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Amelyn - dimension zombie- Chapter #1
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On peut lutter contre la nervosité et le stress. Parfois, il suffit d’inspirer trois fois, profondément, pour en venir à bout. En revanche, on ne peut rien contre la tension sexuelle. Celle-là, elle nous prend à la gorge. Elle nous empêche de réfléchir et de respirer. Elle va jusqu’à nous priver de raison et de prudence, plus encore lorsqu’elle est entretenue. Moi, derrière le volant de ma voiture, je veille à ne pas quitter la route quand Raelyn a en partie quitté le confort du siège passager. A genoux sur ce dernier, elle cherche ma bouche de la sienne et ses mains, cavalière, se glissent sous mon T-shirt. Je tente bien de lui résister pour nous éviter l’accident. Quelquefois, je récupère ses doigts baladeurs pour les embrasser un à un, comme je le fis souvent à la genèse de mon histoire avec Sarah. Ça n’impliquait pas une grande attention. Je pouvais garder les yeux rivés sur la route, bénissant le feu rouge qui se profile à l’horizon. A l’arrêt, j’ai tout le loisir de profiter d’un baiser et de permettre à ma paume de redécouvrir la rondeur de ses cuisses. Dans un souffle, je lui murmure : « Si tu continues, on va finir par avoir un accident. », mais elle n’en a cure. Je crois même que ça l’amuse de me torturer. C’était compréhensible. Elle avait longuement bataillé contre ma loyauté envers mon mariage pour que j’envisage sérieusement d’entendre la chanson fredonné par le désir. De plus, les risques sont mesurés. Brisbane est étonnamment calme cette nuit. M’y serais-je réellement attardé que ça aurait pu m’inquiéter. A défaut, tandis que le feu passe au vert, quand ma vue périphérique l’aperçoit, mon cerveau réagit plus vite que mon corps. Mes lèvres caressent toujours sa peau, mais je lève le pied de la pédale d’accélérateur le pied de la pédale d’accélérateur. Le temps de relever la tête, la voiture avait déjà parcouru plus d’un demi-kilomètre, à vive allure ou, tout du moins, assez vite pour causer des dommages à quiconque se trouverait dans sa trajectoire. Je n’avais pas été assez attentif, pas assez prudent. J’en fis le constat malheureux dès lors qu’un grand boum me fit sursauter et que la véhicule tressauta. Je freinai à bloc, les mains serrées sur le volant et les bras tendus pour retrouver la pleine maître de sa trajectoire. La peur au ventre et rattrapé par ma conscience, l’horreur me saisit d’emblée. J’avais percuté quelqu’un ou quelque chose. Je priai pour qu’il s’agisse d’un animal, mais les yeux ronds comme des soucoupes, j’envisage déjà le pire. « Oh putain » lâchais-je d’un ton catastrophé. Nous étions bien loin de celui que m’inspirait ma convoitise. Et s’il s’agissait d’un piéton ? D’une femme et un enfant ? D’une mère et d’un bébé dans son landau ? Je ne pouvais pas rester là, assis à l’intérieur de l’habitacle sans en avoir le cœur net dès lors qu’un coup d’œil dans le rétroviseur ne servait à rien. « Faut qu’on aille voir. Viens. » invitais-je Raelyn à me suivre en ouvrant la portière.

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- premiers jours de l'épidémie

Cet instant je l’ai trop attendu pour me laisser ralentir par la perspective d’un trajet en voiture. Alors que mes yeux se posent sur Amos qui tient fermement le volant, je suis prise de l’envie irrépressible de faire monter la température et alors qu’il roule doucement, je glisse me jambes sous mes femmes pour me mettre à genoux, fait passer ma ceinture de sécurité sous mon bras et me penche vers lui pour lui voler un baiser. Il n’a pas le même goût que celui que nous venons d’échanger dans le bar. Il a le goût de la hâte, d’un baiser volé, et ma main qui glisse sur son t-shirt n’est qu’une invitation de plus à la luxure. Nous nous tournons autour depuis trop longtemps pour que je ne parvienne à faire preuve de patience maintenant que je sais que j’ai réussi à le faire céder. A partir de là, le trajet jusqu’à mon appartement ne m’a même jamais semblé aussi long. Des images totalement dénuées d’innocentes viennent s’imprimer sur ma rétine et je frissonne à l’idée qu’une partie d’entre elles basculeront dans la réalité dans quelques instants. « Si tu continues, on va finir par avoir un accident. » Oui mais si je ne continue pas j’ai la sensation que mon cœur s’arrêtera de battre d’avoir tant joué avec lui. Je ne prends même pas la peine de lui répondre avant de glisser mes lèvres contre son cou, contre sa mâchoire, et finalement de sceller nos bouche d’un nouveau baiser. Le risque, le fait qu’il doive lutter pour s’imposer des coups d’œil à la route ne fait que faire grandir mon envie, et ma main passée sous son t-shirt commence même à descendre dangereusement, trop dangereusement. J’ai bu aussi, et je m’autorise plus facilement ce type d’action audacieuse.

Le choc manque de me projeter en avant et je ne suis rattrapée in extremis que par ma ceinture de sécurité passée sous mon bras, et elle me plaque en arrière alors qu’il freine brusquement. Les battements de mon cœur s’accélèrent, je ne pensais pas ça possible, et je reste choquée quelques secondes alors qu’il serre le frein à main et détache déjà sa ceinture. « Oh putain. » Je reprends mes esprits difficilement, alors que lui ouvre déjà sa portière. « Faut qu’on aille voir. Viens. » Au bout milieu de la nuit qui peut bien traverser en milieu de la route ? Je suis obligée de me secouer les puces avant de détacher à mon tour la ceinture qui me retient, et je descends du véhicule pour en faire le tour et m’approcher de la forme sombre à terre. Je prends même un peu d’avance sur Amos je crois, tenter de garder la tête froide. S’il s’agit d’un être humain et même s’il est mort, je ne ressentirai pas de culpabilité, mais je ne sais pas ce qu’il en est pour le brun. Peut-être faudra-t-il que je prenne le contrôle de la situation. Je n’ai pas le temps de me poser plus de questions que la forme bouge, se relève, et dans un grognement qui n’a rien d’humain fond sur moi.

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Et dire, qu’en chemin, l’éventualité d’emprunter une route moins fréquentée, de me garer sur son bas-côté et de la faire mienne pour éteindre mon impatience. J’aurais mieux fait de m’y fier. Un.e inconnu.e ne serait pas blesser, voire morte, du fait de mon imprudence. Je n’aurais pas à porter le poids, sur ma conscience, d’un tel accident. J’ignorais tout de l’identité de l’accidenté. A ce stade, il aurait tout aussi bien pu être un chien, un chat ou un lapin. Certes, ça m’aurait attristé, mais j’y aurais puisé du réconfort. Je pouvais encore d’ailleurs. Je ne jouissais d’aucune certitude, mais je n’arrive pas à calmer l’effroi qui m’oblige à respirer plus rapidement, beaucoup trop, et cette fois, pour de mauvaises raisons. Une part de moi, sans doute la plus hypocrite, aurait adoré pouvoir partagé en deux le poids pesant de ma culpabilité, mais j’en étais incapable. Les tentatives de Raelyn n’avaient pour seul but d’entretenir la flamme qui se consume entre nous. Elle n’aurait pu prédire que je serais si faible et que j’en deviendrais dangereux. Je lui résistais depuis des mois. Que peut bien me faire quelques baisers volés dans une voiture ? Sérieusement. Le constat est néanmoins déplorable. En sortant de la voiture, j’aperçois au loin la forme d’un corps inanimé, la silhouette d’une femme que le choc aura disloqué et j’ai envie de vomir. Elle me surprend d’autant plus, cette nausée, que je réalise qu’à aucun moment je ne me suis inquiété de savoir si j’étais blessé – a priori, aucune douleur brusque et lancinante ne me transperçait – ou si Raelyn n’était pas lourdement choquée d’être assise à la mauvaise place. Aussitôt je me retourne pour vérifier qu’elle me suit, sans doute soucieux, également, de ne pas affronter les conséquences de mes audaces. « Tu n’as rien ? » m’enquis-je tandis qu’elle avançait derrière moi. Elle n’eut pas réellement besoin de répondre. Tandis que je chemine d’un pas chancelant, usé par l’alcool, mais également abattu, elle prend sur moi une avance considérable. Elle était déjà penchée sur le corps qui, après un soubresaut surhumain, se redresse sur ses jambes. Sa démarche n’avait rien d’humaine. Elle ressemblait à celle de ses morts-vivants privés de raison, du don de paroles, mais habité d’une furieuse faim inextinguible. Elle était à l’image de celle qu’on prête aux zombies de jeux videos. Si, en bon militaire, je n’avais pressenti le danger, j’en serais resté abasourdi. Ce genre de phénomène n’existe pas dans la réalité. Or, par chance, n’écoutant que mes vieux réflexes, je cours vers Raelyn que j’écarte violemment de cette chose à peine humaine. Puis, je la repousse d’un coup de pied brusque, mesuré et elle valdingue dans le décor temporairement. « C’était quoi ça ? » hurlais-je pour moi-même en me rapprochant de ma partenaire. Nous rêvions d’une nuit coquine. C’était mal parti. Nous étions, bien malgré nous, témoin d’un phénomène surnaturelle qui aurait tôt fait de m’arracher un frisson, tôt ou tard, quand l’urgence me ramènera vers cette dure réalité. « Faut se barrer. Vite. » Parce qu’elle se relève, déjà, et que si je possède bel et bien une arme, elle gisait au fond de ma boîte à gants.

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- premiers jours de l'épidémie

Je suis secouée, encore sous le choc après que la ceinture de sécurité m’ait coupé le souffle, mais je n’ai rien, du moins je crois que je n’ai rien. En l’absence de douleur, me palper tout le corps pour de longues vérifications me semble bien inutiles : je n’ai qu’une idée en tête, en finir au plus vite avec tout ça pour que nous reprenions là où nous en étions. A l’arrêt cette fois ci de préférence, ou bien dans l’enceinte de mon appartement. Si j’espère que nous ayons simplement touché un animal ou bien un objet inanimé ce n’est pas à cause de la culpabilité qui découlerait du meurtre d’un être humain, mais bien parce que je n’ai pas envie que ce choc ne finissent par nous détourner de notre objectif initial, celui que j’ai trop attendu. « Tu n’as rien ? » Je secoue la tête en gardant les yeux rivés sur la forme inanimée. « Non, c’est bon. » Lentement, je m’accroupis à son niveau, sans poser mes mains dessus pour ne laisser aucune trace de mon passage si d’aventure du venions de tuer un être humain dans l’accident.

Que la forme s’agite, qu’elle se redresse et fonde sur moi, je ne m’y attendais pas. Je ne dois qu’au réflexe d’Amos qui m’attrape fermement par le bras pour me redresser et me tirer en en arrière de m’en sortir indemne. Je reste de mon côté, choqué par ce que je viens de voir. Le visage que il (elle ?) a tourné vers moi n’avait rien d’humain, et la vision m’en a glacé le sang. Le brun repousse la chose – à défaut de m’être décidée pour un autre qualificatif – en arrière, alors que je reste de mon côté tétanisée. « C’était quoi ça ? » Je ne réponds pas, mes yeux toujours vrillé sur la chose, incapable de m’en dégager. Déjà elle se redresse, et à nouveau Amos me sort de ma torpeur en m’attrapant par le bras. « Faut se barrer. Vite. » Sans lui, je serais restée plantée là. Sans lui la créature ou chose m’aurait foncé dessus sans que je ne sois capable de réagir. Je me laisse faire alors qu’il me traine à la voiture par le bras, et lorsque mes mains se posent sur la portière pour l’ouvrir, lorsqu’elles attrapent ma ceinture pour l’attacher, elles n’ont jamais été aussi fébriles. Je ne sors de ma torpeur que pour tenter de rationaliser ce que nous venons de vivre. « Putain mais qu’est-ce que c’était que ça ? » Je cherche une explication à tout ça, et de préférence une que mon cerveau soit capable d’assimiler. « Tu crois qu’il était malade ? » Oui, pour moi qui n’ait jamais été férue de science-fiction et autres films survivalistes, c’est la seule chose à laquelle j’arrive à penser.

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Bonne nouvelle n°1 : Raelyn n’est pas blessée. Avec un peu de chance, elle sera la première d’une longue liste, le fait suivant étant que je n’ai blessé personne et l’autre, que la belle et moi, nous puissions nous épuiser au cœur de ses draps. Malheureusement, plus j’approche, plus je suis convaincu que ma victime est faite de chair et d’os. Mon rythme cardiaque s’accélère. Il passe à 120 pulsations par minute, au bas mot. Et, alors que je considère qu’il ne pourrait battre plus vite, ce corps décharné, courbé vers l’avant, au pas plutôt vif pour un blessé, se redresse et fond sur sa proie. Je réagis rapidement, mu par de vieux réflexes et l’instinct de survie. Je suis abasourdi. Je l’exprime. J’attends une réponse rationnelle de la part de Raelyn mais rien ne vient. Elle se tait et un regard dans sa direction – jusqu’ici, je surveillais les déplacements de cette espèce de monstre à forme humaine, pour anticiper la fuite si elle nous course trop rapidement – je constate non sans surprise qu’elle est sous le choc cette fois. Je lui souffle un ordre, dans l’espoir qu’elle réagisse avant qu’il ne soit trop tard, mais je dois la saisir par la main pour qu’elle dévisse ses pieds du sol. Elle me suit jusqu’à la voiture sans réfléchir. Elle attache sa ceinture de sécurité. Quant à moi, avant de repartir, je tire mon arme de sa boîte à gants. Je vérifie qu’elle est chargée, surtout pour me rassurer. « Je n’en sais rien. On dirait… on dirait une de ses créatures qu’on voit dans les films d’horreur. » Je n’aurais pas imaginé le lépreux de Stephen King, celui qui poursuit l’hypocondriaque, autrement que comme cet horrible personnage. « Je ne sais pas. Je crois. Mais si j’en crois l’odeur qui se dégageait de lui. » Elle était âcre. Il puait le sous-bois en plein automne, mais en plus fort. il sentait, tout simplement, la mort, la pourriture, la chair en putréfaction. « Je pense plutôt qu’il l’a été, mais qu’il n’en reste plus grand-chose. » ponctuais-je en tournant enfin la clé dans le démarreur. Aucun effet. Le moteur crache, toussote, mais il ne vrombit pas. « Fais chier. » sifflais-je soupçonneux. Si mes mains ne tremblent pas – ou pas encore – je soupçonne que ma nervosité n’y est pas étrangère. Je m’y accroche parce que je crois que, en mon for intérieur, je suis terrorisé à l’idée que cette saleté de créature ne nous tombe dessus. J’aurais dû jeter un coup d’œil dans mon rétro d’ailleurs. Je n’aurais pas dû quitter des yeux l’endroit où elle s’échoua, où je l’envoyai paître pour protéger ma partenaire. Parce que cette chose, ignoble et hideuse, est déjà là, à secouer la voiture, son semblant de visage tout contre la vitre, du côté de Raelyn.

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Assise dans la voiture, je cherche à trouver un sens à tout ça. La chose que nous avons vues, je ne l’ai qu’aperçue, j’ai à peine posé les yeux sur elle avant qu’Amos ne la renvoie d’un coup de pied et me tire par la main pour m’inciter à le suivre. Je me suis trompée, j’ai mal vu, l’alcool aidant mon imagination lui a prêté des traits qu’elle ne peut avoir. Je n’en sais rien, mais chaque excuse me semble plus probable et rassurante que ce que j’ai pourtant vu. « Je n’en sais rien. On dirait… on dirait une de ses créatures qu’on voit dans les films d’horreur. » Je secoue la tête, j’aurais préféré qu’il me dise qu’il s’agissait là d’un sans-abris agressif, et qu’en prise à la panique je me suis fait des idées. Je n’ai pas été élevée autour d’histoire folklorique à faire glacer le sang. Elles ne m’intéressaient parce que trop peu réalistes, et poltergeist, vampires, fantômes et morts-vivants m’ont toujours semblés plus ridicules qu’effrayant. Mais ce que j’avais sous les yeux tout à l’heure, c’était effrayant. « Je ne sais pas. Je crois. Mais si j’en crois l’odeur qui se dégageait de lui. Je pense plutôt qu’il l’a été, mais qu’il n’en reste plus grand-chose. » « Arrête de dire n’importe quoi. » C’est tout ce que je trouve à répondre, parce que je n’ai pas envie de croire à ce qu’il suppose. Je ne peux pas y croire à vrai dire, j’ai passé l’âge de me bercer de science-fiction.

Quand il tourne la clé dans la voiture et que celle-ci crache sans démarrer, j’ai pourtant le sentiment de me retrouver dans un mauvais téléfilm d’horreur. J’ai la malchance d’être la jeune femme blonde, dans ceux-ci je serai donc la première à périr. « Fais chier. » Sentant une vague de panique monter en mois, je fronce les sourcils. « Qu’est-ce qu’il se passe ? Pourquoi elle démarre pas ? » Je regarde autour de moi et, j’ai beau ne pas être impressionnable, quand la chose qui n’a définitivement plus rien d’humain colle violement son visage contre ma vitre, je laisse échapper un hurlement et n’arrive pas à en décrocher mes yeux.

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Elle m’accuse de fabuler et je lui jette un regard, non pas mauvais, mais qui déclare : « Tu m’as déjà bien regardé ? J’ai la tête de quelqu’un capable de plaisanter en pareilles moments ? » La part rationnelle de mon cerveau pense aussi que c’est impossible, que ce que j’ai cru voir est le fruit de mon imagination, la conséquence de ma panique, mais je n’ose pas m’avancer. Terre à terre, je déclare, comme saint-thomas, que j’ai vu et que dès lors, il me faut croire, même si ça me fait peur, même si mes boyaux se serrent dans mon ventre, même si c’est un véritable combat de titan que de me battre contre la panique. Ce serait tellement facile d’y céder. Ça le serait d’autant plus que cette putain de bagnole refuse de démarrer. « Je ne sais pas. » répliquais-je plus sèchement que je ne l’aurais souhaité, pas contre Raelyn, mais contre la situation. Pourquoi fallait-il que nous jouions de malchance alors que je présume, à nos trousses, un mort vivant ? De quel mal Dieu me punit-il ? J’insiste, mais avec parcimonie, craignant de noyer le moteur. « J’espère que le radiateur n’est pas endommagé. » Non. C’est idiot. Ça fumerait sous le capot et je ne vois rien. « Il va falloir que j’aille voir. » avançais-je en réprimant l’envie de lui chuchoter que, si elle se sent sujette à croire en Dieu, c’était le moment de prier. Mes mains sur la poignée de la portière, je m’apprêtais à affronter mon sort quand le visage décomposé de nos agresseurs se presse contre la vitre du véhicule. Sa mâchoire s’ouvre et ses referme inlassablement, comme le grappin des camions poubelles. Seule, sans doute parce qu’elle est affamée, elle parvient à secouer la voiture au point que j’en reste coi. Raelyn hurle évidemment. Elle s’agite à mes côtés et recule vers moi. Le dégoût se lit sur son visage. Il fait écho au mien, mais tout ce que je suis capable de sortir de ma bouche, c’est un « putain » de plus d’une vulgarité sans précédent. Il traduit ma stupeur et, cette fois, alors que réfléchir me semble impossible, je n’essaie pas de rassurer Raelyn, pas maintenant. La priorité, c’est de fuir alors je tourne une fois de plus la clé dans le démarreur. J’essaie à nouveau, adressant des suppliques silencieuses au destin. Je ne veux pas mourir ici, pas dévoré par ce cadavre ambulant, pas aujourd’hui. Et, soudain, alors que je ne l’espérais plus, le moteur vrombit, j’opère une marche-arrière et j’appuie sur l’accélérateur sans prudence cette fois. Je fuis. Nous fuyons.

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- premiers jours de l'épidémie

Je n’arrive pas à croire à ce qu’il se passe sous mes yeux. Mon instinct me hurle d’éteindre mon cerveau et de laisser mes réflexes prendre les commandes, mais je ne suis pas prête à admettre que la forme étendue au sol est ce qu’elle semble être, parce que c’est impossible, parce que ce genre de chose n’arrive que dans les films et que moi, je suis rationnelle au possible. « Je ne sais pas. » Je ne sais pas, ce n’est pas une réponse que je suis prête à entendre. J’ai un mauvais pressentiment au creux de l’abdomen et même si je ne l’avouerai pas à voix haute, je ne suis qu’à deux doigts d’avoir peur, vraiment peur. Pourquoi ? Pour ma vie ? N’est-ce pas ridicule ? « J’espère que le radiateur n’est pas endommagé. » Je m’en fiche, la mécanique ne fait pas partie des cordes à mon arc, mais je veux qu’on se tire d’ici, maintenant et tout de suite. « Il va falloir que j’aille voir. » Ma main se referme autour de la sienne. Oui, je l’admets, l’idée qu’il me laisse seule m’angoisse, alors que je ne suis pas une femme dépendante d’un homme pour veiller sur elle. Mais mon sixième sens me souffle que ce que nous sommes en train de vivre, ce n’est pas normal.

Quand le visage décomposé de la chose se colle contre la vitre, je ne cherche plus à nier l’évidence. Ce que j’ai sous les yeux n’est pas humain. Plus humain, je ne sais pas comment il convient de le dénommer. Un mort-vivant ? Un zombie ? N’importe quoi, je m’y refuse, il gardera le nom de créature, et moi j’espère que je conserverais mes cordes vocales, vu comment je hurle de surprise et de terreur. Il jure, mais moi je n’arrive pas à décrocher mes yeux de la créature qui secoue la voiture, qui tente de briser la vitre pour fondre sur moi. La voiture démarre et la vitesse décroche la chose, mais je me retourne, incapable de la quitter des yeux. Incapable de reprendre mes esprits aussi, si bien que je suis comme un vieux disque rayé. Je hausse le ton, plus que je ne l’aurais voulu mais de panique, pas sur le ton de la dispute. « Mais putain qu’est-ce que c’était que ça ? » Je me visse à mon siège. Mes mains tremblent, ma voix aussi. « Qu’est-ce qu’on fait ? » Je tente de garder la tête froide mais j’en bien du mal. « Mon appartement est qu’à cinq minutes en voiture, ensuite qu’est-ce qu’on fait ? » Je n’ai pas la réponse à ça, et c’est bien la première fois de ma vie que je n’ai pas une foutue réponse.

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J’adore sentir sa peau contre la mienne. Si je m’égarais à sortir de mes réflexes d’ancien militaire, je regretterais que notre soirée fut avortée aussi brusquement. Toutefois, tandis qu’elle pose sa main sur mon bras, je la supplie du regard de l’ôter. Je n’ai pas envie de quitter l’espace sécurisé de ma voiture. Je pressens le danger dans le fond de mes tripes. Si je ne panique pas, c’est parce qu’il est impératif que nous gardions notre sang-froid, tous les deux, non pas que l’idée d’ignorer ce qui se joue sous nos yeux le temps d’un ébat passionné me traverse l’esprit, mais parce qu’il en va de notre survie. Je le sais. Je le sens. Je tends à balayer l’idée pour ne pas perdre pied, mais mon instinct me souffle que, peut-être, si je sors de cette voiture, je n’y reviendrai plus. Il me rapporte qu’il m’en faut du courage pour enserrer mes doigts sur la poignée. Or, je n’ai pas le temps d’aller au bout de mon geste que le cadavre se jette sur la voiture. Si Dieu existait, je le remercierais d’emblée d’avoir rendu sa vigueur à mon auto. Elle démarre, éjecte l’agresseur, mais je demeure incapable de respirer librement. Je me sens oppressé et le ton de la voix de Raelyn n’arrange rien. « Regarde-moi. Rien que moi. » lui conseillais-je alors qu’elle cherche du regard la personnification de l’horreur. Je la ramène à moi en pressant sa cuisse et ça a l’air de fonctionner. « Je n’en sais rien. Je ne sais pas ce que c’était. » Mais, c’est hideux, ignoble et dangereux. Et, pour être tout à fait honnête, j’ignore également ce qu’il convient de faire pour survivre à cette nuit. Je réfléchis vite néanmoins et, si l’idée de rejoindre son appartement est tentante – il n’est pas bien loin – je doute qu’il ne nous garde très longtemps en sécurité. Plus j’avance de la ville, plus je crois apercevoir d’autres créatures semblables à celle que j’écrasai avec fracas. Dois-je attirer son attention sur cette dure réalité ? Etais-je abusé par une quelconque sorcellerie ? « C’est quoi ça ? » décidais-je de l’interpeler au mépris de son effroi. Il est palpable. Il résonne en moi et fait écho au mien, mais j’ai besoin qu’elle me confirme que je ne suis pas devenu complètement fou. « Et on y fera quoi ? A moins que tu aies une armurerie cachée derrière le mur de ton dressing… ce dont je doute. » Nous ne sommes pas dans un mauvais film d’espionnage. « On doit d’abord passer par le Club. Là, on trouvera de quoi nous défendre. » Et non quelqu’un. Qui pourrait nous venir en aide ? Si d’autres, avant nous, ont été témoin du drame qui envahit cette ville, nul doute que chacun aura fui. « Et puis, on se barre. » Pour aller où ? Je n’étais pas encore décidé, mais j’envisageais déjà qu’en pleine mer, d’aucuns de ces monstres ne nous suivraient.

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- premiers jours de l'épidémie

« Regarde-moi. Rien que moi. » Sa main vient presser mon genoux, et si j’ai du mal à calmer le rythme de ma respiration, j’arrive à m’accrocher à son regard pour ne pas perdre complètement pied. A coup de grande inspiration, je tente de garder ou plutôt retrouver la tête froide et mes esprits. Il y a une explication, il y a forcément une explication à tout ça. Les créatures surnaturelles n’existent pas et ce que nous avons vécu est forcément le fruit de notre imagination, de l’alcool que nous avons bu, et d’une mauvaise blague. « Je n’en sais rien. Je ne sais pas ce que c’était. » J’aurais voulu qu’il ait les mots pour me rassurer. Que d’un geste de la main il chasse mon inquiétude et que d’une explication rationnelle il vienne faire taire mes doutes. Mais il ne le fait pas, et je lis la même terreur dans ses yeux que celle que je ressens. « C’est quoi ça ? » Je ne devrais pas, tourner mon regard là où ses yeux se posent. Je devrais me concentrer sur lui mais je jette un coup d’œil devant nous et je les vois aussi, les créatures semblables à cette que nous avons percutées. Ils ressemblent à des êtres humains mais toute vie et tout esprit semble les avoir quitté. « Et on y fera quoi ? A moins que tu aies une armurerie cachée derrière le mur de ton dressing… ce dont je doute. » Je tourne à nouveau la tête vers lui, et je dois avouer que j’ai du mal à voir où il veut en venir. C’est une blague non ? On va rentrer, se glisser sous mes draps et demain matin tout ça ne sera plus qu’un mauvais rêve. « C’est un cauchemar. » C’est un cauchemar et je vais me réveiller, j’ai envie d’y croire. « On doit d’abord passer par le Club. Là, on trouvera de quoi nous défendre. » Je fronce les sourcils et l’observe avec de grands yeux ronds. De quoi se défendre ? Mais pour quoi faire, contre qui ? « Et puis, on se barre. » « Quoi ? » Je n’arrive pas à me rendre à l’évidence et agir et réfléchir aussi vite que lui. « Non dis pas de conneries, c’est une mauvaise blague y’a forcément une explication. » Se barrer, mais pourquoi, pour aller où ? « J’appelle Mitch. » Mes doigts glissent sur le téléphone et composent son numéro. Trois sonneries, cinq, et répondeur. J’essuie le même échec avec Alec. « Putain, putain, putain. » Je suis incapable de contenir ma panique. « Se barrer ? Mais qu’est-ce que tu racontes ? » Je baisse les yeux sur ma jupe en cuir et mes talons aiguille, j’ai l’ai prête pour un road-trip Amos ?

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Amelyn - dimension zombie- Chapter #1
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Dieu comme j’aimerais qu’elle ait raison, que nous sommes bel et bien coincés dans un cauchemar ou victime d’une mauvaise blague. Je ne saurais dire qui en serait l’instigateur, mais je trouve l’idée plutôt rassurante d’imaginer que cette créature n’est qu’un acteur dans un costume façonné sur mesure et maquillé pour l’occasion par une experte. J’aimerais pouvoir arrêter la voiture, la regarder droit dans les yeux, et acquiescer d’un signe de la tête approbateur. Sauf que plus j’approche de Brisbane, plus l’angoisse grimpe. Elle s’accentue encore alors qu’une dizaine de cadavres ambulants déambulent sur le trottoir. Je n’en crois ni mes yeux ni mes oreilles. C’est improbable, incroyable. Je me frotte les yeux d’une main avant d’interpeller Raelyn, qu’elle les observe elle aussi, qu’elle me rassure sur ma santé mentale. Elle n’y arrive pas. Ses pupilles s’agrandissent, elles sont rondes comme des soucoupes, mais elle ne dit rien. Elle se contente de les suivre du regard, l’air abasourdi, aussi penaude que moi. À mon sens, ça ne fait aucun doute, nous sommes condamnés à fuir et, également, à nous protéger de ces monstres affamés. J’ai bien vu, à mesure que la mâchoire s’ouvrait et se refermait, que son objectif n’était pas de mordre, mais de la dévorer. J’en étais convaincu et j’aurais espéré que ma partenaire soit aussi clairvoyante, face aux dangers, qu’elle ne l’est avec les hommes. « Il faut se barrer, quitter la ville, ramasser de quoi survivre, et se tirer. » usais-je en synonyme pour qu’elle imprime. « Parce que j’ai beau chercher, je n’en trouve pas moi. Tu en as une toi ? Un truc rationnel ? » Je ne l’agresse pas non, mais je suis tranchant. Si on ne veut pas crever de la pire es manières, il est impératif qu’elle retrouve en mesure et qu’elle accepte la situation, aussi horrible soit-elle, aussi improbable qu’elle soit. « Appelle si tu veux. Il ne répondra pas. Il ne répond jamais. » J’envisageais déjà de crever comme un rat dans une ruelle et j’en jubilais. C’est malsain, mais c’est plus fort que moi. « Écoute. De toute façon, on sera vite fixé sur la nécessité de fuir ou non. » ponctuais-je plus mesuré dès lors que je saisis qu’elle a besoin de douceur pour assumer, pour qu’elle avance doucement vers le chemin de la raison. « C’est peut-être moi prévoit le pire. Je ne sais pas. On arrive en ville de toute façon. » À moins de cinq minutes au Club. Je pensai : on verra ce qu’il en reste et, au fond, je prie pour que nous ne soyons pas accueillis par un essaim de créatures assoiffées de sang et de chair fraîche. Autant dire que je fus déconcerté par le chaos qui régnait au cœur de Brisbane. Aux abords de la ville, certains de ses monstres rampent, d’autres, toutes dents dehors, s’agglutinent autour du corps encore chaud d’une de leur victime. Où sont les autres ? Où se cache le reste du monde ? Sont-ils tous morts ? Ont-ils fui ? Où étions-nous quand toute cette folie à commencer ? Que faisions-nous ? Je me sens pris d’une furieuse amnésie et j’en reste muet, la bouche ouverte, incapable de parler.

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- premiers jours de l'épidémie

« Il faut se barrer, quitter la ville, ramasser de quoi survivre, et se tirer. » Il répète, comme si les mots allaient ainsi avoir d’un coup plus de sens pour moi. Mais c’est n’importe quoi, pourquoi devrions-nous partir ? Si ce n’est pas une mauvaise blague, c’est un souci qui sera rapidement réglé par les forces de l’ordre, l’armée, ou je ne sais quoi non ? Il faut que je descende de cette voiture, il faut que j’ai le temps d’assimiler ce qu’il est en train de se passer. « Parce que j’ai beau chercher, je n’en trouve pas moi. Tu en as une toi ? Un truc rationnel ? » Il est tranchant, froid, et cela ne fait pas ralentir les battements de mon cœur, cela ne m’aide pas à rationnaliser, bien au contraire. « Arrête de me parler comme si j’étais idiote. » Inquiète, terrorisée même, je me sens attaquée alors que ce n’est certainement pas le but, qu’il est peut-être aussi désemparé que moi, sans le montrer. « Appelle si tu veux. Il ne répondra pas. Il ne répond jamais. » Je secoue la tête, ne l’écoute pas, mais il a raison. Les frères Strange ne répondent pas. Mes mains tremblent alors que je réalise que tout ça est peut-être beaucoup plus réel que je ne veux bien l’admettre. « Écoute. De toute façon, on sera vite fixé sur la nécessité de fuir ou non. » Mais fuir quoi putain ? Je ne réponds rien, parce que je suis choquée. Comme une accidentée de la route je suis incapable de réagir et je fixe la fenêtre, sans que mes yeux n’arrivent à s’accrocher à un point. « C’est peut-être moi prévoit le pire. Je ne sais pas. On arrive en ville de toute façon. » Les immeubles se détachent rapidement et, effectivement, nous atteignons rapidement le Club. Amos gare la voiture, et moi je tente de calmer mes nerfs. « Ça a l’air vide. » Et à cette heure-là, ce n’est pas normal. J’ouvre ma portière et descend de la voiture. « C’est pas normal qu’il y ait personne… » Je vais pour m’approcher de la porte d’entrée du bar, mais Amos me devance rapidement. Mes yeux glissent sur le flingue qu’il tient dans la main. « Tu crois quand même pas que… » Que quoi ? Je ne sais pas même pas. Que l’on va trouver une de ces créatures ici ? Qu’elle aura le visage de quelqu’un que nous connaissons ? John, Lubya ou un habitué ? Je secoue la tête, mais je crois que j’appréhende autant que lui de pénétrer dans les lieux.

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Lui parler comme une idiote ? Ce n’est pas ce que je fais. J’essaie de secouer la partie rationnelle de son cerveau. Je tente d’en appeler à son bon sens, à son intelligence parce que je suis agacé, ce n’est pas tant parce qu’elle se voile la face que parce que je suis moi-même dépassé par les événements. Alors, je récupère sa main dans la mienne. Du pouce, je caresse le dos de sa main et je lui souffle un désolé, sincère. « C’est pas du tout ce que je voulais dire » Et, si je n’ai jamais fui le conflit, je n’ai pas envie de me disputer alors que j’ai au cœur un mauvais pressentiment, celui que nous ne survivrons pas à cette nuit. « C’est jute que, comme toi, je ne sais pas dans quelle mesure on ne serait pas… » Quoi ? Les derniers survivants ? Faut que je me réveille, que j’arrête de dramatiser, que j’ai foi en l’humanité et aux forces militaires du pays. Si le gouvernement a eu vent d’un autre événement que notre accident, elle est déjà en route. Peut-être que, se cacher chez Raelyn, n’est pas une si mauvaise idée finalement. Je garde l’hypothèse pour moi néanmoins. J’attends de voir, de rassembler des preuves, d’être certain que c’est moi qui me nourris de mon pessimisme et non pas elle, qui s’enferme dans le contraire. Évidemment, que les frères Strange ne lui répondent pas ne m’apparaît pas comme un indice suffisant. Je les ai toujours trouvés particulièrement absents pour deux types qui se prétendent être ses amis. En d’autres circonstances, j’aurais précisé le fond de ma pensée. Sur l’heure, je me contente d’une remarque, parce je n’ai pas envie d’admettre, tout de go, que je me ravis à l’idée qu’il ne soit plus que des créatures vampiriques décharnées, à l’instar de leur âme et qu’il y a plus urgent à traiter. En approchant de la ville, nous constatâmes, tous les deux, qu’elle était terriblement calme, bien trop à mon goût. Ce silence ne présage rien de bon et l’angoisse me gagne. « En effet. Sois prudente. C’est tout ce que je te demande. » lui intimais-je l’air grave, ma main sur son épaule. « Je ne sais pas ce que je crois, mais je sais que ça sent mauvais. » Et cette impression s’accentua lorsque j’ouvris la porte, la devançant, parce que je suis armé et pas elle. A l’intérieur, il fait atrocement noir. J’appuie sur l’interrupteur, la peur au ventre, mais rien ne se passe. Rien d’horrible de me brûle la rétine, si ce n’est les tables retournées, les cendriers renversés au sol. « Reste près de moi, tu veux. Ne t’éloigne surtout pas. » Surtout pas. Je progresse lentement, sur mes gardes, le revolver braqué sur des ennemis imaginaires. Je crois également entendre, au loin, un bruit de succion et celui du grognement. « Et, ramasse tout ce que tu trouves qui pourrait te sembler utile. » lui conseillais-je en priant pour qu’elle ne joue pas les héroïnes en cas de pépin.

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« C’est pas du tout ce que je voulais dire. » Evidemment que non mais, plutôt tendue, je suis prompte à partir au quart de tour. Ce n’est pas ce qu’il voulait dire mais j’ai besoin de passer mes nerfs et malheureusement pour Amos il est seul avec moi dans cette voiture qui file en direction du Club. « C’est jute que, comme toi, je ne sais pas dans quelle mesure on ne serait pas… » On ne serait pas quoi ? Je secoue la tête vivement, je n’ai pas envie qu’il termine cette phrase. Née en 1986, j’ai baigné dans des théories de fin du monde. Je n’y ai jamais cru et n’ai jamais eu la moindre fibre survivaliste, je ne fais pas partie de ceux qui s’y sont préparés jour après jour et qui ont déjà un bunker rempli de provision pour cinq ans pour s’y réfugier en cas d’apocalypse. L’envisager et me poser la question ne m’a jamais réellement préoccupée, et c’est pour ça que sur le trajet jusqu’au Club je deviens finalement muette, en proie à des pensées improbables.

Il n’y a pas l’air d’avoir âme qui vive autour du QG du gang, si bien que j’en viens à me demander quelle heure il peut être. Nous ne sommes pas au petit matin et à cette heure-là le bar devrait grouiller de monde. Sauf que quand nous nous approchons, je n’entends ni éclats de rire, ni cri ni musique. « En effet. Sois prudente. C’est tout ce que je te demande. » On nage en plein délire. Prudente, mais pourquoi ? Sa main se pose sur mon épaule alors que mes doigts se referment sur la poignée de la porte. « Je ne sais pas ce que je crois, mais je sais que ça sent mauvais. » Je déglutis, incapable d’admettre que, moi aussi, je trouve que ça sent mauvais. Les tables sont renversées, et l’endroit semble avoir été retourné. « Reste près de moi, tu veux. Ne t’éloigne surtout pas. » Les grognement je les entend, mais mon cerveau les relègue au second plan. « Et, ramasse tout ce que tu trouves qui pourrait te sembler utile. » Je ne pose pas de question, parce que je ne comprends pas. Je me dirige par contre vers l’arrière salle, celle qui mène au stock et j’en pousse la porte doucement. J’actionne l’interrupteur et descend doucement les marches qui mènes au sous-sol, et ce que je vois me glace le sang. La créature à moitié humaine penchée sur un corps qui ressemble à celui de l’une des serveuses, c’est John, le patron du bar. Sauf que John a beau ne jamais avoir eu beaucoup de répartie, il sait normalement s’exprimer autrement qu’en grognant, et là c’est tout ce qu’il fait en posant les yeux sur moi, le visage lacérés de griffures. « Amos… » Mes jambes tremblent et je regrette de ne pas être armée. « Je crois qu’on a un problème. » Je recule doucement alors que la chose comment à se désintéresser de sa victime pour s’approcher de moi.

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Je ne suis pas un grand bavard. Je peux entendre que toute remarque ne mérite pas forcément réponse Toutefois, alors que j’ai l’impression d’avoir transbahuté dans une espèce de monde parallèle, j’aurais apprécié que Raelyn me serve autre chose que cet air dubitatif qui tend parfois vers l’inquiétude. Que s’imagine-t-elle ? Que je gère parfaitement la situation ? Que je me sens à l’aise avec l’accident et ce qu’il tend à révéler ? J’essaie, mes réflexes m’y aident, mais je n’ai toujours pas réussi à me débarrasser de l’angoisse qui grandit dans mes tripes. Aurait-elle daigné parler un peu que j’aurais pu trouver à la situation un peu de normalité, mais rien. Que dalle. J’ai beau jeter sur elle quelques regards éperdus, elle s’est rencognée contre le dossier. Alors, je n’insiste pas. J’aimerais, mais je ne sais pas quoi dire, parce que je l’imagine dans le même état que moi et que, dans ces moments-là, vaut mieux que je la ferme. Je n’aurais pas les mots. Arrivé au Club, je n’ai que des recommandations à formuler. Rester près de moi. L’ordre est simple, facile à intégrer, sauf qu’une fois encore, Raelyn n’en fait qu’à sa tête. Mon objectif, ce n’était pas de descendre jusqu’à son antre, mais plutôt celui de Mitch. Son bureau n’était pas loin de l’armurerie, fermée à clés et j’arguais que si elles étaient dans le bâtiment, il les cacherait forcément dans cette pièce. « Rae. » hélais-je ma compagne de galère qui m’ignora royalement, à moins qu’elle ne m’ait tout simplement pas entendue. Pour en avoir le cœur net, je répétai, avant de me décider à la suivre, en pestant.

Dieu ce qu’elle me fatigue quand elle fait l’enfant. Elle marche si vite qu’elle m’empêche de vérifier si la voie est sûre. Je dois presque trottiner pour ne pas la perdre de vue. Dès lors, au détour d’un carrefour dans ce dédale de couloir, je n’entends plus que sa voix qui résonne. Elle m’appelle. Elle prononce mon prénom, sans la moindre trace de chaleur. Son timbre est teinté par la couleur de la peur et elle réveille la mienne. Par chance, elle me fait davantage l’effet d’un shoot d’adrénaline que celui d’une anesthésie. Je la rejoins à la hâte. Arrivé à sa portée, je la poussai légèrement pour constater de visu ce qui la paralyse et le choc fut si violent que je reculai d’un pas, les bras ballants et la bouche ouverte. Si je ne porte pas John dans mon cœur, je ne lui aurais pas souhaité cette fin. Même Mitchell n’en méritait pas tant, quoique je pourrais peut-être m’en réjouir. « C’est une blague. » remarquais-je sans plus y croire. Ce fut d’autant moins amusant que le cadavre ambulant ramasse son corps et se dirige droit sur nous, de plus en plus vite. La pièce est étroite. En trois enjambées, il nous soufflera son haleine putride au visage. Alors, mû par un réflexe de survie et le besoin de protéger Raelyn, j’ai levé le bras et j’ai appuyé sur la détente, en plein dans la tête. Mauvaise idée. Sa cervelle s’est répandue dans la pièce et nous éclaboussa. « Putain, ça me dégoute. » Ce n’est rien comparé à ce qui nous attendait. Les grognements faiblards se transforment en bourdonnement de moins en moins sourd.

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