Malgré un sourire quand je m’approche et le touche, ça a l’air de le blaser quand je lui demande s’il veut se débarrasser de moi. Il roule des yeux et dit : « Arrête tes conneries. » Je pince les lèvres pendant une seconde. Il a quand même l’art de me faire me sentir super needy. Ou peut-être simplement que je le suis vraiment avec lui, je sais pas. En tout cas j’ai pas l’impression de l’être avec d’autres. On me qualifie pas comme un mec collant d’habitude mais lui j’ai toujours envie de le toucher, c’est vrai. Bon au moins, il n’a pas l’air de vouloir me virer. D’ailleurs, il ne se dégage pas quand je l’embrasse rapidement. Je lui demande si j’avais le droit de faire ça et il sourit. « Tu te poses trop de question. » Ouais, ben à cause de qui hein ? C’est quand même pas de ma faute si les limites de notre relation deviennent de plus en plus floues, si ? On se voit beaucoup plus souvent qu’avant, on discute par SMS, il m’invite en soirée alors, forcément, moi je suis perdu. J’ai le cœur qui s’emballe à chaque attention, chaque sourire, chaque caresse. Sauf que c’est pas si simple et que j’ai constamment peur de faire une connerie. En réalité, en ce moment, j’ai vraiment peur qu’il se réveille, qu’il ouvre les yeux sur ce que notre relation est devenue et que ça le fasse flipper à mort. Pas évident de naviguer là-dedans. Alors, ouais, je me pose trop de questions, c’est vrai.
Lui, apparemment, ne s’en pose pas et m’embrasse. Un vrai baiser à nous, de ceux qui donnent l’impression qu’on se dévore. Il pose une main sur ma joue et je m’accroche à lui. Nos langues se trouvent, mon sang s’échauffe. Il me mord même un peu et j’adore ça. Ce type me retourne complètement quand il s’y met. Il a bien trop de pouvoir sur moi. Wow, c’est à peu près ce que mon expression dit quand il s’arrête. En tout cas, message bien reçu : c’est pas illégal. « Tu connais cette chanson ? Un classique. », il me demande en parlant de la chanson qui passe. Je tends l’oreille. Ouais je connais cette chanson. Ma mère adore. Askip, c’est ce qu’elle écoutait avec mon père à l’époque où j’étais un ‘projet’. Peut-être que j’ai été conçu sur cette chanson, la probabilité est grande. Je regarde Andy qui a l’air de vraiment l’aimer et je me rends compte qu’il a dû plus ou moins grandir avec. Il termine son verre rapidement. « Hm, ouais, un classique » De l’époque de Mozart à peu près quoi. Je lui dis, je lui dis pas ? Je bois dans mon verre, l’air de rien, pendant que je pèse le pour et le contre. Pour : j’adore l’emmerder. Contre : s’il y a la moindre chance que ça lui enlève l’envie de me sauter, je la prends pas. Collé contre lui, j’embrasse à nouveau ses lèvres, descend un peu dans son cou, remonte vers son oreille pour lui souffler : « Y a une théorie selon laquelle j’ai été conçu sur ce son. » Je souris et je me mords la lèvre pour ne pas rigoler, à présent entrain de guetter les réactions sur son visage. « Mais c’est pas important, hein ? », je demande dans un sourire. Je descends sa main sur mes fesses, histoire de lui rappeler qu’il y a goûté trop de fois, il est coincé. En vérité pour moi ça change rien, je suis certain que je serais attiré par lui, même s’il avait 50 balais. Pour moi c’est pas important.
Un léger éclat de rire échappa à Loan lorsque le jeune homme la somma de ranger sa mauvaise foi. Est-ce qu’elle faisait preuve de mauvaise foi ? Peut-être un peu… Dans le fond, la dernière soirée qu’ils avaient passés ensemble n’avait pas été si catastrophique que ça. Certes, la soirée avait eu lieu au lycée, l’endroit même qu’elle détestait probablement le plus au monde et se retrouver avec toutes les personnes qu’elle avait pu côtoyer au lycée ne l’avait clairement pas mis à l’aise, mais Matt s’était évertué à essayé de lui faire passer une bonne soirée et elle lui était reconnaissante pour ça. Après quoi, Loan se chargea de faire les présentations entre sa colocataire et son ancien camarade de lycée, en bon maître des lieux, Matt s’inquiéta de savoir si elles avaient bien tout ce qu’il leur fallait avant de finalement jeter un coup d’œil du côté du bar. « Ça se défend bien. Par contre, on commence à être low staff, entre Scarlet qui se fait draguer à chaque verre, et Deklan qui boit plus de shots qu’il en sert, je pense qu’on se parlera pas beaucoup ce soir. » A son tour, elle jeta un coup d’œil en direction du bar, puis un coup d’œil circulaire à la salle. « T’inquiète, on aura bien l’occasion de se revoir après ce soir de toute façon. Et puis si jamais t’as besoin d’aide… j’t’en dois une et j’crois que je devrais pouvoir m’en sortir avec quelques cocktails. » glissa-t-elle accompagné d’un clin d’œil. Ouais, elle lui en devait une, pour le lycée, pour leur dernière soirée… Matt avait toujours fait en sorte qu’elle ne se sente pas trop à l’écart et elle n’avait jamais vraiment eu l’occasion de le remercier pour tout ça, alors un coup de main derrière le bar, c’était la moindre des choses s’il en avait besoin. Puis c’était son job après tout, alors elle devrait pouvoir s’en sortir. Le jeune homme s’éclipsa finalement, non sans lui avoir déposer un baiser sur la joue et les remarques de Noa ne tardèrent pas. « Il va falloir que tu m’en dises plus ! » Loan secoua légèrement la tête, levant les yeux au ciel, mais elle n’eut pas le temps d’ajouter quoi que ce soit que son amie enchaînait déjà. « Il est plutôt mignon. Il y a un truc qui me dérange, je saurai pas te dire quoi, mais bon, les gouts et les couleurs… » Avalant d’une traite le shot qui leur avait été offert, la jeune femme reporta finalement son attention sur sa colocataire. « Tu peux t’arrêter tout de suite, tu fais fausse route. » Bon ok, peut-être pas tant que ça puisque Matt avait probablement été son fantasme durant toute l’adolescence de la jeune femme et qu’en un sens, il aurait presque pu être le père d’Adam, mais plutôt crever que de l’avouer. Ou alors, il lui faudrait encore quelques verres pour ça… « J’dis pas, il est plutôt mignon, ouais, mais ça s’arrête là. On avait quelques cours en commun au lycée et on s’est retrouvés à la soirée des anciens qui a eu lieu un peu après que je sois revenue à Brisbane. On s’entend bien, mais ça s’arrête là, c’est un pote, rien de plus. » Un pote, un ami… Est-ce qu’elle pouvait réellement considéré Matt comme un ami ? Probablement, mais elle avait pas envie de s’épancher plus que ça sur le sujet ce soir. « Par contre, toi, t’aurais pas des choses à raconter ? » demanda-t-elle finalement, retrouvant un sourire taquin alors qu’elle tentait de suivre le regard de la brune qui semblait jeter des coups d’œil un peu trop répétitifs en direction d’un jeune homme plus loin.
Il a pas l’air très intéressé par la chanson et ça t’étonnes pas vraiment. C’est pas sa génération. Tu profites du morceau, tu bouges un peu la tête, dansant discrètement. Tu chantonnes même les paroles que tu connais par coeur. Un bras autour de Danny, il est bien proche de toi. Il vient t’embrasser et tu le laisses faire parce que tu kiffes. Il ne reste pas longtemps contre, préférant aller sur ton cou. Tu bois une gorgée de ton verre.
Quand il parle de sa conception sur la chanson tu fais le calcul dans ta tête. Sérieux ? Il était pas né quand la chanson est sorti ? Ouais, ça se peut. Putain. T’es sur le cul. Tu pensais pas la chanson si vieille. Danny se ravise rapidement en disant que c’est pas important et tu le regardes. Les yeux plissés.
« Batard. »
Il va poser ta main sur ses fesses et tu les lui agrippes avec force. Oui tu l’aimes son cul. Pas que son cul. Sa belle gueule aussi entre autres.
« T’essaies de me faire changer mes pensées c’est ça ? Va falloir faire mieux que ça. »
Tu jettes un coup d’oeil vers le canapé derrière. Il est toujours occupé. Fais chier. Du coup vous restez là, à côté du buffet, matant les gens qui dansent. Qui sait peut être qu’après avoir fini ton verre tu seras un peu plus dans le mood pour se faire. Mais quand même ces gens ils sont venus pour squatter le canapé et jamais bougé ? Ils doivent bien prendre de quoi manger et boire de temps à autre. A moins qu’ils se soient fait un stock ? Ou tout simplement tu leur prêtes jamais d’attention quand ils s’éclipsent. Oui ça te fait chier de pas avoir ce super spot.
Ta main toujours bien accrochée sur les fesses de Danny, tu retournes la tête vers lui et tu bois une gorgée de ton verre.
Si elle est du genre à toujours répondre aux appels de l’estomac, à ne pas avoir honte d’être une pique assiette et à s’approprier la table du buffet comme sienne. Elle a conscience qu’il serait dommage, voir ridicule de ne pas profiter de la soirée. Surtout qu’elle ignore si l’année prochaine, elle aura à nouveau la soirée libre pour le nouvel an. C’est une incertitude, et pour pallier les hypothétiques changements d’année qu’elle devra passer à la caserne, elle décrète qu’elle va s’amuser et emmène Kane danser sur la piste de danse avec elle. Après tout, il sera mieux là qu’à rester debout avec son jus de fruit à rougir dès qu’une nana trop décolletée le bouscule. Elle ne lui laisse aucun choix de se défiler pour aller ailleurs. Il est là, avec elle et ses bras sont déjà autour de lui. « C’est pas vraiment mon truc de danser comme ça. » Qu’il confie, elle ne comprend pas immédiatement, pensant que c’est le rapprochement initié par la danse qui le gêne, elle pense à s’écarter mais il reprend rapidement. « Mais parce que c’est toi je vais faire un effort. » Le sourire se dresse sur le visage de Lene, bien, qu’il fasse des efforts pour elle, parce qu’elle est bien là, à simplement danser. Ce n’est pas dans ses habitudes non plus, mais elle ne regrette pas d’avoir fait le pas. Elle est à l’aise, elle s’attend à ce qu’il le soit. Et la chanson tourne, laissant entendre les premières notes d’une de ses chansons favoris. « Naaaaan, Kane ! » Qu’elle énonce, en s’éloignant, le contact n’étant pas de rigueur pour celle-ci. « Cette chanson, c’est mon jam! » Et il semble connaître la choré, en partie. Ce qui est suffisant pour elle qui connait la suite, ne perd pas de temps à le laisser galérer et lui montre déjà les pas. Elle l’initie. « Haha, tu vois que tu t’en sors ! » Qu’elle fait remarquer. Bon, ils ont peut-être l’air ridicule là, à danser à deux, bien que d’autres essaient de suivre. Mais au moindre regard réprobateur, elle n’hésite pas à faire les gros yeux. Et la chanson se termine, et elle ne tarde pas à revenir vers lui tout sourire. Parce qu’elle s’amuse. « Ta zone de confrt en supportera une autre ? » Parce que là, elle lui demande son avis. C’est le moment de fuir ou rester.
Pas question de retourner à l’appart de si bonne heure. Nadia bossait encore pour une énième soirée organisée par son boulot, Hugo était dans son illumination bi-annuelle qui provoquait l’extinction des feux et donc le silence radio pour plusieurs jours le temps qu’il rédige une ligne ou deux, et maman… et maman se remettait encore des dernières révélations concernant Rose et tout ce que ça implique. L’esprit un brin embrumé par les flûtes de champagne et les shootes pris avec Debra et ses copines, j’avais fini par me faufiler hors de l’appart le temps d’un joint au bord des lèvres et une série de textos plus tard m’avait entraînée à la porte du café d’une pote d’un pote de son cousin du frère de l’autre. Le truc, c’était que j’ignorais qui m’avait invitée, du moment où on avait mentionné alcool et bouffe gratuits, j’avais pris le premier taxi en direction de Logan City, comme si c’était l’évidence. À l’entrée, on m’avait filé un shot, une casquette annonçant 2018, un verre décoré d’une flûte pour le décompte à venir et un regard un peu trop entreprenant sur le semblant de décolleté que j’avais piqué à ma coloc pour faire joli. Si personne ne m’aborde, j’avais tout de même le nécessaire pour m’en sortir plus que bien d’ici l’an prochain, sans avoir besoin de demander quoi que ce soit à qui que ce soit. Un coup d’oeil vers le buffet qui n’en est presque plus un - c’est fou, le carnage que de pauvres gens en manque de carbs peuvent faire sur une tablée recouverte de trucs en format sliders, et je prends le temps d’étudier l’endroit avant de me poser à un endroit en particulier. La musique est bonne, l’ambiance est vocale, la déco est pas trop crade. Je suis persuadée qu’avec un peu d’effort - et d’intérêt - j’arriverai à reconnaître quelqu’un dans la foule, mais je préfère dériver vers la piste de danse le temps de raisonner à savoir si je dois attendre encore un peu avant d’envoyer une nude à Tad, ou si c’est mieux de régler ça tout de suite dans les toilettes avant de profiter du reste de la nuit. Quelques pas à gauche, d’autres à droite, et on m’heurte par derrière ce qui n’est pas plus mal, parce que c’est à ce moment-là que je remarque Kane en train de se trémousser comme il le peut sur le rythme droit devant, et Andy en mode pécho muy caliente sur l’angle. C'est à se demander lequel des deux me verra le premier, ou si je préfèrerai me ranger dans l'ombre pour les observer voler de leurs propres ailes.
Lene exprime son amour pour la chanson qui passe et elle se détache de moi pour danser comme il se doit sur ce titre culte. Elle connait bien mieux la choré que moi. Je ris un peu en la regardant faire. J’essaie de suivre le mouvement avec les pas qu’elle me montre, parce que ça me parle quand même. Je pense pas avoir l’air trop con, tout le monde fait cette danse sur cette chanson. Je souris quand elle me dit que je m’en sors. Je suis pas peu fière de moi. Quand la chanson se termine elle m’offre une échappatoire mais je me sens légèrement pousser des ailes sur le dancefloor alors une danse de plus, je peux le faire.
« Une de plus ouais ! »
Même si je connais pas la chanson qui passe « Do what you want » de Lady Gaga, le rythme est bon et je me laisse entraîner. Je regarde Lene, un sourire aux lèvres et j’hausse les sourcils quand je comprends les paroles de la chanson. Je m’y attendais pas.
« Do what you want with my body ? »
Je lui demande au cas où j’aurai mal entendu mais vu le nombre de fois que c’est répété, je ne pense pas me tromper. Osé comme chanson. Je me demande qui c’est qui chante.
« C’était pas une proposition. Je parlais juste de la chanson. »
Je plaisante bien évidemment. Même si ce serait pas la première fois que je lui fais des suggestions de la sorte. Je me souviens que trop bien dans sa voiture la dernière fois en rentrant du club de strip tease. C’était chaud chaud. Mais maintenant ça va, je suis défrustré niveau sexe. Je sais mieux me contenir. Même si Lene est toujours très attirante, surtout quand elle sourit. C’est pour ça que je dis un peu n’importe quoi, pour continuer de voir ce rayon de bonne humeur sur son visage.
J’annonce à Andy que j’étais pas né à l’époque de sa chanson et ça a l’air de lui faire un petit choc. Il me regarde, plisse les yeux et dit : « Batard. » Ce qui fait naître un sourire insolent sur mes lèvres. J’aime bien le faire chier un peu, de temps en temps. Même si en vrai, pour moi, c’est vraiment des questions très importantes tout ça. Y a peut-être bien dix ans entre nous mais je vois pas ce que ça change. Bon, si je lui sors un truc du genre l’amour n’a pas d’âge, il va seulement me répondre qu’il n’y a pas d’amour dans cette équation. Alors je lui dis simplement que c’est pas important et je dirige ses mains sur mes fesses pour lui rappeler que la différence d’âge ne nous a jamais arrêtés avant. Il referme sa main sur mes fesses et ça me fait kiffer. « T’essaies de me faire changer mes pensées c’est ça ? Va falloir faire mieux que ça. » Je souris, je suis officiellement grillé dans ma tentative pas très subtile. J’acquiesce, tant qu’à faire, autant avouer. Quant à faire mieux que ça, je demanderais pas mieux moi, en vérité, être seul avec lui et occuper ses pensées autrement. « Tu veux dire dans un coin sombre à l’abri des regards ? » J’ai aussi repéré qu’il y avait un canapé pas loin, dans un coin assez discret mais il est occupé, bien sûr. Y a trop de raisons d’occuper un canapé parce qu’en plus des gens qui s’enroulent, y a aussi ceux qui se posent en princes pour observer la scène, trop royaux pour se mélanger aux invités. C’est que ça fait vite carré VIP, ce genre de canapé.
La chanson qui passe maintenant, c’est du Gaga. Ça, je connais bien. Je sais qu’Andy adore, d’ailleurs, alors c’est pas étonnant de retrouver ça sur une de ses playlist. « Aah, ça tout de suite ça me parle plus. Toujours pas envie de danser ? », je lui demande, un sourcil légèrement arqué. Dans tous les cas, je termine mon verre d’une traite : à la fois pour en être débarrassé si jamais il accepte d’aller danser, à la fois parce que, merde, c’est quand même nouvel an. Si je suis sobre à minuit, je le vivrai clairement comme un échec.
Danny a des idées pour te changer les idées. Ca comprend un coin sombre. Ouais, c’est une bonne option, mais tu t’es déjà fait le film de la soirée dans ta tête. Party hard ici, et puis retour chez Danny pour le baiser jusqu’à épuisement. T’as pas envie de te crasser ici, pas déjà, la soirée ne fait que commencer. T’es trop bien fringué pour foutre tout ça en l’air, même si c’est vrai que tu peux le baiser en faisant attention à tes fringues. Tu réponds à Danny par un simple sourire en coin comme tu sais si bien les faire. Tu détaches ta main de ses fesses et tu vas choper un petit four que tu manges d’un coup.
Gaga qui passe et Danny qui te propose de danser. C’est vrai qu’elle est bonne cette chanson. Tu vas pour lui répondre mais tu croises le regard d’Ariane un peu plus loin. Tu lui fais un sourire et elle arrive dans votre direction.
« My girl ! »
C’est Lene ta girl en vrai, mais Ariane est tellement fun que ça t’es venu naturellement. Tu lui fais un petit câlin en guise de bonjour. Tu fais gaffe, t’as toujours ton verre dans ta main. Verre qui est presque fini à présent.
« Je savais pas que tu venais passer le réveillon ici. T’aurais pu me dire ! »
Ca n’aurait rien changé à cette soirée. T'aurais quand même convié Danny pour une raison obscure. Tu vois Danny du coin de l’oeil qui regarde Ariane et ouais, t’es un peu obligé de faire les présentations. Ariane sait très bien que tu baises un peu tout ce qui bouge. Elle t’a déjà vu texter des sex friends pour des plans, mais elle ne sait pas leur identité. T’as jamais mentionné Danny avec elle.
« Ariane, Danny. »
Tu précises rien de plus. Y’a rien à dire de plus de toute façon.
À peine revenu au bar que j’ai direct la vue sur Andy qui passe en mode aigle redoutable de la séduction. J’en déduis au gamin pendu à son cou que c’est à lui qu’il texte pas mal ces jours-ci, et si j’entends de travers la douce voix de Lene dans ma tête le traiter de pedo bear, c’est tout de même intrigué que j’essaie d’apercevoir ce qui se passe entre le colombien et sa proie du soir, entre deux cocktails, par surpris de la tournure des choses. Parce qu’Ed peut bien se marrer, Azur peut bien cogner son verre sur le bois vernis du bar, mais c’est la folie - et ça le deviendra éventuellement beaucoup plus, dans les prochaines minutes. « Le décompte est dans une heure, guys! » que je gueule, que j'avertis, grimpant sur le comptoir en levant mon verre à leur santé, recevant par la bande plusieurs cris d’entrain, quelques shots de clients à mon intention au passage que je gobe vaillamment, et un billet de la part de j’sais pas qui, pas eu le temps de remarquer, mais un “tout nuuuuu” qui l’accompagne de la façon la plus polie qui soit possible. Je rigole. Avant de ne plus rigoler du tout, et de voir que Scar a définitivement quitté le plancher avec le dude là, celui qui lui paie des vodka soda à répétition depuis plusieurs minutes et que Deklan a l’air surmené à faire des sprints d’un bout à l’autre du bar sans prendre le temps de respirer. Il est à la veille du burn out - ou de se fouler bêtement la cheville sur une flaque de bière quand je pars en vrille à travers la salle, slalome sur la piste de danse improvisée, le regard qui perce la foule. « Loan? » elle ne met pas très longtemps avant de tourner la tête dans ma direction, et je la rejoins dans la seconde, essoufflé, mais avec encore assez d’énergie pour supplier du regard. « Hey, je peux te l’emprunter, genre 10 minutes. Max? » c’est à Noa que je m’adresse d’abord, désolé tout de même, mais l'empressement des gens au bar qui commence à être un peu moins jovial qu’en début de soirée, quand la pression d'être bourré pour les douze coups de minuit n'était pas encore leur priorité. Les deux amies savent très bien que 10 minutes ne suffiront pas. « Ok, plus comme 40 minutes. 50ish. » et j’implore, et je grince et elle finit par céder, ce à quoi je m’exclame du soupir de la victoire. 1 minute même pas et on est de retour sur le champ de bataille, verres en main. « Sois bénie. »
Forcément, c’est son jam qui retentit à la sono, il n’en faut pas plus pour que Lene soit transporté dans ses jeunes années, à l’époque où l’adolescent qu’elle était apprenait tout un tas de chorégraphie pour pouvoir les ressortir aux autres cheerleaders. C’est un pan de sa vie qui défile devant ses yeux. Pas un qu’elle regrette. Son rire résonne face à Kane qui tente de suivre ses pas. C’est peut-être ridicule, mais elle est attendrie par le fait qu’il semble faire des efforts pour sortir de sa coquille, au moins quand il est avec elle. « Une de plus ouais ! » Qu’il annonce, alors qu’elle lui ouvre la fenêtre pour qu’il s’enfuie loin de la piste de danse s’il le souhaite. Elle a conscience d’avoir un peu joué de ses yeux de chiot pour l’amener là, et maintenant la culpabilité la prend. La prochaine chanson commence. C’est là qu’on voit que c’est Andy qui décide de la sono, parce qu’elle aime. « Do what you want with my body ? » demande Kane, ce qui provoque un haussement de sourcil de Lene. Elle sait, c’est le titre de la chanson, mais c’est presque une invitation aussi et sa question la perturbe un peu dans le sens où elle ignore si c’est de la pure innocence ou une sollicitation. Il semble lire dans ses pensées. Bien, parce qu’hormis quand il rougit, elle a toujours du mal à voir ce qu’il pense. « C’était pas une proposition. Je parlais juste de la chanson. » « Quel dommage ! » Qu’elle lâche, sachant très bien que ça va le faire cogiter. Et son rire retentit à nouveau pendant la chanson, alors qu’elle se saisit de ses mains pour tourner et danser autour de lui, à certain moment, elle se laisse tomber dans ses bras. Elle danse presque pour deux au final, puis la chanson se termine et la voix de Matt perce le brouhahah. « Le décompte est dans une heure, guys! » Elle se retourne vers le blond, la mine alertée de ne pas avoir vu le temps passer. Une heure. Moins même maintenant. « Et bien, si j’ai pas vu le temps passer, c’est que la soirée se déroule mieux que prévue. » Elle se vante un peu, le rythme de la chanson suivante est plus lent, plus sujet à une danse suave. « Allez, accorde moi un dernier slow, et après ça, j’irais nous dégoter du champagne derrière le bar. Tu bois du champagne j’espère ? » Qu’elle demande. Elle était au régime sec, mais Kane ne semblait pas être du genre à devoir à tout prix éviter l’alcool.
Andy met 0,5 seconde à m'interpeller, ce qui provoque un éclat de rire instantané rien qu’à voir la tête qu’il tire, le câlin à la clé. Il s’étonne que je passe ici, à peine, strictement parce que de base, c’était soirée avec Debra et ses copines au planning. Mais les jeunes mamans qui tanguent vers le lit avant minuit, très peu pour moi. « C’était pas prévu ; je tente l’impulsivité pour 2018. » sourire carnassier, comme si je l’étais pas déjà assez, impulsive, comme si les coups de tête, les paroles trop vites, trop fortes, et les soubresauts pas toujours simples à gérer n’étaient pas déjà ma tasse de thé. « Y’a quelqu’un qui est de bonne humeur! » que je commente, lorgnant vers son verre presque vide qui me donne déjà une bonne idée sur l’état de mon ami avant qu’il se mette à vouloir coucher avec tout ce qui bouge. Ah tiens, justement les présentations. « Et bien accompagné. » Danny qu’il se nomme, le gamin à son bras. Danny et ses pommettes roses, et ses prunelles qui brillent, et ses petits cheveux ébouriffés, dépareillés. Danny qu’il a sûrement ajouté à sa liste de chasse un bon nombre de fois, pour se souvenir de son prénom aussi facilement. Regard entendu dans la direction d’Andy avant d’hocher de la tête vers son sex toy du moment. « Bon, et sinon on boit quoi ici? » que je tente, attrapant au passage ce qui me semble être un serveur, ou un type particulièrement agile avec un plateau de jello shots, et de verres aux contenus de toutes les couleurs. J’en attrape suffisamment pour moi et les deux garçons, avant de laisser l’autre filer faire son service - ou retourner à sa table 3 verres en moins. le mystère plane, et c'est ce qui rend le truc si amusant. Danny se remue toujours, Andy observe allègrement, et je ne contrôle même pas l'expression salace se dessiner sur mon visage, de celle qui veut connaître tous les potins et plus encore . « J’espère que j’interromps pas votre foreplay. » battement de cils plus tard, et mon attention se dirige entièrement vers Danny - je sais qu’Andy connaît la routine, je sais qu’il verra clair dans mon jeu, je sais qu’il s’en amusera surtout. « Parce que si c’est le cas, vous gênez pas pour moi. » une longue gorgée de cocktail plus tard, et je détaille le gamin de haut en bas. « J’adore regarder. »
Je me surprends moi-même à me présenter ici, ce soir, vu l'état mental et physique lamentable dans lesquels je me trouve en ce moment. Si parfois je suis le genre de fille sociable qui peut passer la soirée à faire la conversation avec un inconnu, là j'ai surtout envie de m'admirer dans le fond de mon verre. Pour ça, faut qu'il soit vite. Aussitôt arrivée, le sourire trop grand de Matt se reflète sur mes lèvres et la présence impromptue d'Edward suffit à me mettre un tantinet de bonne humeur. L'année qui vient de passer a eu ses hauts et ses bas, c'est agréable de la terminer sur une montée au lieu d'au fond du gouffre. Verre à la main, je le porte doucement à mes lèvres, profitant qu'il s'agisse d'une offre du gentleman à ma droite. Non, je ne suis pas le genre de femme qui va profiter d'un homme que pour des verres gratuits, mais faut avouer qu'ils ont toujours meilleurs goûts quand c'est Matt qui les prépare et qu'on a pas à les payer. Discours de fille cassée, bonsoir! « Je n’ai qu’une parole ! Bon, avec un peu de retard, mais l’important c’est que ce soit fait non ? » Hochement de tête, je lui accorde bien ça. La conversation coule naturellement, peu gênée par l'ambiance de la fête ou les multiples inconnus qui défilent à côté de nous pour se prendre un verre supplémentaire. « Tu me prends pour qui ? Ce n’est pas ce genre de blessure qui va me faire plier un genou par terre. Mais oui ça va mieux, merci de t’en inquièter. » Je pouffe de rire et roule les yeux jusqu'à en voir le fond de mon crâne. C'est sûrement la morphine qui a fini par altérer les souvenirs de monsieurs, mais je préfère ne pas le contredire. « Contente de te savoir remis sur pieds. » Il est vrai qu'il me semble bien, tout va pour le mieux à ce côté là. « Alors, qu’est-ce que tu deviens mise à part ce retour à l’école ? » Analysons la situation. Il a des dizaines de personnes, une ambiance de fête, de l'alcool, pas d'ex enragés ou de femmes à rendre jalouses dans le périmètre. Allons-y pour la version courte, ça sera faire cadeau à tout le monde au lieu de sortir le tôme un de "ma vie c'est de la merde." « Je cherche un appart, j'ai eu quelques soucis avec ma coloc. » Ma prise se serre sur mon verre déjà vide, la blessure causée par la trahison de mon ancienne coloc étant toujours vive. Je n'ai pas le temps de lui retourner la question que Matt revient à la charge. Leur échange me fait doucement rire, la complicité entre ces deux là ne pouvant être niée par personne ici présent. « Il te dérange pas trop, le papi ? » Je ris un peu trop fort, amusée du surnom donné à Ed quand il ne doit pas être bien plus vieux que Matt. C'est sa baby face qui lui sauve la mise, mais je me garde bien de le dire.« Le papi est toujours très sympa, tu devrais le savoir sale gosse. » J'hoche la tête, plus jeune et témoin de leur échange. De peur d'encore dire n'importe quoi, je me tais et profite de l'extra généreusement offert par la maison. Entre temps, une jolie rousse se présente au bar et demande d'une voix d'ange un truc sans alcool. Je rentre la tête dans mes épaules et marmonne un truc. Rien d'intéressant. Rien que je ne devrais partager avec mon seul ami de la soirée... « J'devrais faire ça, moi aussi. » Je ne pense pas qu'Ed ait porté attention à mes propos comme il propose son aide à Matt pour gérer le bar. Un flash de moi avec les bouteilles en main me fait sourire, parce que le seul endroit où je verserais ce liquide ambré est mon propre verre. Matt nous annonce qu'il ne reste qu'une petite heure à cette année qui nous a vu rire, pleurer, fait rager et fait rêver. « Tu changes quoi, toi ? » Je pousse même le biceps (ferme, qui l'aurait cru) d'Ed pour lui signaler clairement que ma question s'adresse à lui. « Cette année, tu changes quoi. Une résolution en gros. » Je roule les yeux, me maudissant de devoir m'expliquer mieux, incapable d'y réussir directement la première fois.
Je vois le visage d’Andy qui s’illumine d’un coup et, la seconde d’après, il s’écrire : « My girl ! » Il prend une fille dans ses bras, s’étonne de sa présence ce soir. Je me dis que c’est une amie proche, du coup. Ou peut-être plus que ça, parce que c’est vrai qu’avec Andy, on ne sait jamais. D’autant plus qu’elle est jolie. Je l’observe clairement mais il faut dire, qu’outre le fait qu’elle soit une pote du mec dont je rêve, elle dégage quelque chose qui capte le regard. Une vitalité qui attire. « Et bien accompagné. », elle dit après les présentations. Je lui souris mais je peux pas m’empêcher de me demander si je suis le millionième qu’elle croise, de mec accroché à Andy. C’est bête, ça sert à rien à part me serrer le cœur, comme questionnement. « Enchanté », je réponds même si je me sens instantanément un peu con. C’est sûrement trop poli pour le contexte mais je suis légèrement intimidé par cette gonzesse qui a l’air tellement dans son élément ici. D’ailleurs, elle chope trois verres au passage, sans pression, et je prends celui qu’elle me destine. « J’espère que j’interromps pas votre foreplay. » J’avoue, je m’attendais pas à ça. En tout cas pas aussi directement. Du coup, surpris, je réagis pas tout de suite. « Parce que si c’est le cas, vous gênez pas pour moi. J’adore regarder. » Qui est cette meuf ? Parce qu’elle a l’air sérieuse en plus. Je ris un peu, plus amusé par ce genre de folie positive que gêné par ses paroles. C’est cool les gens qui disent ce qu’ils pensent. Puis je suis pas la pudeur incarnée, d’autant moins avec Andy : y a souvent l’envie de lui qui prend le dessus sur tout le reste. « Ça tombe bien, j’ai justement besoin d’argent. On peut s’arranger. » Bien sûr que je dis ça pour déconner. J’ai pas besoin d’argent à ce point-là. Après, si elle veut mater quand on s’embrasse je vais pas l’en empêcher parce que je m’en fous. En plus, c’est plutôt commun comme spectacle. Moi c’est si elle veut participer que j’ai un problème. « Sinon, ça vous dirait pas un jeu à boire ? » C’est ce que j’ai l’habitude de faire en soirée étudiante, quoi. Peut-être qu’ils sont trop vieux pour ça, peut-être qu’ils ont passé l’âge même si ça ne me paraît pas tellement possible. J’ai Picolo sur mon tel mais j’attends de voir si ça les chauffe un minimum avant.
T’as un pur sourire sur les lèvres du simple fait de la présence d’Ariane. L’impulsivité pour 2018 ? Elle se moque de toi là. Mais tu t’en fous, l’important c’est qu’elle soit là. Elle commente la présence de Danny qu’elle qualifie de bonne compagnie. Elle peut voir ça d’un coup d’oeil ? Ouais ok Danny est hot dans son genre, si c’est son genre. Inutile de préciser que c’est le tiens.
Ariane demande ce qu’on boit et c’est vrai que ton verre est presque vide. Elle se procure bien vite des shots et tu prends le tiens, lui faisant un clin d’oeil en même temps. Tu le descends d’un coup et tu le poses sur la table qui est à porté de main de toi. Tu vides aussi ton verre au passage et tu le laisses à côté. Tu ris quand Ariane parle de foreplay. De regarder. Danny balance qu’il a besoin de fric.
« Je voulais le prendre sur le petit sofa là bas mais il est occupé depuis tout à l’heure. »
Tu plaisantes qu’à moitié. Danny émet l’idée d’un jeu à boire. Ouais ça sent le coup foireux ça. Il doit tenir bien mieux l’alcool que toi vu qu’il est beaucoup plus jeune.
« Je suis en voiture. »
Du coup ça enlève tout le fun du jeu si tu dois contrôler ce que tu bois.
« Mais on peut se prendre un uber. »
Parce que tu rentres avec Danny. Y’a une soirée à crasher chez lui. Un peu d’impulsivité pour 2018. Déjà que c’est l’année de tes 30 ans, autant qu’elle soit quand même fun, qu’elle commence bien. Tu comptes quand même t’arrêter de boire avant que le pire n’arrive.
Ton regard est attiré par un mec qui passe dans ton champ de vision. Il te dit quelque chose et puis tu réalises que c’est le mec qui était sur le canapé que tu reluques depuis le début de la soirée. Tu tournes la tête pour voir le sofa libre. Un sofa deux places. Ca va pas être confortable à trois. Du coup tu laisses tomber l’idée. Tu vas glisser ton bras dans le dos de Danny.
« Alors c’est quoi ton jeu ? »
Ca fait bien longtemps que t’as pas fait de jeu à boire. Tu ajoutes pas bien longtemps après.
« Manquerait plus qu’on fasse un action ou vérité en plus. »
Pour dire que vous avez passé l’âge quand même. Mais justement, ce soir tu veux oublier ton âge. Alors t’es in.
Que le fameux Danny réponde du tac au tac m’arrache un sourire, et un bon. C’est le regard vissé à Andy que je laisse souffler, m’assurant que son date du soir entende bien, qu’il s’en flatte l’ego. « Je l’aime bien, lui. » il a de la répartie, il a le sens de l’humour, et surtout, il arrive à rester de glace devant mes remarques un brin haut perché - on a de quoi faire, là de suite. Et j’en rajoute une couche, de la douce ironie qui me fait plaisir, qui flirte avec l’impossible, parce qu’à le voir et à connaître mon ami, je doute que Danny soit le moindrement dans un groupe d’âge plus près de la trentaine que de la dizaine. « Il a pas des potes à me présenter? » le rire est bon, le cocktail tout autant, et la conversation se poursuit avec la suggestion de passer la dernière demie-heure de l’année à picoler ; un plan qui me va amplement. Si la question du retour à la maison m’a à peine effleuré l’esprit, c’est qu’Andy se la joue adulte en dégainant Uber. Et je roule des yeux, la tête dodelinant au rythme de la musique qui s’intensifie. « Et ça pense déjà à se barrer ; c’est beau la lune de miel les gars. » parce qu’ils lorgnaient sur le canapé, parce qu’ils ont les mains baladeuses, parce que leurs yeux brûlent de braise. Et parce que mine de rien, le fait qu’ils rentrent à deux sera toujours plus intéressant que de se claquer une conversation silencieuse avec le chauffeur de taxi qui viendra me cueillir plus tard pour me livrer à la porte de Nadia. 2018, i have big hopes for ya. « Obvi. » la réflexion un brin difficile que je me claque, quelques verres de bulles chez Deb et au moins une boisson presque gobée déjà ici plus tard, et tout suffit à ce que je préfère endormir le reste plutôt que de l’affirmer haut et fort. Et mon expression s’adoucit, et mon intérêt se ravive. Les deux lovers proposent chacun une option, mais c’est action ou vérité qui ressort vainqueur à mes yeux, alors qu’on finit par tous se suivre jusqu'au bar, s’y poser, s’assurer qu’ici on aura la main sur du boire lorsque le jeu deviendra plus salé - et qu’on sera bien assoiffés. « On commence soft. » et comme ils sont là à se faire les yeux doux, j’entame la procédure, je me cambre sur le comptoir, commandant 3 shots d’un geste, reportant mon attention aux principaux intéressés. J’alterne entre Andy et Danny, jauge celui des deux qui me semble le plus opé à faire office de bon premier devant les hostilités, et finit par poser ma cible sur le jeunot, la bouche en coeur. « Action : tu embrasses Andy goulûment, vérité : tu me montres tes papiers pour que je m’assure que t’es majeur. » c’est à Danny de briller, et l’une ou l’autre des options m’amuse toute autant.
Accueil
À peine revenu au bar que j’ai direct la vue sur Andy qui passe en mode aigle redoutable de la séduction. J’en déduis au gamin pendu à son cou que c’est à lui qu’il texte pas mal ces jours-ci, et si j’entends de travers la douce voix de Lene dans ma tête le traiter de pedo bear, c’est tout de même intrigué que j’essaie d’apercevoir ce qui se passe entre le colombien et sa proie du soir, entre deux cocktails, par surpris de la tournure des choses. Parce qu’Ed peut bien se marrer, Azur peut bien cogner son verre sur le bois vernis du bar, mais c’est la folie - et ça le deviendra éventuellement beaucoup plus, dans les prochaines minutes. « Le décompte est dans une heure, guys! » que je gueule, que j'avertis, grimpant sur le comptoir en levant mon verre à leur santé, recevant par la bande plusieurs cris d’entrain, quelques shots de clients à mon intention au passage que je gobe vaillamment, et un billet de la part de j’sais pas qui, pas eu le temps de remarquer, mais un “tout nuuuuu” qui l’accompagne de la façon la plus polie qui soit possible. Je rigole. Avant de ne plus rigoler du tout, et de voir que Scar a définitivement quitté le plancher avec le dude là, celui qui lui paie des vodka soda à répétition depuis plusieurs minutes et que Deklan a l’air surmené à faire des sprints d’un bout à l’autre du bar sans prendre le temps de respirer. Il est à la veille du burn out - ou de se fouler bêtement la cheville sur une flaque de bière quand je pars en vrille à travers la salle, slalome sur la piste de danse improvisée, le regard qui perce la foule. « Loan? » elle ne met pas très longtemps avant de tourner la tête dans ma direction, et je la rejoins dans la seconde, essoufflé, mais avec encore assez d’énergie pour supplier du regard. « Hey, je peux te l’emprunter, genre 10 minutes. Max? » c’est à Noa que je m’adresse d’abord, désolé tout de même, mais l'empressement des gens au bar qui commence à être un peu moins jovial qu’en début de soirée, quand la pression d'être bourré pour les douze coups de minuit n'était pas encore leur priorité. Les deux amies savent très bien que 10 minutes ne suffiront pas. « Ok, plus comme 40 minutes. 50ish. » et j’implore, et je grince et elle finit par céder, ce à quoi je m’exclame du soupir de la victoire. 1 minute même pas et on est de retour sur le champ de bataille, verres en main. « Sois bénie. »