra ça au labo, m’est d’avis qu’y’aura plein de médocs et autres joyeusetés pour nous requinquer là-bas ! » Il badine pendant l’auscultation. Pour pas trop penser à la douceur de ses mains et à la proximité de ses longs cheveux. Kyte, il a pas trop l’habitude que les gens prennent soin de lui. Depuis des années qu’il se cache de la police en jouant aux SDF, il est plutôt accoutumé à l’indifférence, la violence, le dédain. C’est tellement prévisible que ça le touche même plus. Mais qu’on soit aux petits soins ? Nah. Y’a que la petite Jaimie qui se comporterait comme ça avec lui. Et encore, quand elle a pas envie de lui foutre des baffes pour son insolence. Il se dit qu’il est peut-être mieux entre les mains de Rosa, finalement. L’expérience a montré qu’elle sait botter des culs, mais pour l’instant elle s’est gardée de botter le sien. Alors il reste que sa douceur et son air appliqué et ses yeux qui brillent d’intelligence tellement qu’on voit que son cerveau il tourne vite derrière pour analyser les blessures. « Eh, le zombie vivant ! » Il demande à Ezra pour pas perdre de temps. « Tu t’sens de nous guider dans les rues jusqu’au labo ? J’crois qu’on a perdu le Professeur Maboule. Y répond plus depuis les tunnels. »
Si Rosie avait insisté pour effectuer cet examen médical sommaire, c’était en grande partie a cause de Dean. Il était plus que probable qu'il ai été infecté, même si, vu le peu de choses qu'on savait de ce virus, tous l'étaient potentiellement. Alors, quand Kyte avait commencé a protester - « Aaah ! Allons on a pas l'temps pour ça, faut qu'on avance » ; Rosa, le réprimandant d'un regard sévère, l'avait fait ce mettre en ligne avec les autres dans un fracas d'armes qui tombent au sol.
Dean, loin d'être stupide, c’était avancé en premier devant Rosie, lui montrant ses bras d'abord, puis ses jambes. Rosie scrutait chaque plaie, taille, rougeur, friabilité de la granulation, écoulements...etc ; tout ce qui pouvait lui permettre de déterminer que la plaie était saine, lorsqu’elle fut interrompu par une question à la quelle Rosie n’espérait pas avoir a répondre : « Je suis curieux, comment vas-tu déterminer qui est... sain et qui ne l'est pas ? » Pour ne pas avoir a y répondre, il suffisait juste de ne rien trouver d'inf... SheiBe. Rosie était arrivée à la cheville, et ça ce n'était surement pas a cause d'une ronce. Et, surtout : c’était infecté. Alors, la légiste se tourna vers l'homme a qui elle avait sauvé la vie quelques heures plus tôt, et lui assena une nouvelle qu'elle n'aurait préféré ne pas avoir a dire. « Je peux dire de manière quasi certaine qui est sain... Mais, toi, Dean, tu as environ une chance sur quatre de l'être.»
Elle aurait voulu s’asseoir avec le jeune homme, lui parler, l'aider a encaisser, mais elle ne pouvait pas se le permettre. Incapable de soutenir son regard plus longtemps, elle passa au survivant suivant, puis à un entre, puis encore un autre. Mécaniquement.
« Pose ton verdict ma belle, et après faudra pas qu’on traîne. Hum ? Si y’a des plaies à soigner on f’ra ça au labo, m’est d’avis qu’y’aura plein de médocs et autres joyeusetés pour nous requinquer là-bas ! », lui lance Kyte, lui souriant affectueusement, la sortant, encore une fois de sa torpeur. Le nombres de plaies et cicatrices sur le corps de cet homme étaient incroyable. Et bien que toute dans un sale état, aucune d'elle n’était infectée ! Enfin, sauf une ou deux (qui dataient sans aucun doute d'avant l'apocalypse), qu'elle aurait put lui arranger en deux trois coup de suture. Et de la bonne suture, hein. Ich bitte Sie, intradermique ! « Eh, le zombie vivant ! » lance son actuel patient à Ezra, « Tu t’sens de nous guider dans les rues jusqu’au labo ? J’crois qu’on a perdu le Professeur Maboule. Y répond plus depuis les tunnels. »
« Du Stück Scheiße? », articula rosa dans sa barbe en relevant la tête, avant de lancer d'une voix à la fois plus forte, plus énervée, et plus paniquée « Ne me dites pas qu'on a perdu la seule personne qu'on ne devait pas perdre ? »
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