Les mots étaient inutiles dans un tel contexte, ils n'avaient jamais été aussi obsolètes qu'à cet instant précis. Ce genre de faits auraient dû ravir Zeke parce qu'il ne savait, de toute manière, pas les utiliser comme il fallait, il y en avait toujours trop peu pour exprimer quelque chose qui devait ressembler à une montagne au fond de lui mais là, peut être que c'était la meilleure chose qui puisse lui arriver. Cet instant n'avait pas besoin de mots, juste de ces regards qui se touchaient sans qu'ils ne n'entrent réellement en contact, c'était autre chose, au delà de toute rencontre physique. C'était une frappe mentale qui martelait l'âme du beau brun alors qu'il réalisait qu'elle caressait sa paume au même rythme qu'il jouait sur son épaule. Tout cela était si tendre, si partagé également et Blythe ne l'avait clairement pas anticipé. Il ne touchait jamais personne, c'était un peu comme une règle d'or qu'il n'avait même pas essayé de briser jusqu'ici, à quoi bon? Il n'intéressait personne, lui et ses grands airs de garçon renfrognés, ses jambes arquées et sa voix si rauque, Zeke n'avait rien à offrir à ce monde, rien qui rentrait dans le champ de la beauté à l'état le plus superficiel. Chloe n'était pas comme tous les autres humains qui s'arrêtaient au premier jugement, qu'à ce premier regard qui aurait dégoûté surement n'importe qui d'autre à sa place car il n'était pas beau, Zeke, pas au sens propre du terme. Il était autre chose et quelque part, cela valait bien plus que tous ces beaux principes d'individus qui ne jugeaient que sur cette première impression. Le fermier ne bougeait pas, n'osant même pas refermer sa paume de peur que Chloe ne la relâche, de peur qu'elle disparaisse et qu'il réalise que tout ceci n'avait été qu'un mirage. Il ne pouvait pas l'accepter, Zeke, il était trop intense pour cela. "Pour être heureuse, tu veux attendre?" Il s'était toujours demandé ce qui avait pu lui arriver pour qu'elle finisse là, entre deux chiens qui perdaient leur poil et sa grande stature mutique. Cohen avait tout pour obtenir la vie parfaite, elle l'avait certainement même touchée du bout des doigts avec les hommes de sa vie, son frère étant dans cette joyeuse liste mais non, elle était là maintenant et elle n'avait pas l'air prête à partir. Zeke lui offrait une porte de sortie pourtant, parce qu'il pensait toujours au bonheur des autres avant de penser à la satisfaction qu'il pourrait retirer d'une quelconque situation. Là, de toute façon, il était fort incapable de réfléchir, ne clignant même plus des yeux alors que Chloe lui posait la question qui valait très cher... Qui valait même tous les discours que Blythe ne pourrait jamais prononcer de par sa coriace timidité. "C'est ce que tout le monde devrait penser de toi, kid." C'était un aveu à demi mot, prononcé avec un fin sourire si charmant, un sourire qu'il ne sortait que dans  les moments où il se sentait vraiment heureux, vraiment en phase avec lui-même. Dans les moments où il se sentait libre d'être le véritable Zeke, celui qui reprenait son sérieux avec ses yeux si doux et si intenses, même s'il déglutit tant bien que mal ensuite parce que c'était fort comme paroles, trop pour lui sûrement, trop pour un paumé dans une ferme face à une femme des plus exceptionnelles.

"Pour être heureuse, tu veux attendre?" elle l'ignore. Elle l'ignore ce que ça lui prendra pour être heureuse, véritablement, à nouveau. Elle ignore ce qu'elle doit faire, si elle doit attendre, si elle doit foncer dans sa vie les yeux fermés. Elle ignore si elle a la moindre chance de retrouver un semblant de bonheur un jour, si elle y a droit. Ici, sa vie est sur pause. Ici, personne d'autre qu'eux n'existent, et même si elle se sent lâche, et même si sa faiblesse la dégoûte, elle s'en contenterait. Elle se contenterait de nier, elle se contenterait de se cacher, elle perdrait à la guerre et toutes les batailles qui vont avec Chloe, si ça lui donnait un peu de répit.

Elle déteste rester muette, mais il le faut. Elle n'a pas envie de lui mettre ce poids-là sur les épaules, elle ne peut pas lui déléguer son bonheur quand elle seule est incapable de dire si elle le mérite. Elle le sent ses coups d'oeil, elle les ressent ses mots, elle le voit, elle l'anticipe, elle sait qu'il discerne le bon, qu'il tente de le mettre de l'avant, qu'il veut qu'elle le comprenne, à sa façon. Mais elle n'y arrive pas Chloe, elle n'y arrive plus. "C'est ce que tout le monde devrait penser de toi, kid." ses lèvres qu'elle pince, ses paupières qu'elle referme. L'inspiration qu'elle prend, plus profonde encore que toutes les autres. Et quand elle inspire, elle les sent, ses doigts qui s'accrochent un peu plus à ceux de Zeke, à la seule bribe de bon, à la seule chance qui lui reste.

"C'est pas ce que j'ai demandé." elle a ouvert les yeux à nouveau, elle s'est concentrée sur les iris du brun, elle s'est concentrée sur lui et sur son sourire, et y répond même du sien. Elle s'est concentrée sur son visage qu'elle a mémorisé, sur chaque expression qu'elle connaît maintenant par coeur. Elle se concentre que sur lui, parce que tout le reste tourne, parce que tout le reste fait mal, parce que de toutes ses mers agitées, de tous ses raz-de-marées, il lui donne des airs de bouée de sauvetage. "Ce que tu penses, toi, ça compte. Le reste du monde me paraît bien inutile."

Il y avait tant de palabres qu'il pourrait dire, s'il était une personne normale. Zeke n'avait rien de cela au fond de lui, il était l'homme qui se traînait toujours avec un outil à la main parce qu'il avait toujours besoin d'être actif pour ne pas avoir à penser au désastre qu'était son existence. Son frère, lui, était un succès ambulant précoce à sauter des classes constamment quand lui n'arrivait même pas à lire une syllabe en entier au bout de trente ans, c'était ce qui lui faisait mal, d'avoir récolté des mauvais gènes, ce qui incluait le résultat qu'il avait tant de fois observé. Yele avec toutes les femmes qui lui tournaient autour, Yele et son arrogance, Yele qui se mettait dans des situations impossibles parce qu'il n'avait pas une once de notion de responsabilité ancrée dans son cerveau. C'était Zeke qui avait dû payer à chaque fois que son cadet faisait une bêtise, c'était aussi Zeke qui devait réparer ce qu'il avait détruit dans les relations avec les femmes en question parce que Chloe était là et il n'était pas censé choisir un camp, il n'était même pas censé lui parler. Encore moins s'accrocher à elle. Est-ce qu'on lui donnait un autre choix? Zeke était l'homme qui observait de loin, qui pouvait faire un petit sourire quand il la voyait essayer de couper du blé, plus maladroitement qu'autre chose, le bon samaritain finissant toujours par arriver, non pas pour lui retirer l'outil des mains mais pour lui expliquer en quelques mots ce qui allait l'aider à arranger son manque d'expérience. Zeke était toujours ainsi, jamais à diminuer l'autre, toujours à le porter aux nues et c'était un fait qui était exacerbé avec la jolie brune. Elle le regardait et il était parfaitement électrisé parce qu'elle lui demandait réellement son avis sur une question qui la concernait. Pourquoi lui poser cette question? Pourquoi l'acculer autant? Blythe se retourna totalement vers elle, son regard intensément porté vers les siens alors qu'il chassait une de ses mèches rebelles d'un geste vif de la main et là, il y mit tout son coeur, dans une simple expression, dans cette tendresse qu'il ne pouvait partager en mots. Il était incapable de cela, le fermier, incapable de communiquer autrement qu'avec son corps et là, son corps tout entier lui criait ce qu'elle était censée attendre comme réponse. Il lui hurlait qu'il pensait tout cela et bien plus encore, sinon aurait-il osé prononcer de tels mots? Pas Ezechiel Blythe, n'importe quel autre homme peut être mais lui était le plus franc qu'on pouvait trouver dans ce bas monde. "T'as déjà eu ta réponse, kid. C'est pas mes mots qui te satisferont, tu me connais." Non, c'était ses gestes, ce fut la manière dont il attrapa sa main, aussi délicate qu'elle parce qu'il ne voulait pas la briser, il l'ouvrit face à lui et son index alla tout doucement pour épeler un simple "I do", évidemment qu'il le pensait et que tout cela était bien plus important que de futiles prétextes concernant le reste de l'univers. Zeke ne ferait jamais mieux, son regard sombre concentré sur sa tâche car l'écriture était une épreuve de force pour lui et son doigt tremblait, bien évidemment, mais il alla jusqu'au bout, ne relevant pas son regard vers elle. En avait-il besoin? Chloe devinerait aisément qu'il arborerait ses yeux noisettes comme un étendard de toutes les belles choses qu'il avait à lui dire. Il ne savait pas faire autrement, Zeke.

the bonus look:

Elle s'y rattache, elle n'a besoin que de ça. Elle aurait cru pouvoir faire fi, elle aurait cru pouvoir passer à côté. Elle aurait cru être plus forte, moins égoïste, moins pressante. Elle aurait souhaité lui montrer le meilleur d'elle, toujours, elle aurait voulu qu'il soit fier de voir à quel point elle faisait du progrès, à quel point elle grandissait, apprenait de son malheur. Mais elle est fragile Chloe, elle n'est que fissures, ramassis de cassures.

Et il se mouvoie sur le canapé. Elle fronce des sourcils, un geste bref, à peine remarquable, elle relâche la tension en voyant qu'il reste, qu'il ne fait que lui faire face, qu'il ne s'assure que d'une chose une seule, qu'elle entende ce qu'il a à lui dire. "T'as déjà eu ta réponse, kid. C'est pas mes mots qui te satisferont, tu me connais." oui, elle le connait. Pas par coeur, pas encore, mais elle passe des journées à le suivre, de loin comme de proche. Elle passe son quotidien à lui coller aux basques sans qu'il ne dise un mot, sans qu'il ne lui demande de l'air. De l'air, c'était tout ce qu'elle voulait en arrivant ici Chloe. Et il est devenue sa bouffée, il l'aide à véritablement respirer.

Ses blessures, ses cicatrices, qu'il panse du bout de l'index. Il tremble, elle est immobile, il hésite, elle ne retient rien. Quand il continue de garder le regard baissé au creux de sa paume, paume qu'il a tatouée d'un I do incertain qu'elle gardera pour elle, précieusement, le plus longtemps qu'elle pourra. Quand elle redresse sa main pour la lover sous son menton, qu'elle l'amène à relever les yeux vers elle. Cohen qui n'arrive pas à comprendre toute la pression, tout le poids du monde qu'il semble maintenant porter sur ses épaules, Cohen qui en oublie ses démons pour ne vouloir que calmer les siens.

I do, qu'il disait, silencieux, contre les lignes de sa vie, contre sa chair frigorifiée.
I do, qu'elle dira, silencieuse, contre ses lèvres, un baiser pour tout ce qu'il est pour elle, pour tout ce qu'il lui permet d'être, pour lui.

Il avait totalement perdu la maîtrise de ses misérables neurones. Zeke savait à peine lire, comment s'assurer qu'il ne ferait aucune faute en épelant ces deux mots au creux de la paume de la belle brune. C'était la pire honte qu'il pouvait avoir, se rendre compte que même une formule aussi simple, ce n'était pas à sa portée. Blythe n'était pas un grand littéraire, il ne le serait jamais mais s'il ne pouvait ni parler ni écrire, que lui restait-il? Son regard. L'expression de son visage. Son silence qui avait une valeur hors du commun. Il n'en savait rien, Zeke, de ce qu'il faisait, de ce qu'il créait comme réaction chez les autres parce qu'il essayait de réfléchir à son échelle, incapable de prévoir que le monde autour de lui n'avait pas exactement le même mode de vie alors, le même moindre de pensée, c'était encore un stade supérieur. Il resta là, tremblant, à terminer son O comme s'il jouait sa vie dans la paume d'une main mais c'était peut être le cas parce qu'il était trop franc pour son bien sur ce coup là, Zeke, parce qu'il y avait tant d'éléments qui les séparaient et à juste titre. Chloe était une femme d'aventures, une personne merveilleuse qui avait visité d'autres pays de ce monde, qui avait eu le temps de vivre des histoires extravagantes avec des gens qui l'avaient aimée à la hauteur de ce qu'elle était. Zeke, lui, était le garçon de la ferme, celui qui n'avait même pas réussi à vivre une véritable aventure avec la voisine avant qu'elle ne parte pour la ville. Il n'avait strictement rien à apporter à Cohen, pas comme son frère avait certainement pu le faire parce qu'il était spécial, Yele, c'était le prodige, lui le vestige. Et maintenant quoi? Chloe souleva son menton d'un geste assuré, comme si elle avait encore quelque chose d'important à lui transmettre, lui qui n'avait même pas eu le temps de camoufler son regard brillant. Il n'eut le temps de rien qu'il sentit ses lippes se poser contre les siennes et c'était la surprise du millénaire. Elle voulait vraiment l'embrasser, lui? Chloe devait être malheureuse, il ne voyait que cela, il ne comprenait pas, n'importe qui mais pas lui. Néanmoins, Zeke ne se retira pas tout de suite parce qu'il avait son coeur qui tapait trop fort à l'intérieur de son corps et c'était quelque chose qui remontait jusqu'à son cerveau. Il était happé dans l'instant, dans l'envie qu'il avait de poser ses mains calleuses sur les joues de sa belle et lui offrir tout ce qu'il avait au fond de l'âme et qui était à elle mais il se restreignait, Zeke, en s'éloignant quelques secondes plus tard. Le coeur à vif, le cerveau en détresse, les yeux encore brillants. "Pourquoi moi?" Pourquoi l'embrasser, lui? Il se releva du canapé, ses deux mains se baladant dans sa chevelure comme s'il cherchait la réponse à une question insoluble, son coeur se gelant face à tant de tendresse soudaine. Seule Chloe connaissait les raisons, seule Chloe pourrait lui fournir une explication parce qu'il n'était pas Yele. Il n'était que le fermier qui l'hébergeait dans son grenier et qui lui apprenait à faire des bottes de foin. Il n'était pas important.

Et il reste, un temps. Il ne presse pas, ni ses lèvres sur les siennes, ni son front sur le sien. Ni le temps qui passe, ni celui qu'elle attrape à la volée. Et il se dérobe, maintenant. Il se lève et elle reste immobile, il gesticule et ses mains se perdent dans ses mèches plutôt que de se perdre sur la peau de la brune.

Elle la ravale, la sensation stupide de froid que l'absence de la silhouette du brun lui a occasionnée. Et celle de sentir la brise passer par la fenêtre entrouverte, celle qu'elle avait oubliée comme le reste du monde une seconde plus tôt. "Pourquoi moi?"

Parce que c'est naturel. parce que c'est inné. Parce qu'il est vrai, parce qu'il l'a toujours été. Parce qu'elle est égoïste Chloe, parce qu'elle croyait qu'en l'embrassant, elle prendrait une partie de lui, elle la prendrait et elle serait enfin elle-même aussi. Et ça dure, un temps. Elle se reconnaît, elle jure qu'elle respirait mieux, qu'elle se sentait à sa place, pour l'une des premières fois depuis des jours.

Pourquoi moi? "Parce que c'est toi." parce que peu importe ce qu'il dit ou ce qu'il ne dit pas, parce que peu importe ce qu'il fait ou qu'il ne fait pas, c'est lui et c'est tout. Ses mots se sont envolés bien trop vite pour qu'elle n'en mesure le poids, dommages collatéraux qu'elle fera, d'autres, maintenant qu'elle s'immisce et qu'elle déstabilise, maintenant qu'elle se lève à son tour.

Et ses mains se mêlent à celles du brun quand elles les dégagent de ses mèches folles, quand elle tente le plus doucement dont elle est capable de le calmer du mieux qu'elle peut, de calmer le chaos qu'elle amène toujours sur son passage. "La pluie, elle s'est calmée dehors." ses yeux ont trouvé les siens mais se sont égarés en chemin. Les banalités qu'elle ramène, la tempête qu'elle transpose. Elle devrait s'excuser, mais elle ne regrette pas. Elle devrait le mettre en garde mais elle n'assume pas. Elle devrait partir, mais elle restera.

Il fallait qu'il fasse sens de tout cela, on parlait tout de même de l'ex petite amie de son frère mais elle était là. Chloe était venue se réfugier à la ferme, pourquoi? Zeke n'arriverait certainement jamais à le comprendre parce qu'il ne se considérait pas comme un homme à qui on venait parler de ses problèmes. Il parlait trop peu pour qu'on cherche à devenir ami avec lui, encore moins à se lier plus profondément, c'était pour cette raison qu'il était resté célibataire tout au long de sa vie. Les femmes le trouvaient bizarre avec ses cheveux longs, son incapacité à caser plus de quatre mots d'affilée sans avoir l'air de s'ennuyer comme un rat mort, il n'avait rien de commun, le Blythe, rien qui faisait rêver. Pourtant, Cohen avait posé ses lèvres sur les siennes et il avait envie de s'y laisser transporter, de rêver de plus parce qu'elle était belle, sa kid, qu'il n'avait jamais connu quelque chose d'aussi merveilleux jusque là. Il ne voulait plus que cela, l'avoir près de lui et oublier pour un court instant qu'elle était celle qui avait fait rêver Yele en premier. Zeke s'était levé, incrédule, sa main voyageant dans ses cheveux jusqu'à ce qu'il sente la présence de Chloe proche de lui. Il fallait qu'elle le suive, qu'elle lui réponde avec une sincérité qui lui coupait le souffle et le regard de Zeke se baissa vers elle et bon sang qu'il était perdu. "Je suis juste un fermier, kid." Il aurait pu ajouter deux ou trois qualificatifs derrière du genre illettré, laid et complètement sans intérêt mais le brun ne s'y osa pas. A la place, il l'observa passer une main dans sa chevelure, leurs mains se croisant, se frôlant, sa peau nue frissonnant et il devait faire preuve de toute sa force tranquille habituelle pour ne rien montrer. Ce n'était pas si simple que cela de ressentir au final, lui était un solitaire, un homme dur et froid en apparence, quelqu'un qui ne pouvait que vaguement tourner les yeux vers l'extérieur dont Chloe parlait parce qu'il était encore totalement concentré sur elle. Ses yeux ébène ne la lâchaient pas, ils étaient électriques, transperçants, complètement galvanisés par le bleu qu'il remarquait dans ses prunelles. "C'est pas calme dedans." La pluie s'était peut être tue mais pas son coeur, c'était peut être ce qu'il voulait suggérer, Ezechiel n'en avait aucune idée. A la place, sa main libre vogua vers la joue de Chloe qu'il osa toucher d'un contact subtil et discret, à l'image de cette personne qu'il était, grand dadais qui gardait tout pour lui. Tout sauf son regard qui ne se vouait qu'à elle.

bonus the look:

"Je suis juste un fermier, kid." c'est faux ça, et elle fronce des sourcils, réalisant que c'est probablement la première fois qu'il lui ment aussi effrontément. Qu'il lui ment tout court. Il est pas qu'un fermier. Il est pas que ça et même s'il se définissait que par ça, ça lui suffirait amplement. Chloe qui comprend pas la connotation négative qu'il se donne, elle comprend pas les démons qui le hantent, parce que les siens l'envient. Ils envient à quel point il est vrai, ils envient à quel point il n'a pas besoin d'artifice. Ils envient à en pâlir, à en rager tellement qu'elle en perd ses mots parfois, qu'elle en perd ses sens.

Il est lui, il ne le comprend pas, elle le supplie aussi, un silence qu'ils entretiennent comme si c'était l'emblème la plus précieuse, le secret le mieux gardé. "C'est pas calme dedans." oh, s'il savait comme il a raison. S'il savait comment y'a rien de calme, dans la tête de la brune, dans son coeur. S'il savait comment elle se casse, elle se brise de l'intérieur. S'il savait les vagues et les orages et le chaos qu'elle se génère quotidiennement à la seconde où elle ouvre les yeux, où elle réalise que les derniers mois n'ont pas été qu'un mauvais rêve, qu'un cruel cauchemar. Et elle s'éloigne, ou du moins, elle y pensait, s'en veut d'avoir voulu.

Parce qu'il pose sa main sur sa joue, parce que ses iris n'ont pas lâché ceux de Cohen. Parce qu'elle ne l'a pas lâché lui non plus, et qu'elle dérobe une main posée sur son visage malmené par les dernières brèves secondes. Ses doigts retrouvent ceux de Zeke comme un ancrage, ils s'y rattachent comme s'ils l'avaient toujours été, gardent sa paume de quitter sa joue encore un peu froide, qu'il réchauffe de sa présence comme de son contact. Leur respiration en commun qui coupe le silence lourd, leur coup d'oeil qu'ils retiennent parce que c'est tout ce qu'il leur reste, parce que c'est tout ce qu'ils veulent, aussi.

S'il savait combien l'ironie est piquante, qu'il soit le seul à arriver à la calmer pourtant. Doux, doucement alors. Quand elle pose ses doigts de chaque côté de son crâne, ses tempes auxquelles elle dédie le bout de ses index. Et elle se hisse sur la pointe des pieds Chloe, il la surplombe, il l'appelle kid pour des tas de raisons elle parie, et celle-là en est une excellente. Un baiser qu'elle love sur son front, là où se dessinait des traces de fatigue, de stress, d'interrogations infinies. Une dernière intrusion dans sa bulle qu'elle assume, qu'elle ne regrette pas, bien sûr.

"Y'a qu'avec toi que je me sens comme ça."

Il ne se réduisait qu'à quelques mots, de vulgaires étiquettes qui s'éloignaient tant de la tendre vérité qu'il avait ancré au fond de son coeur. Zeke, l'homme à tout faire. Zeke, l'amoureux des animaux. Zeke, le solitaire avec une sensibilité qu'il faisait taire autant que possible. Ce n'était pas une question d'éducation à proprement parler parce que ses parents l'avaient toujours encouragé à s'exprimer autant que son cadet mais le géant Blythe n'avait pas la sensation d'avoir quelque chose d'important à dire. Il ne se sentait pas si grand au final, juste un homme de plus qui peuplait cette planète alors qu'elle méritait simplement un peu de répit. Au bout du compte, Ezechiel n'avait pas saisi le sens de la vie, ce qui pouvait la rendre belle et joyeuse, du moins avant que Chloe ne débarque à la ferme. Jusque là, il n'avait rien vu l'idiot, se contentant de suivre toujours la même routine avec plus ou moins de flegme. Là, tout était différent parce qu'elle s'était levée en même temps que lui, que le vieux bouquin avait été abandonnée sur le canapé alors qu'ils se toisaient, face à face, yeux dans les yeux, le monde extérieur n'existant que dans leur tête. Rien ne les intéressait, rien d'autre ne les portait, Zeke ne sentait que la douceur de la peau diaphane sous ses doigts calleux, cette force qui émanait de la petite brune à ses côtés. Elle avait tant de choses à partager avec cet univers, tant d'énergie à transmettre quand lui ne se sentait pas spécialement utile ou important, juste pour les champs environnants qui avaient besoin de ses muscles pour rester vivants. Zeke ne voyait pas que Chloe avait peut être besoin de lui, qu'il arrivait à apaiser ses torrents intérieurs de sa simple main, sans en faire trop, juste en la regardant et en attendant qu'elle disparaisse. C'était peut être trop tout cela, mais pas autant que la suite puisqu'il sentit à son tour les doigts de Cohen se poser sur son visage puis il vit ses pieds se lever et elle déposa un baiser sur son front, non sans glisser quelques mots salvateurs. Elle avait tellement de douceur cachée au fond d'elle et Zeke s'étonnait que son frère ne lui en avait jamais fait part, il ne voulait plus tellement lui demander désormais. Non, il relâcha simplement sa joue alors qu'elle remettait les pieds à terre, ses bras s'enroulant autour de sa frêle stature alors qu'il la soulevait de terre pour qu'ils puissent être à la même hauteur, réellement. Cette fois, Zeke relâcha un grand sourire, comme s'il était encore un enfant, mais non, c'était sa kid et il ne désirait que la faire grandir. S'il ne pouvait pas le faire autrement que métaphoriquement, c'était déjà une petite victoire. "Comment?" Est-ce que c'était sa meilleure idée de lui demander comment elle se sentait avec lui, Zeke ne savait pas mais il lui souriait en osant la déposer à terre à nouveau, aussi délicatement que possible, se sentant peut être un poil idiot d'avoir initié autant de contact humain en aussi peu de temps. Ce n'était pas son genre, ce n'était pas ce qu'il voulait offrir comme image à la brune, il voulait respecter son espace, garder ses yeux ancrés dans les siens alors qu'il conservait un doux et fin sourire sur ses lippes.

the bonus look:

Elle se sent pas fragile, contre lui. Elle se sent pas horrible, elle se sent pas brisée, elle le ressent bien moins. Quand il est là, elle n'est pas petite, elle n'est pas faible, elle en oublie complètement la vie comme elle la ressent trop fort, trop mal, trop douloureusement depuis trop longtemps.

Si la pression l'étouffe, si la haine la suffoque, si elle est minuscule et qu'il est si grand, si solide à ses côtés, elle se sent enfin un peu plus grande, un peu plus stoïque. C'est égoïste de gratter tout ce qu'il lui donne, c'est insensé de penser qu'un jour elle arrivera à se sentir ainsi s'il n'est pas dans les parages, mais elle se l'autorise, la seconde qu'il lui faut, d'y aspirer. Elle se laisse le droit de croire qu'il y a peut-être une solution à tous ses maux, que dans les silences du brun elle arrivera à trouver toutes les réponses qu'elle cherche, à identifier toutes les questions qu'elle n'ose pas se poser mais auxquelles elle crèvera d'avoir la solution.

Il a cet effet Zeke, d'être un roc, d'être une valeur si sûre qu'elle lui a accordé sa confiance à la seconde où il l'a accueille chez lui. Elle est sauvage Chloe, on ne l'attrape jamais vraiment, elel finit toujours par trouver les fissures d'où s'échapper, par trouver les cassures des autres pour s'y complaire en oubliant les siennes. Mais lorsqu'il passe ses bras autour d'elle, lorsqu'il la rapproche de lui, lorsqu'il la soulève elle ne songe pas à s'enfuir. Elle n'en a pas la force, elle n'en a pas l'envie, elle n'en a pas la motivation, elle n'en a rien à faire. Elle ne pense pas à partir, elle ne pense pas à la prochaine excuse pour s'éloigner, elle ne s'invente aucune raison de s'envoler.

"Comment?" il a changé du tout au tout le brun, quand il sourit, quand il reprend une inspiration, qu'elle partage à travers. Il la repose par terre mais il attend une réponse, réponse qu'elle lui donne une immensité de secondes de silence avant d'articuler quoi que ce soit.  

Et ses mots, elle les soufflera contre sa joue.
Contre son torse.
Contre sa nuque.
Contre ses lèvres.

"Vivante."

Zeke ne prenait pas d'initiative, jamais, pas en dehors du contexte de la ferme, le seul terrain qu'il connaissait réellement. Lorsqu'il était question de relations humaines par contre, il n'était plus là pour gérer la moindre situation. Il n'était pourtant pas plus idiot qu'un autre mais il avait si peu d'expérience en la matière qu'il avait forcément peur de se tromper ou de blesser une personne importante à ses yeux. C'était sûrement pour cette raison qu'il avait pris l'habitude de faire attention à tout en compagnie de Chloe, constamment. Il était hors de question qu'il la froisse et qu'elle se retrouve à faire ses valises pour partir la seconde suivante. Finalement, c'était peut être le grand brun qui avait plus besoin d'elle que l'inverse, il n'y avait aucun réel moyen de le savoir. Zeke s'envolait juste quand elle était là alors que c'était elle qui avait quitté terre une minute tout au plus, sous l'élan des bras athlétiques de Blythe. C'était lui qui laissait son joli sourire s'agiter sur ses lèvres si innocentes, il ne se doutait de rien, il n'avait l'habitude de rien, le fermier. Il se laissa faire, elle était maîtresse de l'instant, de son souffle qui frôlait sa peau. Zeke n'aurait su dire ce qui était le plus grisant, le contact contre son torse, le jeu contre sa nuque, l'espoir contre sa joue... Si, il savait, c'était ses lèvres si proches alors qu'elle murmurait un mot. Un seul. L'unique mot qui comptait. Vivante. Cela voulait dire tant, cela le rendait complètement euphorique et pourtant, ce fut son air sérieux qui reprit le dessus au moment où il happa les lippes de sa jolie brune, ses deux lèvres se portant conte ses joues, sans qu'il ne comprenne réellement ce dont il était l'instigateur. Zeke n'était pas quelqu'un qui répondait à ses pulsions, il était toujours dans l'introspection, le sens du moindre acte et s'il ne réfléchissait pas maintenant, il allait forcément devoir le faire après. En tout cas, pour le moment, son cerveau était endormi alors qu'il se laissait aller à la plus tendre des danses. Elle et lui. Le monde, plus tard. Le monde, adieu. Juste elle et lui, ce fichu regard qu'il orna au moment de se détacher légèrement des lippes de Chloe pour respirer, l'air hagard mais collé au visage de la brune, le coeur battant. L'âme envahie d'elle.

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Elle voulait. Elle acceptait ça, elle le désirait. Elle avait mis des semaines, des mois, des années à le comprendre. Que ce qu'elle souhaitait allait souvent à l'encontre de ce qui devait arriver. Que ce qu'elle désirait n'était probablement pas toujours ce qu'elle aurait dû vouloir. Elle s'était perdue dans des idées préconçues, dans des signaux d'alarme comme dans des retranchements, elle avait tenté aussi, surtout, de rester dans ses habitudes, de suivre le flot fluide et ancré qu'elle avait planifié.

Parce qu'il fût un temps, Chloe contrôlait tout. Chloe contrôlait ses relations, sa vie. Ses sentiments, sa routine. Elle contrôlait chaque pièce et chaque seconde, chaque geste et chaque demande. Elle contrôlait de si près qu'elle croyait que c'était ça, la façon de faire. Que c'étaient les variables nécessaires, que de ne laisser place à rire d'autre était la seule option viable pour atteindre ses objectifs. Elle était compétitrice Chloe, et surtout envers elle-même.

Mais dans l'heure, elle ne contrôlait rien. Elle ne contrôlait rien quand ses lèvres se perdaient sur l'épiderme de Zeke, elle ne contrôlait pas plus quand ses yeux s'accrochaient aux siens, qu'elle s'excusait d'avance et en silence de lui imposer le feu roulant qui brûlait dans sa tête, qui brûlait contre ses lippes. Il relance le baiser comme il prend le relai de l'initiative, il la maintient contre lui quand elle sent sa silhouette se fondre à la sienne, s'y lier au point où elle ne sait même plus où ils commencent, où ils finissent.

Et le calme, parfait. La douceur de ses traits qu'elle mélange à l'impassibilité du brun, la tendresse de chaque pression de ses lèvres sur les siennes qu'elle dédie à l'empressement qu'elle a de partager son air, de tout prendre, de tout lui offrir.

Elle l'embrasse sans rien donner de plus qu'elle-même. Elle l'embrasse comme une promesse d'être vraie, d'être vivante, d'être elle-même, à nouveau. Elle l'embrasse et s'il se détache d'elle un moment, elle le rattrape l'instant d'après. Le temps de plonger son regard dans le sien, le temps d'y voir une bribe de lui, le temps de rien d'autre. Encore moins de réaliser qu'elle ne contrôle plus du tout la suite, encore moins de réaliser le bruit à la porte, les grattements, les grincements, l'univers qui se relance et le monde recommence à vivre, un toquement, un coup de sonnette à la fois.

Il ne s'était même pas rendu compte qu'il avait passé ses bras plus fermement autour d'elle, les faisant naviguer dans son dos pour garder un contact quoique fragile avec la réalité. Zeke n'avait jamais rêvé de cela, il n'aurait jamais osé le faire parce qu'il s'agissait de Chloe et qu'il ne pensait pas une seule seconde la mériter. Même l'embrasser était hors de sa portée dans son esprit et pourtant, c'était le cas. Il berçait ses lèvres des siennes, voguait contre son souffle, happé par la force d'un instant clairement non prémédité. Le brun avait totalement arrêté de respirer, vivant ce qui devait être le moment le plus intense de sa vie. En tout cas, des baisers de la sorte, Ezechiel n'avait pas eu la chance d'en vivre parce qu'on embrassait ainsi que lorsqu'on aimait une personne. Qu'on la chérissait. Qu'on la désirait ardemment. Tout cela, Zeke ne l'avait jamais vraiment connu, il n'était pas apte à le comprendre puisqu'il laissait Chloe foncer de nouveau sur ses lippes, un jeu qu'il commençait à apprécier beaucoup trop pour son bien. Il caressait sa joue, sa main était sur sa hanche et il la collait à lui, sentant toute la détresse qu'il ressentait dès qu'elle était trop loin de lui. Son cerveau avait disparu des radars, il n'était même plus en mesure de répondre à son propre nom alors entendre le monde se réveiller, constater que le jour s'était levé, c'était totalement au dessus de ses forces. Néanmoins, il fallait qu'il décroche ou il abandonnerait l'idée de tout contrôle et puisqu'il s'agissait de Chloe, il ne désirait pas qu'elle vive une once de regret. Il s'échappa de son emprise en usant de toutes les forces qu'il avait, le souffle court, le coeur complètement agonisant, pile au moment où des bruits se faisaient entendre derrière la porte. Juste le temps pour Zeke de détacher ses mains du corps de la brune, encore totalement transi alors que sa mère entra dans la pièce suivi des chiens de la maisonnée. Ils ne manquèrent pas de saluer le duo mais l'esprit de Blythe n'était pas au rendez-vous, il ne capta pas la moindre phrase. Rien. C'était le trou noir. "Le foin. Les chevaux." Il murmura à une vitesse hallucinante, sortant de là une demi seconde plus tard pour courir jusqu'à l'écurie et s'armer de son seau pour nourrir les animaux. Il était sur pilote automatique, passant sa main dans ses cheveux entre deux lancers d'avoine parce qu'il n'avait clairement pas prévu de ressentir tout cela et là, il était en parfaite détresse. Comment agir, maintenant? Qu'allait-elle lui dire? Parce que lui, Zeke, n'avait aucun mot, rien qui n'était à la hauteur de ce qu'elle provoquait au fond de lui.

Et une seconde plus tard, il se détache. Il recule, les lèvres de Chloe sont rosies des baisers échangés. Le souffle qui halète, le regard qui fuit, elle reste immobile pourtant, attendant ce qu'elle ne sait pas encore. Probablement qu'elle s'assure qu'il va bien. Probablement qu'elle réalise aussi son égoïsme, de l'avoir entraîné dans une danse pour laquelle il n'avait jamais rien demandé, qu'elle lui avait forcée. Elle laisse son regard caresser la silhouette de Zeke à distance à défaut de ne pouvoir le faire du bout des doigts, sa main qu'elle perd dans ses mèches quand elle sursaute, quand la porte s'ouvre.

Les salutations du matin frisent l'irréel, y'a un chien qui erre à la hauteur de ses mollets et pour lequel la brune se penche distraitement, grattant entre ses deux oreilles. Ses prunelles n'ont pas lâché la silhouette de Zeke, même quand il ne met pas une seule seconde de plus pour filer, ses mots qui se perdent dans son sillage. Elle se redresse, accepte le café que la mère Blythe lui tend, en prend une gorgée qui dissimule l'expression mutine sur son visage. Le sourire qui flirte avec l'air de la gamine prise sur le fait, celle qui s'est prêtée au jeu, celle qui a triché, celle qui a volontairement omis les règles.

Le foin.
Les chevaux.

Et il y est, à sa safe zone. Elle garde une distance nécessaire quand elle y aboutit une longue poignée de minutes, un trait d'eau froide sur le visage et une tasse de café complètement ingérée plus tard. Sur l'établi à l'entrée des écuries, elle pose le t-shirt que Zeke n'avait apparemment pas traîné avec lui, le thermos rempli de café qu'elle lui a apportée qui vient se nicher sur l'un des ballots de foin pas plus loin d'eux.

"T'as rien fait de mal." elle s'excuserait presque, si elle avait des regrets, des remords. Mais elle ne ressent rien de tout ça quand elle lui fait dos, rattache ses mèches en une queue-de-cheval aussi rapidement que parfaitement exécutée, s'affairant à ses propres tâches. Celles qu'il lui a données il y a plus d'une semaine de ça, celles qu'elle effectue envers et contre tout. Le sourire aux lèvres, les fantômes de leurs baisers encore bien présents.

Se perdre dans des tâches qu'il connaissait par coeur, répéter encore et toujours les mêmes gestes, se défaire du flot de ses pensées, simplement respirer en terminant la corvée de nourriture des animaux. Après cela, il s'autorisa à brosser les quelques chevaux qui auraient certainement préféré vaquer à leurs occupations dans la plus belle des tranquillités mais Zeke ne pouvait pas offrir cela à autrui ce jour là. Il ne pouvait pas parce qu'il était préoccupé lui-même, sachant fort bien que la journée allait commencer et qu'il ne pourrait pas fuir Chloe pour les semaines à venir. Le volait-il d'ailleurs? Sûrement pas, parce qu'elle était une présence réconfortante la belle brune, qu'elle n'avait pas besoin de lui poser mille questions pour être à l'aise avec lui, elle était en mesure d'accepter son silence. C'était la première personne qui arrivait à ce stade de compréhension de sa misérable personne et tout cela embrouillait les pensées de Blythe, forcément. Il sentit qu'elle était là alors qu'il passait la brosse distraitement sur l'encolure d'un des chevaux de la ferme. Elle avait commencé à récupérer le foin qui traînait par terre et Zeke se doutait qu'elle ne partirait pas parce qu'elle n'avait pas peur de ce qu'ils avaient fait, pas plus que de ce qu'ils partageaient. Il y avait ce quelque chose d'immuable dans l'air et la brune le confirma: il n'avait rien fait de mal. Elle excluait certainement le fait que son frère avait été une part importante de son existence jusque là et qu'il avait osé se perdre dans un baiser qui le faisait rêver maintenant. Il arrêta tout geste un instant avant de se tourner vers elle parce qu'il était franc Zeke, que c'était sa principale qualité ou son pire défaut, tout dépendait des circonstances. "Je te veux." Et c'était ce qu'il exposait de plus profond parce que cela, c'était quelque chose de mal et voilà l'argument principal qu'il avait pour contrecarrer les dires de Chloe. L'argument qui le tuerait aisément sans qu'il ne puisse lutter, le grand brun.