| The Duchenne smile | Ivyheart #4 |
| | (#)Ven 6 Mar 2020 - 12:24 | |
| Il me fait rire en parlant de se trémousser sur la piste de danse. Et je n'ai pas le temps de répondre que je suis embarquée sur la piste de danse. Je m'amuse, et je suis heureuse de voir qu'il finit pas se retrouver à côté de moi, et on essaie d'apprendre cette chorégraphie ensemble. J'arrive un peu à suivre, les pas ne sont pas si difficiles que ça à apprendre finalement, et je me mêle à la foule en restant à côté de Léo. Je profite au maximum et je le vois s'éloigner pour parler au cameramans quelques minutes. Puis il me ramène rapidement au bar, il a apparemment réussi à négocier un délais et mon sourire s'élargit un peu plus. « C'est déjà super, ils sont partis sans nous ! » Et on est tranquille, vraiment tranquille. Pas de caméras, personne qui nous dit quoi faire ou à quelle heure on doit aller se coucher. Son cocktail est vraiment bon, et je lui dis. Je pouffe de rire en voyant sa mine fière. « T'as gagné je compte bien te faire confiance pour les choix de mes cocktails ! » Et je hoche la tête en trempant de nouveau mes lèvres dans mon verre. Je manque de cracher le liquide que je viens de mettre dans ma bouche quand je l'entends répondre au sujet des chaussures. Je ris vraiment fort, j'aurais presque pu oublier le passage où il a jeté mes chaussures à travers la fenêtre. « C'est vrai que notre début de vie de mariés tourne autour de chaussures perdues ! » Je souris franchement, ça restera un très bon souvenir, quoi qu'il puisse se passer. « J'aurais peut-être dû en prendre plus dans ma valise au cas où je doive en perdre une tous les soirs ! » Parce qu'à ce rythme là je vais devoir me balader pieds nus dans 3 jours.
Et je perds Léo, je lâche sa main une seconde et il disparaît au milieu de la foule. Je panique, et je cherche absolument partout. Je fais le tour de la piste, du bar, et une dizaine de minutes plus tard je crois le reconnaître. Un mec avec des cheveux bouclé et une chemise blanche. J'étais tellement paniquée que j'ai même pas pris le temps de regarder son visage avant de le prendre dans mes bras. Et j'entends Léo en arrière plan. Oups. C'est pas Léo qui est en train de poser son bras sur mes épaules. Je me dégage et j'attrape la main de Léo pour qu'on s'éloigne. Je ne risque pas de la lâcher de sitôt. « C'est toi qui m'as fait peur ! » Je ne lui demande pas son avis et j'entoure mon deuxième bras autour de son cou avant de me reculer quelques secondes plus tard. « J'ai paniqué j'ai même pas regardé sa tête, j'aurais dû » Je souris un peu en regardant sa chemise. Je passe mes mains sur la tâche et je sens déjà le liquide coller à mes doigts. « Va falloir nettoyer ça si tu veux récupérer cette chemise ! » Je ne sais pas si il y tient. Je prend son téléphone, je copie son numéro et j'enregistre le mien dans son téléphone. « T'as le mien aussi ! Interdiction d'essayer de te débarrasser de moi en me perdant dans la foule ! » Et je ris un peu de nouveau, je l'ai retrouvé, je peux de nouveau respirer correctement. Il me demande si je veux rester ou rentrer. Je réfléchis en regardant vers la piste. « On peut toujours marcher un peu autour des maisons et rentrer après. » Mais comme ça ils s'éloignent un peu de la foule et continuent de visiter les alentours. Tant qu'ils ont la chance de ne pas être suivi par les caméras. « t'en penses quoi ? » |
| | | | (#)Ven 6 Mar 2020 - 17:48 | |
| « C'est vrai que notre début de vie de mariés tourne autour de chaussures perdues ! » Notre début de vie de mariés. Notre. A nous. Je déglutis, me perds dans mon cocktail sans oublier de sourire. C'est toujours aussi bizarre de l'évoquer. J'espère que ça ne le sera plus, bientôt. Que tout rentrera très tranquillement dans l'ordre. Elle se rendra probablement vite compte que je ne suis pas celui qu'il lui faut, que toute cette émission, c'est complètement bidon. On retournera chacun à notre vie. En attendant, autant profiter de ce voyage de noces. En attendant, juste. « J'aurais peut-être dû en prendre plus dans ma valise au cas où je doive en perdre une tous les soirs ! » « Promis, j'arrête de perdre tes chaussures. A ce rythme, on pourra presque lancer une chasse aux trésors. »
Et elle a disparu, Molly. Elle s'est évanouie dans la foule, cette foule qui m'a avalé et qui m'a perdu au milieu de nul part. Cet organisme vivant qui m'a transporté loin d'elle, sans que je ne puisse rien y faire, et ce malgré mes tentatives de la retrouver. Mais bientôt, lorsque je la retrouve au bras d'un autre brun, la panique cède sa place au soulagement. « C'est toi qui m'as fait peur ! » J'ai un petit rire alors qu'elle passe son bras autour de mon cou. « J'ai paniqué j'ai même pas regardé sa tête, j'aurais dû. » « C'est pas grave. Je vais me contenter de demander le divorce. », que je lance, le ton léger. Elle parle de la chemise, je pousse un soupir exaspéré. « Je m'en fiche, de cette chemise. Ça me fera une excuse pour la bazarder. » Elle est nulle. Blanche. Je les préfère colorées, mes fringues. Nous échangeons nos numéros, histoire de pouvoir nous retrouver mutuellement en cas de nouvelle perte de repères. « T'as le mien aussi ! Interdiction d'essayer de te débarrasser de moi en me perdant dans la foule ! » Ma bouche s'arrondit en un "o" parfait, outré au possible. « J'oserais pas ! » Et le pire, c'est que c'est vrai. Même pas pour plaisanter. Et je me dis que peut-être ferions-nous mieux de nous éloigner un peu, histoire de prendre une pause de cette foule qui nous étouffe un peu. « On peut toujours marcher un peu autour des maisons et rentrer après. » J'opine du chef, commence déjà à m'éloigner de la foule. « T'en penses quoi ? » « Ce que j'en pense ? On se tire, voilà ce que j'en pense. » Et j'attrape sa main.
Nous marchons quelques minutes, assez longtemps pour nous rapprocher de l'hôtel, dont nous apercevons la plage privée, au loin. La plage, et le tournant de la colline qui symbolise notre retraite loin de la civilisation. Ici, nous sommes encore dans le village. Plus loin, nous ne serons entourés que de nature. Et ensuite, plus rien que la forêt et l'océan. Les maisons sont retirées, enclavées. Le village, sur la colline, surplombe le coin de la plus splendide des façons. Lorsque nous ne finissons par entendre que les échos de la musique, que l'ombre s'est un peu plus faite autour de nous, je ralentis le pas. « C'est quoi que tu préfères, entre la nuit et le jour ? » Mes yeux se posent sur le reflet de la lune, dans les vagues, en contrebas. « Ils vont me détester, de t'avoir poser la question maintenant. Je pense qu'ils ne voudraient rater aucune interaction, pour l'émission. Les gens veulent savoir ce que ça fait, de se marier sur la base de données scientifiques. » Ils veulent savoir si c'est possible de tomber amoureux comme cela, juste parce que la science l'a choisi - mais ça, il n'est peut-être pas encore le moment d'en parler. Personne ne parle d'amour. Pas encore. Probablement jamais, si l'on venait à me demander mon avis. Toute cette émission, c'est de la poudre aux yeux. « Qu'est-ce que t'as pensé du questionnaire ? Tu sais, le truc avec... » Je me creuse les méninges, histoire de ressortir l'une des questions. Et puis, en imitant au mieux la voix d'une présentatrice télé ayant pris de l'hélium, je sors toutes les questions dont je peux me souvenir. « "Depuis quand êtes vous célibataires ?" "Avez-vous déjà été trompé ?" "Avez-vous déjà trompé quelqu'un ?" » La dernière s'échappe de mes lèvres alors que mon visage s'est fait caricaturalement menaçant. Sourcils froncés, poings écrasés sur les hanches, je m'efforce d'adopter au mieux les mimiques de la colère, avant de me fendre d'un rire. « Je te propose un jeu. On liste toutes celles dont on peut se rappeler et on se donne chacun une réponse par jour. Pas devant les caméras. » Avant qu'elle ne reprenne la parole, je lève un index vers le ciel. « Attention, dire "oui" ou "non" ça ne compte pas. » Si, ça comptera. Personne ne forcera personne. « Deal ? Puisque je te laisse l'honneur de commencer, tu n'as qu'à en choisir une et me donner ta réponse. Ensuite, je te donnerai la mienne. » |
| | | | (#)Ven 6 Mar 2020 - 19:14 | |
| J'ai perdu Léo pendant de très longues minutes, j'ai l'impression que je suis restée seule pendant des heures à le chercher à travers la foule. Mais après m'être trompée de mec bouclé je finis par le retrouver et je peux calmer mon angoisse en laissant ma main dans celle de Léo. « Non profites d'abord des vacances avant de dire que tu veux plus de moi ! » Je hoche la tête avec un sourire en coin. Je suis contente qu'on puisse en rire, qu'on ne prenne pas tout ça trop au sérieux. Et il a renversé son verre sur sa chemise blanche. J'essaie de trouver rapidement une solution mais il me dit qu'il se fiche de sa chemise alors je souris de nouveau. « Très bien, pas besoin de sauver la chemise alors ! » Et il me propose de partir, de s'éloigner de la foule pour commencer à rentrer. On a eu un peur tous les deux après s'être perdu, et je pense que c'est la bonne solution de s'éloigner un peu pour qu'on puisse rester vraiment tranquille. Et discuter. C'est encore lui qui le premier et que me tire par la main alors que je me met à rire. « J'espère que tu sais rentrer ! Je me souviens plus du tout du chemin. » Si on se fiait à moi, je pense qu'on pourrait finir par se perdre au beau milieu de la forêt pour plusieurs jours. Alors je me laisse guider en gardant sa main dans la mienne, je n'ai pas vraiment envie de la lâcher de toute manière.
On se rapproche de la maison, et je soupire un peu, j'aurais aimé que cette balade dure un peu plus longtemps. On entend encore la musique au loin, mais je me concentre sur le bruit des vagues. Et j'écoute sa question, qui est un peu étrange mais qui me donne à réfléchir. Je fronce les sourcils, une mimique que j'ai tout le temps quand je réfléchis vraiment. « Je crois que je préfère la nuit. » J'aime dessiner pendant la nuit, regarder les lumières de la ville quand je n'arrive pas à dormir, lire un livre sous une lampe de chevet. J'ai l'impression que le temps s'arrête quand le soleil se couche. Que je suis tranquille, dans mon monde, au calme. « Et toi ? » Il me dit qu'il ne devrait pas me poser de questions parce qu'il n'y a pas les caméras. « Je pense que les seuls moments où on arrivera à vraiment apprendre à se connaître, ça sera quand les caméras auront déserté. » Parce que je suis timide, je suis pudique, et je ne pense pas que je pourrais être aussi sincère seule avec lui que devant des caméras. Donc je profite de ce moment, encore un beau moment passé pendant la nuit. Et là, j'aimerais que le temps s'arrête pour de vrai, qu'on puisse s'asseoir sur la plage et discuter pendant des heures sans se soucier de l'heure à laquelle on doit se réveiller le lendemain. « Je trouve ça bizarre... D'utiliser des données scientifiques pour calculer l'amour. » Parce que je ne crois pas à ça, je ne pense pas que la science soit capable de prévoir qui peut aimer qui. Parce que les sentiments c'est censé être aléatoire. Mais j'ai quand même tenté cette expérience, c'est toujours bon à prendre non ?
Il me parle du questionnaire, questionnaire que j'ai rempli en moins de 15 minutes avec Sky quand elle m'a annoncé que j'allais participer à l'émission. Je fronce encore les sourcils pour essayer de me souvenir de ce que j'ai écrit et des questions auxquelles j'ai dû répondre. « C'était assez banal, des questions qui restent assez vague. Mais certaines réponses aident à connaître la personne qui a rempli le questionnaire. » Et je pouffe de rire en le voyant parler et imiter une autre personne. « Tu fais très bien la femme qui essaie d'engueuler les personnes qui trompent ! » Je ne fais pas partie de ce groupe de gens, de ceux qui trompent, par contre je fais partie du groupe des trompés à plusieurs reprises. « Ok vendu. » J'accepte le jeu, il va nous tenir un bon bout de temps je pense. « Ok on détaille les réponses, et comme ça on apprend à se connaître. » Je hoche la tête en souriant, je trouve que c'est une très très bonne idée. Je réfléchis. Et je me souviens qu'une question m'avait fait sourire. « Ton parfum de glace préféré ? » Je me tourne vers lui en continuant de marcher dans le sable. « Moi je dirais que c'est celle au chocolat, c'est classique. Mais j'adore goûté pleins de nouveaux goûts. Je m'amuse souvent à tester des mélanges et des goûts un peu fou ! » Je pense que je dois encore avoir l'air d'une enfant, mes occupations ne sont pas vraiment très intéressantes pour la plupart des gens, mais moi, ça m'amuse. |
| | | | (#)Dim 8 Mar 2020 - 17:01 | |
| « J'espère que tu sais rentrer ! Je me souviens plus du tout du chemin. » Elle apprendra bien vite que je pourrais me perdre dans mon propre immeuble, qu'il m'est normal de me perdre sur le chemin qui mène à l'Université - alors que je m'y rends plusieurs fois par semaine.
Le chemin vers notre résidence de rêve est très tranquille. Bien qu'éloigné du village, l'hôtel n'est pas si loin. Quelques dizaines de minutes à pieds, tout au plus. Tranquille. J'en profite pour lui faire passer un questionnaire qu'ils - les gens de l'émission - tueraient peut-être pour avoir dans l’œil des caméras. C'est un truc qu'on est censés faire devant les yeux des spectateurs, se découvrir. Peut-être qu'ils ne nous laisseront plus tranquilles, ensuite. Lorsque nous auront passé le cap "habituation", nous n'aurons plus de trêve. « Je crois que je préfère la nuit. » Mes lèvres s'étirent en un petit sourire, mais sa réponse me surprend. Je lui aurais attribué le jour, elle que je trouve si lumineuse. « Et toi ? » « La nuit, aussi. C'est plus créatif. » Plus festif. Comme un monde à part, avant de retourner dans le vrai monde du jour. Me vient alors l'idée de lui rappeler ce questionnaire qu'elle a dû, elle aussi, remplir pour le bien de l'émission. Ce questionnaire et ses questions idiotes, qui ne trouvaient pas grand sens à mes yeux. Bien sûr que les gens vont répondre de façon similaire à ces questions, il y a si peu de possibilités de réponses ! J'appelle cela de la manipulation dissimulée, un faux dilemme. Evidemment que nous sommes compatibles, si nous ne pouvons pas répondre grand chose d'autre que ce qui nous lance sur les rails de l'évident résultat. « Je pense que les seuls moments où on arrivera à vraiment apprendre à se connaître, ça sera quand les caméras auront déserté. » « Profite bien. Cela ne va pas durer. » Non. Bientôt, nous serons épiés tout le temps. Et je doute qu'ils nous laissent sortir ainsi tous les soirs. « Mais c'est pour ça qu'on a signé, pas vrai ? », que je ricane en jetant un regard à Molly. Pour ça, oui. « Je trouve ça bizarre... D'utiliser des données scientifiques pour calculer l'amour. » « Moi j'ai de gros doutes sur ce qu'ils appellent "scientifique". C'est... Ça me semble un peu gros. Mais pourquoi pas, mmh ? Peut-être que dans trente ans, quand le monde aura été victime d'une catastrophe nucléaire, il faudra que les gens ne se marient plus qu'en fonction de leur compatibilité, pour que le gouvernement soit sûr et certain que des bébés naissent. Pour le futur de l'Humanité, blablabla. » Ça pourrait faire un bon scénario de film.
« C'était assez banal, des questions qui restent assez vague. Mais certaines réponses aident à connaître la personne qui a rempli le questionnaire. » Je hausse les épaules. « M'ouais. » Mais mon imitation lui a plu. Alors, me voilà comblé. Ce questionnaire aura au moins servi à nous faire rire. « Tu fais très bien la femme qui essaie d'engueuler les personnes qui trompent ! » D'un mouvement caricatural, je m'incline très bas, puis reprends la marche. Et la voilà qui accepte mon jeu. « Ok on détaille les réponses, et comme ça on apprend à se connaître. » « Promesse du petit doigt ? » Et je lui tends le petit doigt de la main droite, pour sceller notre accord.
Nous voilà lancés pour la première question. « Ton parfum de glace préféré ? » J'éclate de rire. Elle est vraiment mignonne, avec ses questions tranquilles. « Moi je dirais que c'est celle au chocolat, c'est classique. Mais j'adore goûté pleins de nouveaux goûts. Je m'amuse souvent à tester des mélanges et des goûts un peu fou ! » « Des goûts un peu fous. », que je répète. Elle hurlerait probablement au scandale, si je soulignais combien elle me semble douce, pure, rêveuse, elle qui n'avait jamais goûté à l'alcool avant... moins d'un an auparavant. « Moi c'est spéculos. » Sans aucune hésitation. « Parmi toutes les questions possibles, tu as choisi celle de la glace. » Mes yeux se plantent dans les siens, et je me fends à nouveau d'un rire. « Mais ok, je vois, tu gardes les pires questions pour la fin, pas vrai ? Je ne serai pas aussi gentil avec toi quand ça sera à mon tour de t'interroger. » Je débat avec moi-même juste là, pour savoir à quelle question elle aura droite, dès demain. « Pourquoi t'as dit oui, au mariage ? Si t'y crois pas. T'as pas le droit de répondre que c'était pour le voyage gratuit, ça c'est ma raison à moi. » Ma voix, sur la dernière phrase, se gonfle de malice. Nous avons encore un peu de temps avant de rentrer. Autant le mettre à profit. |
| | | | (#)Lun 9 Mar 2020 - 15:29 | |
| La discussion est fluide, le sujet est intéressant et j'aime réfléchir à ce que je peux bien répondre. On est encore d'accord sur nos préférences, et ça ne m'étonne pas de Léo. Je pensais vraiment qu'il préférait aussi la nuit au jour, il avait l'air dans son élément sous la lumière de la lune et au milieu de la foule et de la fête. Il avait l'air d'aimer être là. Mais moi j'aime le côté calme de la nuit. C'est peut-être sur ce point là qu'on est un peu différent. « Je m'en doutais. T'aimes faire la fête ? » J'ai pas envie que cette conversation ne s'arrête. J'aime apprendre à le connaître vraiment, Sans qu'on nous guide et qu'on nous donne des conseils sur ce qu'on doit faire pour que tout se passe bien. Je baisse les yeux et regarde mes pieds pendant quelques longues secondes quand on parle du fait qu'on ne sait pas si on va avoir du temps libre de nouveau. Je soupire un peu, et je profite à fond de ce moment. « Oui certainement. » Ils savent ce qu'ils font dans ce genre d'émissions, et ils ne disent pas que les caméras voudront épier chacun de nos mouvements à n'importe quelle heure de la nuit ou du jour. Mais on a signé, et on est là, donc on a pas d'autre choix que l'accepter. J'ouvre grand les yeux en tournant la tête vers Léo et tout son scénario me fait rire. « Ce serait tellement triste que le monde en arrive là ! » Je hoche la tête, ne plus pouvoir choisir qui on peut aimer ou non, ce serait un vrai drame à mon sens. « Tu fais un très bon scénariste de films catastrophes ! » Et je souris de nouveau en le bousculant légèrement par l'épaule.
« Pourquoi t'as continué l'expérience si tu y crois si peu ? » Il n'y a pas de jugement dans ma voix, parce que moi même je sais pas pourquoi j'ai continué. J'ai juste voulu tenter l'expérience, un nouveau départ peut-être ? J'en ai aucune idée, et pour le moment je ne regrette pas d'être ici. On parle de ce jeu dont Léo a eu l'idée, se poser une question par jour tant qu'on se rappelle des questions sur les questionnaires. Il tend son petit doigt quand je lui dis que je suis d'accord avec cette idée. « Promesse du petit doigt. » Je croise nos doigts ensemble et j'ai un sourire attendri. Je tiens toujours mes promesses. Toujours.
Je choisis la question qui m'a faite le plus rire, la question sur les glaces. Goûter des glaces, ça peut être exactement le genre d'activités que j'aurais pu faire à Brisbane avec Ginny. Alors c'est la première chose qui m'est venu en tête. Et c'est une question bien plus facile que : Où vous vous voyez dans 10 ans ? Il a l'air amusé lui aussi par ce que j'ai choisi. « T'aurais préféré que j'en trouve une autre ? » Je voulais qu'on garde cette ambiance douce et légère. Et je suis sûre que cette question lui a plu à lui aussi. « J'attends que ce soit ton tour impatiemment alors. » Je croise de nouveau son regard, je me demande bien quelle question il veut me poser. « Je trouve que c'est très personnel de parler de goûts de glace. Presque plus que de te demander si tu veux des enfants ! » Je hoche la tête, mais je n'arrive toujours pas à être sérieuse. Je pouffe de rire toute seule parce qu'il va bien vite se rendre compte que je raconte n'importe quoi. Et sa question à lui est bien plus sérieuse, donc je prends quelques minutes pour réfléchir. « J'ai pas dit que je croyais pas au mariage. » Je crois en l'amour, et j'ai toujours voulu me dire que je trouverais une personne avec laquelle j'aimerais passer ma vie. « Je sais pas vraiment pourquoi j'ai accepté, je me suis dit pourquoi pas ? C'est quelque chose qui se tente, rien ne dit qu'on va pas avoir une bonne surprise. Alors pour une fois, je laisse la vie faire, et je prends un peu de temps pour moi. Je crois que c'est la chose la plus folle que j'ai jamais faite ! » Et je souris un peu en regardant Léo. « Mais le voyage gratuit reste la meilleure des raisons. » |
| | | | (#)Lun 9 Mar 2020 - 19:29 | |
| « Je m'en doutais. T'aimes faire la fête ? » « Un peu. » Un peu ? Si je le pouvais, je passerais mes nuits en soirée, la musique dans la cœur et la tête à l'envers. Et puis, tout le jour en quarantaine replié dans mon appartement, à n'entendre ni ne voir personne. J'ai besoin de l'un et de l'autre, je crois. Étouffé par le monde, puis noyé dans le silence. « Pas toi. » Et ce n'est pas une question; plutôt une affirmation. Je sens que nous sommes différents, sur ce point là. Peut-être est-elle de la team apéro sans alcool, et puis au lit tôt. Pas de boîtes de nuit. Pas de pistes de danse.
Elle m'a fait rire, à prendre le monde en pitié, à me trouver défaitiste. A me trouver auteur talentueux de films catastrophes, aussi. J'en suis presque flatté. Et je ne sais plus comment vrille la discussion, comment nous en revenons au mariage alors qu'il n'y a même pas de caméras. Alors qu'on peut enfin se découvrir en mettant de côté le cadre de cette émission. « Pourquoi t'as continué l'expérience si tu y crois si peu ? » Je hausse les épaules. « Parce que fuir, c'est bon pour les robinets. », que je lui rappelle en appuyant mes propos d'un clin d’œil. Elle n'aura pas de réponse à sa question. Pas maintenant. Elle ne saura pas pour mes envies de m'évader un peu de Brisbane, la grande dame qui m'étouffe. Elle ne saura pas pour ces lieux que je veux éviter, dont je veux me séparer un peu. Pas maintenant. Et elle ne saura pas non plus que moi-même je ne sais pas, ce que je fais ici. Que chaque seconde à l'arrière de ma tête tourne un "j'ai rien à foutre avec elle bordel" constant, comme une tâche en fond d'un ordinateur qui rame. Elle accepte, malgré tout, de faire la promesse du petit doigt pour cette histoire de question réponse, et moi je ne peux que m'en réjouir. Il me faut quelques secondes pour enfin lâcher son auriculaire, lorsque enfin la promesse est scellée.
Et elle me sidère, Molly, à choisir la question des glaces. Je me préparais mentalement à répondre à la plus difficile de toutes - celle sur les enfants. Et la voilà qui me parle des glaces. « T'aurais préféré que j'en trouve une autre ? » Mes boucles se balancent de droite à gauche alors que mes yeux s'arrondissent d'une frayeur feinte. Mais je ne serai pas aussi tendre avec elle, qui me demande mon parfum de glace. Quoique. « J'attends que ce soit ton tour impatiemment alors. » « Tu devrais avoir peur, au contraire. » Menteur. Je ne la mettrai pas dans l'embarras - pas volontairement, du moins, mais je connais ma propension à la maladresse. « Je trouve que c'est très personnel de parler de goûts de glace. Presque plus que de te demander si tu veux des enfants ! » Je déglutis, tente un sourire crispé. La question des enfants me terrifie. C'est déjà beaucoup, de se marier, non ? Ne peut-on pas en rester à cette problématique là, pour l'instant, pour toujours même et à jamais aussi ? Cette idée de mariage, j'ai déjà du mal à la gérer, même si Molly rend les choses aussi douces que possible. Elle est patiente, Molly. Je crois que nous évoluons plutôt au même rythme, mais j'ai peur de ses attentes. J'ai peur qu'elle soit beaucoup plus pleine d'espoir que je ne le suis. « J'ai pas dit que je croyais pas au mariage. » Ha, nous y sommes. « Je sais pas vraiment pourquoi j'ai accepté, je me suis dit pourquoi pas ? C'est quelque chose qui se tente, rien ne dit qu'on va pas avoir une bonne surprise. Alors pour une fois, je laisse la vie faire, et je prends un peu de temps pour moi. Je crois que c'est la chose la plus folle que j'ai jamais faite ! » C'est peut-être une aventureuse de l'âme, Molly. J'aime bien l'écouter parler de toutes les petites choses qu'elle définit comme "folles". Ses parfums de glace, et maintenant ça. Entre les deux, il y a un fossé. « Mais le voyage gratuit reste la meilleure des raisons. » Son sourire fait naître un rire, et je porte mes mains à mon cœur, faussement blessé. « Mon ego est détruit, merci bien. » Lorsque mes mains retrouvent mes poches, je viens marcher dos à notre direction, à reculons, face à elle. « C'est bien de prendre du temps pour soi. J'approuve l'idée. C'est qu'une bague, après tout, mmh ? » Peut-être que la dernière phrase était de trop. Peut-être que pour elle, ça veut dire plus que juste une bague et quelques mots dits devant un parterre d'invités.
✵ La porte de notre petite hutte s'ouvre doucement sur le corridor, auquel est rattaché notre salon. « Wow. » Mes yeux se posent tout de suite sur les pétales, qu'ils ont à nouveau jeté partout. Parce que c'est notre lune de miel. Au pied du lit, sur un joli plateau, se trouvent des gâteaux et un seau à champagne rempli de glace, avec une jolie bouteille à l'intérieur et deux coupes allongées à côté du tout. Je viens attraper la bouteille, dont je lis distraitement l'étiquette, avant de l'ouvrir et de me tourner brusquement vers Molly... que j'arrose de champagne en riant, un pouce à moitié posé sur le goulot. « Vive la mariée ! », que je hurle avant d'arrêter de jouer à l'idiot. « J'ai ruiné ta robe. Mais avec du champagne. C'est cool, non ? » Non. Probablement pas. |
| | | | (#)Lun 9 Mar 2020 - 21:15 | |
| Il aime faire la fête, et ça ne m'étonne pas. Moi je n'ai juste pas vraiment eu l'occasion de sortir beaucoup, ni l'envie. J'étais plus du genre à me caler devant mes livres ou une série jusqu'à 4h du matin sans personne pour m'embêter. Il l'a vu lui aussi. « ça se voit tant que ça ? » Même si je ne dirais pas que faire la fête n'est pas mon truc. C'est juste que j'ai toujours préféré rester seule, et que je n'ai jamais eu beaucoup d'amis avant d'arriver à Brisbane et commencer mes études. Mais je ne vais pas l'embêter avec toutes ces histoires qui me semblent ennuyante, ma vie n'est pas vraiment palpitante.
Il évite la question, il ne donne pas de réponse. Mais sa phrase me fait rire, parce que, encore une fois, ça me rappel un bon moment. Un moment à nous. Une phrase à nous. « Et on est pas des robinets. » Je hoche la tête en riant de nouveau. Je sens que ça va rester, qu'on va se souvenir de ça pendant un petit bout de temps. Mais il ne veut pas parler Léo, et je l'accepte. Parce que je veux qu'il se sente à l'aise, je ne veux pas l'obliger à dire quoi que ce soit. Alors on marche un peu, sans plus que le bruit des vagues et le sourire ancré sur mon visage. Ce jeu des questions promet d'être amusant, « Je devrais avoir peur de toi ? » Je hoche un sourcil, parce que je sais que non. Bien évidemment que je n'ai pas peur de lui, et heureusement. Et je n'ai pas peur des questions qu'il va bien pouvoir me poser. Parce que ça ne me dérange pas de répondre, j'aime pas mentir, et je préfère être honnête, toujours. Et il doit le voir Léo quand je réponds à sa question, à pourquoi je suis ici, avec lui, alors qu'on ne se connaissait pas il y a encore 2 jours. Il me fait une mine faussement blessée en me disant que j'ai détruit son ego. « C'est toi qui a détruit le mien en premier je te rappel. » Et je hoche la tête en regardant mes pieds s'enfoncer dans le sable. Je suis contente qu'on soit sur la même longueur d'onde, et qu'on ait pas forcément envie d'accepter que tout ça soit si officiel et si réel. « C'est la meilleure manière d'apprendre à se connaître ! C'est qu'une bague et un papier ! » Je lui souris, rassurante. Parce que, même si je trouve que le mariage est important, on a besoin d'apprendre à se connaître, et on a pas besoin de plus de pression. Les caméras et la production sont déjà bien assez présent pour nous rappeler tous les jours qu'on a dit oui.
***
La hutte est toujours aussi belle, Et il y a de nouveaux pétales éparpillés un peu partout, et une bouteille de champagne est apparemment apparue au milieu de la chambre. Je regarde un peu autour de moi et j'enlève chaussures. « Je crois qu'on va dire Wahou à chaque fois qu'on va rentrer ici. » Je le vois se pencher sur la petite table et sortir la bouteille de champagne. En moins d'une minute il ouvre la bouteille et la secoue pour m'asperger d'alcool. Je crie de surprise avant d'hurler de rire. Je suis trempée. La robe me colle et je sens le champagne. Je vais pouvoir repasser à la douche mais ça me fait rire. Il s'amuse et ça m'amuse ça aussi. « Vive le marié aussi je suppose ? T'as de la chance que j'ai pas de bouteille à proximité sinon t'aurais eu le droit au même sort ! » J'essaie de décoller ma robe, en vain. Elle est certainement fichue mais je m'en fiche. « Si tu ruines mes vêtements et mes chaussures je sais pas comment je vais tenir pendant ces 2 semaines ! » Même si finalement, les chaussures que j'avais ce soir sont restées à mes pieds pendant toute la soirée. Je me rapproche doucement de Léo, je touche mes cheveux, eux aussi sont trempés. Je l'enlace rapidement pour que lui aussi sente le champagne. Je m'écarte et sa chemise aussi est trempée maintenant. « Vive le marié ? » Et je m'attache les cheveux. « Je vais devoir retourner me doucher si je veux pas sentir l'alcool jusqu'à la fin du séjour. » et je ris de nouveau en secouant la tête pour que des gouttes d'alcool tombent sur Léo. |
| | | | (#)Mar 10 Mar 2020 - 7:40 | |
| « Je devrais avoir peur de toi ? » « Précisément. » Non. Je ne la mettrai pas dans l'embarras. Ou alors, juste pour plaisanter un peu, elle qui n'a pas l'air si familière que moi au monde de la nuit, elle qui semble innocente et admirative du monde. Mais elle ne sait pas combien elle me rassure, Molly, avec son sourire; à confirmer combien le mariage ne sont qu'une bague et un morceau de papier. Elle ne sait pas combien toute mon âme vient de soupirer de soulagement, alors que j'ai été à peine plus clair sur l'état émotionnel dans lequel je me trouve - et alors que j'ai encore envie de me tirer en courant. Juste un peu moins que lorsque nous étions dans la même pièce, en train de se dire oui.
✵ Sa robe, j'espère que Molly n'y tient pas trop, parce qu'on pourrait désormais en extraire une demi bouteille de champagne en l'essorant un peu. Le corridor de notre hutte sentira le champagne jusqu'au prochain passage du personnel, qui nous maudira intérieurement entre deux faux sourires. « Vive le marié aussi je suppose ? T'as de la chance que j'ai pas de bouteille à proximité sinon t'aurais eu le droit au même sort ! » « Quel dommage. », que je raille en nous servant deux flûtes de champagne. « Si tu ruines mes vêtements et mes chaussures je sais pas comment je vais tenir pendant ces 2 semaines ! » « J'te prêterai ma chemise blanche. Ha, non, celle-là aussi elle est ruinée. » Et elle se rapproche, Molly, elle m'enlace alors qu'elle sent le champagne. « Vive le marié ? » « Ma chemise sent désormais le mojito et le champagne. Merveilleux. » Mais vive le marié aussi. Le marié qui a oublié qu'il porte son alliance, le marié qui s'effraie de la voir déjà comme un élément du décor, le marié qui sent malgré tout sa gorge se nouer quand il pense à l'avenir de toute cette histoire. Le marié qui flippe que tout ça évolue trop vite contre son avis fondé sur la question, et qui a quand même un peu envie d'aller se réfugier sous sa couette, dans son appartement, comme si rien n'avait jamais changé. Mais rien ne change, pas vrai ? Ce n'est qu'un bout de papier. Ce n'est qu'une bague idiote. Et alors que Molly file se doucher, je me déteste d'avoir de nouveau envie de prendre le prochain avion.
✵
Huitième jour. Ils doivent s'ennuyer, avec nous, les types qui nous suivent. Ils ne filment que deux gosses qui s'amusent, qui passent leur temps à s'échanger des bêtises et à rire comme des pré-pubères. Molly et moi, on semble avoir oublié l'aspect « mariage » du truc, qui inclut probablement les baisers, les mains l'une dans l'autre et les regards amoureux. Probablement qu'ils passeront plus de temps à diffuser les images des autres couples que les nôtres et que leurs psychologues doivent être en passe d'être renvoyés, pour n'avoir formé non pas un couple qui passera bien à l'écran et fera couiner la ménagère mais un tandem d'emmerdeurs. Nous sommes le huitième jour, et nos journées rythmées par les activités qu'offre cette île ont forgé notre habitude à passer devant la caméra. Elles font presque partie du décor, désormais. Presque. Même si je n'arrive pas à faire comme si elle n'était pas là, j'ai un peu moins de mal à discuter avec Molly devant l'équipe qui nous accompagne. Ce n'est toujours pas fluide, mais je m'améliore.
Après la plongée, les randonnées et les visites, nous voilà lâchés sur une petite rivière qui traverse la forêt à côté de l'hôtel. L'endroit est splendide, l'eau est claire. Il ne nous faut pas longtemps avant de ne plus du tout voir ou entendre la mer. La forêt nous entoure bientôt, à mesure que la rivière devient plus étroite. « C'est fou ce que les paysages changent en un rien de temps. » Parce que nous ne devons pas être si éloignés que cela des huttes, voilà un peu plus d'une heure que nous sommes partis. Mes yeux repèrent, sur les bords, des sentiers de promenade. Assis derrière Molly dans notre canoë, je m'amuse à l'arroser alors que le courant gagne en intensité, comme rejoint par un autre bras de rivière. Et bientôt, nous apercevons le carrefour, alors que l'autre bras d'où vient l'eau qui roule sur les rochers s'enfonce dans la forêt. « T'entends ? Je suis certain d'entendre une cascade. » Mes yeux se tournent doucement vers la source du bruit de fond, qui se trouve probablement non loin en amont du bras de rivière que nous croisons et qui accélère un peu la vitesse de notre canoë.
L'équipe, par miracle – c'est horrible, je suis horrible – se voit embarquée par la vitesse du courant, alors que Molly et moi freinons admirablement la course de notre embarcation. « On vous retrouve plus loin ! La rivière tourne, on vous attend après le tournant ! » « Ne vous noyez pas ! », que je leur lance, hilare, alors que leur embarcation s'éloigne doucement de la notre, coincée sur un rocher. Nous avons avec nous une petite caméra embarquée, attachée à la proue de notre navire – oui, je me la joue pirate des rivières – sur laquelle je jette malencontreusement un tee-shirt trempé. « Molly. » Je pose la pagaie, me penche en avant. « On n'est pas loin de l'hôtel. Y'a des sentiers de balade. Demain on prend un pique-nique et on se tire. J'en ai marre de les avoir sur le dos. » Ma patience est à bout, j'ai besoin d'une pause, aussi courte soit-elle. « Demain c'est aprèm' sur la plage, tu ne rateras pas les animaux trop mignons, promis. » Et je ricane en décollant d'un coup de pagaie notre embarcation du rocher sur lequel nous sommes plantés. Alors que l'eau nous fait faire un tête à queue au milieu des remous et avant que nous ne passions le tournant, je lui tends mon petit doigt, symbole de notre alliance désormais secrète. « Si tu cafte à propos de notre échappée, je dis à l'Australie entière que tu ronfles la nuit. » Mais ici, je dors tellement bien que même si c'était vrai, il me serait impossible de m'en rendre compte. |
| | | | (#)Mar 10 Mar 2020 - 10:36 | |
| On se retrouve finalement dans la chambre. Je ne sais pas si on a écouté la production et si notre balade a duré une heure ou plusieurs. Je n'ai pas jeté un seul coup d’œil à mon téléphone pour savoir quelle heure il peut bien être. Je suis trempée, ma robe et ruinée, et moi je ris. Je le vois qui s'amuse, et je m'amuse aussi. Je n'aurais pas pu prévoir qu'il allait m'asperger d'alcool et comme d'habitude, on se retrouver à rire comme un duo d'enfants. « J'ai perdu une robe et t'as perdu une chemise dès la première journée. On va finir par devoir se refaire une garde robe dans les jours qui viennent » et je lève les yeux au ciel avant de l'enlacer. « Y'a un cocktail qui existe ? Le mélange de mojito et de champagne ? » C'est une vraie question, et peut-être qu'il connait la réponse. Et je suis fière de moi, parce qu'il se retrouve presque aussi trempé que moi. Les cheveux et le visage en moi. Alors je souris et je pars me doucher. Ça m'aide à retrouver mes esprits, je me retrouve seule pendant de longues minutes, et je sais déjà que la nuit sera courte. Je sens que je ne vais pas dormir, que je me retrouverai certainement assise sur le bord de la terrasse à écouter la mer et les bruits de la nature en me posant toute sorte de question.
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Ça fait plus d'une semaine qu'on est là, et tout se passe bien. Mais je me bloque, je ne suis pas totalement naturelle parce qu'on est épié par les caméras à longueur de temps. Le programme est magique, on a déjà fait de la plongé, des balades dans la forêt et j'adore cet endroit. Tout est beau, et comme prévu, je passe mes journées à prendre des photos. Je veux me souvenir d'absolument tout.
On s'entend bien avec Léo, on rit beaucoup, on s'amuse, et on aime embêter les cameramans et la production. On ne doit pas être le couple le plus intéressant qu'ils aient pu former, en tout cas je l'espère pour eux, parce qu'on ne fait que jouer. Il n'y a jamais rien de sérieux, pas une seule question qui nous permet de mieux nous connaître. Ces questions là ne sont jamais filmées, on sait s'en assurer. Ils nous filment quand on joue à se noyer dans la mer, quand il m'éclabousse avec sa pagaie parce que j'ai fait l'erreur de me mettre devant et que maintenant c'est moi qui ne peux pas vraiment me retourner pour réussir à le viser parce que je dois me concentrer sur le chemin qu'on doit prendre. « Arrête ou je me penche pour que la canoë se retourne ! »
Parce que oui, aujourd'hui, l'activité c'est canoë. Et encore une fois, j'ai les yeux qui brillent et mon regard se perd dans le paysage. Je dois pas vraiment être utile avec les pagaies. « On pourrait presque croire que la mer est à des heures de route. » On est en pleine montagne, au milieu de la forêt, tout sauf un paysage marin et c'est ce que je trouve le plus magique dans ces îles. On avance petit à petit, la rivière accélère et on se retrouve à devoir forcer pour pas se tromper de route. Heureusement que je suis du genre sportive parce que ça fait un petit bout de temps qu'on rame. « J'aime beaucoup ce bruit, je suis sûre qu'il doit y avoir des coins isolés magnifiques dans cette forêt. » Je soupire un peu, si j'avais eu le choix, me balader dans la forêt, ça aurait été une des première activité que j'aurais faite. Mais là on ne peut pas, on a tout un planning à respecter.
Quelques secondes plus tard le canoë des cameramans est embarqué dans la mauvaise branche de la rivière. Je pouffe de rire quand j'entends Léo qui leur parle. « Si ils pouvaient juste noyer les caméras ça serait cool ! » et je souris en tournant la tête vers lui avant de vouloir essayer de nous décoincer pour qu'on aille du bon côté. Il jette son tee-shirt sur la caméras embarquée et je pose la pagaie devant moi en tournant rapidement la tête vers lui quand il m'appelle. Mes yeux brillent quand il propose l'idée de s'enfuir. Je souris et je tourne la tête vers le bruit de la cascade. « On essaie de retrouver la cascade ? » On va avoir le droit d'être tranquille enfin. Et je suis contente qu'il me propose de s'enfuir avec moi, c'est que je dois pas tant l'ennuyer que ça. « Et puis, même si on se perd, on sera au moins débarrassé d'eux. » On ne les voit plus maintenant, la rivière est bien trop rapide. « On a encore beaucoup d'animaux mignons à voir ! » et je ne veux louper aucun de ces moments, parce que j'arrive encore à apprendre pleins de choses sur les animaux. Il y a toujours tant de choses à voir et à apprendre que ça m'impressionne. Il me tend son petit doigt, c'est notre truc à nous maintenant, pour les promesses. Et je lève les yeux au ciel quand il dit que je ronfle. Je lève les mains en l'air. « Tu oserais dévoiler mon plus grand secret à toute l'Australie ? » Je le regarde, faussement offusquée. « Si tu fais ça je te coupe les cheveux dans ton sommeil ! » ses cheveux sont magnifique, et j'ai déjà pu observer qu'il les aimait beaucoup. J'enroule mon petit doigt autour du sien. « On dit rien à personne, on s'échappe et on profite » La plus belle des promesses.
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| | | | (#)Mar 10 Mar 2020 - 15:05 | |
| « Arrête ou je me penche pour que la canoë se retourne ! » « Je suis mort de peur. » Ils vont nous détester, bientôt, les membres de l'équipe technique. Ils nous détestent probablement déjà, alors qu'ils sont obligés de presque nous pousser à avoir les interactions qu'ils veulent capturer à la caméra. Et voilà que nous sommes séparés de force - oh, quel dommage. Molly est en admiration devant le paysage, tout comme je le suis. Je crois qu'elle s'en fiche autant que moi, qu'ils coulent, nos accompagnateurs. Qu'ils brisent leurs caméras. On n'aura qu'à faire semblant d'être affligés lorsqu'il nous annonceront que toutes les prises du jour sont gâchées. Alors que je jette mon tee-shirt sur la caméra embarquée que nous avons avec nous, Molly entre dans la confidence et j'ai l'impression de posséder un savoir infini, du même genre que lorsque je lui ai dit que non, il n'existait pas de cocktail champagne-mojito. « On essaie de retrouver la cascade ? » Elle lit dans mes pensées. Un grand sourire fend mon visage alors que j'opine du chef, faisant se balancer mes boucles de bas en haut. « Et puis, même si on se perd, on sera au moins débarrassé d'eux. » J'éclate de rire. J'adore l'air que prend son visage, lorsqu'elle prononce ces paroles pleines de malice. On croirait qu'elle n'est pas celle qui les prononce. « On a encore beaucoup d'animaux mignons à voir ! » « Beaucoup. » Même si on a déjà fait de la plongée, et que j'ai trouvé que les poissons étaient pour certains sacrément mignons. Il nous reste encore des... crabes, à voir. Ou d'autres animaux devant lesquels Molly s'extasiera à l'infini.
C'est comme un moyen de sceller un pacte, entre nous. C'est très sérieux, et très enfantin à la fois. Ça me convient - elle marche à fond, Molly. « Tu oserais dévoiler mon plus grand secret à toute l'Australie ? » Le petit doigt toujours tendu, je m'empresse de m'écrier que oui. « Si tu fais ça je te coupe les cheveux dans ton sommeil ! » « Quoi ?! » Je m'empresse de l'arroser, de ma main libre. Elle connaît déjà des moyens de me faire chanter. Ce n'est pas juste. Je n'en ai trouvé aucun, moi. Pas encore. Il y a des sujets que l'on n'a pas encore abordé. Des trucs qu'on évite, peut-être inconsciemment. Nous n'en sommes pas encore là. Mais elle finit par enrouler son petit doigt autour du mien, Molly, alors que le courant nous emporte doucement vers l'équipe qui nous attend, après le coude que fait la rivière. « On dit rien à personne, on s'échappe et on profite. » « On dit rien à personne, on s'échappe et on profite. », que je répète après elle, marchant sur ses derniers mots avec les miens.
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Neuvième jour. « Attrape ma main. »
Molly et moi marchons depuis plus d'une heure sur ce sentier balisé à travers la forêt. C'est un chemin de passage, rien de dangereux. J'ai pris une carte à l'hôtel, discrètement, qui donnait les chemins de randonnée, et puis nous avons pris la poudre d'escampette en début d'après-midi. J'ai pris de quoi grignoter, et j'ai laissé un mot à l'équipe technique. Ils ne nous en voudront pas. J'ai vanté les mérites de la promenade dans ma note, leur ai promis un retour avant la nuit. On croirait que nous sommes des adolescents en cavale qui font le mur en prévenant leurs parents de l'endroit où ils crèchent pour la nuit.
Mes pieds manquent de glisser sur les pierres de la rivière que nous traversons. Nous avons passé l'endroit où j'ai entendu la cascade, hier. Ce lieu là est plus reculé, pour sûr. « Je l'entends. » C'est de plus en plus fort. Et enfin, lorsque le flux de la rivière s'intensifie et que nous passons une barrière de verdure de plus, la voilà. Une splendide cascade se dresse au milieu d'un rideau de verdure, et je ne peux retenir une exclamation de surprise. Elle n'est pas trop violente, la cascade. Tout autour, les eaux ne sont pas trop troubles, pas trop agitées. L'endroit est très tranquille, nous sommes seuls. C'est ce genre d'endroit que les guides font visiter aux touristes en présentant "le joyau de la forêt des environs". Je tourne mes yeux vers Molly avant de d'avancer vers l'eau, bondissant de pierre en pierre. « Regarde comme c'est beau ! », que je souffle juste assez fort pour qu'elle m'entende. J'en prends plein les yeux, à mesure que j'avance et que se découvre la cascade. Elle n'est pas bien haute, ce qui justifie sûrement le calme de ses eaux. Je dépose notre sac sur le plat d'une pierre plus grande que les autres, contemple les alentours. « Et bah. Ça valait au moins les ampoules que j'ai aux pieds et puis le savon qu'on va se prendre en rentrant. » Un clin d’œil complice envoyé à Molly plus tard, je commence déjà à retirer mes fringues, histoire d'aller éprouver de ma peau cette eau claire, morceau de paradis. |
| | | | (#)Mar 10 Mar 2020 - 15:46 | |
| On s'est promis avec Léo. On a promis qu'on allait rien dire, et qu'on allait profiter. On sait qu'on va s'éloigner de tout ce qu'on connait déjà, des huttes, des caméras, de la plage. Mais je n'ai pas peur, on va passer la meilleure des journées depuis qu'on est arrivé et ça je le sens. On a pas de limites, pas la peur que tout ce qu'on dit ou ce qu'on fait puisse être filmé. On est juste nous deux, seuls, dans un lieu paradisiaque. Et plus on avance et plus je suis heureuse qu'on ait eu cette idée. Léo c'est chargé de tout, il a même trouvé une carte des sentiers de randonné. Je ne sais absolument pas lire une carte, alors je croise les doigts pour qu'il sache comment rentrer. Et puis non en fait, pour le moment, je n'ai même pas envie de retourner à la hutte. Mon regard brille, et mon téléphone est éteint au fond de mon sac. Je veux profiter de tout ce qui se passe.
J'attrape sa main, et j'essaie d'éviter de tomber parce que je serais bien capable de m'étaler dans la verdure. On marche depuis un long moment mais je ne vois pas le temps passer, je prends le temps de regarder absolument tout. Mais ma main reste dans celle de Léo parce que je ne le perdrais pas au beau milieu de la forêt. « Oui elle doit pas être loin. » J'ai hâte de voir cette cascade, et j'espère qu'on sera vraiment seul, que ce n'est pas un lieu connu de tous les touristes de l'île. J'ai besoin d'être tranquille, qu'on soit tranquille. Je le suis, et on se retrouve à côté de cette cascade. J'ai pas de mot, seulement ma bouche et mes yeux qui sont grand ouvert face à la beauté de cette endroit. « C'est magique. » Et c'est à cet instant là que je sais que partir avec Léo a été la meilleure décision que j'ai pu prendre. Il continue d'avancer et j'ai lâcher sa main pour qu'on puisse traverser le ruisseau avant d'atteindre un endroit que Léo a dû repérer sans se casser la figure.
Il me fait un clin d’œil complice, et je l'aime ce clin d’œil. ¨Parce que j'ai l'impression qu'on se rapproche, et qu'il est un peu moins hostile. J'aime beaucoup le Léo joueur face aux caméras, mais j'aime ces moments qu'on partage à deux. C'est un petit bout de paradis, « Je crois que j'ai failli perdre une cheville sur le chemin mais t'as raison, ça valait le coup. C'est vraiment trop beau. Presque irréel. » Je continue de tourner la tête à de nombreuses reprises, j'essaie certainement de mémoriser cet endroit. Et mon regard s'arrête de nouveau sur Léo qui est en train de se déshabiller et je fais comme lui. On a prévu de mettre nos maillots, je laisse mon sac sur un rocher et je pose toutes mes affaires avant d'observer les alentours.
« Viens. » J'attrape sa main et on escalade quelques rochers, et on se retrouve en hauteur. Je regarde en dessous de nous, il y a l'eau et on est un peu plus loin de la cascade que quand on est arrivé. Elle est juste en face de nous et je continue de profiter de la vue pendant quelques secondes. J'ai un peu peur, mais je souris à Léo en enlaçant nos doigts. « On saute ? »
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| | | | (#)Jeu 12 Mar 2020 - 19:48 | |
| « C'est magique. » C'est splendide. C'est brut. La nature des environs ne nous semble pas hostile pour autant, très reposante. L'eau est accessible, même s'il faut crapahuter un peu sur les rochers pour atteindre la rivière. Alors que je laisse nos affaires, je suis vite rejoint par Molly. « Je crois que j'ai failli perdre une cheville sur le chemin mais t'as raison, ça valait le coup. C'est vraiment trop beau. Presque irréel. » J'ai un petit rire. « T'abuse. Déjà tu perds tes chaussures, et après tu te casses les chevilles ? » Je jette de côté mon tee-shirt, lance un regard circulaire à l'endroit. C'est drôle, malgré le bruit de cascade, le silence de la nature environnante est assourdissant. Voilà des lustres que je n'avais plus perdu l'habitude d'entendre des voitures. Il aura fallu de neuf jours sur l'île pour ne plus avoir envie d'en partir. Neuf vrais jours, neufs vraies nuits à dormir sur le canapé ou dans le hamac au dessus de l'océan, à crier "bonne nuit!" à Molly depuis mon lit jusqu'au sien.
« Viens. » Je relève le nez, attrape la main de la brune et la suit jusque sur les rochers. Elle monte sur un roc, savoure la vue, quand moi je tente juste de ne pas glisser sur la mousse qui s'étale partout sur la pierre. Ma main n'a pas lâché la sienne. « On saute ? » Avec précaution, je me penche en avant. Ce n'est pas très haut, pas assez pour commencer à paniquer. D'ici, la vue est encore plus belle. Nos affaires ont l'air de tas de chiffons. « On saute. » Mon pouce passe et repasse doucement sur la peau de sa main, alors que mes yeux retrouvent un instant les siens. « Parce que fuir.. c'est bon pour... » les robinets.
Et nous plongeons.
L'eau est peu profonde, mais juste assez pour nous laisser le temps de toucher le fond et de remonter d'un coup de pied. Je sors la tête de l'eau, inspire un grand coup en rejetant tout ce que j'ai de cheveux en arrière. Lorsque Molly sort la tête de l'eau, je l'attire avec moi dans un coin où nous avons un peu plus pied - où j'ai un peu plus pied. Ma main retrouve l'une des siennes. C'est fluide, naturel. L'absence de caméras ne rend rien bizarre, au contraire. « C'est mon tour de poser la question aujourd'hui ! » On a déjà passé les plus faciles. Molly et moi avons appris à nous connaître non pas seulement grâce à ce drôle de jeu de répondre au questionnaire: tout un tas de trucs viennent se rajouter à l'équation, des trucs que je ne saurais identifier clairement - mais qui forment un tout, une genre de base que je sens étrangement stable. Une base qui me rend heureux, je crois. Du bout des doigts, je retire les cheveux encore étalés sur le visage de Molly. « T'as déjà été infidèle ? Je suis sûr que non. » Oui, tout de suite c'est moins sympa à demander que les parfums de glace de notre premier jour. |
| | | | (#)Jeu 12 Mar 2020 - 22:05 | |
| L'endroit est magnifique. L'eau est clair, le bruit de la cascade est apaisant, et cette journée s'annonce géniale. Je suis contente de l'avoir suivi, contente qu'il ai eu cette merveilleuse idée. Mon sourire reste ancré sur mon visage, je suis si bien ici. Je m'habitue à lui, à l'avoir près de moi toute la journée. Finalement, il n'y a que la nuit qu'on est séparé. Même si je me suis souvent retrouvée à le regarder dormir pendant de longues minutes pendant que moi j'étais incapable de trouver le sommeil. Il est apaisé quand il dort, et je suis apaisée quand je le regarde dormir, quand tout est calme et sombre. L'océan est aussi beau la nuit que le jour, et le bruit toujours aussi agréable. Mais là, on est tous les deux éveillé, et je suis obligée de me le répéter parce que je continue de croire que tout ça ne peut être qu'un rêve. Un rêve absolument magique. « La perte de chaussure ça peut être gérable dans la forêt, mais si je perds une cheville, on est pas prêt de rentrer à l'hôtel. » Je me demande bien comment je pourrais retourner dans la maison. En rampant peut-être ?
On arrive enfin à bon port et j'enlève mes vêtements avant de prendre sa main et qu'on escalade des rochers. J'observe partout, je regarde absolument tout et mes yeux s'arrêtent sur Léo. Qu'est ce qu'il était beau quand il était joyeux. Alors je souris aussi, parce qu'à cet instant, j'aimerais être nul part ailleurs. Son pouce passe sur ma main, et j'aime ce contact. J'ai pas le temps de finir la phrase que je hurle parce qu'on a sauté. Je retiens ma respiration, je ne lâche pas sa main. Mais dès que je sors la tête de l'eau je finis la phrase, notre phrase. « C'est bon pour les robinets ! » Et je pouffe de rire en essayant de ne pas me noyer parce que j'ai pas pied.
Il essaie de se décaler pour qu'on puisse poser les pieds au sol. Il attrape mon autre main et je le suis. Et c'est à ce moment là où on voit qu'il est un peu plus grand que moi. Parce que lui a l'air assez à l'aise quand moi, seulement mes orteils touchent le sol. Mais je ne bouge pas, je reste devant lui et garde sa main dans la mienne. Il récupère mon attention quand il me parle, et il me parle des fameuses questions. On a tenu notre promesse, on a posé chacun posé une question le soir quand on était seul. Pendant ces 9 jours. 9 jours que je n'ai pas vu passer, 9 jours que je vis dans un rêve éveillé. Je hoche la tête et les mains de Léo passent sur mon visage pour décaler mes cheveux. Je souris encore, et je me perds dans ses yeux pendant quelques secondes, juste quelques secondes. J'écoute la question, et je m'y attendais. On a épuisé le stock des questions mignonnes. « Tu connais déjà la réponse » Il vient de dire qu'il était sûr que je n'avais jamais trompé personne. « J'ai toujours réussi à être amoureuse d'une seule personne à la fois » J'ai peut-être de la chance, ou c'est seulement moi qui suis capable d'aimer une seule personne de tout mon cœur au même moment. « J'ai le droit au et toi ce soir ou il faudra attendre demain ? » Je souris et je ne bouge pas. Je m'accroche juste aux mains de Léo pour de pas tomber ou me noyer. On ne ferait jamais ça si il y avait les caméras autour de nous, mais là tout est naturel. Même cette nouvelle proximité est naturelle. Une de mes mains lâche la sienne pour s'accrocher à son avant bras, pour garder l'équilibre. Si vous me demandez c'est uniquement pour garder l'équilibre.
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| | | | (#)Dim 15 Mar 2020 - 18:27 | |
| Le truc des fuites et des robinets, c'est très rapidement devenu notre gimmick. Les caméras ne doivent rien y comprendre, à ces mots là. Peut-être ne nous ont-elles jamais capturé en train de les dire, et c'est mieux comme ça. C'est mieux s'il nous reste un peu de quoi nous replier. Un morceau d'intimité alors que nous sommes constamment scrutés, dans nos moindre gestes. J'ai de plus en plus de mal avec leurs consignes et leurs "attendez, marchez un peu comme ça main dans la main ?" qui n'ont rien de naturel. J'ai déjà peur du résultat alors que nous ne sommes mêmes pas autorisés à voir les rushs.
C'est mieux aussi s'ils ne nous capturent pas alors que nous nous soumettons mutuellement à un drôle d'interrogatoire. Je sais déjà la réponse à la question que je pose là, mais le plaisir coupable de la poser est un peu trop grand. « Tu connais déjà la réponse. » Bien sûr que oui. « J'ai toujours réussi à être amoureuse d'une seule personne à la fois. » « Pas besoin d'être amoureux pour être infidèle. » Je connais des gens qui trompent l'amour de leur vie un soir sur deux avec des inconnus qu'ils ne recroiseront jamais. Ou peut-être que justement, ils le font parce qu'ils se voilent la face sur la relation qu'ils entretiennent encore avec leur partenaire officiel. J'ai toujours eu du mal avec cette hypocrisie, voilà pourquoi je ne me suis jamais trop posé en couple - excepté avec Clément. Et pourtant, je l'ai trompé, Clément. Je n'ai pas été honnête avec lui. J'ai manqué à mes promesses, à mes envies de me lancer dans cette expérience au bout de quelques jours seulement. « J'ai le droit au et toi ce soir ou il faudra attendre demain ? » J'ai un petit rire. « Tu peux avoir la réponse maintenant. » Elle s'accroche à mes bras, Molly. Avec douceur, ma main droite vient soutenir son dos. « J'ai trompé le seul type avec lequel je me sois un jour posé officiellement. » J'omets de parler avec qui. J'omets de lui dire qu'il ne s'est pas agi d'un coup d'un soir, simplement, ou d'un seul écart. Je hausse les épaules, soupire doucement. « On n'était... pas... faits pour ça, je crois. Lui, peut-être. Pas moi. » Et qu'en est-il aujourd'hui ? Qu'en est-il maintenant que je suis marié ? On ne parle pas d'un simple couple. On parle d'un mariage. Mais c'est différent, non ? C'est différent, si je n'ai pas choisi la personne avec laquelle je me mariais, non ?
Mes doigts repoussent encore une mèche des cheveux de Molly derrière l'oreille de cette dernière. Nous faisons à peu près la même taille, elle et moi. « J'ai.. pas un sens de l'engagement très développé. », que je lui avoue dans un murmure qui couvre à peine le bruit de la cascade. « C'est débile. Qu'est-ce que je fais ici, hein ? Le mec trompe le seul copain qu'il ait un jour eu, met tout sur son incapacité à s'engager, et puis file se marier avec une inconnue. C'est idiot au possible. » Et on oublie la variable inconstante du peintre qui trotte dans ma tête, en arrière plan. Soudain, je prends conscience de la portée plutôt maladroite de mes mots. « Je suis désolé. Tu es moins une inconnue, désormais. Je suis très content qu'ils nous aient... tu sais. Trouvé. Mis ensemble. » Très content. Je ne sais pas encore mettre des mots exacts sur la déferlante d'émotions que je ressens, en ce moment. Un gros mélange d'anxiété, et puis un soupçon d'autre chose. C'est nul, c'est maladroit et probablement qu'elle a envie de me gifler après tout ce que je viens de dire. J'ai plus ou moins envie de me dissoudre dans l'eau, là tout de suite. Plus ou moins envie de me dissoudre, plus ou moins envie de cueillir ses lèvres des miennes, aussi. |
| | | | (#)Dim 15 Mar 2020 - 19:55 | |
| On se retrouve dans un coin de cette étendue d'eau douce, j'ai de l'eau jusqu'au menton. Mes cheveux reviennent encore et toujours sur mon visage. J'essaie de reprendre une respiration normale après avoir passé quelques secondes sous l'eau. Et je garde la main de Léo dans la mienne, je ne l'ai pas lâché depuis qu'on a sauté. L'ambiance est légère, elle est naturelle et j'aime ce moment. On est vraiment loin de tout, on pourrait presque croire qu'on vit enfin vraiment une lune de miel. Parce que là, c'est pas les caméras qui m'ont dit d'emmener Léo sur le rocher pour sauter, elles ne m'ont pas dit de garder sa main dans la mienne, et elles ne nous ont pas dit quelles questions on devait se poser. Ça vient tout seul, et ça me fait sourire. Même si la question que Léo choisit est sérieuse, peut-être même dangereuse. Elle aurait pu être dangereuse si je n'avais pas été du genre fleur bleu qui aime donner son cœur à 1000% à une seule personne à fois. Même si ça m'a fait du tort, même si j'ai déjà eu mal à de nombreuses reprises, je reste comme ça, et je serai peut-être toujours comme ça.
« Moi je crois que j'en aurais besoin. » Parce que je ne fais pas dans les histoires d'un soir. « Ou il faudrait que j'ai une histoire compliqué avec une autre personne que celle que j'aime. » Et là je pense instinctivement à Pete, Pete qui est revenu dans ma vie il y a seulement quelques semaines. Un fantôme du passé que je n'ai jamais oublié, qui n'a jamais cessé de hanter mon cœur. Même si il est parti pendant des années, je l'ai retrouvé et tout était comme si rien ne nous avait jamais séparé. C'est terrifiant, parce que c'est certainement la seule personne capable de me faire souffrir autant. Et depuis qu'il m'a envoyé ce message, qu'il m'a dit qu'il connaissait Léo, qu'il a mal pris le fait que je me marie. Il reste dans un coin de ma tête, comme une ombre. Mais là j'essaie de ne pas penser à tout ça. Je dois me concentrer sur Léo et uniquement sur lui, tant qu'on peut profiter de ce moment isolé, de cette bulle que j'aime construire dès qu'on en a l'occasion.
J'ose retourner la question, parce que moi je n'ai aucune idée de la réponse, parce qu'il est mystérieux Léo, il y a toute une partie immergé que je ne connais pas encore. Et j'aimerais y avoir accès un jour, quand il me donnera l'autorisation, quand il sera prêt à me dévoiler tout ce qui se cache derrière cet humour et toutes ces insécurités. Mais j'avance à son rythme, on avance à son rythme parce que tout ça me convient. Parce que je suis certainement aussi contente que lui qu'on aille pas trop vite, qu'on laisse le temps et les choses se faire seules. Qu'on ne se sente pas obligé de s'aimer uniquement à cause d'un mariage, d'un bout de papier. Qu'on ne se sente pas obligé de s'aimer ou de s'apprécier tout court en réalité. Ma main dévie, elle s'accroche au bras de Léo et sa main à lui glisse dans mon dos. On a rarement été aussi proche, quasiment jamais en fait. Il me dit qu'il a déjà trompé quelqu'un, et je le laisse continuer, je le laisse parler, se confier. Parce qu'il le fait peu et que je profite de tout ce qu'il peut offrir. « Tu l'aimais ? Vraiment ? » Parce que c'est ça la question que je me pose vraiment, le couple n'est qu'une façade. Alors que les sentiments sont réels, et que c'est la chose la plus importante dans une relation.
Sa main passe sur mon visage une nouvelle fois et je me penche instinctivement pour que ce contact dure seulement quelques secondes de plus. Et je regretterais presque que Léo ait enlevé toutes les mèches qui tombaient devant mes yeux. Il se pose des questions, et je le vois, il s'en pose bien trop. Et pour une fois je ne suis pas celle qui s'en pose le plus. Après sa remarque mon sourire rétrécit un peu, mais je continue de le fixer, on était encore des inconnus il y a 9 jours. Et il ne connait pas grand chose de tout ce qui fait que je suis moi, comme je ne connais pas grand chose de lui non plus. Mais on se découvre, et on s'ouvre même si ça nous prend du temps. « Parce que tu n'es jamais tombé sur la personne qui méritait vraiment que tu te consacres à elle à 100% » Et je ne me dis absolument pas que je suis cette personne, il est encore bien trop tôt pour que je me mette à réfléchir à ce genre de possibilités. Mais c'est ma façon de penser, les gens changent quand ils arrivent à trouver la personne dont ils ont besoin pour évoluer. « Je me demande aussi ce que je fais ici, c'est pas mon genre de m'afficher devant des caméras, je déteste être le centre de l'attention. » Je baisse un peu les yeux, observe une minute ce qu'il se passe sous l'eau. Il s'excuse et je souris à nouveau en laissant passer une de mes mains sous son menton pour capter son regard. Il n'a pas à s'excuser de parler et d'être sincère, et ça, il doit le comprendre. « Ne t'excuses pas de parler des choses comme tu les ressens, d'être sincère, pas avec moi. Je te reprocherai jamais d'être honnête, ou de me parler de toi et de ton passé. » La sincérité c'est la chose la plus importante non ? Et là il me dit la vérité, même si c'est pas forcément beau à entendre, c'est lui, c'est ce qu'il a fait et personne n'a le droit de le juger. Et certainement pas moi. « Je suis contente aussi, d'être tombé sur toi. » Parce que j'avais pas vraiment prévu ça, je l'avais pas vu venir Léo. C'était pas dans mes plans qu'il se passe de nouveau autant de choses dans ma tête et dans mon cœur. C'est compliqué, et je risque de m'y perdre, mais je dois vivre l'expérience à fond pas vrai ? « Si je te promets de toujours être sincère avec toi tu me promets de toujours l'être avec moi ? » Ma main quitte son visage pour lui tendre mon petit doigt. Il refuse, il accepte, il fait comme il le veut. Mais moi, mes yeux sont ancrés dans les siens et ma deuxième main se pose sur son épaule, et là, on a vraiment jamais été aussi proche. Mais si je le pouvais je resterai là pendant un long moment, sa main dans mon dos, et mes yeux qui se perdent de temps en temps sur ses lèvres avant de revenir à ses yeux.
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| | | | | | | | The Duchenne smile | Ivyheart #4 |
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