Il n'avait pas spécialement envie d'y penser, lui qui n'arrêtait jamais, qui n'était pas en mesure de calmer le parcours de ses neurones. Elwyn l'avait en tête malgré tout, cette discussion houleuse avec Nea, cette discussion qu'il avait fui parce qu'il ne savait que trop bien à quel point la jeune femme avait du pouvoir sur lui. Elle en avait toujours eu, dès qu'elle était arrivée comme un boulet de canon dans son existence, la grande brune au teint mat, le sourire enjôleur, des charmes indéniables avec un caractère de feu. Il s'y était vite fait, le Cadburry, parce qu'elle avait tant de qualités, elle le faisait tellement rire à ce moment-là. Nea avait une passion fulgurante pour la vie quand lui se contentait de la regarder passer pour aller se cacher dans ses émissions télévisées. Avec elle, Elwyn avait appris la patience, les sentiments surtout, ceux qu'on ne pouvait pas contrôler, ceux qui blessaient dès qu'on les laissait prendre le contrôle plus qu'il ne s'en fallait. Il avait failli, le grand brun, parce qu'elle avait aisément gagné face à lui, Nea, elle qui avait tout fait pour le rendre accro à elle. Ils étaient pourtant si différents: elle était terre à terre, il n'avait jamais les pieds accrochés au sol, toujours la tête dans les nuages. Néanmoins, ils avaient toujours su se retrouver quelque part au milieu, dans un équilibre précaire car leurs différences les avaient rendu plus vivants, l'un comme l'autre. Elwyn avait eu besoin du côté responsable et fort de Nea, elle avait eu besoin de ses bêtises pour se remettre de toutes les cicatrices que la vie lui avait créées au creux de l'âme. Puis, ils avaient fini par se détruire, pas par envie mais par peur car ils avaient toujours été des handicapés de la moindre émotion, les deux fuyards en perdition. Au bout du compte, ils avaient attendu l'un comme l'autre que leur alter ego fasse le premier pas, n'hésite pas une seule seconde face à ses intentions mais rien de tout cela n'était arrivé. Le duo s'était montré bien trop faible et maintenant, ils n'arrivaient même plus à se parler sans s'envoyer des ignominies à la figure. Cependant, Elwyn n'avait pas mis longtemps à s'emparer de son invitation à l'inauguration de la boutique de Nea, prétextant de devoir lui rendre quelques vêtements qu'elle avait laissé derrière elle. Il les avait gardés amoureusement, sans s'en départir car il en était incapable, même s'il paraissait si peu romantique, Cadburry. Au final, quelques minutes plus tard, il était devant la boutique, passant la porte avec son air rieur. On ne changeait pas Elwyn, même si on le méprisait bien souvent pour son côté trop jovial. Il attendit un peu, observant le nouveau monde qui s'offrait à lui, mains dans les poches, vêtements sous le bras, avant d'entendre le rideau qui indiquait que la brune était entrée dans la salle de vente. Il la regarda et Elwyn ne pouvait pas empêcher (à nouveau) ses pensées de vagabonder sur la flagrante beauté de son ancienne colocataire. Il comprenait fort bien pourquoi il avait eu le béguin pour elle assez tôt dans leur arrangement d'habitat, même s'il avait joué la carté du colocataire chiant à souhait pour attirer son attention. "T'avais oublié ça à la maison... Et j'avais encore l'invitation sur le frigo alors... Je suis venu." Evidemment qu'il était là parce que la vie de Nea lui tenait à coeur et il savait qu'elle était heureuse d'ouvrir son business, comme lui l'avait fait avant elle. "C'est sympa ici, tu vas faire fureur. Tu vas en vendre des orchidées, d'ailleurs, tu savais que l'étymologie du mot orchidée vient du mot "orchis" qui signifie "testicule" en grec ancien?" Il aurait mieux fait de partir avant de lancer de quelconques hostilités mais cette fois, Cadburry espérait sincèrement qu'il n'y aurait pas de fumée entre eux. Le feu brûlait encore, néanmoins, et on pouvait clairement le lire dans les prunelles du brun.
Mal d'amour. On n'en guérit pas si facilement. Et il n'existe pas de médicaments. Ni de remèdes. On ne sait pas quand ça passe. On ne sait pas non plus combien ça fait mal. Seul le temps fait du bien. Beaucoup de temps. Parce que, plus un amour a été beau, plus la souffrance de la fin sera longue. Comme en mathématiques ; valeurs directement proportionnelles. Mathématiques sentimentales. (Federico Moccia, J'ai failli te dire je t'aime)
☆ Elwyn & Nea ☆
J’ai pleuré. Longuement. Assise à l’extérieur sur mon massif de fleurs. J’ai même oublié d’aller faire les magasins pour m’acheter une robe digne de ce nom. J’ai dû me faire violence pour aller en chercher une. Sans grande conviction. J’ai toujours eu le don pour dénicher des vêtements chics. Et cette robe-là faisait sans doute trop chic pour l’évènement mais je l’ai vu dans la vitrine et j’ai su qu’elle serait à moi. J’avais donc dit bonsoir à Zeke après avoir réitérer l’invitation tout en sachant qu’il ne viendrait pas. J’aimais son silence et son calme. Bien que l’inventivité ainsi que la folie d’Elwyn me manquaient. Je déglutis. Ne pas penser à lui, ne pas penser à lui. Je grimpai dans mon Uber commandé avant de me rendre à ma soirée. C’était ma soirée. Le signe que j’avais accompli quelque chose toute seule. Cette robe blanche, volant derrière moi, je pénétrai dans l’endroit qui ne tarda pas à grouiller de monde. Une coupe de champagne en main, je ne cessai de regarder la porte. signe que je l’attendais encore alors que je savais qu’il ne viendrait pas. Je soupirai avant de laisser la boisson couler dans ma gorge.
La porte s’ouvrit à nouveau. Et je lui faisais face. Mes talons de douze me faisaient le surplomber d’une tête alors qu’en deux enjambés, je fus près de lui. "T'avais oublié ça à la maison... Et j'avais encore l'invitation sur le frigo alors... Je suis venu." Je le fixai en arquant un sourcil avant d’avoir un petit rire qui monta dans ma gorge. « Bonsoir à toi aussi, Elwyn. » Je me penchai pour venir déposer mes lèvres teintées de rouge sur sa joue avant de me saisir des affaires que je posai dans un coin sans que personne ne les voit. Prétexte sans aucun doute. Je lui tendis un verre, sans quitter mon sourire colgate alors qu’un de mes invités fit voler les pans de ma robe, dévoilant mes longues jambes. "C'est sympa ici, tu vas faire fureur. Tu vas en vendre des orchidées, d'ailleurs, tu savais que l'étymologie du mot orchidée vient du mot "orchis" qui signifie "testicule" en grec ancien?" Un éclat de rire sortit de ma gorge alors que je portais de nouveau le verre de cocktail à mes lèvres. « Donc je présente ça comment aux gens ? Tenez voici vos testicules pour votre mère ? » J’eus un nouveau rire grave qui monta dans ma gorge. Je ne savais pas si c’était l’alcool ou le fait qu’il s’en soit souvenu. Qu’il soit là. C’était important pour moi. « Comment trouves-tu ma robe ? On m’a comparée à une déesse grecque ? Elle ne fait pas trop habillée pour la soirée ? » Un sourire ravageur sur mes lèvres. Espérant qu’avec cette soirée, on pourrait laisser le fiasco de la dernière fois derrière moi.
Il la trouverait toujours hors du commun, Nea, même si elle ne lui pardonnait jamais ses multiples torts. C'était à se demander comment elle avait pu tomber sous le charme d'un idiot comme lui à la base, même si, il était vrai, Elwyn l'avait travaillée au corps pour aboutir à un quelconque résultat. On parlait tout de même du grand gamin qu s'amusait à mettre de l'oreo dans ses shampoings pour faire un jeu de mots avec L'oreal, autant dire qu'on avait vu mieux en termes d'humour. Eux deux, néanmoins, ils en avaient ri, même quand du poil à gratter s'était immiscé dans leurs pyjamas à tour de rôle. Les vengeances n'étaient jamais vraiment singulières, c'était surtout un coup de maître pour prouver à l'autre qu'on avait compris qui était derrière toute l'affaire et ils avaient duré très longtemps à ce petit jeu là. Au bout du compte, Nea avait craqué parce qu'ils avaient allumé la console de jeux, qu'elle avait bu, qu'il ne savait pas tellement lui résister depuis le début et que les vêtements étaient tombés au fur et à mesure. Le résultat avait été à la hauteur des attentes et Elwyn n'aurait jamais pensé qu'ils auraient recommencé à d'autres occasions parce que c'était vite devenu leur relation. Ils se cherchaient, constamment, et il y en avait toujours un qui sortait de ses gongs, l'autre devant tenir le cap avant qu'une dispute ne se transforme en toute autre chose. L'attraction était féroce et c'était sûrement encore elle qui avait ramené Elwyn vers Nea, malgré la fin de leur discussion la fois passée. Il n'avait pas tout assumé et il s'était senti idiot de nombreux jours en conséquence parce qu'il n'avait pas été l'homme de la situation. Une nouvelle fois. C'était devenu coutumier avec Cadburry et ce n'était pas franchement si étonnant que Nea avait fini par en être fatiguée, et juste vouloir partir, lassée. Elwyn avait eu du mal à survivre de ce départ mais elle était de retour alors, est-ce qu'il était réellement capable de la laisser faire sa vie de son côté? Aussi misérable qu'il était, le grand brun s'était présenté face à elle et sa beauté l'avait laissé silencieux quelques petites secondes. Jamais trop longtemps, cela dit. Il avait moult choses à dire sur les orchidées apparemment et le rire franc de Nea qu'il reçut lui fit du bien au coeur. Il se sentit tout de suite plus léger en lui souriant en retour, comme s'ils étaient en train de retrouver les bases mêmes de leur dynamique d'antan. "Je trouve ça bien comme entrée en matière, histoire de se démarquer de la concurrence tout ça... Sinon tu peux vendre un truc hors du commun genre... La "Clitoria ternatea" est une fleur originaire d'Asie tropicale et équatoriale qui porte son nom a cause de la forme de sa fleur, ça attirerait du monde ça, non?" Pas besoin de fleurs avec une forme étrange pour cela puisque tout le monde devait avoir les yeux rivés sur la propriétaire des lieux tant elle était belle. Comment avait-il pu la laisser partir déjà? Elle le savait très bien qu'elle était magnifique et elle en jouait face à lui, misérable homme sans défense. "Est-ce que t'as vraiment besoin de mon avis? Tu sais très bien que t'es pas une déesse grecque, t'es une amazone. Wonder Woman." La sienne, mais il ne l'avait pas dit parce qu'Elwyn ne voulait pas l'énerver dès la première minute, pour une fois. "Promis, j'ai pas mis de poil à gratter dans les vêtements que je t'ai rendu hein. Sait-on jamais que tu me fasses pas confiance, je préfère préciser." Autrefois, il l'aurait fait mais Cadburry avait besoin qu'elle revienne dans sa vie. Surtout ne plus la faire fuir. Jamais.
Mal d'amour. On n'en guérit pas si facilement. Et il n'existe pas de médicaments. Ni de remèdes. On ne sait pas quand ça passe. On ne sait pas non plus combien ça fait mal. Seul le temps fait du bien. Beaucoup de temps. Parce que, plus un amour a été beau, plus la souffrance de la fin sera longue. Comme en mathématiques ; valeurs directement proportionnelles. Mathématiques sentimentales. (Federico Moccia, J'ai failli te dire je t'aime)
☆ Elwyn & Nea ☆
Avec lui, les choses n’ont jamais été simples. Là où ma vie a toujours été rangée, là où je mettais dans l’ordre dans tout. Je rangeai mes vêtements par taille, mes chaussures par matière. Et il venait pour y semer la zizanie. Fort heureusement pour moi, il avait certaines limites. Ne s’aventurant pas dans mon linge délicat. Mais avec Elwyn, la vie était un arc-en-ciel. Il mettait cent milles couleurs dans ma vie. Il me mettait en rogne. Me faisait feuler, voir rouge souvent. M’a rendu amoureuse de lui sans pour autant parvenir à me dompter car je ne suis pas une femme qu’on peut apprivoiser. Certes s’y sont risqués mais ont perdu bon nombre de leurs dents. Femme volcanique, un brin colérique. Qui ne sait pas trop quelle est sa place dans le monde. Qui ne sait pas ce qu’elle voulait. Le perdre m’a fait prendre conscience que je le voulais lui. mais que la musique entre nous s’est arrêtée et j’ai eu du mal à ouvrir les yeux. Je ne songeai pas à le voir vraiment, me contentant de mon si chimérique. Courant après un nuage longtemps envolé.
Alors le voir devant moi avait quelque chose d’inespéré. Certes, nous avions échangé des mots il y a quelques jours. Mais les disputes étaient fréquentes surtout après autant de temps sans se voir, sans s’accorder. Je ne pensais plus à cette femme qu’il devait avoir laissé chez soi. Ne voulant pas ombrager ma soirée. Me contentant de le saluer chaleureusement d’un chaste baiser sur sa joue. Le rouge qui ornait mes lèvres ne teinta pas sa joue fort heureusement pour moi. Des banalités échangées entre nous deux avant qu’il ne parvienne à me faire rire. Mon rire trop franc s’éleva dans les airs pour s’évaporer aussi vite qu’il est sorti. "Je trouve ça bien comme entrée en matière, histoire de se démarquer de la concurrence tout ça... Sinon tu peux vendre un truc hors du commun genre... La "Clitoria ternatea" est une fleur originaire d'Asie tropicale et équatoriale qui porte son nom a cause de la forme de sa fleur, ça attirerait du monde ça, non?" Je vins le fixer avec un air amusé. « Serait-ce une demande monsieur Cadburry pour que je vous fasse voir les lieux ? » J’avais glissé ceci de ma voix suave. Avec la natation, j’avais appris mon potentiel séduction. et surtout que ce dernier résultait beaucoup dans ma voix. Que je tentai tant bien que mal de modeler avec un petit sourire.
"Est-ce que t'as vraiment besoin de mon avis? Tu sais très bien que t'es pas une déesse grecque, t'es une amazone. Wonder Woman." De nouveau un sourire éblouissant s’inscrivit sur mon visage. « Oui, je suis trop classe pour toi, mon cher. C’est quoi ce pantalon ? Ta femme ne t’a donc pas appris à te vêtir convenablement ? » je fronçai les sourcils avant de venir me réfugier dans l’alcool. Je vidai mon verre d’un geste sec avant d’en reprendre un autre. Parler de ça était certes douloureux mais après tout, il avait refait sa vie. Peut-être devrais-je en faire de même ? « Ça me fait penser que je ne t’ai pas félicité. Alors je le fais. Je te souhaite d’être heureux » Sans moi. cette fois-ci, mon sourire n’avait plus rien de bon enfant mais était plutôt douloureux. Mon sourire d’avocate.
"Promis, j'ai pas mis de poil à gratter dans les vêtements que je t'ai rendu hein. Sait-on jamais que tu me fasses pas confiance, je préfère préciser." Je secouai la tête sans retirer ma mimique avant de rire légèrement. « Ne t’inquiètes pas, je vais sans doute les jeter de toute façon. J’ai refait toute ma garde de robe. » Je lui montrai mon corps. « T’as vraiment rien remarqué ? Genre que j’ai perdu du poids ? Ou même que ma silhouette s’est affinée ? Ou alors t’as pas regardé par égard pour madame. Ce qui trouverait tout son sens. » Elle commence à nous emmerder celle-là. De nouveau, je vide mon verre. Je vais encore finir saoule. Tant pis, je dormirai dans mon bureau. Hors de question que je paraisse devant Blythe avec un trop plein d’alcool dans le sang.
Il avait plus ou moins tout perdu quelques mois auparavant et Elwyn n'aurait pas pu en déterminer la cause réelle. Tout était allé si vite, un peu comme la période de gestation des rats, on n'avait pas le temps de fermer les deux yeux que déjà, des milliard de bestioles couraient dans les égouts. Certes, l'analogie était maladroite mais le résultat était quasi identique: Elwyn n'avait même pas eu le temps de cligner des yeux que Nea avait quitté la maisonnée, le laissant derrière elle avec un coeur en miettes, pour la deuxième fois de sa vie. Le pauvre Cadburry avait le luxe de se fourrer dans des histoires d'amour qui ne finissaient jamais de la bonne manière. En pleurs. Voire en sang, lorsque le mari de son amante avait découvert le pot aux roses, lui qui n'en savait pas plus que lui. La situation avait été chaotique mais ce n'était pas beaucoup mieux maintenant car le brun avait toujours envie de courir après la belle brune, grande et charmante, alors que son cerveau allumait tous les signaux d'alerte après sa fuite quelques mois auparavant. Il avait été si intensément blesse que l'information s'était bercé d'illusions durant de nombreuses semaines. Ses expériences éparses étaient devenues un lot quotidien ingérable pour les quelques personnes qui persistaient à faire partie de son entourage, sans compter les voisins qui devaient faire avec la sonnerie au milieu du couloir parce qu'il menaçait de mettre le feu à toute la bâtisse. S'il continuait sur sa lancée, Cadburry risquait de terminer à la rue mais il ne semblait pas en avoir peur plus que cela. Il avait déjà tout perdu après tout, non? Du moins, c'était le cas jusqu'à ce que Nea fasse son retour en furie dans ce café où ils allaient fréquemment durant leur période de colocation. Le doute s'était alors de nouveau installé dans le crâne du quarantenaire car la belle brune avait laissé échapper des mots très précis et il était perdu, lui. Non, Elwyn ne savait pas vraiment où il en était mais il savait par contre qu'il n'arrivait pas à se détacher d'elle alors, il était venu jusqu'à sa soirée d'inauguration avec son petit air mignon collé au visage alors que Dangar enchaînait les verres, ne lui laissant pas le temps de répondre à toutes les remarques lancées au hasard. "Quoi? Qu'est-ce qu'il a mon pantalon? Depuis quand t'aimes pas les jeans, cette invention merveilleuse qui a révolutionné le monde de la mode?" Il aurait pu faire le descriptif tout ce qu'il savait de cette affaire mais pour une fois, Elwyn n'en fit rien, calquant son regard sur celui de Nea alors qu'elle le félicitait pour son mariage. Oups, il avait presque oublié cette histoire, tiens. "D'être heureux parce que j'ai signé les papiers du divorce avec un stylo à paillettes? C'est génial, le mec qui a inventé ça franchement, il en a dans la caboche, hein." Comment dédramatiser la situation à la Cadburry, plutôt noyer le poisson avec des histoires de crayons que préciser qu'il avait subi un échec supplémentaire dans une vie qui en était déjà grandement peuplée. Heureusement pour lui, quelque part, que Nea continuait à parler à tort et à travers, d'habitude c'était lui mais c'était aussi quelque peu appréciable quand c'était elle, Elwyn constatant plus ou moins qu'elle finissait toujours par revenir sur le sujet épineux du moment. "Je remarque beaucoup de choses, je te rassure. Mais tu sais, contrairement à ce qu'on pourrait croire, je dis pas tout ce qu'il y a là haut sinon, ce serait l'apocalypse pour toi... Je serais capable de te dire que j'ai vu que tu t'étais coupée les cheveux, que j'ai remarqué que t'as repris le sport de manière sérieuse et je suis aussi prêt à parier par contre que t'as pas repris le Strip Mario... Moi non plus, d'ailleurs, notre discipline olympique s'envole, Nea Bea. Eh, tu vas boire tous les verres avant de m'en payer un, c'est ça le deal? Je suis sûr que les cochons d'inde eux mêmes oseraient pas boire toutes leur pipette avant de partager un peu avec leur ancien coloc'." Il fallait toujours qu'il se réfère à ses animaux adorés, quitte à passer pour un idiot de première mais Elwyn n'avait pas tellement le choix car il avait senti son coeur s'accélérer en démarrant son monologue sur les changements constatés chez Nea et heureusement, il s'était arrêté avant de trop en dire. Juste au cas où.
Mal d'amour. On n'en guérit pas si facilement. Et il n'existe pas de médicaments. Ni de remèdes. On ne sait pas quand ça passe. On ne sait pas non plus combien ça fait mal. Seul le temps fait du bien. Beaucoup de temps. Parce que, plus un amour a été beau, plus la souffrance de la fin sera longue. Comme en mathématiques ; valeurs directement proportionnelles. Mathématiques sentimentales. (Federico Moccia, J'ai failli te dire je t'aime)
☆ Elwyn & Nea ☆
Lorsque j’ai perdu Elwyn, quand la nouvelle de son mariage m’est revenu aux oreilles, j’ai cru qu’on m’arrachait le cœur. J’ai cru que quelqu’un était venu pour fouiller dans les méandres de ma poitrine et avait décidé de me le retirer. Sans doute car j’étais indigne, je ne méritai pas d’avoir un cœur et d’en faire l’usage. Mon ex-colocataire avait sans aucun doute raison. J’avais joué avec ses sentiments, j’avais sans cesse tout remis à plus tard. Mais la vérité était toute autre : je l’avais pris pour acquis. J’avais cru chimériquement qu’Elwyn ne s’en irait jamais, qu’il ne me tournerait pas le dos et ne me laisserait pas seule. Qu’il ne m’abandonnerait pas. Je me rappelle encore la sensation ressentie quand j’ai appris le décès de ma sœur ainée. Cette sensation de vide, d’évoluer dans des sphères brumeuses, de ne plus rien vouloir ressentir. Le chagrin qui s’empare de vous, qui vous fait sien et qui ne veut vous lâcher. Je l’ai ressenti également lorsque Cadburry a décidé de m’abandonner. Lorsqu’il a mis les voiles et me laissant choir sur le sol comme si je n’étais rien de plus qu’une de ses expériences ratées. J’ai mis du temps à me redresser, à m’inventer de nouveau. J’ai pris mon temps, voulant gommer les contours de celle que j’étais avant. J’avais déjà quitté une vie pour une autre. je pouvais tout recommencer une troisième fois. Me perdre en Europe, en Grèce, dans d’autres pays, dans certains draps. J’avais besoin d’oublier, de ne plus me souvenir le mal infligé. Sans me douter une seule seconde que j’en avais causé moi aussi. Égoïstement, j’avais préféré prendre mon chagrin pour moi, sans prendre le temps de m’enquérir d’Elwyn. Prendre des nouvelles et répondre aux interrogations qui tournaient dans ma tête. Telle une ritournelle malsaine, les questions fusaient, se jouaient de moi pour me narguer. Etait-il heureux avec cette femme qui avait pris ma place ? L’aimait-il plus que moi ? Se perdait-il également contre sa peau comme nous l’avions fait plusieurs fois ? Et à chaque fois, ma réaction corporelle fut la même. Mécaniquement, tendre le bras vers le verre d’alcool le plus fort. Le relever, le plier, amener le récipient tout contre mes lèvres avant de laisser couler le liquide dans mon œsophage. Recommencer jusqu’à oublier. Ne voulant pas tomber dans cette dépendance malsaine qu’est l’alcool, je me suis mise en quête d’un défouloir. Le sport. J’avais d’abord essayé les sports de combat pour imaginer Elwyn et sa parfaite famille. L’opération fut un échec cuisant puisque je n’avais pas le cœur de faire de mal à qui que ce soit. Une main bandée plus tard, je me suis retrouvée de nouveau à l’odieuse réalité. Le fitness ? Un essai également mais voir d’autres femmes à moitié dénudées avec des corps plus séduisants que les miens ne m’a pas plu. Je me suis donc tournée, un soir où j’avais encore une fois trop bu, vers la natation. L’eau en Grèce était claire, magnifique, d’un bleu azur. Et elle était délicieuse. Je me suis déshabillée, j’ai laissé tomber mes vêtements contre le sol, appréciant la brise fraîche sur mon corps dénudé. Pour finalement plonger dans l’eau. Et la sensation était merveilleuse. Tous mes problèmes se sont évaporés alors que je me suis immergée complètement. L’alcool quitta mon cerveau pour aller se perdre on ne sait où. Tandis que mes membres apprivoisaient le nouvel élément. Cette sensation d’abandon, le bien être ressenti. Dès le lendemain, j’ai acheté un maillot de bain et je suis partie à la plage. Et j’ai également pris conscience d’une chose. Ma propre féminité.
C’est en faisant corps avec elle que je me suis présentée à elle, ce soir. J’ai pu voir la réaction des gens dans cette robe longue, d’une blancheur immaculée et ouverte sur les deux côtés. Laissant entrevoir mes cuisses ambrées et musclées. J’ai pu capturer certains regards sur ma peau alors que je conversai avec certains et que je riai avec d’autres. Et puis, il est apparu. Vêtu comme un ado, avec son air désolé, un petit sourire sur ses lèvres et une pile de vêtements. Je connaissais assez Elwyn, je pense que je l’ai côtoyé suffisamment pour savoir quand il utilise un prétexte pour venir me voir. Parce qu’il l’a fait bon nombre de fois. Je pourrais choisir de réitérer l’esclandre de l’autre fois, en ayant encore trop sur le cœur. Mais malgré moi et ma rancœur, mes lèvres se retroussent dans un sourire éblouissant. Il a toujours eu un certain pouvoir sur moi, celui d’effacer mes angoisses et mes colères avec ses bêtises. Un pouvoir qu’il possédait encore. Faisant état de conscience que Cadburry avait encore un ascendant sur moi malgré toute cette distance, malgré tout ce temps et ce répit imposé. "Quoi? Qu'est-ce qu'il a mon pantalon? Depuis quand t'aimes pas les jeans, cette invention merveilleuse qui a révolutionné le monde de la mode?" Je dus faire un effort pour ne pas admirer le vêtement qu’il me pointait du doigt. Conscient de mes propres faiblesses puisque je lui avais dit une fois que j’appréciai de le voir vêtu de la sorte. Je pourrais rentrer dans son jeu, sans doute trop dangereux mais je décide de faire in pas en arrière mentalement. « Il a certes révolutionné le monde de la mode mais pas celui des convenances Wynnie. » Je viens me pincer la lèvre alors qu’un surnom s’échappe d’entre mes lèvres teintées d’une couleur carmin. Je prends une profonde inspiration pour essayer de poursuivre mon raisonnement. Et aucun sourire, aussi nigaud et mignon soit-il ne fera chavirer les affres de mon cœur. Il est aux abonnés absents depuis quatre mois et ne compte pas s’éveiller au contact de mon ex-colocataire. « Et ce n’est pas une tenue pour une inauguration enfin. Même moi, je me suis mise sur mon trente-et-un. » S’il voulait jouer à qui sera le plus sexy, il pourrait aisément perdre. Bien qu’une femme l’attende à la maison. Pour prouver mes dires, je viens avancer ma jambe, dévoilant par la même occasion l’interstice taillée dans le tissu léger et doux. "D'être heureux parce que j'ai signé les papiers du divorce avec un stylo à paillettes ? C'est génial, le mec qui a inventé ça franchement, il en a dans la caboche, hein." Divorce. Ce mot résonne à mes oreilles alors que le verre s’échappe d’entre mes mains. Ce dernier atterrit lourdement sur le sol et rebondit pour aller finir sa course sous une table quelconque. Divorce. Elwyn divorçait. Je suis prise entre deux étaux. D’un côté, ma colère a envie de s’abattre sur le pauvre homme pour ne pas l’avoir signalé un peu plus tôt. Et m’avoir laissé débattre avec cette idée et en souffrir. Et d’un autre côté, je peux sentir mon cœur refaire surface avec un « miss me ? » très évident. Parce qu’il bat encore pour cet imbécile même si j’ai tout fait pour annuler cette action. C’est ancré, impossible à renier. « Tu veux dire une annulation ? Parce qu’en somme pour demander le divorce et selon l’article article 28, il vous faut cesser tout cohabitation pendant cinq années. Cinq années avant d’obtenir le divorce et devoir se restreindre à une vie dénuée des plaisirs de la chair est extrêmement long. Bien entendu, si comme dans mon cas, il y avait infidélité des partis et que tu es pourvu d’un bon avocat, la procédure peut être accéléré et amené à paraître dans les plus brefs délais. » Je viens lui servir un sourire éblouissant. « Je pense que ton émission devait être pourvu de bons avocats mais bien aussi doués soient-ils, la jurisprudence veut que cela soit une annulation et non un divorce à moins que… » Je me stoppe volontairement avant d’en venir à pincer mes lèvres sans doute un peu trop durement. « Que vous n’ayez consommé votre union. » Mon cœur retourne au point mort alors que je me sens blanchir pour le coup. Ma main s’attarde sur une nouvelle coupe de champagne tandis que je viens pivoter de nouveau vers lui.
"Je remarque beaucoup de choses, je te rassure. Mais tu sais, contrairement à ce qu'on pourrait croire, je dis pas tout ce qu'il y a là haut sinon, ce serait l'apocalypse pour toi... Je serais capable de te dire que j'ai vu que tu t'étais coupée les cheveux, que j'ai remarqué que t'as repris le sport de manière sérieuse et je suis aussi prêt à parier par contre que t'as pas repris le Strip Mario... Moi non plus, d'ailleurs, notre discipline olympique s'envole, Nea Bea. Eh, tu vas boire tous les verres avant de m'en payer un, c'est ça le deal? Je suis sûr que les cochons d'inde eux mêmes oseraient pas boire toutes leur pipette avant de partager un peu avec leur ancien coloc'." Un sourire naquit sur mes lèvres, plus doux alors que j’inclinai la tête pour capturer son regard. La faute aux talons qui me font paraître quelques centimètres plus que le bel australien qui me faisait face. Doucement, je me penche pour venir murmurer à son oreille. « Pas le sport non. Seulement la natation. » Mes lippes glissent de manière volontaire sur la joue de mon ancien partenaire alors que je me redresse, lui faisant face du haut de toute ma stature. Sans doute son cerveau a-t-il déjà mis en route les rouages pour venir m’imaginer dans une autre tenue. « Un cochon d’inde peut se retrouver égoïste » J’attrapai une flûte d’un cocktail, n’ayant pas les moyens de me payer du champagne, pour venir la tendre au pauvre homme qui me faisait face. « Je confirme que je n’ai pas repris le strip Mario, non. Il faut dire que mon ancien partenaire avait cette fâcheuse tendance à tricher. Et puis si j’avais recommencé, j’aurai également continué une autre activité nocturne. » Mes doigts vinrent pianoter sur son torse alors que je lui glissai un clin d’œil avec un petit sourire entendu. « Tu sais, je pense que pour ton anniversaire, je vais finir par t’acheter une de ces petites bêtes. Quoique, je suis presque certaine que le pauvre petit cochon d’inde fera l’objet de tes expérimentations. » Mon corps se rapproche dangereusement de celui d’Elwyn alors que ma main s’attarde un instant sur son épaule. « Comment va Juanita ? » Je me fais sans doute plus suave. Serait-ce les méandres de l’alcool ? Le fait que je voulais lui faire payer son silence quant à l’annulation de son union ? Ou alors le tout combiné avec le réveil de mon cœur ? Qui se mit de nouveau à espérer.
La Terre recommençait à tourner normalement, du moins c'était la sensation qu'il en avait car, en tant que scientifique chevronné, Elwyn savait pertinemment qu'elle n'avait jamais cessé. Le brun s'était juste perdu en chemin, ne sachant même plus quel jour on était sur le calendrier, combien de pattes un scolopendre avait et en combien de temps il pouvait égaler le record du monde de jonglage avec des oeufs. Autant dire que plus rien ne tournait rond, Elwyn vivant après tout une véritable passion pour les petites bêtes qu'il pouvait trouver dans le jardin derrière chez lui. Ne surtout pas préciser qu'il y avait quelques tunnels ici et là, parce qu'il n'avait rien trouvé de mieux à faire ces derniers mois que de vouloir recréer une maquette du cycle de l'eau sur son propre terrain. Au moins, il y avait une constante immuable: son énergie n'avait pas disparu, même si son cerveau avait clairement vrillé à un moment donné. Mine de rien, la présence de Nea lui avait apporté une certaine stabilité durant près de deux ans et c'était ce qui l'avait aidé à tenir le cap et ne pas se tuer en faisant l'expérience de trop. Depuis qu'elle avait disparu de son orbite, le pauvre Cadburry prenait de plus en plus de risques et il délaissait les choses communes de la vie, comme son travail. Heureusement, Jessalyn était présente pour faire tenir l'affaire car le pauvre Elwyn n'avait plus les yeux en face des trous. Allez savoir si le retour de Nea allait l'aider à retrouver la terre ferme ou alors, à empirer son envol vers les nuages car, mine de rien, il y avait beaucoup pensé ces derniers jours. Il avait eu incroyablement envie de la revoir, forcément, s'en empêchant car une nouvelle expérience lui tendait les bras jusqu'à ce qu'il tombe sur ce fameux tract pour l'ouverture de la boutique. Là, il n'avait pas pu résister et on ne pouvait pas dire qu'il le regrettait, même si la belle brune semblait encline à se moquer de son style vestimentaire. "Je sais pertinemment que je te fais plus plaisir en jeans qu'en costard, Nea Bea, alors ça, je considère que c'est être sur son trente et un. Puis, deuxième raison, j'étais à la boutique, y aurait eu cohue si je m'habille comme le Joker. D'ailleurs, faudra que j'essaie ce genre de couleurs, ça fait fureur dans le monde des comics, je veux savoir pourquoi." Le pire, c'était qu'il était clairement en train de réfléchir l'affaire alors qu'il s'agissait juste d'une de ses bêtises habituelles, rien qui n'avait de sens, pas plus que les moments où il faisait du lancer de saucissons en pensant participer aux prochains championnats du monde de la discipline. Effectivement, voir tous ces chiens et autres animaux errants traîner dans son jardin avait eu raison de sa volonté de champion. Oui, Nea avait raté tout cela, comme cette histoire de divorce mais qui ne devait pas en être un d'après elle et toutes les lois qu'elle connaissait par coeur. Du côte de Elwyn, il n'y avait que les règles les plus farfelues qui restaient ancrées dans son crâne malade. "On a consommé du homard, ça compte ou pas? Après, je sais pas, c'est Heïana qu'a fait les papiers, j'ai juste signé." Ils avaient aussi consommé des légumes, allez savoir si le tout avait une quelconque importance dans cette affaire, Cadburry ne s'était pas posé la question. Tout était allé beaucoup trop vite pour lui de toute évidence, mais il n'était plus spécialement concentré là dessus, pas quand Nea jouait ainsi avec ses nerfs. Elle avait toujours été une spécialiste et Elwyn avait toujours subi en lui rendant plus ou moins la monnaie de sa pièce, selon les circonstances. Là, il s'y osait moins car il avait perdu toute légitimité avec cette histoire de mariage. "C'est toi qui trichais, arrête. Et par autres activités nocturnes, tu parles des visionnages des reportages de National geographic?" Il lui fit un large sourire, sentant la proximité de la belle brune, apparemment peu prête à arrêter ce tout nouveau jeu. "J'ai eu des cochons d'inde quand j'étais petit mais ils sont tous morts dans des circonstances étranges... Sûrement que mes soeurs y étaient pour quelque chose." C'était toujours de sa faute, mais pas la peine de le préciser, on connaissait Elwyn et ses tentatives désespérées d'être un physicien avéré. "Juanita? Oh, et bien, elle dort dans ton lit. Tu te débrouilleras pour la déloger de là. Et toi, il y a pas un reliquat d'Elwyn qui dort dans ton nouveau lit?" Il était vraiment curieux, c'était le pire dans cette affaire parce qu'elle le touchait, qu'il avait murmuré ces derniers mots en vue de leur proximité du moment et rien ni personne ne semblait être en mesure de pouvoir faire décrocher Cadburry de Nea. Comme avant.
Mal d'amour. On n'en guérit pas si facilement. Et il n'existe pas de médicaments. Ni de remèdes. On ne sait pas quand ça passe. On ne sait pas non plus combien ça fait mal. Seul le temps fait du bien. Beaucoup de temps. Parce que, plus un amour a été beau, plus la souffrance de la fin sera longue. Comme en mathématiques ; valeurs directement proportionnelles. Mathématiques sentimentales. (Federico Moccia, J'ai failli te dire je t'aime)
☆ Elwyn & Nea ☆
Avec Elwyn, la vie était un arc-en-ciel de couleur. Je l’avais rencontré alors que j’étais au plus bas. Je venais de vivre mon divorce d’avec Macaire, que cela avait été éprouvant. Surtout d’être la femme trompée. je ne suis jamais entrée dans les détails avec mon ex-colocataire pour la simple et bonne raison. j’avais honte. Honte d’avoir été la femme trompée, honte de ne rien avoir vu et de m’être cantonnée dans cette relation pour le moins basique et sans saveurs. Aux côtés du grand brun -pas si grand que ça d’ailleurs- j’avais éprouvé des sentiments que j’avais enfoui au fond de moi depuis mon adolescence, ne voulant pas vivre une passion irrationnelle. Car c’était sans doute ça dans le fond, la rationnalité. J’ai toujours été les pieds sur Terre, arguant que je n’avais pas besoin d’un homme dans ma vie pour me sentir complète. Et l’inverse s’est imposé à mon esprit comme une évidence et une leçon douce-amère pour une féministe. J’avais besoin d’un homme dans ma vie pour être heureuse. Et non, pour rectifier le tir, j’avais besoin de Cadburry, de sa folie, de ses enfantillages, de son air candide et surtout avouons-le mesdames, de ses fesses sublimes. Mais j’étais trop fière, fière pour lui dire après les mots échangés, après la dispute, après les pleurs, après la rancœur. Je ne comptais même pas lui sourire ou même être agréable. Et en femme faible que je suis, je n’ai eu qu’à le voir pour que tout s’évapore dans les airs.
Car il avait ce pouvoir sur moi. Avec son air nigaud, ses mains dans les poches de son jeans à me fixer en attendant quelque chose. sauf qu’il est un peu candide parfois mon Elwyn, il n’ose pas dire les choses. Et sans doute a-t-il peur que je m’efface pour retourner en Europe, que je le quitte à nouveau. Je ne sais pas s’il s’agit de la boisson ingurgitée ou de ma lassitude mais les jeux ne m’amusaient plus. j’avais soufflé mes bougies sans lui, j’avais fait tant de choses sans lui et je ne le voulais plus. je voulais qu’il en fasse parti. Mais encore une fois, la fierté est de rigueur. Et il y a surtout sa femme dans le décor. "Je sais pertinemment que je te fais plus plaisir en jeans qu'en costard, Nea Bea, alors ça, je considère que c'est être sur son trente et un. Puis, deuxième raison, j'étais à la boutique, y aurait eu cohue si je m'habille comme le Joker. D'ailleurs, faudra que j'essaie ce genre de couleurs, ça fait fureur dans le monde des comics, je veux savoir pourquoi." Il parle trop. J’ai un peu de mal à assimiler tout ce qu’il me dit. Alors, j’éclate de rire. Pour essayer d’ingurgiter ce qu’il vient de me dire. « Déjà, ce n’est pas beau de pointer du doigt les faiblesses d’une faible femme sans défense, arguai-je avec un air mutin. » Faible ? Sans défense ? Tu parles, je pourrais lui faire une clé de bras sans problèmes. Après tout, je me suis essayée aux sports de combat sans grand succès. Mais je suis aussi innocente qu’un porc-épic pour le coup. Une rose a des épines, m’a-t-on dit un jour. Ce n’est pas faux mais tellement stupide. « Mais oui, j’aime bien te voir en jeans. » Je prends mon air faussement négligé avant de boire une gorgée de ma boisson en battant des cils. « Et puis ça mettrait de l’animation. C’est un comme si je ressortais ma panoplie de wonder woman pour le magasin. » Oui, ressortait Elwyn. Digère donc cette information. Je fouille dans mon décolleté pour en sortir mon smartphone et lui montrer la photo. La fameuse photo que je n’avais pas encore posté pour les réseaux. « J’ai fait une comic-con et je ne savais pas quoi mettre. Et je me suis souvenue que tu m’avais parlé du fait que je devais me déguiser en Diana. Donc, je l’ai fait. » Echec et mat. Je reprends le téléphone avant d’avoir un sourire en coin, le fameux sourire de garce que je n’avais pas depuis longtemps. Il n’avait qu’à pas aller en épouser une autre. La vengeance n’est que justice… Mais oh wait, divorce ?
Je fronce les sourcils avant de reporter mon attention sur lui. Donc si mon cerveau se met en marche et essaie de dégager l’alcool qui embrume mon cerveau, il était disponible. Célibataire. Non, non, la petite voix me murmure qu’il est à moi et que la première qui le touche à nouveau il faudra des radios dentaires pour la reconnaitre. La violence qui fait fureur dans mon esprit ne transparait pas à l’œil nu. D’ailleurs, je lui déblatère tout mon jargon juridique pour le remettre sur la bonne voie. "On a consommé du homard, ça compte ou pas? Après, je sais pas, c'est Heïana qu'a fait les papiers, j'ai juste signé." Je me hasarde à hausser un sourcil. Je parlais des plaisirs de la chair et il me parle de homard. Ce que tu peux être innocent, Elwyn. Je secoue la tête. « T’as osé manger du homard sans moi, fis-je avec un air peiné sur le visage, je suis offusquée, outrée par cette infâme trahison. Tu ne mérites nullement que je vienne te montrer mon superbe lasso. » Je détourne le regard, faussement peinée alors qu’un maigre sourire s’insurge. Après tout, cela a presque toujours été comme ça entre nous. Je lui tends un verre avant d’oser parler des cochons d’inde. Je n’ai jamais aimé ce genre de bêtes. Je les trouve bruyantes et elles sont mieux en liberté que dans une cage. "C'est toi qui trichais, arrête. Et par autres activités nocturnes, tu parles des visionnages des reportages de National geographic?" Je ne peux m’empêcher de ricaner avant de venir caresser sa joue du bout de mes doigts fins. « Non, Elwyn, répondis-je d’une voix suave, je ne parlais pas de reportages. Sauf si le reportage est de mettre une caméra dans la chambre afin de filmer les ébats sexuels pour ensuite regarder afin de pouvoir améliorer ses performances. » Ouais, je viens parler de sextape ouais. Il voulait des images, j’allais lui en servir en veux-tu en voilà. Le pauvre garçon ne ressortirait pas indemne de ce magasin de fleurs mais avec un panel de couleurs dans son esprit loufoque. "J'ai eu des cochons d'inde quand j'étais petit mais ils sont tous morts dans des circonstances étranges... Sûrement que mes soeurs y étaient pour quelque chose." Cette fois-ci, je ne peux m’empêcher de lever les yeux au ciel. « C’est un bonheur que nous n’ayons pas d’enfants, tu risqueras de tuer ce petit être innocent. Bien qu’avoir un mini-toi… » Je fais mine de réfléchir. Elwyn ne connaissait rien de ma situation, du fait que j’ai cru être enceinte de lui et que je me suis retrouvée aux pieds du mur avec de potentielles difficultés à concevoir. « Nan, on risque de faire l’antéchrist. Un enfant avec mon caractère, ton intelligence, tes fesses et mes cheveux. Il causera la perte de tout le monde. » Je ris. Aussi simple que ça. Il est trop naïf pour penser à se reproduire le Cadburry même s’il avait dépassé les quarante ans. "Juanita? Oh, et bien, elle dort dans ton lit. Tu te débrouilleras pour la déloger de là. Et toi, il y a pas un reliquat d'Elwyn qui dort dans ton nouveau lit?" Cette fois-ci, je me rapproche, faisant fi des autres personnes dans la salle, trop occupée à se goinfrer de petits fours pour venir passer mes bras autour de la nuque du nerd. « Parce que tu crois que je vais revenir ? Et que si je reviens, je vais accepter d’aller dans mon propre lit ? » Mes doigts vinrent caresser doucement ses cheveux alors que mon sourire s’agrandit, dévoilant mes dents de devant. « Que tu es naïf, Wynnie. » De manière totalement intentionnelle, j’humecte mes lèvres avant de venir hausser mes épaules. « Y’a eu. Du moins, oui, j’ai partagé des soupirs avec d’autres hommes ces derniers mois. Mais il n’y a plus. Sinon, je ne serai pas si près de toi. » Ça t’emmerde hein. De savoir que j’ai eu d’autres hommes. je le défie du regard de faire quoi que ce soit, sans broncher, sans bouger, alors que mon sourire est toujours sur mes lèvres. Ah oui, on peut être honnête et le dire franchement : je l’allume comme une salope.
Elle était tout sauf simple à aimer, Nea. Dès qu'on pensait obtenir une véritable affection de sa part, la jeune femme courait vers la sortie et Elwyn n'avait jamais réellement su comment la garder auprès de lui. Il avait fait de multiples efforts pourtant, pour s'exprimer, lui dire ce qu'il avait sur le coeur mais il s'avérait que rien de tout cela n'avait jamais suffi. Il en connaissait les raisons: personne ne l'avait jamais pris au sérieux, lui, l'intello incapable de garder ses histoires idiotes pour lui. Lorsqu'il était question d'avouer des sentiments profonds, Elwyn s'emmêlait toujours les pinceaux entre la réalité et son angoisse latente. Au final, les mots étaient dits de manière maladroite, Nea fuyait et lui regrettait instantanément de ne pas être l'homme de la situation. Il n'avait pas plus géré cette histoire de mariage, jouant le naïf de l'affaire, celui qui attendait sagement que cette expérience sociologique porte ses fruits quand c'était lui qui bloquait tout. Il avait juste toujours eu des sentiments pour la grande brune en face de lui mais Cadburry n'avait jamais su lui donner les vrais mots, ceux qui comptaient tant et qu'il n'avait prononcé à personne d'autre que sa petite soeur. Le pauvre Elwyn était clairement un handicapé de sentiments, se perdant toujours dans ses émissions et autres magazines documentaires car c'était toujours plus simple que de se confronter à sa réelle existence. Récemment, elle était vraiment morne et sans intérêt, le pauvre brun se mettant à polir ses figurines trois fois par nuit tant son cerveau n'arrivait pas à s'éteindre. Tout tournait sans cesse dans son crâne, les regrets, les remords, les mots qui tanguaient d'un côté, les actes bêtes de l'autre, il avait perdu le sens quelque part au milieu de cette tourmente. Maintenant, Nea était là et elle savait fort bien comment le tenir en haleine, comment lui faire dire tout ce qu'elle voulait parce qu'il était si aisé à lire, le cher Elwyn, si aisé à gagner quand on le désirait réellement. "Si toi t'es une femme sans défense, moi je suis un bulot qui vit dans le désert." Autant dire que tout cela avait un côté proprement irrationnel mais c'était ce qu'elle recherchait Nea, à raviver ce qui était déjà si intense à la base. La preuve, elle alimentait la conversation d'images fortes, de ce fantasme fou dont il avait eu le malheur de parler un soir d'hiver. Elle en Wonder Woman. Que ce fut dans sa boutique, en privé ou ailleurs et elle avouait là, qu'elle l'avait fait, loin de lui et pire encore, elle avait osé prendre un cliché qu'elle mit face à ses yeux ébahis. Le pauvre Cadburry ne put que déglutir tant bien que mal, ne pas trop montrer qu'elle était en train de sévèrement tirer sur la corde avec toutes ces histoires, Nea était décidément très douée. Trop douée pour son bien, à lui. "Un peu plus et je pourrais croire que tu cherches à me tuer là. C'est pas très très gentil ça, Nea Bea. La prochaine fois, je me promènerai juste en jean devant toi, tu verras ce que ça fait." Sûrement très peu de choses à côté de l'image de Diana mais Elwyn tint le cap, s'essayant à respirer plus profondément, sait-on jamais que ce concept puisse marcher pour calmer ses nerfs et autre chose. Nea, elle, ne semblait pas dérangée par quoique ce fut, rebondissant sur le moindre de ses mots comme s'ils s'étaient quittés la veille sans le moindre trouble entre eux. En vérité, elle remuait le couteau à grande échelle et Elwyn tâchait de compter les moutons entre deux phrases pour ne pas perdre totalement le pied dans cette affaire. "Parce que tu l'as gardée, alors?" Le costume, oui, le lasso bien sûr. Cadburry, reste concentré, même si Nea ne l'aidait en rien en parlant d'enfants comme si c'était quelque chose qu'ils avaient toujours abordé... Mensonge. Ils avaient toujours évité les sujets purement sérieux, surtout vers la fin. "J'étais un bon tonton pour Theo alors, peut être que je pourrais te surprendre. Cela dit, t'as raison, on voudrait pas créer l'apocalypse non plus, sinon tu devrais revêtir ton costume et sauver le monde, ce serait beaucoup trop sexy pour les pauvres humains qui restent derrière." Et par pauvres humains, il mentionnait sa petite personne assurément. Elle avait les doigts qui frôlaient son visage et Elwyn essayait de se détendre de toutes les manières possibles, pas sûr que cela fonctionne vu la tournure de la conversation et cette alarme de jalousie qui s'alluma dans son cerveau, juste une demi seconde. "Tu sais qu'on dormait plus souvent dans ton lit que le mien?" Dès que leurs affaires dérapaient en tout cas, ils se dirigeaient vers là bas, c'était moins un terrain miné que la chambre du brun, avec ses restes d'expériences qui traînaient au milieu des figurines en plein remake d'un combat épique. "Et ils étaient mieux tes soupirs ou moins bien? Est-ce que ton coeur a décollé à plus de cent quatre vingt battements par minute? Parce que j'avais compté, moi, je me rappelle bien et tu sais que je me rappelle de tout. Ou presque. Est-ce qu'ils ont su que t'adores quand on caresse ta tâche de naissance? Ca, c'est être naïf, Nea Bea, de croire savoir plutôt que de savoir tout court." Et lui, il avait appris à la connaître, à l'apprivoiser voire la rendre plus sauvage encore, selon le contexte. Elwyn n'était peut être qu'un chieur de grande envergure mais il était celui qui avait toujours tout donné pour que la grande brune se sente bien dans leur cocon bizarre. En témoigna la manière dont il lui sourit en faisant mine de réfléchir, sa main frôlant la sienne le long de son corps, il avait tellement envie de l'attraper et d'arrêter leur petit jeu.
Mal d'amour. On n'en guérit pas si facilement. Et il n'existe pas de médicaments. Ni de remèdes. On ne sait pas quand ça passe. On ne sait pas non plus combien ça fait mal. Seul le temps fait du bien. Beaucoup de temps. Parce que, plus un amour a été beau, plus la souffrance de la fin sera longue. Comme en mathématiques ; valeurs directement proportionnelles. Mathématiques sentimentales. (Federico Moccia, J'ai failli te dire je t'aime)
☆ Elwyn & Nea ☆
J’avais joué à bien des jeux avec Wynnie. Des jeux-vidéos, des jeux puérils mais jamais à ce genre de jeux de séduction. Il faut dire que loin de lui, j’ai appris à découvrir ma féminité sans que tout tourne en ridicule. Ou sans réellement comprendre mes intentions. A devoir séduire et que l’homme en face ne me connaissait pas. là où c’est chiant c’est qu’Elwyn me connait. Je ne me suis pas transformée en double-face en l’espace de quatre mois et je n’ai switché de personnalité. Non, je reste la même femme devant lui, dans une robe magnifique certes, mais la même. et depuis l’aveu de mes sentiments une chose était certaine : je le voulais. Et pour moi toute seule. donc que sa femme dégage, je l’avais vu avant.
"Si toi t'es une femme sans défense, moi je suis un bulot qui vit dans le désert." Un franc éclat de rire sort d’entre mes lèvres alors que ma tête bascule en arrière. « Je me demande ce qu’il se passe dans cette jolie petite tête pour que tu en viennes à de pareilles métaphores. » Je pourrais aisément venir caresser son front pour appuyer mes dires. Je pourrais oui. Mais à la place, je me contente de lui servir un petit sourire en coin, un brin mystérieux avec mon fameux regard. Celui où je le déshabille à proprement parler. je ne peux que le blâmer d’avoir mentionné les jeans car le bougre connait ma passion pour ses fesses. Il sait d’avance que s’il se balade en jeans, je pourrais déposer les armes et lui, va se retrouver sur le sol avec un pokémon en forme de Nea sans aucun contrôle. "Un peu plus et je pourrais croire que tu cherches à me tuer là. C'est pas très très gentil ça, Nea Bea. La prochaine fois, je me promènerai juste en jean devant toi, tu verras ce que ça fait." Prudemment, je hoche la tête en me mordillant la lèvre inférieure. « Ah Wynnie, tu es si naïf. Tes fesses ne sont plus ma kryptonite. » Non c’est pire, c’est toi tout entier. Mais jamais de la vie je ne lui dirai. Même avec le lasso d’Hestia autour de moi, je resterai muette. Comme une carpe. Comme un poisson. « Par contre, je constate que Wonder Woman est toujours la tienne, susurrai-je d’une voix de velours. Bon à savoir. » Je me hasarde à lui glisser un petit clin d’œil, joueuse alors que ma mimique ne quitte pas mes lèvres. J’ai passé l’âge pour toutes ses conneries. A 35 ans, tu revois les choses en perspective. Tu penses aux gosses, à la famille, à la palissade et au labrador. Chose compliquée avec Elwyn. "Parce que tu l'as gardée, alors?" De nouveau, un signe de tête vient confirmer ses dires. « J’ai tout gardé. Le lasso, le glaive, les bottes, le bustier et la mini-jupe. » De manière négligée, je viens passer une main dans mes cheveux comme si lui dire ça, m’était égal. Je décide de reprendre mon cellulaire et de le remettre à sa place initiale -entre mes seins, chose faite exprès pour attirer son regard- avant de reprendre le fil de la discussion. Qui pour une fois semble normale.
"J'étais un bon tonton pour Theo alors, peut être que je pourrais te surprendre. Cela dit, t'as raison, on voudrait pas créer l'apocalypse non plus, sinon tu devrais revêtir ton costume et sauver le monde, ce serait beaucoup trop sexy pour les pauvres humains qui restent derrière." Je pince mes lèvres alors que cette fois-ci, une lueur de chagrin passe dans mon regard. « J’ai cru que j’étais enceinte. » Foutu alcool qui m’oblige à dire la vérité. « De toi. » Comme dans Zombieland : double tap. « Mais c’était autre chose. Il est fort probable que je n’ai jamais de descendance. Sauf si tu possèdes du super sperme. Mais dans tous les cas, ça sera compliqué. » Car oui, mon chéri. Tu m’appartiens et à coups sûrs, nous allons finir par nous perdre à nouveau dans les bras de l’autre. Après tout, je n’ai jamais perdu mon désir pour lui. "Tu sais qu'on dormait plus souvent dans ton lit que le mien?" Un, deux, trois battements de cils alors que mon regard se fait encore plus intense. Naturellement, j’en viens à me mordre la lèvre, naturellement je fais un pas vers lui. « Eh bien si mon lit est pris, susurrai-je telle une parole érotique, je suppose que nous devrons faire ça par terre. » Pour appuyer mes dires, je hausse un sourcil tandis que cette fois-ci, c’est l’image qui s’impose dans mon propre esprit. Le jeu était dangereux, très très dangereux. Et je ne voulais pas en perdre le contrôle.
"Et ils étaient mieux tes soupirs ou moins bien? Est-ce que ton coeur a décollé à plus de cent quatre vingt battements par minute? Parce que j'avais compté, moi, je me rappelle bien et tu sais que je me rappelle de tout. Ou presque. Est-ce qu'ils ont su que t'adores quand on caresse ta tâche de naissance? Ca, c'est être naïf, Nea Bea, de croire savoir plutôt que de savoir tout court." J’ai un nouvel éclat de rire sans me départir de mon sourire. « Tu me demandes si j’ai un orgasme avec d’autres hommes que toi ? Ne serait-ce pas un peu osé, monsieur Cadburry ? » Bien sûr que je me rappelle chacune de nos étreintes. Bien sûr que là, le souvenir se fait plus vivace et reste ancré dans ma mémoire. Et bien sûr que j’ai envie de quitter cet endroit là de suite pour lui prouver ma théorie. Mais à la place, mes doigts refermèrent sur ceux du brun pour venir les passer dans l’échancrure au niveau de ma robe, près de ma cuisse, sur mon porte-jarretelle. Mes yeux ne quittent pas une seule seconde les siens alors que mon sourire s’agrandit. « Mon cœur n’a certes pas décollé autant mais toi, tu n’as jamais eu le droit à ce genre de lingerie. Car oui, fis-je plus suave que jamais, j’ai appris à investir dans de la lingerie pour le moins très très érotique. » Ma main vacante parcoure son torse alors que je me recule un peu. « Tu sais, des bustiers, des porte-jarretelles, ce genre de choses. Je te l’ai dit Wynnie, j’ai changé toute ma garde de robe et ça comprend aussi mes petites culottes. » Je m’écarte de lui, consciente que maintenant j’avais sans doute du lui asséner le coup de grâce. J’espère parce que le restant impliquait mon bureau et la robe sur le sol si je devais continuer. « Amène-toi beau gosse, je vais te faire visiter. Et on touche avec les yeux. » Argument de masse l’air de dire : ne me touche pas. Ce qui quand on connaissait Elwyn voulait dire tout l’inverse.
Elwyn et ses idées à la noix, une grande histoire, très longue et sûrement très insipide aussi. En effet, les gens n'aimaient pas spécialement l'écouter: tout cela s'étirait en longueur et le public finissait fatalement par s'endormir, ce qui n'empêchait pas Cadburry de continuer sur sa lancée. Ce n'était tout de même pas sa faute s'il méprisait le silence et aussi, s'il y avait toujours des milliards de pensées qui se baladaient dans sa boîte crânienne. Alors, Nea ne devait pas être la seule à se poser cent questions sur ce qui se tramait là haut mais Elwyn n'était clairement pas en mesure de lui répondre. Au contraire, lui ne comprenait pas du tout comment pouvait fonctionner le reste du monde. Comment faisait-il pour vivre sans s'intéresser à rien d'autre qu'à leur petite personne? Il avait eu beau réfléchir sur la questions, surtout récemment en vue de son amour renouvelée pour la philosophie, Elwyn n'avait pas trouvé la moindre réponse. Tout cela ne faisait pas grâce à ses yeux car il aimait beaucoup trop l'univers, ses mystères et ses petites bizarreries, tous ses petits animaux qui avaient tant de choses uniques à partager. Cadburry n'était pas fait pour vivre en ermite, à chercher mille manières de s'enrichir. Il était beaucoup mieux dans son existence étrange, où il cherchait à toujours tout savoir, tout interroger, quitte à passer pour un fou. A priori, Nea ne devait pas être tant dérangée que cela par l'affaire car elle restait là, à surenchérir encore et toujours, laissant le brun totalement coi devant elle. Nea était beaucoup trop belle pour lui, il l'avait toujours dit et répété, dieu ce qu'elle était intelligente aussi et elle le montrait en trouvant la parade parfaite pour le faire taire. "C'est les fesses de qui maintenant, alors? Tant que tu me dis pas de notre voisin Michel, je devrais m'y faire." Michel, soixante quinze ans, clairement plus toutes ses dents mais il avait la parlotte comme Elwyn, autant dire qu'il l'appréciait bien ce vieux fou. Ils s'étaient vus bon nombre de fois depuis que le quarantenaire vivait tout seul mais là, tout de suite, Cadburry était concentré sur toute autre chose, l'image de Nea en Wonder Woman ne daignant pas s'effacer de sa mémoire vive. Oui, il était pire qu'un ordinateur et son processeur surchauffait sévèrement en face de la brune, il devait l'avouer. "Je note. Je... Note. Euh." Il n'en pouvait plus de savoir que tout le costume devait traîner dans une armoire de Nea, qu'il n'avait jamais rien vu, peut être même ne le verrait-il jamais et cela rendait complètement bouche béé. Il n'arrivait plus à parler, sacrée performance que de le faire taire mais Nea avait toujours été exceptionnelle en la matière. Elle continuait d'ailleurs sur sa lancée, autant profiter qu'il fut désarmé pour l'achever après tout, non? "En...Quoi? De quoi?" Enceinte? Pas de descendance? Quoi? Elwyn devint tout blanc l'espace de quelques secondes, ne pas faire de syncope, c'était bien mieux parce qu'il n'avait clairement pas assez bu pour assimiler l'information correctement. Heureusement, Nea trouva une diversion parfaite, portant sa main sous sa robe, le jeune homme constatant la manière dont elle était vêtue là dessous et c'était évident qu'il n'allait pas tenir une minute de plus en connaissant ce genre de détails. Ses émotions faisaient le parcours des montagnes russes à l'intérieur et Elwyn n'était plus très sûr de tenir la barque à l'heure actuelle. "Y a... D'autres meubles dans ta... Chambre." Ailleurs dans l'appartement aussi, Cadburry. "Pas aussi osé que... Ta torture, Nea Bea." Car elle savait très bien ce qu'elle faisait en le faisant parcourir le tissu, elle devait clairement savoir ce qui se passait dans le corps de Cadburry, des réactions primaires et instinctives totalement incontrôlables. Il était mal parce qu'il y avait du monde autour et rester dans cet état semblait être ce que Nea souhaitait lui faire subir pour tout ce qu'il ne lui avait pas dit en temps voulu, une vengeance clairement parfaite. "Tout... Ça, vraiment? Visiter quoi? Où? Quand? Comment?" Lorsqu'il posait cent questions, c'était que son cerveau était en erreur 404, réussite totale, Nea, gold star. Le pauvre homme tenta de poursuivre la marche, sans savoir où elle l'amenait, il ne captait plus rien du tout, juste qu'il finit par se coller à son dos à peine s'était-elle détournée pour se diriger vers l'arrière boutique sûrement et le laisser là. Son cerveau, apparemment, ne voulut pas la laisser faire, surtout pas alors qu'il avait encore sa main sous la robe et qu'il la faisait voguer vers un centre d'intérêt pour elle. On était clairement en train de le perdre, Elwyn. "Nea, on va avoir un petit problème. Et je parle pas des côtés nocifs de l'huile de palme sur l'environnement." Il aurait pu pourtant, car c'était Elwyn dont on parlait mais un Elwyn en proie à la défaite la plus cuisante de son existence car, clairement, Nea avait gagné la guerre maintenant.
Mal d'amour. On n'en guérit pas si facilement. Et il n'existe pas de médicaments. Ni de remèdes. On ne sait pas quand ça passe. On ne sait pas non plus combien ça fait mal. Seul le temps fait du bien. Beaucoup de temps. Parce que, plus un amour a été beau, plus la souffrance de la fin sera longue. Comme en mathématiques ; valeurs directement proportionnelles. Mathématiques sentimentales. (Federico Moccia, J'ai failli te dire je t'aime)
☆ Elwyn & Nea ☆
Le jeu est grisant, amusant. Enfin pour moi puisque j’ai clairement l’avantage et que le joueur qui me fait face est perdu. Mais j’aimais le fait qu’il soit un peu désarçonné. Nous n’étions plus sur son territoire mais sur le mien. Et j’adorai ça. Je pense que cela devait se voir dans mon regard que je jubliais clairement. Que je savourai le peu de terrain parcouru. "C'est les fesses de qui maintenant, alors? Tant que tu me dis pas de notre voisin Michel, je devrais m'y faire." Un nouvel éclat de rire sortit de ma gorge alors que j’appréciais la naïveté d’Elwyn. « Qui te dit que je fantasme encore sur les fesses ? » Mes doigts se permettent de vagabonder sur son bras comme j’avais l’habitude de le faire. Sans doute pour lui faire perdre un peu plus pied. Je le fixe sans me départir de mon sourire de garce -oui c’est le mot- alors que je peux voir les rouages de son cerveau se mettre en place. « T’as perdu un peu nan ? Je te trouve moins… t’es plus chétif. » Bien entendu, c’est à 100% faux mais tant qu’à faire. La vengeance est délicieuse et se mange gelée chez moi. Je me rappelai encore de mes nombreuses défaites à Mario Kart, finissant toujours dans le plus simple appareil. Et ce n’est pas moi qui allais retirer ma chemise cette fois-ci. Pour la simple et bonne raison que si j’ôte ma robe, il ne restera plus grand-chose en-dessous. Là est l’injustice d’être une femme. Les hommes sont trop habillés comparés à nous qui en deux parties sommes déjà nues et quasiment prêtes à l’emploi. Je me suis donc retrouvée contrainte d’ajouter des vêtements en plus. De la lingerie fine. "Je note. Je... Note. Euh." Je peux lire à son regard voilé qu’il est perdu dans les méandres de ses souvenirs ou même de ses fantasmes les plus profonds. « Tu vas le noter sur un post-it ? J’en ai plein dans mon bureau et de toutes les couleurs. De quoi recouvrir ton corps. » Je me hasardai à un nouveau petit clin d’œil avant de me perdre dans mon verre pendant quelques secondes. L’alcool est un prodigieux elixir de courage quand on sait où le trouver. "En...Quoi? De quoi?" Le bug commence. Je plisse un peu le regard avant de me sentir devenir aussi pâle. « Col de l’utérus hostile. T’ajoutes à ça mon Pikachu perso qui se marie et la perte de Théo, c’est un peu difficile à gérer. » Et je pense que si je l’avais été, je l’aurai sans aucun doute gardé et je me serai retrouvée à l’élever seule pendant qu’il participait à son expérience sociologique. J’avais eu besoin de lui pendant ces longs mois pour m’épauler. Je ne le dirai pas à voix haute pour ne pas remettre notre dispute sur la table mais je me contente de me venger autrement. Rendre fou un homme de chagrin n’est pas dans mes plans ? Par contre m’imposer à son esprit même quand il fermera les yeux dans divers endroits : ça je peux le faire. "Y a... D'autres meubles dans ta... Chambre." Le bégaiement. « Bah alors on perd ses mots ? » Cette fois-ci, je ne me cache plus du tout. Je n’en vois pas l’intérêt. "Pas aussi osé que... Ta torture, Nea Bea." Je laisse ses doigts apprivoiser la dentelle qui collait à ma peau avant d’avoir un petit sourire en coin. « Et encore, murmurai-je à son oreille en me penchant légèrement laissant mes cheveux caresser son visage, tu n’as rien vu, ni même rien senti, Wynnie. » mes lèvres dérivent de nouveau sur sa joue, un peu plus longuement tandis que je me redresse. "Tout... Ça, vraiment? Visiter quoi? Où? Quand? Comment?" Game over, j’ai gagné.
Je me défais de son contact avant de venir lui tourner le dos pour le regarder par-dessus mon épaule. Pardon, je reformule. Pour le dévorer des yeux par-dessus mon épaule. Le corps d’Elwyn vient se coller contre moi tandis que ses doigts retrouvent leur place. Je cache mon sourire victorieux contre ma coupe alors que je frémis sentant son souffle contre mon oreille. "Nea, on va avoir un petit problème. Et je parle pas des côtés nocifs de l'huile de palme sur l'environnement." Je ferme les yeux en sentant sa main vagabonder alors que de l’extérieur rien n’était visible. « Lequel ? Le fait que les eaux sont de plus en plus polluées ? Ou que le test sur les animaux est encore en vigueur en Chine ? » J’ose me tourner de nouveau, chassant sa main d’une tape pour venir la poser sur ma hanche. Mon corps est près, très près. Et je le laisse faire, consciente que cette fois-ci, je lui laissai la main alors que mon regard était plus enfiévré que jamais.
Elle était tyrannique, Elwyn n'en doutait plus depuis un sacré moment car, dans ses meilleurs instants, Nea avait toujours su comment renverser la tendance et surtout, comment le faire taire. Le pauvre Cadburry n'avait plus le droit à la parole quand elle prenait les rênes, cherchant à le faire déchanter toujours un peu plus car elle avait réponse à tout, forcément. Plus les minutes défilaient, plus le pauvre brun perdait ses moyens et sa faculté à proposer des paroles cohérentes également, autant dire qu'il n'allait pas finir la soirée en un seul morceau à ce rythme. Etait-ce si mal que cela? Elwyn n'en avait aucune idée, il savait juste que Nea lui avait atrocement manqué et qu'il n'avait jamais vraiment réussi à gérer son absence. Il avait juste fait sans, ressentant constamment l'appel de leurs souvenirs tous les deux. En bon cérébral qu'il était, Cadburry avait nécessairement retourné leur moments ensemble au moins cent fois dans sa tête pour savoir à quel instant il avait fauté, à quel instant il aurait pu la retenir en disant la chose qu'elle aurait le plus voulu au monde. Au final, il s'était torturé autant qu'elle pouvait le faire avec lui ce soir-là, Elwyn souriant mais avec des yeux plus pétillants que jamais. "Sur quoi d'autre alors?" Pfiou, envolé sa faculté à tergiverser cent ans avec mille mots, Elwyn n'avait plus d'autres moyens que de s'étendre en moins de dix, merci Nea. Elle menait la danse avec une facilité des plus déconcertantes, Cadburry observant et touchant ses propres muscles pour s'assurer qu'elle exposait des mensonges sur sa carrure. Etait-il si nul maintenant? "OK, j'ai plus porté ma collection de Legos que des sacs à patate de cinquante kilos mais tu penses que ça me porte préjudice là?" Il demandait vraiment parce qu'il ferait beaucoup d'efforts pour récupérer sa condition si telle était le cas. Bon, Elwyn avait toujours eu de la chance, il suffisait qu'il aille faire un peu de basket au bout du quartier et il retrouvait bien vite sa stature habituelle. Il ne pouvait pas nier, cependant, qu'il s'était laissé aller après le départ de Nea et cette histoire de divorce. "Non. Si je mets des post-it, ce sera sur ton corps parce que sur le mien, je pourrais pas les lire, ce serait pas très très malin de ma part, tu crois pas?" Très dangereux Cadburry, d'imaginer Nea habillée dans des milliers de post-it... Et rien d'autre, forcément. Autant dire qu'il avait chaud là et heureusement pour lui que la belle brune lui lança une bombe pour calmer un peu l'affaire parce qu'on était en train de le perdre. Pour le coup, Elwyn resta bouche bée sans savoir quoi dire face à cette nouvelle, il allait clairement avoir besoin d'enregistrer l'information avant de pouvoir reparler réellement de l'utérus de Nea (comme si c'était normal, oui, d'avoir ce genre de sujets de conversation dans sa besace). La brune, elle, avait vite repris du poil de la bête, peut être au grand désespoir d'Elwyn qui n'avait pas retrouvé toutes ses fonctions verbales et forcément, elle le nota, pire même, elle appuya dessus. Comme toujours. "Parce que je vais voir et je vais sentir?" Il ne demandait que cela pour être honnête mais Elwyn doutait franchement qu'elle le laisse faire, même s'il avait osé passer sa main sur elle, ressentant durant quelques secondes cette douce lingerie le torturer encore plus parce qu'il ne pouvait que l'imaginer dans sa tête. Ce n'était clairement pas assez et pile au moment où il allait approfondir le sujet, il reçut une tape de Nea et se retrouva avec sa main sur sa hanche, beaucoup moins satisfaisant et surtout très frustrant. Il voyait bien que l'effet était immense sur lui, elle devait le savoir tout autant parce qu'elle en jouait, Nea, avec son regard, avec ses manières et surtout, avec ses mots qui donnaient envie au grand brun de grogner. Vraiment. "Effectivement, ça, c'est des problèmes d'envergure qu'on peut pas nier! Mais là, j'ai un problème d'envergure à l'échelle locale et j'ai la sensation que c'est ce que tu cherchais, non?" Comment arrivait-il encore à sourire alors qu'il avait très chaud, que ses vêtements le gênaient énormément? Elwyn n'en savait rien mais peut être qu'il appréciait le jeu, beaucoup trop sûrement. "Me regarde pas comme ça, je vais vraiment finir par me laisser aller dans mon pantalon... Devant tes clients en plus." Il captait son regard ténébreux et il n'en pouvait plus, lui, pauvre homme qu'il était. Elwyn fit remonter ses doigts dans son dos alors qu'il colla son corps contre le sien dans l'espoir que cela l'aide à gérer, c'était sûrement tout l'inverse. "Nea Bea, est-ce que tu vas arrêter de me torturer? Parce que tu sais très bien que t'es mon talon d'Achille. Que j'ai passé des semaines à t'attendre. Que, là, j'ai trop d'images de toi avec tes beaux sous vêtements et ton costume de Wonder Woman dans mon crâne. Que je sens ton odeur partout à la maison. Que même mes figurines de comics me font plus sourire depuis que t'es partie. Que même Juanita pleure silencieusement dans ton lit. Et que, clairement, plus aucune banane explosée dans la maison n'a d'intérêt quand t'es pas là pour me hurler dessus de nettoyer mon bordel et ça, c'est me tuer si les sciences m'apportent plus rien. S'il te plaît, me torture plus." Il n'était pas aussi expressif habituellement ou en tout cas, pas sans passer par mille détours en savoirs inutiles mais ses yeux appuyaient ses mots, ses lèvres s'arrêtant alors qu'un je t'aime lui brûlaient la gorge. Elwyn le retint néanmoins, perdu dans cet entre-deux qu'il n'avait jamais su contrôler, pas sans Nea en tout cas.
Mal d'amour. On n'en guérit pas si facilement. Et il n'existe pas de médicaments. Ni de remèdes. On ne sait pas quand ça passe. On ne sait pas non plus combien ça fait mal. Seul le temps fait du bien. Beaucoup de temps. Parce que, plus un amour a été beau, plus la souffrance de la fin sera longue. Comme en mathématiques ; valeurs directement proportionnelles. Mathématiques sentimentales. (Federico Moccia, J'ai failli te dire je t'aime)
☆ Elwyn & Nea ☆
L’art de la séduction est quelque chose que l’on cultive avec le temps. J’ai mis des années avant de prendre en compte mon potentiel séduction. Il y a différentes sortes de femmes : celles qui sont belles et se la pètent (les pétasses), celles qui sont moches mais se croient belles (les morues), celles qui sont belles et sont naturelles (les filles comme moi, les masterclass) et les moches qui ont du charisme (les courageuses). Je suis une masterclass. Je me savais dôtée de charisme, de belles jambes et d’un beau corps. Mais l’esprit c’est de savoir utiliser les armes quand il faut. Face à Elwyn, je n’ai pas besoin de jouer avec mes cheveux ou avec mes attributs féminins. Il a son arme propre à lui, les mots. Certes, il parle beaucoup trop et il m’a fallu du temps avant d’apprendre à lire entre les lignes et d’en retenir l’essentiel. Cependant, mon cher ami et ex-amant se retrouve mutique devant moi. Nouveauté et je pourrais en jouer. "Sur quoi d'autre alors?" Je laisse mon regard se balader sur son corps de manière un peu trop intrusive avant de lui servir un sourire éblouissant. « Tu ne le sauras jamais. » Bien sûr qu’il le savait, enfin qu’il en avait une brève idée s’il faisait fonctionner ses neurones. C’était lui tout entier mais il est plus simple de le charrier un peu. D’en rire avant de lui tomber toute crue dans les bras. Cela serait trop simple et indigne de nous. "OK, j'ai plus porté ma collection de Legos que des sacs à patate de cinquante kilos mais tu penses que ça me porte préjudice là?" J’en viens à dodeliner de la tête pour me monter un tant soit peu évasive. « Peut-être que oui, peut-être que non. » Mon intention n’était pas de lui rendre la tâche aisée. Il fallait qu’il rame un peu. J’ai souffert. Je ne doutais pas que lui aussi vu les mots dits pendant notre dispute mais c’était lui l’homme. Et bien que j’étais féministe, j’appréciais qu’un homme me courtise de diverses manières. "Non. Si je mets des post-it, ce sera sur ton corps parce que sur le mien, je pourrais pas les lire, ce serait pas très très malin de ma part, tu crois pas?" L’image de moi étendue sur une table couverte de post-it s’impose à mon esprit et je viens hausser un sourcil, perplexe. « Hm. C’est moi qui vais en coller un et tu auras interdiction de le lire avant la fin de la soirée. Si tu le fais, tu auras perdu et tu rentreras seul dormir dans ton grand lit. » Ma voix n’était que murmure, suave et pleine de tension alors que mon regard se fit plus brûlant et plus intense. Certes, j’ose lui lancer pour ma fausse grossesse inespérée. Mais c’est plus fort que moi. il avait cette faculté de détecteur de mensonges que je n’appréciais pas. Passant mes doigts sur son biceps, je pousse les limites devant son désarroi qui était palpable. "Parce que je vais voir et je vais sentir?" Un éclat de rire sort de ma bouche alors que je secoue la tête. Pauvre de toi, Elwyn, tu es cuit. Je me penche à nouveau près de son oreille pour venir soupirer et murmurer quelques mots. « Peut-être bien que oui, peut-être bien que non. » Toujours aussi évasive, aimant ce jeu que je maitrisais à la perfection. L’art de la séduction, de la parade amoureuse. Face à lui, le surplombant de quelques centimètres. Sa main caresse ma cuisse et essaie de s’aventurer ailleurs. J’ose donner une tape pour le recadrer et sentir sa frustration alors que ses serres se referment sur ma taille. La tension est palpable entre nous, nos yeux ne cillant même pas. Je reste droite, j’attends. Quelle était le problème ? "Effectivement, ça, c'est des problèmes d'envergure qu'on peut pas nier! Mais là, j'ai un problème d'envergure à l'échelle locale et j'ai la sensation que c'est ce que tu cherchais, non?" Je battis des cils. Une, deux, trois fois avant d’incliner la tête sur le côté. « Hm. Peut-être. » Ne jamais répondre à une question. Le faire par une autre. Histoire de le rendre fou. Lui qui aimait les réponses concrètes. Je ne lui donnerai pas une quelconque satisfaction alors que ses doigts parcourent mon dos. Ce dernier étant dénué de tissus, je réprime un frisson pour ne pas montrer mes faiblesses. "Me regarde pas comme ça, je vais vraiment finir par me laisser aller dans mon pantalon... Devant tes clients en plus." Je dus retenir un rire d’amusement devant cette franchise. Je me décidai à caresser sa joue du bout des doigts, passant sur cette petite barbe de quelques jours. Il aurait pu vraiment faire un effort. Le quadragénaire vint coller nos corps l’un contre l’autre alors que je déglutis. Je pouvais sentir la chaleur de son corps à travers nos vêtements. "Nea Bea, est-ce que tu vas arrêter de me torturer? Parce que tu sais très bien que t'es mon talon d'Achille. Que j'ai passé des semaines à t'attendre. Que, là, j'ai trop d'images de toi avec tes beaux sous vêtements et ton costume de Wonder Woman dans mon crâne. Que je sens ton odeur partout à la maison. Que même mes figurines de comics me font plus sourire depuis que t'es partie. Que même Juanita pleure silencieusement dans ton lit. Et que, clairement, plus aucune banane explosée dans la maison n'a d'intérêt quand t'es pas là pour me hurler dessus de nettoyer mon bordel et ça, c'est me tuer si les sciences m'apportent plus rien. S'il te plaît, me torture plus." Me demandait-il de revenir ? De revenir à l’appartement ? Je ne comprenais pas trop son raisonnement. « Si je passe de nouveau le pas de la porte, je ne serai plus ta colocataire, Wynnie. J’ai trente-cinq ans et j’ai passé l’âge de tourner autour du pot comme une ado. Etre loin de toi m’a fait prendre conscience que… » Ma voix mourut alors que je vins me mordre la lèvre inférieure, geste ô combien sexy. « que je voulais être avec toi. Donc finis les jeux débiles. » Je me recule donc doucement, rompant le contact alors que je sonde son regard sombre. « Ah et je veux un rencard. Les fleurs et tout le bordel. Courtise-moi un peu. » J’osai un sourire, le sourire en coin insupportable. « Une femme comme moi, cela doit se mériter Wynnie. » J’hasardai un clin d’œil avant de tourner les talons pour aller dans mon bureau chercher les post-it. Dessus, j’inscrivis quelques mots et je revins pour le poser sur la poitrine d’Elwyn. « Si tu le retires ou si tu essaies de lire ce que j’ai écrit, tu dormiras tout seul et je te laisserai seul avec tes fantasmes. » Je lui tendis le crayon ainsi que le bloc de post-it de toutes les couleurs. Histoire qu’il écrit ce que je signifiai pour lui dessus. Encore un jeu. Toujours des jeux.
Elle allait laisser son cerveau fumer, Elwyn en avait parfaitement conscience. Depuis quand Nea lui laissait du répit? Elle n'avait sûrement jamais apprécié le concept puisqu'elle passait son temps à lui mettre des coups de pied au cul lorsqu'ils habitaient ensemble. Certes, il y avait toujours un salon à ranger, une cuisine à récurer mais Cadburry s'était toujours dit qu'elle devait éprouver un certain plaisir à lui gueuler dessus ou juste le voir à galérer avec un balai et une serpillière. Rien de ce qu'ils avaient vécu ensemble n'avait été commun et c'était ainsi que les événements étaient censées continuer car Dangar n'en avait pas terminé avec lui: elle cherchait encore et toujours à lui faire rendre les armes, n'était-ce pas ce qu'il avait déjà fait en venant jusqu'à sa boutique? Mine de rien, c'était un aveu de faiblesse de sa part, de ceux qui indiquaient à quel point la jeune femme pouvait lui manquer, à quel point il était dingue d'elle, suffisamment en tout cas pour qu'il aille chercher dans tous les recoins de l'appartement des vieilles affaires à elle, un prétexte tout trouvé. Nea n'était pas dupe, c'était certain, mais elle n'avait pas insisté trop sur le sujet, préférant le laisser macérer tranquillement dans son jus au fur et à mesure de ses paroles. Elle ne répondait à rien, forcément, il fulminait, nécessairement. Elwyn aurait pu parler dans une de ses fameuses diatribes verbales pour l'impatienter mais il ne fit rien de cela, sentant le regard pénétrant de Nea sur le sien. Elle avait envie de le voir plié face à elle, comme si c'était quelque chose de difficile à obtenir. Le pauvre homme laisserait tous les post it de la Terre sur son buste pour lui prouver qu'il était capable de maîtriser sa curiosité pour ne pas la perdre. Bon, c'était sûrement la pire torture au monde pour lui mais apparemment, c'était le mot d'ordre chez la brune ce soir là. "Il est pas si grand mon lit." Enfin, dans sa mémoire, il semblait incroyablement petit ces dernières semaines, raison pour laquelle il choisissait très fréquemment le canapé pour faire ses nuits. En réalité, Elwyn se sentait trop seul entre ses draps pour y trouver un quelconque apaisement mais il n'irait pas l'avouer à Nea aussi aisément. De toute façon, elle ne l'écouterait, bien trop occupé à lui suggérer des tonnes d'idées sans jamais satisfaire sa curiosité, en vrai tyran qu'elle était. Le pauvre Elwyn n'avait plus qu'à attendre que la tension nerveuse et vasculaire descende d'eux mêmes à travers son corps, plus facile à dire qu'à faire dans ce genre de circonstances. Il n'avait eu qu'un minuscule aperçu de ce que Nea avait à lui montrer et bien évidemment, elle montrait les dents deux secondes plus tard. Cela dit, Cadburry sentit qu'elle se mit à frémir en sentant ses doigts contre sa peau, ce qui était un signe plutôt encourageant pour lui. "Comment ça plus de jeux débiles? Eh, ça veut dire plus de Strip Mario? Plus de lancer de bombes à eau? Me dis pas ça, Nea Bea, c'est une part intégrante de ma vie avec toi, tout ça." En vrai, il souriait parce qu'il avait entendu ce qu'elle avait dit. Qu'elle voulait être avec lui. Sans concession, sans se cacher et sans tourner l'un autour de l'autre pendant des siècles comme ils avaient pu le faire avant que leur situation ne tourne au vinaigre par manque de communication. "Tu veux que des fleurs? Non, parce que j'avais prévu un peu plus, moi, tu me connais, j'aime pas spécialement faire les choses à moitié. Tu préfères pas une fontaine avec écrit "Nea, acceptes tu d'être avec moi", tout cela avec des roses, forcément. Après, j'avais aussi prévu le truc avec des chevaux mais ils sont plus durs à maîtriser pour le côté rester en place et écrivez le message. Tout se négocie après." Le pire, c'était qu'il était sûrement très sérieux, il faisait des choses gigantesques par moments, même si c'était peut être trop pour la plupart des gens. Elwyn avait la folie des grandeurs (et de la connerie) mais Nea avait l'air de le supporter, celle-ci revenant avec son lot de posts-it, un qu'elle posa là sur son buste et instinctivement, Cadburry releva le nez, ne rien gâcher tout de suite. "J'ai le droit à combien de posts-it? Non, parce que j'ai beaucoup à écrire, je m'étale." Il commença à gribouiller tout un tas de savoirs inutiles qu'il colla ça et là sur la robe avec son sourire empli de malice, s'arrêtant qu'après le cinquième, son cerveau fulminant de mille idées. "T'es un tyran mais je crois que sans toi, je vis pas vraiment." Est-ce qu'il avait écrit qu'il l'aimait sur le dernier post-it? C'était une possibilité, il n'osait pas regarder, il verrait bien. Elwyn accepterait tout, du moment qu'il pouvait faire cela, ses lèvres fonçant vers les siennes pour l'embrasser, quelque chose qui lui avait terriblement manqué. Quoiqu'il en dise.