Son visage reste marqué par la profondeur du moment. C’était tellement intense, fort et juste incroyable. Freya ne cherche pas à essayer de calmer l’emballement interne de son être. Elle veut profiter encore de cette frénésie dans ses veines, de tout ce qui a pu se passer là, entre eux. Comme s’il y a une promesse physique qui vient de s’opérer, en plus de celle qu’ils ont pu se dire à l’oral. La jeune femme laisse son dos choir un moment contre la paroi tout en posant ses mains sur chaque côté du visage de Tim et de les monter pour dégager les cheveux qui se sont plaqués contre son front et qui osent déranger ses magnifiques iris bleues. Elle a un léger sourire rêveur et se penche légèrement pour l’embrasser de nouveau. « L’astrologie, c’est beaucoup plus fun avec toi. Au moins, quand j’serai perdue dans le noir, je serai où regarder. » Une vraie adolescente. Mais ça la fait rire doucement. C’est bon de retrouver une certaine légèreté. Freya enroule ses bras autour de lui et pose son menton sur son épaule. « J’ai p’t’être un peu menti ; je me rappelle très bien de c’que j’ai ressenti ce soir-là. » Elle embrasse son épaule. « J’ai été conne de partir après tout ça la première fois. » C’est bien la première fois qu’elle en parle. Le bout de ses doigts joue avec les mèches tombantes sur la nuque de Tim d’un geste absent. « J’ai flippé. J’avais bu et… » La jeune femme soupire légèrement avant de relever la tête vers le soldat. « Mais je partirai plus. Ni après la dixième nuit, ni après la première dispute. Tu peux même ne pas avoir envie de moi que je partirai pas. » Freya penche la tête sur le côté tout en redressant ses lèvres dans un sourire amusé. « Par contre, si tu sais pas cuisiner, on risque d’avoir un problème. »

Il dût reprendre sa respiration après cet instant si puissant et il le fit en sentant toute la tendresse dont Doherty pouvait encore faire preuve. Ils étaient partis ailleurs, dans un monde rien qu'à eux, au beau milieu des sentiments qu'ils partageaient depuis peu et qui ne demandaient qu'à être démultipliés. Tim sentait son coeur battre à tout rompre contre sa age thoracique et il espérait que son palpitant survivrait à une telle intensité. Les mots de Freya finirent par le ramener sur leur petite planète et il put lui sourire en guise de réponse. "J'ai pas mal de noms de constellations à te montrer en plus, donc y a de quoi faire." Il lui fit un clin d'oeil, aussi amusé qu'elle de voir à quel point ils pouvaient encore faire preuve d'innocence lorsqu'ils étaient ensemble. Rien ne semblait pouvoir les arrêter, certainement pas le monde extérieur puisque Timothy avait littéralement tout oublié, que ce fut l'eau qui coulait derrière eux jusqu'au jour qu'il était. Ses pensées étaient bien trop concentrées sur les paroles de Freya, elle qui lui confessait les raisons de sa fuite lors de leur première nuit. Tout cela avait été trop fort et elle n'avait pas su gérer, Tim le comprenait très bien et il ne la jugerait pas pour cette décision qui aurait pu tant le blesser. "J'ai très bien compris pourquoi t'es partie, t'en fais pas et ça tombe bien que tu me dises ça, je comptais pas te laisser m'abandonner une nouvelle fois donc t'as signé pour me supporter un petit moment." Dans n'importe quelle circonstance, Tim serait là parce qu'il était cet homme là, celui sur qui on pouvait compter, même dans les pires moments. Elle était importante pour lui et il se détacha d'elle, reposant ses pieds à terre mais ne relâchant pas l'étreinte de ses bras autour d'elle pour la serrer contre lui, encore pantelant. "Je me débrouille. Il faut dire que j'ai dû apprendre assez jeune à gérer comme mon frère bossait et que je devais me nourrir.... Je devrais réussir à m'occuper de ton ventre parce que si tu me dis ça, j'imagine que c'est parce que je t'ai creusé l'appétit?" Il l'avait nourrie de quelque chose d'autre mais ils avaient tout de même besoin de se sustenter. Tim passa une dernière fois sous le jet d'eau avant de l'éteindre et de tendre la main à Freya pour la sortir de là elle aussi. Il l'entoura d'une serviette et colla son buste à son dos, l'enlaçant étroitement avant de déposer plein de baisers sur sa peau, heureux comme un enfant, enfin. "Tu me coupes le souffle, Freya. T'es si belle, tu sais." Et il le pensait vraiment, jusqu'au tréfonds de son âme.

Freya aurait pu s’y prélasser un peu plus longtemps dans leur monde rien qu’à eux. Dans celui où Tim lui murmure qu’il veut la voir défaillir, qu’il marque de nouveau son empreinte sur elle, qu’il se laisse aller d’être égoïste. Elle aime bien cette perspective, elle savoure ce truc qu’ils sont en train de construire. Voir le regard un peu plus sombre du jeune homme parce qu’il la rejoint sur le même fil, le sentir défaillir autant qu’elle, se sentir précieuse et importante aux yeux de quelqu’un – les siens. Freya se retient à lui encore quelques instants, sa respiration bousculant ses côtes. C’est bien là son erreur première à chaque fois de toute façon ; se donner corps et âme à autrui qui lui dégage un minimum d’affection. La suédoise se sent déjà éprise, les prémices de sentiments forts et distincts qui se dévoilent sous la vapeur d’une eau bien trop chaude pour tenter de les calmer. Elle n’arrive pas à croire comment elle en est arrivée là avec le soldat. Mais elle décrète à ce moment là qu’elle s’en fiche. Il est temps d’arrêter de se poser ce genre de raisonnement. Quand on analyse l’intensité de leur moment, Freya se dit qu’elle est finalement là où elle doit être. Dans les bras de Tim, sa poitrine serrée contre son torse, l’accueillant contre son cou avec une protection et une affection sans faille. La suédoise ne va pas cracher sur un bonheur précaire avec des questionnements à la con. Elle pourra l’aimer, elle l’aimera, elle s’y perdra peut-être. Parce que la dévotion qu’elle porte à autrui peut dépasser l’entendement et Tim ne sait vraiment pas dans quoi il s’est embarqué. Mais dans cette douche, en cette matinée grise australienne, la jeune femme veut penser qu’elle sera meilleure. Pour lui parce que Tim a des blessures qui la touche, qu’elle veut qu’il oublie, qu’il soit apaisé. Virer toutes celles qui ont pu lui faire du mal, que ce soit sa mère ou la première. Peut-être que Doherty passe en deuxième mais elle compte bien être la dernière dans l’immédiat. Timothy est venu à elle, il la choisit elle, il la veut elle. Il s’offre à elle sur un plateau et c’est la chose la plus belle qu’on a pu lui faire ces derniers mois. Non, elle ne veut pas penser à Elias ni à la sensation de leurs lèvres liées. Il l’avait rejeté, elle l’avait repoussé, ils se sont déchirés, ils sont séparés. Il n’est pas revenu, elle ne lui en a pas donné l’occasion. Alors que tout le contraire s’est passé avec Tim. C’est lui qui ne lui a pas laissé l’occasion de la laisser lui échapper des doigts.
Et mon dieu qu’elle ne sent pas une once de regret alors qu’elle entend le cœur de Tim battre à tout rompe dans sa cage. Les lèvres de la jeune femme perlent ses cheveux de baisers, comme pour l’aider à revenir vers elle-même si franchement, la suédoise serait bien restée là où ils étaient. C’était tellement beau, tellement magnifique, que la réalité va lui sembler bien plus triste et morose. Mais tant qu’elle a Tim avec elle, Freya considère que leur univers ne sera jamais très loin de ses doigts demandeurs. « Oh, j’ai hâte d’en apprendre plus, professeur. Mais j’te préviens, j’ai jamais été une élève très assidue. » La jeune femme rit sous cape tout en embrassant sa joue alors qu’il relève la tête vers elle pour lui fournir un nouveau clin d’œil porteur d’un message qui la ravit jusqu’au fin fond de ses doigts de pied.

« J’ai plus l’impression que c’est toi qui me supportes que l’inverse là. », rebondit-elle en gigotant légèrement avant que Tim lui laisse de nouveau toucher le sol. Il n’y a pas à dire, la réalité est nulle. Freya pose un moment sa tête sur le torse du jeune homme qui ne la lâche pas plus qu’elle. Tant mieux, elle ne compte pas aller ailleurs. Elle le sent encore secoué et elle caresse doucement là où ses poumons n’ont pas l’air de se relever dans l’immédiat. « Pas spécialement mais on peut dire que l’énergie du p’tit dej a été épuisée rapidement. » Elle a un léger sourire malgré le fait qu’elle trouve injuste que Tim eut à apprendre à se débrouiller seul si tôt. Mais il faut croire qu’ils partagent ça en commun aussi. Freya finit par le laisser se détacher d’elle et sortir à son tour pour se laisser envelopper dans une serviette avant qu’il se colle de nouveau elle. « Tu me coupes le souffle, Freya. T'es si belle, tu sais. » La jeune femme se mordille les lèvres dans une danse incohérente tout en se dandinant sur ses pieds. Elle l’observe via le miroir l’embrasser et elle sourit parce que c’est une image dont elle va très vite s’habituer. « Arrête de dire ça, j’vais finir par y prendre goût et c’est pas bon pour mon égo inexistant. » Freya coupe la vision de leur reflet pour se tourner dans ses bras. Elle passe une main dans ses cheveux humides alors que l’autre tient fermement la serviette contre elle. « T’es un être incroyable, Tim. Tu vas sûrement me dire que non, mais je t’assure que si. » Tellement incroyable que je passerai mon temps à te le redire, à te le démontrer et à te protéger du monde extérieur. La suédoise lui embrasse légèrement les lèvres avant de tendre la main vers le porte serviette derrière Tim. Elle lui essuie gentiment les gouttes qui perlent sur son tronc, ses bras, son cou avant de passer la serviette autour de sa taille. « T’es pas le pire contrat que j’ai signé. Pour toi, j’accepte toutes les conditions, toutes les dettes et je ferme même les yeux sur les petites lignes. » Freya penche la tête, une expression amusée au visage. « Du coup, si j’veux m’enfuir, ça fonctionnera pas, c’est ça ? » Même si ce n’est pas du tout dans l’ordre du jour.

Elle rendait tout plus beau, plus fort, plus grand. Tim se sentait si heureux d'avoir osé se présenter à elle, contrecarrer chaque argument de la jeune femme qui jouait en sa défaveur pour qu'elle ne lui résiste plus. C'était réellement la plus belle victoire de son existence, lui qui ne faisait jamais rien par peur de souffrir. Il savait que l'amour, c'était accepter une part de douleur parce qu'on n'était plus dans le contrôle, qu'on ne pouvait pas décider à la place de l'être aimé mais c'était également un jeu où on pouvait atteindre le plus haut des ciels. C'était ce qui arrivait ce jour là, avec Freya, puisqu'elle lui faisait suffisamment confiance pour le laisser prendre totalement les rênes de son corps au beau milieu de la salle de bain, ses mots le berçant d'une chaleur peu commune. Il n'avait pas connu des milliers d'histoires, encore moins de relations mais il savait que celle-ci le marquerait à jamais. Sans avoir à faire énormément d'efforts, la jolie Doherty pansait ses plaies, de chaque baiser déposé, chaque caresse bien placée, toute son affection réchauffait le palpitant du jeune soldat. Depuis qu'elle était entrée dans sa vie, Timothy se sentait tellement mieux et depuis la veille, il avait même l'impression de pouvoir respirer en ayant un but des plus nobles: s'occuper d'elle, l'aimer sans arrière pensée, sans rien laisser de côté car c'était ce qu'il savait faire de mieux, de toute manière. Timothy n'était pas un garçon qui pouvait se cacher derrière de faux semblants: bien au contraire, il était assez honnête pour confesser quand quelque chose n'allait plus au fond de son âme. A l'heure actuelle, il connaissait la paix la plus vaillante jamais connue, aucune mauvaise pensée, aucune peur à déclarer... Juste tant d'amour à apporter. Il l'avait fait en emmenant Freya dans leur nouveau petit monde, éclatant leur bulle le temps que le plaisir les y emporte. Le retour à la réalité aurait pu être fracassant et douloureux, comme souvent avec Decastel mais ne ce fut pas le cas du tout. La tendresse était encore de mise lorsqu'ils sortaient de la douche, que Tim s'amusait à essuyer le corps de sa belle Doherty et qu'il l'embrasse en ayant des mots affectueux à lui offrir. Elle aurait pu rester passive, ne rien répondre et aller s'habiller mais ce ne fut pas ce que Freya choisit. Au contraire, elle se retourna dans ses bras pour prendre soin de lui avec la même ténacité. Il sentit ses doigts frotter les gouttelettes d'eau qui parsemaient son corps et Timothy se mit à lui sourire pendant toute la durée de cette tendre labeur. "Une mauvaise élève? Au moins, je sais qu'il faudra envisager des cours particuliers dans ce cas." Comme si les connaissances qu'il avait en étoiles pouvaient dépasser celles de la jeune femme, certainement l'inverse mais le sous entendu était clair. Plus explicite que jamais. "On se demande bien comment l'énergie de ce petit déjeuner ait pu être consommée aussi rapidement, hein." Timothy lui fit un clin d'oeil au moment où elle déposa un rapide baiser sur ses lippes avant de l'entourer d'une serviette. Il se mit à rougir des dires de sa belle petite amie et ne put rien lui répondre parce qu'il savait qu'elle désapprouverait sa réaction. Tim ne s'était jamais trouvé magnifique, à bien des égards même, c'était relativement l'inverse. Il avait mis un temps fou à soutenir son propre regard dans le miroir et maintenant qu'il pouvait le faire, c'était certainement en grande partie grâce à la présence de Freya à ses côtés. Il n'allait rien en dire, non, préférant écouter la suite des remarques de la beauté entre ses bras. "Si t'essayes de fuir? Et bien, je te cours après et je te séquestre, c'était noté dans les petites lignes du contrat ça... Du coup, impossible, tu restes avec moi." Comme s'il allait la laisser partir comme cela, plutôt mourir bien évidemment. "Pour éviter ce genre de désagréments, je te quitte plus d'une semelle là, même le temps qu'on s'habille et je te propose un petit pique nique dans mon jardin, si ça te tente toujours bien sûr." Tim ne l'obligerait jamais rien, en témoignait sa manière de venir déposer ses lèvres contre son front, attrapant quelques vêtements laissés là par inadvertance, prêt à tenter cette expérience de vie de couple hors du commun. Avec Freya, il n'avait pas peur de cela.

La buée commence à disparaitre de la fenêtre, du miroir, de la paroi vitrée. En même temps que les gouttes qui s’épongent silencieusement sur les serviettes, l’instant qui vient de se passer s’effacer doucement. Mais pas dans leurs esprits ni dans leurs êtres parce qu’il s’est clairement passé quelque chose de trop intense pour qu’un simple geste de la main réussisse à supprimer quoique ce soit. Faire comme si rien ne s’était dit, rien ne s’était promis ni échangé, ça ne serait pas raisonnable. Tim vient de réveiller une partie d’elle-même qui a dormi depuis bien trop longtemps maintenant. La partie où elle se sent à sa place, où elle se sent chérie, apprécié, protégée. Des sensations futiles mais qui ont tellement d’importance aux yeux de la jeune femme. Elle a passé tellement de temps à se perdre dans des relations récentes sans lendemain, sans avenir, sans perspective qu’elle a presque oublié ce que c’est de se lever le matin avec un bras l’entourant, la pression d’un baiser se perdant dans les cheveux aussi légère qu’irréelle. Freya a enchaîné les faux pas, les coups de gueule, les gueules de bois, sans langue de bois. Un passé qui revient la hanter, des anciens amants qu’elle aurait préféré continuer à oublier, à foutre sur le banc de sa tête. Il y a aussi eu les expériences, aussi loufoques que complètement folles. L’hiver a été rude mais mélangé à un dépassement de soi incroyable. Mais ça n’avait rien amélioré. Doherty est toujours fidèle à elle-même, elle n’a pas évolué, à part dans le sens inverse. Contrairement à Tim, pendant deux mois, elle s’est complètement fourvoyée. Dans une spirale infernale qui n’a jamais cessé de finir. Comme si l’univers entier a voulu la faire rouler, la faire battre, la foutre à mal juste pour cet instant, juste pour être récupérée par Tim, revenant comme une fleur après deux mois d’absence. Alors que son minois est relevé pour continuer à l’observer, ne jamais le quitter du regard, Freya regrette presque qu’il ne fut pas dans sa vie plus tôt. Des années avant, être traitée de cette façon, elle aurait pu changer de trajectoire. Des actions n’auraient pas été faites – mais d’autres, si, forcément. On ne peut pas savoir ce qu’il se serait passé si les choses s’étaient passées de façon différente. Le monde serait à refaire avec des ‘‘si’’ mais ça ne sert à rien, à part peut-être se muer dans l’hypothèse que le monde aurait peut-être été plus beau plus tôt. Mais Freya ne veut pas s’y perdre dans ces hypothèses. Parce que la réalité est devant elle, son présent lui sourit agréablement et pour rien au monde elle ne changerait quoique ce soit.

« Une mauvaise élève? Au moins, je sais qu'il faudra envisager des cours particuliers dans ce cas. » Freya imite son sourire, rayonnante et amusée. « La pire des espèces. Celle qui s’foutait au fond de la salle pour pioncer… Quand elle faisait honneur d’sa présence en cours. » Parce que vu le rythme de vie qu’elle vivait pendant ses années adolescentes, les cours étaient finalement un des rares moments de répit qu’elle pouvait s’octroyer. Mais Freya passe doucement sa main sur son torse, les yeux pétillants. « Des cours particuliers, j’demande à voir ça. Même si j’risque d’être affreusement distraite par mon prof. » Mais si ledit prof veut lui montrer les constellations de leur planète et celles des neuf univers avoisinants, la suédoise prendra tous les cours particuliers qu’il veut. Elle les apprendra par cœur s’il le faut mais elle ne s’en lassera pas, parce que c’est fascinant. « T’façon, la seule constellation qui mérite que j’l’apprenne par cœur est juste devant moi. » Et crois-moi, Tim, je t’apprendrai, je te lirai, je te réciterai par cœur. Freya lâche un nouveau rire avant d’embrasser Tim avec légèreté pour l’interrompre dans ses sous-entendus – pas si sous-entendus que ça. « J’voulais juste prendre une douche. Personne ne prévient de l’énergie qu’ça demande. Surtout quand quelqu’un vient squatter ladite douche. » Est-ce que ça va être une spirale sans fin ? Il y a moyen mais ce n’est pas la jeune femme qui va s’en plaindre.

« Si t'essayes de fuir? » Même si ça n’arrivera dans l’immédiat. « Et bien, je te cours après et je te séquestre, c'était noté dans les petites lignes du contrat ça... Du coup, impossible, tu restes avec moi. » Freya apprécie cet élan de Tim. L’assurance qu’il reviendra vers elle, qu’il se perde ou qu’elle s’éloigne. Qu’importe où l’autre va, ils seront comme ces aimants qui finissent toujours par se retrouver. La suédoise ne veut pas penser à toutes ces personnes à l’extérieur qui vont pouvoir leur foutre le doute, qui vont sûrement générer des sentiments négatifs parce que c’est naturel dans un couple. Alors pour l’instant, non, tais-toi, ça ne fait même pas vingt quatre heures, laissez-nous en profiter. « Pour éviter ce genre de désagréments, je te quitte plus d'une semelle là, même le temps qu'on s'habille et je te propose un petit pique nique dans mon jardin, si ça te tente toujours bien sûr. » Et ce baiser sur le front, c’est presque la chose la plus tendre qu’on peut lui faire. Comme un enfant qu’on veut rassurer, qu’on veut apaiser. Freya resserre la serviette autour d’elle tout en fermant brièvement les yeux, la tête finalement posée sur son torse. C’est un vrai cocon dans lequel elle est en train de se plonger et elle ne veut pas en ressortir. Papillon ou larve, elle s’en fout, elle ne veut pas. Mais il va bien falloir bouger de la salle de bain. Okay. « Okay. » La jeune femme lève les yeux vers lui après avoir embrassé son torse. « Okay pour rester avec toi. Okay pour ne pas quitter ma semelle. Okay pour le pique-nique. » Okay, okay, okay, d’accord, let’s go, let’s do it. « Si j’dis que ça m’ira tant que t’es là, c’est niais, nan ? Parce que c’est le cas. J’irai où tu voudras. » A part dans un incendie. Là, peut-être que ça serait au-dessus de ses forces et que ça serait plus à son frère de le suivre – awkward. Freya finit par secouer ses épaules tout en reculant, finissant de se sécher avec plus de vigueur avant d’attraper la main de Tim et de le trainer jusqu’à sa chambre. « La dernière fois que j’ai fait un pique-nique, c’est avec mon cousin, en plein milieu de la nuit, au cimetière. » La suédoise le regarde tout en récupérant ses vêtements et s’habillant au fur et à mesure. « Ne m’juge pas, j’pouvais pas passer à côté de l’occasion. » Parce que le cimetière est une mine incroyable d’inspiration. Pour le dessin, pour les histoires, pour voir ce qui est permis d’y faire. Avec le temps qu’elle y passe, il a bien fallu trouver de nouvelles activités pour se distraire. « Du coup, tu vas faire quoi si tu comptes pas reprendre le cimetière pour l’instant ? » Ou jamais ? Freya ignore si elle aura les reins assez solides pour tenir la longue distance au cimetière mais c’est une question qui mérite la réponse. La jeune femme habillée passe la serviette dans ses cheveux qui resteront emmêlés, à part si les colocataires masculins possèdent une brosse quelconque. Au pire des cas, elle ramènera la sienne dans son sac et un futur potentiel problème sera réglé. « Ta formation, elle est finie ou pas ? Où ça te mène, Tim ? » Est-ce que toi-même tu sais où tu vas, Decastel ?

Tim se réjouissait de connaître une telle complicité avec sa petite suédoise. Tant de choses auraient pu mal se passer entre eux quand on faisait le bilan de leurs diverses rencontres. Au départ, elle avait été la femme curieuse qui venait vérifier les bêtises de son jumeau et si Timothy avait été un garçon en colère, il aurait très bien pu s'emporter en apprenant qu'elle faisait partie d'une famille de délinquants, mais il n'était pas ainsi. Jamais. Puis, il y avait eu les retrouvailles alcoolisées au pub, un jeu qui se lançait et qui aurait pu être destructeur. D'une certaine façon, cela avait été le cas puisqu'ils avaient fini la soirée entre quelques vignes à se donner pour le ciel étoilé au dessus d'eux, un moment magique qui avait clairement perturbé le coeur de Decastel. Elle était partie, ensuite. Il aurait pu lui en vouloir atrocement de le fuir ainsi après un tel moment de communion mais en vérité, le soldat s'était avant tout inquiété pour elle puisqu'elle n'avait pas répondu à ses messages durant de longes heures, tout cela pour apprendre au final qu'elle avait dormi dans un fossé en pleine nature. Pas de quoi le rassurer, donc. Cela dit, le jeune homme l'avait laissé tranquille durant quelques semaines après cela, estimant qu'elle n'était pas prête à le revoir, à se sentir protégée et adulée par des yeux bleus comme les siens. Il n'avait pas tenu le coup sur la durée néanmoins puisqu'il s'était téléporté jusqu'au cimetière pour lui dire à quel point il avait envie de tenter une aventure avec elle. Forcément, elle avait exposé des milliards d'arguments pour contrecarrer ses plans mais, pour une fois dans sa vie, Timothy avait fait en sorte que quelqu'un ne lui résiste pas. Freya était là désormais et il pouvait la dévorer du regard sans avoir à se cacher ou sans avoir honte de ressentir tout cela. Non, tout était parfaitement naturel et ils se sentaient à l'aise l'un envers l'autre, peut être parce qu'ils s'étaient dit quelques mots doux durant leurs ébats trempés et que ces promesses n'étaient pas prêtes d'être mises de côté. En témoignait la manière dont Freya le touchait, l'énergie qu'elle mettait à le sécher et les mots qu'elle lui disait encore. Quelque chose naissait ici et maintenant, quelque chose qui ne connaîtrait pas de fin dans les semaines à venir parce que personne de sain d'esprit n'oserait détruire une union aussi belle, aussi essentielle. Ils réparaient peu à peu leur coeur, sentant l'autre l'aimer sans condition, sans avoir la moindre peur. Du moins, du côté de Tim, c'était ainsi qu'il le ressentait parce que sa jolie suédoise était le centre de son attention à l'heure actuelle. "J'ai donc du boulot pour te remettre dans le rang et je compte bien te torturer, tu t'en doutes, à te distraire pour que t'oublies tous les cours, histoire qu'on recommence. Et fais donc ça, apprends moi par coeur, que j'en fasse de même avec ma galaxie suédoise." Elle le considérait comme une constellation, il l'assimilait à un univers entier, pourquoi aller dans la demie mesure, n'est-ce pas? La main de Tim joua dans les cheveux mouillés de sa Doherty, un baiser volant jusqu'à ceux-ci avant qu'il ne se mette à sourire de la réplique bien lancée. "Dans mes souvenirs, on m'avait invité dans ladite douche à grand coup de j'enlève mon tee shirt et je le jette sur monsieur pour l'émoustiller. J'ai tort?" Il reçut sa tête contre son buste et ses mains voyagèrent dans son dos pour y caresser sa colonne vertébrale, tout doucement, espérant calmer la tornade intérieure qu'elle devait encore ressentir après un moment aussi intense. De son côté, Tim ressentait encore le tout avec une passion certaine, ses yeux volant vers les siens avec tout l'amour qu'ils pouvaient leur offrir. Du grand Decastel. Il lui proposait de finir la journée dehors, dans son jardin de fortune, qu'il comptait bien améliorer dans les semaines à venir puisque sa formation était mise entre parenthèses en vue de tout ce qui se tramait dans sa vie. Le soldat suivit Freya jusque dans la chambre et il la regarda s'habiller en terminant de le faire de son côté, ébouriffant ses propres mèches pour faire disparaître les quelques gouttes d'eau qui y perlaient encore. "Tu peux être bossy et mielleuse en même temps, je prends le tout, tu sais bien donc suis-moi partout, ça me va." Il lui fit un clin d'oeil en la regardant galérer avec ses cheveux en bataille, Tim y passant les mains pour démêler quelques noeuds avec délicatesse, sentant bien qu'il pouvait se permettre ce genre de gestes tendres maintenant qu'elle était à lui, plus que jamais. "T'as osé faire ça? Quelle rebelle! J'espère que t'as pas laissé d'emballages sur la stèle de ce vieux Edgar, hein." Il se mit à rire parce qu'au fond, Tim n'était pas dérangé par ce genre d'actes, ce n'était pas de la destruction massive de son travail, juste une manière comme une autre de se distraire et il savait que Freya avait des idées intéressantes en la matière. "Je compte bien continuer de te filer un coup demain au cimetière, si tu veux bien de moi bien sûr et sinon, je pense me remettre à la création de jardins en tous genres, avant de finir ma formation, mais pas tout de suite." Il comptait bien rester avec elle et s'occuper de la grossesse de Charlie, bien évidemment. Finalement, il entraîna Freya jusque dans la cuisine, empaquetant quelques vivres avant d'attraper la jeune femme par la main et lui faire quitter l'appartement. Ils descendirent à travers les étages et Tim ouvrit le patio, le sac à la main, tenant la porte à sa suédoise pour qu'elle entre dans le jardin à sa suite. "Voilà mon jardin, tu crois que c'est un endroit convenable pour un pique nique entre amoureux?" Il faisait exprès de leur donner cette appellation en resserrant sa main dans la sienne et l'amener au centre du jardin, déposant la nourriture et s'asseyant là, son regard bleuté ne quittant pas la silhouette de Freya. Sa beauté l'hypnotisait, il allait finir par en mourir vu à quel point sa respiration se coupait. Là, maintenant.

Le nuage, il n’est pas au-dessus d’eux pour l’instant. Non, c’est eux qui sont sur leur nuage, c’est un ciel complètement dégagé pour le moment qui se propage au-dessus de leurs têtes. Il y aura forcément des turbulences sur la route, probablement provoqué par l’un d’entre eux. Freya mise plus particulièrement sur sa tête à elle pour ça, parce qu’elle est une usine à problèmes à elle toute seule. Elle les cumule, elle les soigne, elle les amplifie. A vrai dire, elle aime croire que ce n’est forcément elle qui cherche les problèmes mais plutôt eux qui viennent la chercher. Les Dohertys ne sont pas des cadeaux mais ça, Tim ne s’en est pas encore aperçu. Elle ne lui a pas montré son pire côté, il n’a pas vu ses pires défauts, ses pires faiblesses. Elle espère juste repousser l’échéance au plus loin – mais chassez le naturel et il revient au galop. Ou alors Tim en a pleinement conscience et il a un certain goût du risque. Il lui a fait comprendre qu’il ne reculera devant rien, qu’elle pourra blablater autant qu’elle veut, rien à faire. Freya espère alors que son naturel ne reviendra pas au galop tout de suite, qu’elle va pouvoir profiter de ce ciel dégagé pendant un moment – le plus longtemps possible.

« J'ai donc du boulot pour te remettre dans le rang et je compte bien te torturer, tu t'en doutes, à te distraire pour que t'oublies tous les cours, histoire qu'on recommence. » La jeune femme a un sourire amusé tout en lui pinçant le bras. « J’suis choquée, soldat. C’est comme ça que tu motives tes troupes ? » Puis elle se mord la lèvre. « Tu m’diras, ça motiverait peut être pas les troupes, mais avec moi, ça peut clairement fonctionner, ce genre de truc. » Tant que ce sont des yeux bleus et un doux sourire qui la distraient et qui tentent de la mettre dans les rangs, elle n’y voit aucun inconvénient. « Et fais donc ça, apprends moi par coeur, que j'en fasse de même avec ma galaxie suédoise. » Galaxie suédoise… Si Freya n’était pas en train de briller par un rayonnement solaire à ce moment précis, elle aurait presque pleuré d’émotion. « C’est une des plus belles choses qu’on m’ait dites. » Mais Freya ne pleure pas non plus tous les quatre matins, elle préfère se montrer un peu plus forte qu’elle ne peut l’être – à force, elle finit par croire qu’elle l’est. Et c’est à la fois un défaut et une qualité, il faut croire. « Dans mes souvenirs, on m'avait invité dans ladite douche à grand coup de j'enlève mon tee shirt et je le jette sur monsieur pour l'émoustiller. J'ai tort? » Cri de protestation féminin. « Alors là, totalement. Comme si j’étais capable d’une telle manipulation. » Dans ces moments, totalement. Quand Freya se sent à l’aise, tous les moyens sont bons pour attiser l’autre. Après tout, ça se cultive, ce genre de choses, n’est-ce pas ?

« Evidemment que tu prends le tout. Parce que sinon, ça serait non seulement gênant comme situation mais en plus, ça te ferait passer pour un salaud. Et Tim Decastel n’est pas un salaud. » Pas quand il vient si gentiment prêter services de ses longs doigts pour tenter de démêler doucement ses cheveux emmêlés. N’ayant même pas pu les laver – distraction fortuite et non préméditée, bien sûr – ses mèches brunes ne doivent ressembler à rien du tout. Mais la suédoise se dit qu’elle pourrait bien les avoir emmêlés autant de fois qu’il faut parce que ce que fait Tim, limite elle pourrait ronronner et se foutre en boule tel un chat. Si elle n’était pas debout et si Tim ne continuait pas la conversation, Freya se serait endormie sur place. A la place, elle sourit d’amusement. « On lui a laissé une petite fiole de quoi l’apaiser, ça devrait lui suffire, nan ? » La fiole, c’est elle qui la finira mais on prétendra que c’est le vieil Edgar. Voilà une bonne histoire à raconter aux morpions qui viennent dans le cimetière. Quand Tim lui raconte alors ce qu’il compte faire, Freya fronce du nez avant de secouer la tête. « Au moins, tu vas faire c’que t’aimes. C’est bien. T’as raison, si tu peux l’faire, fonce. Mais ouais, réserve une petite place pour le cimetière dans ton emploi du temps. J’aurai besoin de ces muscles pour autre chose que de me soulever. » Elle lui rentre gentiment dans le bras avant de le suivre hors de l’appartement. C’est presque bizarre de sortir dehors après tout ce que renferme la porte derrière eux. Freya se laisse guider à travers les escaliers et les couloirs avant d’arriver devant ledit jardin promis. Elle lève les yeux pour observer le ciel avant de regarder les environs avec un large sourire. Tim accentue un peu plus sa main autour de la sienne avant qu’il l’entraine et l’interroge. « C’est hyper beau, Tim. J’pense qu’y a clairement pire comme endroit pour un pique-nique… En amoureux. » A son dernier mot, Freya se tourne vers lui, légèrement amusée avant de s’asseoir à son tour. « Arrête de me regarder comme ça, Tim, j’vais finir par croire qu’y a quelque chose qui va pas sur mon pif. » dit-elle d’un ton léger mais dont elle ne pense pas moins. Parce qu’il a ce regard presque émerveillé et elle n’est pas habituée, Doherty, à ce qu’on la regarde comme ça. Alors elle désamorce la bombe avec de l’humour, parce que c’est la seule façon qu’elle sait comment gérer ce genre de situation. Elle se met à fouiller frénétiquement dans le sac avant de choper une boite de Tim Tam – du sucré, tout ce que ses dents réclament. « Au faites, question stupide mais… Le jour où on s’est rencontré, t’as pensé que j’te faisais du rentre dedans ? Parce que maintenant que j’y repense, t’as pas mal rougi, ce jour-là. » Oui, parce que Freya a beaucoup repensé à ce jour. La rencontre, ça ne s’oublie vraiment jamais.

Le rouge aux joies, en voilà une image fréquente à observer chez Timothy Decastel. Peu à l'aise en société et encore moins habitué à quelques compliments, le jeune homme n'avait jamais vraiment réussi à garder ses émotions terrées. Il avait conscience que c'était très mal vu par autrui, qu'un garçon ne pouvait pas être aussi peu sûr de lui voire sensible mais était-ce un crime, néanmoins? De toute évidence, Tim n'avait jamais réussi à vaincre sa nature, mais ce n'était peut être pas si terrible que cela au bout du compte puisqu'il avait trouvé quelques individus qui l'estimaient tel qu'il était. Freya en faisait partie puisqu'elle avait fini par revenir vers lui, ou tout du moins, accepter qu'il fasse le premier pas et elle l'avait rejoint quelque part au milieu. Cette histoire s'installait peu à peu et la jeune Doherty ne semblait pas juger son émotivité apparente, peut être même qu'elle la trouvait mignonne, Decastel ne s'était jamais vraiment renseigné à ce sujet. Après tout, il sortait des sentiers battus avec son attitude, très loin du macho écervelé qui ne traitait pas les femmes décemment. Avec le soldat, c'était même plutôt l'inverse, il faisait particulièrement attention à ses manières, toujours prévenant et juste. Tout cela ne lui venait pas vraiment de son éducation ou du peu d'éducation qu'il avait eu, mais du fait qu'il s'était construit seul et qu'en vue du peu de place qu'on lui avait octroyé, il fallait toujours qu'il mette sur un piédestal autrui. Ce n'était pas toujours une excellente idée et les abandons s'étaient vite enchaînés autour de lui parce qu'il ne semblait jamais être suffisant pour les gens autour de lui, pas assez confiant, pas assez beau parleur... Pas assez normal. Comme s'il y avait une échelle de la normalité quelque part. Au moins, avec Freya, Tim ne la ressentait pas cette fichue échelle parce qu'elle était comme lui, une femme en dehors de la société, qui tentait de se faire une place maladroitement et là dessus, ils pouvaient être d'accord: il n'y aurait aucun jugement, aucun mot déplacé car ils étaient là l'un pour l'autre, pour se soutenir et se porter l'un l'autre. Il y aurait probablement peu d'histoires comparables et c'était avec ce constat en tête que Tim la regardait avant de lui répondre. "Tu vois, je commence à te connaître, je sais quelles techniques utiliser pour happer ton intérêt." Jouer au chat et à la souris, c'était quelque chose qui avait effectivement l'air de plaire à la suédoise, cette espèce de joute verbale qui paraissait enfantine mais qui était en fait tout l'inverse... Un jeu d'adultes qui se découvraient au fur et à mesure et qui acceptaient les failles de l'autre, qui commençaient même à les aimer, le plus naturellement du monde. "Tu seras ma galaxie suédoise dans mon téléphone dans ce cas." Il lui fit son plus beau sourire, sans se douter que c'était aussi magnifique que Freya pouvait le prétendre. Ce genre de mots lui venaient spontanément parce qu'il voyait le bon partout et Freya avait énormément de qualités à faire partager à ce monde. Si seulement elle ouvrait les yeux. Si seulement elle pouvait se voir comme lui la voyait à l'heure actuelle. "Oh que oui, madame. Tu es une vile suédoise qui s'apprête de robes blanches et qui retirent ses tee shirts sauvagement." Il ne put que rire en décrivant un tel portrait de sa petite amie. Néanmoins, il y avait une part de vérité là dedans puisque Decastel n'était pas insensible à ces fameux charmes dont elle faisait preuve depuis qu'il la connaissait. "Et je compte pas le devenir. Si c'est le cas, tu me tues, hein?" Tim qui sombrait dans la méchanceté, ce serait certainement la fin d'une ère. Il n'avait jamais été vicieux ou mal intentionné alors, il n'était pas capable de laisser Freya sur le bas côté parce qu'elle ne cochait pas tous les critères de la femme idéale sur une liste fictive. Ce n'était pas cela qui intéressait Decastel, mais plutôt les interactions qu'ils pouvaient avoir, la manière dont ils se traitaient alors qu'ils terminaient leur route dans le jardin créé de toutes pièces par le soldat. Il y avait mis du coeur et on pouvait le constater dans les formes réalisées, les fleurs qui germaient et les couleurs si vives qui faisaient rayonner les âmes de passage en ce lieu. "Pauvre Edgar..." Il resta pensif quelques secondes avant de s'asseoir dans l'herbe et regarder Freya avec une admiration certaine. Evidemment, elle l'avait constaté et ne put que lui faire remarquer, laissant un Tim gêné de se faire attraper aussi aisément. "Toujours. Les jardins et les cimetières, ma vie... Evidemment que t'as quelque chose sur le pif, pourquoi je te regarderais autrement? En tant qu'amoureux de pique-nique parfait, je me dois de surveiller que tu deviens pas Pinocchio ou une sorcière avec des verrues, tout ça." Et voilà qu'il se mettait à faire de l'humour, comme quoi le bonheur pouvait vous changer un homme. Timothy n'avait plus l'air de paniquer comme avant, ainsi que le suggérait Freya. Leur fameuse rencontre. Les fois trop nombreuses où il avait rougi parce que la jeune suédoise avait osé dire tout haut ce qu'elle pensait tout bas, notamment sur le physique du gardien de cimetière. "Tu sais, avant, je rougissais tout le temps, pas seulement quand on osait me dire que j'étais mignon mais même juste quand on me regardait... Quand on s'est connus, j'étais encore ce gars là, vierge de toute expérience, aucune copine au compteur, aucune interaction sociale dans les dernières quarante huit heures. Après, t'étais la première à oser me dire un truc pareil au cimetière alors si j'étais celui que je suis aujourd'hui, j'aurais sûrement pensé que tu me draguais ouvertement. Etait-ce le cas, Freya Doherty?" Forcément, cela l'intéressait. Énormément. Il osa même approcher son visage de celui de Freya avant de glisser ses lèvres vers son oreille. "Si ça peut te rassurer, je te trouvais très mignonne aussi, j'étais juste trop timide pour te le dire." Fait avéré. Tim ouvrit ensuite le sac de nourriture et en sortit tout un tas de victuailles pour revigorer les corps et les esprits. Il dégaina même un de ses petits carnets pour le montrer à la jeune Doherty. "Là dedans, il y a tous mes plans de jardin. Je vais peut être laisser une page pour essayer le portrait d'une galaxie suédoise, tiens." Il était nerveux à l'idée qu'elle veuille regarder tout cela parce qu'au fond, Decastel n'avait jamais osé se considérer autrement que comme un vulgaire gardien de cimetière. Rien d'autre.

Mis sur le banc de la société, traité comme des moins que rien, raillé à cause de parents pas fichus d'élever leurs enfants convenablement. Freya et Tim réagissent chacun à leur façon à leurs blessures internes, provoquer par autrui et par des personnes qui étaient supposées les aimer et les protéger, pas de les voir comme des poupées vivantes ou de la combustion pour feu. Les Dohertys ont réussi à illuminer leur monde comme jamais, un véritable modèle de société sur les choses à ne pas faire. Les interdits, les bandes "do not cross", ils les ont traversé, plusieurs fois, dans les deux sens. Des allers et retours permanents dont ils ne peuvent se passer. Parce que le sentiment de faire ce qu'il ne faut pas est l'essence même de leur existence. Une espèce de sentiment de se sentir vivant alors qu'on est pourri de l'intérieur. Freya a l'impression que sa vie lui échappe toujours un peu plus et qu'elle mérite ce qui lui arrive. Un karma qu'elle paie, elle qui n'a jamais vraiment cru en rien, à part en une bonne bouteille. C'est la base même de leur existence.
Mais quand elle regarde Tim, Freya se dit que la vie est vraiment injuste et cruelle. Il aurait largement pu avoir une confiance assurée, un charme dévastateur dans une autre vie. Si sa mère n’avait pas flanché à son devoir, si son grand frère (si elle a bien compris) avait été plus présent et plus protecteur envers son cadet. C’est supposé se soutenir, entre frères, pas laisser les autres sur le bas côté. Freya se retient encore à son jumeau comme elle le peut parce qu’elle refuse de le laisser tomber, de croire qu’il est vraiment fini et bon à aller déjà en enfer. Mais elle suppose que leur lien de jumelage joue beaucoup dans ce point de vue. Heureusement pour lui, Tim a choisi une autre voie, une autre trajectoire pour essayer de (sur)vivre face à ce passé qui ne s’efface jamais vraiment. Un instinct de protection encore plus envahi Freya, mêlé à une affection grandissante. Elle veut au moins essayer de lui procurer tout ce qu’il n’a pas eu avant. C’est risqué de confier ce genre de responsabilité à une fille comme elle, qui n’est franchement pas mieux dans ses pompes que lui mais la suédoise veut y croire. Parce que Tim a une volonté indéfectible mine de rien et que ses yeux bleus braqués sur elle lui promettent tellement qu’elle s’y raccroche un peu plus minute par minute.

« Tu seras ma galaxie suédoise dans mon téléphone dans ce cas. » Freya se mord la lèvre, boule de satisfaction et de plaisir avec une pointe de fierté qui naît dans son ventre et qui se dissipe un peu partout. Le sourire de Tim est rayonnant et c’est une vision qu’elle pourrait passer des heures à regarder, à essayer de mettre sur papier. Elle n’arrivera jamais à le représenter aussi bien qu’en chair et en os mais elle ose espérer pouvoir lui rendre justice d’une quelconque manière. « J’peux faire avec ça. Totalement, ouais. Et tu seras la constellation qui gravite dedans. » Freya ébouriffe les cheveux de Tim tout en plissant son nez d’amusement. « J’commence à devenir niaise, a y est, c’est d’ta faute. » C’est ça, elle est facile, ton excuse, ma jolie. Mais en même temps, comment ne pas se mettre sur le même créneau que Tim, si bon si gentil si adorable? Pas qu’elle atteindra son niveau un jour - ce n’est pas vraiment le but recherché de toute façon. « Oh que oui, madame. Tu es une vile suédoise qui s'apprête de robes blanches et qui retirent ses tee shirts sauvagement. » Freya claque sa langue contre son palais tout en ayant une expression faussement outrée. « Qu’est-ce que j’devrai dire d’un soldat qui enferme les jeunes femmes dans un confessionnal avant de les séquestrer chez lui, mmh ? C’est le genre de trucs qu’on s’conseille entre frères d’armes? » demande-t-elle avec un air malicieux. Parce qu’ils peuvent jouer à deux à ce jeu et Freya ne sera jamais la dernière pour y participer. La jeune femme finit son rectangle de chocolat avant d’en attraper un nouveau. Elle a faim et tant pis si les doigts deviennent chocolatés. « Et je compte pas le devenir. Si c'est le cas, tu me tues, hein? » « J’irai rejoindre mon père en prison pour t’épargner ça, my pretty soft baby blue eyes. » elle rajoute en lui caressant la joue. Tim est parfait comme il est. Même avec ses imperfections, avec ses doutes, avec tout son bagage. Et même ce petit voile d’embarras qu’il a derrière la rétine. « Et j’suis sûre que j’peux compter sur toi pour remarquer ce genre de trucs, hein. »

Quand Decastel répond à sa question, Freya le regarde sans rien dire, sans rien ajouter, juste souriant et riant doucement quand il le fallait. Elle hausse les sourcils et les yeux de surprise avant de secouer la tête dans un franc rire quand il lui demande si c’était le cas. Avant qu’elle puisse lui répondre, il se penche vers elle « Si ça peut te rassurer, je te trouvais très mignonne aussi, j'étais juste trop timide pour te le dire. » « J’suis ravie que t’as réussi à faire sauter ta timidité alors. » Même si je n'aime pas que t'as dû en souffrir pour ça. La suédoise tourne légèrement la tête pour l’embrasser avant de se mordre les lèvres. « J’ai dit qu'la vérité t'sais. Un gardien de cimetière comme toi, c'est pas commun, j'en suis sûre. Je me suis demandée si t'allais pas finir dans une tombe. Mais d'après ce que tu m'dis… Ça explique beaucoup d'choses en effet. » Freya n'aurait pas pu se douter qu'il était vierge, aussi bien sexuellement que sur le plan des compliments et de la flatterie. Et avec une Doherty qui se montre trop souvent honnête même quand il ne le faut pas, pas étonnant qu'il devenait aussi rouge aussi rapidement. « Du coup, ça va aller si j'te dis que t'es sacrément séduisant et charismatique ou j'vais trop vite ? » Parce qu'il va devoir s'habituer. Parce qu'elle le flattera et elle le complimentera et elle le fera sentir important. En tout cas, Freya foutra toute son énergie pour mettre en œuvre tout ça.

Tim finit par sortir tout ce qu'il y a dans son sac et la jeune femme délaisse les cookies qu'elle a un peu trop entamé pour attraper le raisin avant que le jeune homme lui tende un carnet. « Là dedans, il y a tous mes plans de jardin. Je vais peut être laisser une page pour essayer le portrait d'une galaxie suédoise, tiens. » Ses yeux deviennent émus parce qu’elle sait bien ce que ça veut dire ce genre de choses. Il lui fait confiance, il l’accepte dans son monde, il lui en fait voir un peu sa vision des choses d'une certaine façon. Chose qu'elle n'est pas encore tout à fait prête à faire pour l'instant. Freya fait rouler un raisin dans sa bouche tout ouvrant une page au hasard. « Tu sais un peu dessiner alors. » remarque-t-elle, les yeux plongés dans ce qu'elle voit sur les pages. Pour elle, ce n'est que des fleurs mais pour Tim, ça représente tellement plus que Freya se plisse le front tout en tournant le carnet dans tous les sens. « T'as grave des idées dis donc. Ça fait combien de temps que tu fais ça ? J'adorerai voir ça en vrai. Ça serait super beau. » Même si elle n'y connaît rien. Mais Freya croit son œil artistique qui aime ce qu'il voit pour lui suggérer que oui, un panel de fleurs aussi joliment décoré et placé serait presque magique. La jeune femme lève les yeux vers lui en souriant. « J'aimerai bien voir c'qu'une telle galaxie peut représenter en fleurs. » Freya fourre deux raisins dans sa bouche tout en tapotant des images. « Y aurait du jaune comme ça, parce que le drapeau l'est. Du bleu aussi. Et du vert, pour les aurores boréales. » La jeune femme a un léger sourire rêveur. « Si jamais on a l'occasion d'aller en Suède, je t'emmène les voir. Tu veux pas manquer ça. » Voilà bien trop longtemps qu'elle-même n'a pas eu l'occasion de les voir depuis un moment. « Et sûrement aussi du violet, nan ? Le bleu, le violet, un brin d’rose... »
Puis Freya s'interrompt en réalisant une chose. « J’blablate de trop. » Mais ce n’est pas de sa faute. Elle s’emballe toujours vite pour tout et elle veut le pousser à continuer. Elle passe une main sur sa nuque pour y caresser la racine de ses cheveux. « Tu feras un jardin de galaxie et j’te ferai un portrait des plus angéliques. » La jeune femme sourit légèrement avant de poser ses lèvres sur les siennes, son autre main tenant toujours le carnet ouvert sur ses jambes croisées.

Il continuait de sourire, totalement subjuguée par la jeune femme à ses côtés. Tim n'avait jamais imaginé tout cela, il n'avait même jamais osé l'espérer. Il était bien trop posé et réservé pour s'octroyer une chance avec la suédoise. Elle était peut être tout ce qu'il n'était pas mais quelque part dans ce bazar, un équilibre s'était formé et maintenant, ils formaient un lien unique. Personne ne pourrait réellement comprendre ce qui les reliait, c'était évident mais Timothy n'en tiendrait pas rigueur parce qu'il savait ce qu'il faisait. C'était même la première fois de sa vie qu'il avait la sensation d'être en totale maîtrise des événements. Le jeune homme avait choisi tout cela, il avait voulu vivre cet instant d'harmonie en compagnie de la belle Doherty et il avait réussi à l'obtenir parce qu'il avait su être persuasif, et surtout, il avait su lui montrer tout ce qu'ils pouvaient s'apporter. Freya devait penser qu'il était le seul des deux à pouvoir faire quelque chose pour l'autre mais aux yeux de Decastel, c'était loin d'être le cas. Il voyait bien tout ce que la jolie suédoise était pour lui et elle le regardait avec tellement d'intensité qu'il se sentait perdre pied depuis la veille. Elle avait ce pouvoir là sur lui et tant d'autres, tout allait changer désormais. Tout allait être plus beau, plus fort parce qu'il n'y avait plus aucune barrière, que Tim avait réussi à briser la dernière de Freya au beau milieu de sa salle de bains, ne la laissant pas lui tourner le dos cette fois encore. Il n'y avait plus de retour en arrière possible et le soldat aimait l'idée que tous deux, ensemble, allaient avancer main dans la main dans le parcours sinueux que pouvait être la vie. Decastel en avait bel et bien conscience, lui qui était un descendant de la souffrance et du chagrin. Il partageait tout cela avec Freya mais leur passé n'avait plus à être un fardeau puisqu'ils étaient là l'un pour l'autre, pour échanger sur ce qu'ils avaient vécu et ce qui les tourmentait. La beauté naissait de là, d'un simple instant partagé qui pouvait tout modifier et maintenant, ce pique nique était la conséquence directe de leur façon de se faire confiance, de se respecter et de s'aimer à demi mot. "Mais j'aime bien quand t'es niaise, aussi. Je t'aime bien, tout le temps." Même quand elle le fuyait ou le rejetait, Tim était le genre de garçons à s'accrocher de toute manière, éternel optimiste qu'il était. Il s'attendait toujours à ce qu'on le rattrape au vol, qu'on se retourne vers lui au dernier moment, comme une preuve authentique que la personne en face de lui tenait à sa présence au coeur de sa vie. Maintenant, le soldat n'en avait plus aucun doute car Freya n'arrêtait pas de lui répéter, même si elle passait par des stratagèmes pour lui faire comprendre. Tim était suffisamment éveillé pour comprendre le message et lui rendre avec le même entrain. C'était beau. Ils étaient beaux, ensemble. "Parce que ça t'a déplu, tout ça? Mince, je peux toujours te libérer et plus jamais me rendre dans une église avec toi aussi..." Comme s'il était capable de résister à ses charmes et sa manière si caractéristique de le surnommer, my pretty soft baby blue eyes, et le sourire angélique du type en question parce qu'on n'osait pas vraiment l'apparenter à quelque chose de beau. Il ne l'était pas, en tout cas pas à ses propres yeux, ce qui était un fait bien triste, assurément. Il n'y pensait pas, pas à cet instant là alors que Freya se félicitait que sa timidité ait pu disparaître mais d'un regard entendu, Tim lui fit comprendre qu'il en restait encore un peu au fond de lui, peu habitué qu'il était aux compliments et aux gestes tendres. Tout cela, c'était encore une découverte à ses yeux et même s'il avait l'air de tout maîtriser, à l'intérieur, c'était une autre histoire. "si tu veux que je finisse vraiment dans une tombe, t'as qu'à continuer comme ça parce que je sais pas si mon coeur va pas exploser d'overdose de compliments, surtout venant de toi." Il lui souriait néanmoins et la regardait avec tellement d'intensité qu'il aurait pu faire fondre une bonne partie de l'Antarctique. Il avait quelques atouts, évidemment, et dans ce genre de circonstances, le jeune Decastel n'hésitait pas à les utiliser. Enfin, il changea de sujet en sortant son carnet, regardant Freya s'y intéresser avec une certaine curiosité. Elle était artiste alors, c'était dur pour lui d'imaginer le jugement qu'elle pourrait avoir sur les aménagements de jardin qu'il pouvait avoir dans la tête. Pourtant, la suédoise avait l'air plus qu'emballée, se lâchant vers des couleurs qu'il n'avait pas forcément envisagées, des endroits où il n'était jamais allé parce qu'elle en connaissait plus que lui, Freya, elle était plus intelligente et plus belle, de manière générale. "Mon adolescence, à peu près. Quand je suis parti vivre avec mon frère, ça m'apaisait autant que mon dico des fleurs. Après, je sais pas si je suis capable de créer une galaxie florale mais t'as l'air d'avoir pas mal d'idées, toi... Alors si tu te sens de dessiner tout ça, je suis partant à cent pour cent, avec toutes les couleurs que tu veux et une partie de la Suède si t'en as le coeur, je prends tout." Tim n'avait pas vraiment voyagé et il le regrettait. Freya pouvait envisager de partir avec lui apparemment et cette perspective ne pouvait que lui réchauffer le coeur au moment où elle s'attachait à sa nuque, terminant son discours par un baiser charmeur. Decastel la regarda avec un sourire en se détachant légèrement, amusé par tant d'enthousiasme, elle était vraiment unique en son genre. "Tout ce que tu voudras. Tu m'emmènes où tu voudras, Freya, et je te créerai un monde de fleurs et de nuits étoilées si c'est ce que tu désires. Dessine moi autant que tu le souhaiteras en retour, je sais pas si je serai un bon modèle sur la durée mais je ferai de mon mieux. Toujours. Promis." Il lui répétait cela, comme un message d'amour qu'elle allait devoir conserver précieusement parce que Tim ne rigolait pas au moment de caresser sa joue et fermer les yeux pour sentir les parfums des différentes fleurs qu'il avait fait naître dans ce patio. Il était à sa place, heureux. Aimé.

« Mais j'aime bien quand t'es niaise, aussi. Je t'aime bien, tout le temps. » Okay, s’il ne la retient pas – et il n’a pas l’air de le vouloir – Freya va véritablement se laisser bercer et happer et complètement emporter par tout ce que Tim lui dit. L’espoir, elle n’y croit pas souvent mais quand il est là, elle l’attrape, elle l’étouffe et elle en fait de trop. Déraisonnable de se laisser attendrir dès le premier jour – techniquement le deuxième – et pourtant, Tim réussit sur tous les niveaux. Il est doux, il est charmant, il appuie là où ça fait du bien – aussi bien mentalement que physiquement (le sous-entendu est un entendu très clair). Il a l’air de vouloir l’embarquer pleinement dans l’aventure, prenant des risques inconsidérés. Il a beau lui avoir dit et répété qu’il prend le tout, qu’il affrontera tout ce qui peut se foutre entre, que ce soit eux-mêmes ou le monde extérieur, qu’il la ‘‘chérira’’ avec tout ce qu’il a, qu’importe ce qui se passe, Freya reste persuadée que c’est une folie. On ne sort pas avec un Doherty sans sortir indemne. Il y aura toujours quelque chose qui se brisera un moment ou un autre. Rien que le moment sous la douche en est un exemple. La suédoise ne se remet pas du voile d’inquiétude qu’elle a pu créer et foutre sur le visage si angélique de Tim parce qu’elle a eu un moment de peur. Une flippe intense parce qu’elle n’est sûre de rien – à part qu’elle veut s’emmitoufler un peu plus dans ses bras. Et rien que ça, ça peut la paralyser. Elle n’aime pas quand quelqu’un a une importance aussi grande dans son estime car il ne suffit d’un rien pour qu’elle déraille complètement. Et Tim… Tim est juste là, il ne la quitte pas effectivement d’une semelle pour l’instant, pire il la couve du regard et il lui murmure qu’il l’aime bien. Et l’aimer bien, c’est déjà énorme à ce stade de leur relation. Ils ont beau avoir créé un contact lors de leur rencontre, et ils ont beau avoir établi un véritable lien, une connexion étonnante aux vignobles, et ils ont beau s’être déballés leurs vies mutuelles sans ciller, ce n’est pas pour autant qu’ils se connaissent. Est-ce que Freya essaie inconsciemment de se créer de nouvelles barrières ? Ça ne serait pas étonnant. Mais on n’ignore pas dans quelle direction tout ça se dirige. Surtout quand il la regarde comme ça, comme si elle est déjà l’épicentre de son existence. Freya le scrute un moment avant de sourire. « Heureusement que tu m’aimes bien sinon, ça serait louche. Et un peu gênant aussi quand même. » Le fait qu’il soit venu la voir pour la faire flancher, le fait qu’il veuille la garder précieusement près de lui alors qu’ils dorment, le fait qu’il fait exploser ses propres barrières pour elle. Ouais, le contraire aurait été surprenant mais ça fait quand même toujours plaisir à entendre. Surtout pour Freya, qui n’est jamais la dernière pour recevoir ce genre d’affection. Au contraire. Elle les savoure, elle les chérit, elle les dorlote. Parce que ça ne dure jamais très longtemps.

« J’crois que j’ai montré plusieurs fois que tout ça m’avait fait pleins d’choses mais déplu n’en n’est pas une. » fit-elle remarquer tout en se mordant la lèvre en se rapprochant légèrement de lui. « Plus de bénédiction ? » Et elle fait une moue triste, du genre la lèvre extérieure qui ressort et les yeux éplorés malgré le regard de Tim sur sa petite personne qui ne manque pas d’étinceler sa rétine. « C’est dommage, j’trouverai quelqu’un d’autre pour tester l’confort de l’autel alors. » Freya hausse les épaules tout en faisant un sourire taquin à l’homme à ses côtés. L’église a changé d’image dans sa tête à jamais et celle de Tim aussi. Elle ne pourra pas se rendre de nouveau dans ce lieu sans effleurer le confessionnal du regard et certainement qu’elle se mettra à rire. La jeune femme pourrait le maudire pour ça parce que rire devant des personnes endeuillées, ce n’est pas la chose la plus honorable à faire. Même Freya Doherty le sait et agit en conséquence. Ce qui, en soit, montre la dévotion qu’elle met à son travail, d’être à la hauteur et de ne pas faire tâche après la retenue si parfaite et la délicate attention de son prédécesseur dont les gens se sont tellement bien habitués au fil des années. D’ailleurs, Freya le voit très bien, les murmures à voix basse en la regardant des habitués. C’était pire à ses débuts mais c’est toujours aussi froissant trois mois après. « T’oserais pas me faire ça, Tim. Tu veux vraiment que j’ai ta mort sur ma conscience ? Bon okay, je change de stratégie. T’es la créature la plus malsaine et la plus vilaine ever. » S’il ne faut que ça pour que Tim ne finisse pas tout de suite six pieds sous terre, Freya est heureuse de servir. Avec un sourire toujours plus grandissant, avec la sensation qu’elle peut le taquiner sans risque de le froisser – enfin, elle espère. Parce qu’il n’y a ni une once de vérité ni une once de méchanceté dans les paroles de la jeune femme. Même si elle sait que son humour peut parfois vexer.

« J’pense que t’en es parfaitement capable mais t’oses pas. T’as peur de pas être à la hauteur. J’connais ça. Mais regarde, elle tourne les pages une fois de plus, le carnet un peu plus relevé pour qu’il voit, t’es doué, Tim. Tu peux faire c’que tu veux pour un peu que tu t’y accroches. » Freya lui prend la main, la pose à plat et ouverte et place la sienne par-dessus, les phalanges dépassant largement les siennes. « T’sais quoi, y aurait moyen de faire un travail d’équipe, là. J’peux te faire un board avec les idées, les trucs et les bidules et après, tu vois c’que ça t’inspire. C’est toi qui sais parler aux fleurs, moi, j’arrive même pas à faire tenir une plante plus d’une semaine. » Freya s’emballe de plus en plus et c’est avec un léger sourire qu’elle relève les yeux vers Tim. Le jeune homme lui promet tellement en une seule phrase et Doherty se sent gonfler d’un bonheur et d’un apaisement palpables. Elle le regarde fermer les yeux et inspirer l’air autour tout en caressant sa joue, dans un réflexe qui la touche tellement. Freya ne sait pas vraiment quoi dire alors elle se penche pour poser ses lèvres sur sa joue avant de fourrer sa tête dans son cou et de foutre ses bras autour. Parfois les mots manquent et il n’y a que les gestes qui peuvent démontrer ce que l’on ressent. Alors la suédoise l’enlace, avec force et vigueur, tout en respirant son parfum, les yeux fermés à son tour. Créons le monde à notre vision, Timothy. La seule chose que l’on est doués à faire. Ça et se perdre un peu plus l’un dans l’autre.

Tim se relâchait peu à peu avec Freya et le tout semblait plus aisé que prévu. Après tout, on parlait d'un garçon qui avait toujours été extrêmement timide et bien incapable de se confier à qui que ce fut, alors comment imaginer qu'il puisse réussir à être aussi assuré dans ses dires face à une femme comme elle? Le tout lui venait naturellement pourtant, certainement parce qu'il avait confiance en la suédoise pour bien s'occuper de son coeur meurtri. Elle avait l'air de s'accrocher à lui de la même manière que lui pouvait le faire avec elle. Ce lien unique présageait beaucoup et Tim, dans ce genre d'instants plus qu'intimes, pouvait alors lui dire qu'il l'appréciait, vraiment. Même pour ses petits défauts et les dérapages qu'elle avait pu lui narrer en vitesse parce qu'elle n'osait pas encore tout lui dire d'elle. Timothy avait vite compris que Freya avait bien du mal à vivre avec son reflet dans le miroir parce qu'elle savait qu'elle était différente des autres, que son trouble psychique lui jouait bien des tours et qu'elle n'était pas toujours à même de gérer ses états d'âme changeants. Cela ne voulait pas dire que Tim brillerait en la matière, évidemment que non, mais il allait faire tout ce qui était en son pouvoir pour faciliter la vie de la belle Doherty parce qu'il voulait qu'elle soit heureuse. Il voulait prendre soin d'elle et plus que l'apprécier tout le temps. L'aimer, peu importe les circonstances puisque c'était le contrat qu'il avait signé la veille et Freya avait également pris connaissance de toutes les clauses, apparemment prête à lui rendre la pareille. On ne pouvait pas dire par avance que tout se déroulerait à la perfection car aucune relation n'était idéale mais ce qui comptait avant tout, c'était la tendresse, la communication et l'envie de penser à l'autre avant tout le reste. Toujours garder en tête que cette personne était une part intégrante de son existence et qu'en ayant accepté de lui offrir cette place, il était de mise de lui expliquer tout ce qui se déroulait moins bien par moments. Cela tombait bien, ils avaient tous deux des blessures béantes à colmater mais peut être qu'ensemble, ils aboutiraient à un résultat. Peut être qu'ensemble, ils pourraient se porter aux nues et s'offrir de nouvelles perspectives, dans un respect et une confiance sans faille. C'était, en tout cas, ce que laissait entendre Timothy dans une simple phrase, dans quelques mots si doux que Freya avait dû comprendre la portée du message. Il serait là, à accepter ses craquages, à la rattraper si elle chutait et même si ce n'était pas quelque chose de simple, il serait à l'écoute. Vaillant comme toujours, dans la douleur comme dans le doute persistant. Il ne vivait rien de tout cela à l'heure actuelle puisqu'ils avaient l'air si heureux au beau milieu de ce jardin créé de toutes pièces des mains du soldat et il voyait le regard de fierté que pouvait avoir Freya quand elle se tournait vers lui: il adorait cette sensation, plus que toutes les autres. "C'est que le début, le fait que je t'aime bien... Et non, hors de question, c'est avec moi l'autel, non mais oh!" Il fit sa mine outrée parce que, bien sûr, Freya tournait la situation à son avantage, comme souvent. Avec ce petit air narquois, elle savait pertinemment qu'elle allait gagner face à un Tim qui n'était pas aussi doué qu'elle à ce genre de jeux. Après tout, il en était encore au stade de la découverte, à tâcher de se laisser porter par l'étendue de ses sentiments, sans trop savoir où il atterrirait au bout du compte. Pour le moment, l était au beau milieu d'un cocon doré et si confortable qu'il ne comptait pas le quitter de sitôt. "C'est vrai que c'est écrit sur mon visage... Je peux aussi mourir par manque d'amour, du coup je sais pas si c'est une meilleure stratégie celle-là." La grimace qu'il lui fit signifiait qu'il était à fond dans leur petit jeu, se doutant bien que Doherty allait surenchérir et trouver la parade pour calmer ses délires. De toute manière, Tim n'eut pas franchement le temps d'y réfléchir plus avant que l'heure était à la discussion sur ses créations. Pour le moment, tout cela n'était que des croquis éparpillés mais Freya avait l'air particulièrement emballée par ce qu'elle voyait alors elle se lançait dans des plans sur la comète, apparemment l'astronomie leur seyait bien, oui. "Peut être, je sais pas trop... Ça peut être un plan gagnant ça. On tente le coup? Il y a encore une petite surface à remplir dans le coin là bas donc tu me fais le board et je te plante ça. J'appellerais ce jardinet la galaxie suédoise, évidemment." Il commençait déjà à imaginer mille possibilités, chacune à l'image de sa compagne. Celle qui vint se réfugier dans son cou presque instinctivement et Tim vint la porter sur ses genoux pour pouvoir l'enlacer plus étroitement. Il n'y avait rien de plus intime que cela et pour preuve, Decastel se laissa chuter vers l'arrière, finissant allongé sur l'herbe, sa Freya collée contre son corps, eux deux étroitement liés dans un silence doré. "Je suis sûr qu'on créera la perfection tous les deux." Avec un jardin. Avec le regard qu'il lui lança en posant ses yeux dans les siens, un baiser déposa sur son nez, souriant et rieur alors que ses deux mains se rejoignaient dans son dos et Tim, là, respirait mieux que jamais. A son aise, quelque part, enfin.

« C'est que le début, le fait que je t'aime bien... Et non, hors de question, c'est avec moi l'autel, non mais oh! » Freya a un rire franc devant la moue de Tim. Le fait qu’il met autant d’entrain dans cette petite phrase, ça la touche plus que ça devrait. Il est si facile de se perdre d’une tendresse folle pour ses beaux yeux bleus et ses belles boucles qui adoucissent son visage. Il respire encore un quelque chose d’innocent mais en même temps, Freya le sent se sentir en confiance un peu plus chaque minute. Confiance en lui-même, en elle et sûrement en eux aussi. Même si ça dû être la première chose à laquelle il s’est dévoué en venant la chercher la veille. A avoir quelque chose d’eux qui en découle, une relation de confiance, une relation ouverte et honnête. Des parts d’ombre subsistent, des choses encore non discutées qui viendront sûrement ternir le tableau un moment ou un autre. Mais dans l’immédiat, tout semble si parfait. Tim, le jardin, le temps, la tête, rien ne semble pouvoir épargner cette jolie journée pleine de douceur et de découverte. Alors la jeune femme l’embrasse furtivement tout en souriant légèrement. « Okay, je te prends au mot alors, tu viens d’accepter de tester l’autel, hein. » Et ça, c’est quelque chose que Doherty ne va pas laisser passer. Noter dans le coin de sa cabosse, un œil taquin et un sourire amusé sous entendant bien ce qu’elle vient de dire. Pas de retour en arrière possible, tu feras les conneries avec moi, Decastel. Sortir avec quelqu’un d’une espèce telle que celle de Freya, ça incite à repousser ses limites. Et ça, c’est sûrement que le début. En espérant que ça n’amène pas déjà une fin précaire.

« C'est vrai que c'est écrit sur mon visage... Je peux aussi mourir par manque d'amour, du coup je sais pas si c'est une meilleure stratégie celle-là. » Freya fit la bouche ronde tout en écarquillant les yeux. « Tu m’facilites pas la tâche, babe. On trouvera de quoi naviguer entre les deux, t’inquiètes pas. Mais évite de mourir par ma faute quand même, j’pense pas pouvoir m’en remettre sinon. » C’est bizarre cette façon de parler aussi légèrement de la mort avec quelqu’un d’autre que son jumeau. Chez les Doherty, c’est à celui qui foutra le pied en premier dans la tombe. Une espèce de compétition morbide mais que pourtant, ils repoussent l’échéance toujours un peu plus. Ca clame que ça veut en finir mais en même temps, ça s’accroche comme on peut à la vie. C’est absolument incroyable. Mais que Tim, précieux et adorable Tim, lui tienne ce genre de discours, c’est assez étrange. Mais en tout cas, il ne risque pas de mourir tant qu’elle restera accrochée à ses côtés. Elle veillera au grain (et elle continuera à le couvrir de compliments parce qu’il le mérite, que c’est honnête et qu’il en trop manqué visiblement dans sa vie).

« Peut être, je sais pas trop... Ça peut être un plan gagnant ça. On tente le coup? Il y a encore une petite surface à remplir dans le coin là bas donc tu me fais le board et je te plante ça. J'appellerais ce jardinet la galaxie suédoise, évidemment. » A ses mots, Freya sent son sourire s’étirer un peu plus sur ses lèvres alors qu’il finit par la prendre sur ses genoux – ce n’est pas sans rappeler un certain bar il y a quelques jours de ça. La suédoise se fourre confortablement contre lui, ses bras restant effectivement le lieu le plus insolite et réconfortant qui soit. « On tente définitivement l’coup. » Elle a un cri de surprise quand il se laisse tomber vers l’arrière, une main se retenant automatiquement contre le sol avant de le sentir la serrer un peu plus contre lui. « Je suis sûr qu'on créera la perfection tous les deux. » Freya l’observe, Tim embrasse son nez, elle fait de même avec ses lèvres. « En tout cas, on essaiera. » Parce que la perfection, ça n’existe pas.

Freya fourre son nez dans son cou tout en se disant que pour Tim, elle peut essayer.