J’aimerai que tu ailles bien, sincèrement, mais j’imagine que c’est compliqué dans un univers comme le tien. Tu me le diras le jour où tu vas bien, genre vraiment bien ? Si tu as une bonne nouvelle ou si globalement ta journée a été meilleure que les précédentes.
On mangera tous les gâteaux que tu veux jusqu’à plus en pouvoir. C’est quoi ton gâteau préféré ? Je me doute que je ne pourrais pas en ramener des faits maisons mais si c’est industriel, bien emballés et que ça passe les contrôles, j’imagine que je peux t’en rapporter quand je viendrais te voir. Quand est-ce que tu veux que je vienne ? Je suis libre à peu près tout le temps mais je ne sais pas si de ton côté tu peux recevoir quelqu’un n’importe quand. Le temps passe trop vite oui. Quand je relis nos lettres et que je vois les dates défiler, je prends conscience du temps qui passe et je me dis que si on n’organise pas une visite maintenant, on ne se verra jamais. J’ai envie de te voir et de te serrer dans mes bras. Jusqu’à aujourd’hui, je ne pensais pas qu’un geste si simple serait si compliqué à accomplir et ça me rend un peu triste, peut-être même un peu en colère contre le système.
Ah bah pour le coup, oui, la curiosité nous a fait découvrir quelque chose de génial, on ne peut pas le nier. Hum, disons que c’est de l’ordre du fantasme, ce n’est pas dit que si ça présentait face à moi j’en serais capable bien que l’idée en elle-même soit très tentante. Ce que tu es vil… tu me donnes envie d’être joueuse et j’attends qu’une chose, c’est que tu me dises qu’on en a rien à foutre d’être observés et qu’on peut jouer. Si tu en a autant envie que moi, évidemment, bien que je doute fortement du contraire. Ce ne sont que des mots et si ça peut nous faire du bien dans tous les sens du terme, pourquoi pas, on ne fait de mal à personne, bien au contraire même.
Oui, je passe quelques entretiens d’embauche. Rien de bien élaboré, je suis plus du genre petit personnel dont on ne se soucie pas tant que le boulot est fait correctement. Je ne suis pas fan de l’autorité et des responsabilités du coup, c’est un peu compliqué de trouver un boulot où tu n’es pas jetable. Ça me convient aussi très bien, ça me permet de me tirer quand j’en ai envie. A partir du moment où ça paye mes factures, je ne me plaindrais pas.
PS : Non, ça ne fait pas de toi un connard, tu es juste un mec entouré de mecs. Ce genre paysage te plait davantage ? (je t’enverrais des plus osées/récentes quand je serais de nouveau à l’aise avec moi-même et avec l’idée que tu n’es pas le seul à les voir… si tu les mérites évidemment ;) )
Le 10, c’est noté, je viendrais sans faute. J’ai vraiment hâte d’enfin te rencontrer. C’est débile mais j’ai l’impression de te connaître depuis longtemps et d’être excitée comme une gamine qui va retrouver ses potes le jour de la rentrée alors qu’elle ne les a pas vu tout l’été. J’ai hâte de te voir, de te faire des câlins et des bisous, en tout bien tout honneur hein. Habituellement je ne suis pas ce genre de fille – sauf quand je suis bourrée, oups – mais là savoir que ça va t’apporter de la chaleur humaine, j’attends que ça. :) C’est promis, je prendrais avec moi que de l’industriel et surtout pas de métal, c’est bien noté.
Tu me diras ça de vive voix alors… parce que je me sens un petit peu arnaquée là. :D Et oui c’est d’accord, on commencera ça après s’être vu. Je t’avoue qu’avant, ça serait bizarre au moment de se rencontrer… note cela dit que de savoir que ça va se passer, ce n’est pas bien mieux dans le genre.
Et bien figure toi que j’ai commencé un boulot depuis la dernière fois. Je n’ai jamais vu un boulot aussi tranquille. Je suis gardienne de nuit dans un musée. C’est super calme, je peux faire à peu près ce que je veux tant que je fais mes rondes. Bon je t’avoue que les premiers soirs je me faisais des films au moindre bruit mais maintenant ça va. Bon, il y a toujours l’ascenseur de service qui me met mal à l’aise parce qu’il s’ouvre tout seul. J’en ai parlé et il parait que c’est normal, il fait un check up tout seul pendant la nuit… m’enfin ça reste louche, je me méfie… Je t’interdis ne serait-ce que de penser que je suis une trouillarde ! Je t’entends de là !
PS : Tu vas me faire rougir ! Merci beaucoup mais à vrai dire, il n’y aucun photographe derrière ces photos. Disons juste que les soirées entre filles, on ne parle pas que maquillage, soins du corps et couleur de fringues de la saison quoi. On sait s’entraider pour les bonnes causes… tu veux être ma copine du coup ? xD
J’imagine que d’ici que tu reçois cette lettre, je n’en recevrais pas d’autres de ta part par manque de temps alors je te dis à très bientôt !
Ce matin-là, Joseph se réveille beaucoup trop tôt, le cœur battant fortement dans sa poitrine. Il n’a pas beaucoup dormi, bien trop impatient. Mais, n’ayant pas l’autorisation de sortir de son lit avant huit heures, il patiente, assis sur son matelas, en observant le vide et en supportant les ronflements de ses trois camarades de cellule qui profitent beaucoup plus du sommeil que lui. Lorsque les grilles s’ouvrent enfin environ une heure plus tard, il saute sur ses deux jambes et se précipite vers le cadre de porte pour garder le dos bien droit en saluant d’un sourire moqueur chacun des gardiens qui passent pour faire le décompte des prisonniers. Lorsqu’enfin tous les hommes peuvent se diriger vers les douches ou vers la salle à manger, il est le premier à se frayer un chemin jusqu’à la salle de bain, ayant l’intention de se savonner plus que jamais. Il frotte chacun de ses cheveux, rince chaque parcelle de sa peau comme s’il nettoyait le plus précieux des diamants et, lorsqu’il termine de se sécher avec une serviette aussi rugueuse qu’une roche, il se vêtit d’une nouvelle combinaison grise, propre. En passant devant le miroir, il grimace, constatant que ses cheveux méritent un peu d’amour.
- Tu peux m’coiffer, là, tout de suite ?
Les têtes se tournent vers lui. Une odeur de nourriture flotte dans la cafétéria. Joseph se fait dévisager de longues secondes jusqu’à ce que le prisonnier responsable du salon de coiffure souffle : - Tu interromps mon petit déjeuner, alors je te ferai payer le double.
Le brun n’hésite pas une seule seconde avant d’accepter l’offre, sachant pertinemment qu’il a besoin de perdre quelques centimètres de sa tignasse pour se présenter à Deborah. Un instant plus tard, des ciseaux gigottent au-dessus de sa tête et un rasoir électrique vibre contre sa barbe. Fin près pour le grand moment, il se dirige finalement vers la salle où les prisonniers attendent le feu vert des gardiens pour s’installer dans la salle d’attente, là où les visiteurs se présentent. Il est le premier arrivé mais ça ne le dérange pas d’attendre. Il sait que c’est à dix heures que les visites débutent. Une petite queue s’allonge derrière lui tandis que d’autres prisonniers attendent leur tour pour pénétrer dans la pièce où déjà quelques têtes discutent. Étrangement, Joseph se fait pousser sur le côté à plusieurs reprises.
- Dites, pourquoi je ne peux pas y aller, moi ?
Ses doigts se sont emparés de la manche d’un gardien et il se fait vite ramener à l’ordre par un mouvement ferme et autoritaire.
- Ne me touche pas.
Le gardien dresse le dos et sort de sa poche un formulaire. Ses yeux se baladent sur des noms, des dates de naissance et des photos de cartes d’identité.
- Joseph Keegan ?
L’interpelé hoche la tête.
- Ta visiteuse n’est pas encore arrivée. Patiente sur le mur, là. Tu bloques l’accès.
Le garçon se mord le bout de la langue en acquiesçant, se reculant lentement pour poser son dos contre la façade. Le gardien reprend sa route et Joseph soupire en ramenant ses cheveux fraîchement coiffés vers l’arrière. Il croise le regard de plusieurs autres prisonniers qui peuvent entrer dans la salle, la folle danse de son cœur s’essoufflant lentement, tandis que les aiguilles de l’horloge continuent leur course. L’éternité s’achève et la foule libère la salle. Il est midi, les rencontres sont terminées. La gorge nouée, Joseph garde sa position immobile, attendant un miracle, peut-être. Dix minutes plus tard, c’est le même gardien qui revient le voir.
- Qu’est-ce que tu fiches encore là, toi ? Retourne dans la salle commune. Tu sais très bien que tu n’as pas le droit de te trimbaler ici hors des heures de rencontre. Allez !
Son dos se décolle lentement du mur, ses muscles redémarrent, trop peu utilisés dans les dernières heures, et il tourne les talons, la tête basse, incapable de laisser un mot s’échapper de ses lèvres. Alors qu’il s’apprêtait à libérer le couloir, le gardien l’arrête à la dernière seconde :
- Attends.
Les pupilles de Joseph se dilatent, excitées, impatientes. Il se retourne vivement vers l’homme baraqué qui lui tend un petit post-it et deux petits gâteaux foncés emballés. Il attrape mollement les objets et son visage se décompose instantanément, comme s’il venait d’apprendre la mort d’un être cher.
Il n’a pas le temps d’avaler la nouvelle qu’il se fait de nouveau bousculer par la voix imposante de l’autorité. - Mais bouge ton cul ! Dans la salle commune, allez !
Son regard se teinte d’encre noire et il souffle un juron qui se perd dans sa barbe trimée. En se dirigeant vers le lieu de rassemblement, il longe une poubelle et il y fourre les gâteaux industriels, sans intérêt. Il n’offre un regard à personne et préfère s’isoler pour le reste de la journée. Il n’arrive pas à laisser une seule émotion étirer les traits de son visage. Il est déçu, énormément. Et il a mal.
Je ne sais pas comment commencer cette lettre. J’ai envie de t’écrire mille et une fois que je suis désolée mais j’ai l’impression que ça ne sera jamais suffisant. J’imagine aisément que tu étais impatient de me voir cet après-midi et combien ça a dû te décevoir et te mettre en colère de n’avoir qu’un bout de papier avec quelques mots griffonnés et quelques gâteaux. Je ne sais même pas si tu les as eus d’ailleurs, ce n’est pas le plus important j’imagine.
J’étais là, à quelques mètres. Je suis même arrivée en avance, c’est probablement l’une des rares fois où j’arrive en avance quelque part. J’ai suivi à la lettre ce que tu m’avais dit de faire. Les papiers d’identité, rien en métal, rien d’autres que des gâteaux dans leur boite d’origine dans leur emballage d’origine. Je pensais que tout irait bien et que j’étais sur le point de te voir. J’imagine que tu ne le savais mais ils procèdent aussi comme dans les aéroports, avec des fouilles plus approfondies, aléatoirement. A vrai dire, vu le regard que le gardien m’a lancé, ce n’était peut-être pas si aléatoire que ça ou peut-être parce que j’étais ta première visite depuis longtemps, je n’en sais rien, peu importe bref. J’imagine que de l’intérieur, tu subis bien plus tous les jours et que ça va te permettre idiot et surfait comme explication mais je n’ai pas pu. Je n’ai pas réussi à passer ce moment et je m’en veux terriblement, je te demande pardon. Je pense qu’à leurs yeux, ça a sonné comme suspect ou un truc du genre que je refuse ça alors j’imagine que si je reviens, je n’y échapperais pas. Je préfère ne pas te faire de faux espoir et ne revenir te voir du coup. Je suis désolée, vraiment, je ne le dirais jamais assez je crois.
Je comprendrais que tu ne veuilles plus m’écrire, je ne t’en voudrais pas mais sache que je ne pourrais pas m’empêcher d’attendre de tes nouvelles, peu importe le temps qui passera. Je voulais juste que tu saches que ce n’était pas contre toi, que ça n’avait rien à voir avec toi si je ne suis pas venue.
Bah dis donc, j’imagine que ta maturité est à son maximum là… ça y est, c’est bon, tu t’es bien défoulé ? On peut parler entre adultes maintenant ou c’est trop te demander encore ? T’es sérieux, sans déconner ? Si c’était pour me répondre ça, il fallait juste t’abstenir ! Je m’excuse, je t’explique tout de A à Z, tu sais que depuis que j’ai accouché aucun mec ne m’a touché, tu sais que j’ai un problème d’image avec moi-même aussi, toi-même tu m’as dit que ça ne me plairait certainement pas que je me fasse fouiller les fesses, je m’en veux beaucoup… qu’est-ce que tu veux de plus ? Je veux bien être gentille, je veux bien comprendre ta colère, je veux bien admettre que c’est un truc que tu n’arrives pas à me pardonner mais que tu me manques carrément de respect ?! Juste, va te faire foutre, vraiment. Je ne t’ai rien reproché quand tu n’as pas pu m’écrire pendant trois mois, je suis passée au-dessus, je me suis dit que ce n’était pas grave, j’ai essayé de te comprendre, de me mettre à ta place. Par contre, quand c’est moi qui n’arrive pas à tenir une promesse parce que j’ai eu peur, parce que je me suis sentie mal, parce que j’ai eu la sensation d’être réduite à un putain de morceau de viande, tout ce à quoi j’ai le droit c’est que tu m’enfonces encore plus ? Super, merci, vraiment. J’avais envisagé l’idée que pour me faire pardonner, même si ça n’équivaut pas la présence humaine, que tu me rajoutes à ta liste d’appel pour que tu puisses entendre ma voix, qu’on puisse vraiment discuter. J’ai bien fait de ne pas te le proposer tout de suite parce que tu m’as juste dégoûté. Quand tu seras décidé à ne plus être un connard, fais-moi signe sinon, ne réponds rien, ne te donne surtout pas ce mal, je voudrais pas te déranger.
Il fixe la purée de pommes de terre, la tranche de pain beurrée, les cubes de bœuf noyés sous une sauce brune. Ses paupières clignent doucement et sa respiration calculée gonfle calmement ses poumons. Une main se pose sur son épaule, Joseph s’agite instantanément, secouant ses muscles pour se débarrasser de cette intrusion pleine de moqueries. Il ne réagit pas davantage, se reconcentre à nouveau sur l’air sec qui pénètre ses narines. - Pourquoi tu nous racontes pas, Jo ? Elle est aussi chaude en vrai ?
Il serre sa fourchette en plastique entre ses doigts crispés et écrase sa langue contre son palet pour s’empêcher de lancer une insulte. Il embrasse un moment la noirceur que lui prodigue ses paupières closes jusqu’à ce qu’il se fasse de nouveau bousculer par ce qui semble être un coude. La lumière blanche de la cantine foudroie sa rétine.
- Mais raconte, merde ! C’est pas juste que tu gardes l’exclu !
Un autre silence répond à l’imbécile encouragé par ses potes, hilares. Son haleine fétide agresse le nez de Joseph, il ne peut contenir une grimace en détournant la tête. Enfin, une dernière attaque lui est adressé et, cette fois, c’est son poing en entier qui se serre. - En tout cas, si on se fit sur ses photos, c’est une putain de cochonne, moi j’te dis ! T’hésites pas, hein, Jo, si t’as besoin d’une deuxième queue pour satisfaire ses désirs !
Il dresse enfin son dos, le regard noir, et il observe les vautours un à un avant de finalement arrêter ses iris dans ceux du meneur de la bande. Avec trois viols à son actif, il n’hésite jamais à s’en vanter. Joseph remarque la lettre de Deborah entre ses doigts et son cœur bondit dans sa poitrine. Il ne peut retenir ses phalanges : elles s’élancent en la direction de ses lèvres mais se font arrêter par une poigne bien plus forte que la sienne. Une plainte s’échappe de sa bouche entrouverte lorsqu’il entend son poignet craquer sous l’effet d’une torsion soudaine et il se replie immédiatement, rasseyant ses fesses sur la banquette. Sa main libre se met à taper sur la table en signe de soumission. - Lâche-moi ! c’est bon !
Lorsque la pression s’évapore, il peut de nouveau respirer. Le visage déformé par une grimace de douleur, Joseph se relève rapidement et contourne ses agresseurs sans leur accorder un seul regard : c’est ce qu’il a appris, ici. Il vaut mieux fuir.
La lettre de Deborah, il la lit, un bras dans le plâtre, le 9 octobre. Il reste de marbre tout au long de la lecture, incapable d’exprimer un unique sentiment. Il se sent seul, plus que jamais. Il sait qu’il n’a pas réagit de la bonne façon en envoyant ce stupide dessin à son amie. Il l’a fait sous le contrôle de l’impulsivité. Pourtant, il n’arrive pas à regretter. Une part de lui n’arrive pas à pardonner la fuite de la jeune femme, même si elle ne s’est pas faite sans justification.
Spoiler:
J'ai changé la police d'écriture pour montrer qu'il écrit avec sa main gauche, donc très mal, parce qu'il a le poignet droit K.O
Je n’avais même pas envie de te répondre, je ne devais même pas te répondre mais il faut se rendre à l’évidence que la colère est retombée et que maintenant, ça me bouffe. Je ne comprends pas, je ne comprends plus rien. J’ai l’impression de recevoir des lettres d’un parfait inconnu, du jour au lendemain. Je crois que tu ne te rends même pas compte combien tes mots font mal. Est-ce que tu cherches juste à te venger pour me faire ressentir ce que tu as ressenti ? Ou peut-être que je me plante, encore une fois et que tu sais très bien ce que tu écris mais que tu n’en juste rien à branler de me blesser. C’est peut-être même carrément ce que tu cherches à faire pour que j’arrête de t’écrire. Je n’en sais rien, je suis perdue et probablement un peu conne aussi. J’aimerai comprendre ce qui se passe parce que je n’arrive pas à croire que mon absence soit la seule raison à tout ça. Je n’y arrive pas et je ne veux pas le croire surtout. Tu es tellement différent et ne vient pas me chanter que c’est juste ta véritable nature ou une connerie dans ce genre qui ressort. Dans le fond, tu n’es pas un mec méchant, j’en suis persuadée. Explique-moi, j’ai besoin de comprendre parce que ça me torture.
Je refuse de croire que nos mondes ne sont pas censés se croiser. Tu dis que je t’écris comme si on allait un jour boire un café, comme si on allait pouvoir discuter en partageant une part de gâteau que j’aurais certainement loupé… Oui, je l’ai fait, je l’admets, j’y ai cru. Trois ans, c’est long mais ce n’est pas la fin du monde ni celle de ta vie. Tu finiras par sortir et rejoindre le mien de monde et tu feras quoi à ce moment-là ? Il faut croire que j’ai été bien conne de croire en toi, de voir l’humain avant le prisonnier, de parler de ta sortie pour t’éviter de penser à ton présent et t’aider à garder la tête hors de l’eau. J’ai été idiote de croire à ce qui me semblait être le début d’une amitié ou quelque chose comme ça. Idiote ou bien tu as menti dans chacun de tes mots depuis le début, au choix mais j’imagine que toi tu sais. Encore une fois, de mon côté, je n’en sais rien, preuve irréfutable de ma stupidité j’imagine. Je ne sais pas quoi te dire d’autres en dehors du fait que j’ai beau tout retourner dans tous les sens, je ne comprends pas et ça me peine beaucoup. J’ai besoin d’explications si tu es capable de m’en donner, sinon tant pis, je me ferais une raison et j’arrêterais de t’emmerder.
Oui, je connais parfaitement cette sensation. Ne rien contrôler et juste subir. Ça m’est arrivé plus d’une fois, l’une plus intensément que les autres. Je ne me permettrais pas de nous comparer, ça n’a rien à voir, pour toi ça doit être bien plus compliqué, c’est juste que ouais, je connais. Je ne suis même plus en colère, j’ai juste envie de passer à autre chose. Est-ce qu’on peut le faire ?
Je suis contente pour toi, c’est une excellente nouvelle. Est-ce que je peux avoir une date précise ? (en souhaitant pouvoir recevoir la réponse à temps). Je ne sais pas si je viendrais te voir, ça dépend de beaucoup de choses pour le coup. J’ai quitté mon boulot de gardienne de nuit, aujourd’hui je suis caissière dans un banal supermarché et vu que je suis nouvelle, tu comprends que les horaires flexibles, je n’y ai pas le droit alors ça va dépendre si je peux ou pas. J’espère en tout cas mais je ne veux pas te faire de faux espoirs non plus, tu en as assez eu comme ça.
Comment tu te sens ? J’ai l’impression que tu t’es beaucoup amélioré en orthographe, grammaire et tous les autres trucs du même champ lexical. Par contre, est-ce que quelqu’un écrit à ta place ? Ton écriture est différente. Tu fais dicter tes lettres peut-être ? J’ai juste envie qu’on reparle comme avant, de tout, de rien, du café qu’on prendra parce qu’on le prendra que tu te l’imagines ou pas, ça finira par arriver. Je pense souvent à toi, je me demande ce que tu fais même si j’imagine que tu n’as pas grand-chose à faire. J’en viens à me demander combien de muscles tu as pris depuis l’année qu’on s’écrit, c’est ridicule. Un an… ça me parait fou. Bon amiversaire Jo.
Est-ce qu’il t’arrive de pleurer pour retrouver le sourire ? C’est quelque chose que j’ai du mal à faire. Je ne pleure pas souvent et quand c’est le cas, je suis comme une gosse, je me cache. Je ne supporte pas qu’on me prenne en pitié (un point commun à souligner, encore) et j’ai du mal à montrer ce que je ressens. C’est plus facile de se cacher derrière le masque social du « ça va bien. » Je préfère encaisser beaucoup de choses que pleurer parce que j’ai l’impression qu’en pleurant on admet la souffrance et c’est difficile à supporter. Pour le coup, j’ai l’impression d’y arriver davantage quand je t’écris, à accepter tous les ressentis que me traverse. C’est peut-être plus facile d’écrire que de dire les choses de vive voix je crois.
Depuis que j’ai reçu et lu ta lettre, je compte avec toi. Je croise les doigts et je pense beaucoup à toi. Malheureusement, je ne pourrais pas venir, je travaille ce jour-là (patron un peu chelou qui fait ce qu’il veut quand il veut… je crois que je ne vais pas rester longtemps non plus). Je ne sais pas combien de temps va durer ton audience mais puisque je travaille sur les heures du déjeuner, je fini plus tôt que les autres. Avec un peu de chance, si les bus n’ont pas trop de retard et moi non plus, je pourrais te voir rapidement à la sortie. Je passerais voir au tribunal en tout cas si tu y es toujours. Pour le job de gardienne, disons plutôt que je me suis faite virer… ce n’était pas écrit que je n’avais pas le droit d’avoir une invitée avec moi… oups.
Tu m’embêtes pas du tout, idiot. Si tu as besoin d’en parler, d’essayer de comprendre pourquoi tu te sens comme ça, je ne suis pas une experte mais ça me ferait plaisir d’en discuter avec toi si ça peut te faire du bien ou t’éclairer un peu. Je suis contente pour toi que tu sois plus à l’aise pour écrire, c’est dommage que tu ais plus ta main principale pour en profiter. Est-ce que tu veux parler de ce qui s’est passé ? J’imagine qu’il ne s’est pas abîmé tout seul ce poignet. (Me dit pas que tu t’es trop fait du bien à t’en faire mal à la main, pitié. xD)
Hallucinant hein ! ça aurait été dommage de louper ça ! Pour l’occasion (je ne sais pas si tu l’auras en même temps que la lettre) mais je t’ai fait parvenir une pâtisserie française et une bougie. Tu ne pourras pas l’allumer certes mais disons que c’est pour le principe. J’espère que tu te régaleras, elle sort d’une boulangerie que j’aime beaucoup, ce gâteau est sûrement l’un de mes préférés. Je leur ai demandé de me l’emballer le plus professionnellement possible, je ne sais pas si ça passera mais j’espère. J’espère aussi que cette nouvelle année commencera sous les meilleurs auspices pour toi. Bonne année poussin.
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