| | | (#)Mer 1 Mai 2019 - 14:20 | |
| Cette phrase qui se veut rassurante, il devra l’entendre plusieurs fois avant qu’il n’en croit réellement le propos. Il a attendu la liberté pendant si longtemps qu’il n’arrive pas à croire qu’elle l’a enfin rejoint. Comme un couple séparé qui se reforme après plusieurs années : il doute de la véracité de ce lien fragile qui les unit. Il pourrait facilement retomber dans le trou : une seule erreur, un seul méfait et les barreaux se referment devant ses yeux, lui promettant une peine encore plus longue. Bien trop émotif en cette journée de délivrance, ses paroles se font un peu trop mielleuses et il juge meilleur de s’excuser pour ce soudain romantisme dont il fait preuve. Deborah le rassure, toutefois, et il lui sourit, rassuré. Lui et elle sont sur la même longueur d’ondes. Les lettres n’ont jamais menti : ces deux imbéciles sont faits pour s’entendre.
Un moment de solitude lui est offert lorsque son amie développe finalement la lettre. Légèrement nerveux, il ouvre la marche mais s’assure de rester assez près de Deborah lorsque ses yeux naviguent sur les mots qu’il lui a écrit il y a de ça deux semaines. Il n’est pas certain de se rappeler de chaque lettre qu’il a noté, mais au commentaire qu’elle passe, derrière lui, il capte la référence. Il rigole en lui jetant un coup d’œil en secouant la tête. Non, il n’est effectivement pas bandé et… ça le surprend. Peut-être est-il trop occupé à profiter du soleil qui lèche sa peau blanche comme un drap. C’est un silence légèrement inquiétant qui suit, jusqu’à ce que son cœur explose dans sa poitrine lorsque le poids de son amie grimpe sur son dos. Il réussi à attraper ses jambes avant qu’elle ne glisse au sol et il souffle tout l’air par ses narines, reprenant son souffle après un tel sursaut. « T’as raison, t’es pas si lourde, en fait ! » Il sourit, légèrement déstabilisé lorsqu’elle frotte sa joue à sa barbe, incapable de se souvenir de la dernière fois où il a été si près d’une femme. « C’est noté. Si tu continues comme ça, je te surnommerai « ma styliste ». Tant qu’à y être, t’as des idées d’fringues qui m’iraient bien ? » Il secoue la tête avant qu’elle réponde : « Je plaisante. Je garde mes t-shirts unis, tu m’feras jamais changer d’avis. » Le poids sur ses épaules s’évanouit et il profite de cette soudaine de sensation de légèreté pour étirer ses muscles endoloris. Il écarquille les yeux de surprises aux prochaines paroles de son amie et, aussitôt, ses yeux se mettent à scanner les alentours, à la recherche du coin parfait. Son attention s’arrête sur un coin d’herbe verbe au-dessous d’un arbre feuillu. Aussitôt, ses pas le dirigent vers ce coin parfait. « Tu m’as amené des cadeaux ? Tu veux me faire pleurer ? » À côté du large tronc, il se découvre de son sac et le laisse tomber au milieu d’une famille de racines. Il s’installe dans la pelouse, le dos contre l’écorce rugueux qui ne le dérange pas : il n’a pas touché cette texture depuis longtemps, il en profitera même si elle irrite sa peau. Lorsque son amie s’installe à ses côtés, il l’observe un long moment, en silence, admirant les reflets roux dans sa chevelure baignée dans le soleil. |
| | | | (#)Mar 2 Juil 2019 - 9:39 | |
| C’est qu’elle commençait déjà à chercher comment le rendre ridicule en le relookant avant qu’il n’explose ce mini rêve en mille morceaux, lui affirmant qu’il ne porterait rien d’autre que ses t-shirt unis. Sourire amusé, regard malicieux, elle ne manquait pas cette occasion pour susurrer dans sa moustache comme dit l’expression. « Ça, c’est ce qu’on verra, Keegan. » Comme une menace ou un défi à lui résister, peut-être un peu des deux. C’était vrai que son esprit l’imaginait déjà dans différentes tenues. Le streetwear lui irait plutôt pas mal, ce n’était pas son amie Gabrielle qui lui dirait le contraire, elle qui avait lancé ce défi d’écrire en prison et à qui Deborah avait montré la photo de l’article – bien que peu flatteuse – tant la demoiselle avait été curieuse.
La discussion tournait vite court dès lors où la brune lui proposait de choisir un endroit idéal pour révéler les petits trésors dans son sac qui risquaient fort de lui faire d’autant plus plaisir. Il ne manquait pas de la faire sourire à partir de suite à sa recherche, trouvant rapidement son bonheur sous un arbre. Elle le voyait bien dans son regard : il était comme un gamin. Pas à l’idée d’avoir des cadeaux mais à celle d’être libre. Sûrement malgré lui, ses iris brillaient d’une lueur particulière qui touchait profondément Deborah, ravie d’avoir le privilège d’assister à ce bonheur pur, celui de simplement s’appuyer contre un arbre, de profiter de sa texture, du bruissement des feuilles et de la brise attendrie par son tronc. « Mais non, tu ne vas pas pleurer, c’est pas un truc de dingue non plus. » disait-elle en prenant place à ses côtés, ne manquant pas de poser délicatement le sac entre ses jambes.
L’ouverture, elle la faisait durer, comme pour le torturer encore un peu, le rendre d’autant plus impatient. Sa main qui plongeait dans le sac se faisait délicate et c’était avec tout autant de délicatesse qu’elle lui tendait un mug de transport, d’un noir mat épuré très masculin et dont le poids laissait deviner qu’il n’était pas vide. « Tu m’as dit dans l’une de tes lettres que tu aimerai voyager quand tu allais sortir. » Bien qu’il n’en aurait pas l’argent de suite, certes. « C’est un petit cadeau pour que tu penses à moi quand tu partiras faire le tour du monde. » Quand les prochains mots passaient le seuil de ses lèvres tout en sortant un second mug de transport de son sac, un sourire tendre venait illuminer son visage sans qu’elle ne se rende vraiment compte.
« Tu m’as aussi dit avoir hâte de partager un café auquel tu ne croyais pas vraiment au départ. Alors ce café, on va le partager et trinquer à ton prochain voyage auquel tu ne veux pas croire mais qui se fera un jour ou l’autre, comme ce café, j’y crois pour deux. » Le breuvage noir, c’était ce qui contenait les mugs en question. Ça allait sûrement le changer du jus de chaussette en prison. « Oh et une dernière chose... » De son sac, elle sortait des capsules de lait et des petit sachets de sucre si jamais il n’aimait pas le café noir et surtout, elle attrapait une petite boite qu’elle déposait près de lui. « A défaut de pouvoir te payer un voyage concret, tu as le droit au voyage des papilles, comme promis. » Se souvenait-il de cette pâtisserie qu’il avait mangé avec trois jours de retard ? Aujourd’hui, elle était fraîche du jour, du matin même. Il avait probablement déjà pris un petit-déjeuner mais tant pis, elle se devait de lui offrir son premier repas de roi, comme si son instinct savait qu’il serait le sien, de roi. |
| | | | (#)Mar 2 Juil 2019 - 10:21 | |
| Il s’en fiche, de son accoutrement, en fait. Tant qu’il ne porte pas du cuir nervuré ou des motifs à fleurs, il peut supporter à peu près n’importe quoi. Il a toujours été du genre à prendre la première pièce de vêtement propre sur laquelle il pouvait mettre la main et à l’enfiler sans prendre la peine de s’assurer qu’aucune étiquette ne dépasse. Si ça peut faire plaisir à Deborah, de le relooker, il le fera – seulement si elle lui offre une glace au chocolat en échange. « Ça, c’est ce qu’on verra, Keegan. » Et, il ne peut s’empêcher de la revoir dans les tenues plus subtiles sur les photographies. Toutefois, il ne se permet pas de trop l’imaginer dans cet accoutrement parce que… Parce que ce n’est pas le moment de rêver. Il s’empêche de lui répondre en arborant le même sourire qu’elle lui offre. Un sourire plein de défis.
Bien installé auprès de son meilleur ami l’arbre, Joseph ne peut détacher ses yeux du paysage qui lui avait tant manqué. Il sent l’herbe sous ses doigts et jamais il n’aurait pensé que de voir une fourmi sur son doigt lui ferait tant plaisir. Et pourtant, il l’observe l’insecte, il l’analyse, pendant qu’il grimpe le long de sa paume. La jeune femme lui admet ensuite qu’elle a pensé à lui apporter un cadeau. Sa réaction est enfantine : il n’a pas reçu de cadeaux depuis une éternité. Ses yeux se mettent à briller comme si un diamant s’était logé au creux de son iris, puis il se met à fixer le sac à dos posé entre les jambes de Deborah. Il remarque la lenteur dont elle fait preuve, expire l’air par ses narines pour démontrer son impatience, puis penche la tête sur le côté en découvrant un mug noir charbon. Oh ? « Tu m’as dit dans l’une de tes lettres que tu aimerai voyager quand tu allais sortir. » Il se mord la lèvre inférieure, légèrement gêné par cette attention. Oui, il lui avait parlé de cette envie de voyager mais il n’arrive toujours pas à s’imaginer en dehors de l’Australie. «J’t’assure que j’aurais pensé à toi dans tous les coins du monde, avec ou sans ce mug. » Mais, il tend quand même la main vers ce cadeau qui lui réchauffe le cœur, et elle l’interrompt pour préciser le contenu de l’objet. Il accueille la précision d’un rire chaud, et il la remercie en enroulant ses doigts autant du mug. Elle l’arrête une seconde fois pour ajouter que le cadeau n’est pas complet. Intrigué, il guette ses mains qui disparaissent à nouveau dans le sac et il louche quelques secondes sur la petite boîte en carton. Ce n’est que lorsqu’elle explique qu’il mérite un voyage des papilles qu’il comprend comme par magie. La pâtisserie. Une promesse qu’elle lui avait fait, et il n’oubliait jamais. Un sourire apaisé étire les lèvres du garçon et il garde ses deux yeux rivés dans ceux de Deborah pour la remercier en silence : un silence lourd de mots. Préférant habituellement ajouter un peu de lait et de sucre dans son café, il décide d’expérimenter la boisson en ne la dénaturant pas. Lorsque ses lèvres rencontrent le liquide encore chaud, mais pas brûlant, une vague de nostalgie hérisse le poil sur ses doigts, fait frissonner ses membres. Il avale la première gorgée sans remarquer que ses yeux se gorgent d’un voile d’eau saline, trahissant cette joie immense qui le submerge de l’intérieur. Ce n’est que lorsqu’une larme roule sur sa joue qu’il sursaute légèrement, venant rapidement l’essuyer du revers de la main : « What the fuck ? » C’est bien la première fois qu’il côtoie un tel sentiment. Il regoûte à la liberté, à l’amitié, à la présence humaine… au café. Un mélange aussi puissant que l’amertume de la boisson qui ne lui lève toutefois pas le cœur. Même, il l’apprécie. Il goûte à la vraie vie. « Putain, c’est quoi ces émotions ? » Il pouffe de rire, s’essuie une seconde fois les yeux après avoir posé le mug sur la pelouse, et il lance un autre juron, n’appréciant pas ce sentiment d’impuissance qui s’attaque à sa cervelle. Il croise le regard de Deborah, baisse la tête pour éviter de se faire ridiculiser – parce qu’un homme, ça ne pleure pas, il l’a bien apprise, sa leçon. « Désolé, j’dois avoir mes règles. T’as pas un tampon que j’pourrais m’enfoncer dans les yeux ? » C’est peut-être l’impression de ne pas mériter tant d’attention, qui le bouleverse. Il se revoit, dix ans plus tôt, à regarder cette fille innocente tandis qu’un de ses amis lui serre les poignets. Il se revoit, à ne pas réagir, à chasser son envie de l’aider. Mais il ne fait rien. Et, quand elle hurle, quand elle tend sa main vers lui pour lui supplier de le sortir de cette torture, il la dévisage, l’abat d’un regard noir, et tourne les talons en laissant les autres la déshabiller pour commettre le pire des crimes. Il n’avait pas pleuré, ce jour-là.
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| | | | (#)Lun 5 Aoû 2019 - 13:06 | |
| Un arbre, du café dans un mug de voyage et une pâtisserie. C’est tout ce dont ils avaient besoin pour être bien. « J’en doute pas que tu aurais pensé à moi mais je veux continuer à être ta première fois sur beaucoup de choses. » Elle en riait mais c’était vrai. Dans leurs lettres, il lui avait confié qu’elle avait été sa première fois pour de nombreux événements et l’idée lui avait plu. Aujourd’hui, elle était la première personne qu’il voyait en dehors de la prison, son premier café partagé depuis longtemps et son premier cadeau de sortie, symbole de la liberté. Mais, elle était aussi ses premières larmes – tout du moins, ce qu’elle avait apporté, aussi simple était-ce, provoquait ses larmes – et ça, elle ne s’y attendait pas. Elle était sûrement aussi surprise que lui par cette montée d’émotions soudaines dès l’instant où ses lèvres avaient trempé dans le breuvage foncé.
Au départ, elle ne l’avait pas vraiment remarqué, elle-même occupée à agrémenter son café d’un peu de sucre. C’était seulement quand il s’était exprimé à haute voix qu’elle avait relevé les yeux vers lui et qu’elle s’était rendue compte qu’il pleurait, submergé par une émotion vive qu’il ne maîtrisait pas lui-même. Instinctivement, elle se mettait à sourire. Pas de moquerie, loin de là. Au contraire. C’était un sourire tendre, plein de compassion mais jamais de pitié. Il était mignon, c’était tout et ça la touchait d’assister à ce moment, à cet instant même où il réalisait qu’il avait accès à tout. Par réflexe, dès lors qu’il se cachait de son regard, elle glissait sa main sur sa nuque, la balayant tendrement de son pouce. « C’est pas grave, ça fait du bien de temps en temps, tu peux te laisser aller, je te jugerais pas. » Parce qu’ils n’avaient pas du tout été élevé de la même manière, Deborah pensait autrement que Jo sur le sujet des larmes des hommes. Ils étaient humains avant tout, lui y compris, lui qui semblait l’avoir oublié derrière les barreaux. « Bon, pas trop longtemps par contre parce que c’est moi que tu vas faire pleurer après. » Parce qu’elle tenait à lui, parce qu’il était un ami véritable, forcément ça la touchait de le voir ainsi et si elle préférait jouer la carte de l’humour, elle n’en restait pas moins sensible.
« J’ai pas de tampons mais je pense que ça, ça devrait aller. » De son sac, elle en sortait un paquet de mouchoirs et lui tendait sans attendre, bien consciente que le jeune homme ne semblait franchement pas friand à l’idée d’être dans cet état en public. Pudicité. Alors pour lui éviter la gêne et le laisser reprendre constance, elle reportait son attention sur la boite à gâteau. Elle en retirait le bolduc et l’étiquette de fermeture pour mieux l’ouvrir. Elle attrapait un gâteau et lui tendait la boite tandis qu’elle croquait dans le sien, avec un peu trop de gourmandise pour être capable de parler sans en avoir la voix déformée. « Tiens, manche, cha te fera du bien… Quoi ? Ne me regarde pas comme cha, tu ne penchais tout de même pas que j’challais t’en prendre un chans en prendre un pour moi. » Il commençait à la connaître de toute façon, même seulement à travers des mots, bien incapable de résister à toutes sortes de sucreries quitte à être incapable de rentrer dans ses jeans à la fin de l’été… de toute façon, elle ne pourrait pas faire plus grosse que lors de sa grossesse dont elle avait gardé quelques vêtements bien planqués au fin fond de son armoire. Ça pourrait toujours servir en cas de goinfrade inopinée. « Tu sais où tu dors ce soir ou tu viens chez moi ? » qu’elle balançait le plus naturellement du monde entre deux gorgées de café et un croc dans sa pâtisserie. |
| | | | (#)Dim 18 Aoû 2019 - 13:14 | |
| « J’en doute pas que tu aurais pensé à moi mais je veux continuer à être ta première fois sur beaucoup de choses. » Évidemment qu’il rougit. C’est un homme qui s’est abstenu pendant trois ans. Le terme « première fois » évoque pour lui la première danse charnelle entre deux personnes, et ses joues écarlates trahissent cette pensée qui lui traverse l’esprit. Il observe sa belle amie du coin de l’œil, pour l’interroger du regard, pour lui demander silencieusement si elle avait fait exprès de choisir ces mots-là. Parce qu’ils avaient établi un contrat, entre eux, et il ne serait pas surpris d’apprendre que Deborah s’amusait déjà à tourner autour de cette promesse. « Tu seras ma première fois pour tout ce que tu veux. » C’est ce qu’il répond, conscient qu’il joue lui aussi avec le feu. Il ne peut pas mentir : cette jeune femme est encore plus belle en vrai, sous les rayons du soleil. Les photos étaient à son avantage, mais elles ne sont rien par rapport à sa prestance chaleureuse, son rire vrai et ses yeux qui accueillent chaque plaisanterie comme si Joseph était le plus grand humoriste d’Océanie.
Et, contre toute attente, c’est le garçon qui se met à affronter une émotion trop puissante qui arrive à mouiller ses yeux. D’abord gêné, il s’excuse à sa compagnie pour avoir perdu le contrôle de ses larmes abondantes, et il renifle en rigolant timidement quand elle lui assure qu’il n’a pas à demander pardon pour se laisser aller. « Bon, pas trop longtemps par contre parce que c’est moi que tu vas faire pleurer après. » Il hoche la tête, les lèvres étirées en un sourire honnête, et il essuie les larmes qui perlent sur ses paupières en reniflant, sentant sa respiration tremblante faire soubresauter sa poitrine. Il n’apprécie pas de perdre le contrôle ainsi, lui qui a toujours appris à être un « vrai homme », comme disait son père. « J’ai pas de tampons mais je pense que ça, ça devrait aller. » Il n’attend pas une seule seconde pour tendre sa main en direction des mouchoirs que Deborah lui tend, et il les utilise comme il se doit – non, il ne se branle pas, il se mouche –. C’est un rire franc qui s’échappe de ses lèvres lorsque la jeune femme se met à s’empiffrer d’une gourmandise chocolatée. Il soulève les mains devant lui pour signaler son innocence : « Je n’ai rien dit ! Tu peux en bouffer autant que tu veux, mais, après, ne me boude pas si je t’appelle « ma petite cochonne » ! » Il s’empare de sa pâtisserie pour y planter ses dents et il mâche difficilement une bouchée bien trop grande pour sa bouche, mais de taille parfaite pour qu’il profite à cent pourcent de la saveur sucrée du dessert. Ses yeux se ferment machinalement et un son de satisfaction fait vibrer sa gorge, tellement ce goût l’avait manqué, en prison. « Putain… » qu’il souffle après avoir avalé sa première bouchée. « J’confirme. C’est trop bon. » Ses traits enfantins soutiennent ses propos : il ressemble à un gamin qui goûte pour la première fois à une sucrerie. « Tu sais où tu dors ce soir ou tu viens chez moi ? » La gorge se Joseph se noue instantanément, parce que la question lui fait l’effet d’une baffe. Il hésite un moment, se demandant comment il s’y prendra pour les prochaines semaines. Il n’a plus de toit gratuit au-dessus de sa tête, et il a toujours détesté imposer sa présence aux autres. « Eum… » Il est hésitant, parce qu’il réfléchit réellement. « J’imagine que, si tu m’invites, ça me fera plaisir de pioncer chez toi ce soir. » Il croque plus doucement dans sa pâtisserie. « Mais j’te dérancherai pas plus lonchtemps, j’me trouvechai quelque chose. » Il l’imite, pour utiliser l’humour, lui aussi. C’est mieux de rire plutôt que de craindre pour le futur. |
| | | | (#)Jeu 19 Sep 2019 - 10:03 | |
| Ce n’était pas dans ses projets de le faire rougir ni d’évoquer cette première fois particulière. Et pourtant, bien malgré elle, elle l’avait fait et ça la faisait rougir à son tour. Putain, quelle conne ! Elle n’y avait pas pensé du tout et elle se retrouvait bien bête tout en étant immensément amusée. « Idiot. » lançait-elle en le bousculant un peu, presque gênée. Ses pensées dérivaient immanquablement vers les lettres qu’ils ont pu échanger, ces mêmes lettres dans lesquelles les choses avaient failli déraper et puis finalement, ils s’étaient abstenus. A en constater leurs réactions respectives d’une première fois entre eux, ils avaient bien fait, ça aurait été plus que gênant dans le cas contraire. Et pourtant, quand bien même elle ne répondait rien, c’est son regard qui parlait un peu trop pour elle. Il s’était détaché de celui du jeune homme pour mieux dériver vers son sourire, quelques secondes à peine où elle avait dévoré ses lèvres d’un regard, où l’alchimie entre eux, si évidente, si naturelle, s’était exprimée. C’était comme dans leurs lettres, dans les moindres détails. Ils se confiaient, ils riaient, ils se liaient d’une amitié forte et parfois, ils fantasmaient, plus ou moins consciemment. Surtout maintenant qu’elle se remémorait qu’elle l’avait autorisé à l’embrasser s’il le voulait, elle prenait fortement conscience qu’elle en avait envie aussi et forçait ses iris et son esprit à se concentrer sur autre chose.
Si désormais elle l’observait, c’était pour attendre sa réaction suite au croc qu’il avait mis dans sa pâtisserie. C’était idiot, ce n’était qu’une pâtisserie et ce n’était sûrement pas la première fois que Joseph en mangeait mais la moindre de ses réactions, comme s’il redécouvrait la vie véritable finalement, la faisait sourire tendrement, simplement heureuse d’assister à tout ça en direct. Si elle était timbrée, pour sûr qu’elle aurait pris son téléphone pour le filmer – ok, elle était assez fêlée pour y avoir pensé un instant mais pas assez pour avoir franchi le pas. « Ça me fait plaisir que tu l’aimes. Je te ferais goûter tous mes préférés si tu veux. » Et Joseph savait combien sa petite cochonne était gourmande, il allait en bouffer des gâteaux s’il acceptait le défi.
Et puis naturellement, la discussion en était venue au logement prochain de Joseph et plus exactement pour ce soir. Elle ne savait pas s’il avait eu une aide quelconque à l’intérieur de la prison pour l’aider à se réintégrer socialement et ce, en commençant par le logement à la sortie. Visiblement non et elle ne pouvait s’empêcher de penser à tous ces hommes et toutes ces femmes, complètement seuls en sortant de prison, qui devaient sûrement se retrouver littéralement à la rue. Ça lui foutait des frissons dans le dos et il était évidemment hors de question pour elle de laisser Joseph vivre cette expérience. « Me déranger ? Qui a dit que tu me dérangeais ? Tu peux rester quelques semaines, j’ai une chambre en plus. Ça me dérange pas du tout, tu sais bien que je n’aurais pas proposé dans le cas contraire. » Une chambre/bureau à vrai dire, avec un canapé qui se dépliait, rien de fou mais sûrement bien assez pour lui. Elle aurait aimé lui dire qu’il pouvait rester autant de temps qu’il voulait mais il ne fallait pas se voiler la face. Le loger, pour elle, ça comprenait la facture d’eau, l’alimentation, les produits d’hygiène etc. Si elle pouvait le faire quelques semaines, ce n’était pas possible sur des mois, elle n’avait pas le job pour ça et elle le savait, malheureusement.
Mais ce n’était pas le moment pour y penser. Elle voulait juste profiter de cette plénitude ambiante ou rien ne semblait pouvoir les atteindre. Même si le sérieux était parfois de mise dans leur discussion, leurs paroles gardaient cette teinte joviale, cette étincelle d’espoir qu’elle trouvait indispensable à ce jour. Elle aurait aimé lui parler travail, lui demander si on l’avait aidé à l’intérieur de la prison pour trouver un petit job à sa sortie – si on l’avait aidé tout court pour quoi que ce soit d’ailleurs – mais comme il l’avait précisé, il ne voulait plus voir ni entendre parler de la prison. Alors elle se taisait et se concentrait davantage sur des futilités. « Est-ce que tu essaies de te faire des restes pour plus tard ? » Elle se marrait parce que ce petit cochon s’en mettait partout et notamment une tâche sur le visage. Pas au coin des lèvres, pas non plus sur la joue. Un entre deux sur lequel elle glissait son pouce pour faire disparaître la fautive de sa distraction. Elle était près, trop près de lui. Elle se perdait de nouveau dans son regard, son pouce s’attardait dans sa barbe naissante tandis que son palpitant loupait naturellement quelques battements sous le coup de l’adrénaline. L’attirance. Indéniable, trop palpable. Elle s’était lue dans les mots, elle se voyait dorénavant dans les gestes et s’entendait dans un murmure inattendu et si évident à la fois. « Embrasses-moi. » |
| | | | (#)Sam 28 Sep 2019 - 10:37 | |
| Ils s’échangent le même regard : ils pensent à la même chose, visiblement. Leurs joues sont rougies, à tous les deux, comme celles de deux adolescents qui ne savent pas comment l’univers de la romance fonctionne et qui expérimentent encore les joies des premières curiosités. Joseph n’a jamais éprouvé de sentiments amoureux et il n’a pas l’impression que cette nouvelle émotion s’est plantée au fond de son ventre ce matin, mais il ne pourrait pas nier son envie de se rapprocher d’elle pour simplement humer son parfum. Les femmes, il n’a jamais su comment les approcher sans perdre complètement la tête puisque son expérience se résume à prostituée après prostituée. Le jeu de la drague ne lui est pas familier et, bien que Deborah lui ait donné l’autorisation de l’embrasser par le biais des lettres, une fois devant elle, il ne semble plus avoir conscience de ce qui est bien ou mal. Alors, il ne fait rien : il garde son dos bien collé contre le tronc de l’arbre pour ne pas sortir de sa zone de confort, préférant éviter de bousiller leur véritable rencontre. Ce serait bête de tout gâcher. Malgré les signes qu’elle lui envoie, ces regards sur ses lèvres souriantes, son rire tellement contagieux qui témoigne du réel bonheur qu’elle ressent en sa présence et sa façon de le bousculer pour forcer un contact, peut-être parce qu’elle a elle aussi besoin d’entendre les battements de son cœur au fond de sa poitrine, il n’a pas le courage de tenter ce qui pourrait être une erreur. Il en a commis bien trop dans le passé.
La perspective de goûter mille et une pâtisseries dans le futur ne lui déplaît absolument pas et il fait comprendre son intérêt en hochant la tête, essuyant ses lèvres du revers de la main pour se débarrasser des miettes de lamington. C’est toutefois un malaise qui s’installe dans ses tripes lorsque son amie lui propose de s’installer chez elle pour la nuit. Il est comme ça : il a toujours pensé qu’il ne devait pas s’imposer aux gens… normaux. Comme s’il était une malédiction, une sangsue qui s’accroche à la première veine, un moustique porteur de la malaria. Mais peut-être qu’il a changé après trois ans en prison, au fond. Peut-être devrait-il se donner une seconde chance. « Me déranger ? Qui a dit que tu me dérangeais ? Tu peux rester quelques semaines, j’ai une chambre en plus. Ça me dérange pas du tout, tu sais bien que je n’aurais pas proposé dans le cas contraire. » Les lèvres pincées, il cache son ressenti derrière un visage fermé à la moindre émotion. Il décide finalement d’arrêter d’oublier de respirer et il sourit doucement en acceptant son offre, bien qu’il doute de ses capacités à lui voler son appartement plus que quelques jours. Dans le moins pire des scénarios, il n’aura pas le temps de devenir un fardeau, une seconde bouche à nourrir, une masse qui écrase un des côtés du lit de manière permanente. Il trouvera un boulot rapidement et un nouvel objectif à atteindre. Il est libre, aujourd’hui. Il peut faire ce qu’il veut – malgré ses nombreuses limitations. Un diplôme d’études supérieures l’aurait bien aidé à ne pas s’inquiéter davantage. « Très bien, alors, j’accepte de te faire honneur de ma présence chez toi. » qu’il plaisante, conscient qu’elle comprendra qu’il fait évidemment du sarcasme. Ses chevilles ne sont pas si larges qu’il le prétend.
Et la tension monte soudainement. Mais c’est une tension agréable, celle qui fait bourdonner le ventre, celle qui hérisse le poil sur les bras. Le doigt de Deborah s’aventure là où il aurait oublié de nettoyer son visage. Un gloussement timide le secoue tandis qu’il comprend à quoi elle faisait référence en parlant de « restes pour plus tard » et il baisse très légèrement les yeux quand elle s’approche dangereusement de lui. À travers la chaleur des rayons du soleil australien, il sent la chair bouillonnante de la jeune femme comme une aura écarlate qui enrobe sa silhouette. Il redresse le regard quand il sent ses deux iris noisettes l’avaler et il déglutit, incapable de supporter la pression plus longtemps – elle ne veut pas ce rapprochement, c’est impossible. Il aurait reculé son corps si la voix mielleuse de Deborah ne s’était pas glissé jusqu’à ses tympans au rythme d’une danse sensuelle. Un simple « embrasse-moi » qui n’a pas la force de le déstabiliser comme il attendait secrètement sa venue. Et il n’attend pas. Parce qu’il ne peut plus attendre. Il glisse sa main près du cou de la belle et glisse ses doigts dans le bas de sa chevelure pour prendre le contrôle de sa tête qu’il approche doucement de lui. Les baisers, il sait faire, il les a toujours adorés, parce qu’ils étaient promesse d’une plus grande aventure. La jeune femme bascule vers l’avant, ayant perdu son équilibre, et il profite de sa chute douce pour plaquer ses lèvres sur les siennes. Il apprécie chaque parcelle de sa peau sucrée, approfondissant le baiser seconde après seconde sans pour autant se permettre d’inviter sa langue à la balade. Brûlé par le feu de l’action, il ne constatera que plus tard que c’est bien la première fois qu’il embrasse une femme sans avoir l’intention de ne plus jamais la revoir après. |
| | | | (#)Dim 29 Sep 2019 - 13:44 | |
| Ils s’étaient glissés entre eux. Plus que des mots, ils étaient devenus une arme de destruction massive ou un lien d’autant plus fort et étroit. Tout reposait sur les épaules du brun quand Debra s’était contentée de faire appel à son instinct. L’envie en souveraine, elle avait été sans filtre. Exprimer son désir en inculquant un ordre auquel il avait le choix de réponse. Elle lui avait maladroitement refilé la patate chaude, les responsabilités de l’acte mais pas les conséquences. Elle savait déjà, au fond d’elle, que quoi qu’il se passe, ça n’allait rien changer. Qu’il refuse, elle le comprendrait. Qu’il s’exécute, ça n’empêcherait pas leur amitié. Les choses étaient trop claires et limpides entre eux pour que le choix engendre des conséquences. Pas de sentiments amoureux, juste cette attirance qu’ils ne savaient pas cacher ni contrer, cette tension qui, une fois trop palpable, devenait insupportable et leur donnait le besoin de l’évacuer – ils expérimenteraient plus tard que cette soupape de sécurité allait se retourner sévèrement contre eux. Un baiser, rien qu’une fois, c’est tout ce qu’elle demandait. Peut-être qu’ils seraient moins gênés après ça. Ça serait fait, ils n’en parleraient plus et arrêteraient de se bouffer du regard. Comme un interdit à franchir, tels des gosses qui veulent toucher le four trop chaud quitte à se brûler les doigts et plus rien. L’expérience faite serait tout aussi vite oubliée, mise de côté, classée.
Elle était dans le tort de penser comme ça. De croire que ça ne serait rien, juste un baiser tendre puis qu’ils allaient simplement se dire « bon bah voilà, c’était cool » et continuer de discuter comme si de rien était. C’était son corps entier qui lui donnait tort. Dès l’instant où les doigts de Joseph effleuraient ses cheveux, à partir du moment où elle s’était laissée tomber vers lui, quand leurs lèvres s’étaient délicatement posées les unes contre les autres, ça ne suffisait déjà plus. Si son esprit semblait soulagé, apaisé d’avoir simplement testé et apprécié l’instant, son corps appelait à un peu plus que ça. Il répondait juste à l’évidence qui se posait entre eux depuis (presque) le début. Il répondait au désir qui avait déjà brûlé leurs mots posés sur papier, à l’envie omniprésente de l’autre qui s’était manifestée par la demande de photos de la part de Joseph et par l’envoie de ces dernières par Debbie. Ils se désiraient, ceux qui avaient assisté à la naissance de leur relation le savaient, eux les premiers. L’estomac de l’ébène se retournait, son cœur battait à tout rompre, sa peau frissonnait et son souffle devenait un peu plus chaud entre chaque baiser. C’était elle qui invitait à plus. C’était sa langue qui allait à la rencontre de la sienne, c’était son corps qui allait à la rencontre du sien.
Elle se mouvait, s’approchait encore, beaucoup trop mais elle ne réfléchissait plus vraiment et se laissait simplement guider. En moins de temps qu’il ne fallait pour le dire, elle s’était glissée au-dessus de lui. D’abord à califourchon, elle avait fini par prendre place face à lui, s’asseoir sur ses jambes et entourer sa taille des siennes. Au plus proche de lui, son corps pressait le sien à l’instar de ses lèvres qui n’avaient quitté les siennes qu’une dixième de secondes. Quand elles se séparaient enfin, les dents de la poupée accrochaient sensuellement – pour ne pas dire sexuellement – les lippes de son partenaire, un sourire tendre, presque séducteur, étirant les siennes. « C’est pas désagréable ce goût chocolaté. » Et tout le reste. Ce rapprochement radical, cette timidité disparue, écrasée par l’audace. Elle aurait dû être gênée, se confondre en excuses de s’imposer ainsi alors qu’il n’a pas été aussi proche d’une femme depuis trop longtemps. Elle ne serait pas Debbie si elle le faisait, elle ne serait pas cette femme qui aimait jouer avec lui sans jamais dépasser les limites. Ils les avaient établies les barrières, ils les avaient posés les limites mais ce n’était pas interdit de s’en approcher, de s’en amuser, exactement comme elle le faisait alors que ses lèvres frôlaient les siennes sans jamais les embrasser, son souffle se mélangeant au sien, son sourire se muant presque en défi, en provocation ultime. « Je me demande combien de temps tu peux tenir avant que ton corps réagisse... » Avant qu’il ne bande, clairement. « Il suffirait d’un mouvement malencontreux de ma part. » Leurs bassins étaient si proches et elle s’en amusait un peu trop. « Je paris une minute et trente secondes. Si c’est bien avant ou bien après, tu gagnes. Si on s’en approche, je gagne et tu me montres tes talents existants ou non de cuisinier pour le dîner de ce soir. » what did you expect ? |
| | | | (#)Jeu 10 Oct 2019 - 6:47 | |
| Le contact presque charnel s’éternise. Si le jeune homme s’attendait à ce que le baiser ne se résume qu’à un effleurement timide, Deborah, elle, avait décidé de ne pas jouer qu’à moitié, comme si elle attendait depuis le début de leur échange de missives de goûter la saveur de ses lèvres. Il n’est pas contre l’idée – autre contraire. Son corps s’approche du sien et il l’accueille chaudement, glissant l’une de ses mains dans le creux de ses reins pour la coller à ses hanches, réflexe d’un garçon qui n’a pas profité du plaisir à deux depuis des années. Il fait danser sa langue contre la sienne, insouciant des usagers du parc qui pourraient les lorgner de façon mauvaise. Ils ne sont que tous les deux au pied de l’arbre qui leur appartient désormais. Et son parfum, il le déguste enfin et s’en délecte complètement comme si aujourd’hui serait sa seule occasion. Quand le baiser prend fin, à sa plus grande déception, il rouvre enfin les paupières pour se laisser aveugler par la brillance dans le regard de son amie. Un air coquin et malicieux étire les traits de son visage, il hausse un sourcil, amusé, et penche la tête sur le côté en laissant un énième regard descendre jusqu’à ses lèvres rosées – il veut les embrasser à nouveau. Il ne faut pas le cacher : seul le côté public du lieu l’empêche de se lancer dans la plus grande aventure. « C’est pas désagréable ce goût chocolaté. » Il se mord le bout de la langue pour s’empêcher de répondre, certain que sa voix serait bien trop mielleuse, comme ses pensées divaguent trop loin. Il se connait bien : son tempérament change considérablement quand son sexe prend les commandes de son corps. Il est plus joueur, insistant, provocateur. « Je me demande combien de temps tu peux tenir avant que ton corps réagisse... » Il se retient de rire, Joseph. Parce que ça l’amuse de comprendre que Deborah n’a réellement aucune idée de l’importance de l’effet qu’elle lui fait. Ou, c’est peut-être son côté naïf qui l’empêche de croire qu’il pourrait déjà être serré au niveau des pantalons – elle s’attend à quoi, aussi, il n’a pas touché à une femme depuis trois ans. Il est de nouveau le jeune puceau de vingt ans qui ne sait pas retenir les réactions naturelles de son corps. « Il suffirait d’un mouvement malencontreux de ma part. » Il la laisse s’enfoncer dans l’ignorance, parce que ça l’amuse un peu trop. Le mouvement malencontreux a déjà été exécuté et il s’agissait du baiser de braise qu’ils s’étaient échangé à l’ombre du feuillage. « Je paris une minute et trente secondes. Si c’est bien avant ou bien après, tu gagnes. Si on s’en approche, je gagne et tu me montres tes talents existants ou non de cuisinier pour le dîner de ce soir. » Il a déjà perdu le pari, malheureusement pour Deborah. Elle devra goûter à l’une de ses fameuses recettes de ramen instantané, s’il se souvient encore commencer verser de l’eau bouillante dans un bol sans se retrouver à l’hôpital avec une brûlure au troisième degré. « Je te trouve... bien naïve. » Il a hésité parce qu’il a cherché le bon mot. Quand tout son sang est condensé dans son bas ventre, il doit réfléchir plus longtemps pour ne pas lancer n’importe quelle connerie. « T’as envie de ramen, ce soir ? » Et, seulement après avoir admis sa défaite, il se rend compte du double sens de sa phrase : il vient littéralement de lui révéler la présence d’une érection juste en dessous de sa taille à elle. Il oublie de respirer quelques secondes, ses joues se teintent d’une couleur rose (pas rouge, parce qu’il n’a plus assez de sang dans sa tête) et il se racle la gorge en détournant les yeux pour s’empêcher de l’admirer comme si elle était nue par-dessus lui. « J’regrette énormément d’avoir choisi le parc. » C’était son idée à lui d’aller rendre visiter à la verdure à sa sortie de prison. Rencontrant à nouveau son regard, il se mord la lèvre inférieure avant d’admettre, le souffle court et la voix cassée : « En vrai, c’est d’la torture c’que tu me fais. » Son sourire est minuscule mais il n’y a aucune rancune dans le ton de sa voix, seulement un peu de déception, parce qu’il sait que la fusée ne décollera pas et qu’il devra boiter le reste de la journée. Il ne lui en veut pas, à Deborah, elle doit aussi se sentir dans la même situation puisque c’est elle qui a évoqué le jeu sexuel en premier lieu. |
| | | | (#)Lun 4 Nov 2019 - 15:02 | |
| Elle jouait avec lui, elle s’amusait de toute cette ambiguïté qui s’était lue dans leurs mots sans aucun d’eux ne cache cette envie express de jouer. Peut-être un peu trop. Peut-être même égoïstement. Le baiser s’était éternisé, les mains de Joseph s’étaient naturellement faufilées au creux de ses reins pour appuyer le contact entre leurs corps qui s’appelaient sans qu’aucun des protagonistes n’y répondent vraiment. Ils frôlaient les limites, les repoussaient davantage mais ne les franchissaient pas. Elle n’avait clairement pas conscience de ce qu’elle provoquait chez lui, si loin de s’imaginer ce que ça pouvait faire d’être privé de relation intime pendant plusieurs années. Elle était prête à parier une minute trente… ce n’était pas grand-chose pour beaucoup mais c’était déjà trop pour un amoureux des femmes comme Joseph. Elle aurait dû s’en douter. A sa façon de la tenir, à son regard sur ses lèvres rosées par le baiser échangé, à sa manière de la regarder tout court. Il avait déjà envie d’elle et la manifestation physique de cette envie n’avait même pas attendu qu’elle lance le pari. C’était elle qui avait perdu… et pourtant.
Elle le laissait parler. Il confirmait l’évidence. Elle était naïve de croire qu’un baiser aussi appuyé n’avait encore rien provoqué. Elle réfléchissait déjà à ce qu’elle pourrait lui faire à manger – pour lui faire plaisir notamment, c’était son jour de fête après tout – quand la proposition de Joseph venait mettre son esprit dans la confusion. Des ramens ? Pourquoi des ramens ? Il a envie de ramens ? … et puis elle comprenait. Il avait mal compris ou elle s’était mal exprimée, peu importe, mais Joseph se pensait perdant du pari et obligé de cuisiner – et par la même occasion, il lui confirmait que si elle avait le malheur de trop bouger, elle sentirait toute son ardeur sous son fessier. Un instant de flottement où elle ne disait rien. Oh non, elle n’allait pas lui révéler qu’il s’était malencontreusement fourvoyé et elle comptait bien le laisser cuisiner ce soir, même si ce n’était que des ramens, ça ne lui ferait pas de mal de se retrouver face à la vie et notamment le fait de devoir cuisiner pour manger. « A vrai dire, pas vraiment. » Ce n’était clairement pas de ramens dont elle avait envie ce soir. « mais je m’en contenterais pour cette fois. » parce qu’il était hors de question de lui révéler qu’elle avait envie de lui. C’était évident mais y poser les mots serait un risque trop grand. Ils n’allaient tout de même casser ce pseudo contrat régissant leur relation intime – ou plus précisément l’interdiction de leur relation intime – dès le premier jour.
« Je t’en veux un peu aussi. » disait-elle non sans un sourire amusé. Non, elle ne lui en voulait pas d’avoir choisi le parc. C’était juste l’occasion d’enfoncer un peu plus le clou, de le rendre un peu plus fou à l’idée que s’il avait choisi un autre endroit, ça n’aurait pas été qu’une question d’imagination de la voir nue. Quitte à jouer, autant le provoquer jusqu’au bout, pas vrai ? « Ne fait pas ça. » un murmure presque inaudible entre eux – qui l’était d’ailleurs parce qu’elle avait murmuré en même temps que Joseph qui soulignait la torture qu’elle lui faisait subir – une pensée pour elle-même quand elle l’avait vu se mordiller la lèvre. Contrairement à elle qui le chauffait volontairement, il arrivait à susciter son envie sans rien faire de plus qu’être lui-même. Injustice. « Il fallait réfléchir avant de m’autoriser à être ta premières fois pour tout ce que je veux. » en ultime provocation, elle s’était redressée sur ses genoux pour se faire plus grande que lui et avait déposé sur ses lèvres un baiser bien trop chaste pour la situation actuelle avant de se retirer. Première amie, premier café, premières larmes, premier baiser, premières envies et première bandaison publique. Ça faisait déjà beaucoup et c’était bien assez pour ne pas être sa première amante – et puis à vrai dire, c’était bien trop drôle de le savoir en difficulté avec son érection que de la satisfaire. Et Dieu sait qu’elle allait s’en amuser de sa démarche en canard, qu’elle allait même réussir par lui faire penser à autre chose. La journée allait s’écouler à une vitesse si folle que le voile obscur de la nuit allait se déposer sur la ville bien avant qu’ils n’aillent chez elle. La nuit promettait d’être courte, bouffée par des rires provoqués à base de ramens loupés, de révélations entre deux sucreries avalées. Leur amitié se confirmerait au fil des heures, se tissant d’un fil d’or faisant toute sa préciosité. fin du sujet |
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