J’avais beaucoup de projets dans ma vie ces dernières années. Après avoir été humiliée de la sorte par un ex-mari, je ne voulais plus retomber dans les bras d’un homme. Surtout pas un homme comme Elwyn. Dans mon ancienne vie, la gente masculine loufoque me laissait totalement indifférente. Mais cela serait ternir l’unicité du Cadburry que de revenir à le comparer à un autre homme. Il était unique. Non seulement, il alliait parfaitement le côté scientifique et la beauté mais en plus de ça, il pouvait en être si exaspérant que cela le rendait attachant. Mon Deadpool. Le mien. Certes, j’aurai mis le temps car après une pareille trahison ainsi qu’un décès traumatisant, on ne se remet pas en selle du jour au lendemain. Mais maintenant, je voulais saisir l’instant précis à ses côtés. Essayer de lui dire ce que je ressentais avec mes mots. Car lui l’avait fait. Mais moi ? A part lorsque j’en suis venue à lui hurler dessus devant ce café je n’ai jamais rien dit. Il avait raison, je prenais la suite dès que tout cela devenait intense. Je réfutais chaque discussion de peur de me faire enfermer. Car j’avais peur qu’on me brûle à nouveau les ailes. J’ai mis le temps à dissocier Elwyn de tous les hommes qui m’ont courtisé. La chose faite désormais, je pouvais savourer chaque moment en sa compagnie. Même quand le quarantenaire se mettait en tête de bouder comme un petit garçon. "Je crois que c'est mécaniquement impossible qu'il fasse ça... Et avoir des pinces, imagine, je pourrais pas faire tout ce que je réalise au quotidien avec tous les doigts en moins. Les sciences, ça demande de la dextérité. Puis, c'est rigide un homard, non? Faudra que je teste leur souplesse pour être vraiment certain..." Je me tends pour le venir le dispenser d’un coup derrière la tête. Chose habituelle pour nous, geste du quotidien. « je te fais une déclaration et tu songes à maltraiter les homards. Tu pourras rêver pour que je t’en fasse à nouveau, Cadburry. » Je fronçai le nez, faussement vexée. Après tout, j’aurai dû me douter qu’il ne saisirait pas l’image. « Je te préviens que si tu fais des tests sur un seul animal ici, je claque la porte et tu devras ramper jusqu’à la ferme pour me récupérer. » J’étais faussement serieuse car je ne sais pas si je serai capable d’un tel geste. Mais à force d’avoir nourri les bêtes des Blythe, de m’occuper des chevaux ou des moutons, je ne voulais plus en manger. Ou moins. Mais mon régime alimentaire s’en voyait pour le moins perturbé. Et c’était tant mieux, il était temps de changer un peu. "Peut être que t'as raison... Il y a pas une date de péremption sur certains vins? On espère que ce sera pas le cas avec ma bouteille, hein." J’étais sérieusement étonnée qu’il ne sache rien sur le vin avant de le regarder, en haussant un sourcil. « Non. Le vin gagne en valeurs en vieillissant. Ainsi un cru de soixante ans est meilleur qu’un de deux ans d’âge. J’aime bien celui de quarante ans que j’ai en face de moi. Sauf quand il joue les crétins bien entendu. » Je prie le temps de lui faire les gros yeux avant de tourner les talons pour aller sous la douche. J’avais besoin de me laver, de sentir bon, de redevenir une belle femme et pas la chose informe que j’ai aperçu dans le miroir toute à l’heure. Je revins dans la chambre pour déposer le bol de céréales sur sa table de chevet, me collant près de la porte, mangeant le mien debout. "Je suis un homme avec des plaisirs simples, tu sais, j'aime pas en demander trop." Oui, l’éternel gamin. Je fis glisser la cuillère dans ma bouche « Et moi, je ne demande jamais rien. Je fais tout moi-même. » Sauf le sexe bien sûr. Quoique les nuits en solitaire pouvaient s’avérer très agréables. Mais j’avais sous-entendu la chose. "Si on installe un château gonflable, on fait un jacuzzi, deal?" Je le fixai avec un sourire. « Deal. » Je surplombais le tout d’un petit clin d’œil, posant mon bol derrière moi, croisant les bras sur ma poitrine. "Hum, tu m'invites alors? Je viendrai, dans ce cas. Viens au lit et je constate qu'il y a eu du vol de tee shirt dans la salle de bain. Qu'as-tu usurpé d'autre?" J’eus un petit rire avant de passer la main dans mes cheveux encore humides. « Si tu veux que je revienne dans le lit, t’as qu’à venir me chercher. » Je croisai les bras sur ma poitrine avant de le défier du regard comme j’avais l’habitude de le faire. « De même que si tu veux ton tee-shirt, tu sais quoi faire ou dois-je te fournir le mode d’emploi ? » Bien sûr que non mais qu’il se bouge un peu. Il allait finir par prendre racine.

Il allait forcément lui arriver des broutilles un jour ou l'autre parce qu'il ne se connaissait pas de limites, ce cher Cadburry. Quand l'appel du savoir était si fort, il était capable de tout et n'importe quoi, oubliant dans le processus la totalité du monde qui pouvait bien l'entourer. Au moins, Elwyn avait conscience de ne pas être tout à fait comme les autres, même s'il ne faisait pas grand chose pour changer sa façon d'agir afin de s'intégrer au mieux. L'éducation et les valeurs au sein de sa famille avaient toujours été claires: il fallait s'exprimer, prendre autant de place que possible et se laisser aller à la moindre passion qu'on pouvait posséder. Elwyn n'appréciait peut être pas beaucoup le côté itinérant de ses parents, il ne pouvait que les remercier de ce qu'ils avaient pu lui inculquer entre deux road trips aux quatre coins du pays. Elwyn savait à quel point il était rare d'avoir des parents aussi ouverts d'esprit et ils étaient sûrement les rois en la matière: il n'y avait aucun sujet qu'un enfant Cadburry ne pouvait pas aborder avec eux, tout était envisageable et ils avaient toujours tout accepté, fiers comme pas d'eux de chacun de leurs marmots. Elwyn conservait cet art de vivre au quotidien, n'ayant honte de rien et surtout pas de l'homme qu'il était devenu, il regrettait juste d'avoir à vieillir sans pouvoir arrêter ce fichu processus. Il ferait avec, tant que Nea restait à ses côtés pour lui permettre de se sentir plus jeune qu'il ne l'était en réalité. Bien sûr, le brun n'arrêterait pas autant de partir loin, en témoignait la conversation qu'il venait de tenir et qui laissait Dangar certainement déçue d'avoir fait un flop avec une déclaration aussi mignonne. "Fais un panneau alerte déclaration, comme ça je serai en mesure de comprendre les sen cachés sinon, tu me connais, je vais partir sur l'aspect scientifique de ce que tu me racontes et je vas oublier l'émotionnel, on me change pas." Oh que cela, non, mais Nea avait tout de même fini par revenir vers lui sans qu'Elwyn ne comprenne vraiment quelle mouche l'avait piquée pour qu'elle ose revenir en plein enfer cadburryen. "Jamais je toucherai à un animal, je les aime beaucoup trop. Il y a qu'un amoureux des animaux qui saurait que la grenouille des bois "Rana sylvatica" a la particularité de pouvoir survivre en étant totalement congelée. Lorsque son corps est gelé, son coeur s'arrête de battre, le glucose contenu dans ses cellules lui permet de rester en vie. J'aurai pas à ramper du coup, hein?" Il lui fit des yeux dignes du Chat Potté avant qu'elle ne s'évanouisse en direction de la salle de bain et Elwyn se retrouva en tête à tête avec un de ses multiples bouquins, à ce sujet non plus, on n'allait pas le changer, un féru de savoirs comme lui ne pouvait pas terminer une journée sans avoir parcouru quelques lignes à travers ses lunettes. "C'est faux. Tu commandes toujours les pizzas, tu les fais pas, non mais!" Il n'allait pas en démordre parce qu'il aimait la rationalité et prouver que A + B était égal à C, en bon mathématicien qu'il était. Non, les neurones d'Elwyn ne se mettaient jamais franchement en repos, même si le commun des mortels aurait très certainement apprécié une petite pause de temps à autre, histoire de se rafraîchir un peu. Nea, elle, trouvait toujours la parade pour le remettre sur le droit chemin et le forcer à se concentrer sur la situation présente au lieu de rêver de l'écologie ou n'importe quel autre sujet ô combien important à ses yeux. "Ça dépend... Tu l'écris sur l'ordinateur le mode d'emploi? Ça pourrait être sexy à regarder, ça." Il souriait en vue du peu de sérieux qu'il y avait jusque là mais Elwyn s'extirpa de sous les draps, nu comme un ver, pour fondre sur sa proie avec un intérêt certain. Il la souleva de terre et l'amena vers le lit, l'y déposant juste après avoir fait voler son tee shirt de super héros dans l'entreprise. "Est-ce assez efficace pour toi comme méthode?" Après tout, Cadburry pouvait tout à fait en développer de nouvelles, il était réputé pour cela par ailleurs.

Les hommes que j’ai eu dans ma vie, ne m’ont jamais vraiment courtisée. Macaire était un ami de Tom tandis qu’Elwyn était mon colocataire. Je n’ai jamais eu cet aspect de ma vie où l’homme venait vers moi, flirtait avec moi en me complimentant sur ma tenue pour essayer de s’attirer mes faveurs. Il faut dire que je ne suis pas assez patiente pour laisser quelqu’un faire ce genre de choses. Il faut que les choses se passent vite et sans accro. Raison pour laquelle j’ai fini par coucher avec Cadburry une, deux, treize fois. Mais il était différent dans sa manière de m’aborder. Car il m’abondait de savoirs inutiles et que je devais lire entre les lignes. Souvent, il n’était pas facile à suivre d’ailleurs. Je perdais le fil en cours de route. Mais ce qui était important avec lui, c’était le début de la phrase, après c’était du bonus. Je me demandai parfois s’il n’aimait pas plus le son de sa voix que le toucher de ma peau. Car le voilà qui repartait dans tous les sens alors que j’essayai de lui faire une déclaration. Une petite tape derrière la tête et j’avais un Elwyn qui restait dans l’incompréhension la plus totale. "Fais un panneau alerte déclaration, comme ça je serai en mesure de comprendre les sen cachés sinon, tu me connais, je vais partir sur l'aspect scientifique de ce que tu me racontes et je vais oublier l'émotionnel, on me change pas." Je ne peux m’empêcher de lever les yeux au ciel avant de soupirer. « Eh bah je t’en ferai plus comme ça tu démonteras pas mes belles déclarations. Je suis déçue. Tu m’as déçue. Moi qui étais si contente d’être ton homard. » Je pris ma moue faussement blessée avec mes grands yeux bruns, consciente qu’il excellait plus que moi dans ce genre. "Jamais je toucherai à un animal, je les aime beaucoup trop. Il y a qu'un amoureux des animaux qui saurait que la grenouille des bois "Rana sylvatica" a la particularité de pouvoir survivre en étant totalement congelée. Lorsque son corps est gelé, son coeur s'arrête de battre, le glucose contenu dans ses cellules lui permet de rester en vie. J'aurai pas à ramper du coup, hein?" Et encore une fois, le voilà qui me sort le paragraphe texte sur une grenouille inconnue d’une encyclopédie quelconque. J’en oublierai presque ma remontrance. « on verra. Je serai curieuse de voir tous les trésors d’imagination que tu déploierais pour me reconquérir. Car ce soir, c’est moi qui aies fait tout le boulot. » Faux. Encore et encore. Faux, faux, faux. Il était celui qui est venu à la boutique me ramener des fringues et m’apprendre qu’il était divorcé. Je m’étais juste contentée de l’allumer comme une fille facile pour le faire plier à mes exigences. Ce n’est pas vraiment du boulot puisque la robe est en partie responsable. Mais bon, s’il fallait mettre de jolies vêtements pour le faire tomber à mes pieds, je signais tout de suite. J’aime me sentir sexy grâce à un vêtement de premier choix. Bien que je suis presque tout le temps sexy. Sauf quand je dors puisque j’ai cette tendance à baver sur mon avant-bras. Mais ne le disons pas à Cadburry, il serait capable de me sortir une théorie sur la bave. Et je n’avais pas envie d’entendre ce genre de choses ce soir. "C'est faux. Tu commandes toujours les pizzas, tu les fais pas, non mais!" Encore une fois, les yeux vers le ciel. « Faux maintenant je les fais. Et je ne mange plus de pizzas. Tu crois que j’ai eu cette ligne en mangeant des nuggets, des pizzas et des pots de glace. » Oui pour les pots de glace, j’en ai bouffé mais toujours des sorbets, c’est moins calorique. Mais pour le reste, je me suis mise à la diète sévère. « Et tu apprendras cher petite tête bien remplie que mon séjour en Grèce m’a appris plein de choses. » Notamment certaines coutumes sexuelles propres aux Européens. Mais je lui réservais la surprise pour un autre jour. « Comme faire à manger par exemple. » Non faire brûler la nourriture, nuances. Je lui fais un petit sourire, heureuse de mon effet -gamine que je suis- alors qu’il demeurait au lit. "Ça dépend... Tu l'écris sur l'ordinateur le mode d'emploi? Ça pourrait être sexy à regarder, ça." Sérieux, j’allais vraiment devoir lui taper un mode d’emploi ? « Nan à l’ordinateur j’écris des fanfictions érotiques. » J’avais lancé ceci avec une certaine désinvolture puisque je ne m’adonnais plus à cette activité depuis des siècles. A vrai dire, je ne m’approchais même plus d’un ordinateur. Technologie et Nea, c’est la cata assurée. Je me laisse venir vers moi pour m’ôter le tee-shirt et m’emmener au lit. "Est-ce assez efficace pour toi comme méthode?" Je pris appui sur mes coudes pour le regarder avant de faire non de la tête. « Et maintenant tu vas faire quoi de moi ? » Mon regard ne quittait pas le sien alors qu’un petit sourire prit place sur la commissure de mes lèvres. S’il voulait jouer, je pouvais rentrer dans la partie. Curieuse de voir ce qu’il allait inventer.

Il n'arrivait pas à s'épuiser, ce qui devait constituer un réel exploit vu le nombre de mots à la minute qu'il était capable de se dire, sans jamais laisser une petite place à la notion même de ponctuation. Le reste du monde n'en était pas au même stade, c'était certain puisque tenir un quart d'heure en face d'Elwyn relevait directement du miracle, ou du record, au choix. Enfin, c'était un rêve de môme mine de rien de terminer dans le fameux livre des records, même si c'était pour quelque chose en rapport avec sa diarrhée verbale, ce serait un événement pour lui. Non, il n'avait pas plus d'ambition que cela, c'était d'ailleurs énorme que son meilleur ami ait pu le convaincre d'ouvrir une boutique puisque Cadburry n'avait aucun sens des responsabilités mais il le savait, c'était déjà un début. Oui, Elwyn avait bien en tête tous ses défauts mis bout à bout, cela faisait une sacrée liste qui devait mesurer dans les deux ou trois kilomètres à peu près. Au milieu de ce papyrus de fortune cependant, il y avait Nea et ses idées parfois aussi farfelues que celles du brun, même si celles-ci étaient clairement moins ancrées dans le domaine scientifique. Elwyn aimait le fait qu'ils se complétaient si bien, elle boudant juste après lui, une moue faussement peinée se glissant sur son visage alors que le brun venait glisser contre sa joue pour la faire disparaître. Cette fois là au moins, il avait choisi de ne pas surenchérir en paroles, pourquoi faire? Ils n'étaient pas toujours utiles entre eux, même si, il était vrai, la portée d'un discours avait toujours été a priori essentiel pour l'informaticien. Avec Nea, c'était différent, il y avait aussi les gestes et puis, les regards, tant de choses auxquelles il ne faisait pas nécessairement attention avant de la rencontrer mais le tout était venu par la force des événements, de ce destin qu'ils s'étaient forgés ensemble. "T'essaies de me fâcher à nouveau, dis?" Il laissa un regard triste traîner parce qu'il était clair qu'Elwyn avait fait beaucoup d'efforts sur lui-même pour venir jusqu'à l'inauguration de sa boutique, surtout après le scandale qui s'était déroulé quelques jours à peine auparavant, dans la rue. Cadburry en était ressorti avec le coeur en miettes, ne sortant plus de sa boutique parce qu'il avait peur de la croiser et qu'elle le morde à nouveau. Tout cela, c'était du passé, ils avaient grandi ce soir-là et ils étaient capables de communiquer comme de véritables adultes, entre deux jeux idiots de leur cru, bien entendu. "Ah bon? Et bien, tu me montreras tout ça, tu sais à quel point ma curiosité ne connait pas de limite." Nea en avait conscience, bien plus que n'importe qui d'autre vu le nombre de bêtises qu'il avait faites pour attirer son attention, comme se renseigner sur ses hobbies. Il n'était pas un mécanicien hors pair mais Cadburry avait tenté d'en apprendre un peu plus sur les motos parce qu'il voulait voyager dans son monde aussi. "Et un mode d'emploi pour moi, ça n'en est pas?" Et bien, il devrait, Elwyn ferait en sorte de changer le point de vue de la brune en la matière, quand il aurait fini de la traîner au lit, bien évidemment. Cette fois, il n'y eut pas de combat pour qu'il aboutisse à un résultat probant, même si Nea jouait avec ses nerfs d'une autre manière, comme toujours. "J'hésite encore un peu. Je pourrais te forcer à lire mon bouquin là ou bien, tiens, je pourrais te forcer à dormir parce que tu te lèves tôt demain, non? Après si t'as autre chose en tête..." Il releva les sourcils avec cet air rieur collé à ses lippes alors que celles-ci vagabondaient sur tout le visage de Nea, jusqu'à son cou parce qu'elle lui avait tellement manqué que là, sentir son corps contre le sien, c'était tout l'or du monde à ses yeux.

Je ne savais pas où Elwyn trouvait son énergie ainsi que sa bonne humeur. Pour ma part, j’étais plus posée que lui et je montrais moins mon enthousiasme, bien que j’en avais à revendre pourtant. Mais il faut croire que ma jeunesse insouciante s’est envolée quand Nell est décédée. Je n’arrivais plus à faire le moindre mouvement spontané, la moindre chose sans culpabiliser ayant perdu mon roc, mon tout dans cette affaire. Mais pour lui, je pourrais faire un effort. Me faisant tantôt sensuelle ou provocante comme c’est le cas maintenant. "T'essaies de me fâcher à nouveau, dis?" Je laissais mes doigts caresser distraitement la joue de mon compagnon alors que mon regard sondait le sien. Je pouvais y lire une certaine tristesse, chose qui ne me plut pas puisque je détestai voir ce genre de sentiments sur son si beau visage. « Peut-être mais l’information importante est que tu as eu la fille. » Sous-entendu qu’il avait battu tous ses congénères à la course sans réellement le vouloir. Après il s’agissait d’un sprint de deux ans et il n’en était nullement fatigué le bougre. Revenue de ma douche, les cheveux encore trempés, je tardais sur mon amant un regard plein de malice. Il avait cette tendance à faire ressortir l’enfant qui était tapi au fond de moi et qui ne demandait qu’à aller s’amuser avec lui. Nos échanges trop adultes à mon sens s’effaçaient peu à peu alors que je lui parlais de mon séjour en Grèce. J’y étais partie pendant un mois durant avant de migrer vers d’autres pays. Ce besoin d’évasion, d’aller dans les coutumes locales, de sympathiser avec les chats m’avaient fait le plus grand bien. Même si je n’étais pas totalement guérie à mon retour. Très très loin d’être vacciné d’Elwyn, foutu virus qui me vrillait les sens à chaque fois que mes yeux contemplaient sa silhouette. "Ah bon? Et bien, tu me montreras tout ça, tu sais à quel point ma curiosité ne connait pas de limite." Là-dessus, il avait raison. Je savais très bien qu’Elwyn avait plus soif de connaissance que n’importe qui. « J’aurai dû t’emmener avec moi, dis-je avec regrets. » ça n’avait pas été pareil sans lui. Dès que je voyais quelque chose de nouveau, dès que mon regard se posait sur des couples d’amoureux, je m’imaginais avec lui. Avec sa proximité près de moi. J’ai compris au travers de ce voyage qu’Elwyn était mon tout. Mon homard comme je lui avais dit. Et il était rare de me voir exprimer à voix haute des regrets car je ne savais pas comment faire. « Je suis désolée. » D’avoir nagée avec les tortues sans toi. D’avoir été dansée sans toi. D’avoir flirtée avec quelqu’un d’autre que toi. Mon regard se perdit quelques minutes au sol alors qu’un de mes doigts s’enroulaient frénétiquement autour d’une mèche de cheveux. Je ne pouvais pas lui promettre que cela ne se reproduira plus mais au moins essayer. Essayer de faire fonctionner cette histoire qui avait déjà un passif mais comme ce que nous étions en train de vivre à l’instant précis. Et un mode d'emploi pour moi, ça n'en est pas?" J’eus un petit rire. Il avait cette faculté à changer de sujet qui était distrayante. « Tu veux que je t’écrive un mode d’emploi érotique sur ma personne. Je pensais que tu connaissais la plupart de mes zones érogènes. » Mes yeux se firent plus rieurs alors que mon visage lui ne se départissait pas de cette moue avant qu’il ne vienne jusqu’à moi. Mon corps fut saisi d’une chair de poule lorsqu’il ôta le tee-shirt pour m’amener sur le lit. La question fut posée avec désinvolture car je connaissais le châtain. Je savais comment il fonctionnait. A l’impulsion. "J'hésite encore un peu. Je pourrais te forcer à lire mon bouquin là ou bien, tiens, je pourrais te forcer à dormir parce que tu te lèves tôt demain, non? Après si t'as autre chose en tête..." Ma respiration se bloqua dans ma trachée alors que les lippes d’Elwyn se firent joueuses et se perdirent à la fois sur mon visage et dans ma gorge. « Je pense que tu as déjà une autre idée en tête, Wynnie. N’es-tu donc jamais rassasié ? » J’avais demandé ceci sans attendre forcément de réponses alors que mes mains se perdirent dans ses muscles dorsaux, en dessinant les contours. Chacun de mes gestes avait un appui précis, rendant les caresses plus tantriques qu’elles n’auraient dû l’être. Mais nous avions chacun notre jardin secret. Et le mien en l’occurrence recelait de plein de savoirs maintenant que je m’étais abandonnée entre ses bras quelques heures plus tôt. Et il le savait. Que j’étais complètement à lui. Corps et cœur. Pour l’âme, on verra plus tard.

Il n'était jamais vraiment fatigué, son cerveau carburant fatalement à mille à l'heure, même quand il dormait. C'était même dans ce genre d'instants où Elwyn se trouvait être le plus créatif, ce qui pouvait clairement s'avérer dangereux pour le reste de la communauté. Le brun finissait par se réveiller, se lever et se lancer dans une expérience douteuse qui pouvait être source de bons nombres de conflits de voisinage. Heureusement, Cadburry résidait dans un lieu où la plupart de ses voisins étaient soit sourds soit très patients, une aubaine pour un garçon qui n'avait jamais réussi réellement à canaliser son énergie. A l'école, pourtant, on avait bien essayé de faire rentrer le jeune Elwyn dans le moule mais il fallait toujours qu'il passe par les techniques les moins conventionnelles pour apprendre, ce qui était autant une source d'émerveillement que d'inquiétude pour ses enseignants. Au bout du compte, il s'en était sorti, diplômé d'une grande université, un avenir brillant qui l'attendait, si tant était que le brun fasse preuve d'un minimum d'ambition et c'était bien là que le bât blessait parce qu'il n'en avait aucune. Elwyn aimait la simplicité, se perdre dans ses passions et ne pas avoir à rendre de comptes à quiconque. En soi, il avait réussi l'impossible puisqu'il était son propre chef, sauf quand il dépannait sa petite soeur pour quelques clients en informatique mais, il ne l'écoutait pas toujours, forcément. Cadburry était un phénomène particulier et il devait probablement se demander ce qu'il avait réussi à faire comme exploit pour que Nea le regarde d'une autre manière. Les autres femmes qu'il avait côtoyées n'étaient jamais restées très longtemps, toujours usées par ses manières étranges et ses idées farfelues. Il ne leur en tenait pas rigueur, somme toute il comprenait parce qu'il était fou. Enfin, il pouvait croire que d'autres individus le voyaient de cette façon: de son côté, Elwyn se trouvait parfaitement à sa place dans un monde souvent trop enfantin ou au contraire, trop adulte avec les thèses et les recherches à n'en plus finir. Il était simplement lui-même et quelque part, il ne pouvait qu'être heureux que ce simple fait ait pu lui permettre de vivre cette fameuse histoire aux côtés de Nea. Elle n'avait pas l'air d'en être traumatisée alors que le grand brun lui souriait tendrement, sans rien ajouter. Pour une fois. Parler n'était pas toujours nécessaire, même s'il avait bien du mal à se restreindre la plupart du temps: on parlait d'un homme qui avait besoin de se défouler, de prendre le temps de gaspiller toute cette énergie entassée depuis sa plus tendre enfance et il en avait encore et toujours sous le pied, quoiqu'on puisse en penser. "C'est pas grave. C'est que partie remise. Et la prochaine fois, y aura des tortues plus belles encore, voire peut être des orques!" Il était optimiste, toujours et en quelque sorte, heureusement d'ailleurs sinon Elwyn n'aurait jamais tenu le coup jusqu'ici, pas avec l'absence persistante de ses parents et ce rôle de père de substitution à assumer. Allez savoir s'il avait vraiment été efficace dans ce genre de statut, il ne le pensait pas de son côté mais aucune de ses soeurs n'avait l'air d'être trop fracassée, c'était déjà cela de pris. "La plupart, ça veut pas dire toutes si? Puis, tu sais que la lecture, ça me stimule toujours. M'enfin, c'est pas grave tu sais, j'ai encore une pile de thèses à lire sur la croissance des cèpes, ça peut m'occuper un petit moment encore!" Il était très sérieux, c'était certainement le pire dans toute cette histoire, Cadburry ne se rendant pas toujours compte qu'il était totalement à côté de ce qui se jouait dans les interactions sociales. Enfin, pas constamment non plus puisqu'il avait ramené la brune vers le lit pour la mettre à nu une nouvelle fois et en profiter allègrement à grands renforts de baisers et de caresses déposées sur sa peau toujours humide après la douche qu'elle avait prise. "Moi, une autre idée, ah bon? Et bien, rassasié, je sais pas, peut être que j'ai un estomac caché tu vois donc hop, j'ai toujours faim..." Il avait bien évidemment compris ce que voulait dire Nea par ces mots mais il fit semblant, ses lèvres glissant vers la poitrine de sa belle avec plus d'entrain, heureux de pouvoir tout partager avec elle, désormais.

Si on m’avait dit en me levant ce matin que je retrouverai Elwyn ce soir. De manière inattendue et charnelle. J’aurai ri au nez du pauvre fou. A vrai dire, j’ai songé pendant les quatre mois de séparation du quarantenaire que je ne saurai jamais lui pardonner l’affront dont il m’avait fait preuve. Mais j’aurai dû me douter que Cadburry ne pensait aucunement à un acte romantique en épousant la très belle femme vue à l’écran. Cette femme que j’ai jalousé d’avoir osé poser son regard océanique sur celui qui était mien. Femme jalouse, femme possessive mais femme passionnée avant tout. Je n’ai jamais su faire preuve que d’une retenue manifeste en présence de l’Australien. Pas par manque de confiance en lui mais en moi. Un adultère est avant tout une blessure dans l’âme. Trouver son mari en position compromettante avec une femme de caste inférieure alors que j’étais une avocate renommée. L’estime de moi, la suffisance m’ont fait doutée de cette capacité que j’avais à rabaisser autrui via un seul regard. Des insectes. Tout le monde n’était à mes yeux que des insectes tant ils étaient pitoyables avec leurs histoires d’amour grandiloquentes. Après tout, ce cher Elwyn m’avait-il assuré par le passé n’être que très peu tombé amoureux ? Et je me demandais ce qu’il se passait si j’insérai une clé pour ouvrir son cerveau comme dans le comics Locke & Key. Que trouverai-je sous cette petite tête châtain ? Qui aurait-il à l’intérieur de l’esprit actif de cet homme qui avait non seulement fait chavirer mon corps mais également mon cœur. Je ne saurai s’il s’agissait de suffisance ou de pudeur ou alors d’égo mais je ne voulais pas exprimer mon ressenti complet envers lui. Trop faible, voilà ce que mon cerveau me chuchotait comme un Spectrum qui saurait en prendre possession. Je suis trop faible. Et puis, j’avais encore en tête cette métaphore loupée du homard. Car Elwyn représentait bien plus pour moi qu’une paire -sublime- de fesses. Je m’autorisai à sonder son regard, à essayer de déceler quelque chose qui pourrait me faire reculer. Mais la bienveillance, la malice lues me confortèrent dans mon choix. Il était mon essentiel. Celui pour qui mon cœur battrait envers et contre tout. Marin à la barre de ce bâteau que je représentais, pourtant insubmersible. Un regret prit de nouveau l’amarrage au niveau de mon cœur. Celui d’être parti sans lui. Je ne saurai l’exprimer et mon regard se teinta d’une tristesse non feinte. J’avais envie de m’excuser. J’en avais besoin. "C'est pas grave. C'est que partie remise. Et la prochaine fois, y aura des tortues plus belles encore, voire peut être des orques!" Encore une fois, il m’émeut par sa douceur. Mes doigts jouèrent un instant avec sa barbe. « il y aura tout ce que tu veux, Wynnie. » Paroles chuchotées avec une certaine tendresse. Une nouveauté. Il avait connu la Nea quelque peu violente, la Nea qui aimait le contrôle, la Nea qui fuyait ses responsabilités. Qu’adviendrait-il de moi si je dévoilais un pan de ma personnalité que je ne connaissais pas ? Je ne saurai dire puisqu’il est le premier à convoiter sincèrement mon cœur et à l’avoir obtenu. "La plupart, ça veut pas dire toutes si? Puis, tu sais que la lecture, ça me stimule toujours. M'enfin, c'est pas grave tu sais, j'ai encore une pile de thèses à lire sur la croissance des cèpes, ça peut m'occuper un petit moment encore!" Son sérieux me fit froncer les sourcils, les hausser même alors qu’un fin sourire narquois s’immisça sur mon visage. « Tu ne sais pas tout de moi, très cher Elwyn. Il y a encore tant à découvrir mais saurais-tu essayer de déchiffrer ce livre-là ? » Véritable défi alors que ma très longue jambe caressa la sienne ? Mes yeux ne cessaient de chercher les siens, nos iris si semblables et pourtant différentes par leurs émotions. Les siennes brillaient toujours d’une lueur malicieuse alors que je restai sur la Terre ferme. Ses doigts se mirent à jouer avec ma peau encore échaudée par notre dernière étreinte dans la cuisine. Moment de folie, moment dont nous avions besoin pour unir nos corps, pour rattraper le temps perdu. Avides de chaque baiser, chaque caresse. Véritables droguées de ce genre de sensations. "Moi, une autre idée, ah bon? Et bien, rassasié, je sais pas, peut être que j'ai un estomac caché tu vois donc hop, j'ai toujours faim..." Mes fins doigts jouèrent avec ses cheveux alors qu’un gémissement non feint s’échappa d’entre mes lèvres tandis qu’il retrouva ma poitrine. « J’en sais rien, murmurai-je, je me suis dit que tu aurais peut-être envie de me faire l’amour. Mais j’ai dû me tromper. » Non, je ne me suis pas trompée. Mais mentionner l’acte ainsi est une nouveauté. Faire l’amour. J’ai toujours considéré le sexe comme étant un acte charnel, bestial, pour céder aux besoins primitifs. A nos pulsions. Peut-être saurait-il ? D’une main, je le forçai à se relever pour venir effleurer ses fines lippes des miennes. « Apprends-moi, susurrai-je contre ses lèvres. » Me voulant sans aucun doute plus sensuelle que jamais. Incapable de dissimuler le désir qu’il faisait naître au fond de mes trippes mais voulant encore et toujours prendre mon temps. Car nous avions l’éternité devant nous. Et qu’elle nous appartenait.

Ils allaient arrêter d'y penser, à cette douloureuse rupture qui datait désormais de quelques mois maintenant, de cet instant qui les avait définitivement transformés, quoiqu'ils puissent en dire, l'un et l'autre. Du côté d'Elwyn en tout cas, l'évidence était forte, le départ de Nea l'avait bouleversé et il n'avait pas vraiment réussi à retrouver la terre ferme durant ces longues semaines où elle voguait vers de nouvelles contrées, très loin de lui. Il avait essayé de tout mettre dans un coin fermé de sa tête parce qu'il avait toujours mille pensées à la minute, heureusement pour lui dans ce cas précis sinon il aurait eu tout à loisir de devenir complètement fou. Sans sa chère Nea dans sa vie, il ne savait plus tellement ce qu'il valait, sûrement pas grand chose parce que le grand Cadburry avait juste tendance à écoeurer les autres avec ses grandes idées et son énergie dépensé dans des lubies incompréhensibles. En conséquence, il s'était juste senti totalement seul, perdu face à lui même, à ses choix aussi parce qu'il avait été suffisamment idiot pour croire qu'il pourrait mener à bien son expérience sociologique tout en conservant la belle Dangar dans les environs. Il s'était bien évidemment fourvoyé sur la question mais la souffrance que le tout lui avait prodigué n'était qu'un vieux souvenir maintenant qu'elle était là à nouveau, qu'elle caressait sa peau et faisait preuve d'une toute nouvelle tendresse, définitivement quelque chose qu'il n'avait jamais vu d'elle jusqu'ici. On pouvait le dire, Elwyn appréciait cette nouvelle tendance, ce qu'il prouva par un sourire avant de déposer un bécot contre ses lèvres. La situation leur échappa bien vite, forcément, puisqu'il fallait mentionner des idioties plutôt fiévreuses, de quoi lancer un challenge au Cadburry. Il aimait cela, répondre à Nea avec un air innocent alors qu'il avait très clairement des idées derrière la tête: il était clair qu'Elwyn n'était pas né de la dernière pluie et il avait fort conscience de sa libido, depuis un sacré moment même. "J'y mettrai tous mes moyens, ne t'en fais pas." Et le concept commençait dès aujourd'hui alors qu'il laissait ses doigts pianoter contre la peau parfumée de savon de la jolie Dangar. Bien vite, ce furent ses lèvres qui accompagnèrent le tempo et il ne put que sourire face au constat de la brune, elle l'avait percé à jour, bien évidemment. "Peut être... Peut être pas..." Il releva ses sourcils comme un dandy du mercredi avant de sentir Nea le ramener vers ses lèvres, lui qui se donna à coeur joie dans la fièvre de ce baiser. Il était si fou d'elle qu'Elwyn avait l'impression que son coeur pouvait s'arrêter de battre dans la minute à venir sans qu'il n'ait le temps d'y faire quoique ce fut. L'enfer était en effet loin de lui au moment où elle susurra ces deux mots contre ses lippes, les dents de Cadburry venant mordiller d'une des siennes alors que sa main descendit peu à peu contre son corps pour passer entre ses cuisses. Il ne savait pas où le monde les mènerait mais s'il était question de faire l'amour avec elle, Elwyn répondait présent pour offrir le meilleur de lui, et surtout dans un seul but, pour la sublimer, elle. Son unique amour.

Trente cinq ans, une belle année. Je n’aurai jamais cru durant ma jeunesse pouvoir tomber amoureuse. Un luxe pour certaines personnes, banni de ma vie à tout jamais. Pourquoi me direz-vous ? Car l’amour nous fait perdre le contrôle. Nous ne sommes plus régis par notre cerveau mais par notre palpitant. Myocarde versatile, impossible à dompter tant il se veut fougueux. J’avais l’impression de me redécouvrir sous les doigts du Cadburry. De sentir ma peau se sensibiliser sous chacun de ses gestes. Mes réactions étaient clairement biaisées puisque je devrais toujours lui en vouloir. Femme tenace, femme rancunière, femme possessive et possédée. Je ne supportais pas qu’un homme ait l’ascendant sur moi, pensant donc le fait d’être dans une relation de couple comme une faiblesse. N’étions-nous pas remis au bon vouloir de notre moitié. Qu’elle soit homme ou femme ou autre. je n’ai jamais réellement aimé les caractérisations de sexe ainsi que l’emploi d’un terme masculin lorsque la chose se veut neutre. Perdue dans les yeux ambrés de mon amant, je reste cependant sans voix. Du moins, je n’ai pas les idées aussi claires que j’aurai aimé. Maitresse de mes émotions, toujours vouloir garder ce contrôle. Histoire de ne pas avoir de débordement. Tendresse nouvelle envers cette petite tête châtain bien remplie. Il représentait un tout et je me sentais comme un rien. Une sorte de ying et de yang. La démesure, le contrôle. Le savoir, le pragmatisme. Elwyn était un rêveur, là où je me voulais plus cartésienne. Aussi loin que je me souvienne, le père noël n’a jamais existé, le lapin de pâques non plus ainsi que la fée des dents. J’ai toujours réfuté ses croyances et pourtant, il y en a une qui ne s’exacerberait jamais. Celle de croire en lui. J’avais une confiance démesurée en moi, pouvant me faire paraître hautaine alors que lui devait trouver tout ceci sexy. « Je te fais confiance, murmurai-je alors que son large corps surplombait le mien, ne la gâche pas. » Comme une carte triche, comme une partie que nous avions débuté deux ans auparavant. J’ai vu mon cœur se briser en mille morceaux, alors pourquoi revenais-je sans cesse vers lui pour le déposer à ses pieds ? Ma main droite vint se raffermir sur son poignet afin de le poser sur mon sein, endroit où mon cœur battait de manière mesurée. Même dans un moment intime, je gardais la maitrise de mes émotions. Mon autre main se posa sur sa bouche pour qu’il ne tergiverse pas à nouveau. « C’est une déclaration, imbécile. Ne gâche pas tout. » Il m’avait demandé de le prévenir. Lui qui avait ce besoin de tout décortiquer, de tout commenter. Mon sourire se fit moins enjôleur, moins assuré, plus intimidé car le moment était exclusif. Nous n’en avions jamais connu de similaire. "J'y mettrai tous mes moyens, ne t'en fais pas." Je laissais mon regard analyser le sien, baiser échangé, paroles tues et pourtant ressenties. Sa chaleur m’enveloppa de nouveau alors qu’il restait résolument maitre de mon corps que je n’osai bouger en-dessous. Je restai docile pour une fois. les griffures, le tirage de cheveux -quoique les siens sont résolument courts- et la passion dévorante arriverait sans aucun doute plus tard. J’avais promis de lui laisser les commandes pour la soirée. Femme dominatrice pourtant, aimant les positions où l’homme est au-dessous et entre des cuisses fermement tenues Je voulais cependant apprendre à dominer cette fougue. Ne plus être une jument sauvage, courant à toute vitesse en solitaire. J’avais besoin de mon étalon. De cet étalon pour être plus précise. "Peut être... Peut être pas..." Vile joueur. Ma main dériva le long de sa colonne vertébrale du bout de mon index. « Tu es trahi. » Trahie par sa virilité qui semblait prête à me posséder de nouveau. J’eus un sourire contre ses lèvres, baiser perdu, mots chuchotés. J’avais cette soif avide d’apprendre. Apprends-moi à t’aimer aurait pu sembler plus juste. Le fougueux australien en vint à mordiller mes lèvres alors que ses mains se firent joueuses. Désirant me mettre aux supplices. Délicieuse torture, attisant les braises restantes de notre précédente étreinte. Mon regard se vrilla au sien alors que mes doigts suivirent le mouvement des siens sur ses fesses galbées pour se positionner entre nous deux. L’entrainerais-je donc dans ma chute ? Car tels deux amants désormais réunis, nous ne tomberons jamais l’un sans l’autre. Plus jamais du moins.