« Je suis prête. » que je déclare, forte, fière, stoïque, avant de laisser mon air averti passer à une expression horrifiée en une fraction de seconde. « J’te jure, je le suis. » « Elle l'est pas. »  « J’t'ai entendue, Noah. »  « C'était le plan. » et je pique une course vers les escaliers, les monte en trombe, passe vers la chambre, m’assure d’avoir attrapé mon portable et son chargeur, au cas où une urgence - ou un selfie de Auden à faire semblant de torturer Pizza - soit textée durant la semaine abroad. À bout de souffle, aucune trace de mon téléphone, je réalise qu’il est bien plongé dans la poche arrière de mon jeans, depuis le début. Sérieux Gin, respire. « Je l’étais, je… merde. » « Maman, ton language. »  Noah : 1, Ginny : -10.

Mon sprint à l’étage est rythmé par mes excuses et la recherche de quelque chose qui n'existe probablement pas, et le rire, que dis-je, le soupir, d'Ezra que je devine alors qu’il verra bien que je n’ai jamais vraiment changé. Le stress-pré-voyage toujours aussi présent, et les débuts de trouble obsessionnel compulsif qui remontent à chaque fois que je dois m’absenter pour un moment. « Presqu’à l’heure, t’as vu ça! » cinq minutes plus tard et je finis ma sixième ronde en me plantant devant lui, la mine d’une gamine ravie, l’oeil brillant, et le sourire niais de celle qui tente de camoufler sa capacité à être toujours en retard 24/7 en faisant dans le déni le plus grand et le plus assumé.

« Moi ma valise était prête déjà. »
« Ouais c'est parce que je l'ai faite pour toi. »
« Si t'es comme ça au début du voyage tu viens pas. »
« Si t'existais pas, je t'inventerais. »

Et si on arrête pas de s'envoyer des vannes et de se tirer la langue dans l'entrée, c'est vrai qu'on aura du retard. Sa faute, pas la mienne.

L’idée avait été lancée un peu au hasard, à dire vrai. Parce-que Ezra était parti à l’aventure pour une fois dans sa vie, et que Noah l’avait regardé avec des grands yeux tellement étonnés par la vie, et que Ginny était venue là ajouter en riant que visiter ces mêmes espaces serait amusant. Le petit avait sauté sur l’occasion pour venir y ajouter ses détails et ses envies, le blond avait levé les yeux au ciel en pensant d’avance aux araignées qu’ils auraient sur leur chemin, et la demoiselle avait déjà planifié les étapes en avance dans son esprit.

Tout était prêt, tout était en marche. Les trois joyeux lurons s’étaient donnés rendez-vous pour une semaine d’aventure à travers une partie de l’Australie. Le plan était simple: Ezra passait chercher Ginny et leur fils chez elle, avant d’aller à l’agence de location de van. Ensuite, l’aventure leur tendrait les bras, le ventre en poupe et les rires en écho.

Tout était prêt, tout était en marche. Noah avait son sac à dos déjà sur le dos lorsqu’Ezra était arrivé chez la jeune femme. Il lui avait sauté dans les bras et avait déjà décrit avec précisions les dix prochaines heures du voyage - il était impressionnant lorsqu’il agissait de la sorte. Il savait déjà le nombre de kilomètres à parcourir entre chaque ville et les spécialités de glaces qu’il pourrait manger en chemin. Ezra, de son côté, avait simplement eu le temps de préparer la glacière pour le premier déjeuner et le goûter derrière, et ce fut avec un rire raisonnant à travers toute la maison qu’il entra dans la bâtisse.

Tout était prêt, tout était en marche - sauf Ginny qui courrait à travers toute la maison, en long en large et en travers. Noah se moquait de sa mère, Ezra s’osait à venir ajouter un soupire et un autre de plus alors qu’elle tentait de les convaincre que promis, elle était enfin prête. « Et si vous avancez pas je pars sans vous, donc tout le monde en voiture, on se dépêche ! » Le jeune homme, le rire aux lèvres, vint attraper le sac à dos de Noah alors que Ginny en profitait pour fermer la porte de la maison. L’aventure leur tendait les bras et ils étaient enfin prêts à partir. « T’as pris tout ce qu’il fallait, sure de sure ? »

La maison est noyée de papiers et d'indices, de post-it et d'une chasse au trésor nullisime qu'Auden adorera détester pendant les prochains jours. C'est ma manière à moi de l'embêter même à distance. À ça s'ajouteront les selfies de front et de menton et les Facetime où Noah lui racontera tout ce qu'il a mangé dans la journée comme si c'était une information essentielle à la survie de tous et chacun.

« Et si vous avancez pas je pars sans vous, donc tout le monde en voiture, on se dépêche ! » « C'est pas beau les menaces Ez. » que je pouffe de rire, une attaque de bisous entre les oreilles de Pizza plus tard. Le chien tourne et tourne encore, nous suit dans notre carnage jusqu'à la porte d'entrée. Lui qui dit adieu à sa façon pour les sept prochains jours à celui qui le laisse grimper sur la table sans dire un mot, à celle qui lui donne des bouchées de croissant sous la table dès qu'il les demande. « T’as pris tout ce qu’il fallait, sure de sure ? »

Le soleil est immense, la journée est parfaite. Il y a Noah qui sautille déjà, libre comme l'air sans son sac de mille tones sur ses épaules. Et quand je me retourne vers Ezra, la porte de la maison verrouillée et les lunettes de soleil bien braquées sur mon nez, c'est le plus grand et le plus confiant des sourires que j'arbore. « Absolument pas, je suis sûre de rien du tout et c'est certain que j'ai oublié la moitié de ce dont on allait avoir besoin. » au moins, dans les faits, il est averti.

***

Le premier arrêt est tout sauf un arrêt qu'il a visité durant Race of Australia parce que blablabla Ginny je peux vraiment pas te dire attends septembre je sais que c'est loin mais promis je dirai rien même si tu fais ces yeux-là et surtout si tu fais cette moue-là.

Le premier arrêt officiel donc, c'est Coochiemudlo Island. On a prévu grignoter un truc à Victoria Point et profiter du parc naturel en bord de d'autoroute pour se dégourdir un peu les jambes après une petite heure et demie à conduire dans les embouteillages. Le ferry viendra ensuite vers l'île, l'île qui nous abritera pour la nuit. C'est le parfait kit du petit campeur que Noah s'assure pour la millième fois d'avoir bien sous la main, lui qui s'est faufilé à l'arrière du van maintenant que j'erre sur le pont de l'immense bateau en direction de Coochiemudlo.

Ezra arrive dans l'angle avec des gobelets que j'espère être de café, mais qui doivent sûrement être de thé au gingembre et au miel. Parce que je suis enceinte et surtout parce qu'Auden a dû lui partager la liste des horribles, tous les trucs que j'ai donc pas le droit de boire ou de manger. L'horreur. « Les paris sont ouverts : ça lui prend combien de temps pour monter la tente ce soir, tu penses? »

« Absolument pas, je suis sûre de rien du tout et c'est certain que j'ai oublié la moitié de ce dont on allait avoir besoin. » Il vint lever les yeux au ciel en feintant trouver ça abusé, alors qu’un rire venait se frayer un chemin entre ses lèvres. Il était étonné de rien là, Ezra. Ginny était née tête en l’air et aurait oublié des choses de toutes façons même si elle avait fait douze listes et les avait suivi à la lettre. « Et bien, ça commence bien. » Qu’il vint râler faussement alors qu’il claquait la portière de la voiture.

***
Le premier arrêt qu’ils avaient prévu pour ce voyage ne se situait, en réalité, pas très loin de Brisbane. Qui plus être, il n’avait pas réellement prévu exactement leur premier arrêt, ni le deuxième et tous ceux d’après, ils avaient improvisé une fois le van parti à rouler en direction de la sortie de la ville. Ce n’était pas faute d’en avoir discuté pendant plusieurs heures les jours précédant le départ, pourtant. Mais ils n’avaient pas réellement réussi à se mettre précisément d’accord alors ils avaient décidé qu’ils verraient au fil de leur avancée. Pour l’instant, une soirée camping sur Coochiemudlo Island était au programme ce soir et ça plaisait à tout le monde. Noah s’imaginait déjà aventurier dans la jungle le temps d’une soirée, et il mit un temps fou à vouloir sortir du van. « Mais papaaaaaaa ! » « C’est pas moi le capitaine du bateau, Noah, et il a décidé qu’on avait pas le droit de rester dans les voitures pendant la traversée. Hop, sors de là. » Il avait râlé mais avait fini par prendre son sac à dos pour s’aventurer désormais à bord du navire.

« Les paris sont ouverts : ça lui prend combien de temps pour monter la tente ce soir, tu penses? » Petit sourire aux lèvres, Ezra vint rejoindre Ginny un peu plus loin sur le pont alors que Noah naviguait déjà là où il voulait - il faisait toujours comme il voulait de toues façons. Il lui tendit l’un des deux gobelets qu’il avait déniché au petite café de l’étage, celui qui ne contenait pas de café mais un thé qui lui ferait plus de bien que de mal. « Je parie entre dix minutes et deux heures - attention, c’est chaud. » Il fit un pas pour se reculer et venir s’asseoir sur le banc faisant face à l’étendue d’eau. La baie était calme ce soir. « Dix minutes s’il abandonne parce-qu’il en a rapidement marre, ce qui est probable. » Aucun des deux n’était dupe sur le caractère de leur gamin. « Deux heures s’il décide de s’appliquer et qu’il prend son mal en patience. » Un petit sourire malicieux se glissa sur ses lèvres. « Mais je parie plus facilement dix minutes que deux heures. »

Fallait pas être devin pour se douter que Noah serait survolté de vivre son premier vrai roadtrip sur les traces pas vraiment traces de son père. Si survolté, que le premier arrêt devait être relativement proche, autrement il aurait facilement fini par tourner comme un lion en cage à l'arrière du van. Le van d'ailleurs, il est incroyablement cool. Il est exactement comme celui qu'on rêvait d'acheter à l'époque, celui qu'Ezra devait retaper pour qu'il puisse nous guider à travers le pays qu'on s'était juré d'un jour visiter d'un bout à l'autre. Les personnages ont changé mais l'histoire s'adoucit avec, l'aventure est belle encore à sa façon, elle est probablement même meilleure.

« Je parie entre dix minutes et deux heures - attention, c’est chaud. » j'éclate de rire, mes mains sursautant à peine lorsque j'attrape le gobelet de thé bouillant que j'attends sagement avant de goûter sous son conseil. La brise agite ses mèches dans tous les sens, ils se ressemblent encore plus Noah et lui en l'instant.  « Dix minutes s’il abandonne parce-qu’il en a rapidement marre, ce qui est probable. » une main libre vient replacer une couette et une autre sur la tête d'un Ezra pensif, lui qui s'installe sur le banc appuyé sur la structure métallique du ferry qui nous guide à l'île. « Deux heures s’il décide de s’appliquer et qu’il prend son mal en patience. » ma silhouette à moi s'appuie sur les rambarde, faisant dos aux flots mais face à la petite terreur des sept mers qui s'est apparemment fait pote avec une mouette presque domestiquée.

« Mais je parie plus facilement dix minutes que deux heures. » « Dormir à la belle étoile me fait pas peur, mais si on en arrive là je vais faire la pire crise de l'humanité ça sera drôle. » ou pas du tout. Faut croire que mon humour est aussi douteux qu'il est malicieux. Et après, c'est censé être moi, l'une des deux figures d'autorité de ce voyage. « Faut lui trouver un moment où utiliser la boussole. Il en parlait dans son sommeil encore hier tellement il a hâte de se perdre. » j'éclate de rire, attendrie de voir Noah qui s'approche à pas de tortue de l'oiseau qui menace à chaque seconde de s'envoler sans jamais revenir. « Y'a un truc que tu veux absolument faire pendant le voyage? » les étapes changeant au gré des kilomètres parcourus, ça reste tout de même important pour moi qu'il en profite autant que notre fils aka le petit garçon le plus heureux de l'Univers en l'instant.

« Dormir à la belle étoile me fait pas peur, mais si on en arrive là je vais faire la pire crise de l'humanité ça sera drôle. » Il vint lever les yeux au ciel, le sourire amusé coincé aux coins des lèvres. « J’attends de voir ça alors. » Parce-qu’il y avait autant de chances que Noah ne perde pas patience, que Ginny ne vienne piquer une crise. Les deux étaient prévisibles, les deux avaient leur caractère - et Ezra pouvait connaître leur réaction en fonction de ce dernier et des situation qui se dresseraient devant eux. « Faut lui trouver un moment où utiliser la boussole. Il en parlait dans son sommeil encore hier tellement il a hâte de se perdre. » Buvant une gorgée de son café amer - Ginny ne loupait finalement pas grand chose -, il releva un regard malicieux vers la jeune femme. « On peut lui faire utiliser dès ce soir et comme ça on sera débarrasser pour le reste des vacances. » Une vieille dame passa derrière eux à ce moment là, glissant son regard depuis Ezra jusque la petite tête blonde que Ginny ne lâchait pas des yeux un seul instant, avant de venir secouer la tête. Apparemment, le second degré n’était pas de mise aujourd’hui, mais ça n’empêcha pas de venir laisser échapper un petit rire. « Bon, apparemment, c’est pas une idée envisageable. Donc il faudra qu’on le perde mais qu’on le retrouve, désolée de te l’avouer. » Il vint faire un petit clin d’oeil à la demoiselle.

« Y'a un truc que tu veux absolument faire pendant le voyage? » Inspirant une bouffée d’air, Ezra vint plisser quelque peu les yeux, se laissant un instant de réflexion. La vraie partie aventure, dans un roadtrip, il avait déjà expérimenté quelques semaines plus tôt grâce à Race of Australia. Aujourd’hui, s’il était reparti, ce n’était pas pour ce penchant là de ce voyage. Se tournant sur place sur le banc, venant reporter son regard sur le gamin qui s’agitait dans tous les sens alors que la mouette qu’il tentait d’apprivoiser avait compris son stratagème et s’était envolée, un sourire vint s’étirer sur les lèvres du père attendri - sans qu’il ne s’en rende compte. « Pour vrai, la seule chose que je veux absolument faire pendant ce voyage… c’est le rendre heureux. » Haussant les épaules, tentant de ne pas trop monter à Ginny ses joues qui avaient légèrement rosies, il préféra laisser échapper un petit rire. « Surtout parce-que sinon on va en entendre parler pendant deux siècles si on respecte pas son programme à lui. » Il pouvait parler, en réalité il ne trompait personne, Ezra.

« On peut lui faire utiliser dès ce soir et comme ça on sera débarrasser pour le reste des vacances. » j'éclate de rire, la checklist qui passera sûrement de dix items à quarante autres au fur et à mesure qu'on en cochera un tellement Noah reste la tête pleines d'idées sans jamais les filtrer. « Oh imagine si on met un aimant dans la poche de sa veste en plus, il va être furieux. » les pires parents de l'univers qui se regardent avec l'oeil brillant, avec le sourire qui résonnent tout autant. On est jugés par une dame lambda qui m'arrache un rire timide que je cache de mon mieux derrière mon gobelet. « Bon, apparemment, c’est pas une idée envisageable. Donc il faudra qu’on le perde mais qu’on le retrouve, désolée de te l’avouer. » mon soupir est trop exagéré pour être authentique. « Il aurait fait un incroyable enfant-loup quand même, quel gâchis. » au centre du livre de la jungle, Noah serait un véritable petit héros, lui aussi.

Le regard du papa le plus terrifié par les araignées que je connaisse quitte mes prunelles pour se visser sur la silhouette enjouée de petit bonhomme qu'on a créé il me semble y'a une vie de ça. « Pour vrai, la seule chose que je veux absolument faire pendant ce voyage… c’est le rendre heureux. » « T'es tellement cheesy Ezra Beauregard. J'oublie toujours à quel point. » un nouveau rire, un nouveau soupir, mais surtout un immense sourire qui naît sur mes lèvres. « Surtout parce-que sinon on va en entendre parler pendant deux siècles si on respecte pas son programme à lui. » « Cheesy et brillant. Drôle de mélange. » Noah mérite le mieux, toujours. Il en a tellement bavé que si chaque journée pouvait le rendre plus heureux encore que la précédente, Ezra et moi on sentirait fort probablement que c'est là où vraiment on a réussi.

***

La plage de Coochiemudlo Island est à perte de vue, le van est bien fièrement stationné à un point qui donne sur un panorama d'horizon incroyable. Les gars sont en train de s'obstiner sur je ne sais plus quel item sur le menu qu'on a planifié pour ce soir, et moi, la plus lourde des lourdes, je me charge de prendre des dizaines de milliers (juste ça) de photos. Tout dans la scène est prévisible, tout dans la scène est parfait aussi. « Je savais que ça aurait été plus simple si on avait juste apporté de la pizza et du chocolat. » que je pouffe, croquant dans une carotte parmi les légumes qui sont arrangés et qu'eux semblent se donner tant de mal à cuisiner.

Ce n’est pas le boulanger ni les fermiers qui pourront l’aider à trouver la réponse à sa question. Peut-être aurait-il besoin d’une sorcière pour lui expliquer la différence entre le tofu mou et le tofu ferme. Il a finalement acheté les deux mais il louche sur les deux contenants depuis dix minutes déjà. Il n’est pas une voyante : il n’arrive pas à lire leur caractéristique à travers leur texture blanche et très louche. Aussi louche qu’un loup blanc qui tente de se camoufler au travers une meute de loups noirs. Peut-être devrait-il tout révéler à un confesseur : il ne sait pas ce qu’il doit cuisiner avec ces pâtes à base de végétaux. Il doit ressembler à l’idiot du village, à cet instant-même. Pas une seconde il ne pense à faire une recherche sur internet parce qu’il n’est vraiment pas le plus futé des cuisiniers. Ses ancêtres étaient probablement des chasseurs parce que la simple vue de ce tofu indéchiffrable commence à lui donner envie de se faire livrer un poulet entier. Il soupire. Il jette un coup d’œil à son téléphone et voit le prénom de Ginny dans ses contacts. La première petite fille qui lui a adressé la parole quand il n’avait que huit ans. Il hésite plusieurs secondes en se demandant si ça vaut vraiment la peine de la déranger pour l’interroger quant à ses connaissances en plats végétariens. « Eh puis zut. » Il lance l’appel et pose le combiné contre son oreille. La sonnerie tinte à plusieurs reprises avant que la jeune femme ne décroche de l’autre côté du fil. « Salut Ginny, je te dérange ? » Il demande, posant ses deux coudes sur le comptoir. À l’écoute du son du moteur ambiant, il comprend que ce n’est effectivement pas le bon moment pour l’appeler – et, de toute façon, y’a-t-il réellement un bon moment pour appeler quelqu’un pour lui parler de tofu mou et ferme ? « Aaaah, laisse tombe, ça n’a pas d’importance. J’allais te demander un truc con. Allez, salut, on se revoit bientôt ! » Il s’exclame avant de raccrocher, reposant sur les deux cubes blancs qui semblent maintenant le narguer.    

Et pourtant, il vint détourner le regarder, le porter ailleurs pour ne pas que ça se voit, pour cacher le fait que ses joues pouvaient se mettre à rosir à la suite des mots qu’il venait de prononcer - mais elle était plus maligne que lui, semblait presque avoir anticipé la chose et les réactions. « T'es tellement cheesy Ezra Beauregard. J'oublie toujours à quel point. » Il vint lever les yeux au ciel mais ce ne fut pas pour autant qu’il détourna son attention du gamin courant partout et toujours à deux doigts de se casser une jambe. « Cheesy et brillant. Drôle de mélange. » Au moins, il avait gagné un second adjectif avant que la traversée de la baie ne soit terminée.

***
« Fais attention à tes doigts, elles sont bien dures les carottes. » « Non mais je saiiiiis j’ai l’habitude ! » « Oui, mais je veux pas aller te faire recoudre un doigt. » « Beurk papa ! » Et une carotte vint lui échapper des mains, à Ezra. « C’est sale maintenant. » « Mais non regarde. » Il vint passer le légume sous l’eau pour retirer les saletés qu’il aurait pu attraper, avant de reprendre la découpe. C’était long, c’était fastidieux, mais c’était nécessaire s’ils voulaient dîner quelque chose ce soir. Ils se trouvaient désormais au milieu de nulle part et il ne leur était pas possible de simplement démarcher la supérette du coin pour repérer un plat tout préparé tout fait. Il fallait qu’ils travaillent dur pour réussir à se nourrir.

« Je savais que ça aurait été plus simple si on avait juste apporté de la pizza et du chocolat. » Ezra vint laisser un petit rire s’échapper d’entre ses lèvres, « Ton mélange l’autre jour était affreux. » Rien que de repenser au goût, un frisson lui parcourait l’échine. « Et on sait tous les trois que c’est toi qui a mis ces légumes là sur la liste des courses. » Parce-que Ezra n’était même pas capable de tous les nommer et pourtant il venait de tous les couper. Il finit par attraper l’appareil photo que Ginny tenait entre ses mains pour venir jeter un œil aux clichés qu’elle avait capturé. La lumière était belle, et Noah portait fièrement son plus beau sourire. « Elles sont bien... mais pas complètes. » Alors, avant qu’elle ne dise quoi que ce soit, il vint prendre rien photo de Ginny qui regardait les légumes, qui écoutait Noah, dont la lumière lui rendait bien plus justice à elle qu’à lui.

L'appel de Raphael survient pile au moment où c'est la guerre entre les carottes, Ezra, Noah et les ustensiles de plastique qui serviraient d'armes blanches de pacotille si un jour les garçons devaient se rendre dans les tranchées.

« Fais attention à tes doigts, elles sont bien dures les carottes. »
« Non mais je saiiiiis j’ai l’habitude ! »
« Oui, mais je veux pas aller te faire recoudre un doigt. »
« Beurk papa ! C’est sale maintenant. »
« Mais non regarde. »

J'y peux rien si je suis la pire des arbitres, si mon seul boulot une fois la ligne raccrochée sans avoir pu aider mon ami consiste à piquer des carottes dans leur réserve et à essayer au passage de ne pas être celle à qui on devra incessamment recoudre un doigt dans le processus. « Ton mélange l’autre jour était affreux. » « T'as pas d'âme. » à ses munitions s'ajoutent les miennes, sa pique à laquelle je réponds d'une langue tirée et d'un éclat de rire espiègle qui casse toute tentative que je pourrais un jour avoir de jouer les adultes. « Et on sait tous les trois que c’est toi qui a mis ces légumes là sur la liste des courses. » mes paumes se lèvent l'une l'autre en l'air en signe de drapeau blanc. Tout juste avant que de ma voix la plus officielle je ne scande un « Je parlerai pas sans la présence de mon avocat. » qui perd de son lustre avec les bouchées de carottes qui se logent grossièrement entre mes dents et au creux de mes joues.

Leur boulot à eux est de s'assurer qu'on ne meurt pas de faim et qu'on ait notre dose de vitamines. Le mien de boulot, est d'immortaliser chaque seconde au mieux à l'aide de mon argentique. Quand Ezra retire l'appareil de ma nuque pour passer la sangle autour de la sienne, c'est un aller simple vers memory lane qui vient se glisser directement entre nous, un autre parmi tout le reste. « Elles sont bien... mais pas complètes. » l'appareil dont il sait parfaitement se servir après toutes les heures mises à me le voler, le déclic familier qui provient de ses doigts agiles alors que je sens d'office l'objectif qui est braqué sur moi. « Mamannnn fais un VRAI sourire! » alors je grimace et je louche, je tire à nouveau la langue et ajoute les pires grimaces au compteur rien que pour alléger la touche de nostalgie à laquelle je ne m'attendais pas être si férocement confrontée en une seule et petite seconde. « Juste si tu manges de VRAIS légumes! » la négociation prend fin quand Noah gobe l'entièreté d'un concombre en quatre bouchées. Lorsque je redresse la tête pour faire un vrai sourire à Ezra à travers la lentille, c'est comme si on venait d'être propulsés dix ans en arrière en un claquement de doigt.

***

« C'est sa tactique pour ne pas monter la tente finalement. P'tit génie du crime. » que je râle sans vraiment râler, Noah assoupi au fond du van après avoir chassé les vagues tout le reste de la soirée. Il a la peau bariolée de soleil, il a encore des kilos de sable dans les cheveux et elle ronfle la terreur qu'il personnifie. Lui que je blottis entre des coussins et des couvertures, lui que je m'assure de border en ajoutant le plus délicat des baisers sur son front.

Ez a entretemps dégainé les instructions, et on a pas été hyper brillants sur ce coup-là quand la lune bien haute dans le ciel et la quasi absence de clarté rendront la tâche un petit peu plus compliquée. La lampe de poche dans mon sac que je sors à sa suite pour l'appuyer contre un arbre en bordure de l'espace de camping sur lequel on passera la nuit. Puis, ce sont mes yeux en plus des siens qui s'attardent à comprendre le fonctionnement du truc, des piquets à la toile en passant par le matelas à gonfler.

« Mamannnn fais un VRAI sourire! » La malice était présente à la fois dans la voix et dans le regard de Noah, alors que Ginny s’amusait à jouer avec l’objectif afin de rendre les clichés les plus ridicules possibles. Mais il s’en fichait, Ezra, et il vint faire cliquer l’appareil à plusieurs reprises. Il connaissait encore par cœur les meilleurs angles de la demoiselle et ceux sous lesquels les clichés seraient encore plus drôle qu’à l’origine. « Juste si tu manges de VRAIS légumes! » Noah se rua sur la première chose verte qu’il vint trouver sur le comptoir de la cuisine de fortune alors qu’enfin, elle vint étirer ses lèvres en un sourire, un vrai. Clic, c’était dans la boîte argentée et les souvenirs dans leurs boîtes crâniennes.

***
« C'est sa tactique pour ne pas monter la tente finalement. P'tit génie du crime. » Ils vinrent avoir un petit rire commun, tout léger et presque inaudible, alors que Ginny remettait les coussins en place autour du gamin pour être sure qu’il soit au plus confortable. « Je suis sur qu’il avait planifié ça depuis le début. » Ezra vint déposer un baiser sur le front du gain endormi avant de sortir du van pour s’atteler au montage de la tente.

Noah s’en sortait bien, il n’aurait pas à mettre la main à la pâte mais dans tous les cas, il aurait pas d’été d’une grande aide. En effet, déjà les sourcils d’Ezra venait se hausser sur son visage en lisant les instructions alors que Ginny arrivait derrière lui avec une lampe torche - l’idée était vraiment bonne puisqu’en dehors de la lune, ils ne possédaient aucune autre source de lumière. « Merci. » Il dit un ou deux pas en direction de la jeune femme afin d’ajuster le papier comprenant les instructions jusque sous le faisceau de lumière. « Je pense qu’on va y passer un bout de temps. » Il eut un petit rire qui vint s’échapper d’entre ses lèvres alors qu’il jetait un œil au matériel à leur disposition. Les arcs et arceaux posés à même le sol, alors que les toiles à tendre se trouvaient sur la table de camping, étaient pour sûr en train de narguer Ezra - il le savait il le sentait. « Ok, tu m’indiques et je monte ? » Car clairement, il ne saurait faire ça seul. De plus, sa patience risquait d’en pendre un coup.

D’ordinaire, lorsque le Beauregard allait faire du camping, il réussissait toujours à se défiler au moment où il fallait monter les tentes. C’était l’épreuve de Thomas ça, de venir faire le guignols avec les tiges et tout autre élément sortant du sac contenant la tente. Aujourd’hui cependant, il n’avait pas le choix que de prendre le taureau par les corne et de s’y coller. « La toile bleue C’est après ou avant le grand arceau gris ? Et celui qui est orange je le mets quand ? » Il manquerait plus qu’un coup de vent il ferait parachute avec la toile.

Ce sont les ronflements les plus adorables du monde qui me donnent la seconde suivante l'impression d'être un discours né uniquement pour nous narguer. Noah dort à poings fermés, entouré de toute la cargaison de couvertures et de coussins qu'on a pu embarquer dans le van à défaut de traîner avec une tente qui se monte toute seule et qui nous éviterait bien des maux.

Ezra alterne entre rires et soupirs quand pour ma part je tente d'être la plus utile possible en alignant chaque pièce au sol de la plus petite à la plus grande, y allant en dégradés de couleurs l'instant d'après. Entre lui, le petit frère qu'il personnifie et qui laissait toujours la tâche à Thomas ou à Ian quand on campait avec les Beauregard à l'époque, et moi, l'artiste qui a déjà réussi à se planter deux échardes dans le même doigt sans savoir où j'ai bien pu accuser un bout de bois durant mon périple, on est bien loin de finir la soirée avec un toit par-dessus nos têtes.

« La toile bleue C’est après ou avant le grand arceau gris ? Et celui qui est orange je le mets quand ? » « On a une toile bleue? » que je demande, perdue et hilare, retenant mes rires derrière ma paume pour ne pas en plus de ça réveiller Noah. Ce n'est même pas mon instinct de mère qui veut s'assurer qu'il bénéficie d'un sommeil réparateur. C'est plutôt mon ingratitude d'adolescente dans un corps d'adulte de ne pas vouloir me retrouver face à face avec ses moqueries lui qui ne manquera pas l'occasion de nous dire à quel point on est nuls de pas savoir comment monter une tente blablabla je l'ai appris avant d'apprendre à marcher moi. Gamin de l'enfer.

« T'sais ce que je disais à propos de dormir à la belle étoile - » que je laisse glisser, lui tendant ce qui ressemble à mes yeux le plus à l'arceau gris dont il rêvait tant une poignée de minutes plus tôt. « - si on se réveille avant lui demain matin il saura même pas qu'on a pas monté la tente. » par pas monté bien sûr que je veux dire pas réussi à la monter à cause du vent, de la lune, de la nuit, de l'Univers en entier qui nous en a empêché. Rien de plus.

« On a une toile bleue? » Se débattant un instant, Ezra finit par réussir à sortir sa tête d’une toile qui n’était définitivement pas bleue, regardant Ginny avec un air un brin paniqué dans le regard. Et elle vint en rire, en essayant de ne pas trop faire de bruit pour être sure que Noah ne soit pas réveillé - même si avec tout le bruit de froissement de toiles et les soupires qui s’échappaient d’être ses dents à lui, il y avait fort à parier que le rire de Ginny ne saurait le réveiller.

« T'sais ce que je disais à propos de dormir à la belle étoile - » Haussant un sourcil intrigué, mais surtout intéressé, Ezra vint attraper l’arceau gris que la jeune femme lui tendait. Un coup d’œil à l’état de la toile de tente et à l’endroit où l’arceau était censé se glisser et il savait d’avance qu’il s’était planté quelque part. « Hm ? Ca m’intéresse, dis moi. » Il était à deux droits d’abandonner de toutes façons. « - si on se réveille avant lui demain matin il saura même pas qu'on a pas monté la tente. » Ce fut au tour du Beauregard d’avoir un petit rire. Dans toute cette histoire, il était vrai que le seul point qui posait soucis, c’était de ne pas mettre au courant Noah qu’ils n’avaient pas réussi à monter une simple tente. Alors, délicatement - toujours dans l’objectif de ne pas réveiller le gamin -, Ezra vint reposer les éléments de la tente à même le sol. « Et si on laisse ça comme ça, il pensera qu’on a déjà commencé à démonter pour pas perdre de temps et pour aller plus rapidement à la prochaine excursion. » Le plan était en train de s’élaborer, de prendre place dans leur tête. « Et comme ça on gagne l’award des meilleurs parents en fin de semaine. T’en penses quoi ? »

Vu que l’histoire de dormir à la belle étoile semblait être à deux doigts d’être actée par les deux partis, Ezra vint plutôt attraper le matelas pneumatique afin de le gonfler rapidement. Au moins, ils dormiraient de manière assez confortable pour du camping improvisé à la belle étoile. « Et s’il se réveille en pleine nuit, c’est quoi l’excuse ? »

« Hm ? Ca m’intéresse, dis moi. » est la seule confirmation dont j'ai besoin pour lui exposer le plan du soir, la supercherie grâce à laquelle on arrivera sûrement à se gratter un peu de répit dans tous les sens du terme. Sans finir borgne avec une tente à moitié montée et dangereuse de surcroît.  « Et si on laisse ça comme ça, il pensera qu’on a déjà commencé à démonter pour pas perdre de temps et pour aller plus rapidement à la prochaine excursion. » « "On est tellement à l'avance sur l'horaire qu'on peut même aller prendre le petit-déjeuner sur la plage bonhomme!" » que je résume, usant de ma voix la plus fausse et maternelle, mes paupières qui battent la mesure illuminées par la lampe de poche allumée que je colle, presque macabre, sous mon menton. « Et comme ça on gagne l’award des meilleurs parents en fin de semaine. T’en penses quoi ? » « Je pense qu'on peut même ajouter rusés à meilleurs dans la dénomination. » le highfive de rigueur que je lui propose comme entente au plan machiavélique qui a mille raisons de ne pas marcher dans une seconde comme dans dix autres.

D'ailleurs, faille numéro un : « Et s’il se réveille en pleine nuit, c’est quoi l’excuse ? » je prends le temps de rapatrier couvertures et coussins délaissés, les aligne sur le matelas qu'Ezra a déjà commencé à brillamment gonfler. « S'il se réveille je me réveille aussi - j'irai me cacher dans les buissons et je lui ferai la peur de sa vie il se souviendra de rien d'autre. » avoir un sommeil léger et être prompte aux insomnies depuis que je suis gamine ont ses avantages. C'est là où la dame qui nous a jugés sur le ferry nous juge encore, d'où elle peut bien être en l'instant.  

Le matelas a bonne allure, les allumeurs de feu sont donc ma nouvelle lubie. Allumer quelques étincelles me semble bien plus facile que de monter un appartement à quatre chambres et vingt étages comme la tente m'en donnait l'impression. Les quelques bouts de bois que je réaménage quand Ezra revient à mes côtés, le lit maintenant fait et prêt à être bercé par une nuit entière sous un ciel parfaitement dégagé, étoilé. « C'est pas parce qu'on a pas de tente qu'on peut pas avoir de smores. » une guimauve grillée quasi brûlée que je glisse entre deux biscuits, le chocolat me coule sous les doigts quand je lui tends son dessert express et qu'en trame de fond on entend mon feu crépiter, les flammes avec. C'est Matt qui m'a appris y'a des années de ça au chalet familial en campagne de Londres. Depuis on en a fait une compétition avec les McGrath à savoir qui sait allumer le feu plus gros en premier. Puis, la seconde suivante, mes doigts refont le trajet inverse, le privant de son smores pour une malicieuse seconde, une seule. « Attention, je partage juste avec ceux qui me laissent le côté droit sans chigner. »

Le soleil était derrière l’horizon depuis quelques temps déjà lorsqu’ils s’était enfin décidés à monter leur campement - regarder Noah courir dans les vagues et s’entraîner au barbecue étaient des choses bien plus intéressantes jusque là. Cependant, ils se trouvaient désormais à devoir dormir à la belle étoile car incapables de monter une simple tente. Au moins, leurs sourires étaient au beau fixe et l’amusement dans leurs yeux. « "On est tellement à l'avance sur l'horaire qu'on peut même aller prendre le petit-déjeuner sur la plage bonhomme!" » Et il vint pouffer, Ezra, a l’entendre élaborer des plans dans lesquels ils pouvaient tous les deux feinter et faire en sorte que Noah ne soit jamais au courant de leur supercherie. « Je pense qu'on peut même ajouter rusés à meilleurs dans la dénomination. » Le Beauregard vint hocher la tête, sourire venant traverser de part en part son visage. Ils étaient vicieux mais ils étaient heureux.

« S'il se réveille je me réveille aussi - j'irai me cacher dans les buissons et je lui ferai la peur de sa vie il se souviendra de rien d'autre. » Un ou deux coups sur la pompe et le matelas fut confié et prêt à l’emploi. Ginny vint y jeter là le couvertures qu’ils n’avaient pas cédé déjà à leur fils, alors qu’elle continuait d’élaborer leur plan plus que branlant. « Il partira en courant et sera sage pendant tout le reste du voyage. Peut être que je vais me réveiller pendant la nuit, finalement. » Il faudrait peut être rajouter les plus affreux sur leur prix de parents de l’année. « Je pourrais manger sa part de glace comme ça. Et toi tu pourras lui faire manger une part supplémentaire de légumes en lui rappelant le monstre des buissons s’il obéit pas. » Comme s’ils réussiraient à arriver jusque là dans leurs plans, comme si le gamin allait se laissé berner autant de temps.

Le lit fut fait en deux temps, trois mouvements, alors que la demoiselle venait remettre quelques morceaux de bois dans le feu. Ce dernier projetait une lumière douce sur le van, et une chaleur appréciable en cette soirée d’hiver. « C'est pas parce qu'on a pas de tente qu'on peut pas avoir de smores. » Ezra vint mettre une main sur son cœur, feintant une expression soulagée. « J’ai eu si peur que tu m’en proposes jamais. » Il mentait, jamais elle ne l’aurait laissé dans une passe de doute de la sorte - ou du moins, il l’espérait fortement. Sa bouche était déjà grande ouverte prête à accueillir la douceur du chocolat mélangé à la guimauve qu’elle vint lui couper l’herbe sous le pied, reculant sa main contentant le biscuit. « Attention, je partage juste avec ceux qui me laissent le côté droit sans chigner. » Bouchée bée, il vint poser ses poings sur ses hanches. Il n’était pas bon comédien, déjà les commissures de ses lèvres se soulevaient dans un sourire. « Et si je voulais le côté droit aussi ? » Venant agripper le bras de la jeune femme, il l’attira a lui afin de venir croquer dans le biscuit - droite, gauche, il essayait de viser l’un ou l’autre mais surtout le droit pour venir l’embêter. Elle avait cependant bien assuré sa prise et ses arrières, et il ne put attraper que le côté gauche. Il reprit la parole la bouche pleine. « T’as eu de la chance. » La ressemblance entre Ezra et Noah était d’autant plus flagrante présentement, alors que la guimauve lui collait aux dents et que le chocolat dégoulinait de ses lèvres. Le rire, allant de paire avec le reste, sonnait comme celui du gamin également.

Et ce fut vers ce dernier que le regard du jeune homme vint se tourner, alors qu’un bruit se fit entendre derrière eux. « Tu penses qu’il a senti l’odeur du chocolat ? » Ou plutôt tu penses qu’on rit trop fort et qu’il nous a entendu serait plus juste et plus adapté, mais ce serait admettre que les enfants dans cette histoire c’était eux et le plan n’était pas à ça.