| The Duchenne smile | Ivyheart #4 |
| | (#)Mer 18 Mar 2020 - 3:10 | |
| « Tu l'aimais ? Vraiment ? » Je ne sais pas de qui elle parle. Est-ce que j'aimais vraiment Clément ? Peut-être pas assez. Pas de cette manière, celle qui demande un engagement fervent, qui ne détourne pas les amoureux du droit chemin de la fidélité. Pas de cette manière du tout, faut-il croire en observant simplement le comportement que j'ai adopté très tôt dans notre relation. Est-ce que j'aimais l'Autre ? La question serait plutôt de savoir ce que je ressens aujourd'hui. La question n'est pas à poser. Je refuse de le faire. Je ne le ferai jamais et sous aucun prétexte. Elle restera un iceberg de possibilités, le genre qui ne disparaît même pas avec le temps. Je me refuse à exhumer ces terribles vérités que je préfère enfouies tout au fond d'un trou, perdues quelque part dans ma mémoire. Pitié, qu'elles y restent. Je les voudrais recouvertes de la mousse de tous les autres souvenirs de la planète, même les plus terribles; ils feront toujours moins mal que ceux de l'atelier. Que ceux de la galerie. Ils feront toujours moins mal que le rouge, que le bleu, que toutes ces couleurs là que je sens lointaines; que je veux lointaines, à l'aube de ce que j'aperçois comme une fine lumière au bout du tunnel. Molly est douce, Molly est patiente. Molly se contente de peu, sait quand ne pas poser de questions. Molly fait preuve d'une délicatesse rare, celle que je ne mérite probablement pas. Molly en aura peut-être marre, moi je n'attends pas de sa part qu'elle reste auprès de moi. Peut-être un peu.
« Pas comme j'aurais dû. »
Voilà, une réponse qui sied aux deux situations. Pas comme j'aurais dû. Il n'y a rien de plus vrai, au passé comme au présent. Clément me pardonnera un jour, Clément m'a probablement déjà pardonné. L'Autre s'en fiche. Je ne veux même pas savoir ce qu'il fait, où il erre. Cela ne m'a jamais regardé, cela ne me regardera jamais. Je en sais pas comment elle fait, Molly, pour développer ces trésors de patience. Il y a longtemps que j'aurais roulé des yeux, à sa place. « Parce que tu n'es jamais tombé sur la personne qui méritait vraiment que tu te consacres à elle à 100%. » J'ai un pauvre rire, soufflé par le nez. « Je me demande aussi ce que je fais ici, c'est pas mon genre de m'afficher devant des caméras, je déteste être le centre de l'attention. » « Moi j'aime bien l'attention. Mais pas comme ça. » Plus comme "c'est toi qui a dessiné ça ?", ou "woaw, tu cuisines vraiment bien Léo". L'une des deux situations n'arrivera jamais. Je ne préciserai jamais laquelle. Et lorsque je m'excuse, elle me gronde presque. « Ne t'excuses pas de parler des choses comme tu les ressens, d'être sincère, pas avec moi. Je te reprocherai jamais d'être honnête, ou de me parler de toi et de ton passé. » On la croirait fâchée que j'ai pu m'excuser, même à demi-mot. Elle semble heureuse que nous ayons été mis ensemble. Moi je suis heureux, en tout cas. Moi je saisis la portée de ma chance, chaque jour un peu plus, même si je me questionne sur les limites de sa gentillesse. Même si j'ai peur d'en épuiser les réserves, que j'ai l'impression de voler éhontément et sans même chercher à le faire, pourtant.
« Si je te promets de toujours être sincère avec toi tu me promets de toujours l'être avec moi ? » Elle tend son petit doigt, Molly. Elle tend son auriculaire que je saisis du mien, sans lâcher des yeux l'entrelac formé par nos petits doigts. « Sans états d'âme. » Et mes lèvres se posent sur les siennes. Le baiser est aussi chaste et léger que les baisers échangés par les gosses dans les cours de récré. Juste assez pour marquer la promesse, un peu d'incarnat sur les joues. « J'ai l'impression d'être un mauvais partenaire. Ne me contredis pas, c'est comme ça que je le sens. Mais c'est ok. Je vais m'améliorer. » Ne pas prononcer le mot "mari" pour éviter l'anxiété - c'est ma règle numéro un. « On ne parle pas assez de toi. Comment est-ce que tu vis tout ça ? Comment tu fais pour ne pas mal prendre le fait que je te raconte que la seule de mes tentatives de me mettre en couple se soit soldée par un échec ? Je voudrais savoir. » Je voudrais qu'on dépasse sa gentillesse. Je voudrais apprendre à la connaître vraiment. Je voudrais lui montrer qu'elle aussi, elle est digne de cette espèce de confiance que je lui accorde aveuglément. Qu'elle aussi, elle peut l'avoir. Je peux lui offrir le safe place qu'elle me laisse explorer pas à pas, avec elle. Enfin, que je tente de m'en montrer digne, tout du moins. C'est un bon début, n'est-ce pas ? |
| | | | (#)Mer 18 Mar 2020 - 3:49 | |
| La conversation change, on est bien plus sérieux que d'habitude. Et je reste fidèle à moi-même. Je ne lui demande pas pourquoi il a trompé, je lui demande juste si il aimait l'homme avec lequel il est sorti. Et je la connais la réponse. Parce que quand on aime vraiment, on n'a pas envie d'aller voir ailleurs. Et j'ai jamais eu le droit à cet amour là, à une histoire aussi intense. J'ai toujours été celle qui donnait tout et qui recevais pas grand chose. J'ai été la personne trompée à de nombreuses reprises. Mais j'ai pardonné, parce que j'avais espoir, je voulais que ça marche. Je voulais croire que quelqu'un pouvait m'aimer comme je suis capable de le faire. Et je crois encore que ça pourra m'arriver un jour, qu'il y a quelqu'un quelque part qui saura m'aimer parce qu'on est fait pour ça après tout non ? Alors je souris, j'espère, je pardonne, et je serai certainement toujours comme ça. Donc je ne blâme pas Léo, mon regard est toujours rassurant, ma voix est sans aucun reproche. Et j'écoute Léo parler, je comprends aussi qu'il ne dira rien de plus. Et je le respecte, mais moi je continue de parler, de le rassurer, parce que j'aime faire ça, et parce que je sens qu'il en a besoin. Il n'a pas l'air de croire qu'il mérite quelqu'un de bien, qu'il mérite juste d'être heureux, alors que moi j'en suis persuadée. Et je ferai toujours tout pour qu'il se sente bien, même si je dois me perdre une nouvelle fois au passage.
« Quoi t'aimes pas être suivi par des caméras toute la journée ? » Je fais une fausse moue choquée. « J'aurais pas deviné ! » Bien sûr que je l'ai deviné à la seconde même où je l'ai vu entrer dans la mairie à peu près aussi gêné que moi. Et moi j'aime donner mon attention sans en recevoir. Je préfère rester dans l'ombre, dans mon coin. Je ne suis pas faite pour être sur le devant de la scène dans n'importe quel domaine. Et je lui explique qu'il doit toujours me dire la vérité, et je lui promets à demi mot de ne jamais me vexer. Parce que je veux qu'il se confie, je veux le connaître, je veux juste être là pour lui tant qu'il en a besoin. Tant que mon sourire et ma positivité ne le font pas fuir.
Une nouvelle promesse du petit doigt. Une promesse qui sera bien plus longue que les autres. Parce que celle là, on devra la tenir tant qu'on restera dans la vie l'un de l'autre. On le promet, et je me souviendrai toujours de cette promesse. Comme je me souviendrai toujours de ce voyage. Comme je me souviendrai toujours de lui. Je voulais répéter ses mots, je voulais sourire en répétant sans états d'âme. Mais il ne me laisse pas le temps de dire quoi que ce soit que ses lèvres se posent sur les miennes, je n'ai pas le temps de réagir. Mon cœur rate certainement un battement mais on va passer ce détail. Il a celé cette promesse comme on ne l'avait encore jamais fait. Parce qu'elle est plus importante ? Certainement. Et aussi parce qu'on avait encore jamais été aussi proche, et que si il n'avait pas franchi ce cap c'est moi qui l'aurais fait. Ses mots me font sourire. Et il me connait déjà assez pour me dire de ne pas le contredire. Je baisse un peu la tête en souriant. Et c'est à moi de me surélever une seconde, juste une seconde, pour poser le même baisé chaste sur ses lèvres quand il me dit qu'il va s'améliorer. S'améliorer alors que moi je le trouve déjà très bien comme ça.
Il veut parler de moi. Et là mon sourire s'éteint quelques secondes. Je l'ai dit, j'aime pas être au centre de l'attention. J'aime encore moins parler de moi. « Je suis comme ça. J'ai toujours été comme ça. » J'écoute, je conseille, je pardonne, j'attends. C'est comme ça que je fonctionne. Et je ne saurais même pas expliquer pourquoi. Peut-être quelque chose de profondément ancré en moi. Je n'en ai aucune idée. Mais je ne veux pas le laisser sur cette simple phrase alors qu'il s'ouvre tous les jours un peu plus. « Parce que je sais que l'amour c'est important pour tout le monde, même pour ceux qui pensent le contraire. » Je n'y peux rien, pour moi l'amour c'est l'essence de la vie. « On a tous le droit de faire des erreurs. De tomber, de recommencer. Mais je pense qu'il faut essayer. Et je ne te blâmerai jamais pour avoir essayer de donner ton amour à quelqu'un même si t'as pas réussi. C'est que c'était pas la bonne personne c'est tout. » Je souris un peu plus, je lui explique comment je fonctionne, et peut-être que ça va seulement le terrifier de voir à quel point l'amour compte dans ma vie. « J'ai été trompé, pas mal de fois. Mais j'ai pardonné, parce que pour moi, tout le monde peut changer, et tout le monde a le droit à une seconde chance. » Même si à lui, elle avait donné des dizaines de chances avant qu'il ne finisse par l'abandonner pour partir 6 ans sans jamais donner de nouvelles. Je m'éloigne un peu et mes mains s'accrochent à ses poignets. « J'aime pas vraiment parler de moi. Je préfère quand c'est toi le centre de la conversation. » Je m'ouvre, encore. Et mes yeux ne remontent pas encore vers lui, j'observe mes pieds que je vois à travers l'eau cristalline. J'ai peur de voir son regard changer, peur qu'il ait peur de tout ce que je viens de dire, alors j'attends quelques secondes, juste un peu de temps pendant lequel je ne sais pas. Je ne sais pas si en parlant un peu trop j'ai tout cassé, détruit tout ce qu'on avait déjà réussi à construire ensemble sur cette île. |
| | | | (#)Jeu 19 Mar 2020 - 0:14 | |
| Elle répond sur le même ton, Molly, par un baiser aussi léger que le mien, aussi doux, aussi. Et lorsque mes questions reviennent, son regard s'éteint un peu. « Je suis comme ça. J'ai toujours été comme ça. » A passer au second plan, toujours ? Je n'ai pas envie que c'est ce qu'elle ressente avec moi, quelle que soit la nature de la relation que nous entretenons. Je ne veux pas qu'elle s'efface, Molly, moi qui la trouve si pétillante et si vivante. Qu'importe ce qu'elle trouvera à dire, ou ce qu'il adviendra de nous - si nous il y a - je la sais lumineuse, intéressante. Il n'y a pas besoin d'être longtemps auprès d'elle pour trouver sa compagnie très agréable. Comment ne fuit-elle pas tout ce que je lui expose de mes faux pas, comment reste-t-elle si tranquille, si souriante ? « Parce que je sais que l'amour c'est important pour tout le monde, même pour ceux qui pensent le contraire. » Elle a l'air d'y croire, à ce ciment de la vie. A l'Amour, avec un A majuscule. Elle aime peut-être un peu trop, lorsque je moi je n'aime pas assez. Moi je me lasse - elle, elle attend. « On a tous le droit de faire des erreurs. De tomber, de recommencer. Mais je pense qu'il faut essayer. Et je ne te blâmerai jamais pour avoir essayé de donner ton amour à quelqu'un même si t'as pas réussi. C'est que c'était pas la bonne personne c'est tout. » « Parce que tu penses qu'on a tous des personnes... faites pour nous ? » Je trouve cela bien triste. Quoi, alors, et les personnes dont on tombe amoureux sans que cela ne donne jamais rien ? Est-ce qu'on tombe aussi vraiment amoureux des gens pour lesquels on n'est pas fait ? Cela semble cruel, comme mécanisme. Je poserais bien la question. Pour un ami. Haha.
« J'ai été trompée, pas mal de fois. Mais j'ai pardonné, parce que pour moi, tout le monde peut changer, et tout le monde a le droit à une seconde chance. » Et à une troisième, et à une quatrième aussi. Je le lis sur son visage. Mon sourire répond au sien. « Je promets d'être honnête. » Bientôt, je lui parlerai d'art. Bientôt, elle comprendra qu'il y a une autre constante, du genre que je ne maîtrise pas bien. Pas tout de suite. Mais je ne veux pas répéter les erreurs commises auprès de Clément. Tout est différent. Molly est différente. Nos débuts sont différents. Ça ira. Nous irons. Elle s'éloigne pourtant, la brune. Elle soustrait ses yeux aux miens, met de la distance entre nous - il fait soudain un peu plus froid. « J'aime pas vraiment parler de moi. Je préfère quand c'est toi le centre de la conversation. » Ma main gauche vient relever son menton, et je pose au coin de ses lèvres un autre baiser. Sans mot dire, mes bras s'enroulent autour de sa taille, et mes mains se fixent contre sa peau. Je reste un instant comme cela, la tête au creux de son cou, ses cheveux humides contre mon nez.
Je ne romps l'étreinte que lorsque je la juge assez longue pour que le frisson me gagne, celui amené par la température des eaux qui nous entourent. Ma main droite glisse sur son bras gauche, et trouve finalement la sienne. Lorsque nos doigts sont à nouveau emmêlés, je nous entraîne vers la cascade. « Ici, personne ne sera le centre de la conversation ! », que je crie par dessus le bruit de la cascade. Je garde difficilement les yeux ouverts, alors que nous sommes éclaboussés par la chute d'eau. « On n'est pas obligés de parler de toi, on n'est pas obligés de parler de moi, on peut juste... viber ensemble et vivre tranquillement ! Tu vois, seconde par seconde ! » Elle ne doit rien y comprendre, à ce que je raconte, avec le bruit de l'eau. Alors, plutôt que de continuer à m'égosiller, je la tire à nouveau contre moi. Et soudain, pour la première fois depuis des mois, je me sens un peu moins seul. |
| | | | (#)Jeu 19 Mar 2020 - 1:16 | |
| J'essaie d'expliquer tout ce qui peut bien se passer dans ma tête, et dans mon cœur de temps en temps. Mon sourire s'éteint, je le sais, comme je sais très bien que mon regard se fait fuyant. Parce que c'est un sujet compliqué à aborder, parce que je ne sais pas mentir et je ne veux pas mentir à Léo. Il veut savoir, et je me dois de lui parler. Il n'est pas le seul à devoir s'ouvrir, à devoir faire des efforts. Je sais très bien que je suis loin d'être parfaite, et il s'en rendra compte tôt ou tard. Donc je lui expose mon point de vue, comme il me vient. Je n'ai pas préparé mes phrases à l'avance, je parle juste comme ça me vient. Et je sais que certaines personnes sont terrifié par le mot amour, par l'idée d'aimer ou de tomber amoureux. Et peut-être que Léo en fait partie. La question me brûle les lèvres, j'aimerais lui demander si il est déjà tombé amoureux, si il a vécu quelque chose de fort avec quelqu'un en dehors de ce seul et unique petit ami. Mais je ne veux pas le brusquer, je ne veux pas qu'il s'éloigne, je veux juste l'écouter me parler de lui, pendant encore des heures, des jours, pendant le temps qu'il voudra. « Je pense qu'on peut aimer certaines personnes qui ne sont pas bonnes pour nous, et on finit par s'en rendre compte. Et c'est pour ça que ça finit par ne pas marcher. » Et si tu écoutais tes propres dire Molly ? « C'est bien plus facile à dire qu'à faire je le sais bien. » Je le vis encore tous les jours quand je pense à Pete. « Mais y'a des personnes qui peuvent nous compléter, mais je trouve ça compliqué à expliquer. Parce que c'est certainement plus un ressenti que quelque chose qu'on peut expliquer. Les relations qui ne marchent pas sont nécessaires, pour apprendre de nos erreurs, pour justement trouver ce dont on a besoin, savoir ce qu'on veut vraiment dans une relation. » C'est certainement flou, dénué de sens pour quelqu'un qui ne vit pas dans ma tête. Mais une fois lancée, je ne m'arrête plus. Parce que quand j'en parle ça m'aide certainement à m'en convaincre un peu plus. À me dire qu'il y a toujours un espoir même quand tout semble sombre et terminé. L'amour peut être cette lueur d'espoir.
Et je parle de Pete, peut-être que ça l'aide à comprendre pourquoi je suis comme ça, de lui montrer à quel point je crois en tout ce que je suis en train de lui dire. Il me promets d'être honnête, et c'est tout ce dont j'ai besoin. Qu'il me dise la vérité, sur tout, et pour tout le temps où on sera dans la vie l'un de l'autre, quelque soit la relation ou ce qui nous attend. « Je serai toujours honnête aussi, tu verras que je suis une très mauvaise menteuse. » Parce que je m'étonne à vouloir qu'il connaisse toujours un peu plus de moi. Mais je le garde pour moi, j'essaie de le cacher pour ne pas l'effrayer. Parce que notre rythme est lent, mais notre rythme est parfait pour nous. On avance petit à petit vers un avenir incertain mais qui me paraît beau et intéressant. Je ne sais pas ce qui m'attend, ce qui nous attend. Mais pour le moment, j'ai envie de penser au moment présent. Sa main vient retrouver mon menton et je retrouve ses yeux que j'avais perdu pendant quelques longues secondes. On ne parle plus, mais ses lèvres se posent au coin des miennes et mon sourire revient rapidement. Quand ses bras s'enroulent autour de ma taille et les miens vont instinctivement se poser autour de son cou et ma tête se pose au creux de son épaule. Ma respiration se cale à la sienne, et mon rythme cardiaque aussi très certainement parce qu'on reste un long moment enlacé. Et je ne bouge pas, parce que je me sens bien. Un moment suspendu, à nous, que personne n'aura filmé. Et peut-être que c'est le début de quelque chose de beau, de quelque chose de nouveau.
On finit par s'éloigner uniquement pour enlacer nos doigts de nouveau. Je le regarde, et j'attends, je sens qu'il a une idée et je me laisse emporter par son mouvement vers la cascade. Je ris, un vrai rire assez sonore quand on se retrouve éclaboussé. « Cet endroit est parfait ! » J'essaie moi aussi de parler plus fort que le bruit de la cascade. Cet endroit est parfait, et cet endroit est gravé dans ma mémoire à tout jamais. J'entends ce qu'il me dit et mon sourire s'agrandit un peu plus. On est sur la même longueur d'onde, on vit au même tempo et c'est terriblement rassurant. « On vibe ensemble, et on vit seconde par seconde. » Je hoche la tête et me retrouve de nouveau collé à lui. J'aime cette place, j'aime ce contact, j'aime cette nouvelle proximité. Les mains de Léo autour de moi j'écarte les bras, me recule pour qu'on se retrouve sous l'eau qui coule et jette ma tête en arrière en riant. J'aimerais que ce moment ne s'arrête jamais.
***
On a dû revenir. Et mon sourire mi-heureux, mi-niais est resté sur mon visage jusqu'à ce qu'on rejoigne l'hôtel. Je me fiche de ce qui nous attend, de tout ce qu'ils peuvent bien nous dire. Ce moment est à nous, il restera entre nous et personne ne pourra jamais nous enlever ça. Je n'ai même pas vraiment écouter ce que nous a dit la production. On nous a dit qu'on aurait jamais dû faire ça, qu'on avait perdu une activité, une journée de tournage, qu'on c'était mis en danger. Peut-être que oui, mais ça faisait une éternité que je ne m'étais pas autant amusée. Mon regard a croisé plus d'une fois celui de Léo et mon sourire s'agrandissait toujours un peu plus alors que ma main allait chercher la sienne sans que personne ne nous donne aucune indication.
On se retrouve dans la chambre, il fait nuit noire et je m'assois sur le lit alors que Léo a disparu quelque part. Je ne sais pas ce qu'il fait, et je reste dans le silence pendant de longue minutes avant d'aller m'asseoir dans le hamac sur la grande terrasse. J'aime la nuit en général. Mais la nuit de cet endroit était encore plus magique. Le ciel était plus étoilé, la lune plus grande et plus lumineuse, et tout était si calme. Je soupire en m'allongeant pour regarder le ciel. Et si je partais jamais d'ici ? Et si on pouvait vivre dans cette bulle pour toujours ? |
| | | | (#)Ven 20 Mar 2020 - 1:11 | |
| Son idée de l'amour et des relations humaines me fait presque questionner la mienne. Enfin, me fait presque remettre un peu en question ce que j'ai vécu jusque là. Et pourtant, je ne peux pas m'empêcher de penser que cela manque de sens. Que personne n'est "fait" pour personne. On rencontre juste des gens avec lesquels on est en phase, sur le moment. Et tant mieux si ça perdure. Tant pis si ça meurt, tant pis si ça ne germe que d'un côté. Je ne parle pas par expérience, de toute façon. Haha.
Et elle est timide, Molly, à sa façon. Elle planque bien les choses qu'elle ne veut pas qu'on découvre juste en ramenant la lumière sur les gens qui l'entourent. Ce n'est pas grave. Je suis prêt à prendre la lumière, si c'est ce qu'elle veut, si elle a besoin d'ombre pour s'épanouir vraiment. J'espère simplement qu'elle s'ouvrira un peu à moi, un jour, autrement qu'en renvoyant sur moi les questions que je voudrais lui poser. Ça ira. Nous avançons à notre rythme. « Je serai toujours honnête aussi, tu verras que je suis une très mauvaise menteuse. » J'ai un petit rire. « Je ne suis pas très bon non plus. Tu l'apprendras bien assez vite. » Je suis incapable de cacher ce que je voudrais qui le soit. Molly n'est peut-être pas une bonne menteuse, mais elle sait au moins se soustraire à toute l'attention qu'on pourrait lui porter. Dommage : si elle voulait se rendre invisible, elle est tombée sur la mauvaise personne.
Le bruit de la cascade est assourdissant, même si la chute n'est pas assez forte pour être dangereuse. « Cet endroit est parfait ! » J'opine du chef en relevant le regard, un œil fermé. Le soleil perce les frondaisons et donne à l'eau de jolis reflets lumineux. Ma peau retrouve bientôt la sienne, dans une étreinte qui m'apaise. « On vibe ensemble, et on vit seconde par seconde. » J'aime cette nouvelle règle, que nous ajoutons au panthéon de notre fonctionnement. L'endroit accueille bientôt son rire, suivi du mien. Oui, cet endroit est parfait. Je voudrais y rester un long moment encore.
✵ On s'est fait engueuler, un peu. Pas mal. On s'est fait engueuler, beaucoup. Des histoire de contrats, de petits caractères qui précisaient qu'on ne devait pas prendre ce genre d'initiatives. Beaucoup de reproches balayés de grande "nous sommes désolés", "vous n'avez pas raté grand chose, nous nous sommes essentiellement perdus en forêt" et à grand renfort de "il n'y aura plus d'initiatives de ce genre".
Et puis, nous sommes allés rejoindre nos hutte. La nuit est tombée, depuis. Le dîner est servi sous cloche, sur la table basse de notre salon. Je me permets de la soulever pour engouffrer la première chose que rencontre ma main : un toast couvert d'une pâte qui ressemble à du guacamole. « Improbable mais vrai : j'ai faim. » La collation que nous avons embarqué avec nous n'aura pas suffi à contenter mon estomac. Molly reprend ses aises sur le lit et je recouvre le dîner, avant d'aller prendre une douche.
Lorsque je suis de retour, Molly est sur la terrasse. Elle s'est installée dans le hamac au dessus de l'eau, ce grand filet tendu au dessus de l'océan et qui donne l'impression de flotter. Le sourire aux lèvres, je me détourne pour aller retirer toutes les couvertures du lit dans lequel elle a, jusque là, dormi. Marchant sur la pointe des pieds, je viens me débarrasser de mon paquet juste au dessus d'elle, lui larguant sur les épaules la couette blanche ainsi que les coussins de sa couche. « Livraison. Installe toi, je reviens avec le repas. » Un trajet suffit à transporter le plateau sur lequel ont été disposés toasts, ainsi qu'un large plat de légumes divers et variés. Sous une autre cloche, une salade de fruits. Je viens me glisser aux côtés de Molly, sur le filet. « Bon appétit. Quel enfer, les caméras ratent ça aussi ! Ils vont nous détester, à force. » C'est probablement déjà le cas. Le sourire aux lèvres, j'attrape un autre toast. « Ce qui va le plus me manquer, c'est de ne pas avoir à cuisiner, je crois. », que je lâche, pensif, la bouche pleine. « Oh et l'endroit, bien sûr. Mais la nourriture en premier. » Parce que je cuisine comme un pied. |
| | | | (#)Ven 20 Mar 2020 - 19:11 | |
| On est rentré, il a bien fallu qu'on parte malheureusement. Parce que moi, je serais bien rester encore des heures allongée sur les rochers ou dans ses bras sous cette magnifique cascade. Ce moment restera gravé dans ma mémoire pour toujours. Et ça sera seulement dans nos mémoires. Parce que personne n'était là pour nous flimer, pour nous dire de nous décaler ou de se tenir la main un peu plus longtemps. On a fait tout ça parce que c'était naturel, seulement parce qu'on en avait envie. Et je ne regrette pas d'être partie, de l'avoir suivi dans cette forêt qu'on ne connait même pas. J'avais juste envie d'être avec lui, qu'on soit enfin tranquille. Et on l'aura eu notre journée de tranquillité. Une seule journée de répit. On a promis qu'on ne recommencerait plus.
Ils nous ont engueulé mais je suis restée sur mon petit nuage, Léo a parlé, il a promis une tonne de chose à la production et je suivrai, mais j'étais incapable de regarder qui que ce soit sans garder ce sourire niais ancré sur mon visage. Et on a eu le droit de rentrer, on leur a dit qu'on était fatigué et qu'on ne ferait pas de vagues ce soir. Qu'on allait rentrer, manger, et dormir. On va parler aussi, ça c'est évident, et là aussi, ça ne sera pas filmé. Cette journée aura été pour nous et seulement nous du début à la fin. Je n'ai pas envie que ça se termine. « Je meurs de faim aussi » et je le copie en prenant un des toast déjà préparé. Je ne le vois pas partir, mais au bout d'un petit moment je me rends compte que je suis seule dans la pièce principale. Alors je sors, je suis seule, au calme, pendant de longues minutes et je profite de tout. De la brise qui fait voler légèrement mes cheveux, du bruit de l'eau juste en dessous de moi, de la nature et de la forêt derrière les maisons. Et j'essaie d'écouter, d'écouter vraiment mais je n'entends plus la cascade. Elle est bien trop loin, trop enfoncée dans la forêt. Et je soupire légèrement avant de regarder le ciel.
Je sursaute quand je sens une tonne de couvertures et de coussins qui tombe sur moi. Je pouffe de rire en voyant Léo juste au dessus de moi qui a apparemment décidé qu'on passerait la soirée dans le hamac. Le plus parfait des programmes. Je suis contente que ne se dise pas juste bonne nuit en partant chacun de notre côté comme on l'a fait tous les soirs depuis qu'on est arrivé ici. J'étale les coussins et pose les deux couvertures sur toute la longueur du hamac pour ne pas être la seule à en profiter alors que Léo ramène le repas. Une minute plus tard il arrive vers moi, le plateau repas à la main. Je l'attrape pour le laisser s'installer à mes côtés. « Je crois qu'après ce qu'on a fait aujourd'hui on sera jamais ami avec les membres de l'équipe de l'émission. » Je souris en attrapant des trucs à grignoter. Je meurs encore de faim.
On mange quelques secondes dans le silence avant que Léo ne recommence à parler. Ma tête se tourne vers lui. Je ris quand il me dit que ce qui va le plus lui manquer c'est de ne pas avoir à se faire à manger. « Je suis d'accord ! La nourriture c'est le plus important. » Je hoche la tête en tentant de garder mon air sérieux. Parce que c'est vrai que je n'ai pas l'habitude de manger aussi bien quand je suis dans l'appartement. Sky ne sait pas vraiment cuisiner et moi, même si j'aime ça, je n'ai jamais le temps. Et puis, on ne peut pas dire que je sois très douée. « Je pense que moi, c'est surtout cette ambiance qui va me manquer. » La nuit, la tranquillité. Et être loin de Brisbane. « Le calme quand il fait nuit, qu'il n'y a personne pour nous dire quoi faire. J'aime la nuit ici. » Je regarde l'océan et continue de manger un peu tout ce que je trouve. « On a encore quelques jours, pour viber ensemble et vivre seconde par seconde. » Je souris en tournant la tête vers lui. Parce qu'après, qu'est qu'il va bien pouvoir se passer ? Quand on ne sera plus dans cette bulle, quand il pourra s'éloigner de moi sans que personne ne lui dise quoi que ce soit. Qu'il aura juste le droit de partir pour reprendre sa vie exactement là où il l'avait laissé. Peut-être qu'il ne veut pas que tout ça aille plus loin, et je ne pose aucune question. Je le regarde dans les yeux seulement, avec mon sourire en coin. J'ai bien trop peur de la réponse, alors je continue de vivre au jour le jour avec lui, et à juste profiter de ce qu'on est capable de se donner. |
| | | | (#)Sam 21 Mar 2020 - 0:00 | |
| « Je crois qu'après ce qu'on a fait aujourd'hui on sera jamais ami avec les membres de l'équipe de l'émission. » Non, jamais. Ils doivent nous détester depuis le jour un, se plaindre au reste de l'équipe restée en Australie qu'ils ne tireront rien de nos images. Je parle peu, moi, devant la caméra. Je garde tous nos moments pour nos instants de solitudes. Tout ce qu'ils arrivent à voler sont peut-être des sourires - et encore. Pas de quoi en faire tout un plat. Comme les téléspectateurs seront déçus : je me montre tantôt taiseux, tantôt insupportable - juste le personnage que j'ai vendu à May. Si ma mère me voyait, elle me trouverait probablement ridicule. Étendu à côté de Molly, je perds un instant mes yeux sur la ligne d'horizon. On ne voit rien, sinon les étoiles et la lune, brillante dans les cieux. Elle se reflète joliment sur les vagues en dessous de nous. « Je suis d'accord ! La nourriture c'est le plus important. » Leurs jus de fruits sont délicieux. Je pourrais ne me désaltérer qu'avec ça. Un toast de plus est bien vite englouti, et j'attrape alors le plat de résistance, ainsi que nos couverts. Manger directement dans le plat, c'est un truc que je ne fais que chez moi, mais la flemme d'attraper des assiettes restées sur la table basse est trop grande par rapport à l'effort demandé.
« Je pense que moi, c'est surtout cette ambiance qui va me manquer. » J'hoche la tête en m'enfilant une bouchée. Cette bulle, ce cadre va me manquer aussi. J'étais anxieux à l'idée de partir, et me voilà désormais plutôt anxieux à l'idée de revenir. « Le calme quand il fait nuit, qu'il n'y a personne pour nous dire quoi faire. J'aime la nuit ici. » « La nuit est belle. », que je murmure. Ici, la nuit est très différente de mes nuits à Brisbane. Je dors bien, je bouge moins, je ne me réveille plus qu'au matin. Voilà qui me change de mes habituelles nuits très agitées. Cet endroit recèle une douceur qui nous fait du bien, je crois. Ici, le temps semble s'écouler différemment. « On a encore quelques jours, pour viber ensemble et vivre seconde par seconde. » J'ai un petit rire en l'entendant reprendre mes mots, alors que nos yeux se retrouvent. « Ne parle pas du départ. Ne nous met pas de limite de temps. » Je pose le plat sur la terrasse, me laisse glisser dans les couvertures, étonnamment vite repu. « Je voudrais rester ici. » Je glisse assez bas pour pouvoir poser ma tête contre elle, juste au dessus de sa hanche. « Tu crois qu'on pourra revenir ici ? Plus tard. » Je ne sous entends même pas le "nous". Quelle que soit la forme que prendra notre relation, je nous veux ici, quand elle voudra revenir. Un petit soupir m'échappe. « Ma famille t'aimerait bien. » Ma famille l'adorerait, même. Mais ma famille ne sait même pas que je me suis marié. |
| | | | (#)Sam 21 Mar 2020 - 1:01 | |
| Il est calé à côté de moi, il a ramené de la nourriture, on peut rester allongé ici pendant des heures. Les couvertures recouvrent mes jambes et le plateau est posé entre nous. Je pioche régulièrement des toats, des fruits, je mange assez pour être rassasiée jusqu'au lendemain. Et on parle, on parle toujours de sujets intéressants. J'avais peur qu'on arrive pas à parler en arrivant ici, mais depuis qu'on vit tous les deux dans cette maison au bout du monde, je me sens bien. Je n'ai plus peur de rester seule avec lui, ou de ne pas être assez intéressante pour qu'il veuille rester. On est bien ensemble, quand on est juste nous deux. Et on l'a bien vu aujourd'hui. Rien que repenser à cette journée me donne le sourire. Je pense que je n'ai pas arrêté de sourire depuis 9 jours.
Il me dit que la nourriture d'ici va lui manquer, et j'acquiesce. J'adore ce qu'on mange ici, ce qu'on boit. « Les cocktails sont bons ici aussi ! » Et je hoche la tête, parce que c'est avec lui que j'en ai découvert pleins. De nouvelles choses que j'adore. La nuit est belle. Et je ne réponds qu'en hochant la tête et en regardant l'horizon. « C'est si différent des nuits que je passe dans mon appartement à Brisbane. » Des nuits bien plus courtes, bien plus bruyantes. Et la vue à Brisbane est bien moins belle. Ça va me manquer de ne plus pouvoir m'asseoir sur cette terrasse alors que Léo dort à point fermé à côté. Elle aime ces moments.
Et je reprends ses mots, parce que j'aime cette idée. Qu'on avance pas à pas à notre rythme, parce qu'on avance bien ensemble. Mes yeux plongent de nouveau dans les siens. « J'ai pas envie de donner une date de fin à tout ça non plus. » à nous, à ce voyage, à cette bulle qu'on forme ensemble. J'ai pas envie que ça se finisse. Et on est peut-être encore sur la même longueur d'onde, et ça c'est rassurant. Sa tête se pose sur ma hanche et ma main vient instinctivement se glisser dans ses cheveux. « J'adore tes cheveux. » Et j'adore les toucher aussi même si je n'ai pas eu beaucoup l'occasion de le faire. Alors mes doigts coiffent ses boucles noires tant que ma main est posée sur son crâne. Je suis encore étonnée des fois, de comment tout ça vient naturellement. Mon sourire grandit quand il me dit qu'il veut qu'on revienne ici. Parce que c'est la meilleure idée qu'on pourrait avoir, quelque soit notre relation, je veux qu'on puisse retrouver cette bulle. Sans les caméras, juste nous deux. « On retournera à la cascade, et on pourra faire le tour de la forêt quand on le veut. » C'est un oui, un grand oui, la promesse qu'on gardera un lien, quel qu'il soit. « On reviendra ici, promis ! » Je hoche la tête et continue à caresser ses cheveux alors que mon regard se pose tendrement sur lui. Il me dit que sa famille m'aimerait bien. Et mon cœur rate un battement. Mon sourire grandit si c'est encore possible. « La mienne aussi. » J'en suis persuadée. Mais mes parents ne savent même pas que je suis mariée, j'ai pas eu le temps de les prévenir. « Allie peut être un peu protectrice au premier abord mais elle est adorable. Je suis sûre que vous vous entendriez bien » Je hoche la tête, parce que Allie et Tristan sont les personnes les plus importantes dans ma vie. Et je veux que Léo fasse partie de ma vie, je ne sais pas encore comment, mais je veux garder ce lien. Et petit à petit, je commence à accepter cette bague qui entoure mon annuaire. |
| | | | (#)Lun 23 Mar 2020 - 15:50 | |
| « J'ai pas envie de donner une date de fin à tout ça non plus. » J'ai un grand soupir, alors que mes yeux se perdent sur la ligne d'horizon. Pas de date de fin, aucune date de péremption, mais l'inéluctable se rapproche doucement. Il nous faudra rentrer, retourner à nos vies. Je n'en meurs pas d'envie, étonnamment. Molly non plus, il faut croire. Rien n'est plus rassurant de savoir qu'au moins, nous partageons plutôt le même sentiment. Ma tête se cale doucement contre elle. La brune passe ses mains dans mes cheveux et je ferme les yeux, aux anges. Dans une autre vie, je devais être un chat. « J'adore tes cheveux. » « Mmh-mh. Ils sont tout à toi. » Moi aussi, je les adore. J'en prends soin comme s'ils étaient faits d'or. Ce que j'aime le plus, en revanche, c'est qu'on joue avec. Il n'y a rien de plus agréable sur la planète Terre.
Bien sûr que je veux revenir ici avec elle. J'ai peur que cela ne soit pas pareil, mais nous ferons avec, j'imagine. Nous n'aurons pas la même relation, non plus. « On retournera à la cascade, et on pourra faire le tour de la forêt quand on le veut. » « Sans les caméras autour, quel bonheur... », que je murmure, un sourire béat aux lèvres. Je pourrais presque m'endormir. « On reviendra ici, promis ! » « Promesse du petit doigt. » Je lève la main vers elle, les yeux toujours fermés.
Ma famille l'aimerait certainement. Ma mère me féliciterait d'être enfin sur les rails. Mon père me remettrait sur la liste de ses héritiers. Tout en haut, même, pourquoi pas. « La mienne aussi. » J'ai déjà rencontré certains membres de cette famille. Elle n'a rencontré que les gens que j'ai choisi, ceux qui font aujourd'hui office de famille. Mes parents ne savent même pas quelles études je poursuis. Ma mère, peut-être que oui. Mon père a arrêté de prendre de mes nouvelles depuis que j'ai quitté la maison. « Allie peut être un peu protectrice au premier abord mais elle est adorable. Je suis sûre que vous vous entendriez bien. » J'ai un petit sourire. « Tu sais ce que c'est, la suite ? » Moi, je sais. J'ai bien écouté tout ce qu'ils nous rabâchent depuis le début de cette drôle d'aventure. « Ils voudront voir si on peut cohabiter ensemble. Tu viendras vivre à l'appartement ? A moins que je vienne vivre chez toi. On n'est pas obligés de se supporter tout le temps, on peut ne faire que... certains soirs. Ils ne sont pas obligés de le savoir. » Parce que je sais que là, nous serons autonome. Ils ne nous demanderont que de nous filmer nous-même de temps en temps pour voir comment se passe la cohabitation. Pas de caméras tout le temps et c'est tant mieux. |
| | | | (#)Lun 23 Mar 2020 - 23:12 | |
| On est calé, il a sa tête posée contre moi et ma main a glissé dans ses cheveux. Je joue avec ses mèches, masse son cuir chevelu. Et je continue en souriant parce que je vois qu'il adore qu'on touche ses cheveux. C'est un petit détail sur lui que je note dans un coin de ma tête. Il a des cheveux magnifiques et soyeux. Et ma main libre rejoint aussi ses cheveux pour tresser une partie de ses boucles. « Je peux faire ce que je veux ? » Parce que si il dit oui, je vais sûrement passer de très longues minutes à essayer de lui faire des tonnes de petites tresses. J'aime qu'on soit là, qu'on soit proche, qu'on partage tout ça ensemble. Que j'ai voyagé pour la première fois avec lui. J'aurais pas pu rêver mieux comme premier voyage.
Et on parle, on parle vraiment. Du futur et de ce qu'on va bien pouvoir faire après tout ça, Il a abordé le sujet, et j'admire son courage parce que moi j'osais pas le faire. J'ai tellement peur de retourner à Brisbane, peur que ça ne soit plus pareil avec personne. Parce que je vais rentrer mariée, est ce qu'on va rester marié ? « Enfin débarrassé de la prod ! » On pense la même chose de tout ça, si on pouvait s'enfuir tous les jours pour choisir nos activités on le ferait. Mais on a signé un contrat, et on doit suivre, on doit écouté, et on doit être filmé. Et je lui dis que je veux revenir, qu'on reviendra ensemble un jour. « Promesse du petit doigt. » J'attrape son petit doigt, parce que c'est devenu notre truc. Et mes deux mains retournent s'affairer sur son crane.
Il évoque sa famille, et mon sourire est grand, vraiment très grand. Je pense qu'il va de mon oreille à l'autre. Je dois ressembler au joker, ça peut peut-être faire peur. Mais c'est parce que je suis heureuse, qu'il arrive à parler de tout ça. Et je parle d'Allie, je peux pas m'en empêcher, c'est plus fort que moi. Parce que j'ai envie qu'elle s'entende bien avec Léo, qu'ils s'apprécient si il venait à prendre une place de plus en plus importante dans ma vie. Il parle de la suite de l'émission. « J'en ai vaguement entendu parlé. » Mais je n'y pensais pas trop, Léo a besoin de temps, j'ai besoin de temps aussi. Et après ces quelques jours j'ai vu qu'il avait besoin d'espace lui aussi, qu'on avait pas besoin d'être collé à longueur de journée. Alors je ne pensais pas qu'il parlerait de la cohabitation, je ne pensais pas qu'il voudrait de tout ça. « Je suis en coloc avec ma meilleure amie, donc c'est plus pratique si c'est moi qui ramène mes affaires chez toi. » Bien évidemment que je dis oui, parce que je veux qu'on garde notre bulle encore un peu plus longtemps. « Je pourrais faire les allers-retour entre mon appart et le tien quand tu me supporteras plus parce que j'aurais mangé tous tes bonbons ou parce que j'ai laissé des cheveux dans ta salle de bain. » Je pouffe un peu de rire, ça me paraît irréel, mais cette idée me plait. De vivre avec lui, qu'on essaie d'évoluer ensemble. « On leur fera des selfies avec les pouces en l'air, en mode tout va bien on est toujours en vie. » Et j'emménagerai chez lui pour certains jours de la semaine. |
| | | | (#)Mer 25 Mar 2020 - 1:22 | |
| « Je peux faire ce que je veux ? » « Ce que tu veux. », que je marmonne avant de bâiller à m'en décrocher la mâchoire. Et déjà, ses mains s'activent. Je pousse un autre soupir, les yeux fermés. La sensation me déclenche des bâillements à la chaîne. Et bientôt, la torpeur s'installe dans mes muscles, déjà présente depuis que je me suis affalé à ses côtés. Comme l'endroit est paisible...
« Enfin débarrassé de la prod ! » Oui, ils me gonflent au possible. Je ne savais pas qu'il était autant possible de faire une overdose de gens que l'on connaît si peu. Et pourtant, je m'y connais en overdose de gens, parce que j'en fais tout le temps. Mais là, il ne se passe pas une seule seconde sans que j'ai envie de noyer toute l'équipe qui nous accompagne dans les flots bleus qui nous entourent. C'est un bel endroit pour mourir, non ? On reviendra ici, sans eux. « Promesse du petit doigt. » Mon sourire ne s'agrandit que lorsque je sens sa peau contre la mienne. C'est notre truc. J'espère que ça le restera toujours, au moins jusqu'à plus soif.
Elle sait, Molly, pour la suite. elle sait probablement moins que moi, ça s'entend vaguement dans le ton de sa voix. Moi, j'ai eu le temps de laisser l'information tourner en boucle dans ma tête, à m'en filer migraines et insomnies de l'enfer. Rien de très sain. Maintenant que j'ai rencontré Molly, ça va un peu mieux. Disons que l'information "elle va venir habiter chez toi ou tu vas aller habiter chez elle" passe un peu mieux, est un peu moins anxiogène. Et pourtant, c'est toujours avec l'envie de me ronger les ongles que je l'évoque, malgré tout ce que fait Molly pour me mettre à l'aise. J'ai peur qu'encore une fois, lorsque nous serons sortis de tout cela, nous n'aurons plus rien à nous dire. Qu'enfin, elle pourra voir tout ce qu'elle ne voyait pas jusqu'alors. Qu'à peine elle aura passé la porte de chez moi, ou moi la porte de chez elle, elle se rendra compte combien il lui est impossible d'avoir un quelconque contact avec moi, même pas visuel, et donc encore moins amical. J'ai peur que mon monde change. J'ai peur de le sentir changer, parce que je sais qu'il change, mais il n'est rien d'autre qu'un paquet d'angoisse très compact que j'ai du mal à démêler. « Je suis en coloc avec ma meilleure amie, donc c'est plus pratique si c'est moi qui ramène mes affaires chez toi. » J'opine doucement du chef en rouvrant les yeux. « Je pourrais faire les allers-retour entre mon appart et le tien quand tu me supporteras plus parce que j'aurais mangé tous tes bonbons ou parce que j'ai laissé des cheveux dans ta salle de bain. » J'éclate d'un rire franc, qui fait du bien. « T'en fais pas. Tous les bonbons sont déjà mangés, chez moi. On en rachètera et je t'engueulerai parce que t'auras encore tout mangé. » Je referme les paupières. Mes yeux me piquent. « On leur fera des selfies avec les pouces en l'air, en mode tout va bien on est toujours en vie. » « Parfait. »
Je bâille à nouveau, tire la couverture à nous alors que je remonte légèrement dans le filet pour être à la hauteur de Molly. « On dors là tous les deux, ou tu préfères que je retourne dormir dans le canapé ? Je te préviens, je bouge. » Charlie s'est toujours plaint de ma capacité à prendre toute la place dans le lit. Et pourtant, c'était elle la responsable, je suis prêt à le jurer sur tous les livres religieux qui existent sur cette planète - et même au delà. |
| | | | (#)Mer 25 Mar 2020 - 18:31 | |
| J'ai carte blanche pour jouer avec ses cheveux. « Je saurais m'en souvenir » et je pouffe de rire en tressant les premières mèches. Je m'amuse, et lui il ferme les yeux. Je pense qu'il serait capable de s'endormir en quelques minutes si je continue comme ça, et si on restait dans le silence un peu trop longtemps.Mais on parle, de trucs importants, de trucs que j'aurais certainement jamais osé aborder. Mais lui il le fait, et lui il est rassurant, parce qu'on pense la même chose. Sur la production, sur les caméras, sur cet endroit, sur nous et sur le futur. Je veux qu'on avance petit à petit, qu'on voit ce que tout ça peut donner, qu'on voit ce qui nous attend quand on aura retrouver notre ville. Même si je ne veux pas y penser, si je m'amuse à croire qu'on pourrait rester ici pendant une vie entière. Je sais qu'on va devoir rentrer, qu'on va tous les deux devoir retrouver nos vies, et ma peur actuelle, c'est qu'il finisse par ne plus faire partie de la mienne.
On cèle une nouvelle promesse quand mon doigt va rejoindre le sien, quand son sourire s'agrandit et quand je m'imagine déjà revenir ici. Mais ça ne s'arrête pas là, parce que Léo est bien plus au courant de tout ce qu'on est censé faire après pour l'émission. Il a dû avoir le temps de se renseigner, de se préparer à tout ça. Mais moi j'ai pas osé, je me suis juste dit que je suivrai ce qu'on me dirait, et c'est ce que je fais depuis que je suis arrivée ici. On parle d'emménagement, de moi qui vais vivre chez lui pendant certains jours de la semaine. Et je souris, parce que ça me plaît autant que ça me terrifie. Comme ce voyage, comme ce mariage. « Vendu. » Il achètera de nouveau bonbons et je les mangerai tous quand il dormira et que moi j'y arriverai pas. « On se fera livrer des pizzas quand j'aurais essayé de cuisiner un truc mais que j'aurais détruit la moitié de ta cuisine. » Parce que j'aime cuisiner, mais malheureusement, je n'ai jamais été doué pour ça. « Je vais vraiment avoir envie qu'on fasse ce selfie maintenant. » Et je pouffe de rire en nous imaginant le faire en continuant de tresser tous les cheveux qui me passent sous la main.
Il baille, et moi aussi. J'ai réussi à tresser au moins les trois quarts de ses cheveux et je suis plutôt fière de moi mais cette journée m'a épuisé. Il a même pas besoin de finir sa phrase que la décision est déjà prise quand il remonte sa tête à ma hauteur et que mes yeux plongent dans les siens. « On dort là. » C'est la première fois qu'on dort tous les deux, et ça me fait sourire, encore. Mes lèvres se posent sur les siennes, le même baisé chaste que je lui ai déjà donné quelques heures auparavant, et je me cale contre lui, prête à m'endormir alors que mes yeux font des allers-retour entre son visage et le reflet de la lune sur l'océan. |
| | | | (#)Jeu 26 Mar 2020 - 1:46 | |
| « On se fera livrer des pizzas quand j'aurais essayé de cuisiner un truc mais que j'aurais détruit la moitié de ta cuisine. » « Merde, si t'es pas douée en cuisine on est mal barrés. Je suis une brêle. Mais s'il faut faire venir de la bouffe depuis l'autre bout du pays, ou même depuis Bangui, ça sera ok. Toujours mieux écologiquement que moi qui cuisine. » Mais oui, c'est vrai, je suis celui qui oublie des choses dans la poêle ou détruit complètement son four en le laissant allumé. Si ma cuisine reste toujours si propre, c'est parce que je ne m'en sers jamais. « Je vais vraiment avoir envie qu'on fasse ce selfie maintenant. » On fera des selfies détestables. Je la prendrai en photo à son insu quand elle fera les pires trucs possibles. Je râlerai quand elle laissera traîner ses trucs partout où elle le pourra.
« On dort là. » Je tire la couverture sur nous, alors que nous nous trouvons désormais à la même hauteur. Le nez sous la couette, j'attends qu'elle se cale confortablement avant de me tourner à nouveau vers elle. Ses lèvres se posent sur les miennes, et c'est d'un autre baiser que je viens cueillir les siennes. Dans un soupir, j'enroule mes bras autour de la brune, glisse mes mains dans son dos. Mes doigts s'y accrochent comme du lierre grimpant à un mur de pierre. « Merci. », que je murmure. « Pas pour les tresses. Ça va casser mes cheveux. » Je me sens obligé de faire un peu d'humour, jugeant mon remerciement un peu trop formel et un peu trop cheesy à la fois. Mais c'est vrai, il y a de quoi la remercier, elle qui n'a pas couru loin de moi à la première maladresse, qui ne m'a pas fait sentir un peu mieux tous les jours. Elle qui m'éloigne doucement des angoisses. Je suis bien, contre elle. Je me sens juste un peu moins seul, plus tranquille. Je sais qu'il faut en profiter, car le retour risque d'être vertigineusement rude.
En attendant, ce sont ses yeux qui nous tiennent aux étoiles, mes bras qui nous tiennent l'un contre l'autre. J'ai de quoi sourire, lorsque enfin mes paupières se font trop lourdes pour être maintenues ouvertes. Un dernier bâillement et je niche ma tête contre la sienne. Il y a trop de coussins, dans ce drôle de lit. Qui a eu l'idée de nous encombrer avec tant d'oreillers ?
Quand je sens que je glisse dans la torpeur, il n'y a plus, sur mon visage, qu'un grand et véritable sourire. Un sourire de Duchenne. |
| | | | | | | | The Duchenne smile | Ivyheart #4 |
|
| |