On pourrait penser que le bruit ambiant causé par cette foule, bien plus grosse que je ne l’aurais cru, soit dérangeant, mais finalement on s‘y habitue bien vite, haussant parfois le ton un peu plus haut pour être compris ou alors accompagnant nos mots par des gestes. Je suis bien étonné de voir Azur bien moins en forme que moi, elle était plutôt du genre joyeuse, croquant la vie à pleine dent la première fois que l’on s’est vu, mais là rien, elle me paraît fatiguée, déçue. Nous ne sommes pas assez proches pour que je puisse savoir ce qui se passe dans sa vie et ce n’est pas vraiment le moment pour aborder le sujet, aujourd’hui c’est jour de fête, il n’y a pas de place pour la mauvaise humeur. « Contente de te savoir remis sur pieds. » Me dit-elle alors qu’elle éclate enfin de rire, on va essayer de continuer comme ça à lui changer les idées, ça me permettra d’oublier un peu aussi et pourquoi pas de réussir à oublier ce divorce ne serait-ce que l’espace d’une petite soirée. « Je cherche un appart, j'ai eu quelques soucis avec ma coloc. » Voilà d’où vient son problème, je ne vais pas chercher à en savoir plus, essayons de voir où se trouve Matt, histoire qu’il nous sert un autre verre pour faire passer tout ça. « Je suis sûr que ça va aller, ne t’inquiète pas. Si tu as besoin de quoique ce soit, je suis là. » Je suis peut-être un peu trop d’humeur à aider tout le monde ces temps-ci, mes parents en mourraient s’ils m’entendaient parler comme ça. Matt arrive enfin de nouveau au comptoir, c’est le moment d’en profiter avant qu’il ne soit de nouveau occupé à gambader un peu partout, slalomant entre les corps qui bougent au rythme du son et ceux qui ne désirent pas bouger d’un centimètre. « Bah, disons que t’as tes bonnes et tes moins bonnes journées. Faisons ça, façon travail d'équipe. Tu gerbes pas sur mon bar, et j'te fais un truc potable. » Et j’éclate de rire à mon tour, il sait pertinemment que ce n’est pas genre de boire jusqu’à ne plus pouvoir bouger mes fesses d’une chaise, mais soit, si j’ai mon verre en le laissant dire ce genre de choses ça ne me dérange pas. « C’est un peu l’hôpital qui se fout de la charité là. » Je pensais avoir tout vu, mais une jeune femme, qui ressemble plus à une étudiante, arrive au bar et demande un cocktail sans alcool, il ne nous a fallu que quelques secondes pour échanger un regard désespéré avec Matt, si elle n’était pas si mignonne je me serais probablement permis de lui faire une remarque. Je préfère lui proposer mon aide, il me semble être un peu trop débordé. « Pfffff, j’en veux pas de ton aide derrière le bar. Tu vas juste en profiter pour récolter des numéros de minette. » Bon, il me connaît peut-être un peu plus que je ne le pensais, ça aurait pu être une idée venant de moi, mais je comptais vraiment l’aider et ce sans arrière-pensées. « Tu sais très bien que je n’ai pas besoin d’être derrière le comptoir pour pouvoir récupérer des numéros. » Et je fais un petit clin d’œil à ma voisine aux cheveux roux, j’entends déjà la voix de Ginny m’engueuler dans tous les sens, me répétant qu’elle est beaucoup trop jeune pour moi. Matt nous sert finalement tous les trois et se met à monter sur le comptoir avant de crier. « Le décompte est dans une heure, guys! » Je regarde alors ma montre et il a raison, le temps passe beaucoup trop vite quand l’on passe un bon moment, mais c’est dommage, j’ai l’impression de ne pas avoir profité de cette soirée à fond. Je me retourne de nouveau vers Azur qui arrive à recapter mon attention alors que Matt repart pour de nouvelles aventures. « Tu changes quoi, toi ? » J’arque un sourcil, ne comprenant pas vraiment là où elle veut en venir avec sa question. « Cette année, tu changes quoi. Une résolution en gros. » J’affiche un léger sourire, je n’avais pas vraiment réfléchi à ce petit détail, cette coutume qui veut qu’on prenne de bonnes résolutions pour la nouvelle année. « Tu sais ce genre de truc ce n’est pas trop mon genre. Les résolutions ne sont bonnes que si on arrive à les tenir, hors ce n’est quasiment jamais le cas. » Et je rigole de nouveau, me rappelant tout ce que j’avais déjà bien pu promettre par le passé. « Mais, j’aimerais au moins réussir à tourner la page et enfin ne plus avoir ce poids sur le dos. Et toi ? » Je lui pose légitimement la question à son tour, attendant patiemment qu’elle me réponde, espérant que ce soit quelque chose à ne pas se morfondre. « Tu sais quoi ? Suis-moi, on va rejoindre une amie. » Je l’avais déjà vu rentrer dans le bar, mais je me suis dit que j’allais attendre avant d’aller l’aborder. J’ai l’impression qu’elle n’a pas remarqué ma présence de son côté, alors ça sera une surprise, espérant qu'elle soit bonne. On arrive finalement, tant bien que mal, à trouver un chemin jusqu’à elle. « Action : tu embrasses Andy goulûment, vérité : tu me montres tes papiers pour que je m’assure que t’es majeur. » Je ne m’attendais pas à tomber sur ce genre de conversation, mais pourquoi pas, les verres sont présents eux aussi. « Je ne pensais pas que c’était ton genre de jeux favoris. » Lui dis-je afin de capter son attention, alors qu’elle se retourne pour voir qui lui adresse la parole. Je n’avais pas vu Ariane depuis le réveillon de Noël, ce qui en y réfléchissant, ne fait pas si longtemps que ça. « Ça ne vous dérange pas qu’on participe nous aussi ? » Je pose la question à Ariane, mais je regarde également les deux mecs qui sont en sa compagnie. « On ne va pas perdre trop de temps avec les présentations, Azur, Ariane, Ariane, Azur. »
Elle a l’air déçu quand je précise que je parle de la chanson. Cette fille… J’ai peut être fait quelques sex dream avec elle depuis qu’elle m’a chauffé dans la voiture alors qu’on rentrait du club de strip tease. Oui, ça remonte à quelques mois et même si j’ai été comblé sexuellement par Nina, mon subconscient ramène assez régulièrement Lene dans mon sommeil. Et plus particulièrement elle sur mes genoux. Sa phrase résonne toujours dans ma tête malgré moi. Je suis un homme faible. Et elle est vraiment hot comme fille. En tout cas je suis assez dég de ne pas être libre ce soir pour continuer dans ce sens et lui dire qu’on peut y remédier si elle veut que ce soit plus que des paroles d’une chanson. Mais je suis sage. Je ne fais rien de cela. A la place on danse tous les deux. Elle me prend par les mains et j’aime bien le contact.
Le décompte va avoir lieu dans moins d’une heure. Je souris quand elle dit que la soirée se déroule mieux que prévu. Ma compagnie est bonne, ça me fait plaisir. La chanson qui passe à présent est clairement un slow et Lene veut que je lui accorde. Elle me promet du champagne à la clé, ça me fait sourire.
« C’est pas ce que je préfère mais je prendrais bien une coupe. »
Histoire de marquer le coup pour ce soir. Je m’approche de Lene et je passe mes bras autour de sa taille. Je la colle doucement contre moi. Délicatement. Mon nez se retrouve proche de ses cheveux et je respire son odeur. J’essaie de ne pas penser à elle à poil, sur mes genoux, mais je fail. Ma main caresse un peu son dos inconsciemment et je bouge doucement au rythme de la chanson. Mon nez se retrouve carrément DANS ses cheveux et quand je m’en rends compte je me recule un petit peu pour pas que ça fasse trop bizarre. Je reste silencieux tout le temps de la chanson, j’ai la tête ailleurs. Je me détache quand elle se termine et je regarde Lene.
« Champagne ? »
Je la regarde en étant bien content qu'elle ne puisse pas lire dans mes pensées, parce que tout ce que j'ai en tête à ce moment précis est très impur. Et on se fraye un chemin jusqu’au bar, car c’est là bas que se trouve le business.
Andy parle de me prendre dans le sofa et, j’ai beau savoir qu’il déconne, l’idée me plait bien et je peux pas m’empêcher de l’imaginer. Les gens en moins, quoi. Ok, peut-être que la présence d’Ariane se négocie dans ce rêve éveillé parce qu’elle a l’air cool, vraiment. D’autant plus qu’elle dit qu’elle m’aime bien. C’est plutôt sympa à entendre, que ce soit vrai ou pas tout à fait. « Il a pas des potes à me présenter ? » Je ris un peu. C’est quelque chose cette femme, c’est sûr. Quant à savoir si j’ai des potes à lui présenter : « Tu peux toujours choisir dans mes amis FaceBook et je te dirai ce qui est possible. » Elle était pas sérieuse mais, franchement, je serais tout à fait prêt à le faire. Dans mes potes hétéros, y en a peu qui refuseraient de la rencontrer, je pense. Elle est jolie et elle est folle juste comme il faut. Y a des chances que je leur rende plus service à eux qu’à elle, quoi.
Je propose un jeu à boire, histoire qu’on termine cette année à l’envers. Je sais pas si ça va les chauffer, c’est peut-être un délire qui est derrière eux. Been there, done that, ce genre de deal. « Je suis en voiture. Mais on peut se prendre un uber. » Je le regarde et je lui souris parce que je kiffe ce rappel qu’on rentre ensemble. « Et ça pense déjà à se barrer ; c’est beau la lune de miel les gars. », Ariane commente. C’est pas les premiers mois la ‘lune de miel’ ? Je réponds pas mais j’me dis que c’est pas la première fois qu’on nous prend pour un jeune couple, y a aussi eu la coloc d’Andy et son copain. C’est grisant, la perspective de cet impossible auquel je rêve de plus en plus souvent en ce moment. Sentir le bras d’Andy dans mon me ramène dans le présent. Je me colle un peu plus contre lui, mine de rien. « Alors c’est quoi ton jeu ? » Je vais pour répondre mais il ajoute qu’il ne manquerait plus qu’on fasse un action ou vérité et ça a l’air de chauffer Ariane. J’en ai plus fait non plus depuis un certain temps, en vérité. Mais c’est parce qu’avec mes potes on tourne en rond, tous les trucs marrants ont déjà été fait et toutes les vérités croustillantes dites. Là c’est différent, j’ai jamais joué avec eux. Alors ok. « On commence soft. » Quelque chose me dit qu’on a peut-être pas la même définition de soft. J’attends de voir. Elle commande des shots puis, ça tombe enfin : « Action : tu embrasses Andy goulûment, vérité : tu me montres tes papiers pour que je m’assure que t’es majeur. » Mais quoi ? Je ris parce qu’elle a vraiment aucune gêne et que c’est délicieux. « Je ne pensais pas que c’était ton genre de jeux favoris. » annonce un mec, sorti de nulle part et qui s’adresse à Ariane. Il est accompagné d’une gonzesse. « Ça ne vous dérange pas qu’on participe nous aussi ? » J’hausse les épaules. Ça me dérange pas. Ce qui me dérange un peu plus c’est qu’il fasse les présentations sans s’inquiéter une seule seconde de nous inclure. Je lui laisse le bénéfice du doute et je mets ça à moitié sur le compte de la timidité, à moitié sur le compte de la maladresse.
Après leurs présentations, donc, je rappelle « C’est pas tout ça mais on était en train de jouer... » Sans mauvaise humeur, un sourire aux lèvres. D’ailleurs choisir entre embrasser Andy et sortir mes papiers est super facile : c’est toujours embrasser Andy qui gagne, quelle que soit l’alternative. Et si Ariane veut du spectacle, ça ne me dérange pas de lui en donner. Je vais chercher ses lèvres, enroule mes bras derrière sa nuque, ouvre la bouche pour trouver sa langue. Je me presse un peu contre lui, ça m’absorbe totalement et je kiffe trop pour vouloir me détacher mais je me rappelle qu’il y a quand même trois personnes dans le public, pas qu’Ariane, et je romps le baiser. Je regarde Andy encore une seconde – parce qu’il est trop canon, c’est abusé – puis je tourne la tête vers Ariane pour lui dire : « Je pouvais pas prendre le risque que t’appelle la police. » Sous-entendu que je suis mineur et que donc j’avais pas le choix : c’était soit lui en apporter la preuve en sortant mes papiers soit embrasser Andy. C’est faux, bien évidemment, mais ça me fait marrer. Je sais qu’elle comprendra, elle, mais les deux nouveaux venus là, j’en sais rien. Tant pis s’ils se font des films. D’ailleurs, sans me décoller d’Andy pour autant, je me tourne vers le mec. « Bon, l’intrus, si tu veux vraiment participer, c’est à toi. » Ouais ben ça va, je connais pas son prénom, je vais pas en inventer un, si ? (Ok j’avoue je viens de le baptiser Jacques, dans ma tête) « Soit tu t’envoies les trois shots qu’Ariane vient de commander soit tu nous révèle la proposition sexuelle la plus cheloue qu’on t’ait faite dans ta vie. » Je me retiens d’ajouter qu’elle a l’air d’avoir été déjà longue, sa vie. En vrai, je suis sympa, je lui demande une vérité qui ne le concerne pas tout à fait : si quelqu’un lui a un jour proposé un truc super deg’, c’est non plus pas de sa faute.
C’est bientôt la nouvelle année et je compte bien marquer le coup, tourner la page comme dirait Ginny. 2017 aura été une année bien éprouvante, avec des hauts, mais surtout des bas, des mots qui ont été depuis bien trop longtemps gardé au chaud et des prises de consciences bien trop tardives pour que ça puisse changer le cours des choses. Je suis donc là, ce soir, en train d’attendre que le décompte soit crié en cœur dans le bar, en train d’attendre un possible nouveau départ pour 2018. Notre arrivée avec Azur n’a pas l’air de faire plaisir à tout le monde ici, zappant de leur adresser la parole, mais ça serait plus à Ariane de me présenter ses amis et inversement. Il met fin à la petite conversation, reprenant là où ils en étaient. « C’est pas tout ça mais on était en train de jouer... » Je lui laisse volontiers l’occasion de faire son choix, attendant patiemment la suite des événements et à qui il pourra bien s'adresser par la suite. « Je vous en prie. » Et je roule des yeux, il se prend sûrement un peu trop au sérieux. Je ne vais pas dire que je suis vieux jeux ou même homophobe, mais si je peux éviter d’assister à ce genre des scènes ça serait avec un grand plaisir. « Je pouvais pas prendre le risque que t’appelle la police. » J’arque un sourcille, il fait une fois de plus référence au défi lancé par Ariane et finalement ça ne m’étonne même pas que ce gosse ne soit même pas majeur, ou peut-être n’est-ce qu’une pointe d’ironie que je ne saisis pas vraiment, mais soit. On parle toujours de la décadence de la jeunesse de nos jours, non ? « Bon, l’intrus, si tu veux vraiment participer, c’est à toi. » Il se retourne alors vers moi, visiblement excitée comme une puce de me lancer à son tour son petit défi et j’attends, me demandant bien ce qu’il va bien encore pouvoir me sortir comme connerie, mais après tout c’est moi qui ai fait le choix de venir les rejoindre. « Soit tu t’envoies les trois shots qu’Ariane vient de commander soit tu nous révèle la proposition sexuelle la plus cheloue qu’on t’ait faite dans ta vie. » Un léger sourire s’affiche sur mon visage, en soit le choix est vite fait, entre de l’alcool est une vérité qui ne doit probablement être intéressante que pour le jeune homme, il n’y a pas vraiment de quoi hésiter. Ma décision va probablement le décevoir, mais il aura sûrement l’occasion d’être satisfait plus tard grâce à son ami. « L’intrus va choisir les shots. » C’est sans trop grosse difficulté que j’arrive à descendre les trois verres qui se sont présentés devant moi et si j’ai bien compris c’est à mon tour de donner un choix à quelqu’un. « Ariane ! » J’aurais pu m’adresser au brun qui est collé à mon précédant interlocuteur, ou même Azur qui me paraît un peu en retrait, mais j’ai une petite idée derrière la tête, donc, on verra plus tard. « Tu dois choisir entre m’héberger chez toi pour une durée déterminée, disons, hum… quelques semaines tout au plus. » Oui, c’est très précis comme date. « Ou alors, m’organiser un plan à trois avec Debra, bien sûr ta présence sera requise dans le lot également. » Dans tous les cas je suis gagnant. Je trouve un logement en attendant de trouver mon nouveau chez-moi, ayant vendu mon loft peut-être un peu trop vite et sur un coup de tête, je dois être parti pour avant la semaine prochaine ou alors, j’arrive enfin à mes fins et j’aurai Debra dans mon lit et la présence d’Ariane serait un petit plus pour ce fantasme qui travaille ma tête depuis un petit moment. « Aucun commentaire sur le fait que je vais bientôt être à la porte ! Je me sens déjà bien assez ridicule comme ça. » Leur dis-je sur un ton ironique.
Elle a du mal à se rendre compte que la soirée est passée aussi vite. Dans moins d’une heure, le décompte. Des yeux, elle cherche mais la rousse n’est jamais revenue. Ce n’est pas si grave, parce que c’est un slow qui s’amène dans les hauts parleurs et que, ça, ça ne se danse pas à trois mais plutôt en tête à tête avec Kane. Histoire de ne pas trop tirer sur la corde en ce qui concerne le fait qu’elle ne cherche qu’à le sortir de sa zone de confort, elle ajoute que celle-ci sera la dernière et qu’ils pourront partir remplir leurs verres avec un liquide tout de même un peu plus d’ambiance pour un Nouvel An que du jus de fruit. « C’est pas ce que je préfère mais je prendrais bien une coupe. » Qu’il répond, simplement. Ce n’est pas négatif, donc champagne cela sera. Ce n’est pas ce vers quoi Lene va se jeter, mais le champagne, c’est festif et c’est parce qu’ils sont en pleine soirée, que c’est une fois par an qu’elle s’autorise ce genre d’écart. « Je vois, monsieur préfère le houblon ! » Qu’elle taquine, comme si sa proposition étaiat trop bien pour lui. « Moi aussi. » Qu’elle admet, finalement, ses goûts étant très simple contrairement à ce qu’on pense. « Mais, je ne bois que pour célébrer et la bière n’est pas désignée. » Elle hausse les épaules, avant de finalement s’inviter au creux de ses bras, de s’approcher de lui pour faire les premiers pas. Elle a le visage proche de son épaules, le nez collés à ses cheveux lui permettant d’en saisir l’odeur et ressent un léger sentiment de flottement, d’apaisement alors qu’elle danse tranquillement, ses bras attrapant tant bien que mal ses épaules, posées beaucoup trop haut pour elle. Les deux minutes que ça dure sont silencieuse entre eux, et Lene a un sourire quand il se détache finalement d’elle. « Champagne ? » A presque croire qu’il avait attendu ça toute la soirée, alors que l’idée a été lancée quelques minutes à peine. Elle acquiesce, avant qu’il ne commence à ouvrir le chemin dans la foule pour rejoindre le bar, les doigts de Lene s’attachant à son tee-shirt pour ne pas le perdre dans la cohue. Matt semble avoir fait un bon travail, réussi à éviter ses mauvais commentaires, parce qu’il y’a vraiment du monde. « Tu peux attraper une bouteille toi-même, je connais tout le monde derrière le bar ici. » Ou plutôt, tout le monde est habituée à ce qu’elle vole et Matt n’a jamais protesté contre pour que ses employés arrêtent de fermer les yeux. Deux gobelets en main, le bouteille qui perd son bouchon. « Allez, on trinque. » Qu’elle propose, avant de chercher ce pour quoi elle aimerait se souhaiter de la chance cette année. « A ce que cette collaboration continue de fonctionner et à ce beau métier que l’on fait. » Qu’elle récite, pas convaincue mais bon, ça rend bien.
L’action de Ariane est bien trop facile à ton goût, mais tu penses qu’elle a surtout envie de mater. En ce qui concerne la vérité, ça te fait rire parce que toi même t’as déjà demandé ses papiers à Danny. Ca remonte à quelques années maintenant et il était effectivement mineur à cette époque là.
Y’a un type et une meuf qui s’incrustent parmi vous et tu les juges un peu comme ça. Le mec tu l’avais remarqué au bar un peu plus tôt. Il est un peu trop vieux pour que tu t’attaques à sa personne, même s’il a du charme. Trop vieux. Il veut jouer avec vous. Tu pensais pas que ça pourrait l’intéresser ce genre de jeux. C’est plutôt puéril. Tu sais même pas toi si t’as vraiment envie de participer, mais filer des gages à Ariane et Danny ça te branche pas mal. A ce type et cette meuf qui viennent de débarquer, t’en as un peu rien à foutre ouais.
Le jeu reprend son cours et Danny choisit de t’embrasser. T’es pas étonné. Ca te fait sourire en coin même. Ce type qui s’est incrusté et qui n’a pas donné son prénom, tu le sens hétéro jusqu’au bout des ongles. Est-ce qu’il serait choqué par deux mecs qui s’embrassent sous son nez ? Tu vas le savoir tout de suite, parce que tu commences à répondre au baiser de Danny avec entrain. Ta main va se poser sur sa joue et tu fais durer le baiser pour les beaux yeux d’Ariane. Tu comptes pas t’arrêter tant que Danny ne le fait pas. Quand il se défait tu te lèches les lèvres en le regardant de près et puis tu te tournes pour voir si Ariane a aimé la vue. De même pour le mec.
Ca te fait marrer quand Danny l’appelle l’intrus. C’est tout à fait ça. Il le fait jouer et tu vas prendre un petit four sur la table à côté parce que t’es pas vraiment intéressé par son moment de la partie. Ce mec a tellement l’air d’en avoir rien à foutre de vous. Il est là que pour Ariane. D’ailleurs quand tu reviens c’est à Ariane qu’il adresse la parole et tu te dis que Danny a été bien trop gentil de l’inclure dans le jeu d’entré, parce que lui continue de n’avoir d’yeux que pour Ariane. Tu te demandes s’il a envie de la baiser. Ca t’étonnerait pas. Il parle de plan à trois et tu regardes Ariane pour voir ce qu’elle pense de ça. Dans tous les cas la façon qu’il a de parler ce type tu l’aimes pas. Il a l’air arrogant en sortant des jolies phrases. Tu te penches vers Danny et tu lui murmures à l’oreille pour que seul lui t’entendes.
« De loin il était pas mal, de près j’ai juste envie de lui mettre des claques. »
Et t'en profites pour déposer quelques baisers sur le visage de Danny. Juste pour que le mec apprécie le spectacle. T'as bien remarqué qu'il n'a pas kiffé alors tu t'en donnes à coeur joie. Histoire de bien le faire chier. Tu serres même ton bras autour de Danny pour qu'il soit bien contre toi.
Lene me taquine sur ma réflexion à propos du champagne mais il s’avère qu’elle est sur la même longueur d’ondes que moi sur ce coup là. C’est vrai que le champagne ça fait vraiment célébration, et ça vaut le coup d’en boire un peu ce soir. Pour marquer le coup.
On se fraye un chemin parmi la foule et je sens qu’elle me tient par la chemise alors que moi même j’ai hésité à lui prendre la main pour ne pas la perdre. Mais non. Le contact n’ira pas plus loin, même si ce slow était vraiment très agréable. Au bar elle me dit que je peux me servir. Je suis surpris et j’hésite un peu avant de passer ma main de l’autre côté pour prendre une des bouteilles de champagnes qui se trouve juste là. Je l’ouvre en essayant d’être discret, mais ça va vu la musique qui bat son plein, personne ne remarquera le bruit du bouchon.
Les verres sont servi, elle propose de trinquer. Je souris à son terme « collaboration ».
« Tellement sérieux. »
J’hoche la tête quand elle parle du beau métier qu’on fait. Ça c’est bien vrai.
« Amen. »
Je fais tinter mon verre avec le sien et je bois une gorgée. Je laisse un léger silence entre nous s’installer. Je regarde un peu les gens qui sont en train de s’amuser, je remarque que y’a des gens qui viennent piocher dans notre bouteille de champagne que j’ai laissé sur le comptoir, mais ça ne me pose pas de soucis. Loin de moi l’idée d’en prendre plus d’un verre.
« T’as des résolutions pour 2018 ? »
J’y ai réfléchis brièvement. Y’a juste une chose qui m’est venu à l’esprit à chaque fois.
« Moi je vais juste me faire ce voyage en Angleterre que je repousse depuis tant d’années. 2018 c’est la bonne ! »
Du coup faudrait que je commence à me pencher là dessus, à commencer par déposer au moins trois semaines de vacances au boulot. Ce serait un bon début.
Le moment est fun, le moment est cool. Je réalise au fil des minutes passées qu’Andy ne m’a jamais vraiment présenté un de ses sex toys, lui qui y allait toujours d’un qualificatif physique la majorité du temps. Rarement les prénoms, rarement en personne aussi. J’avais vu bon nombre de dick pics sur son portable, entendu les mesures qu’il en prenait entre deux clics au studio photo de GQ, mais autrement, je pense bien que le petit Danny est l’un des premiers spécimens à ravir mon ami suffisamment pour pouvoir me permettre de glisser mes prunelles sur sa silhouette. Et il ne me déçoit pas, quoi que mon avis ne doit même pas peser dans la balance. Il est drôle, il a la pique facile, he’s got a friend in me. « Calme tes fantasmes Fitz. » et un autre qui s’insère dans le cercle restreint de mes potes de la soirée, en la personne d’Edward. Il s’immisce avec une blonde à son bras, braque son attention direct sur ma petite personne, rigole des jeux qu’on improvisait avec la ferme intention d’avoir la gueule bien bourrée d’ici le décompte, et il me fait réaliser que finalement, mes préjugés sur la bourgeoisie et leurs cocktails caviar pour souligner les moments importants de leur vie ne sont pas particulièrement vrais. Le voilà encore scotché au bar en période de réjouissances. À encaisser des shots plutôt que de répondre sur sa vie sexuelle lui qui, aux dires de Deb, était particulièrement à l’aise avec ce qui se trouvait dans son pantalon. « Ou alors tu nous a tous roulé et t’es toujours vierge. » et il achèterait potentiellement le silence de mon amie pour s’en faire une couverture suffisamment loquace pour cacher ses troubles érectiles, tiens. L’histoire me fait sourire, encore plus lorsqu’il monopolise la conversation pour m’implorer un logis. Bémol : j’habite chez Nadia, still, et même si elle erre entre le boulot et ses nouveaux concubinages que je n’ai même pas encore eu la chance, que dis-je l’honneur de rencontrer - notez le sarcasme - c’est l’instinct de survie, mélangé à ma crise d’adolescente frustrée de ne plus avoir l’accès illimité à ma meilleure amie qui me fait rouler des yeux, mais surtout accepter. « 3 semaines. Pas un jour de plus. » mon ton signifie clairement qu’il y aura une liste longue comme mes jambes de restrictions, de règles. Le truc bien chiant qu’il devra remplir à la lettre sous risque de retrouver ses affaires à la rue dans la seconde. L’idée me plaît bien, tout à coup, d’héberger le plan cul de Debra, et d’avoir accès à tous ses vilains secrets, à tout ce matériel pour le faire chanter le moment venu. Miam. « Oh, et c’est toi qui paie le Uber ce soir. » compte tenu du fait qu’il parle au présent, j’imagine qu’il a besoin d’un canapé dans l’immédiat - et c’est un rictus narquois qui lui glisse à l’oreille que ce ne sera pas cheap, Bayside étant tout de même à plus de 30 minutes d’ici ; oupsie. Anyways, même si j’avais voulu défendre la position de la femme moderne qui n’a pas besoin du moindre dollar masculin pour se sentir forte et fière, c’est que mon porte-feuille sera à sec une fois que j’aurais payé la tournée que je commande pour Andy, Danny, Ed, sa blonde et yours truly. Les aiguilles sur l’horloge se rapprochent de l’heure fatidique, et ce ne sera pas avec de vulgaires shooters que nous passeront le cap de 2018. Not on my watch.
Ça y était. M’enfin, pas tout de suite, mais suffisamment pour que les gens se pressent au bar. Assez pour que les rations de bouteilles baissent encore plus que depuis le début de la soirée, assez pour que les shooters se multiplient, pour que je perde le nord entre le jäger et le rhum, entre le gin et la vodka. C’est la folie et j’adore, c’est la cohue et j’en redemande, l’esprit tellement embrumé derrière toutes les commandes, les conversations, les piques, les blagues, les visages, les rires pour oublier, l’espace d’une fraction de seconde, tout ce qui peut se tramer dans ma vie maintenant. Ginny, Noah, Lene, Heidi, Ezra. Tout ce qui peut mal aller, tout ce qui pourrait assombrir ce qui reste de ce soir, et les soirs suivants. Bien con, bien naïf, bien heureux, et totalement décalé, alors que je l’attrape des yeux maintenant qu'elle s'appuie au bar, qu'elle commande des flûtes de champagne sous mon sourcil haussé, qu'elle retourne tout bonnement de son côté sans un moindre regard à mon égard. Bien idiot, bien stupide, bien con maintenant que je passe sous le comptoir, que je sillonne la foule, tête chercheuse, que je m’y perds un peu ; ridicule, quand on sait combien d’heures je peux passer quotidiennement ici, comment l’endroit est petit en soit, comment je stresse comme le pire des enfants de ne pas la trouver avant la fin du décompte, décompte qui commence à l’instant même. 10, et elle n’est pas à droite ni à gauche, 9, 8, 7, et je l’entends là, qui rigole, son rire de crécelle, celui qu’elle use quand elle se moque, celui qui me pique quand elle le faire suivre d’une remarque acerbe. 6, 5, 4, et je fends la foule en sachant très bien que c’est une erreur, que je n’ai pas le droit, qu’elle va râler mais alors râler comme jamais, 3, 2, et elle est là, elle est belle, elle me fait chier tellement elle est belle, un aimant, une drogue, je l’ai dans la peau et ça me fait rager comme rien encore n’a pu le faire. 1, et je m’impose, et mes doigts encerclent sa nuque, la prennent à part ou tentent de, obligeant mes lèvres sur les siennes. C’est court, c’est spontané, c’est presque assez furtif pour qu’elle n’ait pas remarqué que ce soit moi à travers les paillettes, les ballons, la musique qui monte en volume, les cris. « Bonne année. » qu’elle entendra, Lene, avant que j’esquisse un mouvement de recul, affichant le parfait petit sourire à deux balles qui se dessine sur mon visage trop heureux, sachant très bien que la rage viendra dans la demi-seconde suivante. Ses rétines captent les miennes, j’éclate de rire - jaune. « Garde tes coups pour plus tard, on est en public là. » et un gamin qui a risqué gros, qui retourne à son poste pour remplir une énième fois les verres des convives, pour répondre à leurs voeux, pour leur lancer les miens. « Tournée, on the house! » si la nouvelle année est finalement arrivée avec toutes ses promesses, c’est l’instant présent qu’on célèbre, et c’est déjà bien assez.
Je sens très bien la réticence, le mépris même émanant des deux hommes qui étaient la bien avant moi, mais ce n’est pas comme si j’en avais quelque chose à faire. Si je me suis donné le loisir de m’incruster ce n’est pas pour rien, je dois trouver une solution de logement et je ne me vois pas vivre pendant plus de deux semaines dans un hôtel. Alors, j’espère qu’Ariane soit la solution pour moi, je ne me vois pas aller chez Ginny pour le moment, Clara ce n’est même pas la peine d’y penser entre ses parents et son copain, j’ai compris que Debra s’est elle aussi incrustée chez quelqu’un et du côté de la famille c’est sans commentaire, voilà pourquoi j’en suis à échafauder ce plan. « Calme tes fantasmes Fitz. » C’est ce qui est bien avec Ariane, elle a la réplique facile et elle ne perd pas son temps à vouloir faire la conversation pour rien. C’est sans trop de gêne que je m’approprie les shots que la rousse a précédemment commandés alors que je peux voir son air déçu pour ne pas avoir choisi l’autre choix. « Ou alors tu nous a tous roulé et t’es toujours vierge. » Et je rigole, si seulement elle savait. J’ai très bien saisi l’ironie, mais mon ego ne peut s’empêcher d’en prendre un coup. C’est à ce moment-là où je remarque que ça n’a pas été la grande fête dans mon lit depuis un peu trop longtemps, quatre jours c’est déjà beaucoup trop. « Je sais très bien que me dépuceler te comblerais de joie, mais malheureusement pour toi tu as raté le coche. » Il vaut mieux répondre à ses petites attaques sans trop attendre sinon on se fait bouffer et on n’a plus la moindre chance de s’en sortir vivant, ça serait quand même bête alors que la nouvelle année approche à grands pas. C’est à mon tour, je lui laisse donc le choix, ce ne sont pas vraiment des actions ou même une vérité à dire, mais les règles sont faites pour ne pas être respectées, non ? Et elle sourit, bon ou mauvais signe ça je vais bientôt le savoir. « 3 semaines. Pas un jour de plus. » D’un côté je suis rassuré, je vais pouvoir demander à faire amener mes affaires chez elle, mais je dois quand même avouer être un peu déçu pour ma deuxième proposition, ça ne sera donc toujours pas pour aujourd’hui que je vais bien pouvoir assouvir ce fantasme. On va quand même essayer de se montrer reconnaissant. « Dommage que le plan à trois ne te branche pas tant que ça. Mais au moins je ne serai pas un homme à la rue, merci. » Je sens que ça va être tout un tas d’emmerdes pour ne pas me faire exclure à la moindre faute, mais on va faire avec. De toute façon j’ai déjà ma petite idée pour mon prochain lieu de résidence, alors je ne devrais pas rester chez elle très longtemps, je vais donc devoir prendre sur moi en attendant. « Oh, et c’est toi qui paie le Uber ce soir. » Je ne sais pas si elle l’a oublié, mais même si je ne ressemble pas aux gosses de riches qui font la une des journaux au petit matin, ce n’est pas pour autant que j’ai autant voir plus qu’eux. « Laisse tomber l’Uber, mon chauffeur viendra nous chercher en temps voulu. On pourra même déposer tes amis s’ils n’arrivent plus à mettre un pied devant l’autre à la fin de la soirée. » Histoire de me faire pardonner de les mettre de côtés depuis que je suis ici, enfin surtout pour me donner bonne conscience. On va essayer d’aller un peu plus loin, même si j’en ai rien à faire de ce qu’ils peuvent penser de moi, je n’apprécie pas pour autant être dévisagé de la sorte. « Vous savez quoi ? La prochaine tournée est pour moi, prenez ce que vous voulez. » Ça va peut-être les distraire en attendant que le décompte ne se fasse. Des voix commencent à arriver à moi, des chiffres se distinguant parmi tout ce brouhaha que créer la foule. Je regarde ma montre et finalement la nouvelle année arrive plus vite que prévu. Nos verres arrivent avant que cette fameuse phrase ne soit prononcée par tout le monde ou que les réseaux téléphoniques ne soient saturés. C’est fait, nos calendriers affichent maintenant 2018. « Bonne année ! » Simple, discret par rapport à tout ce qui peut se passer autour de nous et je l’accompagne d’un clin d’œil à Ariane, avant de faire la bise à Ariane, qui est toujours à côté de moi et de lever mon verre vers les deux autres mecs. « Tournée, on the house! » Matt est bizarrement plus enthousiaste que moi à l’idée de prendre une année de plus dans la gueule ou peut-être n’est-ce qu’un rôle histoire de ne pas plomber l’ambiance. Dans tous les cas je ne vais pas refuser une tournée gratuite. « Visiblement la soirée n’est pas encore finie. » Je ne vais pas faire dans l’originalité, piquant même l’idée qu’a eue Azur un peu plus tôt, mais on va faire comme si ça venait de moi. « Alors, qu’avez-vous prévu comme bonnes résolutions pour cette année 2018 ? »
Dernière édition par Edward Fitzgerald le Mer 14 Fév 2018 - 13:41, édité 1 fois
Et son toast est totalement cliché, empreint d’un bon sentiment et d’une jolie pensée qu’elle ne partagerait jamais en public. Mais, elle est néanmoins un peu sincère. Ils peuvent trinquer à ce qui les unis, ce métier devenu une vocation pour elle, qui l’état déjà pour lui. Elle trinque finalement à la seule bonne chose qui lui est tombée dessus dans l’année, en espérant qu’elle soit tout aussi bonne l’année suivante. Elle échappe un rire quand Kane se moque de sa façon sérieuse de lancer les choses. Hey, c’est le nouvel an. Autant être adulte une fois dans l’année. Elle sourit gentiment, tout en profitant de son verre, en espérant que la petite quantité ne vrille pas son cerveau. Et y’a un p’tit silence qui s’installe pendant qu’ils regardent les autres prendre le reste de la bouteille, petit silence que Kane rompt en lui demandant ses résolutions. Concrètement, elle n’en a aucune. Se laisser vivre en est une bonne. Elle jette un regard à Matt, qui continue de servir en se demandant si elle a un quelconque souhait par rapport à lui. Mais, elle tourne le regard avant même d’avoir réfléchi à une réponse. « Passer le cap des trente ans avec plus de maturité peut-être ? » Qu’elle soupire, c’est que là, c’est un peu tard pour y penser. « Accomplir quelque chose peut-être aussi. » Qu’elle ajoute, sans savoir quoi. Mais en bref, si elle devait avoir une résolution, ce serait de se bouger le cul, de faire un peu de ménage dans sa vie. Et Kane enchaine, parle de ses ambitions, de l’Angleterre, ce cher pays que Lene déteste et la grimace qu’elle fait ne manque pas de la montrer. Et le décompte se lance, elle n’est pas tout à fait dedans. « Vous avez quoi les gens avec l’Angleterre ? C’est rempli de snob, il fait moche et la bouffe est dégueu. » Qu’elle rouspète, en connaissance de cause pour y avoir vécu. Probablement pas la plus fière période de sa vie. Et le décompte continue, 5,4, 3, et elle se met à réciter avec tous les autres, prête à souhaiter la bonne année à Kane, et le 2 et le 1 se font entendre. Et c’est Matt qui fond sur elle, elle n’a pas le temps de le voir venir, elle ne s’en rend compte qu’une fois que ses lèvres sont sur les siennes, au moment où il est déjà trop tard pour le repousser, pour agir et elle se tait brusquement pendant que ce grand con lui souhaite la bonne année, pendant qu’il se réjouie de sa connerie, lui parle du poing dans la gueule qu’il devrait se prendre et qu’il repart en annonçant un coup à boire gratuit pour tout le monde. Et Lene ne bouge pas, elle bouille de rage, parce qu’il l’a encore fait, il l’a encore pris pour acquise, il agit encore comme si ses actes ne pouvaient pas avoir de conséquence avec elle, et ça doit s’arrêter. « Je vais partir. » Qu’elle lâche à Kane, sans rigoler, son gobelet qu’elle pose sur la première surface qu’elle trouve. « Bonne année Kane, on se voit demain au boulot. » Et c’est un baiser sur sa joue qu’elle lui offre, avant de marcher bien droit vers la sortie, décidée à plus y refoutre les pieds.
T’écoutes Ariane et ce certain Fitz parler. T’es pas très intéressé pour dire la vérité, alors tu niches ton nez dans les cheveux de Danny qui est bien plus captivant. Tu en profites même pour lui voler quelques baiser sur ses lèvres. Tout en douceur. Est-ce que c’est la nouvelle année qui te met de bonne humeur ? Non. T’as surtout envie de faire chier Fitz en t’affichant avec un mec vu que ça n’est pas de son goût. Ton oreille reste malgré tout attentive à ce qu’il s’y dit. Et visiblement ta bonne humeur pourrait filer assez vite dès que Fitz ouvre la bouche. Il t’insupporte ce mec, c’est plus fort que toi. Tu vas mordiller la lèvre inférieur de Danny, le regardant dans les yeux de manière amusé. T’es sûr qu’il a compris ton petit jeu devant l’intrus. En plus tu sais que ça fait kiffer Ariane alors tu t’en donnes à coeur joie. Fitz va donc squatter chez Ariane pendant trois semaines ? Il insiste sur le plan à trois et en temps normal tu te serais proposer pour le satisfaire de ce fantasme du threesome, mais non. Tu ne vas pas par là, parce que tu n’as pas envie de te faire baiser par ce mec, même pas en rêve. Tu te détaches un peu de Danny et tu souris quand Ariane balance qu’elle lui fait payer le Uber. « T’as bien raison girl. » que tu penses. Fitz réplique qu’il a un chauffeur et tu n’arrives pas à retenir un rire franc. Tu t’adresses à lui.
« Attend t’as un chauffeur mais tu peux pas te payer un hôtel ? »
Tu te tournes vers Ariane.
« C’est qui ce mec ? »
T’es halluciné par sa non crédibilité. D’où il sort ce Fitz ? T’attends pas vraiment de réponse de toutes ces questions. T’avais surtout envie de les balancer. Impossible de laisser passer ça.
L’heure du décompte est déjà là. Tu t’ajoutes au brouhaha en énumérant les chiffres.
« Bonne année ! »
Et tu tournes ton visage vers Danny. Tu vas l’embrasser parce qu’il est juste à côté de toi bien évidemment. Il n’y a pas d’autre message à voir là dedans, pas comme s’il voulait à tout pris qu’il soit le premier de l’année à embrasser. Mais ça reste pas désagréable. Matt balance qu’il paie sa tournée et tu siffles fort avec tes doigts en signe d’approbation. Tu te décolles de Danny pour aller dire un « bonne année » comme il se doit à Ariane. Tu poses ta main sur son épaule pour attirer son attention et tu vas lui faire un bisou sur les lèvres. T’avais envie. Un simple petit bisou.
« Bonne année. »
Tu lui fais un clin d’oeil. Tu cherches ensuite Lene des yeux parce que elle aussi tu veux lui souhaiter correctement. Sauf que tu ne la vois nulle part. Etrange. Fitz fait un geste avec son verre vers toi et l’ignores. T’es trop occupé à chercher Lene des yeux. Tu t’en inquiètes pas vraiment, tu te dis qu’elle doit être occupé quelque part. Peut être avec un mec, ou une fille. Tu sais pas. Tu l’as vu toute la soirée avec le blond et il est tout seul à présent, il a l’air paumé le mec. Tu sors ton téléphone et tu lui envoies un SMS pour lui souhaiter la bonne année. Tu veux qu’elle soit parmi les premier à qui tu le souhaites. T’entends Fitz qui relance la conversation avec ses résolutions et tu sors le plus naturellement du monde alors que tu ranges ton téléphone dans ta poche.
« Je veux me faire baiser par un pompier. C’est mon but cette année. Bonus points si il me laisse le baiser aussi. »
Lene mentionne très justement le cap des 30 ans et c’est vrai que cette année j’ai 30 ans moi aussi. Je l’avais presque oublié. L’âge n’est tellement pas un big deal pour moi. J’ai toujours l’impression d’être bloqué à 23 ans pour être honnête. Et puis je suis de fin d’année, j’ai encore le temps avant d’arriver à fin octobre. Elle parle d’acquérir plus de maturité. Je trouve qu’elle n’a pas besoin de changer.
« T’es très bien comme tu es. »
Elle parle d’accomplir quelque chose. Ouais, c’est sûr c’est toujours mieux de pouvoir se rappeler d’une année précise avec des choses assez hors du commun. Mais ce qu’on fait au boulot tous les jours c’est déjà un bel accomplissement à mon avis. J’hoche la tête pour toute réponse, et je lui lance ce que j’ai en stock de mon côté. Rien de très extraordinaire à côté d’elle et ses accomplissements. Elle n’a pas l’air emballé par ce que je raconte vu la tête qu’elle tire. Elle n’aime pas l’Angleterre apparemment.
« Mais c’est là où y’a la plupart de mes groupes favoris. Sans parler que tous les américains et le monde entier viennent toujours faire une tournée en UK… »
Nous l’Australie, on est souvent les derniers sur la liste des shows prévus. Et encore quand c’est prévu c’est un miracle. Alors que l’Angleterre c’est tellement tout le temps. Il parait qu’il y a environ 85 shows par jours en UK. Le pied quoi. C’est mon amour pour la musique qui parle là.
Le décompte commence et je regarde un peu les gens autour de moi alors que je compte avec eux. Un mec, celui d’un peu plus tôt, je ne me souviens pas de son prénom, ce que j’ai déjà croisé, arrive devant nous et embrasse Lene pour la bonne année. J’hausse les sourcils mais je souris parce que je trouve ça assez adorable comme attention. Il repart aussitôt et Lene lance qu’elle s’en va.
« Quoi ? »
Elle me fait un bisou sur la joue. Peut être que je m’empourpre légèrement.
« Bonne année. »
Je n’aurai visiblement pas d’information sur ce qui vient de se passer mais ça n’a pas dû être à son goût pour vouloir partir de manière si rapide. Je lui dis au revoir et je la regarde filer sans essayer de la rattraper. Je me retrouve tout seul dans mon coin près du bar et quelques personnes me passent devant tout en me souhaitant la bonne année.