Il ne pourrait jamais trop en dire, toujours se donner avec parcimonie avec Zeke. Au fond, la nature humaine l'effrayait car il ne comprenait pas tout, le grand homme. Les attitudes des uns et des autres n'étaient pas toujours claires et lui qu ne connaissait pas le vice avait bien du mal à s'identifier aux gens qu'il croisait. Cela dit, Ezechiel ne faisait jamais le moindre reproche, même quand on le blessait parce qu'il considérait que c'était normal. Avec le temps du moins, il avait appris à accepter qu'on puisse ne rien vouloir de lui, même si les gestes n'allaient pas toujours de pair avec les mots. On lui avait déjà promis monts et merveilles avant de le laisser tout seul pour réfléchir au sens de la vie et le grand Blythe n'avait jamais pu atteindre la moindre conclusion. Il n'était juste pas comme tous les autres et ce fait, Eve avait dû le constater dès les prémisses de leur rencontre car il était venu l'aider sans la moindre arrière pensée, ne supportant juste pas la souffrance d'autrui, encore moins lorsque celle-ci était due à la cruauté de ses congénères. Il ne savait pas tout, le grand fermier, au contraire même, il ne devait rien savoir, mais il laissait le temps faire son oeuvre, sans franchement se poser énormément de questions. En compagnie de Zimmer en tout cas, il n'essayait pas de s'interroger constamment sur ses envies ou ses besoins, il la laissait agir et le naturel faisait son oeuvre, à défaut du temps. Alors, il souriait Zeke, sans rien dire, face à celle qui se voyait comme une souris, quand lui la voyait sûrement de manière bien différente. Il ne rajouterait pas de longs discours, ce n'était pas la personne qu'il était de toute façon et il préférait tout dire avec ses yeux. Rien d'autre. A la place, il attendit la suite, écoutant les quelques questions de la blonde sur la construction de la cabane, lui qui avait eu une adolescence de nature radicalement différente par rapport à celle des autres. "Je devais avoir quatorze ou quinze ans. Je sais pas, j'en ai construit plusieurs à divers endroits de la forêt." Une passion qu'il avait sans doute perpétré jusqu'à ce qu'il en trouve une autre, celle du travail du bois au fin fond de sa grange. Ce ne fut qu'à partir de là qu'il abandonna les bosquets environnants à la maison pour aller couper quelques arbres majestueux pour créer les plus belles tables possibles. Puis, il s'était diversifié mais toujours dans le plus grand des secrets, hors de question d'attirer des regard étrangers, jusqu'à très récemment. C'était un art qui paraissait étrange mais Ezechiel n'avait pas l'air enclin à l'abandonner maintenant, même s'il passait à quelque chose de plus fin en passant par des petites figurines à offrir à Eve. Il était par contre beaucoup trop perfectionniste pour lui donner les premières ébauches, pour sûr qu'il y passerait du temps mais heureusement, Blythe était extrêmement patient et surtout minutieux. Il finit par devoir quitter la statuette puisque Eve lui déroba pour la poser à terre alors qu'elle laissait échapper des mot délicieux, des mots qui le laissèrent muet, comme souvent lorsqu'il était question d'un compliment quelconque. Zeke n'avait pas l'habitude d'entendre cela, qu'il était beau, que son sourire pouvait l'être tout autant, ce n'était pas la personne qu'il montrait aux autres en tout cas. Néanmoins, il était ainsi aux côtés de Eve qui lui lança un regard plus profond encore et Zeke ne sut pas quoi répondre, rien devait être la meilleure réponse au monde. Ce rien qui se mua en toute autre chose alors qu'il vint timidement approcher ses lèvres des siennes, lui qui n'initiait jamais grand chose en vue du peu de confiance qu'il pouvait avoir en lui mais il s'y osa. Là, maintenant. En l'embrassant, plus fougueusement que délicatement, ce qui paraissait encore plus nouveau pour Blythe, ses doigts glissant contre les joues de Eve, sans rien dire de plus que tout ce que pouvait présager ses lippes tentatrices contre celles de la belle blonde. Il avait sûrement tout dit, Zeke.
Parce que l'amour n'est pas et ne peut pas être de la simple affection. Ce n'est pas de l'habitude ou de la gentillesse. L'amour est folie, c'est le coeur qui bat à deux cents à l'heure, la lumière qui descend le soir quand le soleil se couche, l'envie de se lever le matin juste pour se regarder dans les yeux. (Federico Moccia, J'ai failli te dire je t'aime)
☆ Zeke & Eve ☆
J’ai de nombreuses phobies. Je suis sans doute l’une des femmes les plus névrosées de cette planète. J’en suis venue à me dessiner de nombreuses fois. Sombre, hantée par son ombre. Peter Pan ne cesse de perdre la sienne alors que la mienne fait corps avec moi, refuse de s’en aller, de me quitter et de me laisser une seconde de répit. Depuis ma toute jeunesse, j’ai eu cette impression qu’il était stupide, inutile d’espérer. Espérer qu’on m’adopte, qu’on me sorte de l’Enfer personnel dans lequel j’ai évolué de ma naissance jusqu’à ma majorité. Avec le temps, les attentes s’étiolent. Au début, on veut de beaux parents, avec un chien, une famille unie. Et ensuite, on veut juste des parents. Après un seul nous suffit et pour terminer, on se met à imaginer que les chiens peuvent nous adopter. La pensionnaire qui se sera restée le plus longtemps enfermée entre quatre murs. Avec pour seul allié un chat, et ce silence qui ne m’a jamais quitté. J’ai toujours eu cette crainte du silence, de rester seule à seule avec mes pensées. D’avoir cette peur de décevoir, de l’abandon. J’aurai pu prendre le même chemin que ma mère lorsqu’elle m’a abandonnée aux bons soins des sœurs. J’aurai pu faire la même chose avec Lisa. Et je ne cesse de me demander depuis bientôt vingt-sept ans ce qu’elle a ressenti quand elle a entendu mon cœur battre. Le résultat reste le même. Peu importe, l’âge, les motivations. Elle ne m’aimait pas. Femme au visage de poupée, Pierre a suivi le même sentier tracé. Me laissant avec mes meurtrissures, avec ma peine. Je ne pouvais que le regarder s’évanouir dans la nature. Se marier avec une femme de sa caste sociale et lui rendre son amour, le jeter aux oubliettes et reporter mon attention sur le petit être qui prenait vie en moi. Je me suis placée volontairement en arrière-plan. Éternelle seconde dans le cœur des personnes, de celles qui partagent ma vie. J’ai assisté impuissante au départ précipité, presque la fuite, de mon ami, de mon mari. Je pensais que le mariage pouvait signifier toujours. Mais je me suis allègrement trompée. Je suis restée seule de nouveau. Seule avec mes deux enfants et mon chagrin qui n’a cessé de grandir. Me réfugiant dans mon travail, gardant mes mains prises, la tête occupée. Je ne voulais plus rien ressentir. Mais je n’avais pas prévu que le fil du destin est rieur, joueur et me mettrait sur mon chemin un troisième individu. Là où je n’avais fait que gratter la surface avec Kieran, je me suis totalement abandonnée auprès de Zeke. Lui qui incarnait sans aucun doute le silence mieux que quiconque. A côtés de lui, je n’ai plus que jamais des airs de poupée tant il est massif, tant il est grand. Le calme et la sérénité qu’il m’a insufflée m’ont séduite. Sans doute m’en vaut-il peu me direz-vous. Mais mon être tout entier est sorti de sa léthargie pour faire preuve d’une chose nouvelle que je ne connaissais pas. la passion. Là où avec les autres, je me suis installée dans une relation confortable. Je les ai aimés de manière différente mais je n’ai jamais du faire preuve d’autant de ferveur en face d’un homme. Je n’ai jamais eu à me battre. Le passé fut facile, épineux et la personne est finalement partie à cause de ça. Décidée à ne pas reproduire les mêmes erreurs, je suis prête à me transformer en l’une de ces héroïnes que j’admirai tant. Prendre les armes pour prouver à Zeke que j’étais digne de son attention et peut-être oserai-je espérer de son affection ?
Alors que je me tiens sans contrainte debout dans cette cabane, je ne me place plus en tant que petite-amie du géant mais en tant que professionnelle. Mes doigts viennent caresser le bois poli, verni. Alors que je pose des questions. Que ma voix sort de ma gorge pour venir mourir contre ses murs. "Je devais avoir quatorze ou quinze ans. Je sais pas, j'en ai construit plusieurs à divers endroits de la forêt." Je tourne la tête vers lui, darde mon regard bleuté sur son être, assis dans un coin. Comme s’il cherchait à s’oublier, à ne pas rester dans la lumière. Un sourire prit place sur mes lèvres alors que je me détourne de lui pour continuer mon expertise. « Eh bien, je peux te dire que même durant ton adolescence, tu avais beaucoup de talents. Les finitions sont impeccables. Et surtout tu as pensé à vernir les planches. Ce que peu de personnes auraient songé à faire durant leur jeunesse. » Je me surpris à taper du pied avant de rentrer machinalement la tête dans mes épaules. Sans doute, en fis-je trop ? « Les appuis sont stables. Les planches… » Je me baissais pour essayer d’admirer la symétrie pour admirer l’usure du bois. Ce qui me permet un peu de dater la date de conception. « Je dirai que cela a une vingtaine d’années. Les autres sont toutes pareilles ? Je veux dire c’est ta première celle-là ? » Je me redresse, les joues rougies, les cheveux en bataille et sans aucun doute poussiéreux alors que je prends conscience de mon entreprise. J’ai pour le moins recommencé. « Désolée, déformation professionnelle. C’est mon travail de dater les… les créations. Et si elles sont cassées, de les réparer ou de les arranger pour la vue du public afin d’avoir une meilleure conservation. » La couleur qui tintait mes joues se réchauffe un peu plus au fur et à mesure que je parle. Que mes lèvres bougent malgré elle et que j’admire son travail avec des yeux émerveillés. Rien de comparable. « Un travail de titans. Je ne suis pas aussi douée. » Et pour cause que je me contentai de réparer les œuvres, pas de les créer. Je n’osai lui proposer de venir me voir au musée. Par peur sans aucun doute qu’il refuse ou qu’il ne se sente pas à sa place. « Si… enfin… si un jour tu veux voir mon antre. C’est… c’est calme aussi par chez moi. » Je fronce doucement le nez avant de baisser la tête, jouant avec le tissu de mon débardeur, le tordant dans tous les sens pour venir m’occuper l’esprit.
L’idée de la petite figurine m’est venue d’elle-même à peine avait-il passé le pas de la porte le lendemain matin. Et que je l’avais laissé partir la mort dans l’âme, souhaitant prolonger à l’infini l’étreinte que nous avions partagé durant la nuit. D’une simplicité et d’une douceur déconcertante. J’ai souvent repassé ce film délicieux alors que j’étais partie pour cette émission stupide qui m’avait rendue à lui toute cabossée. Car même si je ne lui dirai sans doute pas de suite, j’étais entièrement à lui. Incapable de faire dans la demi-mesure. Cette fougue qui prenait possession de moi alors que je me tenais à ses côtés, alors que je tentai de lui faire voir ses qualités m’a fait prendre conscience d’une chose. Je me donnai à lui complètement sans arrière-pensée aucune. Et il n’y en a pas non plus alors que les mots s’échappent de ma bouche malgré moi, que mon regard ne quitte pas le sien. Je me perds quelque peu dans le sombre de ses yeux, que je peux apercevoir une certaine lueur dans ses iris chocolatées. Je reste un moment, interdite alors que le corps massif de mon grand brun vient se rapprocher du mien et que tout simplement ses lèvres trouvent les miennes. Un petit gémissement de surprise sort de mes lippes collées contre les siennes alors que la passion dont faire preuve Zeke s’empare de moi et me foudroie sur place. Naturellement, je le laisse s’étendre sur moi, me couchant sur le sol tandis que ma main vient prendre position contre sa taille. Mes doigts jouent avec le tissu de son tee-shirt tandis que je me perds dans les méandres de ce baiser inattendu. Mon cœur quant à lui tambourine nerveusement dans ma poitrine alors que la flammèche, l’étincelle qui était née de notre conversation se transforma subitement en brasier. Immolant mon corps tout entier. Sous l’impulsion d’une chose que je ne connaissais pas, le baiser rompu par manque d’oxygène, je repris ses lèvres d’assaut, le faisant basculer sous moi. Ma main se perdit dans ses cheveux de jais, mon corps sans doute trop petit, entièrement sur le sien, mes doigts vacants désormais caressant sa peau brûlante. Me laissant porter par l’instant. Sans en ajouter plus, sans avoir besoin de parler tant nos baisers parlaient d’eux-mêmes. Et ce désir qui ne m’avait pas saisi depuis des années, qui grandissait à mesure que la bulle grandissait autour de nous. Je ne me posais plus de questions, cerveau éteint. Consciente que j’étais complètement foutue. Mais était-ce si mal ? Je n’en avais aucune idée.
Sa mémoire lui faisait défaut lorsqu'il s'agissait de repasser un court instant dans les méandres de son adolescence. Zeke avait expressément mis de côté cette période de son histoire car c'était le moment où il était constamment seul, un garçon en souffrance qui n'arrivait pas à s'en sortir à l'école. Personne ne lui adressait la parole, on le regardait toujours de travers et pour s'en sortir, Ezechiel allait vite se cacher dans une de ses cabanes de fortune, y travaillant d'arrache pied alors que tout avait déjà été monté à la perfection. Tout cela pour ne plus laisser ses pensées lui faire du mal. Il n'avait pas ressassé une seule fois ses mauvaises journées, toutes les moqueries, les tentatives des gens populaires de le faire réagir alors que l'entreprise était vaine. Le grand Blythe n'avait jamais laissé ses émotions gagner et il avait toujours réussi à feinter l'indifférence. Néanmoins, ces cabanes parsemées ici et là dan la forêt restaient le reliquat majeur de ce mensonge: Zeke avait ressenti intensément cette cruauté, il avait juste trouvé un moyen de la contrecarrer en se donnant corps et âme dans un projet. C'était, au final, ce qu'il avait continué à faire en entrant dans l'âge adulte, troquant les cachettes avec des meubles relativement sobres. Troquer la solitude contre le feu ardent de l'activité, Ezechiel n'avait toujours été doué qu'à cela. Il ne cessait pas, même si sa vie changeait peu à peu: avec lui, la routine s'installait bien vite, entre les travaux de la ferme, les services à la scierie et les quelques passages au marché, ne lui restait qu'un peu de temps pour taper sur des rondins de bois. Tout cela pour faire taire un cerveau qui n'avait jamais su s'exprimer correctement. Être avec Eve révélait cette éclatante incompétence à communiquer: il ne disait rien, la plupart du temps. Là, il se contentait de la regarder alors qu'elle s'extasiait du plancher, de la moindre finition, comprenant bien évidemment que c'était l'amour de son métier qui ressortait ainsi. Cela prouvait donc qu'elle était suffisamment à l'aise avec lui pour oser porter un jugement sur ses oeuvres, entre guillemets. "C'est ma première. Les autres sont peut être un peu plus évoluées mais c'est la même base." Il était encore tout jeune quand il avait démarré ce projet, complètement effondré face à ce monde qui l'entourait mais avec le temps, Zeke avait réussi à s'approprier cette mission pour créer un havre de paix pour bon nombre de voisins. Alors, quelque part, il avait réussi son défi. "Avec plaisir. Une prochaine fois." Pour sa part, il ne pourrait pas faire une analyse approfondie du travail de Zimmer mais il pourrait contempler dans le plus doux des silences, du Blythe des grands jours. Parfois, néanmoins, il pouvait surprendre, non seulement les autres mais aussi lui-même. Il l'avait regardée avec cet air si profond, quelques instants tout au plus avant de poser ses lèvres sur les siennes et s'envoler. Plus rien ne semblait avoir la moindre importance soudainement, ses pensées perdues au dessus des nuages, son corps se calant contre celui d'Eve. Il sentit ses doigts si fins contre sa taille, les siens jouant sur ses joues avec une grande délicatesse. Lorsqu'il se détacha, il savait qu'il aurait pu parler, lui dire plein de mots qui auraient compté mais cette fois, ce fut au tour de la jolie blonde de faire voler ses lippes contre les siennes avec une ferveur renouvelée. Au final, ce fut Zeke qui e retrouva dos au plancher, le corps léger d'Eve sur le sien, ses mains la tenant par les hanches, désirant la protéger au cas où elle perdrait l'équilibre mais la jeune femme tenait le cap dans cet échange d'une rare intensité. Respirer à nouveau, sentir sa cage thoracique se soulever plus difficilement que d'habitude alors qu'un léger sourire étira ses lèvres, Zeke ne savait pas franchement comment réagir, tout était si nouveau pour lui. Tout était à vivre et à découvrir. "C'est ça dont les gens parlent?" Le désir, l'envol, l'oubli, la passion, le tout cumulé, Ezechiel n'en avait aucune idée. Cela dit, il s'assit, Eve toujours sur ses genoux, son visage encore proche du sien, utilisant ses muscles à bon escient pour que la jeune femme n'ait rien à craindre. Un de ses doigts joua avec une mèche désordonnée de ses cheveux, les autres restaient sages, son regard ébène dans le sien, sans véritablement savoir ce qu'il attendait. Zeke était perdu, de toute manière.
Parce que l'amour n'est pas et ne peut pas être de la simple affection. Ce n'est pas de l'habitude ou de la gentillesse. L'amour est folie, c'est le coeur qui bat à deux cents à l'heure, la lumière qui descend le soir quand le soleil se couche, l'envie de se lever le matin juste pour se regarder dans les yeux. (Federico Moccia, J'ai failli te dire je t'aime)
☆ Zeke & Eve ☆
Je n’ai pas toujours été une férue d’arts. Je n’ai pas toujours aimé rafistoler des petites choses. A la base de chez base, je devais être exploratrice. Faire effectivement la Sorbonne et l’école du Louvre mais concernant les recherches. Pas la partie création. Et puis, je suis tombée enceinte. J’ai dû non seulement changer mes plans de carrière mais revoir toute ma vie entière. J’ai été invisible une grande partie de ma vie. Étant d’une taille ridicule, blonde dans un pays où la majeure partie des personnes le sont et assez passe-partout car je n’osai pas ouvrir ma bouche. Là, je me suis retrouvée en pleine lumière à devoir assumer le regard des autres. Celui où les gens me traitaient dans mon dos de vilains mots. Des mots blessants, des mots dont j’ai appris la signification et qui m’ont fait autant de mal que lors de la dispute entre Malefoy et Granger dans Harry Potter et la chambre des secrets. Là où lui l’a insulté de sang de bourbe, on m’a insulté de salope, d’immature, d’inconsciente, de pute aussi pour les plus virulents. Au départ, je n’osais plus affronter la cruauté du genre humain à la cafétéria et je mangeai sur les marches de l’amphithéâtre avec mon silence. Un silence mélancolique où je devais essayer de contenir mes larmes, ne pas les montrer, ne pas leur donner ce plaisir. Je me suis donc mise à occuper mes mains afin d’occuper mon esprit. A affûter ma critique de la meilleure des manières, m’extasiant sur toute la nouveauté que la vie m’apportait. Je ne pense pas avoir un jour la force de parler à Zeke de cette période houleuse de ma vie. De même que je tairai sans aucun doute le même ressenti éprouver durant ma seconde grossesse. Là où la société évoluait dans un sens où l’on devenait parents de plus en plus vieux, je le suis devenue trop jeune. Inconsciente, irresponsable, une belle salope, une trainée. Ce qui est faux bien entendu.
La main invisible et géante de Zeke me retire ses pensées de la tête alors qu’il répond avec parcimonie à mes questions. "C'est ma première. Les autres sont peut être un peu plus évoluées mais c'est la même base." Sa voix grave m’ancre de nouveau dans la réalité alors que je me tourne vers lui, le regard sans doute brillant à la fois d’extase mais également d’une émotion que je tentai de cacher. J’avais peur dans le fond que lui aussi me voit comme ça. Mes doigts caressaient le bois poli alors que je me balançai d’avant en arrière pour sourire. « Tu me montreras les autres ? » J’avais posé cette question d’une voix timide alors qu’à mon habitude, je vins rougir sans difficulté. Cette faculté à me cacher, à ne pas avoir envie qu’on me voit. A essayer de disparaitre dans toutes les matières que je croisai. Mes doigts se détournèrent du travail de mon géant alors que mon cœur fit une embardée sans que je ne le désire vraiment. "Avec plaisir. Une prochaine fois." Mon regard s’attarda longuement sur le sol alors que je hochai la tête. Le tout était aussi nouveau pour moi que pour lui. La proximité, l’intimité, le silence. J’étais aussi perdue que Zeke sur le sujet et je ne savais pas trop comment me comporter. Le géant m’avait demandé d’être naturel, de ne pas me poser de questions. Alors, je l’écoute.
Tandis que nos lèvres se rencontrent sous sa propre initiative, je me laisse transporter par la passion donc Ezechiel fait preuve. Surprise, agréablement surprise. Mes mains cherchant où se placer dans cette étreinte alors que je viens naturellement me coucher sur le sol, alors que mon cœur bat si vite qu’il pourrait sortir de ma poitrine pour s’en aller. Que je ne veux pas rompre le contact. J’ai cette peur de le voir partir, de le perdre alors que je m’accroche à lui, alors que mon corps épouse parfaitement le sien. Impulsive, habitée par une passion que je ne connaissais pas, j’en vins à le faire basculer sous moi. Mes lippes contre les siennes se mouvaient dans un naturel qui me déconcertait. Mon cerveau débranché, je caressai sa taille, je caressai ses bras, ses cheveux. Je me laissais faire jusqu’à ce que mon brun se recule légèrement. Nos lèvres rosies par les baisers échangés, le souffle court, je m’accroche à lui alors qu’il se redressa. Naturellement mes petites jambes se nouèrent autour de sa taille alors que mes bras prirent position autour de sa nuque. J’avais compris lors de notre soirée que tout était nouveau pour lui. "C'est ça dont les gens parlent?" Je me surpris à rougir avant de venir effleurer son visage du bout de mes doigts, mes joues rosissant au contact de ses doigts dans mes cheveux. « Oui et non. » Une réponse bien évasive pour un homme qui avait besoin de réponses, sans doute que je le rassure. « Oui parce que certains baisers ou certaines caresses peuvent déclencher un désir mais les gens parlent de sexe en général. » Expliquer cela à quelqu’un n’était pas chose aisée mais encore plus difficile à Zeke qui attendait de moi des réponses. « Pour nous, c’est différent. Car nos étreintes ne sont pas motivées par ce besoin de se perdre l’un dans l’autre mais dans des sentiments. Du moins de mon côté. » Je saisis une des mains de Zeke pour venir la poser sur ma poitrine, sans arrière-pensée, là où mon cœur pulsait de toutes ses maigres forces. Je posai la large paume du brun dessus, espérant qu’il parviendrait à en sentir l’impulsion. « C’est similaire dans le sens où quand je t’embrasse, mon cerveau se déconnecte et que je ne me pose plus de questions mais c’est différent dans le sens où avec toi, j’éprouve tout un tas de sentiments que je n’ai pas ressenti depuis… longtemps. Voire même jamais car c’est différent avec toi. » Ma voix n’était qu’un murmure, était rauque dû à l’effort fourni. Mes doigts vinrent jouer avec ses cheveux, caressant certaines mèches alors que je le couvai du regard. Un regard plus profond, un regard qui en disait sans doute long sur ce que je ressentais pour lui. Sur mon cœur qui battait sous sa paume. « Je tiens à toi. Vraiment. Je sais que l’on… que c’est récent mais je suis sincère. Et c’est cela qui me motive, pas le simple fait de partager un moment charnel avec toi-même si soyons honnête, tu embrasses très bien. » Un sourire naquit sur mes lèvres. Je me penchai pour venir effleurer les siennes. Mon regard cherchant le sien pour essayer de transmettre tout ce que j’avais en réserve. « Avec toi, j’éprouve une passion nouvelle, Zeke, et aussi une fougue que je n’ai jamais connue. Alors oui, j’ai envie… j’ai envie de toi, très envie mais si tu veux attendre, apprendre à découvrir d’autres choses, je peux. Pour toi et uniquement pour toi. » Sans doute en faisais-je trop avec ce genre d’effusions où lui parlait peu, moi trop. La chose comme à son habitude me gêna, celle de devoir formuler mes désirs et j’avais comme une envie de rentrer dans le sol. Mais je trouvais la force de venir soutenir son regard, de me perdre dans les méandres de ce dernier, d’essayer de le rassurer un peu, de lui offrir une issue qu’il pourrait prendre. « Le secret c’est de débrancher son cerveau, amour, et de se laisser guider par ses désirs profonds. Ne pas se poser de questions. Le tout viendra naturellement. » mon nez se frotta contre le sien alors que j’initiai le baiser de moi-même. Moins fougueux que le précédent, le surplombant de ma hauteur. Moins empressé, plus profond. Un baiser fait de sentiments et de non-dits que je savais qu’il serait en mesure d’interpréter.
Il avait encore tout à découvrir, le pauvre Zeke. Toute sa vie n'avait été faite que de petits riens, de moments perdus ça et là, jamais quelque chose de grandiloquent car ce n'était pas dans ses capacités. Il ne vivait que pour la simplicité, Ezechiel, que pour la normalité aussi puisqu'il n'était jamais sorti du chemin qu'on attendait de lui. Pas un débordement, pas une fugue, pas une seule crise de colère même. Pourtant, il aurait dû en avoir au moins mille vu l'environnement dans lequel il avait dû évoluer, entre un frère qui prenait toute la place et des parents qui portaient la pression sur ses épaules car il devait être le successeur de leur patrimoine. Blythe avait toujours tout accepté parce que c'était naturel pour lui de répondre aux envies et besoins des autres. Lui n'en avait jamais eu de son côté, il ne savait pas ce que c'était, d'avoir des rêves, une envie d'avenir. Il avait suivi toutes les prérogatives des autres, sans jamais s'interroger sur la place qu'il avait à jouer dans leur histoire alors que, au final, on l'avait abandonné, on l'avait laissé derrière, on ne revenait jamais vers lui. C'était exactement ce qui se passait dernièrement, entre ses disputes avec son frère, le silence de son père, les départs fréquents de Chloe, il avait tout laissé lui aussi dans un coin de sa tête parce qu'il n'était plus question de se faire tant de mal pour des événements qu'il n'était pas en mesure de contrôler. Oui, c'était usant de faire partie de ce monde, d'avoir des gens à aimer et à chérir, lui qui n'avait jamais franchement réussi à prendre soin de lui-même mais peut être que tout cela était en train de changer peu à peu. En effet, Zeke avait toujours été généreux et serviable, le premier à répondre lorsqu'un voisin avait besoin d'un coup de main sur sa propriété et c'était aussi dans ces circonstances précisément qu'il avait rencontré Eve. Elle qui avait avait besoin qu'on la relève, qu'on mette un peu de glace sur sa cheville pour qu'elle puisse marcher à nouveau sans gêne. Zeke avait tenu ce rôle à la perfection, comme il avait su briser la glace avec ses deux enfants, lui qui, pourtant, n'en côtoyait pas tous les jours. Il laissait faire le naturel, il faisait taire ses pensées et c'était également ce qu'il avait demandé à Zimmer lorsqu'elle commençait à se poser mille questions sur l'avenir. Cela, Blythe n'avait jamais su faire mais il avait conscience, néanmoins, qu'il était en retard sur énormément d'actes. Tout était donc nouveau, tout était frais et quelque peu revigorant dans ce genre d'instants. Il ne savait pas trop où il allait mais il se releva toutefois pour confronter le regard d'une Eve aussi hors d'haleine que lui d'avoir profité entièrement de ce baiser. Il ne s'attendait pas nécessairement à ce qu'elle lui explique le tout en détails, un homme comme lui aurait déjà tout avoir s'il avait été comme les autres en plus mais cependant, la blonde prit le temps. Elle pesa le pour et le contre, tâcha de mettre des mots sur leur affaire, en étant le plus fidèle possible à ce qu'elle pouvait ressentir. De son côté, Zeke fronçait les sourcils, réfléchissant au fur et à mesure de son discours parce qu'il ne voulait pas interpréter à l'envers, dire une bêtise, c'aurait été un comble de choisir les mauvaises paroles pour un homme qui avait pour habitude de parler si peu. "Je crois que je comprends ce que tu veux dire. Le sexe et les sentiments, selon l'intention, c'est pas pareil." Il résumait, pas plus de trois mots avec Ezechiel sinon le tout lui aurait écorché la gorge assurément mais il espérait que la synthèse serait suffisante pour qu'Eve ne soit pas complètement fatiguée d'être avec lui. "Je me suis pas beaucoup entraîné, tu sais." C'était à son tour de rougir, toujours sincère parce qu'il n'avait pas connu mille lèvres avant d'en arriver là et le nombre de baisers qu'il avait expérimentés se comptaient sur les doigts d'une main, voire les deux mais il n'était même pas certain. Ezechiel ne savait clairement pas ce qu'il faisait mais il entendait les mots d'Eve, cette envie qu'elle avait de lui, ce qui avait le don de l'étonner car on était censé avoir peur de ce qu'il était, pas vouloir voir plus mais Zimmer n'était pas comme les autres non plus. Elle le surprenait et Blythe sentait que quelque chose se tramait au fond de lui, quelque chose qu'il n'avait jamais ne serait-ce qu'effleuré car la peur l'emportait toujours sur tout le reste, sauf sa raison. "J'ai juste peur... De pas être à la hauteur." Il n'avait jamais rien fait, il ne savait pas comment agir. La preuve, il restait bras ballants à la regarder, jusqu'à ce qu'elle agisse pour lui, l'implorant de débrancher ses connexions neuronales alors qu'elle venait l'embrasser à nouveau. Zeke la laissa faire, ses mains reprenant leur chemin vers ses hanches si fines pour la coller à lui. C'était déjà un bon début, non? Il l'espérait alors qu'il s'autorisait à approfondir le baiser, son cerveau pas encore totalement déconnecté mais il espérait que l'appréhension se tairait, il ne voulait pas fuir ou la faire fuir tout de suite. Pas elle.
Parce que l'amour n'est pas et ne peut pas être de la simple affection. Ce n'est pas de l'habitude ou de la gentillesse. L'amour est folie, c'est le coeur qui bat à deux cents à l'heure, la lumière qui descend le soir quand le soleil se couche, l'envie de se lever le matin juste pour se regarder dans les yeux. (Federico Moccia, J'ai failli te dire je t'aime)
☆ Zeke & Eve ☆
Il était tendre, Zeke. Cela changeait des hommes que j’avais côtoyé. Il était gentil, prévenant, à l’écoute. presque trop parfait. Même ses défauts étaient adorables. Je n’étais sans doute pas la femme la plus objective du monde à cause de mes sentiments pour lui, mais il était presque trop beau -dans les deux sens- pour être réel. Toute ma vie, j’ai attendu un homme comme lui. Un homme qui saurait me protéger sans avoir à lever le petit doigt, un homme qui saurait m’écouter et me ramener les pieds sur cette bonne vieille Terre alors que je partais dans mes tergiversions impossibles à suivre. Un homme qui accepterait mes enfants sans penser que je suis une femme facile d’être tombée enceinte deux fois de suite. Alors oui, il n’était pas très bavard, oui, il fallait expliciter le fond de notre pensée pour le mettre sur la voie du cheminement des discussions. Mais il me forçait à grandir, à mûrir et à assumer les choses. Je me suis trop souvent laissée bercer durant mes relations précédentes. A me poser mille et une questions, à me demander quoi faire et finalement me laisser guider. Ici, j’étais celle qui instiguait. Même s’il avait fait le premier pas en posant ses lèvres sur les miennes dans un baiser insoupçonné. J’ai compris que sous toute cette couche de muscles et de non-dits se cachait quelqu’un qui était capable de s’enflammer et d’enflammer les autres. Moi pour être exacte. Mon cœur tambourinait dans ma poitrine, ce petit cœur blessé qui ne voulait plus aimer. Car j’avais peur de mes sentiments, sentiments que j’avais bien du mal à verbaliser. Et il le fallait bien. Car il avait besoin de réponses. Il avait besoin que je sois son fil d’Ariane dans ce maudit dédale. Je voulais l’être, j’espérai être assez à la hauteur pour lui exprimer tout ce que j’avais en tête. sans doute pas de la manière attendue mais avec des mots que je pesais, que je prenais soin de choisir. Je ne voulais pas l’effrayer, le faire partir. Je ne sais pas si mon cœur saurait se remettre à nouveau de la perte de quelqu’un. Mais j’essayai. C’était ce qui comptait non ?
"Je crois que je comprends ce que tu veux dire. Le sexe et les sentiments, selon l'intention, c'est pas pareil." Je vins hocher la tête. les yeux brillants d’une lueur qui ne les avait pas habité depuis années. je m’étais contentée de rester dans mon coin, n’osant aller vers les autres, n’osant draguer de manière désastreuse. Et pourtant avec lui, les choses étaient simples. Je n’avais presque pas eu d’efforts à faire. « C’est exactement ça. Il y a le sexe pour le sexe, pour son propre plaisir et il y a les sentiments. Où tu le fais car tu as envie d’être avec la personne de toutes les manières possibles. » Mes doigts se perdent dans ses cheveux si doux alors que mon regard ne quitte pas le sien. Que nous sommes perdus dans cette bulle qui n’appartient qu’à nous. Que le moment est notre et que je ne veux pas le laisser s’échapper. "Je me suis pas beaucoup entraîné, tu sais." Je le vois rougir, sans doute avoir honte. Mais je trouvais ça beau. Et plus rassurant. « Je sais. T’es adorable quand tu rougis. » Il m’en avait fait part quand il était venu chez moi. il avait embrassé trois filles et j’étais la troisième. Il n’avait pas mentionné les plaisirs de la chair, juste les baisers. « ça vient d’instinct. Au moment venu, tes désirs prendront le pas sur ta raison et tu verras. » Comme pour appuyer mes gestes, je passe mes mains sous son tee-shirt pour caresser ses muscles, me rapprochant un peu plus. Je pouvais presque sentir son souffle se mêler aux miens alors que l’air se chargea d’une tension électrique. "J'ai juste peur... De pas être à la hauteur." J’eus un sourire tendre avant de venir effleurer ses lèvres. « C’est toujours nul la première fois, murmurai-je avec un petit rire plus rauque que les précédents. Sérieusement, tu n’as pas à t’en faire. Vu comment tu embrasses, je pense qu’il y a plus de passion là-dessous qui ne demande qu’à sortir. » Je fronçai légèrement le nez alors mes lèvres retrouvèrent les siennes. Simplement. Mon corps se chargea d’une tension alors que Zeke prit soin de nous rapprocher l’un de l’autre. Mon torse collé contre le sien, je laissais parler mes baisers. Mes soupirs alors que mes mains s’attardaient sur ses muscles. Alors que je me fis basculer en arrière pour lui permettre d’être plus à son aise. Instigatrice, je tentais de ne pas débrancher mon cerveau pour pouvoir le guider comme il se devait. Mes doigts se refermèrent sur son haut que je fis basculer par-dessus sa tête, le laissant choir contre le torse alors que je pris soin de me reculer un peu pour admirer son torse musclé. Tout parfaitement taillé. Une rougeur monta sur mes joues alors que j’effleurai sa peau du bout de mes doigts. Que mon regard enfiévré s’arrêta sur le sien. « Tu es si beau, murmurai-je avant de venir rejoindre ses lippes avec fougue. » Sans me poser de questions, comme il me l’avait dit.
Il ne s'était jamais précipité Zeke, pourtant, il aurait pu, tant d'autres choisissaient cette alternative car la solitude n'était pas enviable. Surtout pas quand on sortait de l'adolescence. Le grand brun ne s'était jamais laissé réellement tenter par ce genre d'expériences, sûrement parce qu'il avait toujours considéré que l'amour comptait, aussi idiot cela pouvait-il paraître pour d'autre hommes de son âge. Puis, le temps avait passé: les heures s'étaient vite transformées en semaines, en années, en décennies, et voilà qu'il réalisait tout ce qu'il avait raté par rapport à d'autres mais est-ce qu'il était en mesure de le regretter? Ezechiel avait toujours considéré que si un événement n'arrivait pas, c'était que la raison devait être bonne alors, il s'était laissé porter par le vent, sans jamais se fixer sur quelque chose ou quelqu'un. Il avait d'ailleurs bien fait car les quelques femmes qui étaient passées dans sa vie n'avaient été que des mirages, un baiser ou deux puis s'en va comme pouvait le dire un adage certainement. Dès qu'on approchait de trop près Blythe, les gens semblaient se brûler les ailes et faire machine arrière alors, c'était peut être ce que le grand brun attendait de voir venir maintenant qu'Eve était assise sur ses cuisses, qu'elle lui expliquait, qu'elle le regardait avec tendresse. Allait-elle partir tout de suite? Allait-elle attendre un peu? Il avait peur, forcément, mais il ne disait rien, Zeke, il n'avait jamais su le faire de toute façon. A la place, il ne pouvait que commenter les dires de la blonde en espérant que son discours puisse faire sens pour elle. "Pourquoi le faire sans amour?" C'était ce qui l'avait fait tenir vingt bonnes années malgré tout, lui qui devait être idéaliste pour ne pas se laisser emporter par le désir du corps avant celui du coeur. A vrai dire, il n'y arrivait pas autrement, il ne ressentait pas l'envie avec quelqu'un pour qu'il n'avait pas la moindre affection. Il l'avait donc ressenti, de manière brève, en partageant quelques doux instants avec Chloe mais il avait surtout eu conscience qu'elle ne voyait pas les choses comme lui. Zeke était doux, peut être trop parfois mais il tâchait de toujours garder un pied sur terre, même si, là, Eve l'invitait à arrêter de penser à quoique ce fut. Juste se laisser emporter, sentir les doigts fins de la blonde faire tressaillir sa peau sous son vêtement. Respirer plus fortement alors qu'elle constatait sa rougeur, lui expliquant encore et toujours à quel point le naturel pouvait compter dans ce genre de situations. Ezechiel l'espérait forcément car sinon, il était déjà fichu, surtout que les paroles de Zimmer ne le réconfortaient pas tant que cela. "Je suis pas rassuré si tu dis ça, Eve." Et si elle partait parce qu'il était trop nul? C'était un risque que tant d'hommes avaient dû prendre avant lui lorsqu'il était question de premières fois avec des femmes qui avaient plus vécu qu'eux et Blythe se doutait bien que la réciproque devait être vraie. C'était la nature même de l'humain, de douter, de ne pas se sentir assez confiant pour oser mais il l'avait fait en l'embrassant et c'était maintenant elle qui le faisait en venant le débarrasser de son tee shirt, celui-là devenu nettement superflu. Il la sentait beaucoup mieux sans le tissu et ce fait le fit frissonner alors qu'il ne l'avait même pas encore vraiment touchée. "La passion te plait?" Il voulait savoir, il voulait comprendre, juste lui donner ce qu'elle voulait même s'il ne savait rien faire, Zeke. Il recevait son compliment avec la chair de poule qui s'étendait à tout son corps, son sourire s'élargissant car il sentait que Zimmer était troublée de lui faire ce genre d'aveux. Lui en était heureux, il n'avait clairement pas l'habitude, mais c'était plus appréciable qu'il n'aurait pu le penser. Après cela, il y eut un nouveau baiser, sa peau brûlante, une de ses mains s'immisçant timidement sous le tee shirt d'Eve, remontant, jusqu'à son ventre en délicatesse, le seconde se portant sur sa colonne vertébrale, comme s'il cherchait d'abord à avoir son approbation parce qu'il était hors de question de faire quelque chose de mal. De la brusquer. De la blesser. Jamais.
Parce que l'amour n'est pas et ne peut pas être de la simple affection. Ce n'est pas de l'habitude ou de la gentillesse. L'amour est folie, c'est le coeur qui bat à deux cents à l'heure, la lumière qui descend le soir quand le soleil se couche, l'envie de se lever le matin juste pour se regarder dans les yeux. (Federico Moccia, J'ai failli te dire je t'aime)
☆ Zeke & Eve ☆
Se donner à quelqu’un n’était pas une chose aisée. On devait faire face au jugement de l’autre concernant notre corps, nos performances et nos sentiments. Je n’ai jamais été doué dans ce genre de choses. Je n’ai jamais aimé mon corps qui porte les affres de deux grossesses, trop petit, trop disproportionné. Mais même si nous étions en pleine lumière, je ne pouvais pas me cacher face à un Ezechiel qui attendait des réponses. Ma main caresse doucement sa joue alors que je tente d’y répondre, d’essayer de le tranquilliser car je lisai de la peur dans son regard. et je n’aimais pas ça. "Pourquoi le faire sans amour?" A vrai dire, je me suis moi-même posée cette question. Je pris le temps de réfléchir à la réponse correcte avant de déglutir. « Parce que depuis quelques décennies, le sexe a été banalisé. Avant, c’était un acte que l’on faisait surtout dans le couple. La femme devait demeurer intacte jusqu’au mariage et puis avec l’avènement de la pornographie, des films explicites, les gens ont vu ça comme un moyen de plaisir et plus comme de l’amour. Ils se donnent sans attache pour recevoir une once de plaisir qui est infime, qui ne dure pas. » Je prie un petit temps car j’allais sans doute devoir me prendre pour exemple. « Par exemple, je me suis faite aborder dans des bars pour que les hommes me ramènent chez eux et fassent ce qu’ils ont à faire. Le plaisir de l’autre ne compte pas tant mais plus le sien. L’égoïsme pur et à l’état brut. Je ne suis pas comme ça. je suis plus axée sur celui de mon partenaire que sur le mien. » Et je ne donnais pas mon cœur au premier connard venu aussi. J’essayai de faire attention. J’avais assez morflé avec Pierre qui m’a bien vacciné. Je viens soupirer alors que je constate comme un vent d’affolement dans les yeux du brun. "Je suis pas rassuré si tu dis ça, Eve." Mes doigts ne cessent que de caresser sa peau pour le tranquilliser. « C’est plutôt moi qui ai la pression, dis-je avec un sourire, je suis certaine que tu seras très bien. Et puis, c’est comme un sport. Tu peux recommencer après et au fur et à mesure tu te perfectionnes. » Mon sourire ne quittait pas ses lèvres, mes doigts sa peau et je ne le quittais pas des yeux. Je ne voulais pas qu’il s’affole ou qu’il se pose mille et une questions. Je vins prendre d’assaut ses lèvres dans un baiser que je voulais plus doux, que je désirai plus doux. Comme pour le faire taire. Puis, la passion prit le pas sur ma raison et je me retrouvais sous lui à essayer de faire passer un message. A essayer de lui apporter de la sérénité au maximum. Alors que je le débarrasse de son haut et arrêt sur image. Je marque un stop alors que mes doigts parcourent ses muscles et que je reste pantoise devant sa beauté. "La passion te plait?" J’ose tourner mon regard vers lui pour me sentir rougir. « Ce qui me plait, c’est que tu restes toi-même. » Je m’étais un peu rehaussée pour venir de nouveau le faire taire d’un baiser. Alors que cette fois-ci, je sens toute sa vigueur contre moi. Je sens le feu qui s’anime au fond de moi. Un petit gémissement sort d’entre mes lèvres alors que les doigts brûlants de Zeke s’aventurent sous mon débardeur. Je le sens hésitant, je sens qu’il a besoin de mon consentement. Doucement, ma main se pose sur sa joue alors que mon regard clair s’attarde sur le sien. Nos visages rougis, nos lèvres gonflées. « Je suis à toi, murmurai-je contre ses lèvres pour que seuls nous deux ne puissions l’entendre, et tu es à moi. » Signe de consentement à la Zimmer tandis que l’une de mes mains descend le long de sa colonne vertébrale. Ou plutôt effleure sa colonne vertébrale du bout de mes doigts. Mes lèvres dérivent dans son cou, papillonnant dans ce dernier. Attendant le signal, le déclic chez lui qui me ferait complètement basculer. Savourant chacune de ses tendresses.
Parce que l'amour n'est pas et ne peut pas être de la simple affection. Ce n'est pas de l'habitude ou de la gentillesse. L'amour est folie, c'est le coeur qui bat à deux cents à l'heure, la lumière qui descend le soir quand le soleil se couche, l'envie de se lever le matin juste pour se regarder dans les yeux. (Federico Moccia, J'ai failli te dire je t'aime)
☆ Zeke & Eve ☆
J’avais une idée bien arrêtée sur mes congénères. Pour les avoir vus officier de loin pendant des années, je savais reconnaître une parade nuptiale de loin. Ce qui est triste quand on sait que ce terme est de base réservé aux animaux pour qu’ils puissent s’accoupler afin de perpétrer la vie. Les humains avaient quant à eux oubliés ce concept depuis des siècles voire même des décennies, détournant le sexe de sa fonction majeure. Quand on se surprend à étudier l’Histoire, on peut reconnaître aisément le cheminement de la pensée sexuelle à travers les siècles. Ce n’est nullement de l’intelligence mais du bon sens. Et je tente d’expliquer ceci à Zeke qui s’interroge sur le pourquoi de la chose. Pourquoi les hommes font ce qu’ils font ? Et pourquoi sont-ils ainsi ? Je ne saurai avoir de réponses explicites si ce n’était un avis tranché sur la question. "Que leur vie doit être maussade." Je ne peux qu’être en accord avec lui. Ce grand homme qui ne comprenait rien des affres qui ne comprenait rien de la société qui l’entourait. « Je ne sais pas si leur vie est maussade. Je ne connais pas les motivations personnelles. Mais je trouve ça triste, oui. Car je ne peux pas concevoir une vie où l’acte sexuel est ainsi banalisé. » J’en viens à me mordre la lèvre, consciente que je ressortais mot pour mot ce que j’argumentai auprès de certaines personnes. « Enfin, c’est devenu assez commun. Avant, on faisait ça pour sceller une union et pour donner la vie. Maintenant, tout est si normal que cela en retire la beauté du geste. Je peux comprendre que certaines personnes aient besoin de ça pour mieux dormir ou même sourire mais je ne cautionne pas le geste qui consiste à prendre d’autres pour des imbéciles en leur faisant miroiter monts et merveilles. » Mais ce n’était pas une surprise que de savoir que l’être humain était condamné. Que nous étions en somme tous voués à disparaitre car nous avions non seulement dénaturé notre planète avec les modifications mais aussi parce que certains se permettaient de faire des doigts d’honneur à mère Nature.
Dernière édition par Eve Zimmer le Mar 7 Juil 2020 - 5:14, édité 1 fois