Mal d'amour. On n'en guérit pas si facilement. Et il n'existe pas de médicaments. Ni de remèdes. On ne sait pas quand ça passe. On ne sait pas non plus combien ça fait mal. Seul le temps fait du bien. Beaucoup de temps. Parce que, plus un amour a été beau, plus la souffrance de la fin sera longue. Comme en mathématiques ; valeurs directement proportionnelles. Mathématiques sentimentales. (Federico Moccia, J'ai failli te dire je t'aime)
☆ Elwyn & Nea ☆
Je pouvais voir qu’il perdait pied. Je me faisais hésitante exprès. Incapable de répondre directement à une question. Et le pauvre Elwyn de la fumée semblait sortir de ses oreilles. Il me regardait avec ses yeux perdus, se demandant sans doute ce qu’il faisait là et ce que je lui faisais subir. Il faut dire qu’il avait sans doute oublié durant sa très courte vie conjugale. Celle partagée avec une autre femme pendant un infime moment. Mes doigts se voulaient joueurs, mes yeux brûlants et mon sourire plus énigmatique que jamais tandis que mon charisme se déferlait sur lui sans que j’en ai pleinement conscience. Du moins, pour le charisme. "Il est pas si grand mon lit." J’incline doucement la tête sur le côté. Il est vrai que je n’avais que très peu dormi dans son lit. Et encore, peu de sommeil partagé. Mais dans ma mémoire, il était plus grand qu’il n’y paraissait. Sans doute parce que sans mes talons, je faisais une tête de moins qu’Elwyn. « On y tenait aisément tous les deux. Quand tu ne le piégeais pas. » A ce souvenir, un petit sourire vint orner mes lèvres. Souhaitant sans aucun doute raviver nos précédents ébats dans son esprit capable de se faire quarante films à la minute. Rejetant mes cheveux en arrière, je le fixai avec une véritable intensité, revivant à mon tour nos étreintes passionnées, chaleureuses. Me maudissant d’avoir repoussée cette discussion car et si nous avions tout perdu ? Et si notre flamme était éteinte ? De mon côté, elle était intacte mais le silence d’Elwyn était légèrement inquiétant. Aurait-il fait une rupture d’anévrisme ? Je décide de chasser ses doigts, histoire qu’il ne déborde pas trop. Et puis je ne voulais pas découvrir aussi facilement. Il fallait faire monter la tension au point de lui faire perdre pied. Je ne devais pas être prise dans l’engrenage. Ma main se perdit sur son bras pour remonter sur sa joue. J’essayai d’être claire. Avions-nous la fameuse discussion ? "Comment ça plus de jeux débiles? Eh, ça veut dire plus de Strip Mario? Plus de lancer de bombes à eau? Me dis pas ça, Nea Bea, c'est une part intégrante de ma vie avec toi, tout ça." Je vins lever les yeux au ciel en secouant la tête. Faisait-il exprès de ne pas comprendre ? Allais-je devoir tout verbaliser ? « Si, on peut continuer mais plus en tant que ta colocataire. » J’insistai bien sur le dernier mot pour faire passer le message. Je ne suis pas douée avec l’explicitation. Raison pour laquelle j’avais tant fui et loin. Je détestai les discussions sérieuses. Là était mon plus gros défaut. Je voulais certes mettre les choses au clair avec Wynnie mais je ne savais pas comment m’y prendre. Je pouvais lire dans son regard candide qu’il attendait de moi que je continue sur ma lancée. Mais ma bouche resta close. "Tu veux que des fleurs? Non, parce que j'avais prévu un peu plus, moi, tu me connais, j'aime pas spécialement faire les choses à moitié. Tu préfères pas une fontaine avec écrit "Nea, acceptes tu d'être avec moi", tout cela avec des roses, forcément. Après, j'avais aussi prévu le truc avec des chevaux mais ils sont plus durs à maîtriser pour le côté rester en place et écrivez le message. Tout se négocie après." Je m’autorisai à rire avant de passer une main dans ses cheveux. Plus proche que lui. « Tu sais tu peux juste m’emmener au restaurant, me faire trop boire pour que je ne puisse pas faire le chemin jusque chez toi et essayer de retirer ma robe que j’aurai mis quinze minutes à enfiler. » J’arguai le tout d’un clin d’œil avant de me reculer pour partir chercher les post-it de toutes les couleurs. Je n’en écrivis qu’un seul : Nea’s property que je collais sur son torse musclé. Oui, oui j’avais menti un peu plus tôt lorsque je disais qu’il avait perdu. Puis, je lui tendis le stylo. "J'ai le droit à combien de posts-it? Non, parce que j'ai beaucoup à écrire, je m'étale." Je fronçai les sourcils alors qu’il commença sa dissertation et que je me laissais faire tandis qu’il les collait sur moi. « n’en profite pas pour me peloter. » j’avais été très claire sur le sujet. Il allait devoir le mériter s’il le voulait. "T'es un tyran mais je crois que sans toi, je vis pas vraiment." Et merde. Ma résolution s’envole à mesure qu’il me rapproche de lui. Nos lèvres se rencontrent, Elwyn étant l’initiateur de ce geste. Ma main s’attarda sur sa joue alors que le temps se stoppa autour de nous. Je décidai cependant de rompre le contact en me reculant légèrement, collant mon front contre le sien. « Moi non plus. Alors ne me laisse plus jamais partir. » Ma voix n’était qu’un murmure alors que l’on fit éclater notre bulle. Un de mes amis vint poser sa main sur mon épaule, m’arrachant à ceux d’Elwyn. Après tout, j’étais l’hôtesse ce soir. Cependant, mes doigts vinrent frôler ceux du scientifique pour les nouer. « Tu vas réussir à gérer ton nouveau statut, arguai-je par-dessus mon épaule avec un sourire, ou tu vas encore me sortir que le terme petit-ami était employé durant l’ère Jurassique pour dire pénis de dinosaure ? » Après tout, je m’attendais à tout avec lui. Et sa présence me faisait du bien. Je me rendis seulement compte de l’appellation que je venais de lui donner. Je sens que bizarrement ce fameux rencard n’aura plus lieu d’être à la fin de cette soirée.
Elwyn était intelligent mais il fallait lui expliquer longtemps. Non pas qu'il faisait preuve de mauvaise volonté, bien au contraire, mais il n'avait jamais été franchement terre à terre. La plupart du temps, son cerveau vagabondait de droite à gauche, il ratait la moitié d'une phrase, revenait à la fin de la seconde et brodait la réponse idéale à partir de ce fil rouge. Autant dire que tenir une conversation sérieuse avant un larron comme lui n'était jamais un parcours de santé, beaucoup de personnes s'étaient épuisées en essayant ce marathon d'un nouveau genre. Misérable cloporte que Cadburry était, il avait toujours tout le monde à l'usure, à part Nea certainement car elle trouvait toujours le moyen de le faire taire, à chaque fois d'une manière nouvelle et plus originale que la précédente. Il fallait dire qu'elle l'avait pratiqué, le Elwyn, cette espèce unique en son genre qui ne savait pas se tenir plus de dix secondes sans partir dans un délire incompréhensible par le commun des mortels. En tant que spécialiste donc, il était de son devoir de femme de lui couper la chique et rendre un service merveilleux au reste de l'humanité. On ne la remerciait clairement pas assez pour cela qu'à rien en une soirée, elle avait fait descendre sa moyenne de mots par phrases de deux ou trois, ce qui n'était pas rien en comparaison du reste du temps. Le pauvre brun n'arrivait plus à retrouver le chemin de la raison, ce qui était un déshonneur total sur sa famille, soit dit en passant. "Tu parles de la fois où j'avais mis des coussins péteurs en guise de pétales de fleurs? C'était pas piéger ça, c'était trouver une alternative de dernière minute!" Clairement, on comprenait pourquoi aucune femme n'avait voulu rester avec lui plus de quelques nuits, il était usant, pénible au possible et Elwyn avait fini par en conclure que c'était un sentiment partagé par Nea car elle avait fui elle aussi, peut être parce qu'il l'étouffait, peut être parce qu'au contraire, il n'insistait pas assez, le grand brun n'en avait jamais rien su et il avait arrêté l'analyse quelques semaines auparavant pour ne pas finir avec du néant à la place du cerveau, son gagne pain quotidien. "T'as jamais été seulement ma colocataire." Il avait en tout cas tout fait pour que l'appellation passe au niveau supérieur mais sa maladresse l'avait malgré lui emportée sur tout le reste. Pauvre Elwyn, incapable de gérer les codes de cette société, toujours aux aguets des dernières technologies mais incapable de se faire comprendre quand il s'agissait d'exposer ses sentiments. Oui, il était monté à l'envers mais parfois, il avait des vagues de lucidité qui lui permettait de dire sans passer par trois ou quatre déviations ce qu'il avait sur le coeur. Il osa espérer que Nea avait entendu, qu'elle avait compris surtout parce qu'il scellait ses mots par un baiser mais c'était beaucoup plus qu'il avait en tête. Tant de sentiments. Tant de regrets. Tant d'envie de voir l'avenir aussi maintenant. "Si je te mets un post-it permanent sur ton réveil "ne pars pas", ça va comme dissuasion ou faut que fomente un plan plus puissant?" Il était clairement capable de tout pour la garder, si seulement d'autres personnes n'avaient pas envie de la ramener vers le reste de la communauté, Elwyn suivant la marche, attrapant la main de Nea alors qu'elle entrait dans la même cour que lui, normal avec eux. "Et bah, ça tombe bien que t'en parles parce que ça doit forcément venir de là, non? C'est vrai que j'ai jamais fait attention à l'étymologie de ce terme, j'aurais dû amener mon dictionnaire pour savoir, ça me paraît important! Par contre, je sais quUn oignon fait pleurer quand on le coupe car on perce les cellules qui le constitue. Ces cellules contiennent une molécule qui entre alors en contact avec des enzymes de l'oignon pour former un gaz, du propanthial S-oxyde, irritant et volatile. Tout s'explique, hein?" Mais pas le fait qu'elle l'avait appelé petit ami en société, ça, c'était très fort et son coeur battait dix fois plus fort en conséquence. "C'est vrai que je suis ton petit-ami, alors? Parce que je suis prêt à modifier mon costume de Deadpool avec un logo Wonder Woman sur la manche si tu me dis oui." Et clairement, il en était plus que capable, pire encore, il en serait heureux de sceller leur union de la sorte.
Mal d'amour. On n'en guérit pas si facilement. Et il n'existe pas de médicaments. Ni de remèdes. On ne sait pas quand ça passe. On ne sait pas non plus combien ça fait mal. Seul le temps fait du bien. Beaucoup de temps. Parce que, plus un amour a été beau, plus la souffrance de la fin sera longue. Comme en mathématiques ; valeurs directement proportionnelles. Mathématiques sentimentales. (Federico Moccia, J'ai failli te dire je t'aime)
☆ Elwyn & Nea ☆
La vie avec Elwyn n’avait rien de tranquille. Il avait beau être plus âgé que moi de six ans, il demeurait un grand enfant. Je ne comptais plus les fois où il piégeait ma chambre ou même me piégeait sous la douche. Merci les sceaux d’eau froide sur la tête alors que j’étais en train de me prélasser. Merci de partager un moment intime et sensuel avec lui pour finalement se retrouver les pieds collés dans une substance étrange. J’avais l’habitude à force et je me méfiai de tout. Et surtout, je pensais à cette pauvre Juanita qui devait se faire maltraiter en mon absence. Le chat était plus indépendant et avait compris que son maître était loufoque. Là où la chose m’avait irrité au début, je me suis surprise à jouer avec lui. C’était devenu un jeu que de chercher après ses conneries. Et aussi de lui lancer des légumes dans la figure ainsi que les serpillères. Ses conneries, il nettoyait. Je n’osais songer à dans quel état devait se trouver son appartement. "Tu parles de la fois où j'avais mis des coussins péteurs en guise de pétales de fleurs? C'était pas piéger ça, c'était trouver une alternative de dernière minute!" Le geste se voulait romantique mais la finalité un peu moins. A vrai dire, je me rappelle avoir eu un fou rire à cet instant précis. Cela avait légèrement casser l’ambiance. « Je vais devoir t’en montrer des comédies romantiques pour que tu comprennes que bien que ça partait d’une bonne intention, cela ne l’était pas du tout. » J’avais argumenté avec le sourire. Car il avait ce don le scientifique, de toujours me faire sourire. Certes, nous nous disputions mais cela ne restait pas longtemps dans l’air. Et puis comment lui en vouloir quand il faisait cette tête ? On aurait dit un enfant pris en faute. Il était mignon, avec ses grands yeux qui cherchaient à comprendre et son air béat sur les lèvres. Je pouvais le voir réfléchir. A sans doute la meilleure répartie du monde et j’avais appris à interpréter chacun de ses raisonnements. Elwyn c’est le genre de garçon qui quand il vous dit qu’il vous aime, il doit passer par trente-cinq parades avant. Il vous a récité le contenu de l’encyclopédie Larousse et arrive à sa conclusion. Comme un véritable conférencier. Ou un avocat en pleine plaidoirie. "T'as jamais été seulement ma colocataire." Je me tourne vers lui pour venir froncer les sourcils. Je sais bien que je n’étais pas uniquement sa colocataire mais j’avais toujours fui le sujet. « Je ne fuirai plus Wynnie. » Je ne comptais plus m’en aller. Je comptais rester. J’avais envie de construire quelque chose avec lui. Avoir passée les quatre derniers mois loin de lui m’avaient fait prendre conscience que j’avais besoin d’Elwyn dans ma vie. Pas d’un homme, pas de sexe : lui. Avec son air mutin, ses explications farfelues, ses câlins bizarres, sa tendance à devoir s’évader dans je ne sais quel documentaire. Un homme-enfant qui préférait jouer à Mario Kart que de sortir dans un bar. Satanée carapace bleue. Et un homme qui donnait de drôles de noms à ses animaux. Lui, tout court. Mes lèvres restèrent scellées sauf durant notre baiser. Je me laissais aller à cette étreinte qui m’avait tant manqué. Elle fut certes très brève mais intense. Je me reculai pour le regarder du haut de ma stature, dardant mon regard noir sur sa petite tête. "Si je te mets un post-it permanent sur ton réveil "ne pars pas", ça va comme dissuasion ou faut que fomente un plan plus puissant?" J’eus un sourire plus éclatant que les précédents avant de secouer la tête. « Au pire t’auras qu’à m’attacher au lit. ça se fait parfois. Et je suis certaine que ton imagination est déjà en train d’imaginer une Nea nue attachée à ta tête de lit pendant que tu la tortures. Pitié, juste pas de trucs gluants sur mon corps de déesse. » Et je l’avais aussi cette image maintenant. Je me voyais très bien attachée à son lit. Après tout, ce n’était plus un secret pour personne que nous étions bizarres sur le plan sexuel. Il fallait assumer notre folie. Ma main dans la sienne, je vis que du monde était arrivé. Et je les saluai tous d’un signe de tête, restant près de Wynnie cependant. "Et bah, ça tombe bien que t'en parles parce que ça doit forcément venir de là, non? C'est vrai que j'ai jamais fait attention à l'étymologie de ce terme, j'aurais dû amener mon dictionnaire pour savoir, ça me paraît important! Par contre, je sais quUn oignon fait pleurer quand on le coupe car on perce les cellules qui le constitue. Ces cellules contiennent une molécule qui entre alors en contact avec des enzymes de l'oignon pour former un gaz, du propanthial S-oxyde, irritant et volatile. Tout s'explique, hein?" Mais qu’est-ce qu’il raconte ? Pourquoi il me parle d’oignon ? Je me retourne pour froncer les sourcils. « T'as ton téléphone. Il fait dictionnaire t’as qu’à chercher pendant que je vais discuter avec… » Je déglutis tandis que mon regard croisa son reflet vieux de quelques années. mes parents. Mes parents qui n’approuvaient pas mon style de vie. Et ils étaient venus. "C'est vrai que je suis ton petit-ami, alors? Parce que je suis prêt à modifier mon costume de Deadpool avec un logo Wonder Woman sur la manche si tu me dis oui." J’eus un sourire avant de le tirer par la main. « Commence déjà par changer ton statut Facebook et après on verra pour la broderie. » Je n'osai m'approcher de ma mère, resserrant mon étreinte autour des doigts d'Elwyn avant de me tourner vers lui pour lui faire un signe de la tête paniquée. « Enlève-moi» Des mots simples, concis alors que mon regard trahissait mon désarroi, n'étant pas prête à leur faire face ce soir.
Ils n'étaient jamais faciles à suivre ces deux-là, ce qui était une aubaine pour eux d'ailleurs. Personne ne voulait comprendre ce qui se tramait et on ne se mêlait pas de leur bien étrange colocation, même si, disons le, le tout avait duré une bonne année avant que les affaires ne dérapent. Le grand amour n'était pas arrivé tout de suite, Elwyn en était sûrement le fautif puisqu'il avait tendance à faire chier le monde quand quelqu'un lui plaisait. Il avait, en règle générale, énormément de mal à assumer ses béguins car il savait qu'il n'était pas un homme à marier, à abattre serait plus approprié. Après tout, on parlait d'un quarantenaire aussi célibataire que le premier jour, si on excluait des idylles éphémères de ci de là, il n'avait franchement rien qui pouvait faire rêver autrui. De toute façon, il parlait beaucoup trop pour qu'on puisse l'envier, comme quoi il avait hérité du meilleur Repousse-Tout de l'univers (oui, un remake du Rappeltout, autant dire qu'il était fier de sa petite trouvaille) mais il n'avait toutefois pas totalement réussi à faire reculer Nea. Il avait essayé cela dit, entre les plaisanteries ridicules et les farces de gamins quand elle était de mauvaise humeur, Cadburry avait joué avec sa vie tout simplement. Il s'en était sorti presque indemne: au final, ce qui l'avait achevé, ce n'étaient pas les coups de balais ou de courgettes, non, c'était le départ sans un mot, sans une lettre de la jeune femme. Là, c'était elle qui l'avait tué, elle qui l'avait mis à terre et il n'avait jamais réussi à s'en remettre, jouant celui qui avait vite oublié quand il était clairement en plein stade de régression ces derniers mois. "On avait pas déjà commencé avec N'Oublie Jamais? Je comprends pas qu'il ait pas mis de posts-its le type pour se faire comprendre ou envoyer des pigeons voyageurs, tiens, ça aurait évité pas mal de désagréments... Bon, d'accord, le coussin péteur, ça aurait moins marché au box office." Lui, il aimait bien ces petites bêtises, c'était ce qui rendait le moment unique et surtout, ils s'en rappelaient toujours bien des semaines après. Elwyn détestait oublier quelque chose alors, il était évident qu'il vouait une haine sans nom aux moments qu'on pouvait qualifier de banals: et si Nea oubliait qu'il existait? Si elle ne se rappelait plus de la fois où il lui avait dit les mots de toute une vie? L'appréhension était forte car le grand brun ne laissait jamais une information de côté, même la plus insignifiante, même si rien ne l'était pour lui. Sa relation avec Dangar, en tout cas, n'était pas prête de rentrer dans cette catégorie vu le sourire qu'il lui lançait en entendant ses propos: elle n'allait pas partir, plus maintenant et à moins qu'il joue au con d'envergure, rien ne pouvait le rendre malheureux. "T'attacher au lit, je dis oui mais j'irais pas jusqu'à poser des escargots sur toi, promis." Même pas au nom d'une expérience scientifique essentielle pour les avancées de l'humanité, il tenait beaucoup trop à Nea pour l'abîmer. Bien vite, il retrouva son bagout habituel maintenant que Nea avait fait une pause dans sa torture à son égard, il pouvait laisser les quelques savoirs inutiles qu'il avait retenus et bon sang, ce que cela lui faisait du bien. Elwyn pouvait respirer de nouveau, du moins sur le papier car il n'eut pas le temps de sortir son téléphone pour vérifier l'étymologie du mot petit ami que déjà une tempête s'annonçait. "Pour toi, je changerai même ma bio sur Twitter. Performance parce que la limite de caractères, sérieusement!" Rien de plus frustrant pour un grand bavard: qui avait assez parlé en si peu de lettres? Pas Cadburry. Enfin, pas quand il était en pleine possession de ses moyens, ce qui était beaucoup moins le cas quand il remarqua la panique de Nea. Alerte parents. Alerte enfer. "Alors, en soi, je veux bien mais y a une autre sortie que la principale parce que de un, tes parents sont juste devant, de deux, ils vont m'éviscérer après le coup de la dernière fois, de trois, je sais pas s'il y en a un mais dans les films, ils en disent toujours trois alors, je suppose que ça fait mieux." Il avait parlé vite, très vite, trop vite, attrapant le premier verre qu'il croisa pour l'avaler cul sec, histoire de se donner du courage. Non, à la place, il attrapa Nea délicatement par le poignet et courut bien vite vers l'arrière boutique, se cachant derrière la porte, faute de mieux. "C'est là où on est censés mijoter un plan d'attaque. C'est dommage, j'ai que des films de braquage en tête et j'ai pas spécialement envie de braquer tes parents là, tout de suite, j'aurais trop peur que ta mère me tue rien qu'avec ses yeux. Je suis sûr, c'est elle qu'a joué Cyclope dans X-Men, tu peux me le dire!" Bon sang, Elwyn, concentre toi. Respire, quelque chose. A la place, il s'adossa à la porte et il se dit qu'ils n'avaient plus qu'à attendre que le temps passe, oubliant certainement que les parents étaient là pour voir Nea et qu'ils ne partiraient probablement pas avant. Bummer.
Mal d'amour. On n'en guérit pas si facilement. Et il n'existe pas de médicaments. Ni de remèdes. On ne sait pas quand ça passe. On ne sait pas non plus combien ça fait mal. Seul le temps fait du bien. Beaucoup de temps. Parce que, plus un amour a été beau, plus la souffrance de la fin sera longue. Comme en mathématiques ; valeurs directement proportionnelles. Mathématiques sentimentales. (Federico Moccia, J'ai failli te dire je t'aime)
☆ Elwyn & Nea ☆
Depuis la trahison de Macaire, je restai en retrait. Certes, je n’avais pas ressenti le tiers de ce que je ressentais pour Wynnie auprès de l’avocat -le métier, pas le légume- mais je ne voulais plus qu’on me fasse du mal. Parce que je peux vous dire que Wonder Woman, elle perd de sa superbe quand elle chiale devant la mort de Mike dans Desperate Housewives avec un McFlurry Oreo dans la main et les kleenex dans l’autre. Après tout, Zooey Deschanel pleure sa race devant Dirty Dancing donc pourquoi n’aurai-je pas le droit d’être comme toutes ces femmes ? Nous ne sommes pas faibles parce qu’on nous a brisé le cœur. Nous sommes faibles parce que nous nous sommes laissées briser le cœur, nuance. Et je me suis jurée après être partie en Grèce de ne plus laisser Wynnie jouer avec mon pauvre cœur qui peinait déjà assez à se remettre d’un divorce. De même qu’il me l’avait dit lors de nos retrouvailles que j’avais joué avec le sien. Ah oui, nous sommes une belle bande de crétins. Mais nous sommes unis et des crétins ensembles. Un peu comme deux pôles d’électricité, l’un ne peut pas vivre sans l’autre. "On avait pas déjà commencé avec N'Oublie Jamais? Je comprends pas qu'il ait pas mis de posts-its le type pour se faire comprendre ou envoyer des pigeons voyageurs, tiens, ça aurait évité pas mal de désagréments... Bon, d'accord, le coussin péteur, ça aurait moins marché au box office." Je ne pouvais que le contredire quand l’on voyait ce qui passait au cinéma. « Je te rappelle que l’un des plus grands succès du cinéma est un lycéen qui colle son pénis dans une tarte aux pommes chaude. Donc le box office en soit. » Je fronçai le nez avant de me tourner vers lui. « T’as pas fait ça en mon absence ? T’as pas remplacé mes cuisses par une tarte quelconque ? » Non mais parce qu’avec lui, je m’attendais à ce qu’il m’avoue avoir testé dans un but purement scientifique. Après vu la taille de madame, je doute qu’elle rentre dans un quelconque moule. Oui, j’appelais son pénis, madame. Dans ma tête. Parce que le dire à haute voix pourrait être castrateur. J’étais presque certaine qu’il avait donné des noms à mes seins. Je mis la question dans un coin de ma tête avant de me l’écouter me parler de ma future collaboration avec la tête de lit. Featuring dans la chambre à coucher, Nea attachée. Pas bâillonnée sinon elle vous arrache Madame mais attachée. Bientôt dans diffusée dans la boite crânienne d’Elwyn Cadburry. C’est moi ou il me rend aussi tarée que lui ? "T'attacher au lit, je dis oui mais j'irais pas jusqu'à poser des escargots sur toi, promis." Je vins trembler de tout mon corps. Je détestai les invertébrés et particulièrement les escargots. « Ah non, parle pas de ces créatures de l’envers. T’en connais beaucoup des bestioles qui trimballent leur baraque sur le dos et qui en plus avancent si lentement qu’ils te font crever de vieillesse. Non, ça me dégoûte, beurk beurk. » Je n’étais pas une femme extrêmement névrosée mais alors là quand on me parlait de ce genre de trucs, je pourrais sauter au plafond et m’accrocher à une poutre. Bon y’a pas de poutres dans mon magasin mais l’image était là. Après Spider Cochon, Spider Nea. "Pour toi, je changerai même ma bio sur Twitter. Performance parce que la limite de caractères, sérieusement!" Ah oui, c’est vrai qu’il a presque tous les réseaux. Pour ma part, j’ai Facebook. Instagram et Tinder. D’ailleurs, il faudra que je songe à supprimer mon compte. Ou à le désactiver du moins. « Et tu vas mettre quoi ? J’ai réussi à pécho Wonder Woman, she’s mine, guys. » Je le fixe avec mes grands yeux bordés d’une longue rangée de cils teintés de noir, un petit sourire en coin. Je vins remarquer mes parents avant de me tourner vers Elwyn. J’avais de très bonnes relations avec mon père mais ma mère s’apparentait à Cruella d’enfer. Une garce en puissance qui ne jurait que par la réussite de ses filles. Et passer d’avocate de renom à presque fleuriste, c’était un échec selon elle. "Alors, en soi, je veux bien mais y a une autre sortie que la principale parce que de un, tes parents sont juste devant, de deux, ils vont m'éviscérer après le coup de la dernière fois, de trois, je sais pas s'il y en a un mais dans les films, ils en disent toujours trois alors, je suppose que ça fait mieux." Je regarde Elwyn céder à la panique autant que moi avant de me faire entrainer à sa suite dans l’arrière boutique, près de mon bureau. « Nora est jamais là quand j’ai besoin d’elle. J’te jure, à quoi ça sert d’avoir une petite sœur si je ne peux même pas la jeter en pâture à cette garce ? » J’avais chuchoté ceci en me collant contre Wynnie, enfouissant ma tête dans son cou tandis qu’il était adossé à une porte. Un geste affectueux qui devait être une nouveauté pour lui puisque nous étions en couple depuis trente-six secondes. "C'est là où on est censés mijoter un plan d'attaque. C'est dommage, j'ai que des films de braquage en tête et j'ai pas spécialement envie de braquer tes parents là, tout de suite, j'aurais trop peur que ta mère me tue rien qu'avec ses yeux. Je suis sûr, c'est elle qu'a joué Cyclope dans X-Men, tu peux me le dire!" Je me redressai avant de rire contre ses lèvres. Il était bête, mon Wynnie. Je lui donnai un baiser sans plus aucune retenue puisque nous étions seuls dans la pénombre. « Je peux aller leur dire qu’ils nous ont dérangé en pleine partie de jambes en l’air mais cela voudrait dire te donner mon tanga. Et il m’a coûté atrocement cher. Ou alors, je coupe le courant, panique générale et tout le monde se casse pendant qu’on teste mon bureau. » Dans le fond, ce n’était pas une si mauvaise idée. Je papillonnai contre ses lèvres attendant qu’il réfute mon idée. Après tout, c’était lui le farceur de ses bois, pas moi. Je n’étais que le corbeau dans cette histoire qui attendait que le renard ponde un truc décent.
Elwyn n'avait pas les mêmes références que les autres, les hommes normaux. Il fallait avouer que rencontrer un quarantenaire qui vouait un culte à National Geographic plutôt qu'à une chaîne sportive, ce n'était pas très commun. Cadburry assumait sa différence, même si ce n'était pas simple tous les jours de s'intégrer quand on ne comprenait pas grand chose à ce que d'autres personnes pouvaient aimer. Lui préférait observer le parcours de tortues entre deux océans, c'était ce genre de visionnages qui pouvaient le faire pleurer car, il ne fallait pas se le cacher, Elwyn était un grand sensible. Rien que la mort d'une fourmi pouvait tuer sa bonne humeur et il avait pleinement conscience que le humains passaient leur temps à marcher dessus dans une journée normale. C'était pour lui une grande injustice puisque ces minuscules insectes n'étaient pas en capacité de se défendre face à l'oppression offerte par l'humanité et même un abri ne suffisait pas pour les sauver d'une mort certaine. Il allait bientôt ouvrir une énième association avec un nom extrêmement étrange pour pallier à tous ces problèmes, se retrouvant vraisemblablement tout seul pour sauver tous ces joyeux petits êtres avec qui il avait des conversations à coeur ouvert. "Parfois, je comprends vraiment pas tout ce que tu dis. Et c'est moi le type bizarre? Il se passe beaucoup de choses dans ma tête mais pas ça, promis. Je préfère penser aux mille façons de jouer avec du produit à bulles. Tu savais que ça endormait les fourmis? C'est si mignon quand ça roupille, tu verrais." Il avait clairement passé de mauvaises semaines pour faire ce genre d'expériences, pauvre Cadburry, âme esseulée qui n'avait pas su où se diriger sans la lueur de vivacité de Nea dans sa vie. Maintenant qu'elle était de retour, tout allait mieux aller, c'était évident. Bon, le monde était vaste et les obstacles toujours présents, cela n'aurait pas été la nature humaine autrement mais le quarantenaire se sentait beaucoup plus fort pour affronter le tout maintenant qu'il avait jeté son produit vaisselle pour faire des bulles avec. "Oui, il y a Juanita. Et tu viens de l'offusquer là... Car, oui, même quand elle est pas là, elle voit à travers mes yeux. Attention à toi, elle va broyer tes sous vêtements dans la sèche linge, t'auras été prévenue!" Elle venait tout de même de donner la définition de la tortue en la mixant avec celle de l'escargot, de quoi faire tourner verte Juanita (comment cela elle était déjà de cette couleur?) et ce n'était pas Elwyn qui l'empêcherait de se défendre, on parlait de sa plus fidèle alliée qui dormait durant six bons mois de l'année. "Y a pas assez de caractères dans ta description. Au pire, je remixerais un monologue de Shakespeare pour que ça colle, même si t'as l'idée générale." Il était beaucoup plus romantique que cela, Elwyn, même s'il allait beaucoup trop loin dans ses avances, de quoi faire fuir les plus apeurées. Nea avait tenu le coup, un miracle certainement vu à quel point il avait été pénible avec elle durant les deux années où ils avaient habité sous le même toit. Cela dit, Elwyn n'avait pas tout raté puisque la belle brune semblait l'apprécier... Ses parents, beaucoup moins. Se cacher était sûrement la meilleure solution jusqu'à ce qu'ils perdent patience et quittent la boutique. Froussard, Elwyn? Moi, j'en ai trois et je me suis toujours contenté de piquer leurs sèche-cheveux. Enfin, nos parents étaient pas là, faut dire, ça doit jouer dans la balance."[/color] Aux abonnés absents, voilà ce qu'ils étaient, Elwyn n'ayant pas eu la moindre nouvelle depuis six bons mois mais est-ce que ses géniteurs lui manquaient réellement? Il s'était éduqué tout seul, relativement maladroitement, mais il tenait debout, aidé par la stature de la porte, tenant Nea entre ses bras alors qu'elle exposait son idée de folie. "Je crois qu'ils me castrent si tu fais ça. Est-ce que t'as envie de ça? Après, crois moi, j'ai très très envie de baptiser ton bureau mais les savoir de l'autre côté, ça me coupe un peu... Tu crois qu'on peut passer par la fenêtre? Jouer au Monopoly jusqu'à ce qu'ils partent? Tu dois pas avoir le jeu dans ta réserve. C'est toujours dans ces moments là qu'on a pas ce qu'il faut sous la main. Et si on mettait le feu? Non, très mauvaise idée, oublie. Après, on peut toujours avancer sur ta compta pendant ce temps là, j'ai appris deux ou trois trucs dans le domaine dernièrement." Non, Jessalyn s'était arrachée les cheveux pour qu'il arrête de jouer avec ses cartes Magic pendant qu'elle essayait de lui expliquer, nuance. Elwyn souriait, attirant Nea contre lui en tenant ses deux bras autour d'elle, la regardant, heureux, silencieux. Comme quoi il en était capable. De temps en temps.
Mal d'amour. On n'en guérit pas si facilement. Et il n'existe pas de médicaments. Ni de remèdes. On ne sait pas quand ça passe. On ne sait pas non plus combien ça fait mal. Seul le temps fait du bien. Beaucoup de temps. Parce que, plus un amour a été beau, plus la souffrance de la fin sera longue. Comme en mathématiques ; valeurs directement proportionnelles. Mathématiques sentimentales. (Federico Moccia, J'ai failli te dire je t'aime)
☆ Elwyn & Nea ☆
J’ai toujours voulu faire plaisir à mes parents. Étant l’enfant du milieu, l’enfant oublié, je voulais être dans la lumière. La seule fille, proche de son père mais en retrait face à sa mère. C’était une femme qui n’avait donné son amour qu’à l’une de nous trois. provoquant une rupture entre les trois sœurs. Nell et moi contre Nora. Et puis Nell est morte et je me suis retrouvée toute seule avec cette petite sœur que je ne connaissais pas. ma mère, anéantie m’a une fois de plus rejetée quand j’ai rompu mon mariage avec Macaire. « Ne laisse pas une petite infidélité avoir raison de la vie que tu t’es bâtie. » Mais comment rester avec un homme qui n’a aucun respect pour la femme que je suis ? Et pour le ménage que j’ai construit justement. Je ne pouvais pas. C’était hors de question. Mais elle avait mis quelque chose en lumière. Je n’aurai jamais pu obtenir la garde de Théodore avec la vie que j’avais décidé de mener. Une femme qui quitte son emploi sur un coup de tête, lieu où elle était associée. Incapable de construire une relation stable, entre deux emplois et deux logements. Si je voulais m’en sortir, il fallait que je me batisse quelque chose de stable. Et il fallait que je prenne les soucis point par point. La question de l’emploi étant réglé, il fallait que je mette de l’ordre dans ma vie sentimentale. Elwyn, toujours Elwyn. Elwyn qui me regardait avec ses grands yeux bruns, en quête de réponses et d’incompréhension. "Parfois, je comprends vraiment pas tout ce que tu dis. Et c'est moi le type bizarre? Il se passe beaucoup de choses dans ma tête mais pas ça, promis. Je préfère penser aux mille façons de jouer avec du produit à bulles. Tu savais que ça endormait les fourmis? C'est si mignon quand ça roupille, tu verrais." Je fronçai les sourcils avant de ne pas comprendre pourquoi il me parlait de fourmis. « ne me dis pas que tu as amené des fourmis dans l’appartement ? » J’avais visiblement laissé l’homme avec son esprit loufoque. Et je n’osais imaginer dans quel état j’allais retrouver les lieux. « T’as jamais vu American Pie ? » Des fois, je m’étonnais de son savoir. Nous parlions d’un homme qui inventait des substances collantes car il avait vu une émission dessus. Sauf que là où le professeur certifié y arrivait, Elwyn repeignait l’appartement. Et je devais nettoyer derrière. Ou plutôt faire un lancé de serpillère dans sa jolie petite figure. « Je te jure que si je trouve des choses collantes dans l’appartement, je reprends ma discipline olympique. » Et dire que je n’aurai jamais pensé dire ça trois ans plus tôt. Que le lancer de bâche était une discipline. Je soupirai avant de venir passer une main dans mes cheveux. "Oui, il y a Juanita. Et tu viens de l'offusquer là... Car, oui, même quand elle est pas là, elle voit à travers mes yeux. Attention à toi, elle va broyer tes sous vêtements dans la sèche linge, t'auras été prévenue!" Pourquoi me parlait-il de Juanita d’un coup ? Je ne comprenais pas quel était le rapport entre un escargot et une tortue ? « Mais tu ne peux pas comparer Queen Juanita à un truc qui bave, Wynnie ? Ça n’a rien à voir. Et puis désolée mais un escargot c’est dégueu. Ça bave, ça sent pas bon. Alors que Juanita, elle sent bon. » Je n’étais pas franchement branchée tortue. J’avais surtout mon chien et mon chat. Monsieur Ronron, recueilli récemment qui n’aimait personne. A part Ezechiel. Je ne sais pas comment faisait ce mec gigantesque pour apprivoiser tous les animaux qu’il croisait. Je l’avais vu se tenir aux côtés d’un serpent sans que ce dernier ne le touche. Vu ma passion pour les invertébrés, il était hors de question que je m’en approche de près comme de loin. Je n’en ai pas peur mais loin des yeux, cœur en bonne santé. "Y a pas assez de caractères dans ta description. Au pire, je remixerais un monologue de Shakespeare pour que ça colle, même si t'as l'idée générale." Forcément. Mon grand bavard avait besoin d’en faire des tonnes. « Tu l’écris sur Notes et tu fais une capture d’écran que tu mets en bannière sur Twitter. Le tour est joué. » Bon je n’ai pas twitter. J’ai Instagram. Instagram sur lequel j’ai largement posté des photos de mes vacances en Grèce, du chantier de la boutique et de mon chien. Il devait y avoir une photo d’Elwyn dans tout ce chantier. Là où les gens essayaient d’être esthétiques, je n’en avais rien à carrer. « Au pire tu peux essayer le monologue de la scène du balcon. Ô Roméo, Roméo ! Pourquoi es‑tu Roméo ! Renie ton père et refuse ton nom, Ou, si tu ne veux pas, fais‑moi simplement vœu d'amour. Et je cesserai d'être une Capulet. C'est ce nom seul qui est mon ennemi. Tu es toi, tu n'es pas un Montaigu. Oh, sois quelque autre nom. Qu'est‑ce que Montaigu ? Ni la main, ni le pied, ni le bras, ni la face, Ni rien d'autre en ton corps et ton être d'homme. Qu'y a‑t‑il dans un nom ? Ce que l'on appelle une rose avec tout autre nom serait aussi suave, et Roméo, dit autrement que Roméo, conserverait cette perfection qui m'est chère malgré la perte de ces syllabes. Roméo, défais‑toi de ton nom, qui n'est rien de ton être, et en échange, oh, prends‑moi tout entière ! » Je vins me stopper, le regard brillant avant de me tourner vers lui. Nos visages encore trop près. « J’étais Juliette au lycée. D’ailleurs j’ai échangé mon premier baiser sur cette pièce. » J’ai un sourire lumineux. Sans doute jalouserait-il ce Roméo inconnu. Je ne me rappelai même plus son prénom au pauvre homme. Jeune femme encore candide avant qu’on ne joue pour la première fois avec mes sentiments et avec mon cœur. Avant que je ne devienne cette femme froide en apparence par peur de souffrir. Que je refusai toute discussion sérieuse, par lâcheté. Collée contre lui, dans l’obscurité de l’arrière-boutique, je sens son parfum venir chatouiller mes narines alors que ma tête se réfugie dans le creux de son cou. Première effusion tactile d’une longue série à venir. Désormais un couple officiel qui serait sans doute embûché de hauts et de bas, suite aux idées farfelues de mon compagnon. « Moi, j'en ai trois et je me suis toujours contenté de piquer leurs sèche-cheveux. Enfin, nos parents étaient pas là, faut dire, ça doit jouer dans la balance." Il est vrai que je ne connaissais pas grand-chose de sa famille. Nous en parlions plus tout comme j’évitai de mentionner Nell. La perte encore récente bien que datant de deux années en arrière. Le vide laissé par cette dernière, brutalement disparue qui me dévorait de l’intérieur. « Deux. Nell et Nora. Je suis celle du milieu. » Mon regard se voila d’une tristesse que je ne repoussais plus alors que je continuai de cacher mon visage, mon souffle se répercutant sur la peau nue de son cou. Déposant un baiser affectueux, laissant sans aucun doute une marque de rouge à lèvres. "Je crois qu'ils me castrent si tu fais ça. Est-ce que t'as envie de ça? Après, crois moi, j'ai très très envie de baptiser ton bureau mais les savoir de l'autre côté, ça me coupe un peu... » Je vins redresser mon visage pour rencontrer son regard. ce regard qui me posait mille questions. Ma main descendit dangereusement le long de son torse alors que je fis la navette entre son entrejambe et son visage. « Bizarre, est-ce qu’un pénis est dôté de sa propre conscience car le tien ne semble pas soutenir ta théorie. » Ma main si près, se refusant à lui prodiguer une quelconque caresse car dans le fond, il avait parfaitement raison. Il y avait mieux comme réconciliation que de le faire à la va-vite. Je voulais redécouvrir sa peau du bout de mes doigts la goûter avec mes lèvres et savourer chaque caresse. Pas le faire dans un quelconque empressement bien qu’encore une fois, mon corps s’opposa à cette idée. « Non, je n’ai pas envie qu’on te castre. Je risque encore d’avoir besoin de ton pénis à l’avenir. » J’avais dit ceci d’un sourire, me voulant drôle alors que mes yeux disaient que j’étais sérieuse. « Tu crois qu'on peut passer par la fenêtre? Jouer au Monopoly jusqu'à ce qu'ils partent? Tu dois pas avoir le jeu dans ta réserve. C'est toujours dans ces moments là qu'on a pas ce qu'il faut sous la main. » Je secouai la tête à la négative. Effectivement, je n’avais pas de jeu de société. « Faudrait sans doute que je remédie à ça. Tu sauras quoi m’offrir pour notre rencard. Un jeu de société. Genre, on pourra faire un strip Uno si tu veux. » Le jeu, toujours le jeu. Même si dans cette robe, il n’aurait aucun mal à me dénuder facilement. Bien sûr, j’étais plus vêtue lors de mes journées de travail. Sinon, ça ne serait pas une boutique de fleurs mais une maison close. « Et si on mettait le feu? Non, très mauvaise idée, oublie. Après, on peut toujours avancer sur ta compta pendant ce temps là, j'ai appris deux ou trois trucs dans le domaine dernièrement." » Je me hasarde à lui donner une petite tape derrière la tête. Mais ça n’allait pas bien là-haut. « Mais tu ne vas mettre le feu à Neaflowers, oh. » Je constate cependant que mon père nous a vus puisqu’il me fixe au-dessus de son verre d’un air las avant de me montrer ma mère d’un revers de tête qui doit être en train de tout critiquer avec un de mes amis. « Bon, y’a plus qu’une seule solution. » je me reculai prenant mon air le plus dramatique. « L’un de nous deux doit se sacrifier pour que l’autre puisse s’en sortir. Ne m’attends pas Wynnie, je ne ferai que te ralentir. » Service rendu pour la patrie de la Wynnie. Je vins saluer comme les militaires le font -je crois- avant de hocher la tête puis m’avancer vers mon père. « Taux d’énervement de la matriarche ? » Il me fixe avant de venir coller sa main dans mon dos pour m’attirer vers lui. « Je dirai 75 pour l’instant, Neadorable. Mais tu connais ta mère, un petit Xanax dans le verre et s’est réglé. » il fallait vraiment qu’il arrête de faire ça. Depuis la mort de Nell, ma mère était sous antidépresseurs et mon père en abusait légèrement. Lui filant quelques gouttes de son somnifère ou de son anxiolytique quand elle le saoulait trop. « T’es officiellement avec lui ou c’est encore un truc sexuel ? » Je vins hausser un sourcil. Là où mes deux sœurs tenaient de ma mère, j’avais clairement pris de mon père. « Officiellement. » Il dodelina un peu, venant gratter sa barbe blanchie depuis la mort de mon ainée. « Amène-le au repas dominical. On commence à se faire chier à la maison et je sais que les autres cons amènent Théo. » Les autres cons. Je soupirai alors que ma mère me vit enfin. Et semblait bourrée ou planant à 15,000. Merci monsieur le psychiatre. Arrivage de la bombe dans 3,2, 1… Espérons qu’Elwyn s’en sorte, lui. Parce que moi, elle allait surement m’atomiser.
Elwyn avait arrêté les promesses depuis bien longtemps, il ne les avait jamais tenus. Ce n'était pas si surprenant quand on était né dans une famille d'itinérants entouré de frangines prêts à se servir de leur frère comme d'une poupée pour leur atelier coiffure. Il y avait dès le départ quelque chose qui n'avait pas tourné rond dans l'histoire et rien qu'à cause de cet environnement pour le moins en foutoir constant, Elwyn avait toujours été instable, du genre à dire quelque chose pour l'oublier deux minutes après. Dans le fond, c'était pratique pour lui parce qu'il déversait un flot de savoirs inutiles à la minute sans savoir si ce qu'il avait dans la caboche était inédit pour la personne en présence. Forcément, Cadburry redécouvrait tout sans cesse, un peu comme un poisson rouge enfermé dans son bocal et contrairement à d'autres, il adorait la sensation. C'était un gamin, Elwyn, il s'émerveillait de rien, pour sûr que si on l'invitait à Disneyland, il serait le premier quasi trentenaire à chercher Mickey dans la foule pour prendre un selfie en sa compagnie. Chaque domaine l'intéressait, il voulait tout comprendre, toujours avec un brin d'impatience qui le rendait nerveux et sur les nerfs même dans son travail. Il pestait souvent sur les machines de malheur qu'il était censé réparer et le voir parler tout seul était un phénomène régulier. Il fallait le prendre comme il était, relativement immature mais tout de même attachant malgré sa peur tenace de l'abandon. Elwyn n'avait jamais rien eu sur la longue durée: ses parents avaient toujours promis monts et merveilles à leur fratrie mais rien ne se concluait au bout du compte, pas même une visite du musée ce qu'Elwyn adorait plus que tout, bien entendu. Il avait connu des déceptions et pourtant, malgré les statistiques affligeants de l'humanité qu'il avait gardé en tête, Elwyn y croyait encore. Il avait peut être deux pour cent de chances de rendre heureux quelqu'un avec son caractère de malheur, sa manière irritante de raconter l'histoire des mouches tse-tse ou du loukoum de son feu voisin. C'était faible comme probabilité, même dans le langage d'Elwyn qui voyait le bonheur dans un brin d'herbe ou le fond d'une tasse de thé Lipton. Faible mais pas inimaginable... Après tout, même s'il était un scientifique un peu ringard et paumé, il avait vu ses parents s'aimer sans discontinuer pendant plusieurs décennies, c'était bien qu'il y avait quelque chose quelque part qui pouvait expliquer ce genre de phénomènes... L'amour, qu'on appelait cela parait-il. Elwyn avait bien essayé de regarder N'oublie Jamais avec Nea mais comme le tout manquait cruellement de représentation animale ou scientifique, il avait fini par compter les carreaux sur la chemise de Ryan Gosling pendant la deuxième moitié du film. C'était Elwyn tout craché, si on voulait capter son attention, il fallait mentionner l'espérance de vie des orang-outans qui vivaient à l'autre bout du continent ou bien lui apprendre quelque chose sur la personne qui avait inventé le thermomètre. Autant dire que ce n'était pas évident quand on vivait sur la terre ferme et qu'on avait un âge mental décent... Et pourtant, Nea avait capté toute son attention et Elwyn n'arrivait pas à décrocher. Il avait bien tenté au début de ne pas faire grand cas de ce qui se tramait dans son coeur et dans ses artères mais s'il avait appliqué toutes les théories possibles et imaginables sur lui, rien n'avait véritablement fonctionné. Il n'y avait rien de logique dans ses sentiments, c'était juste là, c'était né d'un rien, d'une hormone qui avait pété sa pile là haut et depuis, il n'y avait pas moyen de le calmer de sa crise d'adolescence retardée. Il n'avait aucun regret, absolument aucun. "Juste dans le jardin, pas dans la maison, je suis pas totalement fou non plus. Enfin, presque. La tarte américaine? Rien que de nom, je sais pas si ça me tente... 'Doit pas y avoir de théorie des trous noirs là dedans, hein." Des sciences, encore des sciences: qu'est ce qu'il pouvait être usant avec cela mais Elwyn avait toujours eu besoin de se raccrocher à ses bouquins et ses émissions pour se sentir vivant. Comment le changer à plus de quarante ans? Nea n'essaierait peut être pas car elle devait avoir conscience qu'elle s'ennuierait sans un énergumène comme lui, autant accepter même ses pires défauts, et il en avait des tonnes à revendre. "Juanita bave, si tu savais. C'est depuis que la voisine a adopté un copain tortue là, je te jure qu'on la perd. Peut être qu'elle est en train de se transformer en escargot ou quelque chose comme ça. On pourra faire un remake de La Mouche comme ça mais avec un scénario plus original!" Forcément, il trouvait que l'idée était merveilleuse et Elwyn était presque en train de trépigner d'attendre que sa tortue termine sa mutation génétique inespérée. Il avait vraiment un souci. De taille. On allait devoir l'aider à s'en sortir mais Nea était là pour le ramener sur terre, enfin quand elle n'était pas en train de clamer de vers d'une pièce de théâtre shakespearienne, là, on ne savait plus tellement qui était le pire des deux. "Moi, j'étais l'arbre dans un remake du magicien d'Oz... J'ai pas connu mon premier baiser mais eh, j'ai créé de la sève artificielle, ça a fait un tabac le jour du spectacle. Bon ok, les acteurs principaux ont pas beaucoup apprécié d'en être recouverts avant la fin du premier acte mais ça arrive les accidents hein." Autant dire qu'il n'avait pas eu une adolescence réjouissante en dehors de sa participation active dans l'équipe de basketball. C'était sûrement ce qui lui avait permis d'avoir une réputation différente que celle du nerd insupportable à parler sans cesse. Elwyn avait même réussi à avoir des copines à cette époque, aussi surprenant que l'idée pouvait paraître. Bien évidemment, avec du recul, Cadburry ne pouvait que capter qu'aucune n'était à la hauteur de Nea mais la chance avait été de son côté le jour où elle avait répondu à son annonce des plus loufoques pour la colocation. Ne plus être seul lui avait fait un bien fou et avait permis de remettre les choses en perspective. Il ne voyait plus ses parents, ne se sentait plus tellement à sa place parmi les gens et on ne pouvait pas dire qu'Elwyn avait fourni le moindre effort pour arranger le situation. Maintenant, tout allait mieux et il ne comptait plus changer son mode de vie, pas tant que Nea en ferait partie, elle qui eut un regard triste en mentionnant sa propre famille. Dans un geste tendre, Elwyn rangea une de ses mèches de cheveux, lui signifiant ainsi qu'il était là désormais et qu'elle n'avait plus à se torturer pour tous les événements tragiques qui l'avaient rendu malheureuse ces dernières années. L'ombre passa néanmoins et il retrouva bien vite sa brune volcanique, elle qui jouait de toutes ses armes pour le désarçonner. Elwyn ne s'était effectivement pas attendu à ce qu'elle tâte la marchandise pour mettre à mal sa théorie comme quoi les parents de la belle dans les parages était un frein à ses pulsions sexuelles. "Je vais me renseigner sur le sujet, ça pose effectivement question." il déglutit comme un idiot avant de retrouver de sa superbe car ils avaient à faire... Enfin, ils devaient trouver quoi faire pour s'en sortir. Nea avait le sens du sacrifice, ce qui allait les sauver assurément. "Tous les jeux en Strip que tu veux... Même si là, m'en parler m'aide pas beaucoup, Nea Bea." Elwyn lui fit un clin d'oeil avant de capter la cohue de l'autre côté, l'heure annoncée pour que Dangar sorte de sa cachette pour aller affronter ses géniteurs. Elwyn resta comme un idiot une minute ou deux, à sourire alentour, évitant soigneusement la matriarche Dangar qui devait l'avoir dans le collimateur. Il n'avait pas spécialement envie d'en finir avec la vie, là, tout de suite, donc il alla parler de fleurs avec des clients quelconques qui avaient l'air ravis d'en apprendre plus sur l'étymologie du mot orchidée. Bien sûr, du coin de l'oeil, Elwyn conserva un regard sur Nea, il venait de la retrouver, pas question de la perdre tout de suite. Il vit que la mère Dangar approchait dangereusement de sa belle brune et comme l avait également le don du super héros, il sortit son téléphone de sa poche pour appeler celui de Nea. Ils avaient bien le droit de prétexter une urgence pour sortir d'ici, non? "Ton chat est malade. Non, Juanita et le chat sont malades. Mieux encore, il y a le voisin qui a perdu ses lunettes, il a besoin d'aide. Sors de là. Tu peux pas mourir, t'es trop jeune et trop belle, Nea!" Il lui fit un clin d'oeil de l'autre côté de la pièce, espérant sincèrement qu'elle saisirait l'occasion en or qu'il lui tendait... Elwyn voulait juste passer un peu plus de temps avec elle avant que l'apocalypse ne leur tombe dessus.
Mal d'amour. On n'en guérit pas si facilement. Et il n'existe pas de médicaments. Ni de remèdes. On ne sait pas quand ça passe. On ne sait pas non plus combien ça fait mal. Seul le temps fait du bien. Beaucoup de temps. Parce que, plus un amour a été beau, plus la souffrance de la fin sera longue. Comme en mathématiques ; valeurs directement proportionnelles. Mathématiques sentimentales. (Federico Moccia, J'ai failli te dire je t'aime)
☆ Elwyn & Nea ☆
J’ai toujours été plus ou moins phobique de l’engagement. Il faut dire que les parents Dangar n’étaient pas un modèle de stabilité. Certes, ils étaient mariés depuis des années. mais je pense que dans le fond, j’avais peur d’avoir leur vie. Une vie plate, sans saveurs. Je me suis déjà conformée une fois à un mariage pour faire plaisir à ma mère. Que l’on remette les choses dans leur contexte : j’aimais Macaire. Je ne l’aimais pas de la même intensité qu’Elwyn mais j’avais des sentiments pour lui. mais je m’ennuyais à ses côtés. Là où je n’arrivais pas à prévoir chacune des réactions de Cadburry, avec Macaire les choses étaient simples. Routinières et comme une horloge suisse. Un coucou parfaitement remonté. Je m’ennuyais énormément à son contact. Je n’ai même pas eu cette culpabilité de la femme trompée, qui normalisait le geste de son époux car elle était trop fade ou autre. non, je me suis sentie trahie, insultée dans mon ego car j’ai toujours eu conscience de ma beauté. Sans être supérieure aux autres mais je savais que j’étais belle et le fait de le voir avec une autre femme, cela m’a filé la nausée. J’ai sans doute eu peur que le schéma se répète, qu’Elwyn me fasse pareil car ma confiance en la gente masculine fut fortement ébranlée. Mais il était différent. Il était unique, si brillant. Et pas seulement par son intelligence. Avec ses phrases sans queue ni tête, qui m’emmenaient dans ses délires. Je me sentais vivante à ses côtés. Le voir ce soir m’a fait prendre conscience que je n’étais pas complète sans lui à mes côtés. je ne sais pas s’il s’agit de ma pudeur ou encore de cette peur incohérente qu’il parte -alors que c’est moi qui l’ai fait- mais je gardais ses sentiments pour moi. car nous n’étions pas mièvres, nous n’étions pas ainsi. Nous étions vivants. "Juste dans le jardin, pas dans la maison, je suis pas totalement fou non plus. Enfin, presque. La tarte américaine? Rien que de nom, je sais pas si ça me tente... 'Doit pas y avoir de théorie des trous noirs là dedans, hein." Je me surprends à rire à nouveau. Il avait cette qualité mon Elwyn. Celle de me faire rire dans n’importe quelle situation avec ses théories plus farfelues les unes que les autres. « Sauf si on juge le manque de matière cérébrale des ados comme étant des trous noirs. En fait, c’est un peu une expérience sociologique. Un groupe de lycéens passe le pacte de ne plus être vierges à la fin du lycée et ça découle sur une série de blagues un peu grasses. Et ça fait passer la gente masculine comme avide de sexe auprès des femmes. » Pas comme lui. Il n’était pas guidé par son troisième membre même si chacun de nos soupirs était intégré dans ma peau. La chair de poule qui habitait cette dernière était très révélatrice de mon ressenti sur mes souvenirs. "Juanita bave, si tu savais. C'est depuis que la voisine a adopté un copain tortue là, je te jure qu'on la perd. Peut être qu'elle est en train de se transformer en escargot ou quelque chose comme ça. On pourra faire un remake de La Mouche comme ça mais avec un scénario plus original!" Cette fois-ci, mon sourire se transforme en franche grimace. Je ne suis pas très fan des insectes ou des invertébrés. « Elle ne bave pas Juanita. Elle est juste amoureuse. Et t’imagine si elle pond des œufs, nous deviendrons des parents de plein de mini-Juanita. Ça serait trop chouette. » Et me voilà partie dans ses délires encore une fois. je pouvais nous voir devant la lampe rouge à attendre patiemment que les œufs éclosent. Je ne serai pas surprise qu’il ait tenté l’expérience sans moi. sans doute outrée oui. "Moi, j'étais l'arbre dans un remake du magicien d'Oz... J'ai pas connu mon premier baiser mais eh, j'ai créé de la sève artificielle, ça a fait un tabac le jour du spectacle. Bon ok, les acteurs principaux ont pas beaucoup apprécié d'en être recouverts avant la fin du premier acte mais ça arrive les accidents hein." Je me perds un peu contre lui avant de le couver du regard. en somme, cela ne m’étonnait pas venant de lui. « Wynnie, tu dois admettre que les incidents avec toi sont fréquents. Je suis souvent engluée dans des trucs bizarres. » Des substances plus colorées les unes que les autres, visqueuses. Je détestai ça. Là-dessus, je tenais de ma mère, elle aussi était maniaque. Mes deux sœurs tenaient de mon paternel qui était assez cool, plus lent. Bon nombre de fois, je me suis demandée comment ma mère avait pu rencontrer mon père. Lui la force tranquille et elle le buffle. Ça donne un mélange improbable. Entre un papy qui parle à deux à l’heure mais qui est champion du lancer de plumeau et ma mère qui passait son temps à nous hurler dessus pour que l’on ait une meilleure vie. Au final, j’ai été une amère déception pour elle puisque j’ai laissé tomber ma vie d’avocate pour faire une profession de « bobo » comme elle le disait si bien. Je pouvais voir à son air pincé, cachée avec Wynnie que cela ne lui plaisait pas. Mes mains se perdent sur le corps du châtain alors que la proximité de nos peaux n’a jamais été aussi palpable que maintenant. Je pouvais sentir sa chaleur à travers ses vêtements. "Je vais me renseigner sur le sujet, ça pose effectivement question." Je peux voir à ses yeux que je le trouble. Je le suis tout autant mais j’ai plus de talent pour le cacher alors que mon sourire s’agrandit, dévoilant mes canines. "Tous les jeux en Strip que tu veux... Même si là, m'en parler m'aide pas beaucoup, Nea Bea." Je penche un peu la tête sur le côté avant de venir me rapprocher de lui, ma poitrine contre la sienne. Mes lèvres viennent doucement se perdre dans son cou, profitant de notre cachette avant de relever la tête. « je ne suis même pas désolée. » Garce. Le mot peut flotter dans l’air. Mais le moment chargé de tensions est mis à mal quand je décide de rejoindre mon père. Et l’informer de la teneur de ma relation avec Wynnie. Je ne connaissais pas trop l’opinion de mon père sur mon ex-colocataire. Pour cause qu’il ne parlait pas beaucoup. Mais alors que ma mère s’approcha de nous, je sentis mon téléphone vibrer sous la masse de post-it collés sur ma poitrine. Merci le générique de Pokémon qui se relève d’une discrétion imparable. Je n’eus même pas besoin de jeter un œil pour savoir qu’Elwyn tentait un sauvetage. "Ton chat est malade. Non, Juanita et le chat sont malades. Mieux encore, il y a le voisin qui a perdu ses lunettes, il a besoin d'aide. Sors de là. Tu peux pas mourir, t'es trop jeune et trop belle, Nea!" Je me tournai vers lui avant de m’empourprer sous ce geste beaucoup trop héroïque avant de prendre un air grave. « Quoi ? Juanita s’est cassée le col du fémur ? J’arrive de suite. » Je raccrochai avant de me tourner vers ma mère qui me fixait sourcils froncés. « Je dois y aller Ma’. Mais on se voit bientôt. Je laisse la boutique à Kenny, mon employé. » Puis, je fis de grandes enjambées pour atterrir à l’extérieur. En titubant. J’avais bu un peu plus d’alcool que prévu finalement. Je me tournai pour attendre que Wynnie me rejoigne. « Donc je suis saoule, dans une robe légère et j’ai aucun endroit où dormir. C’est malin d’avoir donné ma chambre à Juanita. Mais bon si elle doit se remettre aussi. » Je souris, un sourire éclatant avant de lever le regard vers lui tout en lui tendant la main. Il pouvait m’emmener où il voulait, je n’en avais rien à faire.
Sa culture était relativement différente de celle des autres même si, comme tout le monde, Elwyn passait parfois quelques heures devant des films. Il y avait toujours un intérêt derrière ce visionnage, que ce fut en apprendre plus sur un sujet ou voir son amour des animaux partager à l'écran, tout était possible. Cela dit, lorsqu'il était question de films qui ne nécessitaient pas réellement d'user de son cerveau, Cadburry était bon dernier dans l'affaire. Ses neurones étaient juste incapables de se taire: tout allait toujours à cent à l'heure là haut et il n'avait jamais su comment arrêter le flot intellectuel. Ce n'était pas faute d'avoir essayé parfois, surtout dans les moments où il sentait qu'il rendait nerveux la plupart des gens autour de lui. Oui, Elwyn avait réellement fait des efforts pour ne pas paraître si étrange, ou du moins hors de ce monde où la considération de ses congénères étaient très terre à terre. Après sa rupture avec son ex, il s'était permis un petit lifting de son mode de vie: enfin, il avait tenté parce qu'il avait peut être tenu dix jours, grand maximum. Ne pas regarder de documentaires, ne pas lire Geo Magazine, se sentir parfaitement inutile dans un univers qui tournait aussi rapidement que ses pensées, très peu pour lui. Alors, il était vite revenu à ses vieux travers, choisissant d'ignorer les dires des autres, ceux qui ne comprenaient pas un traître mot de ce qu'il pouvait babiller. Tant pis, le brun faisait comme si tout le monde était en mesure de le suivre dans ses délires, même si c'était loin d'être le cas. Ce qui comptait à l'heure actuelle, c'était que Nea arrive cet exploit, le reste n'avait pas la moindre importance pour Elwyn. "Ah bah ça tombe bien, moi qui adore les expériences sociologiques, faudra me montrer ça que je prenne des notes sur l'affaire. Pas sûr que ce soit quelque chose que je comprenne vu comment tu me présentes la chose mais ma curiosité n'a pas de limites, tu me connais." Oh cela oui, Nea avait conscience de tout ce qui se tramait dans la cervelle unique d'Elwyn. C'était ce qui l'avait rendue folle des centaines de fois par le passé, quand ils partageaient quelques pièces de vie et tâchaient de se mettre d'accord sur la procédure à suivre pour le ménage. Autant dire qu'Elwyn partait dans des expériences étranges alors que Dangar mentionnait simplement un passage de l'aspirateur, ce n'était pas de tout repos tous les jours mais la brune avait survécu. Mieux encore, elle était encore là à regarder Elwyn avec une certaine tendresse, ce que l'informaticien ne s'expliquait pas toujours avec tout ce qui lui avait fait subir avant son départ. "Ma Juanita amoureuse? Trop d'événements, je vais être papy, tu penses, déjà? Mais j'adorerais. Dans le jardin, il y a tellement de place pour toutes les mini tortues. Tu crois qu'elles aimeraient participer à la course dans l'arène que je fais tous les ans?" Ce n'était clairement pas des Ferrari qu'il élevait pourtant mais Elwyn n'avait jamais eu des idées classiques. Il avait toujours besoin de sortir de la routine, se réinventer au moins quinze fois par semaine car il n'y avait rien qui détestait plus que cette fameuse ennui qui l'effrayait tant. Nea devait partager son avis au moins à ce sujet puisqu'elle était toujours contente de participer aux idioties du grand brun, même maintenant semblait-il. Certaines choses ne changeaient jamais. "Des trucs bizarres, vraiment? C'était juste du miel mélangé à du lait de coco et de l'eau de pissenlit écrasé, tout de suite c'est bizarre!" Ses blagues avaient clairement tendance à tourner au vinaigre mais Nea se vengeait toujours, c'était ce qui rendait tout cela beaucoup plus intéressant pour Elwyn. Il savait très bien que ce qu'il aimait le plus chez Nea outre son élégante beauté, c'était son répondant et sa capacité à relancer les hostilités avec détermination. Il n'était clairement pas rare au final que leurs délires terminent dans des ébats passionnés, ils n'avaient jamais fait comme tout le monde de toute manière. La preuve vu le petit regard que Nea lui fit avant de continuer son manège dans son cou alors que Cadburry devait déjà être à l'agonie depuis un bon quart d'heure. En un sens tant mieux que la jeune femme dût s'éclipser pour faire honneur à la présence de ses parents, Elwyn put ainsi calmer ses ardeurs et discuter de tout et de rien avec les autres convives. Juste pour un temps. Sauvetage inopiné en vue, éclat de rire en entendant à l'autre bout du fil Nea trouver une excuse scientifiquement impossible. Il finit par la retrouver dehors, toujours en riant en pensant au fameux col du fémur de sa tortue. "Tu crois qu'elle l'a mis où son col du fémur Juanita?" Quelque part sous sa carapace sûrement, la cachette idéale. "C'est vrai que ce serait loin d'être sage de prendre la voiture pour retourner dans la ferme où tu t'es perdue. Mais tu sais que t'as une chance folle... J'ai un lit. Et y a même un canapé pour poser la robe légère si jamais, tout est parfaitement organisé et prévu, tu vois." Elwyn lui attrapa la main en souriant en venant déposer un doux baiser sur sa tempe, quelque chose qu'il n'avait jamais osé faire de peur de se prendre une baffe bien sentie car ils n'étaient pas ce genre de duos avant cela. Ils n'étaient que deux colocataires qui batifolaient avant tout ce drame mais maintenant, c'était différent. "Et je profiterai pas de toi, tu me connais, un vrai gentleman. Je peux même dormir avec Juanita." Ce n'était pas comme s'il l'avait déjà fait mille fois ces derniers mois de toute façon.
Mal d'amour. On n'en guérit pas si facilement. Et il n'existe pas de médicaments. Ni de remèdes. On ne sait pas quand ça passe. On ne sait pas non plus combien ça fait mal. Seul le temps fait du bien. Beaucoup de temps. Parce que, plus un amour a été beau, plus la souffrance de la fin sera longue. Comme en mathématiques ; valeurs directement proportionnelles. Mathématiques sentimentales. (Federico Moccia, J'ai failli te dire je t'aime)
☆ Elwyn & Nea ☆
Elwyn était une usine à savoirs. N’importe quelle femme pourrait se sentir bête à ses côtés, pourrait avoir peur de sa faculté à retenir qu’orchidée veut dire testicule mais pas moi. les débuts furent houleux entre nous. Car je n’aimais pas les histoires farfelues et lui mon côté control freak. Et puis, le temps a fait son œuvre, a dispersé sa magie dans l’air. Je me suis surprise à m’arrêter pour l’écouter, à m’asseoir sur le canapé avec mon bol de crème pour regarder sa chaine scientifique avec lui. pas parce que la chose m’intéressait mais parce que j’aimais passer du temps avec lui. quand j’ai tout quitté, vivant une vraie trahison de sa part, je me suis surprise à regarder sa chaine favorite avec mon pot de glace. Pour certaines, c’est Bridget Jones ou Dirty Dancing, pour ma part c’était un documentaire sur les trous noirs. Tant que ce n’est pas la chaine juridique. Je suis devenue allergique aux tenues d’avocats et aux plaidoiries. Et pourtant, j’étais douée. Le kracken. Je n’ai jamais perdu une seule affaire et il y en a eu. Mais ce job ne m’allait pas au teint et j’étais mieux avec mon petit magasin de fleurs, à vendre de la couleur parfumée aux gens. "Ah bah ça tombe bien, moi qui adore les expériences sociologiques, faudra me montrer ça que je prenne des notes sur l'affaire. Pas sûr que ce soit quelque chose que je comprenne vu comment tu me présentes la chose mais ma curiosité n'a pas de limites, tu me connais." Evidemment, je lève les yeux au ciel avant de venir secouer la tête. Il suffit de placer le mot sociologique dans la phrase et Elwyn se réveille. « Y’a une scène où une femme se touche sur le lit en regardant des magazines pornos. Si je fais la même à la maison, tu prendras ça pour une étude sociologique aussi ? » J’avais murmuré ça de ma voix suave. Le champagne et nos précédents baisers me donnant une hargne dont je n’avais jamais fait preuve à son contact. Et puis, la distance m’a appris à jouer avec mon côté séductrice, mon côté femme. "Ma Juanita amoureuse? Trop d'événements, je vais être papy, tu penses, déjà? Mais j'adorerais. Dans le jardin, il y a tellement de place pour toutes les mini tortues. Tu crois qu'elles aimeraient participer à la course dans l'arène que je fais tous les ans?" J’éclate d’un franc rire en essayant de déceler le sens à cette tirade qui n’a ni queue ni tête. Non mais, cet homme surprendra toujours. Il regorge de ressources, si bien qu’on pourrait s’y noyer. « Tu ne maltraiteras pas nos petits-enfants je te préviens. J’ai un droit de regard aussi. Et oui, si Juanita est amoureuse, on ne peut rien y faire. On vieillit que veux-tu. » Et c’est vrai que mon horloge biologique tournait à plein régime. Depuis que l’on m’avait annoncé mon incapacité à procréer ou plutôt mes difficultés, j’avais pris une sacrée claque dans la figure. Mais le moment n’était pas propice à ce genre de discussion. Je me retrouve donc à faire vagabonder mes doigts sur les avant-bras d’Elwyn tout en me remémorant cette colocation improbable. "Des trucs bizarres, vraiment? C'était juste du miel mélangé à du lait de coco et de l'eau de pissenlit écrasé, tout de suite c'est bizarre!" Je prie un air faussement outré avant de me reculer, une main sur le cœur. « J’ai mis des jours entiers à m’ôter l’odeur et la substance. Je me vengerai tu peux en être certaine. » Et étant donné que j’étais en charge de la cuisine, il allait se retrouver à manger un truc bien indigeste. Et dire que j’avais demandé à cesser les jeux quelques temps auparavant. Quelques minutes et nous revoilà tombée dans nos travers. Moi face à mon père, lui face à Kenny alors qu’il m’appelle pour me sortir de ma mauvaise passe, inventant un prétexte bidon. Et aussitôt je m’eclipse sous le regard outré de ma mère. Plus tard, plus tard. Dimanche au repas de famille. "Tu crois qu'elle l'a mis où son col du fémur Juanita?" Pour toute réponse, je lui sers mon sourire le plus brillant. Ma main vient caresser du bout des doigts sa joue alors que sa bouche continue de parler, parler, parler. "C'est vrai que ce serait loin d'être sage de prendre la voiture pour retourner dans la ferme où tu t'es perdue. Mais tu sais que t'as une chance folle... J'ai un lit. Et y a même un canapé pour poser la robe légère si jamais, tout est parfaitement organisé et prévu, tu vois." Je me rapproche avant de voir ma mère sortir de la boutique. Sans réfléchir, je me retrouve à plaquer Elwyn contre le mur. « Je n’ai pas de voiture, Wynnie. Je l’ai vendu après le départ de Théo pour ma moto. Après, je risque d’avoir un peu de mal à ôter l’attirail que je portais en-dessous aussi. » Je penche la tête sur le côté, battant de mes longs cils pour faire la moue. Lorsqu’il dépose un baiser sur ma tempe, je me laisse aller dans le creux de son épaule. Moment de niaiserie qui n’appartenait qu’à nous. "Et je profiterai pas de toi, tu me connais, un vrai gentleman. Je peux même dormir avec Juanita." Je viens nouer nos doigts avant de relever la tête pour l’emmener à ma suite. « Tu pourrais mais est-ce que tu en auras envie ? Après tout, j’ai changé de crème corporelle et je suis certaine que pour ton étude scientifique, tu voudras savoir quel muscle, j’ai développé et la douceur de ma peau suite à cette nouvelle routine de peau. » Un battement, deux battements alors que je me stoppe en pleine rue, fière de moi.
Il avait beau essayer de tout son coeur, Elwyn ne pouvait pas tout comprendre. Certains mystères en resteraient à cet état et c'était quelque chose qui le frustrait énormément. En un sens, il s'agissait également de sa principale motivation: mettre tout en oeuvre pour percer les énigmes à jour. C'était peut être ce que Nea avait été pour lui dans les débuts car il ne comprenait pas le moins du monde son fonctionnement. Il avait effectivement eu affaire à une femme renfermée qui n'appréciait jamais la moindre plaisanterie de sa part. Elwyn aurait pu arrêter, se contenter de la croiser de temps en temps dans le couloir alors qu'ils faisaient chacun leur vie de leur côté mais en bon Cadburry qu'il était, ce n'était décidément pas une option envisageable pour lui. Alors, il avait insisté, avait continué jour et nuit à creuser au delà de la surface que Dangar désirait lui montrer pour saisir l'essence de la femme qu'elle était. Avec le temps et une motivation sans faille, le quarantenaire avait fini par comprendre qu'il avait affaire à une personne brisée, qui avait passé son temps à faire semblant pour satisfaire les commandes de cette société machiste, autant dire que la joie ne faisait plus partie de son quotidien depuis un moment. A partir de là, Elwyn s'était juré de mettre tout en oeuvre pour arranger cela, pour la faire sourire et lui montrer que l'existence ne s'arrêtait pas aux faux semblants que le monde voulait tous leur faire porter. Lui s'en était défait dès l'enfance en tout cas puisqu'il n'avait jamais réussi à être commun, peu importe les efforts faits pour rentrer dans le moule. Abandonner avait semblé être la meilleure solution pour un garçon beaucoup trop facétieux et bavard pour tout le monde. Cela dit, désormais il n'était plus le seul à entrer dans cette catégorie, pas alors que Nea était entrée dans cette cour au fil de leur colocation, le plus naturellement du monde. "Non, ça, je dirais que c'est de la provocation plus." Est-ce qu'elle allait continuer à le torturer avec ce sourire ancré aux lèvres? Sûrement. On parlait d'une femme qui avait conscience de tous ses charmes et elle avait toujours réussi à les sortir au meilleur des moments pour désarçonner Elwyn. Ou au moins pour le faire taire, une mission pas à la portée de tous mais qui était devenu un jeu d'enfants pour la brune. "Mais c'est pas de la maltraitance, c'est du sport. De toute façon, le temps que les petits naissent, j'ai encore l'occasion de gagner deux ou trois cheveux blancs!" Il avait encore pourtant bien du mal à se dire qu'il avait atteint le cap d'or de la quarantaine tant il continuer à se comporter comme un marmot la plupart du temps. Au fond, Elwyn n'avait pas franchement envie d'endosser le lot des responsabilités communes, c'était ce qui l'ennuyait le plus au monde et il n'y avait rien de plus nocif qu'un Cadburry qui s'ennuyait. Il y avait des risques de destruction d'habitat, voire du quartier dans ce genre de circonstances et personne n'avait envie d'assister à un tel spectacle, vraiment personne. "Tu crois pas que tu t'es vengée pour cent fois en me cachant tous mes vêtements et me forçant à aller jusqu'à la boîte aux lettres tout nu?" Il y en avait certainement beaucoup d'autres des exemples comme celui-là mais Elwyn avait été profondément marqué par celui-là, allez savoir pourquoi. Au moins, il pouvait y repenser en humant l'air frais de l'extérieur maintenant que Nea était sauvée du joug parental, enfin jusqu'à ce qu'elle les cache contre un mur pour ne pas se faire attraper par une mère en colère. "C'est sûr que la moto avec ta robe, ça peut être dangereux." Autant ne pas tenter, non? "J'ai pas dit que j'an ai envie mais, eh, je suis pas un goujat qui profite des femmes qui ont bu. Je serai franchement triste que tu te rappelles de rien demain matin tu vois alors que moi, je me souviendrai de chaque nouveau muscle et le fameux nouveau parfum de ta crème. On est dans le partage, Nea Bea et si tu peux pas profiter des meilleur savoirs inutiles que j'ai pour toi au milieu de la nuit, que te reste t-il hein?" Une tranquillité certaine mais Cadburry n'allait pas s'en rendre compte, suivant Nea en pleine rue, l'entraînant sûrement jusqu'à leur ancienne colocation sans y faire grandement attention. Effectivement, à peine quelques minutes plus tard, le bas de l'immeuble leur tendait les bras. "L'avantage, c'est que tu peux encore changer d'avis, comme le courant alternatif, tu vois. Un courant alternatif périodique de 50 Hz effectue 50 "allers-retours" par seconde, c'est-à-dire qu'il change 100 fois de sens par seconde. Y a pas de limite et toi, t'as tous les choix du monde." Le rendre heureux faisait partie du lot, Elwyn n'ayant d'yeux que pour elle depuis un sacré bout de temps, le montrant assurément dans la façon qu'il avait de la regarder à ce moment là.
Mal d'amour. On n'en guérit pas si facilement. Et il n'existe pas de médicaments. Ni de remèdes. On ne sait pas quand ça passe. On ne sait pas non plus combien ça fait mal. Seul le temps fait du bien. Beaucoup de temps. Parce que, plus un amour a été beau, plus la souffrance de la fin sera longue. Comme en mathématiques ; valeurs directement proportionnelles. Mathématiques sentimentales. (Federico Moccia, J'ai failli te dire je t'aime)
☆ Elwyn & Nea ☆
"Non, ça, je dirais que c'est de la provocation plus." Je partis dans un franc éclat de rire avant de rejeter mes cheveux en arrière. Je savais que j’en serai incapable de toute manière. J’ai certes quelques libertés sur le sexe mais pas à ce point-là tout de même. je parle énormément mais dans le fond, je suis comme toutes les femmes, j’ai un peu de pudeur. Bien que ma robe ne le laisse pas entrevoir. J’essaie de ne pas trop gesticuler sous la tonne de post-it qu’il m’avait collé sur le corps avant de soupirer. « Je te préviens tu vas me les retirer un à un. Ou alors tu penses qu’on peut créer une robe à partir de post-it ? Un rêve pour toi qui pourra écrire ce qu’il veut dessus. » Je dodeline un peu de la tête avant de m’approcher, nos corps étant très près. Mes doigts vagabondent sur son torse développé alors que j’ose me perdre dans ses yeux. « Sauf si tu considères mon corps comme un post-it géant. » Dans le fond, même s’il pensait trop, je savais qu’il faisait attention. A chaque étreinte, il s’est montré d’une patience et d’une douceur qu’on ne soupçonnerait pas pour un homme tel que lui. Elwyn avait cette tendance à vouloir tout terminer avant même d’avoir commencer. Chose à cause de laquelle, il régnait un véritable capharnaüm à la maison. J’étais presque certaine que rien n’avait changé suite à mon départ. Et bien que j’avais versé quelques larmes durant ces derniers mois, maintenant, je savais que nous en avions besoin. Certes, pas d’une aussi grande séparation mais de prendre un peu de recul pour pouvoir réfléchir à ce que l’on voulait. "Mais c'est pas de la maltraitance, c'est du sport. De toute façon, le temps que les petits naissent, j'ai encore l'occasion de gagner deux ou trois cheveux blancs!" Comme pour appuyer ses dires, je vins passer une main dans ses cheveux parfaitement coupés. Certes, c’était un savant mais il n’en avait pas le physique. A part ses lunettes. Je me surpris à sourire et à être surprise par les tendres caresses que je dispensais. « Ouais, si t’arrives à me garder cette fois-ci, on parlera d’un autre genre de bébés. Mais pas maintenant, il faut qu’on s’occupe du cœur de Juanita. » Après tout, nous n’allions pas en rajeunissant lui et moi. et après deux années à se tourner autour, cela n’avait fait que me donner le tournis. J’étais prête à me poser. En faisant attention. Car avec lui, on devait y regarder par deux fois avant de poser nos fesses n’importe où. Vu le nombre de fois où je me suis retrouvée engluée. "Tu crois pas que tu t'es vengée pour cent fois en me cachant tous mes vêtements et me forçant à aller jusqu'à la boîte aux lettres tout nu?" Je pouffais à cette affirmation. C’est vrai. Il ressortait ce côté peste en moi. Je vins enlacer sa taille. « Oh ça va hein, c’était pour le plaisir des yeux. J’ai encore les photos sur mon téléphone. » Je lui servis un clin d’œil enjôleur avant de venir me détacher de lui pour rejoindre le front. Là où mes parents siégeaient. Et encore une fois, Nora brillait par son absence. Je me demandai bien où elle avait pu échouer celle-là. J’avais beau me faire du souci pour elle, le décès de Nell avait tout cassé dans notre famille. Ma mère n’était plus que l’ombre d’elle-même. Mon père ne lui parlait presque plus. Nous étions tous dispersés et j’avais perdu le peu de complicité que j’avais avec ma cadette. Ma mère m’avait forcée à l’engager et elle était si fiable qu’elle n’a même pas daigné montrer le bout de son nez ce soir. Je mentirai si je disais que je n’étais pas triste de ne pas avoir ma sœur auprès de moi ce soir mais la vie était ainsi faite et je ne pouvais pas la forcer. A l’extérieur, je tente de me cacher mon trouble à Wynnie qui fort heureusement trouve le moyen de me parler de ma moto. Je me colle un peu plus contre son corps avant de venir passer mes lèvres dans son cou. "C'est sûr que la moto avec ta robe, ça peut être dangereux." Oui, dans un sens, il avait raison. Je ne pus m’empêcher de lever les yeux au ciel. « j’ai mon pantalon et ma veste dans mon bureau. Toute de cuir vêtue. » Sans aucun doute un fantasme pour beaucoup d’hommes mais le scientifique devait avoir l’esprit bloqué sur mes photos en Wonder Woman. "J'ai pas dit que j'an ai envie mais, eh, je suis pas un goujat qui profite des femmes qui ont bu. Je serai franchement triste que tu te rappelles de rien demain matin tu vois alors que moi, je me souviendrai de chaque nouveau muscle et le fameux nouveau parfum de ta crème. On est dans le partage, Nea Bea et si tu peux pas profiter des meilleur savoirs inutiles que j'ai pour toi au milieu de la nuit, que te reste t-il hein?" Je soufflai bruyamment avant de venir plaquer mes lèvres sur les siennes. Sans aucun ménagement et parce qu’il parlait trop. Je pouvais voir son cerveau chauffer dans sa boite cranienne. « Wynnie, tais-toi et savoure le moment. Et puis, ça ne sera que pour ce soir, espèce d’idiot. Je suis ta copine, bordel. » Je le tirai à ma suite pour qu’on puisse rentrer parce qu’il faisait assez froid le soir. Je doutais qu’Elwyn apprécie d’avoir une Nea congelée dans son appartement. Au pied de l’immeuble, je m’arrêtais pour le regarder et l’écouter. Il ne se taisait donc jamais. "L'avantage, c'est que tu peux encore changer d'avis, comme le courant alternatif, tu vois. Un courant alternatif périodique de 50 Hz effectue 50 "allers-retours" par seconde, c'est-à-dire qu'il change 100 fois de sens par seconde. Y a pas de limite et toi, t'as tous les choix du monde." Ok, j’ai rien compris sauf qu’il parlait de courant électrique. « Mais… qu’est-ce que tu racontes encore ? Nous. Sommes. Un. Couple. Allô, ça s’allume là-dedans ? Je suis ta copine. Tu voulais que je sois sûre de mes sentiments ou plutôt que je sache ce que je veuille nan ? Bah c’est toi alors arrête de me parler des circuits électriques et ouvre cette fichue porte avant que je ne me transforme en stalagmite. Je suis gelée. » Et j’allais sans aucun doute lui emprunter sa douche, histoire de me réchauffer. Et l’emmener avec moi. même si je devais le poursuivre avec la douchette. Après tout, cela ne serait pas la première fois.
Les idées farfelues d'Elwyn ne connaissaient pas vraiment de limites. Il était pratiquement impossible de calmer les ardeurs de l'homme une fois qu'il était lancé dans un projet d'envergure, ce qui arrivait au moins une fois par jour. Son cerveau fonctionnait beaucoup trop vite: c'était là le plus grand drame de son existence. Même quand il dormait, Cadburry était sûrement parfaitement éveillé quelque part car il avait toujours une nouvelle page de son carnet à idées remplie lorsqu'il se levait au petit matin. On ne pouvait pas dire qu'il était un homme facile à suivre et beaucoup de personnes s'étaient cassées les dents en essayant de comprendre le mystère qu'il était derrière ses paroles incessantes. On finissait toujours par se lasser de ses délires grandiloquents et cette incapacité à se taire. Pourtant, il n'avait pas grand chose à dire qui avait un quelconque intérêt pour l'évolution de l'humanité mais le quarantenaire ne possédait aucun filtre au fond de son cerveau. Il fallait toujours qu'il dise tout ce que son cerveau laissait entrer et advienne que pourra. Cette fois, et depuis plus de deux ans, c'était Nea qui devait en faire les frais et toujours tenir le coup face aux excentricités d'Elwyn. Elle trouvait forcément une parade pour le calmer, elle était d'ailleurs la seule à être en mesure de le désarçonner pour que son clapet reste fermé plus d'une minute, ce qui relevait d'un exploit digne du Guinness Book. Pas moins. "Je deviens designer dès ce soir si tu me présentes une idée si merveilleuse! Une robe en post-it, le rêve d'un Cadburry dans mon genre... Mais, si tu le veux vraiment, je pourrais bien sûr prendre un crayon et te parer de tout ce qui me vient en tête, sans que ce soit sur une robe. Je pense juste au nettoyage, va falloir creuser l'affaire, je te le dis." Pour sûr qu'Elwyn passerait des heures à y réfléchir dans un avenir plus ou moins proche car il avait déjà mille idées de design: bien entendu, il ne connaissait rien dans l'industrie de la mode mais utiliser une machine à coudre, ce ne devait pas être si difficile, si? Sa soif de connaissances ne s'arrêtait jamais, un peu comme le flot de ses pensées qui lui permit de faire une ellipse sur le discours de Nea. Tant mieux, en un sens, car au mot bébés, Cadburry aurait sûrement paniqué. "Le coeur de Juanita va rester intacte, j'en fais la promesse devant tous les comics de ce monde. Comme tu le sens, je prends pas l'affaire à la légère." Comme s'il considérait quoique ce fut comme léger, Elwyn était toujours le premier à tout donner pour la moindre cause auquel il portait un intérêt. Heureusement, il avait de l'énergie à revendre en quantité plus que suffisante pour nourrir toute l'humanité, voire plus encore. Si seulement la machine à partager l'énergie avait été inventée, Elwyn aurait pu servir de cobaye de premier choix. A croire qu'il allait falloir se contenter de le supporter plutôt que de partager avec lui une quelconque barre de vie, comme dans les jeux vidéos. Bon courage, Nea. "Me dis pas que c'est sur le Cloud, hein? Au pire, je dirais que c'est mon costume de Deadpool en chair. On y verra que du feu." Il ne voyait même pas que ce pouvait être un drame de se retrouver exposé de la sorte dans les bas fonds d'Internet, Elwyn n'était franchement pas comme les autres. De toute manière, pour la brune, il était capable d'endurer n'importe quoi, comme ce face à face étrange avec ses géniteurs ou n'importe quoi d'autre qui relevait de la torture pour la jeune Dangar. Au moins, ils se retrouvaient désormais seuls et Elwyn pouvait profiter de sa présence sans risquer sa vie et ses attributs sur un piquet à l'entrée de la ville. "Hum, pas mieux que le costume de Wonder Woman." Rien n'était meilleur à ses yeux. Sauf Nea dans sa globalité, bien évidemment. Il ne le cachait d'ailleurs pas vu comment il la dévorait du regard tout en réfléchissant à mille à l'heure puisqu'ils arrivaient devant leur ancienne colocation. Elwyn n'avait pas l'air d'être en mesure de se la fermer, désirant asseoir un fait qu'il avait encore du mal à assimiler: Nea et copine dans la même phrase. "Tellement autoritaire, Nea Bea mais je note, tu peux te relaxer." Il finit par faire tourner la clé dans la serrure et les faire entrer à l'intérieur de l'appartement. C'aurait pu être pire, un genre de Bagdad personnifié mais Elwyn avait retiré le château gonflable dans le salon la veille. Ne restait qu'une reconstitution de la dernière bataille dans Avengers qui prenait plus ou moins toute la pièce de vie. Il avait procédé étape par étape, plan par plan et avait dû sacrifier deux bons jours de son existence pour un tel résultat. "Tu veux boire un truc chaud? Promis, j'ai pas mis d'arôme excrément dans le café ou la tisane. Je peux amener une couverture aussi, j'en ai quelques unes que j'ai pas mises pour faire ma forteresse dans ma chambre. Non, on juge pas, j'étais en phase créative." Il retira sa veste et la posa sur une chaise de la salle, observant Nea avec un sourire, sans rien dire, fait rare pour être souligné. "Tu vois, j'ai rien détruit pendant ton absence." Un miracle, vraiment.
"Je deviens designer dès ce soir si tu me présentes une idée si merveilleuse! Une robe en post-it, le rêve d'un Cadburry dans mon genre... Mais, si tu le veux vraiment, je pourrais bien sûr prendre un crayon et te parer de tout ce qui me vient en tête, sans que ce soit sur une robe. Je pense juste au nettoyage, va falloir creuser l'affaire, je te le dis." Forcément, quelle idée avais-je eu de lui dire ça ? Il allait sans doute essayer de trouver des solutions pour me concevoir une robe en forme de post-it, un truc laid afin de bien me rendre ridicule. Je secouai la tête avant de voir son cerveau fourmiller d’idées. « Il te faudrait mes mensurations pour ça et je ne suis pas certaine que tu les mérites. » J’avais dit ceci en levant le nez avec un petit sourire froid pour le titiller légèrement. Je n’aurai jamais cru durant cette inauguration qu’il viendrait et surtout que cela se déroulerait de la sorte. Après la rancune n’était pas tenace entre nous. Nos sentiments devaient être trop forts pour que nous agissions ainsi l’un envers l’autre. Je voyais dans ses yeux que je l’avais perdu. Je taperai bien sur son front pour le remettre avec moi mais dans un sens, il valait mieux qu’il occulte une partie de la conversation. "Le coeur de Juanita va rester intacte, j'en fais la promesse devant tous les comics de ce monde. Comme tu le sens, je prends pas l'affaire à la légère." De quelle affaire parlait-il ? De Juanita ? Ou de notre potentielle progéniture ? Je fronçai les sourcils avant de venir croiser les bras sur ma poitrine. « Faudrait que je rencontre le monsieur Tortue pour voir. Mais on verra au moment venu. » J’avais déjà accepté d’être sa compagne même s’il ne semblait pas avoir saisi le fond de la chose donc je voulais y aller petit à petit. Même si mon horloge interne et ma mère me faisaient tic-tac pour songer à me reproduire (avec peu de chances), seulement je venais tout juste de le retrouver. Là où lui était très hyperactif, toujours sur batterie, je devais avoir des piles car je me fatiguais plus vite et que j’avais besoin de plus de repos. Même si des deux, j’étais celle qui dormait le moins. Ou alors mon rythme de vie était plus sain que le nerd qui continuait de parler à toute vitesse. "Me dis pas que c'est sur le Cloud, hein? Au pire, je dirais que c'est mon costume de Deadpool en chair. On y verra que du feu." J’eus un petit rire moqueur avant de secouer la tête. « Nan c’est mon fond d’écran. » je lui glissai un clin d’œil taquin pour venir sortir mon téléphone de mon décolleté avant de lui montrer la photo des fesses d’Elwyn en fond d’écran. J’étais certaine que le sien devait être Juanita ou Wonder Woman. Assurément pas mes fesses. D’ailleurs, je m’interrogeai sur une chose que je ne pus m’empêcher de dire à voix haute. « Est-ce que tu me matais avant ? Genre comme moi je regardai tes fesses, always. C’est quoi la partie de mon corps que tu préfères ? » Après tout, j’avais le droit de savoir puisque j’étais la principale concernée. On parlait de mon corps couvert de post-it. Je devais être ridicule. Mais avec Wynnie, je perdais souvent de ma classe. Enfin seuls et à l’extérieur, je me perdis dans ses bras pour venir me réchauffer. Le temps était frisquet contrairement à la Grèce. Et l’odeur du brun vint chatouiller mes narines. "Hum, pas mieux que le costume de Wonder Woman." Mes doigts vagabondèrent sur ses épaules alors que je vins caresser ses lèvres de mon pouce. « Tu baves, fais gaffe. » Ma voix se fit plus suave alors que je frissonnai contre lui. J’allais vraiment finir par congeler donc je m’écartais pour qu’on rejoigne son lieu de vie qui fort heureusement n’était pas si loin. Et le voilà en train de me parler de choses diverses et d’autres. Fronçant les sourcils, je l’intimai de se taire. J’aimais le son de sa voix mais parfois il fallait savoir savourer les petites choses. "Tellement autoritaire, Nea Bea mais je note, tu peux te relaxer." Je poussai un soupir d’agacement avant de le laisser tourner la clé dans la serrure avant d’écarquiller les yeux en voyant le bordel. Mais qu’est-ce qu’il avait foutu encore ? Avec moi l’appartement était impeccable. Mes talons claquèrent sur le sol avant que je ne vienne ôter mes chaussures pour regarder ce qu’il avait foutu. Pourquoi Manhattan se tenait dans notre salon. Enfin dans son salon. Puisque je ne vivais plus ici. "Tu veux boire un truc chaud? Promis, j'ai pas mis d'arôme excrément dans le café ou la tisane. Je peux amener une couverture aussi, j'en ai quelques unes que j'ai pas mises pour faire ma forteresse dans ma chambre. Non, on juge pas, j'étais en phase créative." Je me tournai vers lui avant de faire un signe de dénégation de la tête. « Je pense que je vais aller prendre une douche. C’est bien plus efficace qu’un thé. » Je me penchai pour prendre une petite figurine dans ma main avant de l’étudier. Il avait dû s’ennuyer pour faire un truc pareil. Ou alors était-ce une de ses idées loufoques ? "Tu vois, j'ai rien détruit pendant ton absence." Je plissai le regard en tournant la tête vers lui avant de m’approcher à pas feutrés. « Je suis fière de toi, Wynnie. Vraiment. » Je passais mes mains autour de sa nuque avant de plonger mon regard dans le sien. « Je te laisse me retirer tous les post-it et me les lire. Après tout, je sais que tu rêves de le faire donc lâche-toi. » Je n’allais pas disparaitre comme un mirage et la soirée était encore jeune et n’appartenait qu’à nous.