| The Duchenne smile | Ivyheart #4 |
| | (#)Mer 26 Fév 2020 - 19:47 | |
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Spirit of my silence I can hear you, but I'm afraid to be near you ; and I don't know, where to begin, And I don't know, where to begin. Il a fallu quitter la réception. Il a fallu rejoindre une autre voiture, s'enfermer dans le silence pour rejoindre un nouvel endroit. De quoi nous changer. Je suis épuisé, à peine conscient de tout ce qu'il se passe. L'anxiété a émoussé mon attention, réduite à quelques monceaux ridicules – je ne suis plus capable de suivre le fil de mes propres pensées. Quelque chose a changé, pour sûr. Madame Ivywreath m'accompagne. J'ai pris sa main, elle a pris mon nom.
Tout le long du trajet en voiture, je me contente de contempler le paysage qui se découpe dans le clair-obscur. Il règne un silence un peu lourd, qui change complètement du premier trajet. Molly n'a toujours pas de chaussures. Je n'ai plus mon nœud papillon. La réception se termine en fin de journée et on nous indique qu'il est temps de rejoindre l'aéroport, pour une destination qui nous est encore inconnue. C'est une région chaude ou tempérée, si l'on en croit ce que j'ai mis dans ma valise sur leur demande. J'ai demandé à Charlie de veiller sur mes chats, eux qui vont tant me manquer pour les jours à venir. Voilà un petit moment que je n'ai pas pris l'avion. La dernière fois, c'était pour le voyage en Grèce. Une époque qui me semble plutôt lointaine.
Et bientôt, nous sommes autorisés à nous changer. L'euphorie de la fête est redescendue et le cocktail stress-joie ne fait plus effet. L'angoisse reprend doucement le dessus, mais pas elle n'est pas assez forte pour me tordre le ventre. Je crois que mon corps est juste trop éreinté pour que j'en ressente les effets. La fatigue est bien là, pourtant, alors que je passe mon tee-shirt à l'envers et que je me maudis de ne pas réussir à enfiler mes chaussettes dans le bon sens. Le soleil achève sa course dans le ciel lorsque nous rejoignons enfin l'aéroport. Les caméras nous suivent encore, ici. Je croyais être capable de prétendre être à l'aise devant ces yeux de verre sombres, mais il n'en est rien. Je ne suis qu'une boule d'anxiété, devant les objectifs. Et la fatigue ne rend pas les choses faciles. A l'écran, je dois avoir une tête de déterré.
C'est aux Philippines, que nous allons. L'annonce tombe, lue par Molly sur une jolie carte au papier glacé. « Je n'y suis jamais allé. » Pas une seule fois. J'ai beaucoup voyagé, plus jeune. Mais je n'ai jamais mis le pied aux Philippines. « Et toi ? » Il faut faire la conversation, devant les caméras, même si j'ai juste envie de dormir. Que l'on m'assomme, pour que je puisse me réveiller sous le soleil des Philippines. Mes yeux un peu endormis se posent sur le panneau aux écritures changeantes. « Je crois que c'est le notre. T'as peur de l'avion ? »
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| | | | (#)Mer 26 Fév 2020 - 20:36 | |
| C'était long, c'était éprouvant. Il y avait trop de monde, trop de caméras, trop de bruit. J'ai encore du mal à réaliser que je vais passer à la télé. Que mes moindres faits et gestes sont filmés depuis que j'ai appris que j'allais faire partie de cette émission. J'ai rencontré des gens qui comptent pour lui, et je ne sais même pas si ces deux filles m'apprécient, j'espère que oui. Je ne suis pas une personne compliquée, alors j'espère que, même si elles ne m'aiment pas, ça finira par s'arranger. Je pense que c'est quelque chose d'important pour Léo. Je pense à ça sur le chemin vers mes affaires. Parce que si on doit partager la vie l'un de l'autre pour une durée plus longue que ce voyage de noces, je ne veux pas déjà avoir à penser aux problèmes, toutes cette situation était déjà bien assez stressante. Pour lui comme pour moi.
On est bien plus calme quand on doit aller préparer nos affaires. J'écoute tout ce que les membres de la production peuvent me dire, et je mets les quelques affaires dans la valise. Je me change, et je respire de nouveau. Cette robe de mariée est magnifique, mais si lourde et encombrante que je suis bien heureuse de la déposer pour enfiler un de mes tee-shirt préféré et un jean. Je retrouve aussi une paire de basket. Et je garde le nœud rouge autour de mon poignet en souriant. Je l'aime bien ce nœud. Ça me rappel le premier bon moment que j'ai passé avec Léo, la première fois où ça a été simple, naturel.
Et on se retrouve, comme c'était prévu. On est tous les deux terrorisés, mais on est là, on est revenu. Et ça déjà, ça me rassure un peu. Parce qu'il n'a pas fuit, alors qu'il aurait pu partir à de nombreuses reprises déjà. Les Philippines. C'est loin non ? Je n'en sais rien, mais ça m'inquiète, parce que je ne suis jamais sortie de l'Australie. Je n'ai jamais voyagé plus loin que chez moi, à Towoomba. « Je... Je suis jamais sortie de l'Australie en fait. » Je commence à stresser, c'est la première fois que je vais prendre l'avion, est ce que ça va bien se passer ? « Tu voyage beaucoup ? » Peut-être qu'il pourra m'aider, qu'il pourra me rassurer. Mais je ne veux pas montrer à quel point je suis inquiète, parce que je sens que lui aussi est encore stressée, et il doit aller bien. Je préfère quand il se sent bien. « Je sais pas, je suis même jamais allée dans un aéroport, il va falloir me guider. » J'ai un petit sourire gêné, je sais qu'il n'a peut-être pas envie de s'occuper de moi et de mes galères. Mais je crois que j'ai vraiment peur. De l'avion, et de tout ce qu'il peut bien nous attendre. |
| | | | (#)Mer 26 Fév 2020 - 21:52 | |
| La Grèce, c'était il n'y a pas si longtemps que ça. Des heures d'avions qui en valaient tellement la peine. Combien y a-t-il d'heures entre ici et les Philippines ? Mon cerveau ne sait plus compter. Mes yeux s'accrochent au panneau lumineux, alors que Molly se plante à mes côtés. « Je... Je suis jamais sortie de l'Australie en fait. » Mes yeux retrouvent les siens. « Ah oui ? » Dans mon ton, plus de curiosité que de surprise, pas une once de jugement. Mais les caméras me rappellent bien vite que notre conversation est épiée. Que rien ne peut se faire naturellement. Tout est calculé, millimétré. Je me souviens encore de Glitters et de sa question à propos de ma capacité à les supporter, ces espionnes de verre et de plastique. Je me souviens encore de cette réponse, balancée avec beaucoup d'arrogance. Et j'ai envie de me frapper la tête contre un mur. « Tu voyage beaucoup ? » « Je voyageais, avant de m'installer en Australie. » Je voyageais beaucoup, même, avec les parents. Et puis, il y avait les voyages scolaires. Et mes voyages solo, avant de ne plus rien faire du tout. C'est ça, de se faire plus ou moins couper les vivres. On apprend à économiser.
« Je sais pas, je suis même jamais allée dans un aéroport, il va falloir me guider. » J'ai un petit sourire, la détaille du regard une seconde avant de me détourner vers l'une des files d'enregistrement. « On va enregistrer les bagages. » L'équipe de production nous laisse tranquilles alors que nous nous dirigeons du côté de la file d'attente, plutôt courte pour une horaire pareille. Le micro frotte contre mes vêtements. Je sens le fil qu'il m'ont accroché au pull avec un morceau de gaffeur transparent. « Tu vas voir, c'est sympa de prendre l'avion. Le décollage est sympa. » Pas pour les heures d'attentes à ne rien faire ensuite. « Je vais essayer de ne pas te dormir dessus, promis. Tu tiens encore debout ? » Parce que moi, je suis à deux doigts de m'endormir sur mes pieds, malgré le stress encore trop présent à mon goût... et malgré tout le reste.
Les bagages enregistrés et notre carte d'embarquement en main, nous nous dirigeons vers la porte à laquelle est attribué notre vol. Mon sac à dos calé sur une épaule et le nez en l'air, je nous guide au travers des grandes allées de l'aéroport. J'aime bien les aéroports. Ils font un joli tableau de la diversité de notre planète. On pourrait s'amuser à inventer la vie de tous les passagers qui en parcourent ses allées. « On va passer par les portiques de sécurité, ensuite. Tu ne transportes pas d'objets contondants sur toi, mmh ? Pas de... couteau, arme à feu, stylo laser... », que j'énumère en ricanant. C'est là que nous sommes arrêtés par l'équipe de production, qui nous retire micros et autres artifices de prise de son. Je me sens à nouveau respirer, presque comme lorsque Molly m'a délivré de mon nœud-papillon meurtrier. Et lorsque enfin nous sommes libres, je me penche vers la jeune femme pour lui glisser quelques mots à l'oreille, sur le ton de la confidence. « J'ai cru qu'ils n'allaient pas nous lâcher. » |
| | | | (#)Mer 26 Fév 2020 - 22:40 | |
| Je joue avec mes doigts. Ils passent quelques fois sur le nœud que j'ai à mon poignet. Je sais pas si ça me calme, mais je le fais naturellement. Je lui avoue que j'ai jamais voyagé, devant les caméras, encore. On ne pourra pas parler sans être épié et ça me chagrine un peu. Parce que si je parle avec Léo, je n'ai pas forcément envie que toute l'Australie soit au courant de mes secrets. Même si j'en ai pas beaucoup, j'aime pas attirer l'attention. « On dit pas qu'il y a tous les paysages possibles en Australie ? » Et je souris un peu, j'essaie de justifier ça. Mais je n'ai juste jamais pris le temps de voyager. Jamais eu le courage de partir seule dans un autre pays. J'aurais peut-être dû. Si ça me plait, c'est pas encore trop tard. « J'avais besoin de rester à Brisbane donc j'ai pas cherché à voyager. » Pour des tonnes de raisons, des raisons que je ne lui donnerai pas là. Parce qu'on est filmé encore, mais aussi parce que je ne veux pas refroidir l'ambiance, parce que ma vie n'a pas toujours été rose. « T'as pas toujours vécu ici ? » Et la conversation redevient un peu plus fluide. Comme dans la voiture. Et j'ai la mauvaise habitude de ne faire que parler quand je suis nerveuse. Mais j'essaie de me retenir, je ne suis pas la seule à être stressée encore.
Et mon sourire s'agrandit quand il me guide, quand il m'explique ce qu'on va faire au fur et à mesure. Et je respire un peu mieux. Je le suis, il continue d'essayer de me rassurer mais cette angoisse reste ancrée. « On garde pas nos bagages avec nous ? » Je dois vraiment passer pour une débutante. Alors je baisse un peu les yeux. « J'espère que t'as raison. » Et j'ai envie de le croire, de lui faire confiance. Alors je souffle un grand coup avant de croiser son regard en continuant de lui sourire. « D'après ma sœur je suis un super coussin pour s'endormir en voiture ! » Allie posait toujours sa tête sur mon épaule ou sur mes jambes quand elle s'endormait en voiture. De bons souvenirs qui agrandissent un peu mon sourire encore. « Pour l'instant je suis pas fatiguée, certainement l’appréhension ! » J'observe tout ce qu'il y a autour de moi encore un peu, j'essaie d'analyser comme je le fais toujours.
« Je peux pas partir en avion avec mes couteaux de cuisine dans les poches ? » Je ris, peut-être qu'un peu d'humour nous aidera tous les deux à être un peu moins stressé, je l'espère. « Non je suis pas du genre violente j'ai pas d'armes sur moi !' » On nous enlève tout et les caméras s'éloignent. Enfin un peu de tranquillité, d'intimité. Je ris un peu en l'entendant parler. « On est enfin tranquille. » Peut-être que la discussion sera encore plus simple maintenant que personne nous observe. Qu'on peut rentrer dans notre bulle, à deux, sans devoir jeter un coup d’œil aux caméras qui nous tournent constamment. « Stressé ? » Parce que moi oui. Complètement. « Tu sais combien d'heures on va rester là-dedans ? Et tu crois qu'il y a un gros décalage horaire ? J'espère qu'on pourra choisir les activités qu'on voudra faire et qu'ils seront pas tous les jours sur notre dos. » Tais toi Molly, tais toi. « Pardon je parle trop. » Parce que je crois que je suis inquiète. |
| | | | (#)Dim 1 Mar 2020 - 1:39 | |
| « On dit pas qu'il y a tous les paysages possibles en Australie ? » C'est vrai. Mais je n'ai jamais trop pris le temps de visiter l'Australie. Je suis toujours resté plus ou moins à Brisbane. « J'avais besoin de rester à Brisbane donc j'ai pas cherché à voyager. » J'opine du chef. Et moi, c'est l'inverse. Moi, j'avais besoin de filer. Loin. L'escale aux Pays-Bas m'a fait le plus grand bien, mais c'est ici que je me sens le mieux, désormais. Même si le Canada me manque encore un peu, parfois. « T'as pas toujours vécu ici ? » « J'ai vécu au Canada. Et puis aux Pays-Bas. » Plus que d'avoir vécu sur le premier territoire, j'y suis né. Mais je n'ai pas très envie que cet éclaircissement fasse apparaître d'autres questions. Pas pour l'instant. Pas devant les caméras. Pas avec elle, alors que nous nous connaissons depuis moins de vingt-quatre heures. Elle pose beaucoup de questions, Molly. Et j'ai peur que bientôt, je ne puisse plus répondre à certaines de ses interrogations - ce qui nous embarrasserait tous deux.
La file d'attente d'enregistrement des bagages n'est pas si longue. Quelques minutes à peine. Ma patience est pourtant mise à rude épreuve. Probablement est-elle diminuée par la fatigue. « On garde pas nos bagages avec nous ? » « Seulement ton sac. Le reste va dans la soute. Mais ne t'inquiète pas, tu retrouveras tout plus tard ! Ne perds pas ton étiquette, surtout. Si jamais il y a un soucis, c'est comme ça qu'il reconnaîtront que tu es bien la propriétaire de ta valise. » Mon ton est bien trop sérieux pour la situation, je l'entends bien. Je toussote pour essayer de me détendre, alors que nous nous éloignons. « J'espère que t'as raison. » « J'ai toujours raison. », que je glousse. Voilà, Glitters, tu l'auras ton Léo arrogant, celui que j'ai vendu aux caméras lors de l'entretien. Tu l'auras, mais seulement deux minutes. Il ne faut pas beaucoup de temps avant que le volume de ma voix ne baisse et que mes épaules ne s'affaissent à nouveau, redonnant à ma silhouette cet air fatigué que je traîne sur moi depuis des heures. Molly, elle, n'est pas fatiguée. « D'après ma sœur je suis un super coussin pour s'endormir en voiture ! » « Ta sœur doit avoir raison, dans ce cas. Mais j'ai la tête lourde. » Et le cœur du même poids. « Pour l'instant je suis pas fatiguée, certainement l’appréhension ! » Elle en a, de la chance. C'est le stress qui tue mon énergie. La sieste dans l'avion réglera peut-être ce problème.
Nous voilà partis pour l'aventure, lancés dans l'exploration de l'aéroport - ou plutôt à la recherche de notre porte d'embarquement - après avoir déposé nos valises à l'enregistrement. « Je peux pas partir en avion avec mes couteaux de cuisine dans les poches ? » « Ils t'enlèveront même ton épluche-légumes. », que je ricane en prenant une moue désolée. « Non je suis pas du genre violente j'ai pas d'armes sur moi ! » « C'est exactement ce que dirait un psychopathe. » Nos micros nous sont retirés, et je respire à nouveau, alors que les portes de sécurité sont en vue. « On est enfin tranquille. » Et pour quelques heures encore. Juste le temps de se reposer un peu, avant de reprendre un rôle pour les caméras - ou pour, du moins, essayer de jouer au mieux le type à l'aise. « Stressé ? » Nos pas nous mènent dans un couloir qui débouche sur une immense salle où perce la lumière de la lune. « J'ai pas peur de l'avion. » Et si elle parlait du voyage en lui-même ? Et si elle parlait de notre escapade filmée ? Et si elle parlait de tout ça, et pas du fait de prendre l'avion ? Nous nous mettons dans la file d'attente. « Tu sais combien d'heures on va rester là-dedans ? Et tu crois qu'il y a un gros décalage horaire ? J'espère qu'on pourra choisir les activités qu'on voudra faire et qu'ils seront pas tous les jours sur notre dos. » Mes yeux retrouvent les siens. Stressée, elle l'est, visiblement. « Pardon je parle trop. » « Tout va bien. » Mon compteur est à trois "tout va bien", alors que nous en sommes probablement au même niveau de panique. « Il doit y avoir... Comme quatre heures de décalage ? Je ne suis pas bon en géographie. Mais je sais que ce n'est pas dans le bon sens. On va avoir de quoi dormir, dans l'avion. » Peut-être six heures, ou huit...
Je pose mon sac à dos dans un bac de fouille, fait de même avec celui de Molly. « Je pense qu'ils ont prévu des trucs pour nous, là-bas. Et probablement qu'ils ne nous filmeront que pendant ces temps-là. » Je n'en sais vraiment rien, en fait. Après plusieurs minutes d'attente et un passage sous les portiques plus tard, et sans nous arrêter au duty free, nous arrivons enfin devant les portes d'embarquement. La cérémonie aura au moins permis un léger retard qui a rétréci notre attente potentielle. « On va attendre là. Ils ne vont pas tarder à appeler les passagers. Normalement, il faut venir plus tôt. Mais avec le mariage... » Je repère, non loin, un couple qui vient certainement également de se marier. Ils sont facilement repérables, ainsi scotchés l'un à l'autre, à roucouler en jouant avec leurs alliances. Mes yeux retrouvent la mienne, anneau doré gravé du prénom de Molly et du mien, ainsi que de la date de notre union. Et les amoureux s'enlacent, non loin. « Mon dieu, que c'est cheesy. J'espère qu'ils ne seront pas à côté de nous dans l'avion. » Voilà que l'on nous appelle enfin, que le couple nous passe juste devant, comme si leurs mains étaient scellées par les liens du mariage. « Tu me suis ? » Sur nos billets, il y a nos noms - mon nom. Notre nom. |
| | | | (#)Dim 1 Mar 2020 - 19:25 | |
| Je regarde tout autour de moi, et je me rend compte que quand je m'accroche aux yeux de Léo j'arrive un peu à me calmer. Parce qu'il est rassurant, il est aussi stressé mais bien plus rassurant que je suis capable de l'être à cet instant. Mais je reste un peu en retrait, je ne voudrais pas me dire trop vite que je peux compter sur lui si ce n'est pas vrai. On se connait depuis moins d'une journée après tout. Alors elle souffle, elle essaie de respirer lentement en oubliant qu'elle va se retrouver enfermé pendant de longues heures dans un oiseau d'acier. « Wahou... » j'ai toujours été impressionnée par les gens qui voyageait partout dans le monde. Je souris, moi qui n'ai jamais eu le courage d'aller plus loin que les plages de Brisbane. J'espère que mon premier vrai voyage se passera bien, qu'on finira pas par se rendre compte qu'on se déteste. Je veux juste que ça se passe bien, qu'on continue d'apprendre à se connaître comme on le fait depuis quelques heures déjà.
Il me guide après chaque étape alors que je dois poser des questions qui paraissent bête. Mais je ne peux pas m'en empêcher, je ne peux pas simplement me taire alors que je panique à l'idée de monter dans cet avion pour rejoindre un lieu inconnu. « Je vais garder cette étiquette précieusement. » Je sais très bien que je suis capable de la perdre, je peux être tête en l'air de temps en temps. Souvent. Et sa remarque me fait rire, il détend l'atmosphère assez facilement. « T'es sûr de ça ? » Je le regarde, un sourire en coin et un sourcil levé. On reparle de ce trajet, on va certainement dormir. « On verra bien comment on finira par s'endormir ! » Et je souris en haussant les épaules, c'est possible que je m'endorme en moins de 5 minutes si je finis par sentir la fatigue arriver.
Il me fait encore rire, j'aime quand l'ambiance est détendue entre nous, mais toutes ces caméras et ces micros nous gênent encore. « Tu trouves que j'ai l'air d'une psychopathe ? » J'essaie d'avoir un air sérieux quelques secondes mais mon sourire refait rapidement surface. Je suis bien loin d'être une psychopathe. L'avion. On est tranquille, plus personne ne nous regarde. On redevient deux personnes normales, presque. Parce que d'habitude, on est censé se marier après avoir fait connaissance, pas avant. « Tout devrait bien se passer. » J'essaie de me rassurer aussi, il n'y a pas de raison que ça se passe mal. Aucune raison. Et je parle, beaucoup trop, un des signes que je suis terriblement anxieuse. Il s'y connait bien mieux que moi, alors je l'écoute, et je crois absolument tout ce qu'il me dit. « C'est mieux de dormir dans l'avion pour pouvoir découvrir l'endroit où on va être dès qu'on arrive je pense. » Oui je suis curieuse, je me demande si ça va être comme ce genre d'endroit qu'on ne voit qu'à la télévision, si c'est aussi idyllique que ça. « Je suis du genre à m'émerveiller pour tout et n'importe quoi, alors je vais certainement prendre des photos d'absolument tout ! » Je hoche la tête, j'espère juste qu'on va aimer cette destination.
« J'espère qu'on aura du temps hors caméra, qu'on arrivera à profiter de tout ça... » Parce que je vais put-être être différente si on est filmé, il le sera peut-être aussi et ce n'est pas ce que je veux. Je le suis et on s'assoit, il faut qu'on attende un peu avant de monter dans l'avion. « Je pense que la production avait prévu le coup, mais je me demande bien ce qui aurait pu se passer si on était arrivé en retard. » Je souris un peu, j'essaie encore de me calmer mais mes techniques ne marchent pas vraiment. Il me montre un couple marié, et je souris quand il me dit que c'est cheesy. « Oh non pitié pas 8 heures assise à côté de ce couple bien trop gnangnan. » J'aime les comédies romantiques, mais je n'aime pas les vivre, je préfère vivre des choses authentiques, et on dirait presque que ce couple veut juste montrer au monde entier qu'ils se sont mariés. « On pourrait peut-être les envoyer à notre place devant les caméras ! » Je ris légèrement, c'était absolument impossible mais je suis sûre que c'est le rêve de l'émission de former un couple de ce genre. Il se lève, c'est l'heure d'y aller. Il a les billets et j'attrape sa main sans qu'il ne me donne l'autorisation. Peut-être qu'il lâchera ma main, mais j'ai besoin d'un contact. Je m'accroche certainement un peu trop à lui mais là, j'en ai besoin. « Je te suis. » Et on avance.
On entre dans l'avion, je le suis, il a l'air de savoir où il va. C'est très petit, et je me demande bien comment je vais pouvoir rester assise sans bouger pendant autant de temps. « Tu veux t'asseoir à côté de la fenêtre ? C'est un hublot non ? » L'amateur des voyages est de retour. Je m'assois, ma main toujours logée dans celle de Léo. « Merci... » Merci d'être patient, de m'écouter, de me rassurer, et de pas être parti. |
| | | | (#)Dim 1 Mar 2020 - 21:19 | |
| Le sommeil, les étiquettes, notre périple à travers l'aéroport. Je ne sais plus bien comment tous les événements s'enchaînent. J'ai perdu le fil, alors que nous passons les portiques de sécurité sans encombres pour définitivement quitter l'équipe de production. « Tu trouves que j'ai l'air d'une psychopathe ? » Non. Vraiment pas. Mes yeux retrouvent les siens, alors qu'elle est incapable de garder son visage sérieux plus de cinq secondes. « Une psychopathe qui fait partie de la masse silencieuse, alors. C'est ceux qui ne tuent jamais personne mais qui deviennent des dictateurs. » Je hausse les sourcils en ricanant. Elle ne fait pas partie de cette masse là non plus. Nous avançons encore un peu dans le hall. « C'est mieux de dormir dans l'avion pour pouvoir découvrir l'endroit où on va être dès qu'on arrive je pense. » « Tu seras quand même claquée demain, t'en fais pas. » Et moi donc. Peut-être qu'ils ont prévu le coup, pour que la première journée ne soit consacrée qu'à lézarder au soleil. Nous n'aurons le programme qu'une fois arrivés, ça aussi c'est eux qui nous l'ont dit. « Je suis du genre à m'émerveiller pour tout et n'importe quoi, alors je vais certainement prendre des photos d'absolument tout ! » Au moins, nous serons deux. « T'es genre... une instagrammeuse ? » Parce que je n'ai pas eu le temps de la chercher sur les réseaux sociaux, avec tout ça. Mais en quoi est-ce que ça compte ?
« J'espère qu'on aura du temps hors caméra, qu'on arrivera à profiter de tout ça... » « T'en fais pas. Je suis certain qu'ils ont prévu le coup. » Parce que je sais que nous ne serons pas nous mêmes, filmés. Je sais comment elles se passent, leurs émissions. Ce qu'ils veulent, ce sont des sensations. Ils ne nous laisseront pas tranquilles tant qu'ils n'auront pas eu ce qu'ils veulent. Mais surtout, ils ne doivent pas nous contrarier : ça serait se mettre les mariés à dos, et ça flinguerait par ailleurs tout le processus. Nous avons au moins cette carte là en main. « Je pense que la production avait prévu le coup, mais je me demande bien ce qui aurait pu se passer si on était arrivé en retard. » On aurait pris le prochain avion, dormi dans le hall de l'aéroport avec sur le dos une production râleuse et paniquée. Voilà ce qu'il se serait passé. Et il y a ce couple, non loin. Eux, ils ont l'air d'avoir prévu leur mariage environ deux ans en avance. Vu comment ils sont scotchés l'un à l'autre, ils sont soit ivres ou soit hormonalement détraqués par la perspective du voyage de noces. « Oh non pitié pas 8 heures assise à côté de ce couple bien trop gnangnan. » Elle me fait rire, Molly. Je me demande soudain pourquoi elle s'est inscrite à une émission pareille, si elle râle, elle aussi, à propos des couples gnangnan. Est-ce qu'elle aussi, elle a quelqu'un à mettre derrière elle ? Est-ce qu'elle aussi, elle s'est inscrite pour de rire ? Juste pour vivre un truc pendant quelques semaines avant de retourner à sa petite vie pénarde ? Et au lieu de lui poser les questions qui me brûlent les lèvres, je bâille à m'en décrocher la mâchoire. « On pourrait peut-être les envoyer à notre place devant les caméras ! » « Si seulement. » Les voilà qui nous passent devant, alors que nous nous insérons dans la file d'attente. J'enjoins la jeune femme à me suivre et oh Molly. Sa main se glisse dans la mienne, un geste très naturel et qui me donne encore à sourire. « Je te suis. »
Nous ne nous lâchons pas d'un pouce - littéralement. J'attrape son sac pour le ranger dans les compartiments au dessus de nos têtes, toujours sans décrocher mes doigts des siens. Mon sac prend le même chemin. « Tu veux t'asseoir à côté de la fenêtre ? C'est un hublot non ? » « Toi vas-y. Ça sera beau, le lever de soleil depuis l'avion. » Je la laisse s'installer, me laisse tomber à mon tour dans mon siège. « Merci... » « Pas de problème. Mais je ne pilote pas l'avion, tu sais. » J'ai un petit rire, alors qu'autour de nous, tout le monde s'installe. Quelques longues minutes plus tard, l'avion s'élance doucement sur la piste. L'immense oiseau de métal vrombit, tremble un peu. Mon pouce passe par dessus la peau de l'index de Molly. « Qu'est-ce que tu fais, dans la vie ? Je ne t'ai même pas demandé. » Quel impoli. Mais au moins, ça la distraira un peu de tout le stress potentiel que peut représenter le décollage. « C'est toi qui t'es inscrite à l'émission ? Ou alors t'as été victime d'un mauvais coup de la part de ton entourage ? » Mes pensées vont à Charlie, à qui j'ai confié mes enfants - mes chats. Et alors que l'avion décolle, mes yeux se perdent vers ce territoire qui s'éloigne déjà.
Une parenthèse s'ouvre. |
| | | | (#)Dim 1 Mar 2020 - 23:29 | |
| On arrive à s'amuser un peu, à rire, et qu'est ce que ça fait de bien de sourire. « Je suis sûre que je peux faire un super dictateur tu crois pas ? » Je dois certainement être la personne la moins crédible pour ce rôle mais je m'en fiche, j'aime jouer, m'amuser avec lui. Je profite de chaque instant pendant lequel on stresse moins, quand on ne pense pas au mariage, quand j'arrive à ne plus sentir l'anneau qui entoure mon annuaire gauche pendant quelques minutes. « J'ai pas besoin de beaucoup dormir, mais je pense que t'as très certainement encore raison. » Je souris en replaçant une de mes mèches de cheveux derrière mon oreille, j'ai oublié d'enlever mon chignon. Et je commence à sentir les pince qui me font mal à la tête. Je vais devoir l'enlever. Je lui dis que je vais tout prendre en photo, c'était certain, pour garder des souvenirs de ce premier voyage. « Non je dirais pas ça... J'ai un compte instagram et je poste de temps en temps mais j'y affiche pas toute ma vie. Mais j'aime bien garder des photos des moments que j'aime pour les regarder quand j'en ai envie. T'es sur instagram toi aussi ? » Elle pourra aller voir ses photos, peut-être. Pourquoi pas. Même si je suis sûre qu'il est bien mieux en vrai que sur les photos.
J'espère vraiment de tout cœur qu'il a vraiment toujours raison, parce que j'espère bien qu'on sera tranquille de temps en temps. Sinon, si la production décide de toujours rester collée à nous, on pourra sûrement s'échapper. L'idée me fait sourire, je pense que c'est quelque chose qui pourrait lui plaire, mais je le garde pour moi pour le moment. « Je pense qu'on va passer de beaux moments. » Je lui souris, un sourire rassurant encore et je croise de nouveau son regard alors qu'on est assis. Je ne sais pas si je suis impatiente, je ne sais absolument pas ce que je dois faire, et heureusement que Léo est là pour m'accompagner. Je ne m'en serais jamais sortie sans lui, il m'aide à me calmer. « On dirait que c'est... surjoué. » Comme si ils avaient envie de prouver au monde entier qu'ils sont heureux. Ils le sont certainement et je suis contente pour eux, mais je ne sais pas, ça me paraît bizarre. « Il ressortirait moins bien que toi à l'écran j'en suis certaine ! » Une façon de dire que je le trouve beau, j'aurais pu trouver mieux. Mais j'ai pas réfléchi.
On est dans l'avion, j'ai pas lâché sa main et il ne l'a pas fait non plus. J'aime ce contact, il est rassurant. Je m'assieds côté hublot et je regarde. « Pas pour l'avion, merci juste d'être aussi gentil avec moi. » J'ai toujours peur de gêner, d'être de trop, de prendre trop de place, de parler un peu trop. Mais ça n'a pas l'air de le gêner, et ça me fait sourire. D'où mon merci que j'ai presque chuchoté. Il aurait pu ne pas m'entendre, se concentrer sur autre chose mais encore une fois il est là pour m'écouter. L'avion démarre, je sens qu'on part et je trouve la sensation plutôt agréable. Je souris, je suis rassurée, tout à l'air de se passer comme prévu. « Je suis vétérinaire au refuge de Brisbane, et pompier volontaire depuis quelques temps. Je t'ai dit que je courrais partout en général. » Et je ris un peu, ça peut faire peur à certaine personne quelqu'un de trop actif. « J'ai été au courant il y a une semaine à peu près que je devais me marier, c'est Sky qui m'a inscrite, ma meilleure amie. Et je me suis dit pourquoi pas le tenter, ce sera peut-être une bonne expérience. Et, me voilà, dans cet avion, avec toi... » Et absolument pas déçue après tout. Encore un peu effrayée, mais je suis assez heureuse que ce soit tombé sur Léo. « Et toi ? C'est une des filles qui étaient à la réception qui t'a inscrit ? Tu m'avais parlé de ta meilleur amie.. » Je me souviens de cette partie de conversation qu'on a eu dans la voiture. On avait atterri dans cette émission de la même manière. |
| | | | (#)Lun 2 Mar 2020 - 0:27 | |
| « Je suis sûre que je peux faire un super dictateur tu crois pas ? » « Oh, bah bien sûr. » De ce que j'ai vu d'elle, elle ferait le pire des dictateurs. Mais je ne la connais que depuis quelques heures. C'est terrifiant, amusant et profondément perturbant à la fois. « J'ai pas besoin de beaucoup dormir, mais je pense que t'as très certainement encore raison. » J'ai toujours raison, toujours raison. Elle l'apprendra bien assez vite. Elle parle photo, l'art de mon cœur, que je pratique si peu en comparaison du reste. « Non je dirais pas ça... J'ai un compte instagram et je poste de temps en temps mais j'y affiche pas toute ma vie. Mais j'aime bien garder des photos des moments que j'aime pour les regarder quand j'en ai envie. T'es sur instagram toi aussi ? » « Qui n'est pas sur instagram en 2020, hm ? » Je nous entraîne à travers l'aéroport. « Tu me trouveras si tu tapes leolelion. C'est du français. » Elle ne le sait pas encore, que je suis né au Québec.
Des moqueries envers un couple trop amoureux, des interrogations sur notre temps passé aux Philippines, et une fatigue très présente. J'alterne entre bâillements, regards dubitatifs du côté des amoureux transits et œillades à Molly, qui est beaucoup plus réveillée que je ne le suis. Elle porte encore son chignon. On la croirait presque tout juste sortie de la cérémonie, même si ses cheveux ne sont pas aussi bien coiffés que lorsque nous étions à la mairie. J'ai pris le temps d'observer sa coiffure dans la voiture, à la dérobée, comme si mes regards la rendait plus réelle. Peut-être que je ne l'ai pas assez observé, que nous n'avons pas échangé assez de regards pour que tout devienne étrange et gênant. Pour l'instant, nous sommes tout deux dans une espèce de bulle qui, je le crains, éclatera très bientôt.
Quand elle se rendra compte que je suis plus difficile à vivre, sur la durée. Lorsqu'elle s'apercevra que malgré mon côté sociable, je me lasse vite de la présence des gens, que j'ai besoin d'espace à des moments aléatoires de la journée, mais que j'ai aussi besoin de beaucoup d'attention le reste du temps. Quand elle comprendra que je garde difficilement mes amis, que ma seule tentative d'être en couple s'est soldée par des infidélités de ma part - et à répétition.
« Il ressortirait moins bien que toi à l'écran j'en suis certaine ! » Molly me tire de mes pensées, une nouvelle fois. Je crois déceler un compliment sous ses mots. Elle ne cesse de m'encourager, de se montrer très attentive. De faire preuve d'un soutien que je me sens incapable de lui rendre. Je ne sais pas comment réagir. Je n'ai plus de manière de la libérer, là, tout de suite. Pas de chaussures à jeter par la fenêtre de notre voiture. « Celle qui m'a casté pensait tout le contraire. Je crois qu'elle m'a trouvé arrogant. » Voilà, je maîtrise parfaitement l'art du détournement de l'attention. Mon regard se détourne du sien, cherche une information dont je n'ai pas besoin dans le décor. Tout est en ordre. Nous attendons patiemment notre tour d'embarquer, alors que le stress revient doucement s'installer dans mes veines. La main de Molly a au moins le mérite de me maintenir sur Terre - de me rappeler que nous sommes ici, là, dans le moment présent. Que rien ne doit nous tirer de cet instant là. On n'en a pas besoin. Tout est prévu, parfait. Tout se passera bien.
Nos doigts emmêlés, nous nous installons à nos places. « Pas pour l'avion, merci juste d'être aussi gentil avec moi. » « Ha. » C'est tout ce que je suis capable de dire, embarrassé, probablement un peu rouge. Je le sens, le rouge, qui grimpe à mes joues comme du lierre. « C'est gentil à toi de ne pas être une dictatrice. » Waouh. En matière de compliment, on a rarement fait pire. J'agrémente le tout d'un sourire maladroit, alors que l'avion se met en branle. Voilà que nous parlons à nouveau de nos occupations respectives, un truc qui se fait habituellement devant les caméras, mais que j'ai préféré ellipser. J'ai eu peur que nous n'ayons rien à nous dire une fois dans l'avion, je crois. J'ai eu tord. « Je suis vétérinaire au refuge de Brisbane, et pompier volontaire depuis quelques temps. Je t'ai dit que je courrais partout en général. » « Woaw. » Elle a un emploi du temps qui me paraît admirable, bien rangé et effectivement chargé. « J'adore les chats. J'ai adopté les miens au refuge. » J'espère qu'elle n'est pas allergique, il doit y avoir des poils de Machiavel partout sur les pulls que j'ai pu emporter avec moi. « J'ai été au courant il y a une semaine à peu près que je devais me marier, c'est Sky qui m'a inscrite, ma meilleure amie. Et je me suis dit pourquoi pas le tenter, ce sera peut-être une bonne expérience. Et, me voilà, dans cet avion, avec toi... » « Une semaine ? Ça a dû te faire drôle. » Et me voilà dans cet avion avec toi. « Et toi ? C'est une des filles qui étaient à la réception qui t'a inscrit ? Tu m'avais parlé de ta meilleur amie.. » « Charlie. La.. grande fausse blonde. » J'ai un petit sourire en repensant à elle. Elle me manque déjà. J'ai rarement été séparé d'elle longtemps, depuis ces dernières années. « Elle m'a inscrit pour se foutre de moi, je crois. » Parce que je dis toujours que l'engagement, ce n'est pas pour moi. Parce que je flippe de me poser. Parce que j'ai pris la fuite ou j'ai esquivé la conversation toutes les fois où ma mère m'a parlé de me marier. Parce que Clément et moi, ça n'a pas été une réussite comme on peut l'entendre. Molly est-elle obligée de savoir tout ça ? Pas tout de suite. Un autre jour. On a le temps.
Je bâille à nouveau, en détachant la ceinture de sécurité qui me scie le ventre. Ma main lâche doucement celle de Molly pour aller attraper notre paire de couvertures. Je les étend sur nos genoux. « Je crève de froid. C'est sûrement la fatigue. » Je n'ose pas remettre ma main dans la sienne. « Je peux t'aider à retirer les pinces, dans ton chignon. Ça sera plus confortable pour dormir. T'en dis quoi ? » De toute façon, je sais que je ne dormirai pas bien longtemps. J'ai le sommeil léger, surtout en période de stress. Surtout dans un avion. Mes yeux retrouvent ceux de Molly, perdus dans la nuit. Dans l'avion, on n'entend plus un bruit. Rien que nos murmures, et le froissement organique des couvertures que j'ai étendu sur nos jambes qui se frôlent, remplissant à merveille leur rôle de remplacement de nos mains autrefois liées. |
| | | | (#)Lun 2 Mar 2020 - 3:00 | |
| Je vois bien qu'il n'est absolument pas convaincu de mes capacités à devenir un dictateur connu dans le monde entier. Et je souris, je sais que je suis bien trop gentille pour qu'on puisse croire que je suis capable de faire une chose pareille. Et heureusement pour moi. On parle même d'instagram, j'aime bien instagram. Je poste de temps en temps des photos de moi ou des choses que j'aime. J'aime aussi bien prendre des photos mais je suis sûre que je ne suis pas très douée pour faire ça, comme pour le dessin. « Je crois qu'il y a encore des gens qui sont contre tout genre de réseau social ! » Je hoche la tête, mais ça n'a pas l'air d'être son cas, c'est pas mon cas non plus donc tout va bien. On pourra s'amuser à poster des photos sur instagram pendant notre séjour. Je m'amuserais peut-être même à mettre une photo de lui sur une plage allez savoir. « leolelion... Et ça veut dire quoi lelion. » J'essaie de bien le prononcer mais je ne suis pas sûre de bien le faire. « et ça veut dire quoi ? » Je n'ai jamais vraiment entendu de langues étrangères alors je m'intéresse. « Tu veux que je te donne le mien ? » Peut-être qu'il n'est pas intéressé, je veux pas qu'il se sente obligé non plus. Il n'est pas obligé de vouloir voir mes photos. J'essaie de lui faire un compliment mais ça sort mal, je suis pas vraiment douée avec ce genre de choses. « Je l'ai rencontré une seule fois, on a pas trop eu le temps de parler. » J'ai du mal à croire que quelqu'un puisse le trouver arrogant. « Je te connais pas bien encore, mais je me demande bien comment elle a pu te trouver arrogant. » Je n'ai pas vu toutes ses facettes, alors je préfère ne pas trop m'avancer.
Je le remercie, mais j'ai peut-être dit quelque chose qui n'allait pas, je me dis que j'aurais peut-être dû garder ça pour moi, je ne veux pas qu'il se sente embarrassé. « ça va normalement y'a pas de risque que j'en devienne une ! » Et je souris de nouveau. Il change de sujet, on arrive toujours à se rattraper aux branches et c'est rassurant, je respire, il n'a pas l'air de m'en vouloir. « C'est génial d'adopter des animaux dans les refuges ils en ont tellement besoin. C'est des boules d'amour qui demandent juste un peu d'affection. » Je hoche la tête, je suis vraiment passionnée par mon travail et ça me fait oublier l'avion quelques minutes. Ma main est toujours dans la sienne et je regarde nos doigts enlacés quelques secondes. « J'ai ramené 3 bébés chats non sevrés, j'ai dû leur donner le biberon pendant 1 mois avant de leur trouver une famille d'accueil. » J'aime tellement faire ça. Et on reparle aussi du mariage, « Oui c'était très rapide, j'ai pas vraiment eu le temps de réaliser. » Je pense que je n'ai toujours pas réalisé « Elles ont l'air adorable tes amies, protectrice, et je trouve ça très mignon ! » Je ne juge pas parce que Allie fait exactement la même chose. Elle aurait pu le terroriser mais il est encore là. « Oh elle devait peut-être penser que tu dirais non ! » Et je ris un peu, je préfère prendre ça à la rigolade.
Il lâche ma main Léo, et j'ai de suite bien plus froid. Mais il ramasse une couverture pour la mettre sur nos genoux. Je ne retourne pas chercher sa main, il a peut-être besoin d'espace et je le comprend totalement. Je ne l'obligerais à rien faire si il ne le veut pas. « On va vite s'endormir je pense. » Il me propose d'enlever mon chignon et je souris, lui aussi a remarqué que ça devait me gêner. « Oui merci ! » Je me tourne pour qu'il ai accès à mes cheveux. Je soupir de soulagement quand il enlève la dernière et que mes cheveux retombent en cascade sur mes épaules. « Je dois avoir les cheveux en bataille. » Et je tourne la tête vers lui pour croiser son regard.
Je regarde un peu l'extérieur et mes paupières deviennent lourde. Et je m'endors. Des heures plus tard je me réveille, ma tête est posée sur l'épaule de Léo et il a déjà les yeux ouvert. « Je crois que j'ai dormi tout le trajet. » J'ai un peu mal au cou, mais je regarde de nouveau par le hublot et vois un grand soleil. « On est accueilli par le beau temps. ». On nous dit de sortir, et qu'il y aura un nouveau trajet en avion d'un peu plus d'une heure. On refait les même passages et tout se passe bien. On continue de discuter tout le long du trajet jusqu'à ce qu'on arrive enfin sur la bonne île. J'avoue, je suis surexcitée. « Tu crois que je peux envoyer des textos d'ici ? Ou je vais payer cher ? » J'aurais peut-être dû me renseigner avant. Je fouille dans mes poches. « Et j'ai pas perdu mon étiquette pour la valise ! » Je souris, assez fière, avec tout ce trajet j'aurais pu la perdre des dizaines de fois. |
| | | | (#)Lun 2 Mar 2020 - 19:34 | |
| « Et ça veut dire quoi ? » Je m'improvise prof de français, un index pointé vers le ciel et le menton légèrement redressé. « The lion. C'est un surnom qu'on me donnait quand j'étais petit, à cause de mes cheveux. » Parce que je les ai toujours porté longs, mes cheveux. Ma crinière hirsute, je ne la couperais pour rien au monde. « Tu veux que je te donne le mien ? » « Volontiers. »
La Glitters nous suit jusque ici, au moins en pensée. Bien évidemment, qu'elle m'a trouvé arrogant. Je pensais pouvoir tenir ce rôle devant les caméras. Je me suis dégonflé. Peut-être qu'une fois reposé, lorsque je connaîtrai un peu mieux Molly, tout s'améliorera. « Je te connais pas bien encore, mais je me demande bien comment elle a pu te trouver arrogant. » J'ai un petit rire. « Tu sauras bien assez tôt. »
Elle sauve des chatons. C'est forcément une bonne personne. C'est ce que me dit mon instinct. Les mauvaises personnes et les dictateurs ne sauvent pas de chatons. Mes chats, je les ai récupéré dans un refuge, tous les deux. Avec quelques mois d'écart. Socrate est bien plus vieux que Machiavel. Elle les verra peut-être, un jour. La production nous a expliqué qu'après le voyage de noces, nous devions habiter l'un chez l'autre. C'est un truc que font les couples, d'emménager ensemble, évidemment. Mais ne parlons pas trop vite. Tout est encore trop informel. Molly aura peut-être envie de me tuer d'ici environ quarante-huit heures. Le mariage revient sur la table des discussions. « Elles ont l'air adorable tes amies, protectrice, et je trouve ça très mignon ! » « Je les aime beaucoup. » Charlie est tout ce qui peut se rapprocher d'une famille, pour moi. « Oh elle devait peut-être penser que tu dirais non ! » « Peut-être. » Je n'aurais pas dit non. J'aurais pris la fuite, ou je ne serais pas venu du tout.
Il y l'avion, notre véritable départ, nos pieds qui quittent vraiment l'Australie. Les couvertures sont étendues sur nos genoux et il n'y a plus nos mains l'une dans l'autre. « On va vite s'endormir je pense. » A ses mots, je bâille à m'en décrocher la mâchoire. Je me propose pour retirer les pinces qu'elle a dans les cheveux, m'exécute dès qu'elle m'a donné l'autorisation de le faire. C'est fou ce qu'ils peuvent faire tenir, là-dedans. « Eeeet voilà. » « Je dois avoir les cheveux en bataille. » « Pas du tout. » Juste un peu. Ok, beaucoup.
✵ « Je crois que j'ai dormi tout le trajet. » Elle a dormi tout le trajet. Moi, seulement par périodes. Sa tête était légère, sur mon épaule. Je n'ai pas osé la réveiller, pas même lorsque je me suis éveillé une heure avant elle et qu'il ne me restait qu'à contempler l'arrière du siège de devant. « On est accueilli par le beau temps. » J'opine du chef. Effectivement, le temps est splendide, même si le soleil vient probablement tout juste de se lever. Il est très tôt. Il y a peu d'heures de décalage, visiblement. Un passage dans un autre avion plus tard, et nous voilà arrivés sur les îles Palawan. « Tu crois que je peux envoyer des textos d'ici ? Ou je vais payer cher ? » « Alors là. » Je lutte contre mon envie de sortir le mien, contre mon envie de harceler Charlie de messages lui demandant des nouvelles de mes chats - et décrivant dans les moindres détails tout ce qui se trouve autour de nous. « Et j'ai pas perdu mon étiquette pour la valise ! » Je secoue doucement la tête, sourire aux lèvres, et l'entraîne du côté de la réception des valises. Après un passage sous les portiques de sécurité, nous nous plantons à côté du tapis roulant qui fait défiler nos biens. « Tu l'auras pas perdue, ta valise. Je suis sûr que tout ira bien et t'auras même pas besoin des étiquettes. » Enfin, presque sûr. « J'ai pris beaucoup de crème solaire, je suis certain que c'est ça qui pèse lourd dans la mienne, de valise. » Ou peut-être que ce sont mes carnets, ou alors mes livres. J'en ai emporté cinq, je n'ai pas su me décider. Mes yeux guettent le tapis, alors que nos valises ne sont pas encore en vue. « J'espère que la première journée sera chill, y'a pas moyen que j'aille faire de la plongée, je vais m'endormir dans l'eau. T'as déjà fait de la plongée ? » Bien sûr que je parle pour essayer d'oublier que les bagages se raréfient, sur le tapis. Et les nôtres n'apparaissent toujours pas.
Dé : Les valises sont-elles arrivées avec Molly et Léo, ou arriveront-t-elles avec un autre avion ? |
| | | ÂGE : des milliers d'années, mais je suis bien conservé. STATUT : marié au hasard. MÉTIER : occupé à pimenter vos vies, et à vous rendre fous (a). LOGEMENT : je vis constamment avec vous, dans vos têtes, dans vos esprits, et j'interviens de partout, dans vos relations, dans vos joies, vos peines. POSTS : 31460 POINTS : 350 TW IN RP : nc PETIT PLUS : personne ne sera épargné, c'est promis les chéris. AVATAR : je suis tout le monde. CRÉDITS : harley (avatar), in-love-with-movies (gif) DC : nc PSEUDO : le destin. INSCRIT LE : 15/12/2014 | (#)Lun 2 Mar 2020 - 19:34 | |
| Le membre ' Léo Ivywreath' a effectué l'action suivante : Lancer de dés
'dé action' : |
| | | | (#)Lun 2 Mar 2020 - 20:57 | |
| Finalement je suis plutôt à l'aise dans cet avion. Parce que je n'ai pas peur ou uniquement grâce à Léo qui a un véritable talent pour m'aider à me concentrer sur autre chose, je ne saurais vraiment le dire (même si tout le monde sait que c'est la deuxième option qui est vraie). On parle encore de tout et de rien, il y a toujours quelque chose à dire. « Un lion, c'est vrai que c'est plutôt bien trouvé ! » Et je souris en regardant ses cheveux. Il a vraiment de très beaux cheveux. De belles boucles noires, ils sont bien mieux sans les grains de riz. Je lui donne mon pseudo instagram, un grand sourire aux lèvres. « LyHeart, y'a pas vraiment d'histoire derrière le pseudo ! ». On parle de la production, et le nom de May ressort. May que j'ai trouvé assez gentille la seule fois où je l'ai vu. Mais qui a apparemment trouvé Léo arrogant. Je n'y crois pas vraiment, mais je me garde le temps de me faire mon propre avis. « ça se voit. » Je souris en resserrant sa main, parce que je trouve ça beau, parce que j'aime l'idée qu'il ai des personnes sur qui il peut vraiment compter parce que c'est très important. Quelques minutes plus tard je n'ai plus aucune pince dans les cheveux, ma coiffure doit être affreuse mais je m'en fiche, je suis bien plus à l'aise. Il me dit que je n'ai pas les cheveux en bataille, je fronce le nez, il n'est pas vraiment convainquant mais je pouffe de rire en essayant en vain d'arranger ça.
**
Je garde mon téléphone dans ma poche, je croise les doigts pour qu'on puisse trouver un coin avec un peu de wifi. Mais je verrai plus tard, elles pourront attendre encore un peu avant d'avoir de mes nouvelles. On doit d'abord retrouver nos valises. « Si elles apparaissent pas je pourrais plus jamais croire que tu as toujours raison ! » Je hoche la tête en croisant son regard. C'est sa réputation qui se joue là (pas du tout). « Tu crains le soleil ? » Parce qu'il a l'air d'y en avoir beaucoup sur l'île où on va. Je ne sais même plus vraiment ce que j'ai mis dans ma valise, je dois avoir des livres, et j'espère surtout que j'ai pas oublié mes lunettes de soleil. Je croise les doigts.
Je suis plus vraiment fatiguée, j'ai réussi à pas m'endormir pendant le deuxième trajet. « Tu crois qu'ils vont nous laisser tranquille lire et bronzer sur la plage ? » ça ce serait le rêve pour une première jour, tout ce dont j'aurais besoin. « Non jamais ! Je sens que je vais faire beaucoup de choses que j'ai jamais faite ici ! » Je souris en hochant la tête. « Et toi ? » J'essaie d'apercevoir une partie du paysage par les grandes fenêtres. Mais je ne vois rien d'autre que des avions. Tant pis, je vais sûrement devoir attendre un peu avant de profiter de la vue. Les valises, on a besoin de récupérer nos valises. Il n'y a quasiment plus personne autour des tapis roulants. « C'est à ce moment là qu'il faut commencer à paniquer ? » Je ris un peu. Et quelques minutes plus tard je vois nos deux valises qui arrivent enfin. « Victoiiiiiire ! » Et je récupère la mienne, prête à partir à l'aventure avec Léo. Pitié, faites que ça se passe bien. |
| | | | (#)Lun 2 Mar 2020 - 21:56 | |
| J'ai récupéré son instagram. Dès qu'il y aura du réseau, j'irai vérifier ma théorie selon laquelle Molly est une instagrameuse - ou le genre à poster des photos de chatons. « Si elles apparaissent pas je pourrais plus jamais croire que tu as toujours raison ! » J'inspire un grand coup, tente de garder un visage sérieux pour me montrer faussement exaspéré, mais ne parvient qu'à lui rendre un immense sourire. « Même quand j'ai tord j'ai raison, tu sais. » Nos valises n'arrivent pas. Je commence à m'imaginer les pires scénarios, qui vont de "elles arriveront dans le prochain avion, dans 48h" à "elles sont perdues et on ne les retrouvera jamais". « Tu crains le soleil ? » « T'as vu ma peau ? » Plus blanc que moi, tu meurs. C'est ce qu'on gagne, à fuir la plage et à rester enfermé soit à l'atelier, soit entre quatre murs, chez moi. « Je vais cuire comme un œuf. Et tu ne m'as pas encore entendu me plaindre. », que je ricane. Je me sais insupportable, dans ces cas là.
Le tapis se vide. Bientôt, nous sommes les seuls imbéciles à encore espérer l'arrivée des valises. « Tu crois qu'ils vont nous laisser tranquille lire et bronzer sur la plage ? » « Tu crois pas ? Moi je suis sûr qu'ils nous laisseront des temps libres. Pour qu'on puisse avoir notre espace, aussi. » Pour qu'on puisse avoir de quoi se connaître vraiment, loin des caméras, mais surtout pour nous laisser de l'espace à nous. Pour qu'on ne s'étouffe pas mutuellement. C'est ce que je redoute le plus. Et entre tout ça, les activités prévues par l'émission. Genre la plongée sous-marine. « Non jamais ! Je sens que je vais faire beaucoup de choses que j'ai jamais faite ici ! » C'est sûr. Un regard à la fenêtre m'indique que le temps est splendide. L'aéroport n'est pas très grand, et il doit encore rester un peu de trajet à faire en voiture avant d'arriver à bon port. L'endroit sera splendide, à n'en point douter. « Et toi ? » « Quelques fois. Pas beaucoup. J'ai plongé dans un lac, une fois. C'était terrifiant. » La plongée me donne un peu l'impression d'être enfermé, de ne pas pouvoir m'échapper. Je crois que c'est censé procurer l'effet inverse, mais...
« C'est à ce moment là qu'il faut commencer à paniquer ? » Non, pas de panique. J'ai déjà donné. « Elles vont arriver, elles vont arriver. » Je joue nerveusement avec la couture du tee-shirt blanc que je porte sur le dos. C'est peut-être un signe. L'île ne veut pas de nous.
Et enfin, la délivrance.
La coque noire de ma valise, marqué d'une ruban rouge à la poignée, s'avance sur le tapis. Elle est bien vite suivie du bagage de Molly. Je respire à nouveau, attendri par la précipitation avec laquelle Molly récupère son bien. « Victoiiiiiire ! » J'esquisse une petite danse de la joie avant de récupérer mon bagage. « J'étais à deux doigts de t'annoncer qu'on allait devoir vivre dans les mêmes fringues pour encore des heures. » L'enfer sur Terre. Nos valises en main, je tente de m'orienter dans l'aéroport - et ce n'est pas chose aisée. Avec mon sens de l'orientation proche du niveau zéro de la mer, nous nous perdons deux fois. Une autre équipe de production nous attend à la sortie de l'aéroport, où des caméras filment notre arrivée sur l'île. Une femme, pancarte "Molly & Léo Ivywreath" à la main, nous fait un grand sourire. Après nous avoir souhaité la bienvenue sur l'île, elle s'empresse de mettre nos bagages dans le coffre d'une voiture noire. Un dernier regard à l'aéroport, et nous voilà partis.
✵ « Woah. »
Mes yeux se posent partout, depuis que nous avons quitté la réception de l'hôtel, qui cachait la vue sur la plage. Tout le lieu s'étend dans une sorte de crique, retranchée contre la forêt. Les petites huttes, sur pilotis, s'alignent les unes à côté des autres au dessus d'une eau turquoise. Le tout est bordé d'un ponton, qui relie l'entrée de l'hôtel au reste du site... jusqu'à une plage de sable fin. Les caméras nous suivent, alors que nous sommes de nouveau équipés de micros. Je crois qu'il faut partir à la découverte de notre logis. Clé en main, je m'avance sur le ponton, le regard émerveillé. « Molly, t'as vu ? Ecoute ! » Je tends un index vers le ciel. L'air marin agite mes cheveux. On n'entend rien d'autre que le silence et le bruit des vagues. Une fois devant notre hutte, je m'écarte pour céder le passage à mon épouse, en lui tendant la clé. « A toi l'honneur. » C'est un vrai petit coin de paradis. |
| | | | (#)Lun 2 Mar 2020 - 23:12 | |
| On arrive enfin, et j'attends patiemment (pas si patiemment que ça en réalité) que ma valise arrive. Je les observe une par une et je finis par me rapprocher de Léo pour qu'on continue de parler. « ça doit être très pratique ! » Et je hoche la tête en riant. Il me parle de ce qu'il a dans sa valise quand moi je suis incapable de me souvenir de si j'ai pensé à mettre un maillot de bain. J'espère que oui. « Je suis pas très bronzée non plus ! Mais à mon avis, après quelques jours ici tout le monde va envier notre bronzage ! » Je hoche la tête, j'adorais bronzer sur les plages de Brisbane de temps en temps. Quand je travaillais pas encore au refuge. « Je suis sûre que j'arriverais à te supporter ! » Je supporte toujours tout le monde, et moi, je ne suis pas vraiment du genre à râler. Peut-être que ça changera un jour. Mes yeux font des allers-retour entre le tapis roulant et le sourire de Léo. Il a l'air un peu plus détendu, et je préfère le voir comme ça.
« C'est tout ce que j'espère, on aura besoin d'un peu de répit quand même. Et de notre espace, ça, c'est certain ! » Parce que moi aussi j'aime rester un peu seule de temps en temps, et j'espère qu'il ne le prendra pas mal. J'ai besoin de me poser en silence pour lire, ou juste regarder dans le vide pendant de longues minutes. Mais je n'en parle pas tout de suite, on aura tout le temps d'en discuter quand ça sera le moment. Et on parle des activités qu'ils auraient pu nous prévoir, et Léo pense à la plongée. J'adorerais plonger, ça doit être magnifique. Mais je suis terrifiée en même temps, parce qu'il m'arrive d'avoir peur des grands fonds. Une peur que je ne contrôle pas, et qui m'empêche d'ailleurs de me lancer pleinement dans le surf. Il faudrait que j'arrange ça, je n'ai pas vraiment envie de faire une crise de panique devant Léo si on se retrouve au milieu de l'océan. « Je veux bien te croire. J'ai un peu peur des fonds marins... » Un peu. A peine. Beaucoup.
Les valises arrivent et je souffle, c'est déjà une bonne chose de faite. Une angoisse en moins, et c'est bien. Parce que je continue d'essayer de savoir ce que j'aurais pu oublier dans cette fameuse valise. « Je pense que rien qu'en sortant de l'aéroport on va mourir de chaud. » Je regarde de nouveau l'extérieur, ce grand soleil est éblouissant. On va bien pouvoir profiter de cette journée, on a encore beaucoup de temps, c'est que le matin ici.
***
Je n'en crois pas mes yeux. C'est sublime, si différent que tout ce qu'on peut voir en Australie. J'ai dû prendre déjà une bonne vingtaine de photos. Je suis sans voix, et mon sourire doit arriver jusqu'à mes oreilles. Léo est attendrissant, je me surprends à sourire en le regardant observer tout le paysage. Il me dit d'écouter en pointant le ciel du doigt. Des oiseaux, le bruit des vagues, c'est parfait. Tout est absolument parfait. « Je crois qu'on va vraiment être tranquille ici ! » On avait besoin de calme, besoin de pouvoir s'isoler, et là c'est exactement ce qui nous faut. « Merci beaucoup ! » Je simule une révérence avant d'entrer dans la hutte et, encore une fois, je reste bouche bée. On se croirait dans un rêve. « C'est.... Wahou ! » Je m'avance un peu pour poser ma valise à côté du lit. « Je t'avais prévenu ! » deux signes qui forment un cœur au milieu du lit. Et des pétales de rose partout. Je me tourne, une terrasse, des transats, et un accès direct à la mer. « T'as vu ça ? On a accès direct à l'océan ! » Mes yeux brillent et je dois avoir l'air d'une enfant. « Tu crois qu'ils nous laisseraient aller se baigner ? » |
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