Avait-il consommé trop d'héroïne pour se lancer dans des projets hasardeux? On avait de quoi se poser la question puisque Wren se retrouvait dans une situation des plus inédites. A huit heures du matin, certainement encore rond comme une queue de pelle, il avait lu cette sublime annonce dans le journal local et deux heures plus tard, il attendait patiemment qu'on lui accroche cette fichue menotte au poignet. Quand il y avait mille dollars à la clé, Doherty n'était jamais le dernier à se lancer dans des entreprises périlleuses: avec ce petit pécule, il allait pouvoir s'acheter tellement de doses de sa chère drogue qu'il avait des coeurs dans les yeux. Certes, il n'avait pas réellement pensé aux inconvénients de l'affaire: se retrouver à supporter vingt quatre heures sur vingt quatre la présence agaçante d'un sombre inconnu. Comment allaient-ils faire pour les toilettes? Et la douche? Non, le suédois n'avait pas réfléchi une seule seconde à tous ces petits tracas qui l'auraient sûrement fait demi tour en deux temps trois mouvements si cela avait été le cas. Il avait jeté sa clope avant de sentir le métal entourer son poignet, observant d'un oeil hagard sa camarade d'infortune. Comment elle s'appelait déjà? Un nom d'oiseau à coucher dehors et vu le look de la blonde, Wren sentait que le concept allait être folklorique à souhait. Deux minutes plus tard, le laborantin les laissait accrochés comme deux vulgaire chiots dans un chenil et Doherty commençait à réaliser qu'il allait galérer à prendre sa dose d'héroïne avec une gonzesse collée au bras. Merde, il aurait dû réfléchir avant, le con. "Tu veux une clope? T'avais des plans aujourd'hui? Parce que je crois qu'on est obligés d'avoir les mêmes pour un moment..." Pourvu qu'elle ne soit pas une folle furieuse qui allait lui hurler dessus à la moindre connerie prononcée: non, vraiment, Doherty n'avait pas réfléchi avant de se lancer dans l'idée du siècle. Voire du millénaire.

@Birdie Cadburry

“Tiens, Cadburry, t’as même pas les couilles d’faire ça.” “Oh si et même qu’elles sont en feuilles d’or tellement qu’elles sont précieuses.” Birdie ignore si c’est pour se débarrasser d’elle pendant quelques heures que Carter lui a balancé le journal dans la tronche alors qu’elle était en train de peindre ses ongles mais ça a eu l’effet escompté. Un défi complètement dingue comme elle les aime et en plus, un joli pactole à la sortie. Si elle arrive à survivre un pur inconnu pendant quelques heures. Elle a de la chance, elle est une Cadburry, elle le gène d'être assomante et pleine de patience. Enfin ça, ça dépend. Mais pour mille boules, franchement, la jolie blonde est bien capable de survivre tout ce qu'on lui demandera de faire. Une vraie petite fille sage bien trop attirée par l'argent. Même si elle ne gagne pas si mal sa vie que ça. Non et puis l'aventure a l'air intéressante et Birdie n'est jamais la dernière pour se foutre dans des situations inédites. Elle est sûre qu'elle aurait pu appeler son frère pour tenter l'expérience avec elle mais non, ça aurait été moins drôle qu'avec un inconnu. "Files moi un truc pour tenir au moins, Rollins, sois gentil." La jolie blonde papillonne des yeux et elle a un sacré bref moment d'extase juste au moment où Carter, dans sa bonté d'âme la plus extrême, lui fourre un petit sachet de papiers buvard dans ses mains de mendiante.

Une heure après, Birdie a son poignet enchaîné à son partenaire de fortune. Une grande perche qui a l'air d'avoir bien commencé sa journée mais dont elle ne crache pas dessus. Pour la science bien sûr. Il se met à parler et Cadburry eut un rire moqueur. “Une clope, sérieux, j’avais pas remarqué que j’avais atterri à l’école primaire.” Mais elle ne peut s’empêcher de le regarder d’un air soupçonneux. “Ils t’ont laissé entrer avec? Tu les as planqué où? Je les avais mis en mode ceinture autour de ma culotte mais même ça, ils ont réussi à le voir. Bande de pervers va!” Finit-elle par crier quelque part car elle sait qu’ils regardent… Quelque part. “Le seul plan que j’ai dans l’immédiat, c’est les mille balles à leur pomper. C’est genre les trois quart de mon salaire en une seule journée… Et j’ai un pari à gagner.” Alors elle a intérêt de tenir au moins les 24h promis, la grande perche, sinon, Birdie risquerait de l’avoir mauvaise si elle revient avant à la colocation. “Et toi, mon mignon? J’espère que t’es pas aussi broody que t’en as l’air car ça va vite me faire chier.” Face à la mauvaise humeur d’un inconnu, elle aurait encore préféré supporter son frère. De toute façon, elle a de quoi passer le temps car s’ils ont mis la main sur ses cigarettes une fois arrivée à l’hôpital, ils n’ont pas trouvé le sachet et ça, ça c’est encore mieux.

Mais il va falloir qu’il les mérite, le dadais aux yeux vert.

Elle avait l'air un poil timbrée, sa partenaire. Il fallait dire que pour se lancer dans ce genre d'histoires, il fallait soit en tenir une couche soit avoir des substances illicites dans le sang, voire les deux à la fois. Wren faisait partie de la deuxième catégorie et il le regrettait déjà parce qu'il avait la sensation qu'il avait une fille qui parlait pour dix accrochée à la main et cela, ce n'était pas nécessairement sa tasse de thé dernièrement. Enfin, l'important, c'était qu'elle avait du répondant et il se mit à sourire après son récit sur les clopes et sa petite culotte. Bon, il allait devoir s'incliner devant tant de conneries, peut être que c'était de famille comme les Doherty attiraient le malin, question de génétique. Le suédois n'aurait pas la réponse dans l'immédiat de toute manière, à moins qu'il sorte de là pour suivre sa camarade dans une journée ordinaire prodiguée par ses soins mais allez savoir à quoi cela ressemblait maintenant qu'elle avait ouvert la bouche. "Je suis un grand main, figure toi et le coup de la culotte, c'est trop classique, ma petite, ça marche plus depuis bien vingt piges ça mais je vais t'apprendre, t'inquiète." S'il devait se la coltiner des heures durant, autant que le tout demeure utile et pour l'un et l'autre. A défaut que cette histoire soit agréable, on pouvait toujours rêver qu'elle deviendrait utile et puis Wren devait s'occuper l'esprit, avec une fille comme elle, c'était du tout cuit. "T'as fait un pari, ah ouais? Je suis juste venu pour le fric, moi." Un Doherty sans argent, ce n'était pas vraiment un Doherty, surtout quand il était en recherche constante de dope et c'était devenu presque son leitmotiv ces dernières semaines. Il était devenu rare que Wren se traîne dehors sans avoir pris un bon rail ou une bonne seringue dans le bras, question de principe. "Broody? C'est une expression de hippie que je connais pas? Bon, bah écoute suis moi, j'ai une journée à tirer dans les ruelles. T'as pas peur des ruelles, dis moi?" Il n'était pas net alors peut être qu'elle allait se détacher tout de suite, cela faisait un peu pervers dit comme cela mais Wren vint lui susurrer la suite du récit dans l'oreille, pour ne pas qu'on l'entende, bien sûr. "Je suis dealer, je suppose que ça t'intéresse ça, non?" Il en avait de la came et déjà, Wren tâcha de se diriger vers la sortie, espérant que Birdie allait le suivre parce que sinon, cela allait vite le gonfler de ne pas être maître de ses mouvements.

Birdie fait claquer ses lèvres l’une contre l’autre alors qu’il se moque d’elle, clairement. Pas qu’elle n’a pas l’habitude mais normalement, elle réplique, elle mord et elle peut cogner. Mais les jolis billets colorés qui en seraient à la fin sont bien trop appétissants pour qu’elle se laisse déjà emporter dès les premières minutes. Non, elle ne va pas faire ce plaisir à Carter, ni à Jet et ça sera un défi relever qui la fera se vanter pendant des semaines à venir. Voire des mois. « Ooouh, un prof particulier qui va avoir rien d’autres à faire que de me montrer des trucs et astuces pour faire passer des clopes en douce, j’en trépigne d’impatience. » Voilà, le choix de la légèreté lui semble bien mieux alors qu’elle penche la tête pour sourire, avec son minois complètement innocent d’une gamine véritablement impatiente d’apprendre des nouvelles choses. Surtout quand il s’agit de trucs comme ça, un peu douteux mais très pratique au final. Et elle aime les choses pratiques, Birdie. « Yep, mon abruti de coloc’ pense que je tiendrai pas deux heures. Et vu que c’est un abruti, je compte bien lui rabattre la tronche. Et puis ça peut être fun, qui sait. Mais le fric, c’est clair que c’est pas négligeable, hein. T’as l’air d’en avoir besoin presque plus que moi. » Pas qu’elle soit là pour juger avec sa jupe taillée dans un jean trop grand et ses fameux voiles en superposition en guise de haut. Birdie finit par hausser les sourcils de surprise sans se détacher de ce fameux sourire qui flâne un peu plus sur ses lèvres. Et d’autant plus quand il vient lui dire les mots magiques dans le creux de l’oreille. « J’ai une tête à consommer, ça veut dire ? » Ça pourrait presque offensant mais Cadburry passe juste sa langue sur sa lèvre en lui rentrant l’épaule dans le sien. « T’inquiètes, je connais bien les ruelles. Je suis pas aussi innocente que j'en ai l'air, j'ai le goût de l'aventure. T’es le genre mauvais bad boy ou le gentil ? » Parce que le méchant, elle a déjà donné et elle exigera sûrement d’arrêter tout si c’est le cas. Mais son partenaire d’une journée n’a pas l’air si horrible que ça, on lui donnerait presque le bon dieu sans confession.

S’il n’y avait pas cette espèce de noirceur au fond de ses iris.
« Je te suis où tu veux tant qu’on prend des fraises tagada en cours de route. Et un carnet de mots croisés. Donc du coup un crayon. Et ça te dérange si je marche pieds nus ? »

Okay, elle vient sûrement de foutre en l'air un plomb de l'inconnu, là, non?

Elle était drôle la petite blonde, en tout cas, elle avait de la suite dans les idées et cela, Wren aimait bien. Ces derniers temps, il avait besoin de cette légèreté pour ne pas trop penser à ce qui le tiraillait. Rien n'était simple dans son existence depuis qu'il avait osé brûler une première poubelle en compagnie de Jillian. Tiens, il devrait peut être prendre des nouvelles de sa camarade de conneries préférée aussi. Tant de choses à faire et aussi peu d'heures dans une journée, Wren en était excédé. Cela dit, peut être que la donne allait changer maintenant qu'il allait devoir vivre dans une colocation des plus étranges durant les quelques jours à venir, avec une inconnue qui plus était. Il faisait vraiment n'importe quoi dernièrement, ce qui n'était pas tellement choquant pour être honnête, on parlait d'un Doherty sous substance hallucinogène presque constamment, même quand il dormait. "Ce sera avec plaisir, mademoiselle...?" L'idiot venait de se rendre compte qu'ils ne s'étaient même pas présentés officiellement l'un à l'autre, l'affaire commençait à merveille mais il allait rattraper le coup, l'ancien pompier, non sans balancer un beau sourire à sa partenaire de menottes. "Merde, j'aurais dû parier moi aussi, genre avec mon frère ou quelque chose de ce style, histoire d'augmenter le pactole à la fin de l'expérience." Il ne l'avait pas fait mais l'occasion se présenterait peut être à nouveau d'ici quelques temps. Pour le moment, il était question de sortir de ce laboratoire sûrement sous écoute et quoi de mieux pour débuter que d'aller à un endroit où la drogue coulait à flot? Ce n'était apparemment pas pour déplaire à Cadburry, un point pour le suédois donc. "Je sais pas, t'es le genre de nanas à foutre des clopes autour de son slip alors j'ai tenté le coup... Je suis un agneau, tout le monde te le dira là bas, va." Foutaises encore une fois. Bon, d'accord, il n'était pas du genre à violenter les femmes innocentes dans les ruelles, plutôt à les fournir en came, ce qui était clairement plus agréable pour elles. En tout cas, Wren les sortit de cet endroit blanc qui niquait les yeux, écoutant distraitement la jeune femme lui parler de crayons et de grilles d'on ne savait quoi. Bon, il allait falloir faire un compromis, dès maintenant. "On s'arrête à la supérette juste à côté de mon endroit, comme ça, on fait tout d'un seul coup, hein? On prendra un pack aussi tiens. Tu fais ce que tu veux, faudra que tu fasses aux bouts de verre par contre mais t'as l'air habituée, apparemment." Non, il n'allait pas la juger alors qu'il appeler ce fichu ascenseur qui mettait vingt plombes à arriver. Heureusement, l'hôpital n'était pas très loin et la supérette non plus, il n'avait qu'à descendre les étages, traverser la première rue puis la seconde et ils y étaient, pénétrant dans l'épicerie malgré les regards désapprobateurs des gens de voir deux personnes menottées faire leurs emplettes. "J'espère qu'ils vont pas appeler les flics parce qu'on nous croit adeptes du BDSM en lieu public, hein?" Et l'idiot se marrait à gorge déployée, merci Doherty.

« Cadburry. Nan, pas casse burette mais Cadburry. C-A-D-B-U-R-R-Y. Double R et un Y. Sinon, Birdie me convient bien aussi. » Birdie ferme les yeux en citant les lettres, Birdie fait de grands gestes et Birdie manque déjà de se foutre leurs mains jointes en pleine figure. Si Birdie commence déjà à vouloir se faire du mal involontairement dès le premier quart d’heure, Birdie ne va pas rester en vie d’ici vingt-quatre heures. Un temps fou cumulés de minutes en somme. Le temps de se blesser à cinquante endroits différents, trois ou dix fois de suite. Même si Birdie va quand même éviter que ça arrive. Surtout que la grande perche lui sourit et que hey, elle a deux yeux bleus qui fonctionnent étonnamment bien. Même sans ses lunettes. Mais pour les mots fléchés, ou croisés, qu’est-ce qu’elle a demandé déjà ? - ça va être tout de suite bien plus compliqué sans ses loupes. Ce n’est pas grave, elle a un partenaire qui se fera une joie de lui servir d’yeux - ou pas. « Augmenter le pactole et l’égo, faut pas oublier. Et puis de toute façon, on a qu’une vie, autant s’en servir pour ce genre de conneries. Pardon, pour l’avancée de la science. » Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour l’avancée de la science, son frère serait sûrement hyper fier d’elle, elle qui a toujours plongé que dans des trucs artistiques et littéraires. Peut-être pour ça qu’ils s’entendent aussi bien, à être aussi différents. « C’est marrant mais ceux qui disent qu’ils sont des agneaux ne le sont pas forcément. » Parce qu’un véritable loup, ça se sent et elle en a déjà fait l’expérience. Et le genre qu’on ne veut pas recommencer.

Son partenaire l’entraine déjà à l’extérieur et Birdie ne peut qu’approuver. Les hôpitaux n’est pas le genre de lieux dans lequel on a envie de trainer plus que ça et il y a le monde qui s’offre à eux. Alors qu’il trépigne devant l’ascenseur, Birdie s’adosse en l’écoutant mollement planifier au moins ce qu’ils vont faire dans les prochaines minutes. « C’est toi qui paies car j’ai rien sur moi. » Venir les mains dans les poches, typiquement Birdie. Et puis, ça a l’avantage qu’elle n’a rien besoin de banquer. « A part si tu crois qu’on peut la faire à l’anglaise et se tirer sans payer. T’es endurant ? » Sans aucun sous-entendu aucun.

Le trajet vers l’épicerie en question ne se fait pas silencieusement avec Birdie qui a une grande question. « Tu m’as toujours pas dit comment tu t’appelais. Vais devoir t’appeler ‘la grande perche’ pendant vingt quatre heures sinon, est-ce que t’es sûr de toi de retenir cette information cruciale ? Parce qu’à ta place, j’apprécierai pas vraiment. Même si t’es vraiment une grande perche. » Elle s’interrompt soudainement en rentrant dans le magasin et qu’elle voit les gens les regarder. Birdie pourrait presque les envoyer chier mais la grande perche réussit à la faire sourire. « Faudrait qu’on le fasse, alors, le BDSM, histoire de pas faire venir ces pauvres flics pour rien. » Et elle éclate de rire à son tour tout en le trainant dans les rayons. « Nan mais ça doit être le choc de voir Miss Météo qui a dût les couper, c’est tout. » Un joli minois comme elle, on retient un peu son visage quand on le voit dans l’écran, non ? Birdie a un cri de victoire en trouvant carnet, crayon et plus loin, fraises tagada. « Bon allez, t’avances, je vais pas y passer la journée ! Oh oh, et des chamallows, on peut en prendre aussi ? Et du punch au rhum, dis, aussi ? » Enfant capricieuse, adulte princesse.

Il allai mourir de rire avec elle collé à ses baskets pour les instants à venir. Wren n'avait pas l'habitude de rire ces derniers temps, la faute à pas de chance comme on disait souvent. Enfin, c'était quand même un peu de sa faute tout cela parce qu'il aurait pu continuer son petit bonhomme de chemin sans partir dans une tragédie digne des plus grands récits de Shakespeare mais il était un Doherty et chez les Doherty, on ne connaissait pas la comédie. On se hurlait dessus à peu près toute la journée, on jouait les champions avant de se retrouver à six pieds sous terre avec une aiguille dans le bras et de la poudre dans le nez. Il n'y avait franchement aucun avantage à avoir un patrimoine génétique comme le leur mais il devait certainement y avoir pire qu'eux quelque part, non? Wren essayait de se sentir mieux en ayant ce genre de pensées mais au fond, à quoi cela servait de se comparer à autrui? Absolument à rien puisque le problème restait le même: il était joyeusement en train de foutre sa vie en l'air. "Ah mais casse burettes, c'est bien comme nom. Je suis sûr qu'on te surnomme comme ça souvent, non?" Il ne savait pas s'il allait s'y oser tout de suite mais d'ici quelques heures, quand ce serait infernal pour aller aux toilettes ou se laver, pour sûr qu'il aurait envie de se laisser aller, le grand dadais. En attendant, il se laissait aller à lui sourire parce que leur étrange aventure commençait plutôt bien, sans qu'aucun d'eux n'ait envie de tuer l'autre, ce qui était étonnant vu le peu de patience qu'avait Doherty récemment. "Que ferait-on sans la science, clairement. Promis, je suis pas un gros con, pas avec les femmes en tout cas." Parce qu'avec lui-même, c'était une autre affaire mais il n'allait tout de même pas lui raconter alors qu'ils démarraient à peine leur périple jusqu'à la supérette du coin. Ils allaient clairement passer inaperçus vu leur tronche mais Birdie était peut être encore moins gênée que lui, si c'était possible. Il n'était pas pudique pourtant, le grand brun, bien au contraire, aurait-il rencontré son alter ego? "J'aimerais bien mais là, avec les menottes, on galérerait à éviter les flics, même si je suis très endurant." Il les imaginait déjà à essayer de courir en synchronisant bras et jambes, ce n'était déjà pas simple qu'avec soi-même alors, avec une autre personne, c'aurait été tenter le diable. Non, Wren allait sortir son porte monnaie, clairement bien fourni et ils pourraient s'en sortir sans encombre. "La grande perche s'appelle Wren, casse burettes." Il lui fit un clin d'oeil amusé avant de la laisser l'entraîner entre les rayons pour ramasser les denrées qui l'intéressaient et il n'y avait rien de sensé dans les emplettes de Birdie, bien au contraire. "du BDSM dans le rayon jouets pour gamins, super idée, ouais. Ah, t'es Miss Météo? Je regarde pas la télé, j'aurais jamais pu savoir." Les autres l'auraient fait pour lui et peut être que c'était encore plus choquant de voir Miss Météo menotté à un grand type en achetant des fraises Tagada et du punch. "Ouais, prends ça, allez. Faut qu'on décampe avant qu'il y ait plus de came, madame." Ils se présentèrent face au gérant, avec leurs denrées étranges, Wren lui sourit même s'il les regardait étrangement. Il ne dit rien pourtant et ils purent sortir de là, les bras chargés, une véritable galère avec les menottes. Wren la fit traverser sans regarder à droite et à gauche, fuck la sécurité routière et il s'engagea dans la fameuse ruelle où on le connaissait si bien. De la drogue à foison, voilà ce qui l'appelait alors qu'il retrouvait son coin personnel, sortant quelques grammes et les présentant à Birdie. "Tiens pose ça là et assis toi en attendant la clientèle. Tu veux un truc? J'ai de quoi." C'était le moins que l'on pouvait dire et Wren n'était pas peu fier de lui montrer toute sa cargaison, le paradis sur terre.

« Continue à me surnommer comme ça et je te plante mon nouveau crayon dans un de tes beaux yeux, ma grande perche, capitche ? » Birdie papillonne joliment des yeux tout en prenant cette voix faussement doucereuse, histoire de bien lui faire comprendre qu’elle ne plaisante pas vraiment. Casse Burette, on le lui a bien dit quelque fois ici et là mais ce n’est pas une raison pour le faire. Et si la grande perche ne le comprend pas, il va finir avec un œil en moins et peut-être qu’il réfléchira à deux fois avant de sauter à pieds joints, les deux, dans ce genre de remarques. « Mon frère serait là qu’il t’expliquerait de A à Z puis de 0 à 10 voire 100 à quel point les sciences sont extraordinaires. Ils font des expériences sur tout et n’importe quoi, c’est presque ridicule. Tu savais qu’on pouvait faire des diamants avec de la tequila, toi ? Et ben voilà, maintenant tu le sais ! » Et elle est presque fière, Birdie, de réussir à retenir ce genre de conneries. C’est qu’elle a une bonne mémoire et les choses stupides, elle est comme son frère, elle les retient toujours parce que c’est drôle. Que serait la vie sans ce type de renseignements, vraiment, c’est à se poser la question.

Birdie hausse les sourcils. « Endurant mais pas aventurier alors. » conclut-elle d’un ton taquin. « Au pire, je serai montée sur ton dos. Je suis un poids plume, je suis sûre que tu t’en serais très bien sorti. Même si avec les courses, ça serait risqué et on pourrait faire comme le petit poucet. Ils finiraient par nous retrouver à cause d’un paquet de bonbons et de débris de verre, ça serait complètement con. » Vraiment stupide, elle qui n’a jamais réussi à être chopée plus de deux fois par les flics. Un vrai petit ange, cette enfant, et elle rayonne un peu avec ses pommettes creusées quand la grande perche lui fait enfin l’honneur de son prénom. « Aaaaah, c’est pas commun, ça, Wren… Avec un W, putain, cette chance. » Parce qu’un W, un Y ou l’ultime, le Z dans un prénom, c’est la classe. Et Wren possède une de ces lettres donc rien que pour ça, Birdie juge qu’elle l’aime bien. Et en plus il se soumet à tout ce qu’elle veut et il paie. Franchement, elle doit avoir gagné le jackpot, là. « Entre la figurine d’Elsa et les peluches Winnie l’Ourson, je suis sûre que ça peut être sympa. » Birdie n’est jamais à court d’idées pour les trucs les plus loufoques, en preuve les menottes qu’elle a au poignet. « Et vui, j’illumine le petit écran et on me paie pour ne pas dire toujours la vérité, franchement, c’est le pied. » En plus, on ne lui demande d’être là que le midi et le soir, ayant tout le reste du temps à s’occuper. Comme pour faire ce genre d’expériences à la con.
Wren la presse et elle râle doucement entre ses dents. « Ouais, ouais, deux minutes, y a pas le feu. » Mais y a de la came. Enfin, elle en a dans sa poche mais si ça aussi, elle peut l’avoir gratuitement, elle ne va pas dire non. Birdie va finir par croire qu’elle est Moïse et que la mer s’ouvre à chaque fois vers la destination ultime du plaisir et de l’euphorie. Ce qui doit être le cas à attirer tous les types louches vers elle, aussi.

Birdie s’installe doucement et retire ses chaussures avant d’étendre ses jambes. « Je te préviens, t’as pas intérêt à faire un arrêt cardiaque ou à vomir tes tripes. Je suis là pour le fun, pas pour la galère. » Il n’y a pas de place pour la galère dans le petit monde de Birdie, c’est une base et un train de vie. Elle se lève pour lui passer en travers et attraper son sac pour fouiller sans envergure dedans. « Bordel, effectivement, t’as de quoi. T’es un indépendant ou t’es à la botte de quelqu’un ? » De toute façon, Cadburry ne s’attend pas vraiment à une réponse honnête, ce n’est pas le genre de choses qu’on proclame à la première inconnue. « Ha ah ! T’as pas le meilleur, c’est dommage ça. » Parce qu’elle a beau fouillé, elle ne trouve pas ce qu’elle veut vraiment. Alors elle passe sa main libre dans la poche arrière de son jean pour en sortir le petit sachet de LSD gentiment fourni par Carter. « J’espère que tu fais pas de bad trip parce que ça serait vachement moins fun. »

Maintenant qu'il y pensait, elle avait un petit air à la Freya, c'était peut être pour cette raison que Wren faisait preuve d'autant de familiarités avec elle et il était aussi bien reçu qu'avec sa cadette d'ailleurs. A croire qu'il attirait les femmes énervées et qui voulaient le gifler dès qu'il ouvrait la bouche. Apparemment, dans ce monde de fous, on n'avait plus le droit de rien faire, pas même offrir un joli surnom à la bonne dame à ses côtés. "Moi qui te pensais douce comme un agneau, c'est raté alors mais je m'y ferai." Il n'avait pas d'autres solutions de toute manière puisqu'il était littéralement accroché à son poignet donc il valait mieux éviter de transformer leur collaboration en combat de catch sauvage, ils n'étaient pas certain d'en sortir indemnes, ni l'un ni l'autre. "Ton frère a l'air d'avoir un grain ou deux. Je te rassure, mes cadets sont pareils... Enfin, je crois pas qu'ils aiment la scientifique mais ils kiffent la dope et faire des conneries." Les chiens ne faisaient pas des chats d'après le diction et si Birdie suivait l'exemple de son frère, les Doherty répétaient les mêmes bêtises que Wren, il aurait dû se mépriser pour cette raison d'ailleurs, mais il avait déjà suffisamment à faire avec tout le reste pour s'inquiéter de ce genre de faits, là, tout de suite et puis, il était avec Birdie, alors aucune raison de penser à sa vie misérable. "Donc tu vois, c'était pas une idée de génie et puis c'est pas hyper recommandé de monter sur le dos des grandes perches, t'aurais pu tomber de haut, tout ça. On se serait fait choper à coup sûr." Ce qui aurait été fort dommage et qui aurait sévèrement attenté à l'expérience scientifique à laquelle ils prenaient part. Bon, d'accord, ni Birdie ni Wren n'avaient l'air grandement intéressés par les conclusions de cette étude, ils n'avaient même pas demandé d'ailleurs quel était l'objectif concret d'attacher deux inconnus ensemble pour une éternité, ce qui importait, c'était le temps qu'ils allaient tenir, pour la thune, toujours pour l'argent. "Cette chance le W, ah ouais? J'y ai jamais pensé, c'est un peu galère à écrire quand t'es gamin ce machin." Heureusement que son nom ne comptait que quatre misérables lettres ou alors, il ne se serait jamais sorti de cette galère, comme quoi ses parents avaient pensé à tout ou presque. "Devant les caméras de sécurité, royal pour ta prochaine intervention à l'antenne, ça remplacera la carte de l'Australie, du gros délire." Pas sûr que la jeune femme pense la même chose mais ils avaient à faire puisque Wren les entraîna à grande vitesse de l'autre côté de la route pour se poser tranquillement sur sa chaise habituelle. Là, il était dans son élément et il pouvait se reposer, observant en coin la réaction de la jeune femme alors qu'elle fouillait dans son sac où se trouvait tout le matos à vendre, elle avait l'air impressionnée, ce qui n'étonnait pas franchement le nordique. "Pas mon style. Je dirais que je fais les deux. T'as vu, c'est pas mal, hein? Le meilleur, ah ouais?" Effectivement, il vit Birdie fouiller dans sa poche pour sortir le Saint-Graal et Wren eut un léger rire, du LSD forcément, que pouvait-elle consommer d'autre en vue de son allure? "Jamais. Je suis un habitué de toutes ces conneries. Un bon trip menotté, j'ai toujours rêvé de ça, pas toi? Balance." Il n'eut même pas le temps de finir sa phrase qu'il s'osa à partager l'affaire avec la belle et en ingérer. Pas le moment de faire le finaud, clairement.

« Ah non, ça, c’est une apparence que je me donne pour qu’on me donne ce que je veux. Une technique vieille comme le monde qui ne finit jamais de fonctionner. » Birdie lève les sourcils une demi-seconde tout en se mordant la lèvre avant de sourire. Elle est parfaitement consciente de son visage d’ange, de ses yeux bleus perçants et de cette moue enfantine absolument renversante. Même si le packaging lui a bien valu des problèmes, il lui a aussi valu de bonnes choses. Une aide précieuse non regrettable, aussi bien pour des fins personnelles pour que des envies tout aussi personnelles. « Et toi, Wren, te considères-tu comme un scientifique, dans le fond ? Perso, à part compter les billets dans ma poche, c’est à peu près la seule chose dans cette branche que mon cerveau est capable d’effectuer. » Compter ses sous, c’est toujours important, même les petites pièces. Ne jamais sous-estimer le pouvoir des petites pièces qui, cumulées, peuvent donner une somme tout aussi importantes que trois billets réunis. « Aw mais nan. Je me serai bien accrochée, t’inquiètes pas pour ça. » Birdie lui fait un petit sourire de coin avec un clin d’œil spontané parce que ça aussi, ça aurait pu être quelque chose. Après, ils ont vingt quatre heures à casser, faire un tour au stade pour tenter l’expérience reste encore faisable.

« Mini Wren avait du mal à écrire ? Et maintenant, rassures-moi, tu t’en sors mieux, hein ? Nan parce que ça m’inquièterai si tu ne sais toujours pas écrire ton prénom. » Pour la psychologie, la science, tout ce qu’on veut. Enfin, même si Wren la trimbale jusqu’à son QG dans une ruelle, ça ne veut pas forcément dire qu’il est idiot. Même s’il lui a quand même dit qu’il est dealeur dès les premières minutes. Et ça, par contre, c’est idiot et pas très futé. Même Birdie sait qu’il y a des choses dont il ne faut pas se vanter. « J’espère car vraiment, t’as l’air costaud de l’extérieur donc t’as intérêt à l’être de l’intérieur. Mmh mmh. Enfin, je vis avec deux types de ton genre donc si je suis aussi impressionnée, sois d’autant plus flatté. » Qu’elle n’a pas les chevilles qui gonflent celle-là alors qu’elle sourit avant d’avoir une « hey » de surprise quand Wren vient se servir allègrement. « Dis donc, c’est toujours comme ça que tu fais ? Tu veux, tu prends ? T’as de la chance d’avoir payé pour tout ça car sinon, je te l’aurai fait recracher. » Parce que Wren n’est pas censé savoir que cette dose-là elle l’a eu gratuitement. « Mais qui suis-je pour me foutre au milieu de tes rêves, mon beau ? » Par contre, inutile de penser qu’elle va le laisser seule dans son délire. Un petit papier posé sur la langue et Birdie lève le visage au ciel tout en fermant les yeux pour apprécier ce qui fond tranquillement dans sa bouche. « J’espère qu’ils sont pas en train de filmer ou quoi car sinon, on est dans la merde, Wren. » Elle parle sans vraiment réfléchir avant de sentir sa nuque s’alourdir instantanément, se mettant doucement à rire pour strictement rien et laissant son front choir sur l’épaule de Wren. « Oh oh, je crois que c’est de la bonne, ça. Yep, yep yep… Borde, c’est pas mal comme petit dej, ça. » Les yeux encore fermés, Birdie est prise d’une fine pellicule de fraîcheur avant d’être envahie par la transpiration d’une chaleur intenable. « J’ai l’habitude mais borde, le soleil il chauffe grave là. L’est pas midi, pourtant. Doit être les incendies. Brûle partout. » dit-elle en relevant la tête et utilisant sa main menottée pour s’éventer - à deux mains, ça doit être plus efficace, non ?

Wren aurait dû savoir qu'il ne fallait jamais se fier aux premières apparences, il était le premier concerné par les préjugés après tout. Combien de fois on lui avait balancé des horreurs parce qu'il avait une tronche bizarre? Il devait être un serial killer, un tueur d'enfants, le genre de types à ne pas fréquenter sous peine de retrouver son coeur au bord de la fenêtre au petit matin. Wren rigolait joyeusement quand on commentait son physique hors du commun et s'il n'était pas un meurtrier, certes, il ne pouvait pas tout à fait dire aux badauds qu'il était un ange non plus. On parlait tout de même du type qui se lançait dans une expédition d'au moins vingt quatre avec une parfaite inconnue qui se faisait un malin plaisir à apparaître comme une femme idéale alors qu'elle était apparemment un démon. Wren lui fit un cln d'oeil, mesurant les propos de la belle Cadburry parce qu'il avait compris son petit stratagème et c'était sûrement ce qui lui permettait de se sortir de n'importe quelle situation, sans égratignure et avec bon nombre de billets verts supplémentaires en poche. Elle était maline, la Birdie, il le voyait bien et c'était une évidence qu'il n'allait pas réellement avoir le temps de s'ennuyer dans les heures à venir. "Pas une seule seconde. Enfin, si t'exclues mon petit côté chimiste quand je prépare quelques drogues mais sinon, c'est pas du tout pour moi ce genre de conneries." Il ne mentait pas en la matière. Wren préférait observer la science plutôt que d'y participer, question de principe. Enfin, sauf là parce qu'il était à fond dans le délire proposé par le laboratoire, par intérêt avant tout, forcément. "Non ça va, j'ai arrêté d'être abruti après mes cinq ou six ans, à peu près." Il savait écrire et lire, étonnant, non? On le prenait souvent pour un idiot mais il s'avérait que le Doherty en avait pas mal dans la cervelle, lui qui s'y connaissait tant en récits mythologiques et autres bouquins que d'autres trouvaient barbants à mourir. Enfin, il était vrai qu'il n'avait pas touché à un livre depuis à un moment, à part pour le transformer en réceptacle à cocaïne ou autres drogues qui lui tombaient sous la main. "Je vais tout faire pour, ouais, ma chère. T'as l'air d'être dure à impressionner mais j'abandonne pas facilement donc ça va." Il avait déjà foutu le LSD sous sa langue de toute manière alors c'était trop tard pour reculer ou écouter les protestations de Birdie. Elle le rejoignit bien vite dans le trip et Wren put se reposer tranquillement au fond de son siège en sentant les effets brûler littéralement son cerveau. Il entendit sa camarade rire et lui se sentait imbibé, c'était merveilleux, si merveilleux. "Ah merde, ils nous ont buggué, tu penses? Au pire, on s'en branle puisqu'on est totalement défoncés et que ça va pas les intéresser outre mesure, ça... Mais qu'est-ce que tu fous à faire l'éventail avec mon bras? Ça marchera pas contre les effets du LSD, ma petite. Bientôt, tu vas parler à un éléphant rose, toi. C'est clairement de la bonne, ton machin." Il lui fit baisser leur bras, les laissant choir vainement entre leur corps, Wren se décidant à sortir une bonne clope pour améliorer encore leur petit paradis. "T'en veux une, Bugs Bunny?" Aucune idée d'où cela lui venait, peut être du fait qu'il était en train d'halluciner des grandes oreilles à Birdie, tiens, ouais, c'était peut être cela.

Birdie n’a jamais été intéressée plus que ça par la confection de la drogue. Elle se contente de consommer et c’est déjà pas mal, à ses yeux. Il faut dire qu’elle n’a jamais voulu tremper dans des affaires louches, même quand elle était étudiante et en pleine galère d’argent. Mais Birdie est une professionnelle du plan B, C et sûrement jusqu’à O. Elle a toujours une idée, quelque chose, n’importe quoi pour rebondir gracieusement sur ses deux jolies gambettes finement galbées. Dans la vie, il n’y a pas de problèmes, que des solutions. Selon quelqu’un peut-être dont elle ne se rappelle pas le nom, sûrement. La jeune femme eut un faux soupir de soulagement hyper bien joué ; ce n’est pas un taré, tout peut aller pour le mieux du monde alors. Mieux encore, il a arrêté de l’être vers ses six ans, qui est un âge tout à fait respectable pour apprendre enfin à savoir écrire son prénom. Minuscule, majuscule, attaché ou en script ? Birdie se mord la langue mais ça serait des informations importantes. Pour son savoir à elle, dans un sujet qu’elle vient d’ouvrir avec le prénom W.R.E.N écrit en stylo rose paillette - parce que c’est beau, le rose. Et les paillettes aussi.
« T’inquiète pas, mon grand, la barre est tellement haute que même avec ta grande taille, tu auras du mal à la franchir. D’autres ont tenté mais ils se sont foirés total. » Parce que vouloir charmer une fille comme elle, on pense souvent que c’est facile et qu’elle est bien trop sotte, blonde, tarée pour ça. Mais Birdie est bien plus compliquée que ça, elle apprécie qu’on lui tienne compagnie sous toute forme qu’il soit, elle est toujours celle qui se trémoussera en plein milieu du comptoir pour mettre l’ambiance mais il ne faut pas la prendre pour ce qu’elle n’est pas. Autrement dit, une jolie poupée écervelée qui fait sagement ce qu’on lui dit et qui attend que le ciel lui tombe sur la tête. Non, Birdie est trépidante, elle a besoin d’action, d’aventure, de palpitant dans sa vie. Est-ce qu’être menottée à un parfait inconnu est ce qu’on met dans cette case-là ? Peut-être bien. Enfin, avec le petit sachet qu’elle vient de sortir, elle risque, définitivement. Cadburry ne pense même pas au côté pratique de la chose, pas encore. A part quand ça viendra et là, ça sera la merde, sûrement. « Sais pas, j’ai vu. Ils auraient pu mettre une puce dans l’eau ou sais pas moi. Veux pas contrer les effets, grand bêta, mais j’ai chaud, purée. T’as pas chaud ? » Des symptômes typiques qu’elle connait mais qu’elle oublie à chaque fois dès qu’elle commence à se perdre. Birdie rigole de son air chantant (il y a juste ça de juste dans sa voix). « Eléphant rose, j’ai hââââte. Tu crois qu’y va y avoir une corne ? C’que j’aime bien les licornes, moi, alors un éléphant rose avec une corne, ça doit être beau. » Elle est presque avachie sur lui alors qu’il lui prive de leurs mains pour se faire de l’air. Elle lève les bras - celui de Wren aussi de surcroit, pour replacer son haut - comme s’il en a besoin. « Bugs Buunnyyyy, aaaaaw, j’aime bien ça, c’mignon tout plein. » Et son regard océan descend vers ce qu’il tient dans ses mains - « Bordel, elles sont énoooormes, tes mains. » Ou alors c’est elle qui en pleine hallucination tellement qu’ils sont disproportionnés. Elle penche la tête et approche son visage pour regarder la clope. « Azyyy, fais péter. T’crois être ok pour r’c’voir tes clients comme ça, toi ? Imagines t’es trop foncedé et ils te chouravent tranquille ? Oh, au pire, on leur fait la misère, hein. T’es grand, j’ai des ongles, ça va l’faire graaave. » Bug Bunny, protecteur de came de la grande perche. Et Birdie se met à rire. De nouveau.

On le remarquait vite qu'elle avait de la suite dans les idées, la blonde, mais ce n'était pas Wren qui allait s'en plaindre. Il appréciait les gens créatifs, les marginaux, ceux qui n'entraient dans aucune case correctement orthographiée et ordonnée depuis des décennies. Lui même n'avait jamais fait l'objet d'une catégorisation et c'était très bien comme cela puisqu'un être humain n'avait jamais qu'une seule et unique facette. Il y en avait des centaines de nuances et jamais rien n'était soit tout blanc soit tout noir et le spectre se promenait entre tous les tons de gris qui pouvaient exister. Alors, peut être qu'inconsciemment, Wren se la jouait scientifique du dimanche ou bien philosophe, en fait, mais cela, c'était uniquement parce qu'il n'était pas totalement sobre. Il ne l'avait pas été depuis un siècle ou deux, du moins c'était l'impression qu'il en avait puisque les jours passaient et se révélaient être parfaitement semblables au précédent, ce qui n'était parfois pas déplaisant pour un junkie dans son genre. Il y avait au moins un cocon rassurant auquel se rattacher quand on perdait pied à cause d'une minute de trop de manque et dieu ce que Doherty détestait cela, raison pour laquelle il avait toujours une ou deux doses d'urgence sur lui, juste au cas où. Peut être que c'était également le cas chez Birdie, aller savoir, là, sur le moment, Wren ne fit que lui lancer un sourire après un clin d'oeil amusé parce qu'elle avait l'air si sûre d'elle, la petite. Elle le serait peut être moins avec ce fichu LSD dans son système nerveux, mais lui non plus d'ailleurs. Les rêves passaient, s'enchaînaient et il ne comprenait pas la moitié de ce qu'il voyait: bon sang, elle était corsée la drogue de Cadburry, il espérait qu'elle lui filerait son plan histoire de rajouter cette bonne came à son répertoire de vente. "T'as qu'à te mettre à poil si t'as chaud. Y a personne dans le coin... A part toutes ces mouches là, tu les vois? Elles font tellement de bruit, ça me tue." Il en voyait des milliers, complètement stone qu'il était mais ce n'était pas aussi grave que les oreilles de lapins ou que Birdie qui comparait la taille de leurs mains. Il ne l'avait pas vu venir celle là et Wren dût jongler avec un fou rire de tous les diables, sans pouvoir dire si c'était la remarque de la blonde ou la drogue qui lui faisait cet effet là précisément. "Un élécorne, peut être bien. Wow, Bugs, qu'est-ce que tu racontes avec mes mains, elles sont normales, non? Fais voir." Il attrapa celle de sa camarade pour la poser contre la sienne. Certes, il y avait une différence de taille mais il était géant aussi, il fallait le considérer dans la balance. "Je dirais que c'est normal pour une grande perche, après je sais pas, ça bouge un peu, j'ai du mal à bien voir... Tiens, sers toi, j'en ai plein. Y a pas de clients avant la nuit. t'inquiète puis au pire on leur lance des cigarettes en combustion sur le coin de la gueule s'ils essayent de faire quoique ce soit." L'idée du siècle, forcément, mais Wren était ailleurs, sentant Birdie collée à lui alors qu'il fumait tranquillement, ne s'offusquant même pas des choses bizarres qui passaient devant ses yeux. "Tu l'as vu toi aussi le cowboy qui essaye de se taper la reine d'Angleterre? Putain, c'est quoi ton LSD sérieux?" Il allait vomir si le délire continuait ou juste rester goguenard, tout était possible dans cet état de grâce.

Birdie n’accepte que la drogue extasiant, celle qui vous fait faire des loopings sur des montagnes multi-couleurs et qui vous fait croire que la Tour Eiffel est juste à portée de main. Un monde imaginaire peuplé de créatures purement fictifs, ou alors un mélange du quotidien pour rendre le monde encore plus loufoque, entre plus intense. L’impression que l’immeuble en face va vous tomber sur la gueule parce qu’il est mal fixé et elle agrippe la main de Wren dans un mouvement de peur soudaine avant de rire bêtement parce que c’est con, l’immeuble ne va pas s’écrouler, non, il monte au ciel. Elle a un mouvement de contemplation d’enfant alors que le pan de l’immeuble vole dans un voile de couleurs et elle plisse les yeux violemment quand sa rétine frôle le soleil, bien trop puissant à cette heure-ci. Birdie entend cependant les paroles de Wren et elle tsk entre ses lèvres tout en tapotant son doigt sur son nez. « Nope, suis pas assez défoncée pour m’foutre à poil. Surtout d’vant un inconnu, pas bête la folle. » Ou alors c’est l’inverse, elle ne sait plus trop. A croire que ça la dérange moins de se foutre à nu dans une ruelle que devant un type qu’elle vient de rencontrer. A vrai dire, non. Birdie n’a aucun problème de nudité. Mais c’est une question de principe. Si on déroge à des principes clairs et simples, c’est la porte ouverte à l’excès le plus total. Et ça, ce n’est pas possible, pas encore. « Essaie de les gober, elles f’ront moins d’bruit. Tiens, dis moi si j’en attrape. » Cadburry ouvre grand la bouche en essayant de gober des mouches invisibles parce qu’elle ne veut pas que Wren ait les oreilles en sang, ça ne serait pas drôle du tout. « J’ai l’impression que le sol il bouge, p’tain, y a des vers énormes, c’est dégueuuuuu ! » Ah non, des limaces géantes en guise de pierre sur ses pieds nus, elle n’en veut pas, Birdie. Taille petite, oui, géante, non. Alors elle grimace avant que son attention précaire soit reprise par Wren qui mesure la taille de leurs mains. « Bah nan, elles sont é n o r m e s genre j’crois qu’elles vont exploser. Ou alors… Merde, y a des paillettes coincées, t’y crooois toi ? Ca t’arrive de t’foutre du vernis à paillette ?? » Ca a l’air totalement incohérent avec le personnage mais ça la fait rire, Birdie, d’avoir l’image déformée de Wren s’essayant à se peinturer les ongles.
« C’vrai, autant qu’tout soit proportionné, hein. Et du coup, ça vaut vraiment pour tout ? » Demande-t-elle dans un gloussement qui se transforme en rire à gorge déployée parce que non, elle ne peut pas se contenir. Birdie tâte maladroitement dans le sac avec sa main prisonnière sans faire attention. « Du lancée de mégots en fusion, j’aime l’idée. C’est dommage qu’tout ça vaut du blé car ça f’rait du bon combustible aussi, j’en suis sûre. » Cadburry fout sa clope entre ses lèvres tout en secouant la tête. « Nope, mais j’ai vu un alligator sur ces deux papattes arrière tenter d’emballer une sirène… Qu’a une corne aussi, c’te chaaaance. Ha ha, si t’es gentil comme un agneau, j’te filerai le bon plan, t’inquiètes pas. » Carter sera sûrement bien compter d’avoir quelqu’un avec qui faire du business, nan ? Elle en sait rien, Birdie, mais si elle peut aider - ou pas, d’ailleurs. « Vu qu’ils viennent qu’la nuit, tu veux pas qu’on bouge un peu. J’vais m’empâter à rester iciiii. » Assise au sol, le bras engourdi de le regarder quasiment en hauteur pour Wren, elle pose son menton sur la cuisse de Wren avec cette petite moue suppliante au visage. « Et pi, ça peut être fuuun d’voir c’que le monde nous réserve. » Ce qu’elle dit toujours quand elle prend ce genre de dope. Pas qu’elle s’en plaigne, puisqu’elle oublie à chaque fois.

Les effets délirants du LSD, Wren avait eu le temps de les oublier car ce n'était pas celle qui l'essayait le plus souvent. Lui, ce qu'il désirait, c'était faire taire son cerveau, pas le stimuler de mille autres manières et c'était et bien ce que faisait cette drogue en créant de multiples hallucinations et forçant les gens à laisser échapper leur moindre idée, même la plus saugrenue. Doherty n'était pas un type volubile de base alors, il avait toutes les raisons du monde d'avoir peur de tous ces effets indésirables mais puisqu'il était attaché à Birdie, autant se laisser aller dans son univers jusqu'à ce qu'on leur offre de nouveau leur liberté? Il n'avait pas spécialement prévu de voir tout un bordel mais au moins, il n'était pas seul puisque la blonde traversait les mêmes phases délirantes que lui: il n'y avait pas à dire, la descente allait être coton. "Ah merde, t'es pas bête comme folle mais c'est pas grave parce que, ouais, les mouches, elles, elles sont à poil... Et là, non, t'en gobes pas une, je crois même qu'y en a une qui t'a fait un fuck avec sa patte arrière mais je suis pas sûr sûr." Il valait mieux ne pas l'être, non, puisque tout cela relevait de l'illusion et pas du tout de la réalité de la ruelle dans laquelle ils se trouvaient. Heureusement, d'ailleurs, qu'ils étaient seuls parce qu'on les aurait pris pour des illuminés autrement vu les têtes qu'ils tiraient depuis un bon quart d'heure maintenant. "Où ça des vers? Putain, pas des vers, c'est tout visqueux ça! Je préfère les papillons, donnez moi des papillons." Et pouf, baguette magique, toutes les mouches étaient devenues des papillons, à croire que son cerveau avait décidé d'être incroyablement conciliant avec sa petite personne puisque Doherty lui avait apporté une dose de bonheur à laquelle il n'était clairement pas habitué avec l'héroïne et toutes ces autres conneries. "Pas dans mes souvenirs mais si j'ai des mains énormes et pailletées, va falloir que je consulte, ça a l'air grave comme pathologie." Peut être autant que les oreilles de lapin de Birdie alors ils devraient peut être envisager de faire un tir groupé niveau consultation pour payer moins cher, ou juste aller voir un marabout, ce serait drôle ça, tiens. "La proportion, ça me connait d'enfer, ouais! Mais non, on va rien faire cramer, on est des petits enfants tout sages, autant que toute la faune qui vient nous rendre visite. Bonjour, monsieur le pingouin, olala, c'est génial." Mieux qu'à la télévision, merci le cerveau et sa capacité à créer tout et n'importe quoi dans la minute. "On bouge s'tu veux. T'as qu'à diriger, tiens, moi, je gère la vitesse." Il la releva avec une certaine douceur, espérant que le monde n'allait pas continuer de bouger autant parce que les immeubles allaient leur tomber sur le coin de la gueule qu'il s'en étonnerait pas, le suédois. Cela dit, il les extirpa de leur rue d'infortune, suivant Birdie en observant les oiseaux se transformer en ptérodactyles, tout cela en dansant la Macarena, tout allait bien vraiment. "Alors, ça va donner quoi aujourd'hui, Miss Météo? Va t-il pleuvoir sur tes oreilles de lapin?" Aucune idée de ce qu'il racontait, pour changer.