On se livre un peu autour de ce verre de whisky. On parle de nos attentes familiales, je mentionne la pression que me met mes parents pour avoir des enfants, puis je mentionne mon frère et ma sœur lui demandant s’il en a lui aussi. « La même, un grand frère et une petite sœur. » Mason est l’enfant du milieu. Il ne s’éternise pas, comme à la question précédente lorsqu’il a parlé de ses parents, comme si la distance était présente. Je ne pose pas plus de questions, nous ne nous connaissons pas, ce n’est pas mon rôle de lui tirer des informations.

Les verres de whisky et les confessions terminées, on part à la recherche d’un nouveau défi. Mason semble penser qu’un stand de plats exotiques pour faire un concours de qui sera le plus gros mangeur est une bonne idée. Moi j’en suis bien moins persuadé quand je vois arriver les plats. Autant les escargots ça allait encore j’ai réussi à finir l’assiette avant Mason. Autant les insectes grillés je laisse la victoire à Mason qui en mange plus que moi. Quant à la mygale, je manque réellement de vomir et heureusement le chrono s’arrête avant qu’un de nous deux n’ait terminé son assiette. Je me plains des idées de Mason. « J’avais envie de tester tes limites après la patinoire, mon chéri ! » Je le fusille du regard avec de prendre un sourire narquois. « Si tu crois que je vais perdre tu rêves ! » L’envie de gagner est forte mais mon dégoût en voyant le smoothie arriver l’est tout autant. Aucun de nous n’arrive à boire plus d’une gorgée du smoothie. Le forain s’approche de nous. « Bon les garçons, c’est le cinquième et le dernier, vous êtes à 1 partout. Si vous n’arrivez pas à vous départager sur celui qui arrive, ce sera une mort subite ! Bon appétit ! » L’assiette est dévoilée, de la cervelle avec du cassoulet pimenté. Je grimace, je vais vraiment vomir je crois. Mais j’ai la rage de gagner et finalement je suis le premier à finir cette assiette, triomphant. « DANS TA FACE LE BASKETTEUR ! » J’esquisse quelques pas de danse. « C’est quiii le meilleur ? C’est quiiiii le meilleur ? »

 «  miss me ? »    pete mulligan & mason bradford

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Mason Bradford n’est pas du genre à écouter les autres se plaindre sur leurs vies, encore moins se plaindre lui-même, la vie est faite ainsi, son monde n’est pas tout blanc ou tout noir, même si parfois, il aimerait qu’elle le soit. Il n’est pas du genre à faire des courbettes, pas même pour un type de son envergure, quelqu’un qui lui ressemble bien plus qu’il ne l’accepterait. Sans aucun doute que Pete est quelqu’un comme lui, qui se prend avec tant de légèreté, dont rien ne peut totalement ébranler, cherchant souvent à heurter les autres. Sans se soucier des conséquences de ses actes, tant qu’elles font œuvre de satisfaction pour ses deux êtres indifférents. Dont la vie n’a pas épargné, et qu’elle n’épargnera jamais, comme si le dicton, œil pour œil, dent pour dent fonctionne avec eux, mieux que quiconque. Des souffrances, c’est pas ce qui les freine, ils sont donc pas du genre à regretter, revenir en arrière, s’excuser. Vivant comme bon leur semble, regrettant à peine leur choix et ce mal autour d’eux, dont il n’épargne personne. « Si tu crois que je vais perdre tu rêves ! » Le regard bien décidé de son ‘ami’ ou de cette connaissance déjà bien ancrée dans cette victoire le fait sourire, pourtant il est pareil Mason. Jamais, il ne lâchera. Jamais, il n’avouera pouvoir perdre, que c’est une option, il refuse. Et quand l’assiette débarque, il ne s’attend pas à voir ce genre de plat, il n’a jamais mangé de la cervelle, il savait même pas comment c’était fait ce truc. Une mine dégoûtée, finalement il parvient à manger une ou deux bouchés, mais il a envie de vomir rien qu’à l’approchant de sa bouche. Il ne relève pas son regard sur l’assiette de l’architecte. Mais quand il se met à hurler dans ses oreilles, il relève ses yeux perdus, ne comprenant pas, que c’est terminé, qu’il a fini son assiette alors que Mason a déjà bien du mal à entamer sa troisième bouchée ! « DANS TA FACE LE BASKETTEUR ! » Il plisse les yeux, regardant d’un air suspect son acolyte. Il avait envie d'envoyer son assiette en l'air ! « Ouvre la bouche ! J’suis sûr que tu caches quelque chose sur le côté !! » Et il montre de son doigt la joue comme si Pete avait pas encore tout avaler. « C’est quiii le meilleur ? C’est quiiiii le meilleur ? » Il se relève, danse de quelques pas. Mason l’a vraiment mauvais ! « J’me casse ! » Mauvais joueur ! « Mais on se refera ça ! » Qu’il avoue en se levant, alors que Pete le suit, un sourire en coin. Il compte bien le remettre au défi ! Il était peut-être l’heure de rentrer vu l’heure, plus grand monde n’était encore présent dans les allées. Et Mason se dirigea en direction du grand portail pour sortir de là !

C’était sans doute la pire façon de finir la soirée. Manger des plats tous plus horribles les uns que les autres. La vue de ces insectes grillés ou de cette mygale me dégoutte au plus au point et j’insulte mentalement l’homme à côté de moi de tous les noms de m’avoir embarqué dans un truc pareil. Mais il est hors de question que je perde, parce qu’apparemment on a décidé de faire du début de cette amitié une compétition.

On se cherche toujours un peu plus loin, on insulte l’autre quand il perd, on rage quand on ne gagne pas. Tout me semble plus simple ce soir, loin des soucis de la vie. On en aura appris un peu plus sur l’autre lui et moi, passant de simples connaissances à des personnes se connaissant un peu mieux. Peut-être que je le reverrais ? Peut-être que le fruit nous hasard nous amènera de nouveau sur le chemin de l’autre.

Il va être temps de partir. J’ai gagné et l’autre est bien décidé à partir d’ici. « Jme casse ! » « Mauvais joueur ! » Je me marre en me levant à mon tour. « Mais on se refera ça ! » « Avec plaisir ! » je lance avec un sourire. C’est comme ça qu’on finit par se séparer à la sortie de la fête foraine. Cette fois réellement, il va falloir que je rentre chez moi, que je prenne la direction de cette villa. Dès l’instant où Mason disparait de mon champ de vision, je me sens un peu seul. Je soupire, allumant une cigarette, de nouveau plongé dans mes pensées. La soirée aura été sympathique, m’aura permis pendant quelques heures de penser à autre chose. Peut-être que je reverrais le basketteur. Peut-être pas. Je tire sur ma cigarette avant d’appeler un uber pour rentrer.