Too far gone • (Zombie Halsyn)

Too Far Gone
Raelyn Blackwell & @Halsey Blackwell Too far gone • (Zombie Halsyn) - Page 23 873483867

- 1 an après l’épidémie

Rester plongée dans un silence de mort, cela peut paraître égoïste, et mais cela ne l’est pas. C’est parler qui le serait, c’est lui crier ma colère au visage et m’en prendre à elle, parce que ça me ferait du bien, alors qu’il nous reste encore plusieurs heures de route. C’est me mettre en colère, parce que je sais quel en serait le résultat : je lui demanderais de s’arrêter sur le bas-côté pour me laisser descendre. Je n’étais pas impulsive avant la fin du monde, j’étais même une femme plutôt réfléchie et qui savait contrôler ses nerfs dans de nombreuses circonstances, mais ça aussi il faut croire que cela a changé. Cela a changé, à cause des circonstances ou à force de côtoyer ma sœur qui, il faut bien l’admettre, peut se montrer particulièrement usante. Elle ne réfléchit pas, ne sait parfois pas voir au-delà de ses petits plaisirs égoïstes, comme ce qu’il vient de se passer, et sait pas se remettre en cause. Alors je sais que je partage certains de ses défauts, mais ceux là sont devenus insupportables. Me taire, c’est la seule façon pour que nous restions ensemble, et c’est aussi la seule façon de ne pas passer ce si long trajet à nous hurler dessus. Parce qu’elle hurlera Halsey, elle hurlera même si elle est majoritairement en tort dans tout ça.

Je me contente de phrases monosyllabiques lorsqu’elle a besoin d’une direction, je me contente de poser la tête sur la vitre et de regarder le paysage défiler, et je me contente d’observer la carte en continuant le travail de repérage que j’avais commencé plus tôt. Quand elle s’arrête sur une aire d’autoroute au bout de plus de deux heures, je ne lui adresse même pas un mot avant de descendre de l’habitacle, claquant la portière derrière moi, et de m'éloigner pour aller me soulager. L’aire est déserte, nous pourrions presque y rester un peu plus longtemps si nous n’avions pas un objectif de distance aussi ambitieux pour aujourd’hui. Mais elle est également visible depuis un gros axe routier, un axe qu’heureusement nous quitterons bientôt pour des petites routes certainement plus calmes.

Quand je reviens à la voiture et que je la vois clope au bec, j’ai envie de l’étouffer avec. Je n’en fais rien, je me contente de serrer la mâchoire, et d’ouvrir le coffre pour attraper une conserve de thon. « On mange un petit truc et on repart, n’importe qui peut voir la voiture depuis la route. » J’aurais préféré un espace plus boisé est à l’abri des regards, mais c’est tout ce que nous avons à notre disposition.

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Autant dire que le trajet s’était révélé plus long qu’il ne l’aurait été si l’entente avait été au beau fixe, mais la brune en avait profité pour rester seule avec ses pensées, comme elle aimait souvent le faire – même avant que la fin du monde ne modifie complètement leur façon de vivre. Des choses à ressasser, il y en avait des tas. Il leur était arrivé tellement de choses depuis que les morts avaient commencés à se relever, et le fait d’être constamment dans l’urgence et dans l’action ne laissait pas beaucoup de place à la réflexion ni au fait de se poser quelques minutes pour digérer ce qu’il se passait. La brune s’était souvent demandée ce que son corps et son esprit pouvaient endurer avant d’arriver à un point de rupture, avant de perdre complètement les pédales et d’agir de façon dangereuse, comme elle le faisait souvent ces derniers temps. Etait-ce une tentative d’auto sabotage, des actes manqués destinés à mettre fin au supplice qu’était devenu sa vie ? Elle l’ignorait, mais ces questions restaient néanmoins dans son esprit, surtout lorsqu’elle était entourée d’un silence de plomb, comme pour l’instant dans cette voiture. Raelyn conservait un visage fermé et ne désirait pas alimenter la conversation, ce qui était probablement pour un mieux. Après plus de deux heures, elle prit elle-même la décision de s’arrêter pour souffler, se dégourdir les jambes et manger un petit bout pour se redonner des forces. Elle s’alluma une cigarette, seul moment de réconfort après ce qu’il venait de se passer et observa du coin de l’œil sa sœur revenir d’entre les arbres et qui lui jeta un regard qui en disait long en la voyant ainsi fumer. Mais elle se fichait bien de ce qu’elle pouvait penser à ce stade. « On mange un petit truc et on repart, n’importe qui peut voir la voiture depuis la route. » Halsey hocha la tête et termina sa cigarette en inspirant de longues bouffées avant de se diriger à son tour vers le coffre et d’attraper une bouteille ainsi qu’une conserve. « On en est où ? » Oui parce que, d’habitude, elles communiquaient et la brune gardait un œil sur la carte, mais là elles s’étaient emmurées dans leur silence. Elle s’installa près de Raelyn, mais pas aussi près qu’elle l’aurait fait si l’atmosphère était au beau fixe entre elles.

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- 1 an après l’épidémie

Est-ce ça ? Est elle en train de péter un câble, d’atteindre un point de non retour et de sombrer dans la folie ? Est-ce qu’à travers ses comportements dangereux elle cherche simplement à s’échapper sans oser admettre qu’elle en assez de tout ça ? Qu’elle préfèrerait que sa vie s’arrête, mais qu’elle n’ose pas l’avouer ? Grand bien lui fasse, mais il n’y a pas qu’elle qu’elle met en danger, nous sommes elle et moi dans le même bateau, quand elle se met en danger elle me met moi en danger par la même occasion. ce n’est pas la première fois, et je commence réellement à me poser des questions sur ce que ça traduit. J’ai à plusieurs reprises mis ça sur son impulsivité, mais y a-t-il autre chose à y voir ? Si c’est le cas il faudra que nous mettions les pendules à l’heure, parce que les choses ne peuvent pas durer comme ça tant que nous restons ensemble. Je ne peux pas l’empêcher de se nuire à elle-même consciemment ou inconsciemment, mais je n’ai pas l’intention d’accepter ça pour ma propre personne. Alors je descends de la voiture, et je m’éloigne parce qu’il vaut mieux vu les pensées auxquelles je suis en proie. Je disparais pour soulager des besoins naturels, mais je prends mon temps le temps de me dégourdir les jambes et de m’aérer l’esprit également.

Quand je reviens, c’est toujours sans un mot que je m’installe pour entamer la conserve qui me servira de déjeuner. Son paquet de cigarettes, je ne fais aucune réflexion dessus, mais il vaut mieux qu’elle évite qu’il me tombe sous la main puisque je serais prête à le noyer dans un bidon d’essence. « On en est où ? » Y’a écrit carte sur mon front ? Si elle se pose la question elle n’a qu’à aller la chercher sur le siège passager et regarder. « On a progressé moins vite que prévu. » On a perdu un peu de temps au cimetière de voiture, et surtout nous avons dû emprunter des petites routes pour nous en sortir. « On arrivera pas là où je pensais ce soir. » Alors on mange, et on repart. Et dans le silence de préférence, à moins qu’elle ait quelque chose à dire pour expliquer son attitude aberrante.

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La brune attrapa à son tour une conserve dans le coffre, même si son ventre ne criait pas forcément famine, au contraire. Cela arrivait, parfois, qu’elle doive se forcer à manger alors que le cœur n’y était pas. Parfois, son cœur était tellement au bord de ses lèvres lorsqu’elle frôlait la mort qu’il lui fallait des jours entiers pour se remettre des odeurs et des idées qui suivaient ce qui avait failli se passer. Halsey était déjà dure avant tout ça, et la survie l’avait d’autant plus endurcie. Les choses qu’elles avaient faites, ça ne lui avait donné aucune difficulté, au contraire. Pourtant, il lui arrivait parfois d’être fatiguée et de se demander à quoi tout ça pouvait bien mener, finalement. Les grandes questions de l’existence, celles qui s’insinuaient dans son esprit et contre lesquelles elle ne pouvait pas lutter, même si elle en avait envie. Et dans ces moments là, il lui arrivait d’être irréfléchie, de se demander à quoi bon continuer de survivre, surtout si elle ne pouvait pas passer cinq foutues minutes à chercher après la seule chose qui lui donnait un tant soi peu de plaisir dans ce monde de merde. Dans un soupir, elle se laissa tomber au sol et jeta un rapide coup d’œil à Raelyn, tentant de briser le silence d’une question banale, élémentaire, celle qui visait à savoir où elles en étaient. « On a progressé moins vite que prévu. » Elle pensait probablement que ça aussi c’était sa faute, que c’était elle qui avait attiré les rôdeurs sur elles, tant qu’elle y était. Halsey plissa les lèvres et plongea son nez dans sa conserve, évitant de répliquer. « On arrivera pas là où je pensais ce soir. » Rien d’étonnant à cela, la brune avait emprunté toutes sortes de routes secondaires pour s’éloigner de la horde. « Tu as trouvé un autre endroit où nous arrêter ou tu veux que je regarde ? » Les questions élémentaires, toujours. Seigneur, la ferme lui manquait déjà beaucoup trop.

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- 1 an après l’épidémie

Je prends une petite conserve, une qui ne m’aurait pas rassasiée en cas de grande faim, mais aujourd’hui n’est pas un jour où nous avons besoin d’avoir le maximum de nos forces puisque nous allons le passer en majorité dans la voiture et le rationnement a recommencé, ne sommes plus à la ferme, nous ne pouvons plus nous croire dans un rêve éveillé. Bien que, visiblement Halsey semble décidée à continuer à faire l’autruche. Si c’est pour se faire des choix aussi con, on aurait simplement pu rester à la ferme. Mais allons-y, le plaisir avant la survie… Elle peut faire ce genre de choix si elle décide de faire cavalier seule, elle me condamnerait aussi sûrement qu’en faisant ce genre de conneries, mais au moins je saurais à quoi m’attendre. Seul, on ne compte plus que sur soi-même. Jusqu’ici je pensais pouvoir compter sur ma sœur, mais plus elle prend ce genre de décision plus je réalise que ce n’est pas forcément le cas. Ce sera quoi la prochaine ? Ces dernières semaines, elle a foncé dans une horde alors que je proposais de rebrousser chemin et de se cacher au lac, elle a fait exploser une grenade alors que nous n’avions pas le temps de fuir, et maintenant ça : à quoi puis-je m’attendre pour le futur ?

Je ne sais si elle tente de briser la glace ou si elle pose simplement les questions qui lui semblent les plus pertinentes, mais je lui réponds froidement, de l’air le plus détaché dont je sois capable. Je n’ai pas l’intention de monter dans les tours puis de retomber comme un soufflet sans la moindre explication, sans la moindre excuse, je le fais trop souvent mais pas cette fois ci. « Tu as trouvé un autre endroit où nous arrêter ou tu veux que je regarde ? » Je ne tourne même pas le regard vers elle alors que je lui réponds. « Je regarderai dans la voiture. » nous avons encore au moins deux heures devant nous pour rouler sans être surprises par la tombée de la nuit, j’ai le temps de m’en occuper cela n’a rien d’urgent. « On repart dès que t’as fini. » De mon côté mon repas est terminé, je jette la conserve par terre avant de décoller mes fesses du coffre ouvert et de me glisser dans l’habitacle de la voiture.

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Les deux brunes commencèrent à manger dans le plus grand des silences, ce qui n’avait rien d’étonnant puisqu’il s’agissait simplement de la continuité de ce qu’il s’était passé dans cette voiture pendant deux heures. Halsey avait regretté ne pas pouvoir allumer la radio – cela attirait les rôdeurs –car cela aurait au moins permis de combler le silence pesant qui régnait au sein de l’habitacle et qui lui donnait presque l’impression de suffoquer. Cette pause lui faisait du bien – à elle, comme à Raelyn, probablement –même si l’atmosphère ne changeait pas d’un pouce, même à l’extérieur. Décidée à rétablir un semblant de dialogue, elle lui demanda si elle avait déjà repéré un endroit pour la nuit, vu qu’elles n’arriveraient jamais là où elles étaient supposées arriver, et Raelyn ne daigna même pas lui jeter un regard avant de répondre. « Je regarderai dans la voiture. On repart dès que t’as fini. » Décidée à continuer sur sa lancée d’extrême froideur, la brune se releva et se dirigea vers la voiture, entrant dans celle-ci en claquant la porte et sans prononcer le moindre autre mot à l’intention d’Halsey. « Merveilleux. Bon appétit à toi aussi Raelyn.» Elle leva les yeux au ciel avant de soupirer légèrement et de terminer sa boîte de conserve, seule. Enfin, elle se releva et se dirigea à son tour vers les bois pour assouvir ses besoins naturels à elle, avant de reprendre la direction de la voiture et de se replacer sur le côté conducteur. Elle jeta un œil à Raelyn et redémarra, fronçant le nez en se disant que ça serait encore deux longues heures. Elle conduit comme ça encore pendant de longues minutes avant de décider de mettre les pieds dans le plat, une fois n’était pas coutume. « Tu m’en veux pourquoi exactement cette fois-ci ? Parce que t’étais entrain de ranger les bidons quand la horde est arrivée, c’est pas comme si je t’ai demandé de rester une demi-heure de plus pour qu’on fouille les voitures. Je l’ai fait sur le temps où l’essence coulait dans les bidons. » Elle serra les dents, continuant à fixer la route.

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De mon côté, je n’ai aucune envie d’être celle qui fera le premier pas et rétablira le dialogue. Il est hors de question que je prenne sur moi alors que c’est elle qui est totalement en tort cette fois ci. Le pire dans tout ça, c’est que je suis persuadé qu’elle est complètement certaine de n’avoir aucun tort, et qu’elle ne comprend pas ce qu’elle a fait de mal. Alors dans ce cas de figure, autant adresser à une porte ou à un mur, et je n’ai ni la patience ni l’envie de le faire.

Alors, dès que je termine ma conserve, je ne perds pas de temps à tenter de le discuter avec elle, a tenté de crever l’abcès. Au contraire je disparais dans la voiture avant de me remettre dans ma sempiternelle position, jambes sur le tableau de bord. « Merveilleux. Bon appétit à toi aussi Raelyn. » Sa remarque je l’entends, mais je ne réagis pas, au contraire je l’ignore royalement en sortant de ma poche un couteau que je commence à aiguiser.

Elle disparaît, sans que je ne m’inquiète de où elle va. Elle est grande, elle a prouvé qu’elle n’en faisait qu’à sa tête alors elle est capable de se débrouiller. La preuve en est que quelques minutes après elle repart et repasse derrière le volant avant de démarrer. « Tu m’en veux pourquoi exactement cette fois-ci ? Parce que t’étais entrain de ranger les bidons quand la horde est arrivée, c’est pas comme si je t’ai demandé de rester une demi-heure de plus pour qu’on fouille les voitures. Je l’ai fait sur le temps où l’essence coulait dans les bidons. » Je daigne enfin couler un regard dans sa direction, essayant de deviner si elle est sérieuse ou si il est en train de se foutre de ma gueule. Mais non elle est sérieuse, je l’avais dit, elle ne sait même pas ce qu’elle a fait de mal. « tu te fous de ma gueule j’espère. La caméra cachée est où ? » Le pire c’est que je sais qu’elle est sérieuse. « Si tu m’avais aidée avec les bidons plutôt que de partir en solitaire on aurait fini ça beaucoup plus vite. » je n’aurais pas dû transporter les bidons, qui était bien trop lourds, et je n’aurais pas dû je vais tout ça pendant qu’elle cherchait les clopes. « Parfois j’ai vraiment l’impression que tu tiens plus à ta vie. Sauf que t’es pas toute seule. »

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Halsey savait que sa sœur était au moins aussi butée qu’elle, ce qui ne rendait jamais les choses faciles lorsqu’elles étaient en conflit – à savoir, la majorité du temps – même si elles parvenaient à communiquer la plupart du temps. Ici, Raelyn semblait déterminée à ne plus laisser aucun son sortir de sa bouche, et la brune décida qu’une fois de retour dans la voiture, elle tenterait de comprendre ce qu’il en était. Parce que, dans les faits, elle savait que ça avait énervé la brune qu’elle parte chercher des clopes en la laissant seule remplir les bidons, mais ça n’était pas comme si ça aurait été plus vite avec elle à côté. Elles auraient gagné quoi, deux minutes peut-être, si elle avait fait le trajet avec elle jusqu’à la voiture. Et encore une fois, rien de tout ceci ne se serait passé si une foutue horde n’était pas arrivée pour foutre la merde entre elles, à croire qu’ils avaient compris que la discorde était également une arme pour séparer un duo comme les deux sœurs. Halsey décida d’aller se soulager à son tour avant de revenir à la voiture, s’installant derrière le volant alors que la brune ne lui jetait toujours pas le moindre regard, laissant ses yeux fixer un point loin devant elle, murée dans son silence. Alors, elle lui demanda de but en blanc ce qu’elle lui reprochait, qu’elles passent à autre chose. « tu te fous de ma gueule j’espère. La caméra cachée est où ? » La jeune femme se retint de regarder dans tous les coins, juste pour se foutre de sa gueule comme elle le sous-entendait, mais une petite voix lui souffla que ça n’était probablement pas la bonne stratégie à adopter. « Si tu m’avais aidée avec les bidons plutôt que de partir en solitaire on aurait fini ça beaucoup plus vite. » La brune soupira légèrement. « J’avais la tête dans une voiture, t’aurais pu m’appeler quand l’essence avait fini de couler, je serais venue. » Et ça, c’était la vérité. Elle avait simplement tenté d’optimiser leur temps sur place, mais elle n’avait jamais voulu s’éterniser plus que nécessaire, quoiqu’elle en dise. « Mais t’étais déjà entrain de râler dans ton coin, alors me reproche pas ce côté de ton caractère. J’étais pas supposée savoir qu’on allait encore avoir une horde sur le cul. » Elle leva les yeux au ciel. « Parfois j’ai vraiment l’impression que tu tiens plus à ta vie. Sauf que t’es pas toute seule. » Halsey plissa les lèvres avant de secouer la tête. « Parce que tu crois que je savais qu’ils allaient arriver et que ça m’a plu de courir après les clés que t’avais laissé tomber ? Arrête tes conneries. Je sais que j’ai pas été des plus prudentes, et je tâcherai de faire plus attention à l’avenir. » Elle soupira longuement en posant sa tête sur sa main, contre la portière, fatiguée de ces disputes incessantes.

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- 1 an après l’épidémie

Ma sœur semble décidée à crever l’abcès. Je ne suis pas certaine qu’il s’agisse de la meilleure des idées, je ne suis pas persuadée que les souvenirs de l’attaque ne sont pas encore un peu trop frais pour que je n’explose pas et refuse de l’écouter. C’est mal me connaître si elle pense qu’il me faut quelques heures seulement pour décolérer, à moins que ce ne soit pas son objectif. Peut-être cherche-t-elle à provoquer une dispute, peut-être se fiche telle que j’explose sous ses yeux. Quoi qu’il en soit, c’est ce vers quoi elle fonce tête baissée, en connaissance de cause. « J’avais la tête dans une voiture, t’aurais pu m’appeler quand l’essence avait fini de couler, je serais venue. » « Je t’ai appelée. » Sauf qu’elle s’était trop éloigné pour m’entendre sans que je ne crie, et que je n’avais aucune envie de m’époumoner. « Mais t’étais déjà entrain de râler dans ton coin, alors me reproche pas ce côté de ton caractère. J’étais pas supposée savoir qu’on allait encore avoir une horde sur le cul. » On est jamais supposée savoir qu’on va avoir une horde sur le cul, sauf qu’on est toujours censées rester prudentes et aller à l’essentiel. Voler un paquet de cigarettes sur un type qu’on vient de tuer c’est une chose, passer du temps et donc prendre des risques à en chercher un, c’en est une autre. « Fais pas la surprise, tu sais autant que moi que ce genre de chose peut arriver et qu’avec les voitures on ne les voit qu’au dernier moment. » C'est ça que je lui reproche, ce n’était pas une surprise, nous savons toutes les deux que ces endroits sont dangereux. Mais elle elle a décidé qu’à partir du moment où elle avait son petit plaisir personnel, elle en avait rien à foutre. « Parce que tu crois que je savais qu’ils allaient arriver et que ça m’a plu de courir après les clés que t’avais laissé tomber ? Arrête tes conneries. Je sais que j’ai pas été des plus prudentes, et je tâcherai de faire plus attention à l’avenir. » Je lève les yeux au ciel et laisse échapper un rire sec. « Je dis pas que ça t’a plu, je dis que tu aurais très bien pu l’éviter. » Les clés ont glissé de ma poche certes, mais ça n’avait rien d’intentionnel. S’éloigner pour aller chercher des clopes ça l’était. « Et c’est ça le souci, je suis de moins en moins sûre que tu sois capable d’être prudente. »

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La brune décida de provoquer une discussion, au moins pour que les choses soient dites et qu’elles ne passent pas la trajet dans un silence plus que pesant. Préférait-elle une dispute à un road trip exempt du moindre dialogue ? Peut-être. Mais elle avait surtout besoin de comprendre pourquoi elle se mettait encore dans un état pareil, à toujours faire une montagne de tout et n’importe quoi. Elle lui reprochait de ne pas l’avoir aidée avec les bidons, soit. Elle ignorait qu’elle était supposée lui tenir la main à chaque fois qu’il fallait faire quelque chose, elle y penserait la prochaine fois. « Je t’ai appelée. » Mouais. Elle n’était pas non plus à trente mètres, elle n’avait pas vraiment fait d’effort sur ce coup-là. « Rien entendu. » A vrai dire, elle aurait tout aussi bien pu venir la trouver et lui demander de l’aide par la même occasion, le manque de communication chez Raelyn était somme toute assez récurrent, même si elle se targuait du contraire. Elle s’imaginait souvent qu’Halsey était dans sa tête et comprenait ses moindres intentions d’un mouvement de la tête, sauf que c’était loin d’être le cas. « Fais pas la surprise, tu sais autant que moi que ce genre de chose peut arriver et qu’avec les voitures on ne les voit qu’au dernier moment. » Oui elle savait, mais puisqu’elles étaient sur place, elle n’avait pas vu le mal. Les choses avaient mal tournées, encore une fois, tout comme ça aurait bien pu se passer pour une fois. « Oui je le sais, et c’est bien pour ça que je t’ai pas demandé qu’on passe la journée à se promener dans le coin. J’ai juste profité du remplissage pour aller jeter un œil, tu peux pas m’en vouloir pour ça. » Elle soupira légèrement, laissant son attention sur la route devant elle, sans quoi elle allait sentir les nerfs monter en observant Raelyn et l’air narquois qu’elle devait une nouvelle fois porter sur son visage. « Je dis pas que ça t’a plu, je dis que tu aurais très bien pu l’éviter. Et c’est ça le souci, je suis de moins en moins sûre que tu sois capable d’être prudente. » Ce fut au tour de la brune de laisser un rire s’échapper de ses lèvres alors qu’elle secouait la tête d’un air dépité. « Je croyais qu’on s’était mise d’accord sur tes capacités de psy ? » Elle n’allait pas se mettre à l’analyser pour un foutu paquet de clopes quand même ?

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je ne sais pas ce que ma sœur cherche à faire, si elle se complaît dans les querelles ou si elle estime vraiment qu’elle a une chance de régler les choses alors que les événements sont trop frais. « Rien entendu. » je lève les yeux au ciel, passablement agacé qu’elle joue à la gamine comme ça. « Et évidemment j’allais crier, histoire de bien attirer tous les rôdeurs des environs. » Et je considère que ce n’était pas à moi d’aller la chercher, on a toujours fonctionné de la même façon dans ce genre de situation, on s’arrête on siphonne à deux le réservoir, et on se casse. C’est elle qui n’avait pas à s’éloigner. « Et je suis pas ta baby-sitter, c’est pas à moi de m’assurer que t’es au bon endroit au bon moment. » Elle aurait du y être. « Oui je le sais, et c’est bien pour ça que je t’ai pas demandé qu’on passe la journée à se promener dans le coin. J’ai juste profité du remplissage pour aller jeter un œil, tu peux pas m’en vouloir pour ça. » Ah parce que maintenant c’est elle qui décide ce que je peux faire et ne pas faire ? Alors qu’elle n’est même pas capable de respecter, non pas mes règles, mais les règles élémentaires de sécurité ? « Je crois qu’à partir du moment où tu t’autorises à nous mettre en danger toutes les deux, je peux bien faire ce que j’ai envie de faire. » Et lui en vouloir, ça fait partie des choses que j’ai encore le droit de faire sans qu’elle puisse m’en empêcher. « Je croyais qu’on s’était mise d’accord sur tes capacités de psy ? » « Je croyais qu’on s’était mises d’accord sur le fait que j’en pouvais plus que tu penses qu’à toi et tes plaisirs égoïstes en premier. » Les clopes, c’est pour elle et elle seule. J’en fume quand j’en ai sous la main, mais ça ne fait pas partie du nécessaire, ce n’est pas du domaine du vital.

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Halsey savait parfaitement que de lancer la conversation aussi vite après ce qu’il venait de se passer n’était pas forcément l’idée du siècle, d’autant que Raelyn avait clairement sa tête des mauvais jours, mais à ce stade elle préférait une conversation houleuse à un silence pesant qui avait tendance à l’endormir, alors qu’elle roulait depuis plusieurs heures. « Et évidemment j’allais crier, histoire de bien attirer tous les rôdeurs des environs. » Et évidemment, elle ne se serait pas approchée juste pour qu’elle entende. De toute façon, Halsey voyait déjà où cette conversation allait terminer ; la brune était persuadée qu’elle agissait comme bon lui semblait, et c’était souvent vrai, mais cette fois-ci elle estimait n’avoir rien fait de mal. « T’aurais pu, ça aurait rien changé dans la finalité. » Parce qu’ils avaient quand même débarqué et ce sans le moindre cri de sa part, alors bon. « Et je suis pas ta baby-sitter, c’est pas à moi de m’assurer que t’es au bon endroit au bon moment. » Et encore heureux, elle ne donnait pas cher de sa peau sous la surveillance exclusive de sa sœur. « En même temps, je suis pas en prison que je sache. » C’était comme lorsqu’elles s’étaient arrêtées sur l’aire de repos ; Raelyn s’était éloignée pour aller assouvir ses besoins naturels et tout aurait pu arriver à ce moment là aussi. Elles étaient constamment en danger, quoiqu’elles fassent. Mais là, Raelyn jugeait ça stupide parce qu’elle avait voulu chercher des clopes et pas de la nourriture, ou des armes, mais ça c’était sa vision des choses à elle. « Je crois qu’à partir du moment où tu t’autorises à nous mettre en danger toutes les deux, je peux bien faire ce que j’ai envie de faire. » Et depuis quand l’avait-elle mise en danger ? Toujours cette foutue perception des choses. « Quoique je fasse, tu auras toujours quelque chose à me reprocher. Je sais même pas pourquoi je m’emmerde encore à essayer de faire les choses bien, t’es jamais contente. » Toujours en train de râler. « Je croyais qu’on s’était mises d’accord sur le fait que j’en pouvais plus que tu penses qu’à toi et tes plaisirs égoïstes en premier. » Elle ne se souvenait plus de cette conversation, désolée. « Je me suis mise d’accord de rien du tout, d’autant que c’est pas comme si j’en avais beaucoup des plaisirs égoïstes. » Elle leva les yeux au ciel, sentant que cette conversation tournait désespérément en rond. « J’en ai ma claque. » D’elle, de ces disputes, de tout ça. Cela n'impliquait pas grand chose en soi, mais elle avait besoin de le dire.

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- 1 an après l’épidémie

« T’aurais pu, ça aurait rien changé dans la finalité. » Ah parce que maintenant nous sommes censées agir sans nous soucier des conséquences parce que foutue pour foutue pourquoi être prudentes et se méfier ? Elle se moque de moi, ce n’est pas possible autrement, comment est-elle capable de tenir un tel discours sans se rendre compte du niveau d’incohérence de ce qu’elle raconte. « Ah donc étant donné qu'on a une chance de se faire cueillir par une horde à tout moment maintenant, on peut crier et agir comme si ça avait pas la moindre importance ? » C’est n’importe quoi, on nage en plein délire. « Excuse moi, j’étais pas au courant que vu que le monde était pourri on avait plus besoin de faire preuve de prudence, ça coule de source pourtant. » Je lève les yeux au ciel et, oui, je me fous clairement de sa gueule. « En même temps, je suis pas en prison que je sache. » Si seulement… Dans une prison loin, très loin, une ou elle ne peut plus me tomber dessus. Nous nous serions entretuées dans la cours si nous avions été amené à partager le même établissement par contre. « Quoi que je fasse, tu auras toujours quelque chose à me reprocher. Je sais même pas pourquoi je m’emmerde encore à essayer de faire les choses bien, t’es jamais contente. » « Oui, c’est vrai que t’es le vilain mouton noir. » Finalement j’explose de rire. « Parce que là tu t’emmerdais à essayer de faire les choses bien ? » Qu’est ce que ce sera quand elle en aura plus rien à foutre alors. « J’avais pas remarqué. »

Non, faire les choses bien ce n’est pas ça. Faire les choses bien c’est faire preuve de force de caractère et de volonté, faire les choses bien c’est réaliser que son addiction est stupide et qu’elle nous met en danger à chaque fois qu’elle prend le dessus sur sa tempérance. « Je me suis mise d’accord de rien du tout, d’autant que c’est pas comme si j’en avais beaucoup des plaisirs égoïstes. » « Parce que moi j’en ai beaucoup ? » Et pourtant, est-ce que je suis en plein breakdown ? Au bout d’un moment on est tous dans le même bateau. « J’en ai ma claque. » Je pousse un soupir - ou un rire sarcastique, difficile à dire - et je ne rajoute rien. Moi aussi j’en ai ma claque.

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Too far gone

« Ah donc étant donné qu'on a une chance de se faire cueillir par une horde à tout moment maintenant, on peut crier et agir comme si ça avait pas la moindre importance ? Excuse moi, j’étais pas au courant que vu que le monde était pourri on avait plus besoin de faire preuve de prudence, ça coule de source pourtant. » Raelyn ponctua ces paroles d’un petit rire ironique et Halsey lui jeta un regard de biais, serrant les dents pour ne rien dire qui finirait par dépasser ses pensées. La brune était énervée, elle était énervée, par conséquent rien de bon ne ressortirait de cette discussion qui prenait déjà des allures de règlement de compte. Autant dire qu’on était loin de l’ambiance qui régnait à la ferme et que la jeune femme regrettait déjà. « J’ai pas dit ça, tu déformes mes propos. » Ou plutôt, elle entendait ce qu’elle voulait entendre. A savoir, tout ce qui allait dans le sens de ce qu’elle pensait d’elle ; qu’elle était irréfléchie et sans doute probablement stupide – tant qu’on y était. « Oui, c’est vrai que t’es le vilain mouton noir. » Elle tournait chacune de ses paroles en dérision, et ce fut le moment précis que la brunette choisi pour se murer à nouveau dans le silence, décidant que si elle prononçait un mot de plus, ça allait sérieusement partir en couille. « Parce que là tu t’emmerdais à essayer de faire les choses bien ? J’avais pas remarqué. » Evidemment que non, puisqu’elle tournait chaque action en quelque chose de négatif. La grenade leur avait sauvé la vie, qu’elle le veuille ou non. Et ces clopes, elle les avait cherchées pendant que l’essence coulait, point. Elle ne leur avait pas fait perdre de temps, et elle n’était pas son toutou, à devoir constamment rester à ses côtés pour chaque action qu’elles devaient faire. En attendant, elle avait creusée une foutue tombe seule, et c’était elle qui avait siphonné ce foutu réservoir. Elle ne pouvait pas dire qu’elle ne faisait jamais rien pour leur duo, c’était faux. « Alors tu verras pas la différence je suppose. » Lâcha-t-elle calmement, gardant ses yeux fixés sur la route. « Parce que moi j’en ai beaucoup ? » La brune haussa les épaules, sans répondre, signant la fin de cet énième échange houleux qui la pesait énormément. Elle se contenta de continuer de conduire, brisant enfin le silence après quelques minutes pour dire un « Tu me diras quand on est supposée s’arrêter. » avant de se renfermer sur elle-même, décidée à passer le reste du trajet en restant muette ; c’était préférable.

Spoiler:

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Too Far Gone
Raelyn Blackwell & @Halsey Blackwell Too far gone • (Zombie Halsyn) - Page 23 873483867

- 1 an après l’épidémie

Bien sur, une partie de moi entend exactement ce qu’elle veut entendre, parce que j’ai déjà jugé ma sœur coupable. Mais le fait est qu’elle ne me prend pas de la meilleure des façons, au-delà du fait qu’elle aurait dû attendre avant de crever l’abcès, elle a, comme moi certainement, ce côté insupportable de ne jamais avouer ses erreurs et ses torts. Elle n’est pas capable de se remettre en question et d’adapter son comportement, j’ai également le défaut d’avoir la tête plus dure que la pierre, mais elle me surpasse largement dans ce domaine là. « J’ai pas dit ça, tu déformes mes propos. » Peut-être que si ses propos avaient le moindre sens, je n’aurais pas besoin de les déformer. S’ils n’étaient pas uniquement remplis de mauvaise foi, peut-être que nous arriverions à discuter. « Si tu t’écoutais un peu parler et que tu te remettais en question, peut-être que comprendrais ce que je te raconte. » Parce qu’il n’est pas question de rester toujours enchaînée l’une à l’autre, il n’est pas question d’être obligées de toujours tout faire ensemble, mais dans ce cas de figure où nous nous trouvions dans une situation particulièrement dangereuse, plus que la moyenne, elle n’en a fait qu’à sa tête.

« Alors tu verras pas la différence je suppose. » Et la voilà qui se fait à nouveau passer pour la victime, ou en tout cas la personne incomprise de cette conversation. Et moi j’en ai ma claque qu’elle n’assume rien. « Fais gaffe à ce que tu dis Halsey » Que puisque d’après elle je ne remarque aucun de ses efforts elle n’en fera plus ? « Quand je t’ai dit que j’en avais ma claque, et qu’un beau jour je finirais par me casser, c’était pas des paroles en l’air. » alors j’espère réellement pour elle qu’elle n’est pas en train de me dire qu’elle a bien l’intention de ne plus rien faire pour que les choses s’améliorent, puisque d’après je ne remarquerais pas la différence.

Elle décide de se taire, mais elles le décide trop tard : les dégâts sont faits. Nous n’aurions pas dû aborder ce sujet là si tôt mais nous ne pouvons plus faire marche arrière. « Tu me diras quand on est supposée s’arrêter. » Je retiens un « mais on s’arrête quand tu veux Halsey » et me contente de m’enfoncer dans mon siège. Je reste comme ça plusieurs heures, avant de finalement reprendre la parole. « À partir de maintenant faut qu’on cherche un endroit où dormir si on ne pas être surprises par la tombée de la nuit. Il y a plusieurs hameaux qui s’enchaînent dans quelques kilometres. » Froid et droit au but :

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