| TIMYA ● take my hand and keep it close to your heart |
| | (#)Dim 8 Sep 2019 - 6:15 | |
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| | | | (#)Lun 9 Sep 2019 - 5:44 | |
| « T'es mienne, Doherty. » Et il a prit soin de le lui montrer. De le lui faire réaliser. Il a tenu sa promesse. Il l'a emprisonné dans ses draps, il l'a tenu sans jamais la lâcher. Est ce qu'ils sont même sortis un moment pour aller s'abreuver ou de nourrir ? Peut être oui… Ou peut être que la volonté avait été là mais pas le geste. De toute façon, ses sourires et ses regards ont suffit pour la clouer sur place. Un atout non négligeable dont il a très (trop) vite mis en pratique. Quand Freya se réveille - pour la énième fois - elle est la première. Enroulée avec Tim, le portrait typique de "on ne sait qui commence et qui finit où". Le lit est un vrai petit champ de bataille mais de celles des plus douces. Il l'a tient fermement contre lui et c'est la vision de son torse qu'elle ouvre ses paupières sur. Freya y dépose un léger baiser avant de lever la tête, doucement. Il dormait calmement, ses traits étaient détendus et ça serait un vrai sacrilège de le libérer de Morphée alors qu'il lui a tant donné. Doherty résiste donc à la tentation d'embrasser ses lèvres en distrayant sur la façon la plus discrète d'échapper à son emprise. Sans le réveiller. La jeune femme se tord légèrement et un frêle grognement se fait entendre. Tim tourne sur son dos et voilà Freya qui peut un peu plus d'extirper de son emprise. Elle le regarde en souriant légèrement tout en balayant une légère mèche rebelle de son front. Il a des traits qui font frémir l'artiste éphémère qu'elle est. D'habitude, elle ne dessine pas les gens. Mais depuis son expérience avec Heiana, forte enrichissante, elle est prête à recommencer. Sans le déformer, sans le transformer en créature bizarre. Non, juste essayer de retracer ses traits comme ils sont, fins et séduisants, sa mâchoire digne des statues d'un ancien temps et cette courbe à l'oreille gauche, le petit défaut de fabrication absolument adorable.
Freya se mord la lèvre avant de dériver son attention sur le reste dans la chambre. La lumière du jour qui se lève tranquillement éclaire la pièce, mais c'est un temps à rester sous la couette (ça tombe bien, elle ne compte pas partir). Elle pose les pieds sur le sol et c'est quand elle se lève qu'elle grimace. Tim a fait un travail remarquable, il ne faut pas en douter. Elle se dirige vers ce qu'elle suppose être l'antre de ses vêtements pour aller lui piquer un tee shirt avant d'analyser le reste. Crayon ou stylo, papier, support, cahier, elle s'adapte. Freya se permet donc de regarder la bibliothèque, d'ouvrir les tiroirs et de finalement trouver ce qu'elle cherchait. Un petit carnet plutôt épais et vierge et un crayon à papier qui n'a pas dû être beaucoup utilisé. Doherty ne devrait jamais commencé sa journée sans café mais elle fera une exception pour aujourd'hui. Et pour lui. Même s'il n'a rien demandé. Elle s'installe sur son côté du matelas, jambes croisées et commence à griffonner tranquillement.
Combien de temps elle est restée là, le visage concentrée pour elle même, gommant ici, répliquant une autre ligne. Jamais satisfaite, ça ne rend pas ce qu'elle veut - et surtout ce qu'elle voit. Prendre une photo serait tellement plus rapide, plus simple. Mais ce serait juste du papier glacé et des pixels. Mais Freya commence à s'impatienter. Elle tapote ses doigts, elle mordille légèrement le crayon (y posant de jolies empreintes de dents) et elle souffle. Avec désespoir, avec frustration, avec abattement. Alors qu'elle est en train de reconsidérer sa quatrième feuille de dessin, sa jambe voulut se détendre et son pied tape en plein fouet (et sans ménagement) le flanc de Tim. Doherty lève brusquement les yeux vers lui, le temps de voir ses yeux papillonner et son visage grimacer légèrement. Non non non, bordel, et pas à cet endroit là. Elle abandonné son matériel de fortune pour prendre son visage entre ses mains. « Désolé, désolé, Tim. » Elle lui embrasse les lèvres puis le nez, le front, les joues. « C'est pas très agréable comme réveil, hein. J'ai pas fait exprès. » Freya eut un léger sourire d'excuse tout en laissant traîner son regard brun et ses mains sur le visage encore endormi de Tim. Non décidément, elle ne lui a pas rendu justice du tout, bordel. « T'es vraiment beau, Tim. » Désolé d'avoir gâché ça sur mes tentatives désespérées de te rendre justice. Doherty l'embrasse une nouvelle fois tout en renfermant d'une main distraite le carnet avant de le pousser hors du lit.
Inutile qu'il voit ça. Il allait se moquer d'elle. Ou pire, être vexé. L'un dans l'autre, ça en vaut pas la peine.
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| | | | (#)Lun 9 Sep 2019 - 6:13 | |
| Le repos était bien mérité et Tim était resté bien des heures entre les bras de Morphée. Cette fois, pas de cauchemar à signaler, lui qui était si coutumier du sommeil agité. Son subconscient ne désirait certainement pas apeurer Freya à peine quelques heures après l'avoir désignée comme sa petite amie. Viendrait assurément le moment où il faudrait se confronter à ce genre de réalités mais il valait mieux ne pas y penser pour le moment. Non, à ce moment là, Decastel se sentait léger. Il pouvait rêver, penser à un avenir qui avait l'air plus clément que celui qu'il avait pu envisager quelques semaines auparavant. La vie allait bien vite au bout du compte et il lui avait fallu plus de trente ans pour qu'il prenne réellement le temps de le réaliser. Avec Timothy, tout avait avancé à vitesse de tortue jusque là puisqu'il avait toujours choisi de rester terré au fond de son cimetière, sans s'engager dans quoique ce fut, s'évitant ainsi certainement bon nombre de déconvenues. Il était également passé à côté d'instants de bonheur, il le réalisait désormais parce que des gens avaient été suffisamment tendres avec lui pour lui faire réaliser ses conditions de vie. Hors de question de retourner en arrière désormais, le jeune soldat voulait profiter au maximum de ce que ce nouveau destin voulait bien lui offrir et cette relation avec Freya semblait être un cadeau des plus somptueux. Tim pouvait donc sourire dans son sommeil, même s'il avait senti du mouvement à ses côtés dans la réalité. Il ne s'éveilla pas pour autant, certainement bien trop heureux de laisser son esprit naviguer quelques minutes supplémentaires dans cet autre monde où rien de mauvais ne pouvait jamais arriver. Il aurait certainement continué une heure ou deux sur sa lancée si une douleur aiguë sur son flanc ne le força pas à ouvrir les yeux. Encore endormi et clairement paumé, il aperçut le visage de Freya au dessus du sien et sentit ses multiples baisers se poser sur son visage puis ses lèvres. Sa main vint instinctivement se perdre dans ses cheveux, ressentant encore quelque peu la douleur mais il y était tellement habitué que ce n'était pas franchement ce qui le gênait le plus au bout du compte. "Ta maladresse aura ma peau, tu feras un bisou magique sur mon bleu pour la peine." Sa voix était rauque puisqu'il n'était pas encore tout à fait de retour dans le monde des vivants, en témoignait la manière dont il cligna des yeux en entendant les mots de sa belle Doherty. Il ne savait pas vraiment ce qu'il lui faisait dire cela mais son cerveau commençait à se mettre en route au moment où il partagea un nouveau baiser avec sa compagne. Il entraperçut le carnet qu'elle abandonna à terre de son côté du lit et Tim posa une douce main sur son visage en approfondissant l'union de leurs lippes quelques secondes supplémentaires. "Qu'est-ce qui te fait dire ça de si bon matin? Tu cherches déjà à me faire rougir?" C'était la mission qu'elle s'était donnée mais Tim avait également de quoi faire puisqu'il se releva légèrement pour passer un bras plus vif qu'escompté de l'autre côté du lit pour attraper le carnet, comme quoi il n'était pas dupe. Il se rallongea prestement et ouvrit le livret pour croiser son portrait dès les premières pages. Le soldat resta estomaqué quelques secondes, certainement que Freya devait protester ou éviter son regard, voire les deux à la fois mais ce n'était pas ce qui le choquait. Non, ce qu'il voyait par contre, c'était la pureté du tracé, les joies d'une tendresse partagée dans quelques formes dessinées avec rigueur et Tim releva un visage ému vers Freya. "T'étais en train de me dessiner? C'est magnifique ce que tu sais faire, Freya, c'est... Je sais pas s'il y a des mots pour qualifier tout ça, en fait. A part te dire que t'es merveilleuse, je sais pas vraiment ce que je peux dire, en fait. Regarde moi ça, sérieusement. Tu vas le finir, hein?" Tim se mit à lui sourire, ses yeux brillants d'émotion alors qu'il vint déposer ses lèvres sur sa joue, sa main passant autour de sa taille au moment où il laissa choir sa tête dans le creux de son cou. "Pourquoi t'as voulu me dessiner, moi? Je veux dire... Tu fais beaucoup de portraits ou...?" Tim ne s'était jamais vraiment trouvé plus beau que les autres, même plutôt l'inverse vu le peu de confiance qu'il avait eu en lui jusque là alors c'était légitime qu'il fut curieux en la matière. Il était tellement ému, Freya devait certainement le sentir au moment où son regard se releva de son cou pour se poser dans le sien, sa main voyageant de sa taille jusqu'à son visage qu'il traça de ses doigts en toute délicatesse. "Je suis pas vraiment un artiste contrairement à toi. La seule chose que je peux faire, c'est te tracer avec mes doigts et enregistrer les sensations et les images dans mon cerveau, c'est pas très artistique mais... J'aime bien." Oui, il appréciait le contact de son grain de peau, des quelques aspérités qu'il pouvait rencontrer et qu'il tâchait de conserver en mémoire. C'était ce qui faisait la beauté de Freya Doherty, celle qu'il regardait en faisant glisser ses doigts de sa joue jusqu'au bout de son bras, tout doucement. Ému, il l'était toujours et il ne savait pas s'il arrivait à gérer tout cela, Tim pouvait juste l'espérer parce qu'elle était à ses côtés. Et c'était magique.
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| | | | (#)Mar 10 Sep 2019 - 2:02 | |
| « Je passerai alors mon temps à t'faire des bisous magiques. », qu'elle murmure en caressant ce flanc qui a déjà été trop abusé et maltraité dans le passé. Jusqu'à ce qu'il puisse oublier pendant un moment tout ce qu'il a subi dans le passé, dans sa peau et dans son esprit. Un sourire se fond sur les lèvres de son partenaire qui prolonge un peu le contact avant qu'elle le complimente, sincèrement et honnêtement. « Qu'est-ce qui te fait dire ça de si bon matin? Tu cherches déjà à me faire rougir? » Freya esquisse un léger sourire tout en profitant de son souffle sur son visage avant que Tim ne se relève brusquement et tend le bras sur le côté. « Hey, non! » Elle eut le réflexe soudain de vouloir repousser un peu plus loin ce qu'elle savait qu'il voulait mais bon sang, il est rapide et vif pour quelqu'un qui vient de se réveiller. Elle n'eut pas le temps de protester ou de mener à bien son entreprise qu'il est déjà en train de regarder les pages. « Non non non, c'est pas- » Fini. Abouti. Parfait. Et ça lui fout le nœud à l'estomac.
C'est toujours stressant de voir son travail être vu. Ce n'est pas pour rien que c'est un jardin secret, que Freya ne s'en vante pas, qu'elle ne le montre pas. Tout reste sous scellé dans sa chambre parce que Freya n'a pas envie qu'on voit à quel point son cerveau est tordu. Ses dessins ne sont pas forcément des portraits, pas comme ceux que Tim est en train d'observer en ce moment. La plupart du temps, ils ne ressemblent à rien ou à trop en même temps. La ligne est fine. « C'est pas- » « T'étais en train de me dessiner? C'est magnifique ce que tu sais faire, Freya, c'est... Je sais pas s'il y a des mots pour qualifier tout ça, en fait. A part te dire que t'es merveilleuse, je sais pas vraiment ce que je peux dire, en fait. Regarde moi ça, sérieusement. Tu vas le finir, hein? » Un battement puis un deuxième. Quoi ? Freya reste littéralement un poids mort alors qu'il l'embrasse et l'enlace près de lui. Est ce qu'il aurait aimé ? Mais pourtant, c'est… Non, ce n'est pas son meilleur travail. C'est même fait trop vite, ce n'est pas précis, les traits ne sont pas réguliers, ils ne correspondent en rien à l'original. Son compliment, sa question, son expression, tout la désarme complètement. « Je… Je sais pas, c'est pas, enfin, c'est pas vraiment… » Elle bredouille parce que pour une fois, Freya ne sait pas quoi dire. La langue coupée, la gorge soufflée.
Elle reste persuadée qu'elle peut faire mieux (car on peut toujours faire mieux). Ce n'est pas sa meilleure œuvre. Enfin, c'est ce que Doherty pense en tout cas. « Pourquoi t'as voulu me dessiner, moi? Je veux dire... Tu fais beaucoup de portraits ou…? » Freya pince sa lèvre. Decastel a l'air sincèrement touché alors elle finit par réagir en passant ses bras autour de lui, sa joue contre sa masse de cheveux. « Nan. Enfin d'habitude, les portraits deviennent souvent des créatures bizarres. Reproduire les gens, c'est pas mon point fort. Mais toi... Je voulais essayer. » Quand il lève les yeux vers elle, Freya ne peut s'empêcher de laisser ses yeux se clôturer un moment alors qu'il la caresse tranquillement du bout des doigts. Tim lui confie qu'il n'est pas un artiste et l'enchaînement de ses mots agrandit encore plus le léger sourire qui flotte sur les lèvres de la Doherty. « Ça me convient totalement, Tim. J'aime bien aussi cette façon d'faire. »
« Et pour répondre à ta question, j't'tai dessiné toi parce que bah, t'étais là, quoi. », dit-elle tout en haussant les épaules d'un air blasé avant de rire légèrement. Ses bras le serrent un peu plus contre elle et elle l'embrasse sur la tempe. « C'est pas aussi magnifique que toi. T'es vraiment beau, Tim. J'pense qu'on t'l'a pas assez dit ni assez montré. » Freya lui caresse les cheveux d'une main et son dos de l'autre. Vu son passé de merde, ce n'est pas étonnant qu'il soit aussi surpris de l'attention qu'il peut recevoir. Elle sait ce que c'est. Se voir dans le miroir est toujours une épreuve et s'accepter est une bataille qu'elle n'a pas encore réussi. Le sentiment flottant que tout semble bien trop parfait persiste et elle s'attend à ce que ça lui échappe chaque minute qui passe. Des doutes, des interrogations, toujours et tout le temps, la tête jamais tranquille. Parce que c'est si vite arrivé que ça peut aussi vite repris. Mais pour l'instant, Freya essaie de se raisonner, de vivre le moment et surtout de faire comprendre à Tim la sincérité de ses paroles.
« J'ai juste envie de brûler ce que jviens d'faire mais si t'aimes, tant mieux… A part si t'es déjà aveuglé et là, limite je comprendrai mieux. » Son ton est léger mais purée, vraiment, Freya ? Elle fourre sa tête dans la chevelure bouclée de Tim avant de soupirer légèrement. Il y a des moments où il faudrait lui sceller la bouche à jamais ou une connerie comme ça. Elle n'est pas douée pour tout ça de toute façon. Surtout les premiers instants. Quand on apprend à se connaître, à établir quelque chose. C'est intimidant, stressant mais c'est tellement curieux et excitant. « J't'ai volé un tee-shirt donc c'est l'mien maintenant. », dit-elle du haut de son crâne. Si ses vols ne tenaient qu'à ça… Mais ça, Tim n'est pas obligé de le savoir. Il y a des choses plus honteuses que quelques bouts de papier. Speaking of. La jeune femme finit par s'éloigner de son étreinte pour attraper le carnet. « Désolé, j'avais rien sous la main donc j'ai p't'être un peu fouillé. » Freya grimace de nouveau en feuilletant les pages avant de balancer le carnet véritablement à travers la chambre cette fois ci. « Je réessayerai. Sache que c'est rare qu'on voit ce que je fais. Considère toi comme un privilégié. Même si franchement, j'aurai préféré que tu vois autre chose que ça. Parce que ça, ça représente pas comment j'te vois. Et c'est très frustrant. »
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| | | | (#)Mar 10 Sep 2019 - 5:48 | |
| Il était toujours dans la réserve et pour cause, Tim n'avait jamais eu réellement le droit de se faire sa place dans ce monde. Avec une mère qui semblait le mépriser plus que tout au monde, le jeune Decastel n'avait pas vraiment eu d'autres choix. Il avait même pensé qu'il n'avait aucun rôle à jouer au sein de cet univers et que tout le monde s'en remettrait s'il était amené à disparaître un jour ou l'autre. C'était certainement pour cette raison avant tout que Tim se cachait derrière les tombes de son cimetière: ainsi, personne ne l'attendait nulle part, il prenait le moins d'espace possible parmi les vivants et on finissait fatalement par l'oublier. Le soldat ne s'en était jamais plaint, il avait même accepté tout cela dès son plus jeune âge, préférant se coller au mur plutôt qu'investir l'espace qu'on pouvait lui laisser. Voilà ce qu'une génitrice violente pouvait créer chez un garçon qui aurait pu avoir un potentiel fou. Au bout du compte, Timothy avait à peine survécu au lycée et il n'avait même pas envisagé de faire des études supérieures, angoissant dès lors qu'une foule l'entourait. Dernièrement, tout allait mieux, il comprenait peu à peu ce que voulait dire vivre, réellement, et pas ce qu'on pouvait lui montrer dans les films ou dans les livres. Avec Freya, il allait même plus loin: il se laisser happer par cette perspective d'une vie à deux, lui qui n'avait pu qu'en rêver sans jamais y croire véritablement. Pourtant, la belle Doherty était définitivement présente à ses côtés, elle le complimentait même et ce genre de mots ne pouvaient qu'étaler un sourire sur le visage angélique du soldat. Il ne gérait pas toujours bien quand on parlait de lui de la sorte mais avec Freya, il voulait paraître plus assuré car il était hors de question qu'il la perde avant même d'avoir pu construire ce lien si précieux qui semblait s'affirmer entre eux. C'était fort, c'était beau et Tim ne voulait pas en gâcher la moindre seconde. "Ça me va parfaitement." Et il s'extasia de son regard bleuté du croquis de la jolie Freya. C'était lui, il s'était reconnu et il voyait également que Freya était clairement gênée de l'avoir prise sur le fait. De son côté, Timothy ne voyait pas bien ce qu'elle désirait lui cacher, si ce n'était un talent d'artiste indéniable mais il avait rapidement compris que sa jolie compagne était peu assurée dans ce qu'elle était capable de faire. En cela, ils se ressemblaient sûrement bien plus qu'ils ne pouvaient l'imaginer. "C'est pas quoi? Tu arrives plus à finir une phrase mais t'as pas à être gênée, vraiment." Il était contre elle et il s'autorisait à la regarder avec ce sourire qui lui était unique, du Tim Decastel dans toute sa splendeur. Quand il agissait ainsi, il était plus ou moins impossible de lui résister mais le principal intéressé n'en avait aucune conscience, forcément. Là, il était uniquement concentré sur Freya, sur ses gestes tendres et la peur qu'il pouvait lire dans son regard avant qu'elle n'essaye de lui répondre. "Tu voudras bien me montrer, un jour?" Il voulait les voir ces bêtes bizarres, tout ce qui faisait partie du monde de Freya l'intéressait de toute manière, c'était ainsi qu'il envisageait leur dynamique. Ce duo si particulier qui naissait entre deux instants affectueux. La preuve, Tim faisait glisser ses doigts sur la peau de Doherty avec lenteur et délicatesse, entendant sa remarque en retour avec une grande satisfaction. Effectivement, il ne pouvait pas la dessiner autrement qu'avec son propre corps mais c'était peut être tout ce qu'on lui demandait. Oui, c'était parfaitement suffisant car Tim était quelqu'un qui donnait tout pour quelqu'un quand on lui laissait l'opportunité et il n'y avait pas de doute qu'il tâcherait d'agir ainsi avec sa belle Freya. "Beau, moi? Je sais pas, je me suis jamais posé la question mais... Je vais te croire, Freya. J'aimerais bien savoir te dessiner aussi pour te montrer qui tu es aussi parce que je suis pas sûr que tu te rendes compte de tous tes talents." Il avait rougi, forcément, face aux compliments de Freya, ce n'était pas dans ses habitudes de les entendre, encore moins de recevoir autant de preuves d'affection en si peu de temps puisqu'il sentit ses caresses en venant déposer un baiser sur son épaule comme seule et unique réponse. Il n'avait peut être pas besoin de mots pour dire ce qu'il pensait, pas à ce moment là en tout cas alors qu'il regardait la jeune femme balancer le carnet à l'autre bout de la pièce sans plus de cérémonie. "Non, tu brûles rien, c'est parfait, ok? Un jour, t'ouvriras les yeux et tu verras ce que moi, je vois quand je te regarde." Il lui fit un clin d'oeil en amenant sa main contre sa joue, son regard naviguant vers sa tenue. "On fait le coup de tout ce qui est à toi est à moi, c'est ça? Mais ça me dérange pas, tu me donneras bien quelque chose en échange après tout, non?" Un tee shirt contre n'importe quoi d'autre, Tim ne demandait pas grand chose au bout du compte, juste la chance de rester à ses côtés. Juste ça, oui. "J'ai rien à cacher donc, t'es pardonnée." Non, Tim était un livre ouvert, c'était clair. Il se contentait de lui sourire en continuant la descente de ses doigts jusqu'à son genou, notant chaque sensation de sa peau contre la sienne et c'était enivrant. "J'ai conscience de la chance que j'ai, je t'assure... Ah bon, parce que tu me vois comment exactement?" Il ne pouvait que s'interroger, ses doigts voguant entre son genou et le haut de sa cuisse, son regard brillant de curiosité passant sur le moindre trait du visage de la jolie Doherty et il se croyait encore endormi. Il rêvait, il ne voyait que cela. "Moi, je peux te dire en tout cas que t'as pas à être aussi sévère envers toi-même. T'es belle, Freya. T'es une belle personne et tes failles, tes insécurités, tout ton passé, c'est ce qui te rend si passionnante. Et tout ce que tu es, tout ce mystère que je vais finir par découvrir, c'est exactement ce que je veux avec moi alors ne change pas. Jamais." Il finit par faire remonter sa main dans sa chevelure et jouer avec quelques mèches parce que Tim était sûr de lui. Cette relation, il la voulait et il comptait la vivre jusqu'au bout, si Freya le laissait faire.
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| | | | (#)Jeu 12 Sep 2019 - 2:27 | |
| Situation familiale compliquée, Freya est bien placée pour comprendre ce que sait. Ce que Tim peut ressentir, sur une échelle différente, mais à bien des égards, il y a sûrement des similitudes. Il ne reste que leurs réactions, leurs comportements, l’évolution qu’ils ont décidé de suivre découlant de ces épreuves qui les différencient. Alors que Tim a choisi de se calfeutrer dans son cimetière (son image lors de leur première rencontre reste gravé dans sa tête), Freya a appris à foutre un gros coup de poing à ceux qui ont le toupet ou l’audace de venir ajouter leur grain de sel. Et pourtant, quand elle regarde Tim, elle a l’impression de lire la même fragilité, le même manque qu’elle. Seulement Tim n’a jamais eu que lui pour lui-même alors qu’elle, elle n’a quand même pas hésité à aller se planter, se détruire, se perdre dans des relations qui n’ont au final rien donné de plus que des souffrances au coeur et à l’esprit. Un subconscient submergé, des rêves qui ont été crevé dans l'abcès, avorté au premier degré par la simple constatation que non, la vie ne t’offrira pas sur un plateau ce que tu veux. Et ce qu’elle veut, Freya ne l’a jamais vraiment su. Elle a juste pris ce qui lui tombait sous la main, le bon comme le pire. Le chemin n'a pas été tranquille mais elle a presque la sensation de pouvoir tout oublier en regardant l'homme qui se tient dans ses bras. Il a une fragilité attendrissante, une innocence qui reste en place malgré ce qu'il a pu subir. « C'est pas quoi? Tu arrives plus à finir une phrase mais t'as pas à être gênée, vraiment. » Il y a une expression pour ça, non ? L’arroseur arrosé, ou le serpent qui se mord la queue ? Ça semble être bien approprié à la situation. « C’est que j’ai pas- Enfin, c’est con, laisse tomber. » Vraiment, ce n’est rien. Manque de confiance flagrant, en elle-même sûrement. La voix incertaine alors qu’elle essaie de se recomposer tranquillement. Ses phrases seront à jamais sans suite et même elle, elle ignore ce qu’elle aurait pu dire. Tim l’a prise de court, que ce soit maintenant ou hier. Ou même quelques semaines plus tôt. « Tu voudras bien me montrer, un jour? » Freya reste silencieuse un moment. Un jour, dit comme ça, ça paraît à la fois vague mais précis. Ça peut être demain comme dans deux mois comme jamais. Et franchement, l'infini, ça lui fait peur. Même si elle peut très bien se faire à l'idée de jamais. « Je… » Elle hésite, Freya, car elle ne veut pas paniquer mais en même temps, elle ne veut pas déjà le faire fuir. « On verra, d’accord ? » Fichu barrage. Elle ne peut pas s'en empêcher, il faut croire. Un réflexe qu'elle a depuis des années, elle ne peut pas s'en dissocier aussi rapidement. Mais en même temps, elle ne ferme pas la porte. C'est plutôt une bonne nouvelle, non ? (Elle espère que oui.) Tim n'est pas le premier à remettre ses atouts en question. Freya n'est pas surprise. Il n'est pas le genre que l'on croise lors de soirées un peu trop alcoolisées, qui jouent des muscles et ont l'illusion d'être irrésistibles. Ses talents à elle, si seulement il savait dans quoi il s'embarque. Et surtout avec qui. Doherty est une race à part des mortels, un vrai boulet du monde, une plaie de la société. Tout ce qui peut tourner mal dans une vie, ils en ont déjà l'expérience. Et Tim espère lui faire croire qu'elle a des talents positifs et honorables. Purée, ça donnerait presque envie à Freya de se tirer avant que ça n'aille trop loin. Mais elle prend l'excuse de ses bras autour d'elle et de sa main baladeuse qui la cloue littéralement sur place, dans le champ de bataille qu'est le lit présentement. « J'ai pas besoin que tu m'dessines. Juste être toi-même, ça m’suffit. » La manière dont il la regarde, comment il la touche, cette spécificité de la traiter comme de la porcelaine, ça lui suffit amplement. Parce que c'est une façon tellement spécifique, tellement douce qu'elle lui donne juste envie de rester dans ses bras indéfiniment et oublier le monde hargneux de l'extérieur. C'est unique, et elle avait oublié la sensation que ça fait fleurir dans son for intérieur. Et Freya peut s'y perdre, sans condition et sans attache.
« Mes yeux sont bien ouverts, là. Mais on peut espérer que ça arrive un jour. » Mais elle sait que ça n’arrivera pas de si tôt. Freya considère qu’elle vit en colocation avec elle-même. Que sa tête et son corps ne sont ensemble que parce qu’ils n’ont pas le choix. Et parfois, il arrive que l’un ou l’autre pète un câble et se descende plus bas que terre tout en entraînant l’autre dans sa chute. Alors Tim peut essayer, mais ce n’est pas gagné. La demoiselle sourit devant l'entièreté de son apparence, son clin d'œil, son sourire, sa main qui berce son visage, ses yeux se rendant compte de ce qu'elle porte. « J’sais pas… Mon affection éternelle si ça t’suffit pour l'instant ? » Parce qu’elle n’a pas plus grand-chose à lui offrir dans l’immédiat. Sa propre chambre est peut-être plus bordélique que celle de Tim, ce n’est qu’un ramassis de choses diverses et variées sans grande importance. Alors ce que ses tripes lui dictent, ce qu’elle peut ressentir à ce moment-là, c’est bien la chose la plus honorable qu’elle peut lui proposer. Même si c’est fragile, même si ça peut se briser à tout instant. Mais c’est ce qui en fait sa beauté, non ? « Ah bon, parce que tu me vois comment exactement? » Ses doigts sont baladeurs sur sa jambe, ses yeux interrogateurs croisant les siens et Freya aurait presque envie de se faire engloutir six pieds sous terre face à cette question. Elle penche la tête sur le côté tout en déviant son regard, le sourire presque gêné. « T’as quelque chose, Tim. J’serai pas te dire quoi mais… T’as un truc. » Doherty est frustrée de ne pas réussir à mettre des mots sur ce qu’elle veut dire, mais le rationnel n’a jamais été un critère de choix chez elle. Elle n’explique rien, elle ressent et c’est déjà beaucoup. Alors elle espère que ça suffira à Tim parce que même elle, elle ne pourrait pas définir l’exactitude de ce qui fait son attirance. Son aura. Ce fameux truc. Est-ce que ce sont les gestes calmes et tentants, ou bien les mots qui semblent couler naturellement de ses lèvres, ou encore ses yeux qui vous englobent totalement, ou bien même juste sa présence, rassurante et innocente, protectrice et bienveillante ? Mettre un doigt sur une précision est juste impossible et c’est peut-être pour cela que ses dessins ne ressortent pas ce qu’elle veut. « Après tout, j’serai pas dans tes bras si t’avais rien pour m’plaire. » Une bonne conclusion qu’elle finit en l’embrassant légèrement. « Moi, je peux te dire en tout cas que t'as pas à être aussi sévère envers toi-même. T'es belle, Freya. T'es une belle personne et tes failles, tes insécurités, tout ton passé, c'est ce qui te rend si passionnante. Et tout ce que tu es, tout ce mystère que je vais finir par découvrir, c'est exactement ce que je veux avec moi alors ne change pas. Jamais. » Alors qu’il s’amuse avec ses mèches, Freya a le regard incrédule ; même après une nuit plus ou moins reposante, c’est comme si elle se rend compte que c’est la réalité. « Sérieusement, tu sors d’où, Timothy Decastel ? » Spontanément, sans réfléchir, c’est la première phrase qui lui a traversé l’esprit avant de fondre sur ses lèvres dans un baiser qui les fait flancher tous les deux sur le lit. Freya eut un léger rire tout en fourrant sa tête dans son cou. « Y a des mystères qui sont mieux s’ils restent tels quels. » elle murmure doucement, la bouche près de sa peau. Elle reste allongée à côté de lui, un bras et une jambe l’entourant, le nez se frottant à sa mâchoire. « J’espère que t’as du café. » Freya relève sa tête tout en posant son menton sur son épaule. « Parce que j’suis de très mauvaise humeur si j’ai pas d’café au réveil. » Elle a un léger sourire de coin mais ce n’est pas une remarque à prendre à la légère ; Doherty ne fonctionne pas sans sa caféine matinale (et éventuellement un peu d’alcool mais ça, c’est pour une autre fois).
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| | | | (#)Jeu 12 Sep 2019 - 5:12 | |
| La surprise était à la hauteur de toutes ses espérances, et plus encore. Il fallait dire que Tim n'était pas vraiment ce qu'on pouvait appeler un rêveur, il avait même cette tendance à être trop terre à terre et ne pas se laisser aller, de peur d'être blessé. C'était cette appréhension qui l'avait empêché de s'épanouir durant toutes ces années parce qu'il avait tout mis en oeuvre pour empêcher les autres de s'approcher un peu trop près de lui. Tim, l'inaccessible. Tim, le naïf. Tim, le peureux. Il détestait cette part de lui, elle l'avait tant frustré depuis son adolescence puisqu'il voyait tous les autres se lancer dans des aventures palpitantes et lui, l'idiot, restait sur le côté à attendre que les minutes défilent. Ne jamais prendre aucun risque, ne pas dépasser une seule limite car il n'était pas sûr d'en sortir indemne, sauf qu'à force de vivre de la sorte, Timothy était passé à côté de l'essence même de l'existence. Avant ses trente deux ans, il n'était jamais tombé amoureux, il n'avait même jamais embrassé la moindre femme et toutes ces notions d'amour et d'affection le dépassaient complètement. Désormais, il tâchait de rattraper tout son retard mais ce n'était pas une mince affaire lorsqu'on avait le développement affectif d'un adolescent, voire un enfant sur certains points. Avec le peu d'assurance qu'il avait, Decastel ne s'était pas attendu à réussir à séduire la moindre femme et pourtant, il était en compagnie de Freya désormais. Une Freya qui le dessinait quand il dormait, forcément, il ne pouvait qu'en être ému. Tim n'était pas certain de s'en remettre de sitôt, surtout pas alors qu'il la regardait balbutier pour trouver une explication évidente à sa question... Il semblait ne pas y en avoir et Decastel se disait qu'il ne devait pas insister. Pour le moment, Doherty semblait lui faire confiance et il était hors de question qu'il la brusque dès les prémisses de leur histoire, une histoire qui s'annonçait si belle en vue de leur complicité. Non, il ne dit rien, il se contenta de lui sourire en continuant de la toucher avec la plus infime des délicatesses parce qu'il se refusait de la briser. C'était la promesse qu'il s'était fait la veille, en cherchant à la conquérir purement et simplement, lui, il voulait être un ange à ses côtés, celui qui lui apporterait la confiance nécessaire pour affronter sa part d'ombre. Oui, il désirait être ce chevalier à ses côtés, celui qui ferait tout pour l'aimer dans la plus grande des puretés. Tim était infiniment capable de tout cela et Freya ne devait clairement pas en douter vu le regard qu'il lui offrait depuis plusieurs minutes. Même lorsqu'elle n'était pas certaine de lui donner cette chance de voir ses autres dessins, Timothy n'en était pas le moins du monde vexé, mignon jusqu'au bout. "On verra, oui... Je t'en voudrai pas si tu veux pas, c'est personnel donc... Faut le mériter." Il voulait être un homme qui mériterait d'assister à ce genre de spectacles et pour une fois dans sa triste vie, Tim se sentait capable d'en arriver là, d'être un pilier pour elle. D'aller jusqu'au bout de lui-même pour la garder. Il le ferait, sans aucun doute. Même s'il devait tout supporter à côté puisqu'il savait que rien ne serait facile, les relations humaines étaient ainsi de toute manière et il commençait à l'accepter, peu à peu. Il était bien là, à l'avoir contre lui, à sentir son souffle et croiser son regard au moment où elle répondait le plus simplement du monde à ses remarques si enjôleuses. Lui qui était peu bavard, lui qui ne savait pas user des mots comme d'autres, il avait l'air de se libérer peu à peu du fardeau de son innocence et sa réserve parce qu'il comprenait que l'amour se devait d'être partagé... Sous toutes ses formes. Que ce fut par les caresses qu'il opérait sur la jambe de la jolie Freya, ou les quelques mots qu'il était en mesure de lui dire. "Tant mieux, je compte être cent pour cent moi-même pour toi." Il la dessinerait de mille façons de ses doigts, il lui promettait dans l'intensité d'un regard, dans son sourire si doux que n'importe qui aurait flanché en le recevant, mais pas elle sûrement parce qu'il n'était certainement pas le premier qui s'amourachait d'elle. Tim, lui, n'en avait que peu l'expérience mais il désirait montrer qu'il maîtrisait l'affaire et que rien ne lui faisait peur, même si c'était sûrement faux à l'heure actuelle. "Je vais tout faire pour que ça arrive, Freya. Et ton affection éternelle, c'est tout ce que je demande de toute manière." Cela et le fait d'avoir le droit de la dévorer des yeux comme il pouvait le faire. Decastel se sentait chanceux, oui, il ne mentait pas et il ressentait le trouble de la jeune femme, peut être parce qu'elle s'était rapprochée inopinément et qu'il essayait de capter le sens de son discours. Il avait un truc, c'était imprécis mais c'était aussi quelque chose qui le prenait aux tripes parce qu'il voyait bien qu'elle luttait pour trouver une solution divine, sans la trouver pour le moment. Quelque part, il appréciait cela parce que leur histoire débutait tout juste et ce truc, comme elle pouvait le qualifier, ne pourrait que grandir à ses côtés. "J'ai un truc... J'espère que c'est pas un truc horrible qui éveille juste ta curiosité mais figure toi, Freya Doherty, que ce truc, tu l'as aussi à mes yeux parce que j'aurais certainement pas fait tout ça avec toi dans une église si c'était pas le cas. Pour toi, je me dois de dépasser mes limites, on peut pas se restreindre quand on veut une fille comme toi. Il faut tout tenter." Pour ne pas la laisser filer. Avoir cette chance de la toucher encore et encore, de sentir ses lèvres se visser aux siennes et s'y perdre, toujours. Elle finissait par les faire retomber sur le matelas et Tim baladait ses mains sur son corps pour conserver leur proximité des plus haletantes. "De Lyon, Freya, juste de Lyon." Il lui fit un clin d'oeil en venant embrasser le plus délicatement du monde ses lèvres si proches des siennes avant de répondre à la suite de ses mots. "Pas le tien, crois moi, le soldat Decastel déchiffrera tous les codes et il espère que cela suffira pour que tu l'aimes, au moins un peu." Il ferait certainement des erreurs, le novice, mais Tim voulait croire qu'il serait à la hauteur toutefois, ses mains autour du dos de la jeune femme alors qu'elle déposait son menton contre son épaule, joli moment de tendresse qu'il refusait de couper. Pas tout de suite en tout cas. "Et c'est quoi les conséquences pour moi si je te mets de mauvaise humeur sans café? J'oserai pas cela dit, je suis même tellement cool que je te ramène tout ça... T'as même pas à bouger, ma dessinatrice personnelle." Effectivement, il vint déposer un baiser sur la tempe de Freya avant de se dégager doucement de son étreinte pour attraper quelques vêtements pour faire bonne figure, même s'il se leva torse nu pour se diriger vers la cuisine, préparant rapidement de quoi faire un petit déjeuner et le fameux café de sa belle. Il revint quelques minutes plus tard avec de quoi gérer l'humeur de Freya, un sourire aux lèvres en s'asseyant de nouveau à ses côtés. "J'espère que ça t'ira sinon tu colles un rapport au soldat Decastel et il fera cinquante pompes pour cet affront." Il avait un sourire aux lèvres pourtant, même si la souffrance de l'armée n'était pas prise à la légère par Tim, pas après les semaines qui venaient de passer mais il voyait les éclaircies après la pluie, sa main entourant la taille de Freya en avalant quelque chose pour la première fois en vingt quatre heures. Oui, dans son malheur, il semblait rencontrer le bonheur et il rayonnait. Plus beau que jamais, pour elle.
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| | | | (#)Ven 13 Sep 2019 - 23:29 | |
| Freya ne peut s'empêcher d'avoir une pointe de culpabilité sur la façon dont Tim interprète ses propos. Elle le laisse croire qu'elle le fout sur le côté, qu'il n'est pas digne qu'elle lui montre cette partie d'elle-même. Elle est peut-être indécise, parce que c’est nouveau, c’est frais, c’est encore l’inconnu. Mais ça reste faux. Il n’y a pas de mérite à avoir. Ce n’est pas une récompense. Ce n’est pas lui, le problème, il ne peut pas l’être, pas maintenant. Et si elle doit choisir entre celui qui créera le plus de problème dans cette relation entre les deux, elle pariera naturellement sur sa personne et son incapacité à faire fuir son naturel assez longtemps pour qu’on ne finisse pas par la rejeter. Non, là, ce n’est pas lui le souci, c’est surtout elle qui doit se concerter avec son intérieur profond pour apaiser cette boule qui s’enflamme de nervosité et de panique dès qu’on s’approche un peu trop de son territoire artistique. Tim aurait accès à tout ça si elle ne faisait pas un blocage psychologique sur l'univers qu'elle s'est créée et qui tapie sous son lit, à l'abri des regards. Ses coups de crayon ayant commencé quand elle enchaînait les séances chez le psychologue, c’est comme ses journaux intimes. Parce qu’elle a tout gardé, depuis le commencement jusqu’à maintenant. Ce n’est franchement pas un cadeau, ce n’est pas aussi beau que Tim pourrait le penser. Mais ce vent de culpabilité voile ses yeux pendant une fraction de seconde avant qu’il ne capte son attention avec ses jolis mots et sa façon délicate de les prononcer. Tout ça l’englobe et la transporte ailleurs, ce sont les sensations d’une relation nouvellement formée qui se précise un peu plus. L’envie d’en savoir plus sur l’autre, de connaitre ses secrets, sa vie, ses habitudes, ses manies. Est-ce qu’il dort sur le ventre ? Est-ce qu’il aime les surprises ? Est-ce qu’il sera toujours un soutien moral ? Des questions anodines qui ne se posent pas vraiment mais qui se vivent. Et c’est visiblement pour cela qu’elle a signé. Sous les yeux complices d’un seigneur supérieur, de surcroît. Et même si c’est risqué, parce que c’est encore plus nouveau pour Tim, qu’il lui place entre ses mains maladroites ce qu’il a de plus précieux, Freya ferra de son mieux pour ne pas le lâcher comme d’autres l’ont fait avant elle. Ses yeux bleus lui portent une adoration qui la perturbent et qui lui donnent envie de fourrer sa tête dans l’oreiller derrière elle car pour le coup, c’est elle qui a la sensation de ne pas mériter ce genre de regard. Mais Tim garde un bras autour d’elle, elle ne veut pas rompre le contact.
Freya eut un léger rire contre sa peau quand il évoque jusqu’où il est prêt à aller. Pour elle ? Elle est presque touchée si l’idée de le dévergonder dans un lieu religieux ne l’amusait pas autant. « De Lyon, Freya, juste de Lyon. » D'où ? Freya fronce le nez. « Genre tu viens de l’animal sauvage ou c’est vraiment un nom de ville, ça ? » Elle est persuadée que ce n’est pas en Australie, en tout cas. Enfin, même si elle ne connait pas tous les noms de ville de son propre pays. Parce que la géographie – les études – et elle, ça fait plus que deux, à ne pas en douter. « Pas le tien, crois moi, le soldat Decastel déchiffrera tous les codes et il espère que cela suffira pour que tu l'aimes, au moins un peu. » Doherty est presque fascinée par cette révélation. Chiffrer les codes d’un mur de glace qui veut juste le protéger d’une froideur qui finirait par l’engourdir et le paralyser. Pour qu’elle quoi, l’aime, même un peu ? Fais attention à ce que tu dis, Timothy. Tu pourrais te retrouver emprisonné bien plus vite et bien plus fort que tu penses. Parce que Freya ne va jamais par quatre chemins et ne fait encore moins dans la demie mesure.
Quand il lui demande les conséquences d’une Doherty sans caféine, Freya secoue mollement la tête. « Tu veux pas savoir, j’t’assures. » Cependant, elle ne peut que râler légèrement quand il se détache d’elle – « mon chauffage ! » (même s’il ne fait pas si froid que ça mais toutes les excuses sont bonnes à prendre) – et elle se laisse retomber sur le lit en mode gamine boudeuse tout en l’observant s’éloigner – parce que la vue reste appréciable et elle n’est qu’humaine. La formulation “i hate to see you leave but i love to watch you go” prend tout son sens dans ce genre de moment. Freya se mit à observer le plafond d’un oeil absent avant de se rendre compte qu’elle a laissé son téléphone au cimetière. Une parenthèse anodine qui la fait légèrement sourire ; elle n’avait pas vraiment eu le temps de penser à son mobile, après tout. La terre peut de toute façon s’écrouler demain, elle peut crever heureuse. Pour une fois. Des pieds nus reviennent dans la chambre et chassent d’un coup sec ce genre de pensées de sa cabosse pour reporter son attention sur le jeune homme. Elle se redresse de nouveau alors qu’il reprend sa place à ses côtés. « J'espère que ça t'ira sinon tu colles un rapport au soldat Decastel et il fera cinquante pompes pour cet affront. » Freya copie son sourire tout en attrapant la tasse fumante devant elle pour commencer à souffler sur la chaleur ambiante. Elle lève les yeux vers Tim. « Je mettrai la condition que tu les fasses sur moi alors. »
Avoir le cœur léger ne lui est pas arrivé depuis si longtemps. Freya laisse sa tête choir sur l’épaule de Tim alors qu’elle attend sagement que son breuvage se refroidisse. « En tout cas, j’peux rayer l’église de ma liste des fantasmes. » Cette fameuse liste. Parce que visiblement ça, sa mémoire ne l’a pas oublié. « C’est c’que je t’inspires, alors ? Froisser le bon dieu en faisant des bêtises dans sa maison, c’est ça ? » Pas que cela l’ennuie le moindre du monde, au contraire. « T’as pas besoin de te brûler les ailes pour moi… Mais si j’peux t’aider à tester tes limites, le plaisir sera pour moi. » Ses lèvres trahissent sa taquinerie avant d’aller se poser légèrement sur la courbe de sa mâchoire. Puis elles se dirigent vers sa tasse pour tester la température du liquide noir. Freya attrape un morceau de toast qu’elle mange avec l’appétit d’un ours des cavernes qui n’a pas vu de la nourriture depuis deux jours. « Tu peux vraiment faire cinquante pompes à la suite ? J'comprends mieux cette endurance sans faille, alors. » Bordel, elle ne peut pas s’empêcher de déblatérer connerie sur connerie. Mais Freya se sent incroyablement bien et il n’y a pas de raison de ne pas le faire comprendre à son partenaire.
« En parlant d’ça… Pourquoi l’armée ? C'était une décision réfléchie ou complètement spontanée? » Freya espère ne pas foutre un voile moins joyeux en posant cette question. Mais elle est curieuse, elle veut savoir pourquoi Tim s’est mis en tête que c’était la meilleure solution pour s’éloigner de ce qui le tracassait – parce que vu le caractère, elle a du mal à croire que c’est pour un amour profond de sa patrie ou un rêve d’enfant qui l’a poussé à se diriger dans les rangs. Elle picore dans son toast tout en alternant avec la prise de caféine, ses yeux posés sur le profil de Tim.
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| | | | (#)Dim 15 Sep 2019 - 3:08 | |
| Tim n'avait pas beaucoup de secrets mais ce n'était pas pour autant qu'il n'était pas un mystère. Peu de personnes avaient osé l'approcher au fil des années parce qu'il était le garçon bizarre qui traînait dans des cimetières et pour un garçon de son âge, ce n'était pas dans la logique des choses. Alors, il n'avait pas réellement réussi à se faire des tonnes d'amis et on avait tendance à le prendre pour ce sociopathe qui préférait la présence des morts que des vivants. Timothy n'avait jamais essayé de leur donner tort: il avait mis un point d'honneur à ne répondre à aucune rumeur, juste ignorer les autres et souffrir tout seul, en silence, dans un coin, même si c'était des pierres tombales. Son adolescence avait été difficile pour cette raison parce que les gamins de son âge étaient toujours cruels les uns envers les autres et en plus de cela, Decastel avait les soucis avec sa mère à gérer. Il ne fallait pas s'étonner s'il avait eu autant de difficultés à entrer dans le monde des adultes. Tim avait, en effet, continué à utiliser ces bons vieux stratagèmes pour éviter de voir trop de gens et surtout de trop les intéresser. Arrivé à trente ans cela dit, la situation était clairement désespérante car il ne parlait à personne, pour ainsi dire, part à ces personnes qu'il avait connues lorsqu'il était plus jeune. Son frère bien sûr, Ivan et puis, Alex, même si elle avait disparu de la circulation quelques années auparavant. Oui, Tim avait été un garçon des plus tristes mais ce n'était pas cette image qu'il voulait montrer à Freya, il voulait paraître plus vivant que jamais mais c'était peut être plus facile qu'il ne l'avait imaginé parce qu'avec elle, il se sentait bien. A sa place. Il l'avait regardée au moment de s'extirper de son étreinte pour aller chercher à manger et il n'avait pu que lui sourire parce que cette femme aurait certainement une place majeure dans son évolution. Timothy aurait pu avoir peur de ce genre de réalités mais il fallait croire qu'il était mieux préparé maintenant qu'il était passé par la case coeur brisé. Il acceptait cette possibilité de souffrir parce que cela voulait dire qu'il était vivant et à l'heure actuelle, de toute manière, il ne ressentait aucun chagrin. Au contraire, lorsqu'il était revenu aux côtés de Freya, il n'était qu'un coeur qui battait à tout rompre, sa main autour de sa taille à la regarder souffler sur son café et se coller contre lui parce qu'elle avait l'air d'être autant insouciante que lui. Timothy aimait cela, cette sensation de retourner en enfance avec Freya parce qu'ils s'entendaient si bien, qu'ils arrivaient à interpréter les paroles de l'autre sans jamais le juger et c'était peut être quelque chose qu'il avait attendu une majeure partie de sa vie. Alors, Decastel la regardait avec un grand sourire, des yeux déjà tendres parce qu'il n'aurait aucun mal à l'aimer, il le savait déjà. C'était elle qui en doutait surtout mais il ne voulait pas la brusquer en lui disant des choses comme cela. Pas encore. "C'est un vrai nom de ville. Je te montrerai à quoi ça ressemble, j'y suis jamais retourné mais bon..." Lyon, il savait qu'il était de là bas mais Tim n'avait même pas imaginé y retourner un jour. Il savait juste que son père y était né lui aussi mais qu'il était un homme des plus lâches, quelqu'un qui n'avait rien à voir avec lui. Tim ne parlerait pas de cela tout de suite, à la place, il sentit ses joues rosir en entendant la remarque de Freya, comme si tout pouvait tourner en moins de dix secondes autour de leur vie sexuelle. "Que je fasse des pompes sur toi? Serait-ce une proposition salace, mademoiselle Doherty?" Il lui fit un clin d'oeil en faisant semblant de s'interroger à son petit déjeuner ensuite. Freya continua sur sa lancée néanmoins, parlant de leur incartade dans l'église et pour sûr qu'il y en aurait d'autres si elle osait mentionner ladite liste de fantasmes qu'elle avait et Timothy releva un regard curieux vers elle avant de parler. "Dévergonde moi autant que tu le veux... Tu me partageras cette fameuse liste, dis moi?" Jamais Decastel n'aurait imaginé faire l'amour au beau milieu d'un lieu saint, lui qui s'était longtemps rendu à la messe tous les dimanches. Voilà qu'il se mettait à faire des choses non bibliques entre deux murs soi disant bénis. Freya était autant fautive que lui à ce sujet parce que, après tout, c'était lui qui était venu la chercher et elle avait essayé de lui résister mais Tim avait insisté. Il lui avait montré de mille façons qu'il la voulait à ses côtés, qu'il la voulait même plus encore que la nuit où ils s'étaient donnés l'un à l'autre sous les étoiles. "L'armée m'a permis d'en faire plus que cinquante... Et on parle de ton endurance, à toi? Elle vient d'où, hein?" Il vint déposer quelques baisers sur sa joue jusqu'à l'arête de sa mâchoire avant qu'il ne termine son repas de fortune, son regard se baissant parce qu'elle venait de lui poser une question des plus sérieuses. Partir à l'armée justement, y avait-il réellement réfléchi au fond? Timothy n'aurait su le dire mais il tâcha d'être honnête avec sa petite amie, il lui devait bien cela. "Ma mère et mon père étaient soldats, je pense que j'ai toujours voulu comprendre pourquoi... Enfin, c'était pas mon rêve le plus fou mais je me suis rendu compte que ma vie était bien morne, que j'accomplissais rien du tout dans mon cimetière, que je m'y plaisais parce que je me cachais là bas et je m'empêchais de vivre alors, je suppose que je voulais tester mes limites et en même temps, en apprendre plus sur ma famille, sur la personne que j'étais. Je vais pas cacher que c'était plus spontané qu'autre chose à la base, je venais de faire l'amour pour la première fois et on m'a jeté deux secondes après, j'étais pas mal brisé aussi... Mais je suis content, ces deux mois m'ont permis de grandir un peu et de réaliser que j'étais capable de plein de choses. Et notamment d'aller séduire une jolie femme dans une église pour qu'elle devienne ma première petite amie." Il déposa un nouveau baiser sur son épaule, toujours honnête lorsqu'il s'agissait de se confier à elle. Tim avait toujours été ainsi, naturel et avec elle, c'était définitivement le cas. "J'espère que ladite jolie fille n'est pas déçue du résultat... Parce qu'elle me plait beaucoup et j'ai bien envie de la garder." Il lui fit son plus beau sourire en posant son menton sur son épaule pour capter son regard, sa main caressant ses côtes. Tim ne savait pas encore ce que Freya pouvait penser de tout cela mais lui était sûr et certain que cette aventure en vaudrait le coup. Qu'ils grandiraient ensemble, que leur amour leur permettrait de voir plus grand.
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| | | | (#)Dim 15 Sep 2019 - 19:53 | |
| Freya se note de regarder sur internet où se situe cette ville. Et savoir l’écrire, aussi, ça serait un bon début. Parce que c’est le genre de choses qu’elle est capable de faire juste pour des beaux yeux qui se prélassent sur elle comme si elle est la huitième merveille du monde. Rien que cette idée la fait flancher. Tim la fait retomber dans ses plus précaires retranchements, ceux d’une gamine qui est en train de connaitre sa première relation. Ce qui est faux pour sa part. Son bagage amoureux n’est pas en reste, tout aussi douloureux à porter que lui. Ses propres yeux bruns se promènent sur les traits du jeune homme assis à côté d’elle comme si elle veut bien se rendre compte qu’il est réel. Que tout ça, c’est la réalité. Hier matin, Freya n’aurait jamais pensé qu’elle aurait gagné une nouvelle relation. Elle n’a pas très bien compris l’importance que Tim avait accordé à leur soirée ensemble. Elle ne faisait pas dans les relations d’un soir – elle le lui avait dit – mais pourtant, loin l’idée de faire plus, d’aller plus loin. Même si quelque chose s’est créé cette nuit-là, Freya avait préféré l’enterrer, le mettre sous un amas de terre et ne plus en entendre parler. Des messages non retournés, des appels en absence (volontairement ignorés), en quelques jours, tout s’était enchaîné sans qu’elle n’en comprenne vraiment le sens. Mais maintenant qu’elle y est, chez lui, avec lui, parce qu’il le voulait – il la voulait – Doherty décrète qu’elle ne veut plus partir. Qu’elle a été idiote de pas le laisser entrer un peu plus tôt. D’avoir perdu même deux jours. C’est con mais elle est restée égale à elle-même. Égale face à ce qu’elle a subi plus tôt dans l’année. Un réflexe, une arme interne de défense, le rejet est une solution comme une autre. Mais Tim, magnifique et doux, est quand même venu la chercher et il a même piétiné sur son passage. Il ne doit même pas se rendre compte dans quoi il se fourre, ce qu’il a provoqué en faisant ça. Parce qu’elle reste une Doherty, que les emmerdes la suivront partout où elle ira, qu’elle ne pourrait pas les empêcher et qu’elle ira même les provoquer. Mais ça, Decastel lui affirme qu’il est prêt à prendre tout en considération. Qu’il sera là, toujours. Freya a envie d’y croire mais elle reste sur la réserve. Il suffit d’un rien pour que toute une situation se renverse. Un premier amour, enceinte de surcroit, par exemple. Quel poids elle peut avoir face à ça ? Tim a beau lui dire le contraire, elle ne peut pas s’empêcher d’avoir un doute. Parce qu’il sera forcément amené à la revoir, à être en contact avec elle. Et ce n’est pas Freya qui va se mettre en travers. Elle a beau être jalouse par nature, ça reste son gamin. Et c’est injuste de priver un enfant de son père juste par égoïsme. Surtout que Tim sera certainement un père extraordinaire, elle n’en doute pas une minute. Mais ça ne la quitte pas, cette pensée. C’est une façon pour elle de relativiser les choses, de ne pas trop perdre dans cette nouveauté à l’odeur présentement de caféine et de douceur.
Quand il lui demande si sa proposition est salace, Freya éclate de rire et caresse sa joue de son nez. « Jamais j’oserai vous détourner du droit chemin, soldat Decastel. C’est juste une motivation comme une autre. » Elle l’embrasse doucement sur la joue avant de rire sous cape et de boire quelques gorgées de son café. Café qui envahit tranquillement ses veines alors que Tim lui parle de partager sa liste. Elle sourit en regardant son regard, visiblement (et honnêtement ?) curieux. « Elle est pas fixe, elle s’modifie en fonction de mes humeurs et inspirations. Mais ça peut s’négocier. Tu m’as déjà fait les vignobles et l’église, on peut dire que t’as déjà frappé fort. » Est-ce qu’elle oserait sous-entendre dans tous les sens du terme ? Rien que pour voir Tim lui faire son sourire gêné, elle en serait capable mais elle se retient. Mais autant qu’il s’habitue au plus vite. C’est lui qui est venu la chercher, après tout. Et manque de chance pour lui, il est trop tard maintenant pour rebrousser chemin. Tim lui confirme que l’armée l’a bien aidé pour même savoir faire plus que cinquante pompes (sifflement impressionné par Freya qui n’est même pas fichue d’en faire une) avant qu’il lui demande pour elle. Et Freya répond en gigotant de rire sous ses baisers, « Certainement pas de l’armée, en tout cas ! » Elle finit sa tasse qu’elle repose tout en écoutant Tim parler de sa motivation à rejoindre les rangs. Freya n’est pas réputée pour savoir écouter pendant des heures mais pour Tim, elle est capable de rester suspendu à ses lèvres indéfiniment (sans mauvais jeu de mot). Qu’il se confie à elle, ça la touche énormément. Et ça lui fait mal, aussi, pour lui. Il y a une telle mélancolie dans sa voix, elle n’est même pas sûre qu’il s’en rend compte lui-même.
Enfin, avant qu’il lève la tête, lui embrasse l’épaule et lui sourit chaudement (ce qui provoque une réaction très appréciable chez sa compagne) tout en concluant ses propos en parlant de sa propre personne. Freya se mord la lèvre alors qu’il laisse trainer son menton sur son épaule tout en relevant sa main sur son cou. « Ladite fille serait idiote de rejeter un gars comme toi, Decastel. Y a pas d’raison que tu lui plaises pas. » Elle lui sourit légèrement tout en laissant son pouce caresser le dessous de sa mâchoire. « Il faut en avoir pour faire c’que t’as fait, Tim. Même si c’était complètement délirant. Mais je suppose aux grands maux les grands moyens, mmh ? » S’il lui a fallu cette expérience pour guérir son cœur et remettre du plomb dans le crâne, c’est vraiment tout le mal du monde qu’on peut lui souhaiter. « Tant mieux si l’armée a pu t’aider. Tu mérites le meilleur de c’monde. J’espère juste que tu seras pas forcé d’y retourner, ni maintenant ni jamais. » Par ma faute par exemple. Parce que si Tim réagit comme ça pour une peine de cœur, ça la terrifie un peu. Mais Freya relativise en se disant qu’elle n’est pas son premier amour de toute façon, qu’il a déjà eu le cœur brisé, que c’était la première fois, que c’était normal. Normalement, on a le cœur brisé plus jeune, dans une période plus fougueuse. Mais Tim est différent, c’est déjà un adulte. Et Freya n’a aucune idée jusqu’où on peut aller quand on est adulte et qu’on subit sa première peine de cœur. Rejoindre l’armée est visiblement une solution à prendre en considération. Freya pousse le plateau plus loin dans le lit pour se tourner pleinement vers lui. « J’aimerai avoir ton assurance et ta maturité, pour le coup. Mon meilleur ami se plaint que j’ai un comportement de gamine. Tu crois que je serai- Nan, tu crois que l’armée serait prête à me recevoir ? » Un ton un peu plus léger parce qu’elle n’aime pas ce poids qu’elle a foutu dans l’atmosphère. Même si franchement, évoquer Elias ne la rend pas plus légère que ça. Mais Freya sourit, parce qu’elle est douée pour ça. Et franchement, elle, une Doherty, dans l’armée ? Voilà qui serait la blague du siècle. « Du coup, le cimetière… J’suis en vacances indéfiniment ou tu veux que j’traines encore dans le coin ? On peut s’y cacher à deux. » Son sourire s’agrandit alors qu’une moue amusée envahit les traits de son visage. Ses bras viennent s’enrouler autour de sa nuque et elle frôle tranquillement ses lèvres. « Le café était très appréciable, en tout cas. Soldat Decastel n’aura pas de rapport aux fesses. Par contre, concernant les pompes, il peut quand même m’apprendre et me montrer ? » Une vraie gamine, elle l’a dit. Lâchant un doux rire, Freya s’applique à l’embrasser tendrement, son sourire ne la quittant pas un seul instant.
Pour l’instant, Tim n’a pas de peur à avoir. She doesn’t plan to go anywhere anytime soon.
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| | | | (#)Dim 15 Sep 2019 - 21:53 | |
| Ils n'avaient clairement pas la même histoire mais c'était aussi ce qui leur permettait de partager autant. Tim avait tant subi durant son enfance et Freya avait vécu le pire pour son adolescence et quelque part au milieu de tout cela, il y avait un équilibre qui se créait. Ils étaient adultes désormais et toutes ces douleurs étaient à l'état de souvenirs, enfin. Timothy n'avait pas forcément envie d'y penser, surtout pas à ce moment-là, au premier instant de sa vie où il partageait quelque chose de viable avec une femme. Il n'avait jamais imaginé connaître cela, pas avec son caractère si doux et réservé. Pourtant, quelque chose avait changé en lui après son histoire avec Charlie. Decastel s'était libéré plus ou moins du poids de son passé, de cette timidité maladive qui l'empêchait de nouer la moindre relation et il était devenu un homme plus sociable, plus en mesure de gérer des interactions sociales sans paniquer. Cela ne voulait pas dire pour autant qu'il avait dit adieu à sa douceur si caractéristique, plutôt l'inverse mais ce trait de lui-même était réservé à quelques personnes seulement. Hors de question de se laisser marcher sur les pieds quand on avait commencé une formation dans l'armée, désormais, Tim savait ce que cela voulait dire de se battre. Et justement, cela tombait plutôt à pic car il s'était battu pour obtenir le droit de voir Freya entrer dans sa vie. Maintenant, c'était à lui de faire en sorte qu'elle ne le quitte pas et c'était là le vrai challenge. Timothy n'avait jamais vécu de relations amoureuses poussées, il ne connaissait pas vraiment les règles et comme tout homme qui découvrait tout cela pour la première fois, il était totalement angoissé à l'idée de faire une boulette irréparable et de voir la belle Doherty le laisser tomber. Il n'était pas plus nul ou plus idiot qu'un autre cela dit et Tim considérait que pour être bien avec quelqu'un, il était question de sincérité alors il s'était promis de ne lui mentir sur rien. Jusqu'ici, c'était une réussite parfaite: il lui avait tout dit, du départ de son père à la folie de sa mère, de son histoire catastrophique avec une jolie blonde à cette envie de vivre quelque chose de fort avec Freya... Tim n'avait rien laissé de côté, rien qui importait en tout cas. Maintenant, il pouvait se concentrer sur ce petit déjeuner partager, un moment intime qui laissait place à quelques gestes affectueux, tant de bons présages pour la suite de leur relation si on y regardait de plus près. "C'est sûr que je doutais pas de ta capacité à me motiver, mademoiselle Doherty." Il lui fit un clin d'oeil avec les joues rosies, ce n'était pas si fréquent qu'il parle de tout cela, encore moins avec une femme qui s'avérait être sa petite amie. La première. Tim mettrait certainement encore un peu de temps à réaliser parce qu'à trente deux ans, rien de tout cela ne lui était arrivé. Rien ne lui arrivait jamais pour être honnête et tout d'un coup, en l'espace de quelques semaines, tout se passait. Il avait l'impression que la vie avançait à cent à l'heure soudainement et il ne s'en plaignait pas, il espérait juste être à la hauteur de tous ces événements, lui qui avait toujours eu cette fâcheuse habitude à paniquer dès le premier orage. A l'heure actuelle, il avait l'air de tenir le coup, grandement aidé par la promiscuité partagée avec Freya Doherty, cette si jolie jeune femme qui lui souriait et qui changeait tout ce qu'il pouvait ressentir au fond de lui. "Frappé fort, hein? Et bien écoute, si t'as la moindre humeur à partager avec moi, tu sais que je serais à ton écoute... Autant faire le maximum de ce qu'il y a sur cette liste, non?" Il se permettait de lui sourire, ce fameux soldat qui était encore vierge trois mois auparavant, comme quoi les choses changeaient à la vitesse de l'éclair parfois. C'était vrai qu'il avait été l'homme qui avait couché avec Freya au milieu d'un vignoble et dans le confessionnal d'une église, il en serait presque choqué de se le dire. Il avait aimé cela en tout cas, perdre totalement le contrôle, se laisser simplement guider par ses impulsions et se perdre dans le regard de sa compagne, sentir qu'elle était autant touchée que lui par ce qu'ils partageaient le plus naturellement du monde. Il la regardait finir son café avec un grand sourire sur ses lippes, partagé entre l'envie de l'embrasser et juste profiter de cette vue jusqu'à ce qu'il meure. Les deux semblaient être des propositions intéressantes alors que son sourire se mua en rire en l'entendait dire qu'elle n'avait pas récolté de l'armée son endurance. "Et tu sais d'où ça vient, alors? Je suis curieux, ça m'intéresse." Il déposa de nouveaux baisers dans son cou avant de s'écarter d'elle pour mieux la regarder et passer une main délicate dans sa chevelure en bataille. Il avait de la chance d'être avec une fille aussi jolie, Timothy avait au moins conscience de cela, à défaut du reste et notamment de ses propres atouts physiques. Un jour peut être, il ouvrirait les yeux par rapport à tout cela mais en attendant, il n'était que le garçon qui essayait d'exprimer à Freya pourquoi il s'était engagé. Les raisons n'étaient pas aisées à expliquer, lui même n'avait pas spécialement compris pourquoi il avait agi ainsi sur le moment. Il en avait juste eu besoin, en fait. "Tant mieux si la jolie fille en question compte rester avec lui... Ou alors, faut être fou, peut être, j'en sais rien, mais oui, je crois que l'armée m'a permis de prendre de la hauteur. Et de réaliser des choses sur moi et sur ce que j'étais capable de faire. Et ce dont j'avais envie aussi." D'elle. Etre avec elle. Il savait néanmoins que l'armée ne serait jamais très loin de lui parce que sa formation n'était pas terminée et il devrait y retourner d'ici quelques semaines. Pour le moment, Decastel comptait profiter de l'instant présent, de Freya qui poussait le reste de nourriture de côté pour qu'ils se retrouvent uniquement tous les deux dans ce lit, yeux dans les yeux, actes tendres en ligne de mire. "Je crois que tu pourrais faire n'importe quoi, Freya. C'est juste une question d'envie et de volonté. T'as la force pour ça, en tout cas." Et il était sincère. Elle vivait avec son trouble depuis des années, cette lutte constante l'avait rendue plus grande et Tim lui vouait une admiration sans faille pour toutes ces raisons. Ses doigts voyageaient sur sa joue, il lui souriait en l'écoutant et il se sentait bien. A sa place. Pour une fois. "Tu restes la gardienne du cimetière officielle, ma chère. Je passerai te filer un coup de main si tu veux bien mais c'est toi la chef." Il n'allait pas lui retirer cela, pas alors qu'il était encore un soldat en formation. A la rigueur, il traînerait là bas et passerait des journées à la regarder agir, une vision qui lui réchauffait déjà le coeur par avance. "Très bien, chef, tu m'en vois ravi, je voulais pas être déjà sur la sellette... Tu veux voir?" Et il fit basculer Freya sur le lit pendant qu'elle l'embrassait, pour se porter au dessus d'elle, commençant à faire quelques pompes, non sans déposer un baiser sur ses lèvres dès que son corps entrait en contact avec le sien. "C'était ça que tu voulais tester, non? Après, je suis sûr que si tu t'entraînes, on pourra échanger, va." Il tint fermement sur ses bras pour venir déposer un baiser plus appuyé sur ses lèvres, encore en train de sourire. "Tu veux faire quoi aujourd'hui, chef Doherty? La séquestration doit durer jusqu'en fin d'après midi d'après le contrat..." Il la regarda en relevant ses sourcils, son regard bleuté se perdant sur son visage et son coeur battait plus fort. Tim n'avait aucun doute qu'il continuerait à tomber sous son charme et dieu seul savait où tout cela les mènerait au bout du compte.
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| | | | (#)Lun 16 Sep 2019 - 8:03 | |
| Il y a comme un coup de nouveauté dans l’air. Peut-être que c’est juste ce qui traine sur le plateau qui fait traîner son odeur mais Freya est persuadée qu’il y a autre chose. Cette relation est tellement fraîche, elle est tellement neuve, elle tombe de nulle part, elle est inattendue. Doherty connait ces premiers instants, où tout est beau, tout en lumineux, tout est sans accroche. On vit ce genre de choses aussi bien quand on apprend à connaitre quelqu’un, quand on devient inséparables, quand on devient proche. Quand on entame une histoire, aussi. La lune semble être plus proche, plus facile à atteindre, peut être parce que des ailes nous ont poussé dans le dos entre temps. Les baskets sont plus confortables à porter, le menton est un peu plus relevé dans la rue, parce qu’on sait qu’il y a quelque part, dans ce monde, quelqu’un qui vous attend, qui va murmurer des choses tendres à l’oreille et qui va faire en sorte de démontrer que chaque être humain est unique et mérite d’être apprécié à juste valeur. Les premiers instants sont délicieux, ils sont tendres, ils sont passionnés aussi. Freya n’a jamais fait dans la demie mesure. Elle ignore ce que c’est de prendre des pincettes, que de se restreindre. Dans une relation, elle peut être trop – trop présente, trop passionnée, trop dévorante, trop de trop. Parce qu’elle cultive le sentiment d’abandon mieux que personne. Une peur farouche qui stagne dans ses instincts depuis qu’elle est gamine. Il n’y a jamais eu de réelle raison pour que ce sentiment existe chez elle. Mais Freya aime se sentir appréciée par ses amis, elle veut toujours s’assurer qu’ils pensent à elle d’une façon ou d’une autre. Un brin égoïste, on peut aussi l’affirmer. Et c’est sûrement encore pire dans une relation. Quand elle ressent l’idée qu’on l’abandonne, elle peut se braquer, elle peut rejeter, elle peut se terrer. Avec sa maladie qui peut mélanger ça avec de la paranoïa, Doherty peut être compliquée à suivre. Tout ça, elle prie dans son intérieur le plus profond, elle crie dans les abymes les plus profondes de son existence physique de la laisser tranquille. Alors rien d’étonnant à ce qu’elle s’agrippe, à ce qu’elle sourit doucement, à ce qu’elle recherche constamment (et déjà) la présence de Tim auprès d’elle. Il n’a pas l’idée de partir loin d’elle, de toute façon, c’est déjà un réconfortant en soi. Mais Freya n’oublie pas ; ce n’est que le début. Ils ignorent où ça va les mener et encore moins ce qu’ils vont vivre. Même avec toute la bonne volonté du monde, ils n’éviteront sûrement pas les embrouilles, les quiproquos, les problèmes, les incompréhensions. Tim ne l’a pas vécu mais Freya, si. Et elle sait qu’un rien peut faire tout basculer. (Comme un verre brisé, par exemple.)
Fidèle à lui-même, Tim n’hésite pas à lui glisser le rappel presque anodin qu’elle peut compter sur lui quant à ses humeurs changeantes. Elle sourit faiblement. Freya espère qu’il ne va pas la laisser le submerger. Mais à vrai dire, elle sait qu’il le sera. Et le pire, c’est qu’il se laissera sûrement faire. Parce qu’il revient constamment et qu’il réussit à lui faire baisser la garde et la défense. Par ses yeux bleus, par son sourire adorable, par ses bras qui l’entourent. Il veut se donner à cent pour cent, mais si elle aussi, est-ce que ce n’est pas risqué ? Pour lui comme pour elle ? Tu réfléchis trop, arrêtes ça, profites un peu. Souris et « Mon humeur est au beau fixe pour l’instant. » Est-ce que ça fait un moment que ça n’est pas arrivé ? Certainement. Réalisation triste et douloureuse. Mais elle n’a pas le cœur meurtri, là, à cet instant précis, alors qu’elle rayonne un peu plus de voir Tim rire avant de l’embrasser dans le cou. « C’est dans les gènes, j’suppose. On a une bonne endurance dans la famille. » Enfin en tout cas, c’est ce qu’ils aiment croire. Tim plante ses yeux bleus sur son visage, elle ignore où est-ce qu’il garde spécifiquement. Elle penche la tête sur le côté alors qu’il lui exprime ce que l’armée lui a apporté. Freya reste impressionnée, dans le fond, parce que rares sont ceux qui prennent les choses à bras le corps de la sorte. « Et du coup, qu’attend Tim Decastel de la vie ? » La jeune femme est dans le flou total si la question lui est retournée. Son futur, elle n’y a jamais pensé, que ce soit sur n’importe quel plan. Elle qui pense toujours en finir avec la vie dans la semaine qui suit, les plans d’avenir ne sont pas quelque chose dans lequel elle s’engage. Et en plus, ça lui fait peur de voir trop loin et surtout, trop haut. L’espoir, c’est nul, les rêves, c’est juste un fantasme de ce qu’on aurait pu vivre si la volonté avait été là.
Et la volonté de Freya s’accumule tout simplement dans une simple bouteille en verre de maximum un litre. Autant dire que sur vingt-sept ans, ça ne fait pas beaucoup de volonté. Et pourtant, voilà Tim qui lui affirme qu’elle pourrait faire ce qu’elle souhaite. Envie et volonté. Elle eut un « mmh » peut convaincue. « C’est bien là l’souci. J’ai jamais eu aucune volonté ni envie. Et la force… Si elle cache quelque part, j’aimerai bien qu’elle se déclare, alors. » Freya tripote le bout du tee shirt qui la couvre tout en agitant de nouveau la tête. « Nan mais l’armée ne pourrait pas m'survivre, de toute façon. » Alors que ça serait clairement elle qui ne pourrait pas survivre dans l’armée. Le côté physique serait un vrai supplice mais ne parlons même pas du côté mental. Elle serait recalée d’office rien qu’avec son dossier médical. Déjà un boulot est compliqué à trouver (et à garder) quand on est bipolaire – et encore plus avec les bagages qu’elle traîne derrière elle – alors les rangs, les militaires, la discipline, les règles, ça lui fout le bourdon et les frissons rien que d’y penser.
Freya se laisse bercer par ses doigts sur elle alors qu’il lui confirme qu’elle reste en poste. Mais elle secoue vivement la tête de façon positive quand il lui propose de passer de temps en temps. « J’crois qu’y a des petites vieilles qui seraient ravies de t’revoir. J’aime pas les petites vieilles, Tim, elles sont chiantes, elles sont enquiquinantes et elles m’aiment pas. » Elle a une petite moue triste (gamine tu es, gamine tu resteras) mais dans le fond, elle serait bien contente de s’en débarrasser de ces bonnes femmes. Celles qui se plaignent que les arrosoirs ne sont pas assez bien rangés, que les feuilles n’ont pas été ramassés, qu’il y a trop de plantes mortes à l’entrée. Sérieusement, il n’y a que des bonnes femmes comme elles qui n’ont rien à faire de leurs journées pour faire autant de critiquer. Et troquer un jeune homme aussi doux et souriant que Tim pour une demoiselle bougonnant et de mauvaise grâce que Freya, le choc a dû être brutal.
La demoiselle rigole alors que Tim se prend au jeu et obtempère pour lui montrer ce qu’il sait faire. N’attendant pas les cinquante, elle le fait revenir complètement vers elle, sur elle, lui la prenant dans les bras tout en l’embrassant. Elle pourrait s’y laisser plonger pour le reste de l’éternité, elle décrète. Quand il s’éloigne légèrement, Freya fronce le nez, en pleine réflexion sur ce qu’il lui raconte. « Mouais, je préfère laisser ça aux pros, quand même. La première flexion et j’atterris directement comme un boulet sur toi. La honte. Et puis, j’aime bien la vue d’ici. » Doherty sous Decastel, c’est un très bon plan dans sa tête. Et puis, la vue est réellement très sympathique. Ses mains sont posées sur chaque flanc du jeune homme et elle passe une jambe par-dessus la sienne alors qu’il lui demande ce qu’elle veut faire. Freya rejette la tête en arrière pour réfléchir. « Alors,… On peut sort- Ah nan, séquestration oblige, on sort pas. Bon, on peut toujours écouter d’la musique, jouer, faire encore plus de café – c’est sûrement de là que j’tiens mon endurance – ou même encore ne pas bouger. J’suis bien où j’suis, là. Mais après tout, c’est moi la prisonnière, c’est toi qui choisis. » Elle repose ses yeux sur lui tout en mettant ses mains sur son visage. « Tu veux faire quoi, toi ? » Une question à double tranchant, avec une portée plus forte que la simple utilisation de leur journée. Parce qu’elle a la sensation qu’on ne lui a jamais vraiment posé la question. Freya se laissera aussi porter par Timothy parce qu’ils sont ensembles et que les choix ne seront pas unilatéraux, qu’il aura sa voix et ses opinions qui seront pris en considération. Il ne la mettra pas plus en avant par rapport à lui. Une relation à sens unique, ça ne peut jamais fonctionner, de toute façon.
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| | | | (#)Lun 16 Sep 2019 - 8:37 | |
| Tout était si neuf, si frais et Tim se demandait comment il avait pu passer à côté de tout cela jusqu'ici. Il y avait eu les drames, les larmes et les coeurs brisés au lever du jour mais rarement de moments aussi tendres et spontanés. Freya éveillait cette nouvelle réalité chez lui et pour la première fois depuis trop longtemps, Decastel se sentait complètement vivant. Il se doutait que ce n'était qu'une sensation passagère car la vie finirait forcément par reprendre ses droits, avec son lot de drames et de tragédies mais pour l'heure, le soldat se refusait d'y penser. Il désirait simplement porter son regard dans celui de la belle Doherty et s'y noyer. Voilà une mort qui semblait idéale, conserver ses yeux océan dans ceux d'ébène de sa compagne et rêver à leur fin commune, leur fin heureuse parce qu'ils se sentaient bien ensemble à ce moment là. N'importe qui aurait pu le lire sur leur visage respectif, ils découvraient cette sensation doucereuse de joie qui les enivrait, qui les poussait à partager un petit déjeuner au lit en souriant, à peine habillés, les cheveux en bataille et cette bonne humeur si communicative sur les traits de leur visage. Tim avait attendu trente deux ans pour vivre quelque chose d'aussi fou et il comprenait beaucoup mieux les dires de son frère aîné, lui qui avait tout fait pour renier la portée de son discours. C'était ce même frère qui lui avait répété cent fois que passager ces instants de communion avec une autre personne pouvait tout changer au fond de son âme et Decastel ne l'avait pas cru. Comment une nuit pouvait-elle tout transformer exactement? Il avait commencé à changer d'avis après ce qu'il avait partagé avec Charlie mais l'issue avait été tellement tragique qu'il avait préféré tout mettre de côté et se plonger dans le plus dur des dénis. Voilà qu'on le remettait face à la réalité, un sourire tangible sur ses lèvres alors qu'il avait bien du mal à s'arrêter de baiser la peau de sa jolie Freya. Il souhaitait que tous les réveils ressemblent à cela, à des moments affectueux où la parole de l'autre était entendue, où on surenchérissait avec naturel parce que rien de ce qui pouvait être dit ou bien fait changerait la portée de ce qu'ils étaient l'un pour l'autre. Timothy adorait cette sensation en tout cas et il comptait bien s'y lover encore un peu, au moins pour les heures à venir maintenant que le repas se terminait... Mais pas ces instants partagés avec Doherty. "Une humeur au beau fixe et une endurance sans faille, tu me gâtes ce matin Freya." Il ne put qu'en rire parce qu'il s'imaginait déjà une réunion de Doherty tout sourire à échanger sur celui qui était le plus endurant dans l'assemblée. Pas sûr qu'il veuille se retrouver au milieu d'un tel désastre en réalité mais la naïveté de Tim ne pouvait qu'être présente après la nuit qu'il venait de vivre. "C'est une question bien métaphysique pour un réveil de ce genre... J'y ai jamais vraiment pensé, comme tout le monde, je suppose, être heureux et maintenant que je l'ai dit, je me sens ridicule." Timothy ne s'était jamais laissé rêver de la sorte. Lui et le bonheur n'avaient jamais fait bon ménage, raison pour laquelle sa mère le tyrannisait et son frère quittait les lieux pour mieux aller vivre sa vie loin de cette ville. Le jeune homme avait voulu faire de son mieux au milieu de tout cela mais il s'avérait qu'il n'y avait que son cimetière qui lui apportait une paix quelconque, ce même cimetière qu'il avait légué à la jeune femme à ses côtés sans sourciller. Il lui vouait une confiance aveugle sans véritablement savoir d'où tout cela lui venait, c'était juste le destin sûrement, ce fameux destin qui les avait mis ensemble, envers et contre tout. Ce même destin qui les rendait si aimants l'un envers l'autre dans un contexte si singulier. "De toute façon, t'es une artiste, Freya, on peut pas tous être soldat, ce serait bien triste autrement." Et à ses yeux, c'était un vrai compliment parce que la jolie jeune femme était capable de voir la beauté dans plein de choses autour d'elle. Tim, lui, n'était pas de ceux-là, il ne côtoyait que la noirceur et finissait par s'y noyer lui-même. C'était sûrement pour cette raison qu'il se plaisait en tant que soldat, cela lui donnait l'impression de contrôler son existence quand, au fond, c'était elle qui le contrôlait. Une grossière erreur, il aurait mieux fait de démissionner tout de suite, avant qu'il ne fut trop tard mais Decastel ne désirait pas être aussi lâche que ses parents. Raison encore plus idiote encore. "Je vais être obligé de décevoir les petites vieilles quand je viendrai... Désolé, ladies, mais je viens ici pour voir la boudeuse qui sait pas ranger les râteaux au bon endroit dans la remise." Il lui fit un clin d'oeil en déposant ses douces lèvres sur l'arête de sa mâchoire, une scène qui aurait certainement lieu vu les rabats-joie qui peuplaient le cimetière au moins trois à quatre fois par semaine. Voilà ce que c'était lorsqu'on devenait veuves sûrement, Tim n'aurait su le dire puisqu'il n'avait rien vécu de tel pour le moment. Non, pour l'heure, il jouait au soldat du dimanche, s'amusant à faire quelques pompes au dessus de Freya et autant dire qu'elle ne le laissa pas vraiment agir. Au contraire, elle s'accrocha à lui pour l'embrasser, entortillant sa jambe autour de la sienne pour qu'il ne puisse plus s'échapper de son étreinte très longtemps. Comme si Timothy comptait s'en aller dans les minutes qui venaient, en réalité. "Ça me gênerait pas de servir de piste d'atterrissage à tes flexions ratées, tu le sais. Mais je voudrais pas te priver d'une vue que t'as l'air de beaucoup aimer, non vraiment, j'oserais pas." Ses lèvres glissaient sur la peau de sa belle Doherty au moment où il écoutait ses propos, sur les plans de la journée à venir. Freya n'avait pas l'air de résister face à l'idée de rester sa prisonnière encore quelques heures et forcément, Tim se targua d'un sourire de ce succès des plus immenses. "Ce que je veux, moi? Juste être avec toi." Il la regarda avec ce sourire si doux avant de venir coller son visage à quelques centimètres du sien seulement. "Et peut être t'embrasser de ça de là. Profiter de la présence de ma petite amie parce que ce serait une honte de pas le faire quand on sait à quel point elle est jolie." Il déposa un baiser furtif sur ses lèvres en la regardant, toujours aussi souriant. "Je te ferai tous les cafés que tu veux, évidemment, pour entretenir ton endurance. Et peut être que t'auras la force de finir ton dessin aussi... Rien ne restera inachevé, Freya, pas avec nous deux en tout cas." Ses lèvres glissèrent sur l'arête de son nez, puis sa tempe pour enfin venir bercer les siennes, le plus délicatement du monde alors que sa main remontait sur son flanc, repensant à toutes les façons dont il pourrait dessiner son corps de ses doigts parce qu'il en avait le droit, désormais. Parce qu'ils étaient ensemble, envers et contre tout à partir de maintenant.
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| | | | (#)Mar 17 Sep 2019 - 4:38 | |
| Freya ne peut lui promettre qu’elle sera toujours aussi enjouée et agréable que ce matin. Elle l’a mis en garde et il l’a accepté en la serrant un peu plus fort contre lui. Mais ce matin-là, contrairement au temps extérieur qui s’annonce nuageux, il n’y a pas l’once d’un cumulus à prévoir dans l’appartement de Tim. Freya compte bien en profiter car le temps est toujours contre elle, ne sachant jamais quand la prochaine vague va arriver. C’est aussi ça qui est incertain, qui fout en l’air sa vie, ses relations, les perspectives qu’elle a pu caresser brièvement. C’est un tourment sans fin, une angoisse permanente que de ne jamais être capable de voir quand le tonnerre va s’abattre et où la foudre tombera. On pourrait croire qu’avec le temps, elle s’y est faite mais pas vraiment. Les cachets qu’elle prend l’aident seulement à allonger les périodes de calme, les périodes dites "normales". Ce qui rend l’horloge encore plus indécis. Ce matin, il n’y a rien d’imprécis. Il n’y a rien qui ne soit pas limpide, qui ne soit pas incompréhensible. Que ce soit le comportement absolument adorable et tendre de Tim, ou celui de Freya qui veut juste le garder contre elle à jamais, le message ne peut pas être plus clair. En tout cas, Freya est juste épatée par ce qui se déroule en ce moment. Comme le rire du jeune homme qui la fait sourire encore plus, parce que c’est beau et que même si c’est à ses dépens, elle s’en fiche parce que Tim ne se moquera jamais profondément d’elle. Inutile qu’une petite voix vienne l’interrompre pour lui dire le contraire, elle le sait. Ils vont encore apprendre à se connaitre, à se découvrir, à développer cette affection – tendresse – amour ? – pour le meilleur et pour le pire. C’est comme ça que ça fonctionne. Son dernier copain, qui avait connu une fin meurtrière et – ô sweet irony – c’était peut-être même Tim qui a dû l’avoir enterré, n’avait rien avoir avec le jeune homme en face d’elle. Elle n’avait pas été aussi légère avec Cole, pas aussi insouciante. Peut-être parce que Tim est honnête, il est calme, il est gentil – et mon dieu que c’est quelque chose dont elle n’est pas habituée. Freya a presque envie de s’enrouler autour de lui pour le protéger du monde extérieur – sensation qu’elle a depuis le premier jour où elle l’a vu. « Et j’essaierai d’le faire tous les autres matins. », dit-elle, en suivant du regard Tim qui rit toujours, le visage lumineux face à cette image. Freya eut un léger « pff » alors qu’il lui confie se sentir ridicule. « Depuis quand vouloir être heureux c’est ridicule ? Au contraire, c'est même carrément ambitieux. » La jeune femme ne peut pas trouver sa réponse ridicule. Elle est même cruellement normale et humaine. Avoir enfin d’être heureux, ça sous-entend que le passé ne l’a pas été. Et Freya étant un peu plus au courant de l’histoire personnelle de Tim, elle n’est que moins bien surprise de cette réflexion. « Et qu’est-ce qui t’rends heureux, alors ? Tu sais que je dessine mais toi, c’est quoi ton truc ? T’as bien quelque chose quand tu veux te détendre ? » Est-ce que c’étaient les plantes, peut-être ? Vu le cimetière, le jardin de son immeuble (qu’elle attend de voir), les pots chez lui ? Une façon comme une autre d’en apprendre un peu plus sur lui, de découvrir un peu les caches qu’il renferme. C’est la première fois que ça lui arrive, il faut bien lui faire honneur, lui faire sentir qu’elle s’intéresse à lui – et pas qu’à ses yeux bleutés qui finissent toujours par se perdre dans les siens. De toute façon, t'es une artiste, Freya, on peut pas tous être soldat, ce serait bien triste autrement. Voilà une réplique pleine de bon sens qu’elle apprécie grandement. Être de la chair à canon ne fait pas parti de ses plans, de toute façon. « Tu dois avoir raison… J’imagine pas une arme entre ces doigts-là. Le cimetière suffirait pas pour couvrir toutes mes traces. », affirme-t-elle tout en pianotant ses doigts entre eux. Une arme chez les Doherty, ça serait dangereux. Déjà qu’un simple livre peut être létal, elle n’oserait imaginer un engin avec des balles qui peuvent transpercer la peau d’un être humain. Un vrai carnage, elle n’en doute pas du tout. Tim pose ses lèvres sur sa mâchoire mais ça n’efface pas l’expression faussement choquée de Freya alors qu’il vient de lui affirmer que non seulement elle est boudeuse mais en plus qu’elle ne range pas là où il faut le matériel. « Hey, comment tu sais ça, d’abord ? Et puis, c’est pas qu’ils sont au mauvais endroit, c’est juste toi qui capte pas mon bordel organisé. » Le rangement n’est pas son fort – il n’y a qu’à voir sa chambre dénuée de meubles mais dont les feuilles, les carnets et les vêtements font office de mobilier à eux tout seuls. Ce que je veux, moi? Juste être avec toi. Ses membres s’engourdissent alors qu’il rapproche son visage du sien, juste de quoi la frôler, lui promettre quelque chose sans le lui donner. (Et ça la rend dingue.) Et peut être t'embrasser de ça de là. Profiter de la présence de ma petite amie parce que ce serait une honte de pas le faire quand on sait à quel point elle est jolie. (Il a dit qu’elle est sa petite amie. Elle devrait peut-être avoir honte mais elle n’a pas le temps, le regard brillant déjà de fierté lui passant devant.) For crying out loud, Tim est en mode furtif et ce n’est pas juste du tout. Freya hésite entre l’écouter prononcer tous ces mots qui la bouleversent toujours un peu plus ou bien le faire taire en prenant ce qu’elle veut, là, maintenant – visiblement, elle opte pour la première option sans avoir le choix puisque le jeune homme ne semble pas s’arrêter. Je te ferai tous les cafés que tu veux, évidemment, pour entretenir ton endurance. Et peut être que t'auras la force de finir ton dessin aussi... Rien ne restera inachevé, Freya, pas avec nous deux en tout cas. Son cœur chavire doucement autant que les sensations qui la font rapprocher Tim un peu plus proche alors qu’il l’embrasse sur le visage pour finir sur ses lèvres. Ses derniers mots sont d’une honnêteté incroyable, d’une douceur dont elle n’est pas habituée. Heureusement qu’il occupe son esprit par son baiser car elle n’aurait pas su quoi dire en guise de retour. Si Tim lui sort des bombes comme ça à chaque fois, Freya n’est pas sûre d’y survivre et d’en sortir indemne. Parce qu'il lui en faut tellement peu pour atteindre son cœur, il faut dire. C'est presque navrant de voir qu'elle a toujours des réflexes de l'adolescente qu'elle était. De débutante. Mais Freya ne peut pas s'en empêcher parce qu'une nouvelle relation, c'est toujours la promesse de quelque chose. On ne sait pas si ça sera positif ou négatif, si ça tirera vers le haut ou vers le bas. En attendant, elle sent sa main qui remonte contre elle, faisant frémir la peau qui se trouve sur son trajet. Pour l’instant, il n’y a que ça qui compte. Maintenant, tout de suite, le moment présent. Être dans ses bras, respirer son odeur, le laisser prendre possession de son âme et de son cœur, s’abandonner complètement. Les autres qui l’ont blessé dans le passé, Freya espère les évaporer de l’esprit de Tim, les remplacer par des baisers sucrés, par des gestes délicats, par une tendresse débordante. Qu’il se sente aimé, apprécié à sa juste valeur, respecté, à sa place. Avec elle, près d’elle, contre elle. Enroulant délicatement ses jambes et ses bras autour de lui, Freya interrompt leur baiser pour laisser son regard chocolat vaguer dans la mer qui la regarde. « Tant mieux. J’aime pas le sentiment d’inachevé. » La jeune femme eut un doux sourire à son tour. « Des baisers et du café, j’peux pas rêver de mieux. And you’re the cherry on the top. J’pouvais pas rêver de quelqu’un comme toi tellement que t’es unique dans ton genre. » La voilà qui se laisse aller à son tour à des paroles qui ne lui ressemblent pas tant que ça. Mais Freya ressent ses émotions qui se bousculent de nouveau, que le lien qu’ils ont créé lors de leur première nuit est clinquant. Il brille, il éclate, il fait sentir sa présence. Sa main se perd dans les boucles folles de Tim en même temps qu’elle se soulève légèrement pour capturer de nouveau ses lèvres dans une danse dont eux seuls connaissent les pas. Elle pourrait crever maintenant qu’elle dirait merci.
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| | | | (#)Mar 17 Sep 2019 - 6:23 | |
| Il pouvait retrouver la route de l'insouciance, au moins pour les quelques jours à venir, lui qui avait tout fait pour s'en détacher ces dernières semaines. Timothy avait essayé de tout terrer au fond de lui car il avait conscience qu'à l'armée, il n'y avait pas de place pour un déballage de sentiments. Pourtant, le jeune homme avait toujours été particulièrement sensible, à fleur de peau même, souvient bien incapable de retenir le flot de sensations qui l'accablaient ce qui avait déjà résulté en de multiples crises de panique. Non, Decastel ne contrôlait pas tout à fait son corps et son esprit, il le savait depuis longtemps mais il n'avait jamais vraiment appelé à l'aide, par manque de moyens, par manque d'éducation aussi. Tout ce qu'il savait, c'était qu'il n'avait plus le droit d'être ainsi, d'être ce garçon timide et qui ressentait tout trop fort, trop vite, trop loin. Alors, il avait tâché de garder une face neutre durant ces longues semaines de formation et personne n'avait pu atteindre Tim Decastel. Il n'avait craqué qu'un jour, un seul, au moment où Heïana était apparue face à lui parce qu'il avait osé lui dire dans sa lettre que son corps ne tenait plus la marée, certainement parce que sa tête était au bout du rouleau en premier lieu. Ses camarades l'avaient sûrement jugé pour sa faiblesse, mais pas devant lui, alors Timothy avait repris les armes le lendemain pour terminer sur les chapeaux de roue. Il voulait croire que l'armée avait changé mais au fond, Tim s'était transformé tout seul, par nécessité, parce qu'il ne pouvait pas toujours rester cet enfant qui avait peur de tout, tout le temps. Néanmoins, cela ne voulait pas dire que ce garçon était totalement enterré, il avait l'air d'être plus que présent, au contraire, ce matin-là. La présence de Freya permettait à Tim de retrouver cette partie de lui, celle qui aimait et qui ressentait avec spontanéité, sans rien retenir, celle qui pouvait rire autant que pleurer, celle qui pouvait tout montrer d'un simple regard bleuté ou bien d'un éclat de rire. C'était certainement dans ces instants-là où le soldat était le plus beau, même s'il ne s'en rendait pas compte, bien évidemment. Un jour, peut être, il comprendrait que ses atouts ne résidaient pas dans ce coeur si pur, même si tout cela jouait beaucoup, mais on avait qu'à le regarder pour constater tout ce qu'il pouvait apporter à ce monde. Lui n'en était pas à ce stade de réalisation et ce n'était, de toute manière, pas ce qui l'intéressait. Là, tout de suite, il n'avait d'yeux que pour Freya, que par la portée de son discours et la manière dont il lui sourit en retour lorsqu'elle lui confessa qu'elle comptait bien lui apporter ce cadeau de joie et de bonté tous les matins. Tim hocha la tête, heureux de l'entendre dire ce genre de choses, même si c'était clairement une utopie car une vie n'était jamais parfaite, pas la leur en tout cas. Pas la peine d'y penser pour le moment en tout cas puisqu'ils en étaient à bavarder de la notion de bonheur, même si Timothy se sentait idiot avec ces idées de gosse. "Justement, l'ambition, c'est un peu de la folie, non?" Il ne l'avait jamais été jusqu'ici, lui, le misérable Decastel qui subissait les sévices d'une mère loin d'être aimante. Il ne s'attendait pas au bonheur jusqu'à quelques semaines auparavant. Désormais, les choses avaient bien changé et Tim se permettait de rêver à nouveau, mais il rêvait à deux parce qu'il était avec Doherty et qu'il se sentait parfaitement à sa place dans ce genre de circonstances. "Moi, j'ai mes plantes. Le jardin de ma résidence en plus de celles qui traînent dans le salon. Quand j'étais môme, ça me permettait de penser à autre chose alors quand je pouvais plus supporter... Je prenais mon dico des fleurs et à force, je l'ai appris par coeur. Je le connais encore par coeur, même si ça sert pas à grand chose parce que je suis libéré de tout ça alors j'en ai plus besoin." C'était un outil de réconfort comme un autre et le livre traînait encore dans sa table de chevet parce que les moments d'angoisse pouvaient réapparaître à tout moment et Tim savait que lire quelques lignes sur la signification d'une fleur quelconque lui permettait de se calmer. C'était fou ce u'un simple objet pouvait provoquer chez un être humain. Il sourit plus nerveusement parce qu'il ne savait pas ce que Freya allait bien pouvoir penser de tout cela, il devait sûrement avoir l'air ridicule avec son dictionnaire des fleurs et son jardin de tulipes, quelle image donnait-il de lui au bout du compte? La vérité, même si c'était insuffisant à ses yeux. Tant que cela ne l'était pas pour Freya, l'affaire était gagnée. "Ouais, alors on va éviter les carnages dans le cimetière, ça me briserait le coeur. Ton bordel organisé? Même Mary Poppins retrouverait rien dans ton fatras, va." Il lui fit une grimace amusée, oui, il était taquin parce qu'au fond, Timothy s'en fichait pas mal de la manière dont elle organisait ses affaires au travail, c'était elle la maîtresse des lieux désormais et il n'irait pas la juger sur sa façon de faire. Il n'était pas là pour cela et puis, il était devenu soldat, loin de ce genre de monde désormais. Il n'y pensait pas à l'heure actuelle, trop concentré sur la présence de Freya en dessous de son corps, son sourire angélique posé sur ses traits au moment de faire naviguer son regard sur tout ce qu'elle pouvait lui montrer. Ses mains se promenaient sur son corps alors qu'il lui parlait, pas très certain que son plan soit idéal. Au fond, Tim n'avait pas envie de faire grand chose, juste être avec elle au maximum avant que la vie ne reprenne ses droits et il savait qu'elle le ferait. En attendant, il était proche de Doherty, caressant du bout des doigts sa peau autant qu'il pouvait caresser du bout des doigts ce rêve de ne jamais les faire tomber dans l'inachevé. Non, ce ne serait pas eux parce qu'ils avaient énormément à s'offrir et que l'affection qui se jouait depuis le début n'était pas encore arrivé à son paroxysme. "Je me sens privilégié que tu me dises quelque chose comme ça... Je suis pas sûr que ce soit fréquent, à moins que ça fait partie de ton plan machiavélique pour me faire rougir, t'y arrives à merveille." Les lèvres de Freya s'éveillèrent pour jouer avec les siennes et les pensées de Timothy se turent instantanément. Il n'y avait qu'elle, son souffle et ce baiser qui disait tant sur ce qu'ils pouvaient ressentir lorsqu'ils étaient ensemble. Là, leurs corps emmêlés, la chaleur les enivrant, ils préparaient le terrain pour cette histoire qui s'annonçait des plus merveilleuses. "On va être heureux ensemble. Tu le sens, aussi?" Son coeur battait et il sentait le sien si proche. Il n'y avait rien qui pouvait être plus réel que cela. Rien qui vaudrait plus que cela. "Oh et entre deux baisers, deux cafés et deux dessins, il y aura toujours la possibilité que je te montre le jardin. J'y ai mis un banc et peut être que ça t'inspirera quelque chose comme endroit, enfin je suis pas artiste mais tu me diras..." Son sourire s'élargit encore alors qu'il caressait ses lèvres de son pouce, bien incapable de se détacher de cette étreinte, sa tête se perdant dans le cou de Freya ensuite pour l'enlacer plus étroitement et se noyer dans son parfum. Se noyer dans la tendresse qu'il ressentait pour elle.
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| | | | | | | | TIMYA ● take my hand and keep it close to your heart |
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