Les journées étaient de plus en plus longues pour Cadburry. La pile de travail à la boutique ne désemplissait pas et il commençait à haïr son meilleur ami de l'avoir abandonné sans lui apprendre les ficelles du business avant. Elwyn était bon pour la vente: il connaissait tout lorsqu'il était question des derniers comics à la mode et autres délires geek du moment mais lorsqu'il fallait se plonger dans un bilan comptable, il était obligé de se référer à des ouvrages de référence du type "la comptabilité pour les nuls". Autant dire qu'il envisageait de s'engager dans une équipe bouzkachi histoire de se défouler un peu. Être à cheval et essayer d'attraper la carcasse d'une chèvre pour la déposer dans un cercle tracé au sol, le tout lui semblait plus plaisant que se perdre dans le plan comptable général. Oui, il en était à envier les afghans et en vue de leur situation depuis plusieurs années, c'était le signe d'un craquage soudain de la part de l'invincible Cadburry. Cela dit, la fatigue l'aidait à avoir des centaines de milliards d'idées supplémentaires dans son cerveau malade. Comme il avait besoin de penser à autre chose qu'à sa surcharge cognitive, il se perdait dans des documentaires animaliers qui duraient plus de deux heures. Quand il n'avait pas la force oculaire pour se retrouver devant la télévision, il se retrouvait dans un nouveau délire en essayant de créer un bateau surpuissant, sans savoir réellement pourquoi. Au bout du compte, ses journées étaient chargées plus qu'elles n'auraient dû et lorsqu'il retrouvait le doux cocon de la colocation, il était déjà suffisamment tard pour que Nea fut déjà au lit, sans parler du petit. Ce soir là, le week-end battait son plein et lorsqu'il ferma boutique pour se rendre chez lui, il constata bien vite que sa colocataire n'était pas dans les parages. L'appartement n'avait pas été rangé, signe quelque peu inquiétant pour Elwyn. Nea était bien plus control freak que lui, la preuve, elle avait tout nettoyé à sa place lors de ses derniers débordements après une nuit trop active. Il avait culpabilisé les quelques jours suivant, se mettant aux fourneaux en testant toutes les recettes à la mode de Marmiton, de quoi effrayer n'importe qui dans le quartier. C'était le problème avec Elwyn: il commençait quelque chose et dérivait sur une seconde tâche avant de revenir à la première, ce qui pouvait présager un incendie lorsqu'on le trouvait en cuisine. En dehors de ce petit défaut, il n'était pas si mauvais que cela lorsqu'il était véritablement concentré sur sa mission. Finalement, les chose s'étaient tassées, la colocation reprenant son rythme normal: Theo et Elwyn s'amusant avec les affaires de Nea alors qu'elle se vengeait parfois, selon ses humeurs. Il la voyait toutefois moins ces derniers temps même s'il ne l'avait pas interrogée à ce sujet, chacun sa vie, non? Il ne chercha donc pas à savoir où elle était, se posant sur le divan avec un bon vieux paquet de Skittles avant d'entendre son téléphone vibrer. Un texto de Nea. Peu clair, pour être honnête. Les lettres étaient mélangées mais il arriva à comprendre qu'elle avait besoin d'un taxi pour la ramener d'un quelconque bar dans le quartier voisin. Ni une ni deux, il se releva et se dirigea vers l'adresse donnée. Il la vit au comptoir à peine eut-il mis deux pas dans la bâtisse, peut être parce qu'on entendait qu'elle, allez savoir. Elwyn s'assit sur le tabouret voisin, amusé. "Il y a des faits qui sont très surprenants dans ce monde comme le fait que la "Beyoncé" est une rare variété de mouches à chevaux tandis que le "Bob Marley" est un petit crustacé suceur de sang qui s'attaque aux poissons dans les récifs de corail mais... Voir Nea complètement hors de bord? Là, on atteint un niveau de surprise jamais atteint! Tu m'expliques ton état là ou je te ramène tout de suite?" Il valait mieux commencer par un dialogue, histoire de tâter le terrain parce que Elwyn savait qu'il n'était pas tout à fait sûr de sortir indemne si Nea sortait de ses gonds, ivre ou non.

Eeeeet shot. Encore. Non. La journée de la jeune Burkhardt n'a bien sûr pas commencé sur une ligne de sel, une tequila et sur du citron, mais sa soirée continue ainsi. Les verres s'enchaînent comme des petits pains. Si elle regrettera ses choix le lendemain, pour l'instant, la demoiselle ne s'en soucis guère. Elle tente de noyer ses pensées dans de la liqueur.
Pourtant, ladite journée a bien commencé. Elle n'a pas été réveillée au son de tambours de guerre ou avec cacophonie tonitruante de casseroles. Le futur adolescent n'a pas non plus lutté pour aller à l'école. Cette journée a donc démarré sur un bon pied, avant de se continuer dans un rythme des plus effrénés. Consultations à n'en plus finir, appels incessants de sa mère et des grands-parents du petit neveu, qu'elle a du sciemment éviter, bien trop occupée avec les rendez-vous qui défilent.
Puis, prête à franchir le seuil de sa porte pour savourer le début d'un week-end mérité, des silhouettes bien connues dans la salle d'accueil. Theo, les grands parents de ce dernier. Si l'adolescent en devenir tire une tête de six pieds de long, ce qui a alerté la jeune femme est le dossier. Derrière son bureau, bercée d'incompréhension, un dossier dans les mains, Nea ne cille même pas lorsqu'ils partent...
Alors elle ne s'est plus vraiment comment elle est arrivée au comptoir mais le reste s'est fait tout naturellement. Elle en a descendu, des verres. Beaucoup même. Autour, les gens vont et viennent, si bien qu'elle n'y paie pas grande attention. De quoi parle-t-elle ? Eh bien de beaucoup de choses, mais plus exactement de tout et de rien. Faire connaissance autour d'un verre ? Certainement pas. Quelques téméraires tout aussi éméchés ont tenté de lui faire parler d'un sujet -soi-disant- plus intéressant que le fait que les vers de terre possèdent environs cinq cœurs. Ils ont fini par s'échappés peu après, laissant le pauvre barman subir les récits divers et variées de la brunette. Sirotant son mojito, elle continue de babiller des faits qui n’intéressent apparemment personne avec un débit verbal des plus impressionnant : « ...Et vous saviez que jusqu'en 2013, la bière n'était pas considérée comme une boisson alcoolisée en Russie ? C'est fou non ! Et aussi... » Elwyn peut être fier. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour laquelle Nea se saisit de son téléphone. Ça, en plus du barman qui lui a patiemment -re-demandé si quelqu'un viendrait la récupérer au vue de sa consommation importante de boissons. Elle pense donc à lui. Elle n'est pas sûre que quelqu'un d'autre fasse le déplacement. Un taxi ? Elle serait, à l'heure actuelle, capable de donner l'adresse de ses parents, en Nouvelle-Zélande. "Heeee. Jd sius qu Cqnvas. Vines !" est envoyé à l'égard de son colocataire. Bien que ce message soit quelque peu cryptique, il fait sens pour elle. S'il comprendra ? Elle n'en est pas sûre mais son intérêt est déjà ailleurs : sur les glaçons de son mojito.
Au bout d'un certain temps, -difficile de savoir-, une voix familière s'élève, interrompant la pauvre Burkhardt dans des babillages incertains. Redressant soudainement la tête, un sourire vient à fendre la commissure de ses lèvres. Le fait de tourner la tête si rapidement lui arrache un léger tournis, passager. Si son cerveau enlisé dans de l'éthanol n'absorbe qu'un tiers des dires du jeune quarantenaire, elle s'empêche de rebondir sur les dires de ce dernier quand il évoque Bob Marley. « Ouiiiiiiii ! Elwynnnn ! Mon colocataire préféréééé ! » Son seul, à vrai dire. Sa première colocation, avec une personne autre que sa sœur. Elle fond dans ses bras passant les siens derrière la nuque de son partenaire d'infortune. Une main dans les cheveux châtains du bellâtre et elle finit par nicher sa tête lourde dans le cou de ce dernier. L'alcool la rend apparemment hyperaffectueuse, en plus de bavarde. De cette étreinte, elle ne peut s'empêcher de renifler le parfum masculin : « Tu sens l'cookie, Chou... T'as cuisiné ? Tu m'as fait des cookies ?! » Nea finit par se détacher avec une certaine lenteur. Désinhibée et sans filtres, elle l'écoute de nouveau, les yeux pétillant plantés dans les siens, la bouche en cœur. « Night is young ! Nooon ne me ramène pas de suite ! Profite de mon mojito tiens ! Mon état ? Quel état ? C'est mon état normal... après quelques shots de tequila, quelques verres de rhum... de... » Deux verres translucides apparaissent devant eux, le barman leur précise qu'il s'agit uniquement d'eau. Nea affiche une moue renfrognée et boudeuse, elle reprend de plus belle : « Tiens, tu savais qu'avant, y'a très très trèèèèès longtemps, les thermomètres étaient rempli d'eau de vie ? Pas d'mercure ?  C'est fou ce gaspillage ! » Elle acquiesce comme pour confirmer ses dires, mettant la paille de son feu mojito dans la bouche. Elle a la sensation d'oublier quelque chose ; d'oublier quelle est la question qu'il lui a posé, ou encore, comment elle est arrivée là. Néanmoins, les papiers officiels imbibés de divers liquides sur lesquels gisent les carcasses des breuvages annoncent une couleuvre qu'elle refuse d'avaler.

@Elwyn Cadburry

Il ne l'avait jamais vu dans cet état, c'était peu dire. Nea était la raison incarnée. Enfin, entre eux deux, ce n'était pas bien difficile bien sûr mais elle ne se laissait pas souvent sombrer. Pas dans l'alcool en tout cas. A l'inverse, elle avait tendance à prendre le taureau par les cornes et commençait par insulter Elwyn de toutes sortes de noms d'oiseaux pour se calmer. A croire que déverser sa frustration sur son colocataire l'aidait beaucoup à y voir plus clair habituellement. Apparemment, sur ce coup-là, elle ne l'avait même pas envisagé. A la place, elle était venue jusqu'à ce bar relativement animée, parlant fort et de tout et n'importe quoi. Dans d'autres circonstances, Elwyn aurait été fière de la voir aussi détachée et loin de tout contrôler mais pour être honnête, il était plus inquiet qu'autre chose à cet instant précis. Il ne savait pas ce qui s'était passé mais cela avait l'air de ressembler à un coup d'état digne de Napoléon. Cela tombait bien qu'il faisait cette analogie puisqu'il avait regardé un documentaire passionnant sur le sujet la veille. Ce n'était pas pour autant que tous ces visionnages de reportages et autres réjouissances allait l'aider à sortir sa colocataire de son délire alcoolisé. Ils faisaient la paire ces deux là. Elwyn repensait à la semaine passée où il s'était pris un poteau à cause d'une petite vieille et il commençait à se dire que le karma avait l'air de bien s'amuser en s'acharnant sur cette colocation. Il aurait dû penser à faire une enquête sur la question parce que c'était statistiquement improbable qu'autant d'occurrences négatives leur tombent dessus en si peu de temps. Elwyn avait beau être bien au point sur la loi de Murphy, il y avait bien plus grave qu'une pauvre histoire de tartine qui tombait par terre forcément du côté beurrée. Le tout était plus tragique que cela, lui avait failli perdre son cerveau en se détruisant les arcades et maintenant, Nea était à un verre de danser sur le comptoir du bar. Ce n'était pas que l'idée ne lui plaisait pas mais il se doutait pertinemment que la jeune femme lui en voudrait à mort s'il ne la stoppait pas avant de faire quelque chose de regrettable. Pour le moment, elle s'était contentée de barber quelques voisins présents pour la draguer. Ils avaient vite abandonné vu son manque de cohérence, du moins c'était ce qu'Elwyn avait imaginé puisqu'il avait dû presque utiliser le décodage utilisée par la mafia russe pour comprendre son message. Il y avait aussi le barman qui était à deux doigts d'appeler la police pour l'inviter joyeusement à s'inquiéter des boissons russes dans une cellule de dégrisement. Heureusement pour elle, ou malheureusement au choix, Elwyn le raisonnable arriva au moment opportun. Il fut quelque peu surpris de recevoir sa colocataire éméchée dans ses bras. "J'ai failli commenter que t'en avais qu'un... Mais y a le môme quand même. Ce serait moche de l'oublier." Il la laissa humer son parfum alors qu'il l'enlaçait en retour, se demandant combien de verres elle avait bues pour en arriver à ce genre d'extrémités. Ils avaient beau jouer fréquemment à Mario Kart avec des règles un peu différentes, ils n'avaient jamais été du genre tactiles l'un envers l'autre. Lorsque ce fut le cas, Elwyn prit bien vite la fuite, forcément. Cette fois, il ne le pensa même pas, riant de son commentaire. Plus de cinq mojitos au comptoir, non? "Je suis désolé de te décevoir, Burkhardt mais j'ai pas eu le temps de cuisiner, non. J'étais en train de m'installer devant un docu' sur Crepitus, le dieu des flatulences dans la Rome antique quand j'ai eu ton message. Ça doit être mon parfum naturel. Je suis comestible apparemment." Elwyn lança un regard discret vers le barman qui lui fit un geste pour lui décompter le nombre de verres pris par Nea. Bon, la journée avait dû être infâme et vu son état d'ébriété, il n'était pas si étonnant qu'elle ne réponde pas à sa question. A la place, elle préférait geindre d'avoir de l'eau à la place d'une nouvelle tournée mais c'était mieux ainsi. Vraiment. "Oui, quelques verres, je vois bien. Mais les effets de l'eau, on en parle pas assez, je vais pas te faire une thèse mais bois ça et tout ira mieux. On parlera des thermomètres après ou des mésanges qui zinzibulent si tu veux..." Il lui approcha le verre, jouant le rôle de la raison. Une première pour lui. Elwyn n'était pas du tout un spécialiste en la matière, lui qui détruisait les cuisines et autres lieux où la science était reine. [color=indianred]"Qu'est ce que c'est que ce dossier? Tu m'expliques ou je te prive de Strip Mario? Si on doit en arriver au chantage, Nea..."[:color] Il lui fit un clin d'oeil cela dit, se montrant peu sérieux en la matière. C'était lui qui animait ce genre de soirées et il se priverait d'un bon moment également dans l'affaire. Il se tourna vers elle, ses yeux se plantant dans les siens avant de terminer vers le dossier tâché de quelques gouttes d'alcool collantes. L'attente, désormais.

Son cerveau a omis de citer Theo en tant que colocataire. Pourquoi ? Pour des raisons toutes simples. À moins que ce soit uniquement pour faire fi de la surcharge émotionnelle qu'elle éprouve en ce moment. Si une maigre partie de sa matière grise prend bien en compte qu'il est en effet assez moche d'omettre le gamin, elle ravale son commentaire. Commentaire qui aurait pu vendre la mèche sur le pourquoi-du-comment elle en est arrivée là. Elle est plus intéressée par le fait que Elwyn sent le cookie, par exemple. Le sent-il vraiment ? Est-ce juste un appel de son estomac criant famine ? Se mourant pour une crème glacée ? Une Pizza ? Un cookie ?! Cela dit, elle fronce les sourcils  et plisse les yeux à l'entente de son nom de famille. Se met-il sur la défensive ? Se prépare-t-il à lui remonter savamment les bretelle ? Elle finit par arquer un sourcil en l'entendant parler d'un documentaire sur la Rome antique. Il doit probablement lui en vouloir de l'avoir tiré du canapé et fait rater ça. Puis Cadburry confirme. Il est comestible "apparemment". Si elle se voit bien lui mordre le bras pour affirmer à son tour, elle se retient lorsqu'un verre d'eau apparaît sous son nez. Nea, telle une enfant tente de s'esquiver en reportant son semblant d'attention sur les quelques personnes dansantes, trépignant alors sur son tabouret. Le quarantenaire évoque un dossier, elle penche la tête sur le côté, reportant son intêret sur lui. Une moue dubitative, elle finit par se mordre les lèvres à l'évocation de Mario Kart. « Elwyn ! Non ! Tu n'oserais pas ! Vile créature ! Du chantage !! Me faire du chantage, à moi ! Tu peux le dire si tu veux plus que je me déshabille au lieu d'en arriver là ! » s'exclame-t-elle un peu fort, si bien que quelques regards curieux se posent sur eux. À son tour, elle lui appuie un clin d’œil un peu décalé et une mine amusée. Et éméchée, surtout. Oui, elle ne perd pas son humour, quitte à les mettre, tout deux dans l'embarras. « Oh... Ça ? Ça... Pfiou. C'est... » D'un geste de la main, elle mime une explosion proche de sa tête. Car oui, cette nouvelle a eu l'effet d'une bombe. Et ce soudain besoin de descendre les verres plus vite qu'ils ne se remplissent, une conséquence. Un moyen d'absorber la nouvelle, ça en plus de nombreux centilitres de liqueur. Si elle rit nerveusement avec les yeux qui s'embrument, sa main libre s'agite au dessus de la feuille, tentant de la décoller de son support. Sa lèvre inférieure subit une morsure nerveuse alors qu'elle y arrive. Le papier s'agite dans l'espoir de détremper, le pied lui, bat les secondes dans un rythme acharné. Prenant une profonde inspiration en regardant Elwyn, elle finit néanmoins par se détourner pour porter attention à l'égard de son autre voisin : « Dites, vous n'avez pas un sèche-cheveux, avec vous, par le plus grand des hasards ? » Si le crâne dégarni lui répond poliment à la négative, Nea ne peut s'empêcher de contempler de nombreuses secondes l'absence de masse capillaire d'un air intéressé. Là, tout de suite, elle se voit bien écrire sur le crane de ce dernier. Cependant, elle est rappelée à l'ordre d'une quelconque manière. Voyant le regard sérieux-sérieux de Cadburry, elle force sa courte attention sur le dossier. « Ça... C'est juste un papier... D'un juge... des tutelles. Doooonc... Techniquement, tu es mon colocataire préféré car techniquement, tu es le seul qui restera avec moi. Bientôt. À ce rythme là. Enfin, si bien sûr je reste. Ou si tu veux que je reste. Là...Pfiou, tout est flou. » Sourire forcé, une impression nauséeuse s'empare de ses entrailles. Pour l'instant, elle sait pas. Elle sait pas comment faire ; de nouvelles procédures, rendez-vous avec un autre juge, les grands-parents. Si pour l'instant, rien n'est définitif, il faut avouer que cela l'affecte grandement. Alors elle s'est réfugiée dans l'un des seuls réconforts qu'elle connaisse dans ce genre de situation : l'alcool -et la crème glacée-. Si elle ne s'est pas vu se confier plus tôt auprès de Cadburry, c'est d'une part car chacun a ses propres démons à gérer, d'autre part car elle n'est pas sûre de vouloir entraîner son colocataire dans cette spirale infernale. Là, la solitude est grande. Sans Ana, sans lui, sans Theo. Elwyn ? Eh bien, souvent, il la fuit. Dès que la conversation ou la situation devient sérieuse, il a tendance à s'échapper. Dernier exemple ? Il y a quelques semaines lorsqu'il s'est esquivé sans réellement répondre à sa question. Alors peut-être que, cette fois encore, il est prêt à prendre la clé des champs. Aussi, en tant que forte tête aux épaules plus larges qu'elle ne le prétend, Nea a tendance à tout garder pour elle, jusqu'à ce qu'elle implose. Et malheureusement pour lui, cette fois-ci, il assiste au premier rang, au craquage monumental de la brunette : « C'est quand même hallucinant ! Je viens ici, je plaque TOUT. Littéralement TOUT pour Theo et on me dit que je suis incapable de gérer correctement ma vie, alors m'occuper d'un gosse ! "T'aurais du rester à Sydney", "Peut-être que si tu l'avais épousé, ils ne t'auraient pas fait ça", bla bla bla... Des fois je me dis que ça aurait du être moi et pas eux dans cette foutue voiture... » Une multitude de regrets assaillent son cervelet ce qui la plonge finalement dans un mutisme certain, les yeux perdus sur la feuille imprimée. Secouant ses fonds de verre, elle cherche le barman du regard avant de subitement, se tourner vers Elwyn avec une question des plus sérieuses : « Oh, est-ce qu'ils vendent des cupcakes ici ? »
La phase descendante ? Un cupcake comme moyen de décuver et pour changer de sujet. Elle troquerait bien son verre d'eau contre une nouvelle tequila.

Faire une thèse sur les trous noirs et les trous de vers lui paraissait beaucoup plus simple que le dialogue humain. Etonnant, non? Elwyn n'avait jamais été spécialement talentueux pour s'intégrer dans un groupe et ce n'était pas faute d'essayer. Perpétuellement. Rien que la semaine passée, il avait voulu savoi à quoi ressemblait une réunion des alcooliques anonymes. Après une heure passée à déblatérer toutes les statistiques qu'il connaissait sur le sujet, en plus de la présence de glyphosate qui vous bousillait la santé dans la plupart des produits, on avait fini par le mettre à la porte, non sans lui balancer un bon litre de jus d'orange dans la face. C'était son lot quotidien parce qu'il ne faisait pas forcément attention au contexte dans lequel il évoluait, laissant son savoir lui échapper parce qu'il était pris dans une spirale de pensées dont il ne pouvait pas sortir aisément. Forcément, ses expériences ne pouvaient qu'être infructueuses en conséquence: Elwyn n'était jamais assez rigoureux, trop perdu dans des théories rocambolesques pour arriver au bout des choses. C'était exactement le même problème qu'il rencontrait en termes de relations humaines. Il avait énormément besoin de contacts mais il était directement invité à mettre les pieds dans le plat. Il suffisait qu'un sujet de conversation fut lancée pour qu'il le piétine à base de faits et pourcentages déprimants. Les gens n'avaient clairement pas envie de se lier à un robot ou une machine à savoirs. Ils voulaient juste être rassurés, se sentir aimés et respectés malgré leurs failles... Fait que Elwyn avait du mal à faire entrer dans son cerveau définitivement trop rempli pour son propre bien. A partir de ce constat, comment allait-il bien pouvoir sortir Nea de l'impasse à laquelle elle faisait face apparemment? Il n'avait pas les tenants et aboutissants de l'affaire mais il avait au moins conscience de la gravité de la situation. Jamais elle ne faisait de mélanges d'alcools forts, question de principe o de survie... Chose qu'Elwyn ne connaissait pas, l'instinct de survie. Il était tout à fait le genre de personnes à s'approcher d'un animal éminemment dangereux par pure curiosité. Peu importait les conséquences, du moment que la science gagnait. En l'occurrence, la science n'allait pas l'aider sur ce coup-ci et pas sûr que le chantage fut d'une plus grande aide non plus. "Je déconnais, t'emballe pas! J'aime bien trop te lancer des carapaces de diverses couleurs pour te faire un chantage pareil." Evidemment, Elwyn se rendit compte des regards jetés sur eux et à part lancer un geste de salut pour détourner l'attention des hommes clairement curieux de la relation partagée entre ces deux là,il n'eut pas meilleure réponse. De toute façon, l'urgence était ailleurs. L'état de Nea. Cette détresse apparente. Il comprit bien vite que c'était grave en vue de l'état du dossier, du mime de la jeune brune et de son incapacité à former une phrase cohérente lors de la minute suivante. "J'ai déjà essayé de faire sécher un truc avec ça... A part ruiner les documents, ça marche pas des masses. Un coup de papier absorbant ou de congélo et on récupérera l'affaire." Le pire, c'était qu'Elwyn avait vraiment réfléchi pour trouver une technique efficace de séchage. Il en oubliait presque la question initiale qu'il avait posé. Nea était doué pour lui faire perdre toute concentration, c'était un fait établi depuis plusieurs mois, voire même depuis le début de cette bien étrange colocation. Une colocation qu'elle envisageait de quitter? Elwyn fronça les sourcils en entendant la suite de son discours. Il dût rester pantois une bonne minute avant de pouvoir réagir. "Que tu restes? Mais qu'est ce que tu me racontes? Bien sûr que je veux que tu restes, à moins que ce soit toi qui veuille partir là, je sais pas si je peux faire quoique ce soit pour te faire rester mais... Le juge des tutelles? Oh bordel, les grands parents veulent la garde de Theo, c'est ça? Hors de question, ouais. Je l'adopte, moi, je m'en fous ou je le kidnappe, j'en sais rien mais il reste le môme. Je lui ai pas encore tout appris sur le méthylmercaptan, le composé chimique qui donne à l'urine une odeur particulière après avoir mangé des asperges. Il peut pas partir dans ces conditions, faut pas abuser." Il commençait à s'insurger alors qu'il n'avait pas vraiment demandé les détails de ce qui s'était passé pour que Nea se retrouve en possession de ce dossier. Il n'avait d'ailleurs pas lu ce qu'il y avait à l'intérieur et la suite des paroles de Nea ne le conforta pas franchement, bien au contraire. Il se retrouva à se tourner plus fermement vers elle, son regard planté dans le sien, complètement ébahi. "Dis pas ça. Tu peux pas dire ça... T'es exactement là où tu dois être, le petit aussi. Et je sais pas du tout c'est quoi cette histoire de mariage? Nea, bordel, va falloir que tu m'expliques clairement ce qui se passe parce que c'est déjà aberrant que le monde ne sache pas que l'alligator est en érection constante mais là, j'ai le même niveau d'ignorance que tous ces gens justement... Sauf que c'est plus grave parce que je suis ton colocataire, je suis plus que ça..." Il s'arrêta en se raclant la gorge en demandant au barman un bon whisky qu'il avala d'un trait se rendant compte de tout ce qui était dit et qui ne faisait pas sens dans son esprit. "On est amis. Et y a pas de cupcakes là mais les dauphins albinos peuvent être roses, ça te fait sourire? Dis moi que ça va te faire sourire. Je suis nul pour ça, hein?" Le spécialiste des relations humaines dans ce bar, ce devait être le type ébahi derrière le comptoir en écoutant des bribes de leur conversation. Cela dit, Elwyn réussit à poser une main rassurante sur le bras de Nea, un geste qu'il ne s'était jamais autorisé jusqu'ici, était-ce la chose à faire? Il n'en avait aucune idée, c'était une évidence qu'on lisait dans son regard instantanément.

Le mot Cupcake a réveillé chez Burkhardt des envies de pâtisseries, de chocolat et autres glaçages sucrés. Elle est toujours faussement outrée par le chantage mais l'heure n'est pas à Mario Kart. Et encore moins à retirer ses vêtements au milieu d'un bar, remplis de regards indiscrets, curieux. Pourtant, la petite voix de la déraison lui a précédemment hurlé de faire péter le haut et d'aller traîner Elwyn pour se ridiculiser au Karaoké. Néanmoins, cette même petite voix commence à laisser place à... Eh bien à pas grand chose. Juste un brouhaha ambiant. Et ce, à cause de la discussion que les deux colocataires sont en train d'avoir. Le cerveau toujours enlisé, Nea se mord l'intérieur des joues en fixant d'une mine attristée son locuteur. S'il veut bien qu'elle reste, elle hausse un sourcil lorsqu'il n'est pas sûr de pouvoir l'empêcher de partir. Il pouvait toujours lui acheter une douzaine de Cupcakes, donuts ou tant d'autres pour tenter de l'acheter... Du moins, c'est ce que son état alcoolisé raconte. Si elle a envie de rester ? Il est vrai que, tous les jours ne sont pas une partie de plaisir au sein de cette colocation mais elle s'y retrouve bien. Et ce, malgré le fait que de temps à autre, elle doit dépatouiller avec des liquides un peu spéciaux et une tornade de linge dans le salon. Theo aussi, semble bien s'y plaire. Du moins, a semblé bien s'y plaire, jusqu'à ce que ses grands-parents en décident autrement. Ce que dit Cadburry lui arrache un maigre sourire malgré tout. Si l'option kidnapping se retrouve plus réalisable que l'adoption, son cerveau déconnecte partiellement lorsqu'il parle d'asperges. Il veut que le petit neveu reste, uniquement pour servir de cobaye à ses lubies passagères ? Ou pour qu'il tempère sa tante lorsqu'elle se met à lancer des balles en caoutchouc à son égard ? À moins que le grand garçon n'aime pas les asperges et espère en être débarrassé en les refilant au petit pour ses expérimentations... Le poing serré, elle dévisage longuement Elwyn. Nea secoue la tête plusieurs fois, un mélange d'incrédulité et de surprise. Malheureusement pour elle, ce mouvement lui arrache un sentiment de mal-de-mer sur terre ferme. « Non Elwyn. Theo n'est pas sa place. Sa place aurait été avec ses parents -vivants-. Mais ils sont morts. Pouf ! Y'a une voiture, elle a fait bam et pouf ! Ils sont plus là ! Elle est plus là ! » Cracher cela, les yeux embrumés et la gorge serrée... L'émotion remonte. Les souvenirs aussi. Elle tente tant bien que mal de retenir tout ça, mais l'alcool n'aide pas. L'alcool n'aide en rien. Elle en a trop dit, à propos ça mais aussi à propos de ce mariage mort dans l’œuf... de crocodile constamment en érection ? Son cerveau, traite le information avec un temps de latence avancé. Il vide son whisky d'une traite tandis qu'elle tente de calmer la tempête dans son cœur, sa tête. « Oui Elwyn... On est... amis. Juste amis. » finit-elle par souffler à demi-mots. L'image de dauphins albinos rosés dansant dans un océan arc-en-ciel parvient à peine à lui arracher un maigre sourire dépité, en coin. Non, l'humeur n'est plus à sourire. « Je mets quatre pour l'effort. Non. C'est parfait. » Elle refuse de s’apitoyer, de craquer ouvertement. Peut-être aurait-elle du continuer d’enchaîner les verres, profiter de la musique et de parler de Crepi...creeptus avec Elwyn plutôt que de se tenter à faire un walk down unepleasant memory lane. Elle a bien tenté de changer de sujet, parler de tout, de rien, de cupcakes, mais Cadburry s'est décidé à vouloir creuser. Les iris sombres de la jeune femme se pose sur la main alors apposée sur son bras. Une première. Cela en dit long sur son état. Avec une certaine lenteur, elle opine du chef avant de se dérober en douceur : « Je reviens. » Elle se redresse avec un mal certain, puis finit par tituber en direction des toilettes. La traversée est un peu difficile mais au moins, là-bas personne ne verra ses larmes.
Nea retrouve rapidement sa place au comptoir, un peu surprise que personne n'ait daigné porter compagnie à Elwyn. Ou peut-être que certains ont essayé et se sont ravisés. Un peu comme tous  ceux avec qui elle a fait discussion auparavant. À s'en aller au milieu de sa phrase. À portée de  Cadburry, la jeune femme fait courir ses doigts sur l'épaule de ce dernier. Un moyen silencieux de dire "je suis de retour, pour te jouer un mauvais tour." Un peu moins amère que précédemment, elle a besoin d'un nouveau remontant. Pour -tenter d'-enterrer tout ça alors elle fait signe au barman pour deux nouveaux verres. Si celui-ci apparaît sceptique, il finit par leur apporter. Burkhardt siffle rapidement le liquide, feignant de reprendre du poil de la bête : « Bon ! Qu'est-ce que tu voulais savoir ? Ah oui ! L'alligator... c'est un fait intéressant... Je crois. Non pas que je me suis vraiment renseignée à ce sujet. Je te fais confiance pour ça. Bon ben, tu dois certainement savoir que l'orgasme d'un cochon peut durer jusqu'à trente minutes. » Elle acquiesce. « C'est quoi ton record ? » demande-t-elle avec une mine couvert de sérieux. Un sérieux alcoolisé. Elle ne sait même plus de quoi elle parle. Son cerveau est toujours en train de remonter les précédents dires de Cadburry. Une partie d'elle veut noyer son poisson, l'autre lui hurle de déballer son sac. Peine perdue. Elle rit nerveusement : «  Ah ! Mais oui ! L'histoire de mariage ! T'as déjà été marié toi ? Non je parle pas sur les Sims ou sur Skyrim. En vrai, vrai. J'ai failli me retrouver la bague au doigt ! Figure-toi que ce boulet, enfin, c'était un gentil boulet, a demandé ma main dans un restaurant bondé ! Devant mes parents, ma sœur, son conjoint et le Gremlins ! J'te jure ! La honte !! » La minute qui semble durer une éternité a pris tout son sens ce jour là. Elle lève les yeux au ciel en secouant la tête. L'évocation de ce souvenir la couvre d'une euphorie certaine, rapidement tachetée de son amie mélancolie. À moins que le whisky commence à se mélanger aux autres alcools ingurgités. Nea se tourne alors vers lui, appuyant son regard. Avec une franche et ivre sincérité, elle lâche :  « T'as compris Elwyn chou. Si tu me demandes en mariage dans un restaurant, j'te casse les genoux. » Elle force un sourire en secouant la tête. Elle force l'humour quand le cœur n'y est franchement pas. Ses pensées défaillent, ses souvenirs reviennent alors elle en commande un autre, un verre.

La détresse n'était pas son domaine de compétences. En réalité, avait-il un quelconque domaine de prédilection? Elwyn tentait toujours des expériences rocambolesques mais il était loin d'être Archimède ou les types de C'est pas Sorcier. A son échelle, il n'était qu'u scientifique raté, ce qui détonnait largement quand on savait qu'il avait un diplôme de grande valeur de MIT. Il était de toute évidence plus aisé pour lui d'entrer dans la théorie que la pratique. C'était clair lorsqu'il devait réconforter Nea. Dans la théorie, il avait vu des centaines de films ou de séries qui traitaient de tout cela mais dans la pratique, il se retrouver à poser une main réconfortante sur son épaule à dire les premiers mots qui lui passaient par la tête... Autant dire que c'était une très mauvaise méthode. Il savait qu'il aurait dû s'abonner à Femina ou Femme Actuelle, là dedans, il aurait peut être pu résoudre le mystère le plus troublant de son univers: l'univers féminin. Elwyn avait pas mal d'aventures, c'était vrai, mais il n'avait jamais rien compris à ce qu'on lui reprochait réellement. Il avait bien compris que les hormones avaient un rôle à jouer dans l'insatisfaction générale, soit cela soit sa capacité à parler quand on lui demandait joyeusement de se taire. Dans tous les cas, les affaires tournaient au vinaigre très rapidement mais Cadburry n'en avait jamais été vraiment peiné depuis sa première relation sérieuse. Ce qui s'était passé après avait eu beaucoup moins d'importance que ses lectures favorites ou que le réchauffement climatique, à son sens. Il préférait largement s'intéresser aux nombres cycliques et s'extasier devant le fameux 142857 qui, multiplié, finissait toujours par mélanger ses chiffres sans en changer un seul. Bien plus fascinant que ses conquêtes passées. De toute manière, ce n'était pas le sujet du moment puisque Nea se montrait de plus en plus fébrile. Elwyn avait beau le voir, ce n'était pas pour autant qu'il trouvait les phrases parfaites pour lui remonter le moral. "Ouais, mais ils sont plus là. Et ta soeur voulait que ce soit toi qui ait le môme, non? Donc, pas de questions à se poser. Il est là où il faut. Parole d'ami." Que pouvait-il dire d'autre maintenant qu'elle avait balbutié les mêmes mots que lui. Elwyn, lui même, ne savait pas trop pourquoi il avait dit cela. Le mot ami n'avait pas vraiment de sens sorti de sa bouche mais là n'était pas la question. Ce qui était plus inquiétant encore que ces terminologies, c'était de voir Nea tituber jusqu'aux toilettes. Cadburry la regarda partir et revenir avec le même air de désarroi, pris dans le tourment de ses pensées entre ces deux instants. Elle avait l'air de sombrer et il n'était qu'un homme qui gérait à hauteur de quatre sur dix, pas exceptionnel donc alors que c'était elle qui l'avait appelé à l'aide. Elwyn zieuta le fameux dossier sans oser l'ouvrir, c'était à Nea de lui parler de tout cela quand elle se sentirait de le faire. En attendant, il ne pouvait qu'être là pour l'écouter, ce qu'il fit lorsqu'elle réapparut à ses côtés. Le jeune homme se mit à sourire parce qu'elle tentait de noyer le poisson au milieu d'informations capitales. Enfin, c'était quelque peu antinomique puisque le mode de vie des cochons et des alligators était tout à fait capital également pour lui mais la vie de sa colocataire se devait de primer sur le règne animal pour le moment. "Ouais, j'avais vu un reportage à ce sujet, aussi. Est-ce que tu veux vraiment qu'on parle de la durée de mes orgasmes, Nea? De toute façon, je suis pas un cochon ni un alligator. Cela dit, je suis pas un panda non plus et ça c'est rassurant puisque leur activité sexuelle, c'est pas ça hein." Il rentrait dans son jeu alors qu'il aurait dû rester stoïque et attendre plutôt qu'elle débite ses états d'âme mais Elwyn n'avait jamais été un adepte du silence, c'était le moins que l'on pouvait dire. Il se tut pourtant, le temps de siroter son nouveau verre de whisky, se promettant que c'était le dernier s'il devait ramener Nea à l'appartement en un seul morceau. Il avait bien besoin de ce verre cela dit vu l'information qui tomba après tout cela. "Mademoiselle Burkhardt s'est fiancée devant toute sa famille? Wow, on en apprend des choses et c'est à cause de la honte que t'as dit oui? Double wow, est-ce que j'ai le droit de dire que ton fiancé est un poil idiot ou tu vas me castrer? Et comme je suis pas un poisson clown, je pourrai pas changer de sexe donc je risque de pas aimer..." Il se mit à rire naturellement, s'imaginant la scène désastreuse pour Nea. Finalement, il n'était pas le seul à avoir un karma sadique. Elle le cachait juste mieux que lui, ce qui n'était pas une réelle performance vu e bonhomme. "Comme je tiens à mes genoux, je le ferai pas promis. Puis faut jouer la sûreté... Un ascenseur, à la rigueur parce que bon l'ascenseur est aujourd'hui le moyen de transport en commun le plus sûr et le plus utilisé au monde. Sinon, y a le champ de tortues, un parc à thèmes de comics. 'Fin, un restaurant, c'est quand même pas terrible niveau originalité, hein. Même pendant un Strip Mario, ce serait mieux, hein?" Il la regarda avec amusement. Maintenant, il comprenait un peu mieux d'où elle venait, ce besoin constant de contrôle et de fuite. Elle avait dû souffrir de cette pression familiale et elle continuait de la subir malgré la distance qui la séparait d'elle. "Moi marié? A la science, à la rigueur mais pas plus. Est-ce que mon abonnement à Geo Mag compte comme des épousailles ou pas? Là, ça changerait la donne." Il était presque sérieux en posant cette question, il fallait se reprendre puisque rien n'était réglé, absolument rien. "Bon, c'est quoi le plan d'attaque? Je dois utiliser le pistolet Nerf sur qui en premier? Le juge, les grands parents... Dis moi. Je suis ton homme." Il était évidemment capable de faire n'importe quoi pour que Theo puisse rester avec eux, même s'ils étaient loin d'être l'image de la famille idéale. Ils en étaient très loin même.

Est-ce que Nea veut vraiment s'aventurer sur cette pente glissante ? Les yeux plissés, elle détaille Elwyn qui se met à lui dire qu'il n'est pas un panda. Connaît-il son amour pour les pandas roux ? Qu'insinue-t-il ? Contrairement à lui, elle ne s'est jamais réellement renseignée sur l'activité sexuelle des pandas. Alors, elle s'imagine mille et une étrangeté. Au moins, elle saura quoi regarder la prochaine fois, si tant est qu'elle se souvienne du tenant de cette discussion dans les quelques heures à venir. Néanmoins, son cervelet est en train de faire d'étranges connexions car la voilà en train d'imaginer le mariage d'un panda et d'un panda roux ensemble. Témoins et prêtre ? Voilà qu'un alligator vêtu d'une robe de pasteur défile. Tequila, whisky, rhum : magie ! Voilà qu'elle oublie ce à quoi elle est en train ; ce qui est en train de se passer. Le fait qu'elle déblatère sur sa demande en mariage -qui a été des plus catastrophiques-, qu'elle se retrouve à menacer les genoux du pauvre homme à côté d'elle sur un ton des plus sérieux.  En plus de lui, gentiment en train de se moquer d'elle et de son désarroi passé. Est-ce si improbable que cela ? Le fait qu'elle ait été fiancée ? Le fait que quelqu'un ait été assez fou pour s'imaginer vouloir passer le restant de ses vieux jours avec elle ? Peut-être que oui. Probablement que oui. Elle n'a jamais été comme Ana de ce côté et en a subi une lourde pression de la part de ses deux géniteurs. Et la subit encore. Le wow et double wow d'Elwyn confirme ses pensées. Si même lui se met à être surpris de cela... Eh bien elle finira probablement vieille fille, avec cinquante-six tortues et trois chiens. « Eeeh, c'est pas gentil de dire ça ! C'était un peu idiot de sa part, certes. Et oui. Un bon point pour Chou ! Tu m'impressionnes ! Tu montes à cinq ! Disons que, c'était un peu dur de dire "Non" quand tu as ta famille, la bouche en cœur... J'aurai bien aimé avoir la tenue de Ant-Man ou d'Atom pour me rendre microscopique et disparaître, ou tout simplement me téléporter loin de ça. Mais bon. Au moins j'avais du vin, hein. » À ça, elle lève son verre. Le voyant rire, elle se permet de le frapper doucement sur l'épaule en riant à son tour. Pour une fois qu'elle peut en rire, de cette fameuse scène. Elle n'en a jamais réellement parlé, tout comme la débâcle qui en a suivi. « Alors d'abord tu me parles d'érection d'alligator, maintenant de castration et du fait que tu n'aimerais pas tenter... C'est moi ou tu essaies de me faire aller sur des terrains glissants ? » Et à -coup de- genoux, en plus. Une demande de mariage dans un ascenseur ? Ça serait une première. Elle n'a jamais entendu ça avant, en espérant que l'ascenseur ne tombe pas en panne. Heureusement, elle n'est pas claustrophobe. Si cette idée lui apparaît des plus étranges et cocasses, elle est surprise lorsqu'il évoque un champ de tortues. Presque plus romantique qu'une demande publique dans un restaurant uppé. Sauf s'il s'agit de tortues canibales sorties d'un film d'horreur jamais encore créer. L'évocation d'un parc à thème de comics lui arrache un sourire. Combien de Superman ont demandé la main de Batman ? Elle opine du chef ; un restaurant, c'est vue, revue, re-revue. Puis il évoque une partie de Mario Kart avec leurs règles un peu décalé. « Oui ça serait mieux mais... Tu la cacherais où la bague, si tu n'as plus de vêtements, hein ? … Non. Oublie ma question. » Oui, elle préfère l'oublier... au fond d'un trou noir. Ah. Alors elle commence à pouffer légèrement. « Au Japon, on peut bien marier des chanteuses virtuelles alors pourquoi pas des abonnements à Geo Mag ? Oui enfin. Non. Donc Monsieur Cadburry n'a jamais eu la bague au doigt. Intéressant. » Mine mutine et énigmatique, elle se met à son tour à réfléchir au plan d'attaque. Si Elwyn parle du pistolet Nerf, elle s'est pendant un court instant, vu avec des allumettes et un bidon d'essence. Mais il est vrai qu'il est préférable d'éviter les moyens létaux. Il serait dommage de finir en prison. Heureusement, cette idée n'a pas échappé à ses lèvres, scellées par son verre. Elle rejette cette idée sur l'alcool. « Quand tu dis, "je suis ton homme", tu parles bien dans le sens, hitman, huh ? » Car l'ambiguïté repose lourdement sur leur relation. Son plan d'attaque... Le petit démon sur son épaule lui hurle effectivement des horreurs diverses et variées : mettre de la glue dans leur boite aux lettres, faire envoyer des pizzas à cette adresse... L'autre lui conseille d'aller discuter platement avec les grands parents de Theo, puis, dans les derniers retranchements, se tourner vers un avocat... « On devrait casser la vitre de leur voiture et faire un lâché d'escargot dedans. Techniquement, Ana n'a pas vraiment fait de testament donc... sa mort a été si soudaine que voilà. Mais elle m'a dit que oui, si quelque chose devait lui arriver eh bien... Mais on se doutait pas que... Y'a pas de preuves papiers donc... Donc voilà. Puis moi... je suis "que la tantine", hein... Je suis "même pas mariée et j'ai jamais eu d'enfant. Alors pour élever Theo, c'est pas ce qui a de mieux" ! Parce que eux, tu comprends... Ils sont ensemble depuis tant de décennies ! Ils ont élevé leur fils, ils sont "stables", ils vivent pas dans "une colocation", surtout plus à mon âge. » Elle s'énerve en disant ça. Prête à se transformer en Onyxia et à cracher des flammes, elle inspire profondément. Elle le sait très bien qu'elle n'est pas l'exemple modèle, une femme parfaite ; ses parents lui ont fait suffisamment comprendre et elle n'est pas sûre de pouvoir subir les attaques sur deux fronts à l'heure actuelle. Dans tous les cas, Cadburry peut constater qu'entre les deux partis, c'est l'amour fou. Et Burkhardt ne sait pas trop ce que Theo a bien pu dire sur le quarantenaire à ses grands-parents donc... Si elle finit par leur commander de nouvelles consommations, elle lance, désespérée : « C'est peut-être pas une bonne chose de faire des plans pour l'instant... » Les idées loufoques débarquent en masse. Parfois un peu extrême. Malgré elle, son front vient se poser sur l'épaule d'Elwyn. Soupir. Ça tangue.

Elwyn avait toujours été maladroit lorsqu'il était question de réconforter son entourage. Il avait bien essayé quelques fois quand une des poupées de sa petite soeur se retrouvait par inadvertance dans la machine à laver. Evidemment, c'était bien souvent Elwyn qui était à l'origine de ce meurtre infâme mais il ne pouvait pas l'assumer, si? Alors, il partait dans un discours dithyrambique sur la place la poupée au paradis des jouets. Ensuite, i partait sur un résumé captivant de Toy Story pour prouver à sa soeur que jamais rien n'était fini, qu'il y avait toujours de l'espoir quand on allait vers l'infini et au delà! Son enfance s'était résumé à ce genre d'instants où il se mettait en tête de réaliser une expérience scientifique quelconque au détriment des possessions de ses jeunes soeurs. Il n'avait jamais rien dit, question de principe, après tout, il s'aimait vivant et en vue du sale caractère des trois tornades qui lui servaient de soeurs, Elwyn préférait s'éviter cela. Être honnête et rassurant, ce n'était donc clairement pas sa tasse de thé mais il était là bien des années plus tard à continuer à ramer avec une Nea complètement hors de bord à ses côtés. Le jeune homme ne savait pas du tout comment il allait bien pouvoir se dépêtrer de cette situation: à croire que c'était dans son patrimoine génétique de se retrouver dans des histoires extraordinaires où il fallait user de force et de courage pour que tout le monde puisse en réchapper vivant... Bon, d'accord, il exagérait peut être un poil sur ce coup-là puisque personne n'était à l'article de la mort. Il était surtout question du départ de Theo de leur étrange colocation pour aller habiter avec ses grands parents. Cela ne voulait pas dire que le petit allait finir essoré dans une machine à laver à cause d'une connerie d'Elwyn. L'affaire était tout aussi urgente pourtant puisque Nea avait bien du mal à digérer l'information autrement qu'en consommant des doses excessives d'alcool fort. Vu la façon dont elle lui parlait depuis dix bonnes minutes, Elwyn n'était pas dupe sur le fait qu'elle n'aurait pas beaucoup de souvenirs le lendemain matin et en plus, elle aurait une gueule de bois d'enfer. Combo gagnant. "Oh, tu sais, il y en a qui se seraient pas gênés pour refuser. Toi, tu penses juste peut être un peu trop aux autres par rapport à tes voeux propres mais c'est pas forcément un défaut, hein. J'avoue que l'idée du costume aurait été parfaite pour l'occasion. T'aurais pu t'exiler loin, très loin, Pluton ou quelque chose du genre. Dire que ça a la même superficie que la Russie cette planète naine, dingue." C'était une qualité qu'il appréciait effectivement chez Nea. Elle était toujours là pour son neveu alors qu'elle aurait très bien pu refuser de s'occuper de lui lorsque sa soeur et son mari étaient décédés mais la jeune femme était loin d'être lâche. Elle avait mis sa vie en suspens pour apporter un environnement plus ou moins stable au pré adolescent et c'était quelque chose qu'Elwyn ne pouvait que respecter. C'était donc normal qu'elle prenne la nouvelle aussi mal après tous les efforts qu'elle avait faits pour que Theo se sente chez lui avec elle. "Des terrains glissants du genre? Parce que je vois pas de pistes de ski autour de nous là, ni de pentaglisses donc..." Il fronça les sourcils face à la remarque de Nea car, nécessairement, i fallait qu'il comprenne sa phrase au sens propre. Il aurait mieux fait de boire un peu plus pour pouvoir entrer dans le jeu de la jeune femme mais Elwyn devait être l'adulte responsable ce soir là, même si ce rôle ne lui convenait pas du tout. Il était loin d'être adulte, déjà, alors imaginer une seule seconde qu'il puisse prendre ses responsabilités pour mettre sa vie en ordre, une sacrée plaisanterie. Non, lui était plutôt le genre de garçons à réfléchir à cette histoire de bagues. Effectivement, il y avait un problème dans son histoire si une demande en mariage devait être faite à la fin d'une partie de Strip Mario et même si Nea lui avait demandé de passer à autre chose, il termina sa réflexion, pour lui, c'était important d'avoir réponse à tout. "Bah, dans la manette, non?" Il avait déjà toute la scène en tête, un vrai bonheur pour un nerd dans son genre mais l'urgence n'était pas là pour le moment. "En quoi c'est intéressant qu'un quarantenaire comme moi s'est jamais engagé avec personne, en dehors de mes magasines et mes abonnements télévisuels? Même le musée des phallus a plus de succès, tu vois." Le concept était très intéressant selon le scientifique. Il aurait bien aimé s'y rendre un jour pour se rendre compte de l'exploit de voir des organes génitaux de mammifères dans un musée, une première. Avant d'en arriver là, il fallait qu'il sauve Theo du joug de ses grands parents ce qu'il souleva avec intérêt à Nea. "J'adore Hitman, j'ai fini tous les jeux et regardé tous es films donc je suis ton homme, ouais!" Forcément, il ne pouvait pas répondre à la question sous-jacente, il n'aurait pas été Elwyn autrement. Il écouta ensuite les idées rocambolesques de son amie, persuadé que tout était envisageable parce que son cerveau n'était pas vraiment régler comme celui des autres, assurément. "Le coup des escargots, c'est pas mal... Ou des étoiles de mer, tiens, des animaux qui ont pas de cerveau, ça fait toujours son effet! Mais, ils ont tort les grands parents, t'es une très bonne tante et Theo est très heureux sinon il aurait fuguer cent fois déjà. Et puis, elle est très bien notre coloc', non?" Il la regarda avec des grands yeux, cette fois apeuré qu'elle lui dise que ce n'était pas si génial que cela et que c'était peut être mieux si elle la quittait pour retourner dans son ancienne vie. Le tout aurait brisé le coeur d'Elwyn mais il n'en dit rien, réceptionnant la tête de Nea sur son épaule alors qu'il vint passer une main délicate dans ses cheveux. "Tu veux p'tet aller te coucher avant de mettre au moins un vrai plan pour sortir de ce bordel? Je pourrais te border en te racontant des supers anecdotes sur les animaux si t'as besoin. Les requins possèdent deux pénis appelés les ptérygopodes, ça en fait une déjà." Il lui sourit en captant son regard, attendant qu'elle décide de ce qu'elle voulait faire par la suite. Dormir. Boire encore. Escalader un immeuble ou bien manger des centaines de tacos. Ce qu'elle voudrait, Elwyn le ferait avec elle.

La manette. Cela fait sens. Enfin, pour Elwyn peut-être. Pour elle, ce qui fait sens à l'heure actuelle, c'est la fonte des glaçons dans son verre vide. Hitman lance des étoiles de mers sur ses cibles ; ce n'est pas très efficace. Si une scène des plus atypiques a lieu dans sa tête, elle rebranche ses quelques neurones restant pour tenter de suivre le reste des dires de son colocataire. Oui, Theo est un gentil garçon. Et bien que l'âge con approche, il n'a pas encore tenté de fuir, ni de leur poser le quelconque soucis... Et si la coloc est très bien ? La tête trop lourde, elle s'est vue poser cette dernière contre l'épaule d'Elwyn avant même de pouvoir répondre à cette interrogation. Cependant, il semblerait que son cerveau soit en train d'essayer de se faire la malle. Elle tente de redresser le regard, de jeter un coup d'oeil mais, c'est avec une certaine surprise qu'elle réalise que non, il ne s'agit pas d'une partie de sa cervelle, mais d'une main de Cadburry.  Ne sachant pas trop quoi penser de ce doux geste, Burkhardt cligne plusieurs fois des yeux en écoutant les paroles plus ou moins censées du beau quarantenaire. Elle a plutôt pensé qu'il se serait dérobé rapidement, alors, elle est quelque peu surprise. Si surprise que ses petits bras viennent l'enserrer tel un bébé koala. Son cerveau, baignant dans divers liquides éthanol-és commence à dresser une liste farfelue d'activité avant de bugger royalement lorsqu'il propose de la border. Eh voilà. Il recommence, encore. Il cherche, de nouveau à l’entraîner sur des terrains glissants et ce, même si quelques -longues?- minutes auparavant, il a fait mine de ne pas comprendre ! Et là, il a précédemment évoqué le musée des phallus et maintenant les appareils génitaux des requins ! Moue semi-boudeuse, elle plisse les yeux en le détaillant. Doit-elle rebondir en parlant de ces étranges festivals au Japon et en Corée pour la fertilité ? « Elwyn... En l'espace de... Ben je sais pas combien de temps, en fait. T'as pas arrêté de me parler de pénis, d'érection et même d'or-gas-me ! Ah non, ça c'est ma faute. » Elle se met à pouffer de rire. Et étreint un peu plus fort le pauvre quarantenaire. « Alors, tu vois... C'est pas moi qui tente de parler de ça ! Mais je crois vraiment que tu veux que l'on parle de ça. Non ? Non. Oui ? » Dormir ? Non. Il est bien trop tôt ! Ou trop tard. La notion du temps est quelque peu relatif. Surtout lorsque les tequila/mojito/whisky/vodka/gin tonic se sont enchaînés ou déchaînés comme  des petits vieux sur la piste de danse. Mauvaise image. Plutôt comme une horde d'enfants lâchés dans un parc d'attraction. Si elle se verrait bien les pieds dans l'eau, elle pense au fait qu'il y aurait de grandes chances qu'elle se décide à piquer une tête et à ne pas remonter. Morte noyée. Non l'idée ne lui plat guère. « On pourrait... » Bouille mutine, elle plante un regard papillonnant dans les yeux bruns de son interlocuteur. « Rentrer par effraction dans l'aquarium avec des litres de crème glacé et aller observer les requins ? On verra bien s'ils ont ces "ptérodactypodes" comme tu dis ! » Elle n'est plus vraiment sûre du mot employé, mais son cervelet lui laisse imaginer des choses bien étranges. Si cette idée lui paraît généralissime, Nea n'a pourtant pas envie d'être menottée. Du moins pas dans ses conditions. Son esprit dérive sur d'étranges pensées qui lui arrachent un fou-rire. Non ; elle ne va pas partager la teneur de son raisonnement décalé. Elle déverse ses propositions, elle se redresse lentement bien que toujours collée à lui. En douceur, elle décroche ses bras, passant à son tour la main dans les cheveux châtains d'Elwyn. « Ouuu... on sonne à toutes les portes du coin avant de se barrer en courant ? Ou... Eh bien avec des burritos, ou des tacos, ou des hamburgers, ou juste des cookies si tant est qu'on puisse trouver ça... Elle vient à lui susurrer la suite de sa réponse au creux de l'oreille : « On se dirige vers l'appartement et...  »  Ses doigts courent lentement sur le torse habillé du jeune homme et avec un sourire malicieux, elle reprend la suite de sa phrase : « Je sais qu'entre boire et conduire, il faut choisir mais si c'est de la conduite virtuelle, c'est pas illégal, non ? » Oui. Elle est bel et bien en train de lui proposer de faire une partie de Mario Kart, si tant est qu'ils arrivent bien à destination et dans un état pas trop lamentable. À moins qu'il trouve mieux, comme programme ? Un programme plus élaboré ? Ils ont certainement des restes d'alcool dans les placards, des pizzas dans le congélateur. Nea pose à présent son menton sur l'épaule d'Elwyn. Ses mains ont trouvé place sur lui également. Du moins, celles-ci le ceinturent doucement. A-t-elle peur qu'il s'échappe, réalisant dans quel état lamentable elle est ? Proximité oblige et pour enfin répondre à la précédente interrogation quant à la colocation, elle acquiesce d'un air convaincu : « Je t'avouerai que, j'ai eu plusieurs fois envie de brûler le bâtiment... Mais hein, c'était avant. Y'a prescription. Mais oui. Elle est très bien, la coloc. Il faudrait juste que Juanita y mette plus du sien dans les tâches ménagères. Et aussi... Que tu arrêtes de me voler mes sous vêtements. Parce que. Je crois que... y'a quand même plus aéro-dynamique que mes soutifs. Enfin, je sais que y'a pas beaucoup de volume hein... mais toujours est-il que voilà. » Son regard jongle entre les yeux de Cadburry et son haut. « Alors ? C'est quoi le plan, charmant jeune homme ? On continue ici ? On se fait cette entrée "fracassante" dans l'aquarium ? On bien tu me portes sur ton dos et on tente de battre le record de "portée de Nea bourrée jusqu'à l'appartement" en récitant, tour à tour, tous les noms des Pokemon dans l'ordre et celui qui perd à un gage à l'arrivée ? Et je suis trop gentille, je te laisse une longueur d'avance vu comment ça vrille la dedans ! » conclue-t-elle remuant vaguement de la tête. Il est vrai qu'à pied, cela fait un peu loin... Et dans son état, clairement pas faisable sauf si le challenge est pris au pied de la lettre et qu'elle n'ait pas à marcher. N'est-elle pas également en train de surestimer les capacités physiques de Cadburry ? Peut-être. Peut-être est-il un super-héros usant le fait qu'il soit un geek fini comme couverture. Qui sait. Pour ce soir, Elwyn est le héros de Nea. Elle en est convaincue. À l'heure actuelle, plus grand chose ne fait sens dans son esprit. En taxi à la rigueur, mais le record perdrait la moitié de son intitulé. La fatigue ? Quelle fatigue ? Un coup de whisky et ça repart ! Pour combien de temps ? Ca, c'est une autre question...

Elwyn n'avait jamais vraiment osé parler sérieusement avec Nea. En tout cas, il avait toujours fait en sorte de garder des barrières entre eux, comme s'il savait d'ores et déjà que le jour où elles tomberaient, il ne pourrait plus revenir en arrière. Ce jour-là, il ne pourrait plus rester un quarantenaire insouciant perdu dans des inventions extravagantes entre deux visionnages de documentaires diffusés sur le câble. Fatalement, les choses étaient amenées à changer et lorsqu'on habitait avec une autre personne pendant près d'un an, il y avait nécessairement des liens qui se créaient, qu'ils fussent négatifs ou positifs. Avec Nea, le tout s'était entremêlé dès les prémisses. Elle avait toujours montré qu'elle le méprisait parce qu'il était incapable de garder leur appartement dans un état plus ou moins intact, ou tout du moins propre. Ce n'était pas tout le temps le cas cela dit, parfois elle rentrait dans son jeu, s'amusait à lui faire des farces et elle gardait toujours une place pour la soirée colocataire une fois par semaine. Les parties de Mario Kart étaient entrées dans les traditions, même si tout cela semblait idiot pour le reste du monde. Pour Elwyn, c'était loin de l'être, il aimait ces moments simples où ils mangeaient une pizza sans couverts avant de se lancer dans des défis dans le royaume de Bowser à grand renfort de carapaces et autres facéties qui amenaient l'autre dans la panade. Ils étaient capables de jouer toute la nuit, surtout lorsqu'il y avait un pack de bières bien rempli dans le réfrigérateur. Leur colocation était unique à ce point là: Nea savait comment lui parler lorsqu'il allait trop loin ou alors elle lui fracassait le crâne avec un ustensile de cuisine pour qu'Elwyn revienne sur terre mais elle était tout autant capable de rire avec lui, d'être présente pour discuter des heures des tétrapodes alors que cela n'intéressait pas grand monde d'autre sur le continent. Alors, la voir dans cet état de détresse amenait un grand désarroi chez Cadburry, une sensation qu'il n'appréciait pas beaucoup, se sentant peu à la hauteur des problématiques de sa camarade. Après tout, il n'avait jamais vu aucun documentaire sur le processus de tutelle ou d'adoption, encore moins de guerres familiales en tous genres. Il n'était pas armé pour tout cela, mais il pouvait être présent et c'était déjà un premier pas puisque la jeune femme pouvait se moquer de lui comme il n'arrêtait pas de dériver vers des sujets épineux. "Quoi, moi? Qu'est ce que j'ai dit? C'est faux, puis tu sais que y a plus de cinquante pour cent des gens qui fantasment plus sur l'argent que le sexe alors... Pourquoi je voudrais parler de sexe avec toi, hein? Ce serait bizarre non? Oui? Je sais pas, tiens. Après si tu veux, je peux te dire qu'être en altitude augmente les flatulences, tu préfères p'tet ça..." Il aurait presque pu être sérieux en lançant ces derniers mots,comme si la logique voulait qu'il en rajoute pour ne pas se retrouver dans la panade plus encore. Nea n'était que rarement dupe avec lui de toute façon, enfin quand elle était en état de réfléchir correctement, pas sûr que ce fut le cas à ce moment précis. La brune avait décidément trop bu et se montrait bien plus tactile que d'habitude en conséquence, à lui toucher les cheveux, à se retrouver tout contre lui alors qu'Elwyn n'avait jamais su agir ainsi avec quelqu'un d'autre que ses conquêtes éphémères. Nea n'était pas de celles là, clairement pas. Il la regardait avec cet air illisible, certainement parce qu'il ne savait pas lui même ce qu'il pensait à cet instant, elle était tellement belle mais elle était aussi complètement hors d'atteinte, fait établi. "Tu sais vraiment parler aux gens comme moi, c'est fou. Toutes tes idées sont d'enfer, je dois l'avouer mais... Je pense à ton bien être et tout ça risque de finir en nuit en prison, pas sûr que ça fasse bien sur le dossier s'il doit y avoir bataille pour Theo alors... Je suppose qu'un bon vieux Mario Kart sera bien assez dangereux pour le reste de a soirée. Et puis, on peut tester un truc, tu vois, au Moyen Age, on utilisait les prières pour surveiller les temps de cuisson. Par exemple, le temps de préparation d'un oeuf à la coque correspondait à réciter 3 "Notre Père" et 3 "Ave Maria", on pourrait le comparer au temps d'une course? Magique." Ce n'était peut être pas Nea qui avait les idées les plus farfelues finalement mais ce fait avait été prouvé il y avait bien longtemps déjà vu qu'Elwyn avait mis l'appartement à sac à de maintes reprises au cours de l'année passée. Il fallait bien qu'ils en discutent à ce moment précis, pris dans un moment d'intimité unique, où la jeune femme ne pouvait que lui exposer ses ressentis face aux idées idiotes de son colocataire. "Je l'ai toujours dit pour Juanita mais j'ai beau essayer de la dresser, pas moyen, c'est une rebelle anarchiste. On fera avec hein mais si tu peux supporter encore tout ça, c'est tout ce qui compte, tu manquerais trop à cette tortue si tu décidais de partir." Il lui fit un clin d'oeil en se relevant du tabouret, riant des dires de sa colocataire, complètement noyée par son surplus de boissons. "Tout ça est fort intéressant, ma chère coloc' mais vu ton état, on est pas tellement rendus, Pokemon ou pas. Je vais te porter, ça vaudra mieux. Et après, on dit que c'est moi qui parle trop, un comble... Certes, j'en connais un peu plus que la moyenne sur la Cyanea capillata, la plus grande méduse du monde mais quand je bois, je ne deviens pas Nea Bea Burkhardt." Il lui fit son plus beau sourire avant de la soulever de terre sans plus de cérémonie, prêt à la ramener à la maison sans qu'elle ne se retrouve avec quelques égratignures dues au whisky ingéré.

Ah l'alcool. Désinhibiteur. Sans filtre, sans retenue, sans aucune barrière, une Nea transformée. Elle qui a pour habitude de ne pas être -trop- tactile (sauf durant ses séances au cabinet), se retrouve transformée en une sorte de pot-de-colle Bisounours ayant presque le même débit verbal que Claptrap, les blagues borderlines-morbides en moins. Ou presque. En temps normal, jamais ô grand JAMAIS, elle ne se serait permise d'être aussi proche, physiquement, avec le pauvre Elwyn. Là plupart du temps, celui-ci a tendance à s'esquiver, là, il est quelque peu, pris au piège. Si cela le dérange ? Elle ne sait pas trop, ou plutôt, ne s'en soucie pas tant que cela. Après tout, il lui a patpat le crâne, alors elle a prit cela comme un accord tacite ; une tolérance pour les accolades et autres câlins koala-lesques. Ce qui se passe dans sa tête brune ? Beaucoup de choses. Ses pensées sont à la dérive, le peu de neurones en naufrage. Pour l'instant, elle tente de se concentrer sur le moment présent, ou plutôt, sur la seule personne qui est à ses côtés à l'heure actuelle : Elwyn Cadburry, son colocataire. Depuis un peu plus d'une année, par là. Souvent, elle a eut envie de l'étrangler, de passer par la case meurtre -prémédité ou passionnel-, mais finalement, elle s'y est fait. Elle s'en amuse, le plus souvent. Elle s'y retrouve, même. Elle a aussi l'impression d'être plus honnête avec elle même. En phase en quelque sorte. Mais il y a toujours cette petite ombre, cette petite voix : son côté control freak qui s'alarme aux côtés du beau brun car elle ne sait pas trop comment se comporter avec lui. Elle ne sait plus trop si elle a envie de l'entartrer contre un mur ou bien de... Alors elle joue, Burkhardt. Un petit jeu du chat et de la souris, ce petit jeu idiot qui ne connaît pas de fin. Le début ? Elle ne sait plus trop. S'il faut que cela se termine ? Incertaine. Avec tout l'alcool ingéré, autant dire que tout peut basculer à tout moment. Yeux plissés, elle détaille les traits de son colocataire lorsqu'il continue ses dérives... Si son cerveau a rapidement oublié le premier tenant de sa phrase, elle ne peut s'empêcher de reprendre : « Ah ! Mais en fait, tu veux pas l'avouer, mais tu m'en veux pour ta soirée en tête à tête avec Creeptus ! On peut regarder ça en rentrant, si tu préfères ses flatulences à Mario Kart et mon t-shirt. » À défaut du clin d’œil unique, ses deux yeux ont suivi le mouvement. Il faut croire qu'elle n'est plus en état de contrôler correctement ses paupières. Mais elle finit par lui adresser un sourire, suivit d'une moue amusée. Lui arbore une mine indescriptible. Peut-être le même genre de bouille qu'il a lorsqu'il est concentré sur un reportage qui semble intéressant, mais qu'il est incapable de comprendre car le tout est expliqué en mandarin, sans sous-titre. Si le grand Cadburry approuve ses idées farfelues, Burkhardt ne peut s'empêcher de le gratifier d'un grand sourire, presque fière de son coup. Néanmoins, il a raison. Elle n'a pas envie de finir en cellule de dégrisement (et elle y a échappé de peu, grâce à lui) ou bien enfermée pour être entrée par effraction dans l'aquarium de la ville.... « C'est bizarre là... J'ai l'impression que tu es la voix de la raison et que je suis celle qui doit être internée... Mais oui, tu as raison. Enfin, je crois. On pourra toujours remettre cette idée d'aquarium en plein jour, sans avoir à crocheter des portes ou casser des vitres... Tiens, d'ailleurs, tu sais que je peux crocheter, hein ? Je pourrais t'apprendre, si tu veux. Enfin, c'est pas pour rentrer en effraction chez les gens, hein... Mais... Voilà. Mais tu les connais d'où, ces Pères Maria ? Y'a vraiment des messieurs qui s'appellent Maria ? Mais moi je veux pas que ces Maria viennent parler de pères pendant qu'on joue eh ! Je veux bien me déshabiller, d'accord mais non. Pas devant des Maria que je connais pas. Puis non, je partage pas. Si tu es plutôt plan à trois ou orgie, non ça va pas marcher entre nous. » Alors elle secoue la tête jusqu'à ce donner le tournis, se décrochant alors de sa pauvre victime. Oh Juanita. À l'entente de ce prénom, Nea s'agite doucement sur sa chaise. Rebelle anarchiste. Elle l'est. La jeune femme a rarement vu une tortue si caractérielle. Ou bien est-ce le fait qu'elle ne connaît pas grand monde avec une tortue de compagnie ? Probablement. La moue attristée, elle plante ses yeux larmoyants dans les yeux d'Elwyn. « Juanita ? Seulement ? Y'a qu'elle qui serait triste, si je me décidais à partir ? Vraiment ? Enfin, non pas que je veuille partir mais... si tu préfères partager ton appartement avec des pères Maria, je comprendrais. » Elle répond au clin d’œil en boudant, imitant probablement un Rondoudou lassé de se voir recaler au second plan. « Nea Bea ? Non Bea c'est pas mon second prénom ! C'est qui, Bea ?! C'est Orphea. Comme Orphée, presque. Tu crois que ma grand-mère à choisi Nea par rapport à Cyanea ? J'suis une méduse ? Non mais ça veut dire que je suis presque immortelle ? L'horreur... » Le sourire de Cadburry agît comme une bouillotte en plein hiver. Lorsqu'il la soulève, elle lâche un petit cri de surprise, avant de passer ses bras autour de son cou. Quelques regards amusés et/ou curieux se déposent sur eux mais elle n'y prête pas attention, préférant porter toute son attention sur le visage du quarantenaire, ou sur la barbe de celui-ci. Ou plutôt son sourire, qu'elle lui rend. « Tu es sûr que tu vas pouvoir me porter jusqu'à l'appartement ? Tu t’entraînes en cachette à soulever des poids ? Ou avoues. Ils ont basé Superman sur une vraie personne et en fait, c'est toi ? Mais je sais pas, je te vois pas trop porter un spandex avec un slip par dessus... Enfin, si tu me trouves trop lourde, on peut toujours tenter de soudoyer un taxi avec des bananes. Tu as des bananes ? Ça marche dans certains pays il me semble. » Nea finit par se blottir dans ses bras, toujours avec cette odeur entêtante de cookies. Elle culpabilise un peu d'être un poids mort pas vraiment en état de marcher. Du moins, elle est certaine qu'elle puisse mettre un pied devant l'autre, mais de là à être sûre de son état lorsqu'elle arrivera à leur domicile... Une autre histoire.

Rien n'était jamais facile ou bien même évident avec Elwyn. Il fallait toujours qu'il fasse mille déviations pour en arriver à une simple conclusion. La faute en revenait à son cerveau qui n'était pas tout à fait connecté comme celui des autres. Le jeune homme faisait face à un flot de pensées constants et pas moyen de s'en débarrasser, forcément. Il avait besoin de tout comprendre, tout analyser sous toutes les coutures, même ce qui relevait de l'imaginaire voire même de l'impossible. Son mode de vie était donc nécessairement insupportable et pourtant, il y avait quand même Nea qui s'accrochait à ses projets bizarres et ses envies de conversations sur des sujets divers et variés à des heures peu correctes. Personne n'avait tenu le choc aussi longtemps que la jeune femme: en général, les gens abandonnaient au bout d'une semaine et encore, c'était un maximum puisque deux jours suffisaient pour faire le tour de la question et vite prendre ses affaires pour rentrer chez soi. Nea, elle, avait choisi de poser son sac dans l'appartement pour une durée indéterminée et si, les premières semaines, Elwyn avait bien cru qu'elle quitterait le navire au premier coup de vent, il s'avérait qu'il avait eu faux sur toute la ligne. Un an plus tard, elle était encore présente avec son neveu et pire même, elle participait aux diverses bêtises que le geek pouvait introduire dans leur bien étrange colocation. Après les batailles de polochon, les produits d'entretien remplacés par de la colle et autres amusements qui faisaient grand bruit, il n'y avait plus grand chose qui semblait pouvoir détruire leur bel équilibre... A part peut être si on leur subtilisait la présence de Theo. Mine de rien, le petit avait pris une place prépondérante dans leur vie et s'ils étaient loin d'être des figures parentales exemplaires, ils n'en étaient pas moins ceux qui s'occupaient de lui, de ses devoirs et ses sorties. Elwyn l'aimait bien et il s'y était attaché. Forcément, c'était un crève coeur de constater que Nea risquait d'en perdre la garde mais il ne voulait pas désespérer tout de suite, préférant déjà se concentrer sur l'état alcoolisé de sa colocataire. Elle était là l'urgence vu tout ce qu'elle pouvait débiter à la minute, pire que Cadburry lui même en temps normal, un comble. "Non mais je vais m'en remettre, y a le replay puis je pourrais regarder un documentaire génial sur les poissons scie quand tu seras couchée, t'en fais pas. Leurs petits radars, leur façon de découper leurs proies, je sens que je vais A-DO-RER!" Il ne pourrait jamais laisser Nea dans le désarroi de toute façon, même s'il jouait au garçon insensible les trois quarts du temps vu qu'il était perdu dans son petit monde. Elwyn était loin de cette image qu'il renvoyait, il avait juste peur des conséquences lorsqu'il était question de s'attacher à quelqu'un, on ne pouvait pas dire qu'il en avait beaucoup fait l'expérience par le passé. Il ne put que rire aux propos de Nea, ne sachant même plus ce qu'il pouvait bien répondre car, oui, elle était peut être la seule à réussir à le faire taire quand elle était dans ce genre d'états. "Je sais pas si c'est le whisky ou la téquila qui te rend comme ça, mais c'est dingue! J'envisage de faire une étude sociologique sur les comportements des gens selon l'alcool qu'ils ingurgitent, tu seras mon cobaye numéro un. Laisse tomber pour les prières et je te rassure, il y a pas d'orgies de programmé... Et puis, tu peux pas dire ça au type qui te ramène dans ton lit, c'est cruel, Nea. Enfin dans ton lit mais sans y aller avec toi, enfin, tu comprends ce que je veux dire, voilà." Il commençait à s'embrouiller, certainement que les propos de Nea n'avaient pas aidé mais les quelques gouttes d'alcool non plus apparemment. Cela ne faisait pas taire sa colocataire pour autant et Elwyn commençait à se demander qu'il avait peut être une très mauvaise influence sur elle si elle pouvait partir dans de telles élucubrations avec quelques verres de whisky seulement. "Essaye pas de me rendre mielleux, grand dieu. Mais non, ne t'inquiète pas Nea Bea, j'apprécie bien trop tes coups de rage au réveil pour vouloir te voir partir si vite. Et Juanita aussi, elle aime pas le calme." Un comble pour une tortue mais vu toutes les balades qu'elle faisait avec son maître, on n'était plus très sûrs de sa participation à son espèce. Juanita était hors du commun, sûrement parce qu'Elwyn l'était aussi, la preuve vu la manière dont il souleva Nea pour a ramener chez eux. Personne ne lui ressemblait, personne n'avait cette facilité à être lui même sans jamais se cacher malgré des peurs qui prenaient parfois trop de place. "Nea Bea, c'est plus drôle qu'Orphea alors j'ai décidé que ce sera ça... Et non, t'es pas immortelle, j'en ai peur mais dès que j'invente l'élixir, je te le passe en espérant que tu te transformes pas en méduse, faudra que je fasse gaffe à ça, tiens. Figure toi que je suis athlétique, j'ai beau être un scientifique aguerri, je vais courir et je fais un peu attention mais non, il y a une super invention, ma chère, qui évite les taxis ou les vols par dessus la ville en combi' moulante, ça s'appelle le bus..." Effectivement, il la fit grimper dans le bus avant de la poser dans le premier siège qui passait. C'était le dernier trajet avant la fin de la ligne pour la journée et il n'y avait personne à bord, ce qui était une aubaine vu que Nea aurait certainement parlé à n'importe qui dans cet état. Heureusement, ils n'avaient que trois arrêts à faire et l'alcool descendait déjà dans leur système. "Par contre, sérieusement Nea, si t'as besoin de moi pour gérer l'affaire avec le petit, tu sais que je ferai n'importe quoi, hein. A part peut être ingurgiter de l'ambre gris, là je suis pas très chaud. C'est quand même une concrétion intestinale du cachalot provenant de l'interaction des sécrétions biliaires et des aliments ingérés par les cachalots; du bon vomi que l'on trouve dans les cigarettes. Voilà pourquoi je fume pas, tu vois." Il regardait les paysages défiler dans l'obscurité, plus perturbé qu'il ne pouvait le croire après cette soirée. Nea lui faisait cet effet là, même s'il ne comprenait pas pourquoi, et encore moins comment. C'était juste comme cela.

Nea Bea Orphea Burkhardt, des bananes et des poissons scie. Le tout forme une étrange salade de fruit baignant dans un beau litre de mélange alcoolisé. Probablement immangeable. Découper leurs proies ? Nea se risque à imaginer ça, malgré elle. Des p'tits bouts de cerveau, dont le sien, flotte dans les mers déchaînés de son estomac. Un haut-le-cœur lui visse les entrailles malmenés par les étranges cocktails ingurgités les quelques minutes-heures auparavant et par l'image de pauvres petits poissons maltraités. Pauvre Nemo, Dory et compagnie. Claptrap, ses gadgets et ses scies ont eu raison d'eux. Elle tente de chasser ces étranges pensées en opinant du chef lorsque son colocataire se propose de l'utiliser, elle, comme cobaye. Après Theo et les asperges, elle et la tequila. Pour l'instant, elle n'est pas dérangée de continuer de parler d'alcool. Le lendemain... Elle se maudira sûrement, refusant d'entendre le nom d'un quelconque breuvage alcoolisé pour les quelques jours à venir. « Non mais, t'as pas peur de m'utiliser comme cobaye ? Y'a combien de chance que je finisse à l'hopital après avoir été empoisonnée par tes soins ? Mais, je salue le fait que c'est un bon moyen de se débarrasser d'une personne en douceur ! » Burkhardt s'imagine alors remplacer l'eau de chez les grands-parents de Theo par de la vodka afin de les discréditer pour cette histoire de garde. Mais elle n'a aucune idée de comment réaliser cette action et encore moins si celle-ci est tout simplement faisable. Alors elle oublie, rapidement, tandis qu'elle reporte son semblant de concentration sur les dires d'Elwyn. « Ah tu me rassures pour les prières ! Ou pour l'orgie. Ou pour les deux. Ah bon ? Parce que tu veux une orgie dans mon lit toi ? Non mais si c'est que nous deux, dans mon lit, ça va. Juanita à la rigueur, mais j'ai toujours peur qu'elle me mâche les cheveux. Sinon je pense que ça va commencer à faire petit. Je crois. Non mais, vraiment. Tu es invité, quand tu veux, si tu veux. On pourra faire bataille de polochons sans avoir à ramener les oreillers après ! Si c'est pas un plan de génie ! » Elle acquiesce. Car il faut l'avouer, c'est toujours agréable d'avoir une bouillotte supplémentaire dans un lit, en hiver. Enfin, ils sont loin d'être en hiver, il est loin de faire froid mais, voilà. Elwyn, mielleux ? Est-ce possible ? Ses coups de rage au réveil ? Il veut parler de son lancer d'oreiller lesté de balles ? Ou le coup du mégaphone ? Du pistolet à eau chargé de sirop ? Ou ses pokes répétitifs sur la joue du bel endormi après qu'elle se soit risquée à pénétrer dans l'antre du geek ? « J'ai jamais encore tester ça ! Enduire quelqu'un dans du miel... Tu veux qu'on teste ? C'est pour ça que tu dis que je te rends mielleux ? Il faudrait combien de pot, tu crois, pour remplir une baignoire ? Juanita ? Oui, ça je sais, elle attaquerait les chevilles si elle viendrait à trop s'embêter ! » Nea Bea. Bea ? Sourcils froncés, elle l'écoute parlé de son second prénom, qu'il ne trouve pas si drôle que ça... Pourtant, l'histoire de ses deux petites mamies se battant à la courte-paille est d'une hilarité sans fin ! Mais bien sûr, il ne le sait pas. Il ne le saura pas, étant donné que sa matière grise est déjà à la dérive, en train d'utiliser la CS 03 : Surf, sur l’élixir d'immortalité. « Nea la méduse. N-Bea Medusa. Ooh, tu crois que je pourrais changer les gens en pierre ?! Non mais c'est une superbe idée ! On pourra se débarrasser des grands-parents de Theo comme ça ! Enfin, c'est cruel non ? Oh mon dieu. Je suis cruelle. » Elwyn, athlétique. Dans ses bras, elle en profite pour tâter les muscles, le torse. Elle opine du chef : Not Bad « Mais... Mais c'est moins drôle, un bus ! Non mais, fais péter la combi moulante Cadburry ! Abuse paas ! Si tu veux je te prête mes collants ! » Elle finit par pouffer. Le bus. Les joies du transport en commun... Plutôt chanceux, ledit bus n'est pas bondé. Il est bien trop tard pour cela. Ainsi, pas de risque de Nea-Claptrap traumatisant les pauvres passants éméchés -ou non-. Au lieu de ça, elle est tranquillement assise au côté de Elwyn. La tête toute aussi lourde que précédemment, celle-ci vient lentement se poser sur l'épaule de son partenaire d'infortune. L'alcool en phase descendante et dans un milieu un peu plus propice au calme et en l'absence d'élément externe qui viendrait à l'exciter, Nea est plus tranquille, presque assommée. S'il réitère ses propos précédents, ses talents de Hitman, elle se rend compte à présent, que le jeune homme est très sérieux dans cette histoire, pour Theo. Et ce, même s'il vient rapidement noyer ces mêmes propos en parlant de vomi, de cachalots et de cigarette. Il ne fume pas. Tant mieux. Pas de risque d'embrasser un porte-cendre. Enfin, là n'est pas la question. De plus, pas d'histoire d'orgasme ou d’érection, cette fois-ci. Une partie viable de son esprit la questionne à ce propos. Est-ce qu'un simple colocataire s'investirait autant dans cette histoire ? Un simple ami ? Est-ce que Theo voit en Elwyn une sorte de figure paternelle ? Après tout, cette colocation bien étrange peut être apparentée à un modèle familial. Loin d'être le parfait modèle familial type et que tout le monde envie mais... Glissant timidement sa main dans la sienne, ses doigts s’enchevêtrent autour des siens. Levant les yeux, elle dévisage longuement son colocataire : « Merci Elwyn. » Un étrange sentiment instille sa tête, son myocarde déjà déréglé. Cette fois-ci, la brunette ne rebondit pas sur la baleine, trop occupée à digérer mentalement et émotionnellement sa soirée. C'est dans un silence austère, presque cérémonieux qu'ils finissent par descendre du bus. L'air frais agit comme une gifle. Un frisson lui déchire l'échine et ses pas titubent en direction de leur appartement. Si elle s'arrête quelques secondes pour s'étirer, elle finit par lâcher: « Tu es toujours partant pour un Mario Kart ? Ou tu préférerais quelque chose de plus tranquille comme regarder ton documentaire sur les scies ? Enfin, moi tout me va, si y'a moyen de se manger une pizza, ou des gaufres en continuant de vider des bières, si on en a. » Est-ce raisonnable ? Ne ferait-elle mieux pas de s'évincer dans la douche, puis sa chambre pour s'échapper dans les bras de Morphée ? Pour éviter que le tout dérape ? Elle laisse ce choix à son colocataire, se rapprochant de lui.

Les idées farfelues d'Elwyn avaient fini par atteindre le cerveau de Nea. Il avait fallu attendre tout de même une année avant qu'elle ne s'avoue vaincue face aux super pouvoirs du scientifique fou. Certes, l'alcool jouait beaucoup dans ce résultat puisque Elwyn n'avait pas encore vu Nea avec un tablier autour de la table en train d'essayer de faire exploser une banane sur le compte de la science mais avec un bon gramme d'alcool dans le sang, elle arrivait tout de même à mélanger pas mal de choses et à rendre un discours aussi limpide que celui de Cadburry habituellement. C'était peut être le pire dans tout cela: Elwyn était parfaitement capable de suivre le flot des pensées de la jeune femme alors qu'il avait bu dix fois moins que la belle ce soir-là. Sa vie, c'était cela tous les jours. Déblatérer sur les études de neurologues qui avaient déterminé que les rats étaient capable de rire et d'être sensibles aux chatouilles comme les humains, comparer l'espérance de vie des chameaux et des dromadaires, constater qu'un poivron avait été utilisé comme cobaye pour développer l'IRM, tous ces délires étaient très habituels pour lui. Nea, elle, était beaucoup plus raisonnée en temps normal. C'était elle qui avait envie de l'assassiner parce qu'il avait sorti toutes ses figurines de sa chambre pour les exposer sur le comptoir de la cuisine le temps qu'il les repeigne correctement. Elle était aussi celle qui balançait son linge sale par la fenêtre s'il refusait de s'occuper de la machine dans la minute où elle avait décidé que c'était le moment de la lessive. Au fil du temps néanmoins, Nea avait développé une certaine patience avec Elwyn: elle arrivait parfois à s'extasier du résultat d'une de ses expériences idiotes, l'interrogeant sur ce qui l'avait amené à s'intéresser à ce sujet là en particulier. S'en suivait des débats endiablés sur des savoirs tout à fait inintéressants pour le reste de la population, comme quoi cette colocation ne vivait pas dans le même monde que le reste de cette fichue planète. Enfin, au moins, lorsque Nea était ivre, elle avait l'air de parfaitement s'intégrer aux deux mondes puisqu'elle avait bassiné un barman pendant deux heures et concurrençait désormais Elwyn dans son domaine de savoirs inutiles. "Ah bah vive la confiance. Tu crois pas que je ferais une expérience réussie avec toi en cobaye? Pffff, merci la coloc' hein. Je suis un pro. Regarde, une fois, j'ai réussi à faire atterrir un fruit sur un drap plutôt que par terre, c'était pas mal ça comme organisation, non?" Il n'avait de toute manière pas envie d'abîmer Nea. Elle lui était précieuse mine de rien. Si elle n'était pas là, qui écouterait ses récits loufoques? Il n'aurait probablement plus la chance d'avoir Theo non plus si elle disparaissait alors, la solitude ne semblait pas être une solution viable pour le jeune homme désormais. Pour le moment, l'urgence résidait dans un moyen de locomotion non dangereux pour ramener Nea à la maison, elle voulait bien se faire ramener sans continuer à déblatérer pendant des heures. Pas gagné d'avance comme combat. "Depuis quand tu veux bien que je dorme dans ton lit? La dernière fois que j'ai osé poser un genou, t'as menacé de me castrer. Décidément, je t'aime bien avec un peu d'alcool dans le sang, je te ferais rappeler que t'as dit ça demain, tiens." Nea était plus que farouche, c'était un fait avéré mais de toute façon, Elwyn n'avait jamais rien tenté avec elle. Il la respectait bien trop pour envisager de mettre un bordel monstrueux dans leur colocation bien rodé désormais. Il la respectait jusqu'à la traîner dans le bus en la portant dans ses bras, l'écoutant raconter ce qui lui passait par la tête par rapport au tout nouveau surnom qu'il venait de lui trouver. "Moi, j'ai déjà tenté... C'est un sacré bordel pour s'en débarrasser après. Les litres d'eau dépensés, j'ai un peu culpabilisé mais je voulais voir ce que ça faisait, tu comprends..." Elwyn avait plus ou moins tout tenté lorsque l'idée était saugrenue de base. Quelqu'un lui avait déjà cité ce mot dans une conversation et dès le soir même, il avait fait tomber le pot de miel sur son corps pour tester la véracité de l'expression, pas sûr qu'il voulait réitérer pour le bien être mental de sa colocataire. "Nea Bea, ton idée a l'air ingénieuse, un peu plus et tu deviens une gargouille de cathédrale. On peut aussi les balancer dans du sable mouvant, d'ailleurs si ça t'arrive, pense au fait que couché sur le dos et en élevant doucement les jambes, on s'enfonce pas dedans. Non, mais désolé, ce sera Elwyn en jean et Nea dans le bus, allez hop, en avant là dedans!" Un moment de quiétude leur ferait du bien avant de retrouver un appartement probablement plus bordélique qu'autre chose. Elwyn n'y pensait pas à ce moment là, concentré sur la proximité de Burkhardt. Elle avait posé sa tête sur son épaule puis attrapé sa main. Il la regarda avec intérêt, sentant ses doigts s'amuser contre les siens avant de se mettre à lui sourire. Il ne pouvait pas se permettre de perdre le contrôle pourtant et c'était une aubaine que le chauffeur annonça le terminus. Ils purent s'échapper du bus sans encombre, Elwyn ouvrant la porte de l'appartement avec une Nea qui avait retrouvé la forme apparemment. "Moi, tout me va mais attention, si tu t'endors, je te jure que je te dessine sur la face avant d'aller te coucher dans ton lit, t'es prévenue. Bière, pizza, on a tout ça, va t'installer, va." Effectivement, Elwyn se ramenait avec des victuailles intéressantes, allumant la télévision avant de se caler dans le canapé, soufflant d'aise de retrouver son confort après cette aventure plus qu'étrange. Il n'avait aucune idée de ce que Nea allait bien pouvoir choisir après tout ce qu'elle avait bu mais quoiqu'il arrive, Elwyn savait qu'il ne la laisserait pas tomber. Plus maintenant.