| | | (#)Lun 17 Aoû 2020 - 15:25 | |
| "Oublie." Elle espère oublier. Ses mots surtout, sa phrase principalement parce qu’ils font mal. Birdie prétend qu’elle est détachée de tout ça mais pas ça. Cela aurait été quelqu’un d’autre qu’il aurait déjà la forme de son poing dans sa mâchoire. Mais comme c’est Zeke, elle se retient, la gamine. Elle a trop de respect envers lui et trop d’amour propre envers elle-même pour leur infliger une scène pareille. Elle serait capable de s’en vouloir après et cela, ce n’est pas possible. Elle a été dure avec Malachi, pour la bonne cause certes, mais cela avait suffit à lui foutre une claque. Elle n’est pas en état de remettre le couvercle avec Zeke.
Alors elle oubliera. Elle essaiera, en tout cas.
"Je sais. Il y a rien à faire. Il y a que les riches qui s'en sortent toujours. Mais toi ni moi, on l'est." Birdie se mordille l’ongle en se rapprochant de lui. “Je suis à la télé. J’ai été assistante d’une de ces riches. Je pourrai.” L’aider. S'il le lui laisse l'opportunité. Birdie sait que la ferme est tout pour Zeke. Peut-être un peu trop, même. Il en a oublié de vivre à côté mais elle ne le juge pas. Pas pour ça. Jamais pour ça. Avoir voulu rester dans son domaine d’expertise, là où il se sentait le mieux. Elle ne peut pas le lui reprocher. Même si ça reste triste. Il n’a pas eu le cran qu’elle a eu ; même si au final, elle aussi aurait dû rester dans la maison familiale. Dans sa chambre fleurie et décorée, à côté le nombre de pâquerettes dans le jardin. Mais elle a trop pris goût, Birdie. A la liberté, aux possibilités, même aux dangers divers et variés qui rôdent. Elle a peur sans être terrifiée, elle ose quitte à s’en mordre les doigts après.
Mais aider Ezechiel, ce n’est pas un risque. C’est une action désintéressée, même si laborieuse pour elle car elle n’est pas vraiment de ceux qui tendent la main. Ou alors c’est pour vous prendre la vôtre et vous tirer vers le bas, chose qu’elle fait mieux que personne. La vilaine de l’histoire sans qu’on le sache réellement. Et pourtant, pour une fois, on lui offre presque l’opportunité de faire un mea culpa tordu à l’univers. L’argent n’est pas quelque chose dont elle court après. Elle pourrait l’aider. S’il le veut. Au moins pour l’aider à souffler. Il a l’air d’en avoir besoin. Et franchement, Birdie ne veut pas voir la ferme Blythe retirée de ses propriétaires légitimes.
"Tu veux venir à la maison demain? On pourra faire du cheval." Birdie se dandine, elle balance ses bras, elle essaie de retenir son sourire avec ses dents mais ce n’est qu’un échec total puisque deux minutes après, il est éclatant sur son visage. Ezechiel se redresse et elle se jette sur lui, ses bras autour de son tronc, la tête sur son torse. “Je suis pas sûre que demain soit une bonne idée, cowboy.” Il ne sait visiblement pas ce qui l’attend demain, quand tout l’effluve d’éthanol sera retombé. “Mais après demain, je peux. Je suis sûre que je manque à Kiwi.” Le cheval qu’elle s’est auto attitrée. Elle lève la tête vers lui. “Viens chez moi pour cette nuit. Et même demain. On pourra comater ensemble, je te ferai les excellents remèdes anti gueule de bois en regardant les dessins animés et en mangeant des céréales. Je t’autorise même à vomir sur mon coloc si jamais t’en ressens le besoin. Avoue que ça se refuse pas.” Parce qu’ils n’arriveront jamais à destination. Pas à leur quartier d’origine, en tout cas. Mais chez elle, c’est au coin de la rue. Deux pâtés plus loin. C’est beaucoup plus réaliste. “Et après on pourra aller faire du cheval. Et nettoyer le crottin de vaches. Et courir après les poules - si elles nous courent pas derrière avant.” Leur monde, leur univers.
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| | | | (#)Lun 17 Aoû 2020 - 19:27 | |
| Il ne savait pas comment se sortir de cette étrange situation qui tenaillait toute la famille Blythe depuis cinq ans, même si Ezechiel essayait réellement. Imaginer le fermier du coin se rendre chez un avocat et ne pas comprendre une bribe de ce qu'on pouvait lui lancer à la face, voilà le résumé parfait de ce qui lui était arrivé et qui n'avait pas été une partie de plaisir, tout cela pour se faire dépouiller du moindre centime encore en poche. C'était la même chose avec la propriété de la ferme, ce qui brisait le coeur autant de Zeke que de ses parents qui, eux, avaient passé un temps fou à la transformer en un commerce rentable mais surtout agréable. Que ferait-il s'il devait lui dire adieu? Zeke pourrait toujours rester bûcheron, c'était déjà une grosse part de sa vie quand il allait à la scierie de Brisbane pour tronçonner des bouts de bois et ne pas utiliser un quart de son cerveau huit heures durant mais est-ce que c'était vraiment là-dedans qu'il s'épanouissait? Il aimerait dire que oui, mais en réalité, son seul intérêt à ce métier, c'était le résultat qu'il pouvait tirer de ces fameux rondins qu'il débitait toute la sainte journée. Son projet était effectivement beaucoup plus gros qu'un simple meuble ou même une petite cabane, il désirait retaper la grange et en faire un véritable espace de vie, une maison, où tout ce qui s'y trouverait viendrait de sa collection personnelle. Autant dire qu'il y avait du boulot en termes de fabrication mais Zeke était un bourreau du travail, si tant était qu'il arrivait à sortir la famille de la panade avec son frère, il ne pouvait pas envisager grand chose d'autre avant. Par manque d'argent, et de certitude également. "Si t'as un plan, je t'écoute, Bird'." Allez savoir ce qu'un Cadburry pouvait vous trouver comme solution dans une situation comme celle-ci mais Ezechiel les connaissait suffisamment pour savoir que la petite blonde avait de la ressource. Elle avait réussi à trouver un travail en ville, elle n'était plus tellement anonyme, Birdie, et Blythe avait encore un semblant de privilège en ayant la chance de la côtoyer quand il n'était qu'une figure de son enfance, une parmi tant d'autres. "Demain, je serai en pleine forme." Qu'il osait dire en se relevant, réceptionnant la petite silhouette de Birdie contre son torse, chancelant et prouvant ainsi par A plus B que le lendemain, il pleurerait en position latérale de sécurité, comme toutes les personnes qui passaient par là habituellement. "D'accord. Mais, eh, je vais pas vomir sur ton coloc', ce serait pas poli." Enfin, il essaierait de se retenir, Zeke avait un semblant de flegme tout de même. "Et parler aux moutons aussi, t'as oublié. T'aimais bien faire ça dans le temps, ça faisait rire mon frère." Il y avait tant de choses que son frère appréciait à l'époque mais Zeke n'avait pas su en profiter convenablement. "Tu vis avec plein de monde, alors." Elle était un oiseau de nuit, la Cadburry, elle avait besoin de contact et Ezechiel n'était pas sûr de tout suivre mais c'était les différences qu'il avait avec elle qui les rendaient si proches, quelque part. |
| | | | (#)Lun 17 Aoû 2020 - 21:40 | |
| « Si t'as un plan, je t'écoute, Bird'. » Cette dernière torture un de ses ongles déjà torturée quelques jours plus tôt, un signe de réflexion intense. Ou alors juste une foutue habitude donc elle n’arrive pas à se déloger, encore moins à s’en défaire, pour s’occuper quand elle ne sait pas quoi faire de ses mains. « J’ai pas un plan. Mais je peux au moins être une roue de secours. Je veux pas que tu – vous perdez la ferme. Avec qui j’irai faire mes bains de boue si tes cochons sont plus là, hein ? » Birdie se retient contre lui, un de ses bras l’encerclant toujours et ses yeux préférant éviter les siens. Il y a de la gêne dans ses paroles, de l’embarras dans sa rétine. Elle n’a pas l’habitude de faire dans la charité. Ni en demander et encore moins en faire. Et si Zeke la rebrousse ? Et s’il lui dit qu’il n’a pas besoin d’elle au final ? Et s’il peut se passer de son altruisme surprenant ? Ou s’il ne pense que ce ne sont que des paroles en l’air ? Que demain, elles n’auront plus d’impact, plus de tenant, aucune consistance. Birdie prend la vie pour un grand jeu où chacun joue un rôle et pourtant, elle se cache dès qu’elle montre un signe positif, une déclaration sincère, une vérité honnête. Celle qu’elle aime Ezechiel comme elle aime son petit cercle, celle qu’elle sera là pour lui mais qu’elle a la flippe à l’estomac qu’il la rejette. Elle n’est pas un symbole de confiance, la Cadburn, mais elle veut qu’il ait confiance en elle. Alors elle préfère enfouir son visage contre lui plutôt que vers lui, cacher ses traits plutôt que d’assumer sa bienveillance. Une seule fois mais elle préfère se tapir dans l’ombre. Aussi étrange que cela soit–il. « Je pourrai aider, Zeke. Pour de vrai. Faire une bonne action dans ma vie, ça me changerait. » Qu’elle baragouine contre lui.
« Demain, je serai en pleine forme. » Birdie ricane parce qu’il n’a pas conscience, pas idée de ce qui l’attend demain. Elle préfère se taire, le laisser croire qu’il est plus robuste que l’alcool et qu’il ne chavirera pas lui aussi. Surtout qu’à l’instant T où elle se tient physiquement contre lui, elle préfère qu’il ne chavire pas. Du tout. « D'accord. Mais, eh, je vais pas vomir sur ton coloc', ce serait pas poli. » Le ricanement laisse place à un vrai éclat de rire. « Carter s’en remettra. Il risque de te menacer de mort mais faut pas y faire gaffe, c’est un bisounours à l’intérieur. » Si son colocataire l’entendait dire ça, pour sûr qu’il hurlerait. Mais il n’est pas là et les absents ont toujours tort, règle de base. « Et parler aux moutons aussi, t'as oublié. T'aimais bien faire ça dans le temps, ça faisait rire mon frère. » Cadburry finit enfin par lever sa tête vers son visage en souriant. « Ton frère a toujours me faire passer pour plus folle que je le suis. Toutes les occasions étaient bonnes. Par contre, ton père aimait moins que je leur fasse des nattes. Parait que ça faisait des nœuds et blablabla. » Mais la gamine qu’elle fut s’en fichait si on la prenait encore plus pour une folle, cela n’a jamais embêté personne. A part les animaux, il faut croire. « Tu vis avec plein de monde, alors. » Birdie secoue la tête. « Juste un ducon. C’est pas tout le monde. » Mais dans le fond, ça lui suffit amplement. Elle n’a pas besoin de monde, Birdie. Juste du sien.
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| | | | (#)Lun 17 Aoû 2020 - 22:10 | |
| Il n'allait pas faire l'aumône, malgré le degré de désespoir auquel il était arrivé en quelques années. Au fond, Ezechiel aimait l'idée de ne pas avoir un sou en poche, il était beaucoup plus libre de partir au moment où bon lui semblait parce qu'il n'avait aucune responsabilité, si ce n'était celle de s'occuper de ses animaux mais il pouvait très bien les emmener n'importe où. La vérité était triste parce que le brun avait été dans l'immobilisme toutes ces années alors que tant d'individus avaient tenté de lui montrer qu'il pouvait trouver une herbe bien plus verte ailleurs. Après tout, Zeke avait absolument tout vu des contour de sa ferme, il avait construit des cabanes sur tous les arbres qui étaient possibles et les moutons connaissaient par coeur leur carré de terre mais le brun ne bougeait pas. Jamais. Il avait sûrement beaucoup plus peur qu'il ne le laissait paraître mais au fond, ce qu'avait tenté son frère était une manière de se prouver qu'il était encore capable d'agir sans réfléchir plus avant. Ne rien avoir à perdre, voilà ce sur quoi avait misé le second Blythe et peut être que Zeke aurait dû en prendre de la graine plutôt que de s'encroûter à l'intérieur de sa bicoque bonne à être démolie tant le plancher avait vieilli. Il ne le faisait pas, sûrement par respect pour ses parents ou parce qu'il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il pourrait bien faire d'autre. Aller en ville? Pour y trouver quoi? Il aurait bien demandé à Birdie comment elle en était arrivée à travailler dans la météo mais il avait pour habitude de ne jamais poser de questions personnelles. "Ah, c'était donc ça que tu faisais quand je te retrouvais toute marron là, je comprends mieux." Elle avait été une gamine débordante d'énergie, non pas qu'elle ait fortement changé depuis toutes ces années. Birdie avait juste trouvé de nouveaux lieux où exprimer sa différence et oui, elle avait pris quelques risques sur son chemin mais quelque part, c'était le le danger quand on s'autorisait à vivre réellement, ce que ne faisait pas le bûcheron de son côté. "Tu t'y connais en vocabulaire juridique? Parce que je sais toujours pas lire alors... Sinon, il faut juste trouver de l'argent, rien que ça." S'il jouait au loto, peut être que, éventuellement, Zeke aurait un peu de chance et qu'il trouverait les fonds nécessaires pour que son frère puisse obtenir un appel digne de ce nom. En attendant, tout ce qu'il pouvait faire, c'était profiter de sa liberté de son côté, non sans culpabiliser d'être dehors et de ne pas se bouger perpétuellement pour son frère. "De mort? Il a pas l'air commode." Est-ce qu'il allait dormir dans la cave pour s'éviter une confrontation avec cet individu menaçant? Ezechiel en aurait été capable s'il n'avait pas beaucoup trop bu pour faire des déviations. Non, il allait juste suivre Birdie le long de la route et avancer plus déterminé, ne relâchant pas la petite blonde malgré les lumières de la ville qui l'agressaient désormais. "Il m'en parle encore, tiens." Des moutons et de leurs nattes, c'était que Birdie l'avait marqué, mine de rien. "C'est pas son nom, hein?" Sinon il n'avait pas de chance dans la vie lui non plus. "Tu crois que je devrais me rapprocher de la ville?" Il se posait la question avec tout ça, forcément. |
| | | | (#)Lun 17 Aoû 2020 - 23:03 | |
| « Ah, c'était donc ça que tu faisais quand je te retrouvais toute marron là, je comprends mieux. » Birdie a cet air malicieux au visage, comme si son secret de longue date a enfin été découvert. « Tu croyais que je me peignais en marron ? Il fallait bien une solution pour garder la peau toute douce. D’ailleurs, ça fait longtemps que j’y suis pas allée faire un tour, ça se sent. » A vrai dire, elle n’en a aucune idée, Birdie, si ça rend la peau plus douce ou pas, c’est juste que ça la fait rire. Elle a passé tellement de temps à embêter les animaux de la ferme Blythe (elle se rappellera toujours que la maman avait dit que s’ils souffrent de stress, ça sera à cause d’elle) qu’elle ne peut pas songer une seule micro seconde à ce qu’on puisse les arracher à leurs propriétaires légitimes. Eux, pas elle. Birdie est douée pour les cajoler, leur raconter des histoires, jouer avec eux, s’amuser, mais s’en occuper, beaucoup moins. Pourtant, Zeke lui a déjà montré plein de choses ; tondre un mouton, brosser un cheval, l’art et la manière de bouger une vache qui ne veut pas être déloger. Mais les vaches, elle, elle s’assoit dans leur creux, elle fait comme dans les vieux westerns qu’elle a vu, une paille à la bouche et elle leur compte fleurette. Et parfois, elle est certaine que les vaches la comprenaient et lui parlaient. Des fantasques de gamine innocente qu’elle n’a pas oublié. Qu’elle est toujours un peu au fond mais avec cette candeur amoindrie.
La même candeur que Zeke possède toujours au fond des yeux. « Tu t'y connais en vocabulaire juridique? Parce que je sais toujours pas lire alors... Sinon, il faut juste trouver de l'argent, rien que ça. » Birdie grimace. « Zeke, même les gens qui savent lire comprennent rien au vocabulaire juridique. » Elle a essayé, puisqu’elle lit tout ce qu’elle trouve. Et les comptes rendus des procès qu’elle a pu lire – une autre passion tordue qu’elle possède – autant dire qu’il lui a fallu du temps et beaucoup de définitions pour réussir à comprendre une phrase – de 5 lignes ! « Pour l’avocat, je peux essayer de demander à mon ancienne patronne. Elle est genre bien placée, c’est une bienfaitrice en ville, elle connait peut–être quelqu’un qui pourra aider. » Birdie a gardé des liens étroits avec Maeve, si ce lien peut lui servir à quelque chose, autant essayer. « Et pour la ferme, je peux mettre quelque chose sur la table. J’attendrai rien en retour, Zeke. A part le droit à venir emmerder tes animaux quand je veux. » Elle sourit, sincèrement, honnêtement et bon dieu que ça fait presque du bien de revenir sur de bons rails. Oublier les mots qui ont blessé, perdu dans les nuages.
« De mort? Il a pas l'air commode. » « Je serai là pour te protéger. » Carter mordra le tapis défraîchi avant même de faire une quelconque remarque à Ezechiel. Foi de Cadburry. « Il m'en parle encore, tiens. » Birdie rigole doucement. « Je suis pas surprise. Il avait l’air traumatisé pour ses moutons. Il a de la chance qu’il a jamais vu les teintures que je voulais leur faire. Je crois que c’est moi qui aurais fini tondu, sinon. » Le frère de Zeke l’avait provoqué en la voyant ‘‘chiche ou pas chiche’’ mais son aîné était arrivé et il a tout stoppé avant même que ça commence. Zeke a sûrement sauvé les fesses de sa voisine, ce jour–là. « C'est pas son nom, hein? » « Ducon ? Ah si. C’est marqué sur sa carte d’identité fictive. Mais bon, si tu veux pas de problème, appelle–le Carter. Ou tête de bite. » Qu’elle dit avec le plus grand des sérieux avant d’éclater de rire. « Nan, t’es trop poli pour dire ça, de toute façon. » Il n’est pas comme elle. Il n’insulte pas les gens, Zeke. « Tu crois que je devrais me rapprocher de la ville? » Birdie reste silencieuse un moment, marchant dans ses pas, aussi incertains soient–ils. « Pourquoi ? Est–ce que c’est ce que tu veux ? T'aimerais vivre au milieu de tout ça ? » Elle balaie devant eux avec un signe de bras ; la jungle de la ville, les klaxons, les buildings, le manque de verdure, le bruit. « Je te vois pas habiter ici. Si je vais toujours à Elimbah, c’est que même moi, j’ai besoin de respirer ailleurs. »
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| | | | (#)Sam 22 Aoû 2020 - 22:59 | |
| Elle était plus joyeuse que la plupart des gens, Birdie, même si le tout cachait une part plus sombre que Zeke ne décelait qu'entre les lignes. La jeune Cadburry avait toujours été une spécialiste du déguisement, se mettre un joli sourire sur la face et raconter les premières bêtises qui lui venaient pour automatiquement oublier que la vie n'était pas la plus clémente avec elle. Ils en avaient bavé aussi, les fameux voisins d'enfance, avec des parents qui ne restaient pas en place plus d'un quart d'heure, des gamins qui avaient dû se construire tout seuls, Blythe se sentait privilégié à côté. Certes, sa famille n'avait jamais eu un rond mais ses parents étaient toujours restés là, à les élever, son frère et lui même s'ils n'étaient pas parfaits, mais qui l'était en réalité? Aucun des être humains de ce monde. Pas Zeke en tout cas, lui qui ne s'appréciait pas beaucoup mais qui était en mesure de voir le beau chez n'importe qui autrement et Birdie faisait partie du lot, assurément. Elle était toujours loufoque, avec un cerveau qui avançait à mille à l'heure mais elle lui permettait aussi de sortir plus ou moins de sa zone de confort, ce qui n'était pas une mauvaise chose en soi. "Je m'attends avec toi donc ouais, c'était une possibilité." Il n'aurait pas été spécialement choqué de la retrouver dans une baignoire de peinture marron pour trouver du réconfort, ils en avaient fait des choses qui paraissaient idiotes vues de l'extérieur, les Cadburry, mais Zeke les trouvait si rafraîchissants. Il était évident qu'il s'ennuyait depuis qu'aucun d'eux ne restait là, la maison se trouvant à moitié vide plus de la moitié de l'année mais Blythe était là pour arroser les plantes. "Hum. Tu bosses pour une bienfaitrice? Wow. Garde ton argent, Bird', tu pourrais en avoir besoin et là... On parle de sacrées sommes." Elle n'avait probablement pas cela sur son compte en banque, lui avait déjà du mal à laisser s'échapper un billet de cinquante dollars alors, si on multipliait la somme par beaucoup, il ne pouvait qu'en être choqué. Tout cela n'était que matériel, il trouverait de quoi faire éventuellement, hors de question de se presser et de se retrouver avec des dettes envers ses amis, Zeke y tenait. "Possible. Il était pas commode le père, comme ton coloc." Du moment qu'il ne le tondait pas, Ezechiel tenait quelque peu à sa chevelure ébène, ne supportant pas son visage autrement. "Trop de vulgarité pour moi, c'est évident." Il n'avait jamais utilisé ce genre de mots de toute son existence, c'était dire à quel point il s'était défendu quand on le martyrisait au coin de tous les couloirs de son école pour son manque de bagout. "Je sais pas. Mais la ferme, c'est... Morne, non? J'aime ça mais je vais mourir tout seul." Au moins, Zeke avait assez de discernement pour s'en rendre compte, comme quoi il n'était pas plus bêta qu'un autre, même s'il essayait de s'en donner le genre. "On verra. Demain, on verra." Le jour se lèverait à nouveau et il aurait peut être une autre perspective des choses. "Je trouve qu'on parle pas assez de toi, moi." Lui renvoyer la balle alors que les immeubles étaient à deux pas et que Zeke ne savait pas s'il allait s'effondrer arrivé à la destination. Tout était possible, désormais. |
| | | | (#)Dim 23 Aoû 2020 - 10:38 | |
| « Je m'attends à tout avec toi donc ouais, c'était une possibilité. » C’est presque désarmant quand les gens répètent la même chose. Prévisible dans son imprévisibilité. Elle sourit en repensant qui lui a écrit ces mots en dernier. Avant que Zeke le fasse à l’oral. Mais elle fait aussi la moue, Birdie. Parce que oui, elle aurait pu se faire un bain de peinture. Ce qui est plus surprenant, c’est que ce n’est pas encore fait. Il faudrait qu’elle y songe. La baignoire deviendrait sûrement parsemée de couleurs et Carter finira par la tuer pour de bon mais hey, le danger de la vie est de ne prendre aucun risque. « Hum. Tu bosses pour une bienfaitrice? Wow. Garde ton argent, Bird', tu pourrais en avoir besoin et là... On parle de sacrées sommes. » Birdie roule des yeux vers le ciel. « J’ai bossé pour une bienfaitrice, yup. Genre la big boss et tout ça, tu vois ? » Cadburry taira évidemment le fait que cette bienfaitrice n’est pas tout à fait clean, qu’elle n’est pas vraiment très droite dans ses talons et qu’elle a des donations qui pourraient en faire douter plus d’un sur sa bonne foi apparente. Le genre d’informations qu’une personne comme Ezechiel n’a pas besoin de savoir. « Elle doit bien connaitre quelqu’un pour t’aider. Et pour l’argent… Okay. » Même si pas okay et que si Birdie a décrété vouloir aider, elle le fera. Elle ne mettra peut–être pas tout sur la table mais juste de quoi dépanner les Blythe pour un petit moment le temps de se retourner. Alors s’il faut qu’elle fasse un chèque anonyme ou qu’elle traine Zeke à la banque en lui bandant les yeux, elle trouvera bien un moyen. Surtout si ça fait du bien à sa conscience par la même occasion.
« Possible. Il était pas commode le père, comme ton coloc. » Birdie lâche un rire tout en secouant la tête. Elle n’a pas la foi de lui qu’il compare l’incomparable puisqu’il vient déjà de le faire et que cela serait juste stupide. « Trop de vulgarité pour moi, c'est évident. » Elle serre les lèvres tout en hochant la tête. « On t’a trop lavé la bouche avec de la Javel pour que tu puisses dire ce genre de mots. » dit–elle d’une voix faussement compatissante, en tapotant son épaule qui est à dix mille pieds au–dessus d’elle.
« Je sais pas. Mais la ferme, c'est... Morne, non? J'aime ça mais je vais mourir tout seul. » Birdie arque un sourcil parce que sérieusement, Zeke va être de ceux qui vont débattre sur leur utilité vitale et leur place dans le monde et toutes ces conneries quand ils ont bu ? Même la version bourrée de Birdie ne peut qu’accepter que la vie est injuste, qu’elle mène parfois au mur et que c’est ainsi. « Okaaaay, mais t’sais, mieux vaut être seul que mal accompagné. Enfin à ce qu’il parait. Et si ça peut te rassurer, même si j’habite en ville, je crèverai sûrement seule. Au bord d’une route. Peut–être dans une station service si j’ai de la chance. » L’un n’empêchera pas l’autre. « On verra. Demain, on verra. » « Mmh. » Il ouvre le chapitre pour le clôturer aussi vite, Zeke, c’est bizarre.
« Je trouve qu'on parle pas assez de toi, moi. » Birdie resserre ses bras autour de lui alors qu’enfin l’immeuble de chez elle commence à apparaitre dans son champ de vision. « Tu veux que je dise quoi ? Tout baigne pour ma part. T’as vu, une soirée typique, un état normal, je réussis même à marcher à peu près sans zigzaguer, c’est un explooooit. »
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| | | | (#)Lun 24 Aoû 2020 - 0:19 | |
| Zeke avait juste envie d'oublier ses soucis, au moins jusqu'au lendemain, à l'instant où il aurait retrouvé un semblant de cerveau. Pour le moment, l'alcool descendait dans son organisme et il se rendait compte de l'enfer qu'il avait vécu grâce à lui, plus jamais, il s'en faisait la promesse. Ezechiel n'était vraiment pas adepte de toutes ces substances dont les êtres humains pouvaient raffoler pour leur côté addictif. Sa seule véritable addiction, c'était son art et il en avait bien besoin depuis cinq ans, sous peine de voir ses neurones disparaître de tout ce qui n'allait pas dans son existence. Zeke pensait forcément à son frère mille fois par jour, s'en voulant de ne pas trouver la solution miraculeuse pour le faire sortir de sa situation. Cela dit, il lui en voulait peut être un peu également d'avoir osé se lancer dans une entreprise aussi risquée alors qu'ensemble, ils auraient pu trouver d'autres idées pour retrouver des fonds pour la ferme. Ce qui était fait était fait néanmoins et Blythe ne désirait pas revenir dessus, il se contenterait de serrer son frère dan ses bras et ne rien dire, ce qu'il faisait de mieux assurément. En attendant, il tâchait de se faire tout petit, ne voulant pas attirer l'attention sur ses soucis, même s'il avait mis Birdie au courant. "Pas trop. Y a pas ça à la ferme. Mais j'imagine." Il n'avait pas regardé la télévision alors comment pouvait-il s'offrir une image de ce genre de femmes? Zeke savait que les gens riches et influents existaient, il en avait eu un petit aperçu au procès de son frère mais il n'avait jamais parlé à ce genre de personnes, autant dire qu'à ses yeux, elles étaient un espèce d'idéal inatteignable. Un jour peut être, le grand homme pourrait comprendre tout cela: en attendant, il se contentait de sa petite vie, de la présence d'une Birdie énergique à ses côtés qui lui parlait de javel sans qu'il ne comprenne tout à fait le fond de sa pensée, classique. Ce n'était pas si important puisque Zeke fronça les sourcils pour se concentrer sur la suite, probablement insatisfait de la portée du discours de son amie. "Arrête, je laisserai pas ça arriver." Il était peut être utile pour peu de choses, le brun, mais il savait au moins soutenir son entourage et jamais il ne pourrait envisager une fin de vie aussi tragique pour la Cadburry. "Je préfère être sobre de mon côté. Je refais plus ça." Il avait effectivement l'air effaré d'avoir bu et de s'être retrouvé à vomir dans les graviers. "C'est où chez toi alors?" Il s'attendait presque à trouver une cabane au milieu de la rue, c'aurait été du Birdie tout craché mais rien à signaler. Juste des immeubles et une attente insoutenable pour un Ezechiel harassé de sa soirée. |
| | | | (#)Sam 29 Aoû 2020 - 1:51 | |
| « Pas trop. Y a pas ça à la ferme. Mais j'imagine. » Birdie hausse les épaules et laisse tomber le sujet. Elle n’est pas en état et elle n’a pas la patience d’expliquer la vision que le commun des mortels à d’une ‘‘big boss’’. Au pire, mieux vaut qu’il reste dans le flou, ce n’est sûrement pas cela qui l’empêchera de dormir. Encore moins la nuit qui arrive vu ce qu’il a emmagasiné dans son gosier. Parce qu’il n’a pas non plus le palais qui s’est alarmé pour se rendre compte que l’eau n’avait pas le goût de l’eau. Mais Zeke étant ce qu’il est, Cadburry n’a aucun mal à croire qu’il s’est laissé totalement berné. Première et dernière fois qu’elle le laisse la chaperonner. Chose qui n’a pas lieu d’être. Elle sait très bien prendre soin d’elle–même, merci bien (absolument pas. du tout.) « Arrête, je laisserai pas ça arriver. » La jeune blonde pourrait hausser les épaules de nouveau mais à la place, elle se place devant lui pour marcher à reculons. « T’en sais rien. T’es pas collé à mes basques. Si ça se trouve, j’ai déjà ma mort programmée. Et tu pourras rien faire, Ezechiel Blythe. Mais ça reste adorable de ta part de le dire. » Il le dit parce qu'il a bu. Mais il sera comme tout le monde, Zeke. Impuissant. Même si Birdie n’a aucune envie que ça arrive maintenant. Pour quelqu’un qui met sa vie en péril autant de fois, elle aime trop vivre pour songer à ce que tout ça prenne fin. « Je préfère être sobre de mon côté. Je refais plus ça. » Cadburry éclate de rire en tournant plusieurs fois sur elle–même, commençant à trépigner de rentrer chez elle visiblement. « C’est parce que t’as pas l’habitude. Et c’est toujours ce qu’on dit. » Puis elle s’arrête brusquement, se prenant un Blythe en plein fouet, avant de passer ses doigts dans ses mèches brunes pour les perturber. « Je crois que tu seras le premier et le seul que je croirai, ceci dit. » Birdie sourit et reprend sa marche pile électrique – une énergie soudaine sortant de nulle part – alors que son ami se traine, comme s’il pèse plus d’une tonne. « C'est où chez toi alors ? » Cadburry arque un sourcil, amusée. « T’es pire qu’un gamin. C’est juste là. » Elle pointe l’immeuble qui se trouve plus si loin et où ils finissent par arriver après que Birdie se mise à pousser Zeke directement en appuyant sur son dos, décrétant qu’il ne va pas assez vite. « Purée, faut que t’arrête de couper du bois, t’as trop de muuuuuscles. » Et elle, pas assez mais suffisant pour qu’ils ont sûrement divisé par deux leur arrivée au pied de l’immeuble, n’est–ce pas ? C’est en tout cas ce que l’esprit alcoolisé de Birdie pense et cette dernière s’en satisfait fort bien. « Ascenseur en panne, va falloir monter. 3… ou 4 étages. Chai plus. Oopsie. » Elle glousse, prend sa main et l’entraine vers la cage d’escaliers. « Et me force pas à te prendre sur mes épaules si t’es trop lent. » Comme si c’est possible. Mais rien n’est impossible dans son état.
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| | | | (#)Sam 29 Aoû 2020 - 22:00 | |
| Il était clairement convaincu de ne jamais retourner à l'état de grâce que pouvait être l'ivresse: cette soirée venait de lui prouver que l'alcool et ses conséquences ne lui seyaient guère. Pourtant, Zeke était dur au mal mais perdre le contrôle de tout son corps et de ses neurones, cela avait de quoi traumatiser un grand homme comme lui. Il voyait bien que Birdie, elle, n'était pas prête à relâcher tout cela, même s'il se demandait ce qu'elle pouvait bien trouver de revigorant dans cette sensation de monde qui tanguait tout autour. Lui n'appréciait clairement pas perdre tous ses moyens parce qu'il était un terre à terre, le Blythe, solide comme le roc et s'il acceptait de perdre son chemin au beau milieu de la forêt, il avait par contre plus de mal à accepter d'être un lourdingue qui vomissait dans les fossés en ville. Cela dit, il s'en remettrait parce que c'était un grand garçon et que tout le monde survivait à son baptême du feu en la matière, même si le lendemain matin, personne ne faisait vraiment le fier la première fois. "Je négocierai avec la faucheuse, va." Et il ne parlait pas de l'araignée, non, mai de la grosse bestiole qui était censée faire passer les âmes d'une frontière à la suivante. Bien évidemment, Ezechiel ne croyait pas une seule seconde à tous ces concepts, de manière générale, il ne croyait que ce qu'il voyait. Oui, c'était forcément réduit puisqu'il n'observait que de champs et des troncs d'arbres la majorité du temps mais peu à peu, son univers s'ouvrait, il s'agissait de faire preuve d'un minimum de patience, sa spécialité d'ailleurs. "Je vais tenir ma parole, je t'assure. Vomir sur les graviers, pas mon heure la plus glorieuse." Il n'avait vraiment pas envie de retenter l'expérience, il laissait cela aux vrais aventuriers, aux personnes accro à l'adrénaline qui ne pouvaient jamais rentrer chez eux avec un seul verre d'eau dans leur système immunitaire. Lui, il était juste le traînard que Birdie essayait de pousser plutôt vainement, ce qui le fit rire... Beaucoup moins quand il vit le nombre de marches et et entendit le nombre d'étages mais il fallait mériter le repos, semblait-il. "Si c'est pas cinq ou six, hein?" Il s’avança toutefois, se tenant fermement à la rampe de l'escalier: Zeke avait de la condition physique mais moins que lorsqu'il était à jeun. Cela dit, il menait vite la danse, enchaînant les marches quatre par quatre, laissant Birdie plus lente derrière lui. "C'est moi qui dois te porter?" Les étages défilaient et entre chacun d'entre eux, Ezechiel attendait, parce qu'il n'y avait que Birdie pour savoir où elle habitait. |
| | | | (#)Mer 2 Sep 2020 - 21:14 | |
| « Je négocierai avec la faucheuse, va. » Les négociations prendront court parce qu’il n’y a pas de négociation à avoir avec la faucheuse. Elle prend ce qu’elle doit au moment où s’est acté et Birdie l’envierait presque si la tenue règlementaire ne fut pas toute noire, toute morne, toute endeuillée. La mort la frôle, la mort la hante mais la mort ne vient pas encore frapper à sa porte. La preuve, elle est encore assez vivante pour être morte de l’intérieur ; morte de fatigue (malgré son énergie débordante), morte de faim, morte du monde. Elle a probablement été morte depuis longtemps et elle n’est peut–être qu’un cadavre ambulant qui se traine un peu partout sans savoir où aller. Cela expliquerait qu’elle n’arrive à rien ressentir – alors qu’elle ressent juste beaucoup trop. Mais si Zeke souhaite tâter ce terrain, si la prunelle des yeux bleus de sa voisine qui n’est plus a une importance assez grande pour lui pour l’entrainer dans ces pourparlers, ce n’est pas Birdie qui l’en empêchera. Elle sera toujours de ceux qui se planquent derrière les autres dans ce domaine là de toute façon. « Je vais tenir ma parole, je t'assure. Vomir sur les graviers, pas mon heure la plus glorieuse. » Cadburry ne doute pas de sa parole. Elle qui ne croit jamais quand elle le dit – elle a fini par arrêter de le dire, elle s’agaçait elle–même à force tellement que c’est juste absurde – Ezechiel n’y trouvera jamais son compte dedans. Il faut qu’il continue comme ça, qu’il se préserve, qu’il ne tombe pas aussi bas qu’elle. Qu’il ait eu une mauvaise expérience est une bonne chose ; déjà, il arrêtera (peut–être) de la chaperonner (parce qu’elle n’en a pas besoin, vraiment) et parce que ça le dissuadera amplement de remettre le couvercle. Une pierre deux coups. « Si c'est pas cinq ou six, hein ? » Birdie se pince les lèvres avant de les cacher avec ses doigts pour étouffer son gloussement qui s’y échappe. Il n’est pas à deux ou trois étages près, si ? Il a les yeux bruns en alerte, Blythe, et la bleuté de ceux de Cadburry ne lui présage rien de bon. Juste la plus grande des confusions de celle qui a oublié où elle habite – typique. « La poignée est reconnaissable, je l’ai peinte en jaune et rose. » Idée de génie qu’elle a eu, qui n’a étrangement pas plu à Carter – mais c’est elle qui a ses vagues artistiques, et parfois pratiques, qui viennent et vont, pas lui. « C'est moi qui dois te porter ? » Birdie galère. Elle monte une marche et demi qu’il en monte le double. « C’est salopard. » Elle n’aime pas qu’il lui rappelle qu’il est plus grand. Plus fort. Elle aussi veut pouvoir monter les marches aussi rapidement. Mais elle n’a pas la taille pour et encore moins l’endurance nécessaire. Une main sur la rampe, l’autre sur une marche à sa hauteur, ses fesses atterrissent sur le parquet vacillant de l’immeuble ancien en le faisant grincer. « Mais il est pas trop tard pour jouer au cheval. » Il a proposé, elle ne fait que répondre avec une moue suppliante. Birdie va bien finir par retrouver son dos – parce qu’il est hors de question qu’il la porte bride style. Juste pour le principe, elle s’y refuse catégoriquement. Sinon, c’est elle qui vomit. Surtout lui.
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| | | | (#)Dim 6 Sep 2020 - 18:17 | |
| Elle n'était pas toujours facile à suivre, sa comparse de galère de la soirée mais apparemment, Zeke avait fait aussi fort qu'elle en choisissant l'alcool à la joie d'être l'homme le plus sobre du bar. Il aurait probablement préféré en rester à son option habituelle parce que, s'il y avait bien une chose que Blythe n'aimait pas franchement, c'était se mettre en scène face à un public d'inconnus. Il était beaucoup trop réservé pour se comporter de la sorte normalement: il avait un sérieux besoin d'assurance, le pauvre homme, mais ce ne serait pas durant cette soirée qu'il pourrait obtenir tout ce qui lui avait manqué jusqu'ici. Néanmoins, Ezechiel espérait garder un petit souvenir de tout ce qui s'était passé, même si les images resteraient désespérément floues après deux simples verres qui l'avaient terrassé sans le moindre problème. Il s'en voudrait dès le lever du soleil, n'était-ce d'ailleurs pas lui qu'il avait aperçu à l'horizon avant de pénétrer dans l'immeuble qui devait les amener jusqu'à l'appartement de Birdie? Il avait déjà oublié, bien trop pris par ce jeu d'escalade dans lequel la petite blonde l'avait embarqué. Ezechiel soufflait, lui qui avait une étonnante condition physique faisait légèrement moins le fier après une soirée à marcher et une journée de travail dans les pattes en plus des verres ingurgitées. Il tenait le cap cela dit, pouvant rire de Birdie qui traînait derrière lui parce qu'elle avait des jambes plus petites que lui, qu'elle devait être tout aussi fatiguée que lui de tout le chemin qu'ils avaient fait pour en arriver là. "Le langage, mademoiselle." Il ne l'entendait plus pendant un moment et forcément, Zeke se retourna pour la voir se poser sur une marche de l'escalier, apparemment dans l'attente qu'il l'amène jusque là haut, comme dans le temps quand il lui servait de cheval de fortune au lieu de monter sur les vrais qui traînaient dans le champ voisin. "Si j'ai mal au dos demain, on dira que c'est toi, deal?" Il s'accroupit pour qu'elle puisse monter, ayant beaucoup plus de mal à grimper désormais, la sueur au front alors qu'il aperçut enfin la fameuse poignée que Cadburry avait décrite tantôt. "Dis moi que t'as les clés." Zeke s'affaissait déjà devant la porte, hors d'haleine, prêt à s'endormir sur le paillasson, abandonnant ainsi les derniers restes de sa dignité déjà bien entamée par le déroulement de cette nuit fort étrange en son genre. |
| | | | (#)Lun 19 Oct 2020 - 18:48 | |
| « Le langage, mademoiselle. » « Gniagnia. » Qu’elle répond de façon la plus mature possible la mademoiselle. C’est juste vilain de se moquer à la base – elle a le droit mais les autres non, règle de base et de principe. Et même venant de Zeke, encore pire venant de Zeke. Il ne se moque pas, d’habitude, mais là, il enchaine des actions aussi surprenantes qu’inattendues. Birdie espère vraiment qu’elle se rappellera de tout ça le lendemain. Déjà parce que c’est assez exceptionnel en soi. Et aussi parce qu’il n’est pas certain qu’Ezechiel retente l’expérience aussi tôt. Elle aurait dû embarquer une caméra avec elle, franchement. Juste pour le plaisir de pouvoir rire de son voisin en terrain inconnu. « Si j'ai mal au dos demain, on dira que c'est toi, deal? » Birdie opte pour l’expression choquée. « J’ai l’impression que beaucoup de choses vont être de ma faute demain. » La soirée, l’alcool, la gueule de bois, le dos, les jambes, un petit paquet de trucs et bidules qui va s’accumuler sur ses épaules à elle alors qu’elle s’accroche à ceux de Zeke. Ses bras autour de son cou, la tête sur la sienne, « j’pourrai presque dormir là, comme le bébé koala. » Même si elle est moins mignonne qu’un koala – qu’est–ce qui est plus mignon qu’un koala de toute façon ? Rien, absolument rien qu’existe sur cette terre. A part le panda roux peut–être. Dure compétition.
Le trajet est beaucoup plus rapide quand on n’a pas à monter les marches – même si ça, c’est le point de vue d’une Birdie qui comate tranquillement sur le dos de Zeke et qui aurait pu poursuivre comme ça tout l’étage. Il la laisse glisser pour la faire revenir sur terre alors qu’elle grogne légèrement. « Dis moi que t'as les clés. » Birdie tâte ses poches. Jupe, veste, devant, derrière, avant de pousser un cri de victoire. « T’as de la chance, d’habitude, elles sont dans mon van. » Elle aurait pu lui faire la blague de les avoir oublié – et en prime emmerder Carter en le réveillant, s’il est sur place – mais Blythe a l’air au bout du rouleau. « Et ben, t’as bu que de la vodka pourtant. Quand ils disent que le chêne se déracine plus facilement que le roseau, ils ont pas tort. » Et il est lourd, le chêne, alors qu’elle ouvre la porte d’une main et qu’elle lui prend le bras de l’autre. « Tu sais quoi ? En plus d’avoir les clés, j’ai même un lit. Incroyable, hein ? » Birdie l’entraine vers sa chambre, la porte à moitié entrouverte de celle de Carter indiquant qu’il est sûrement aux abonnés absents ce soir. Elle n’a pas besoin de lui dire d’ignorer le bordel parce que Zeke ne sera sûrement pas en état d’analyser les lieux. Pas ce soir en tout cas. « Allez, princesse, c’est l’heure de ton sleeping beauty ! » Cadburry le tient jusqu’à son lit avant d’essuyer ses pieds avec une serviette et de disparaitre dans la cuisine pour revenir avec une bouteille d’eau. « Tu ferais bien de boire si tu veux éviter le gros mal de crâne demain. On sous estime le pouvoir de l’eau. » Elle prend la sienne, boit de longues gorgées avant de sauter à son tour dans le lit, tapotant l’espace à côté. « Y a pas de ciel étoilé, juste un plafond qui mériterait que j’en foute en plastique, mais je suis pas sûre que tu sois en état de faire le difficile. » Tout comme elle qui, à même les draps et habillée, plongera dans les bras de Morphée sûrement plus rapidement que dans leur trou de fortune.
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| | | | (#)Ven 23 Oct 2020 - 18:12 | |
| Elle était aussi légère qu'une plume, au moins une constante qui n'avait pas changé malgré les verres d'alcool ingérés. Zeke ne se souviendrait potentiellement de rien de toute la soirée, surtout pas les mot qu'il avait prononcés au fond du fossé alors, comment se sortir de ce mauvais pas? Birdie savait tout désormais et peut être que Blythe ne réussirait pas à gérer le contrecoup d'une telle annonce car c'était toute l'histoire de sa vie qu'il avait étalé, le plus grand drame qu'il ne vivrait jamais assurément. Forcément, dans ces moment là, Ezechiel ne pouvait penser qu'à son frère, perdu derrière des barreaux et s'il avait envie de sourire en le voyant au fond de son crâne, il y avait aussi une grande partie de lui qui avait juste envie d'en pleurer parce qu'il n'était pas là, justement. Personne ne pouvait tout à fait comprendre le lien qui unissait les deux hommes mais la prison avait entrainé cet éloignement forcé qui blessait le fermier plus que de raison. Il espérait qu'il n'avait pas tant montré sa détresse à la petite blonde car, toute sa vie, Zeke avait tâché de paraître comme un roc devant elle, jamais moins. Le croyait-elle vraiment? Il était évident que le brun était beaucoup trop sensible pour son bien et qu'il allait le payer d'un moment à l'autre. C'était déjà le cas alors qu'il déposait Cadburry à terre, souriant éperdument parce qu'elle avait certainement raison sur le lendemain qui viendrait le déterrer d'une gueule de bois monumentale. Autant ne pas y penser tout de suite en suivant la jeune femme à l'intérieur d'un appartement apparemment vide. Zeke ne fit aucun commentaire en terminant sa course dans la chambre de Birdie, attrapant la bouteille d'eau qu'elle lui tendait et buvant à grandes rasades parce qu'il avait clairement soif après ce marathon dans les rues de Brisbane. Il aurait aimé prendre une douche après ce chemin périlleux dans les endroits les plus sales de la région mais il était clair que la fatigue le rattrapait d'ores et déjà. "Je pars tôt. Pour pas t'embêter." Il n'entendait même plus réellement le discours de Birdie, ses yeux déjà clos alors qu'il se laissait tomber dans le lit à côté d'elle, Zeke s'endormant sans demander son reste, risquant très probablement de le payer aux aurores. Il s'en voudrait probablement mai était-ce de sa faute? Sûrement. Tout l'était, après tout. |
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