« C’est pas vrai ! ». Deux gamins irrécupérables, je crois qu’on le sera toujours. A se chamailleur pour tout et n’importe quoi.  

L’ascension commence, la machine démarrant lentement. Arrivé au sommet je commence sérieusement à regretter d’être monté dans ce manège. Le train s’élance à vive allure, je serre désespère la main de Mia dans la mienne. « AIEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEE »  Elle crie mais clairement j’entends bien que c’est pas de la douleur mais bien de la peur et ça me fait rire tout en riant les yeux fermés.  Le manège commence à ralentir parce qu’on est dans une montée.  Mia rouvre les yeux. « Pourquoi je t’ai suivi ? » « Parce que j’ai toujours des idées géniales voyons ! » Je ris de plus belle, malgré la peur. « Avec la poisse que t’as fait gaffe le truc pourrait se décrocher ! Et pooouuf Mia en crêpe ! »  

On arrive de nouveau en haut et cette fois je me tais, le manège s’élançant à toute vitesse et malgré tout je dis d’une voix un peu tremblante que ce n’est pas si horrible que ça. » « Tu plaisantes ? JE VEUX DESCENDRE !!! » Je pouffe de rire mais je fais moins le malin quand on prend de la vitesse. C’est l’endroit des photos, j’ai l’impression qu’elle va me vomir dessus et j’hurle en cherchant à m’éloigner le plus d’elle « AH NON MIA T’AS PAS INTEEEEEEEREEEEEEEEET ! » Heureusement pour nous c’est la fin du manège, et je respire un peu mieux une fois qu’on est de nouveau sur la terre ferme, je la regarde d’un air à moitié amusé et à moitié  outré. « J’ai vraiment cru que t’allais me vomir dessus ! Je t’en aurais voulu jusqu’à la fin des temps ! » On se dirige vers l’endroit des photos et j’éclate de rire en voyant nos têtes. « Je sais pas qui est le pire de nous deux ! On la prend ? » Elle qui fait semblant de vomir, moi qui me débat comme un chat enragé. On fait une fine équipe !  « Bon allez maintenant un verre ! »

Je regrette d’avoir écouté Pete, de l’avoir suivi dans le grand huit dès le début, alors que je déteste ça depuis toujours. A vouloir faire la forte, voilà pourquoi je l’ai suivi « Parce que j’ai toujours des idées géniales voyons ! ». Pff tu parles, des idées pourries oui ! Mais je ne réponds pas parce que j’ai peur « Avec la poisse que t’as fait gaffe le truc pourrait se décrocher ! Et pooouuuf Mia en crêpe ! ». Bien que je sois à moitié tétanisée, je lui en mets une derrière la tête. Parce que ce n’est absolument pas le truc à me dire, parce que c’est exactement ce à quoi je pense et qui me fait donc flippée dans ces manèges.

Le deuxième looping nous effraie autant l’un que l’autre, j’ai juste envie de descendre de ce manège de malheur et quand je le dis à voix haute, évidemment le Mulligan se marre. Je le fusille du regard mais pas longtemps car nous revoilà parti. En plus, on approche de l’endroit où la photo est prise, et je fais mine d’avoir envie de lui vomir dessus « AH NON MIA T’AS PAS INTEEEEEEREEEET ! ». Je me marre mais en vrai c’est limite tellement nous sommes secoués. Le manège se stoppe enfin et je sors précipitamment « PLUS JAMAIS !!! » alors que je suis contente de retrouver la terre ferme. « J’ai vraiment cru que t’allais me vomir dessus ! Je t’en aurais voulu jusqu’à la fin des temps ! ». « Oh ça va fais pas ta chochotte là ! T’es le premier à te vomir dessus en plus. Te rappelle cette fois avec nos pères à la fête foraine justement ? ». Je rigole de bon cœur alors que nous nous dirigeons vers le stand de photos «  Mais j’ai hâte de voir ta tronche parce que t’étais vraiment flipper ». Pete éclate de rire en voyant nos têtes « Je sais pas qui est le pire de nous deux ! On la prend ? ». « Oh oui ta tête est mythique ! ». Je me marre aussi alors que nous réglons la photo. « Bon allez maintenant un verre ! » « T’a déjà besoin d’un remontant parce que tu as été plus flippé que moi avoue ? » Je le taquine alors que clairement je n’en menais pas large.

On arrive à hauteur d’un stand qui vend autant de la nourriture que des boissons « Bon je suppose que cette fois on va tourner à la bière ». L’autre fois c’était le vin chaud qui avait eu raison de nous.

« PLUS JAMAIS !! » "Chochotte !" J’ai du mal à ne pas rire devant son ton catégorique, ayant du mal à retrouver ma respiration, l’adrénaline parcourant encore mes veines. J’ai quand même bien cru qu’elle allait me vomir dessus. « Oh ça va fais pas ta chochotte là ! T’es le premier à te vomir dessus en plus. Te rappelle cette fois avec nos pères à la fête foraine justement ? » Je ris parce que je me souviens parfaitement. « On aurait dû sans doute la manège s’appelait la pieuvre infernale ! » On avait été secoués dans tous les sens sauf que j’avais mangé une gaufre énorme juste avant. On ne pouvait pas dire que ça nous avait franchement réussi. Ou du mois que ça m’avait réussi comme j’étais le seul à m’être vomi dessus. On se dirige vers le stand de photos. « Mais j’ai hâte de voir ta tronche parce que t’étais vraiment flippé». « Attend de voir la tienne pour parler ! » Je réponds du tac au tac avant d’éclater de rire en voyant les photos, nos têtes sont juste hilarantes autant pour l’une que pour l’autre. « Oh oui ta tête est mythique ! » On achète les photos et on se dirige vers la sortie avant que je ne lui propose le premier verre de la soirée. Certainement pas le dernier.

« T’as déjà besoin d’un remontant parce que tu as été plus flippé que moi avoue ? » Je roule des yeux. « Pff, on y croit, t’aurais vu ta tête on aurait dit que t’allais mourir ! » Je ris, lui donnant un coup d’épaule. On arrive devant le stand de boisson. « Bon je suppose que cette fois on va tourner à la bière » « Ouaiiis ! Viens je prends un cornet de fritte ça te dit ? » C’est pas comme si je lui demandais son avis, je paie deux bières et un cornet de fritte et on se pose un instant sur les tables installées dans un coin. « Alors c’était comment ton noël avec Adam ? Non mais avoue c’est ton mec en fait ? »

« Chochotte ». Je ne relève même pas, tentant de retrouver mes esprits tellement nous avons été secoués dans le manège. Une fois que je parviens à aligner deux mots, c’est pour rappeler un vieux souvenir à Pete « On aurait dû sans douter le manège s’appelait la pieuvre infernale ». Je ris alors, me remémorant de la scène comme si c’était hier. Pete avait toujours la même tête de crétin, juste en plus petit, quoi que les centimètres de plus ont les cherche encore aujourd’hui. On se dirige alors vers le stand pour découvrir notre photo. Je me doute déjà de la tête de Pete, vu comment il était flippé quand j’ai feint de vomir « Attend de voir la tienne pour parler ! ». Je sais d’avance qu’il a raison parce que même si j’ai fait semblant, je n’étais pas si bien que ça et autant, quelque chose aurait pu ressortir de mon estomac. On achète alors les photos et Pete propose alors d’aller boire notre premier verre. Visiblement, il a besoin de ça pour se remettre de ses émotions « Pff, on y croit, t’aurais vu ta tête on aurait dit que t’allais mourir ! ». « Mais » je dis alors qu’il me donne un coup d’épaule et que j’essaye d’esquiver « J’aime pas ces manèges et tu le sais en plus ! ». Combien de fois enfants nous en avions fait et je finissais toujours par en ressortir toute pâle ? Ou encore à l’âge adulte, parce que clairement, cette tradition d’aller à la fête foraine ne nous a jamais quitté, où je le suivais mais toujours à reculons et qu’il s’en amusait ? Mais bon, lui non plus au final n’en menait pas large.

Nous nous consolons alors avec un premier verre, ou plutôt une première bière car nous n’avons que ce choix là « Ouaiiis ! Viens je prends un cornet de frite ça te dit ? » « Tu me pose réellement la question ? Je suis choquée que tu me connaisses aussi mal Mulligan ». Je souris alors qu’il passe commande. D’ailleurs, tout en se dirigeant vers une table, je lui pique la barquette. On s’installe, j’ouvre ma cannette de bière et en bois une gorgée « Alors c’était comment ton noël avec Adam ? Non mais avoue c’est ton mec en fait ? ».  Je manque de m’étouffer, reposant fortement la cannette sur la table « Qu’est-ce que tu racontes ? N’importe quoi ! ». Evidemment, il n’y a rien entre Adam et moi mais je ne peux pas non plus oublier qu’il y a eu plus entre nous à un moment donné. Mais ça, il n’est pas supposé le savoir et il est hors de question que je lui en parle. Surtout que j’en ai parlé à personne. J’essaye de me ressaisir et de prendre un air un peu plus décontracté « Adam mon mec non mais sérieux ! ». Je fais mine de rire avant de poursuivre « Mais on a passé un très bon moment avec les jumeaux. C’était chouette ».

« J’aime pas ces manèges et tu le sais en plus ! » Je pouffe de rire, parce qu’évidemment que je le sais et c’est ça qui le rend encore plus drôle.  Ca n’avait pas changé à l’âge adulte elle était toujours aussi terrifiée des manèges à sensation. Sa tête à chaque fois restait ancrée dans mon esprit et je prenais un malin plaisir à l’entraîner de nouveau dans mes aventures stupides. C’était comme ça depuis qu’on était gamins et ça n’avait aucune raison de changer.

On se dirige vers un stand où sont servies boissons et nourriture. Je suis bien décidé à ce qu’elle rejoigne mon taux d’alcoolémie mais j’ai aussi très faim alors je propose de commander une frite.  « Tu me pose réellement la question ? Je suis choquée que tu me connaisses aussi mal Mulligan ». Si on s’entendait aussi bien c’était sûrement aussi grâce à la nourriture. On aimait tous les deux manger et ça nous avait réuni dans bien des aventures.  Elle me pique la barquette des mains dès qu’elle est commandée et ça me fait rire.  On s’installe à une table et je bois une gorgée de bière, piquant une frite pour me remettre de mes émotions du manège. Je lui demande comment c’est passé son Noel avec Adam après tout je n’avais pas eu le temps de lui poser la question à Noel. Je ne sais pas pourquoi je lui balance que Adam est sûrement son mec, j’ai toujours été suspect de leur amitié. Un peu trop proches pour être que des amis. « Qu’est ce que tu racontes ?  N’importe quoi ! » Elle manque de s’étouffer et ça me fait rire. « Je te trouve bien virulente pour quelqu’un qui n’est pas en couple avec lui ! »  Je croque dans une fritte malicieux. « Adam mon mec non mais sérieux ! Mais on a passé un très bon moment avec les jumeaux. C’était chouette » Je me marre  lançant avant de boire une gorgée de bière « Je suis sûr que tu l’as déjà pécho ! Il est trop beau c’est pas possible autrement, t’aurais pas pu résister ! » Je provoque. « Et Noel chez les Mulligan,  une note sur dix sur trip advisor ça donne quoi ? » Je m’allume une cigarette pour m’occuper les mains.

Nous voilà déjà avec notre première bière de la soirée. Je dis première parce que je sais très bien qu’il y en aura d’autres, à croire que notre rituel désormais lorsqu’on se voyait se résumer à boire de l’alcool et s’empiffrer. On commence avec une barquette de frites que je ne peux attendre de savourer, avant même que nous soyons assis à une table. Pete lance la conversation et j’avoue que j’aurai préféré qu’il garde la bouche fermée. Parce qu’en effet, il vient à m’interroger sur mon réveillon de Noël que j’ai passé avec Adam. Rien de bien méchant aux premiers abords, c’est même bienveillant. Sauf quand il commence à insinuer qu’il y a plus entre Adam et moi. Là, je manque de m’étouffer en buvant et je me demande bien pourquoi il sort ça « Je te trouve bien virulente pour quelqu’un qui n’est pas en couple avec lui ! ».A ça, je préfère rouler des yeux parce que je sens qu’une autre réaction finirait par me trahir. A la place, je préfère faire semblant de rire et dire que son idée est complètement hallucinante  « Je suis sûr que tu l’as déjà pécho ! Il est trop beau c’est pas possible autrement, t’aurais pas pu résister ! ». S’il savait. S’il savait qu’Adam et moi avions en effet dérapé en septembre dernier. Mais pas pour les bonnes raisons, du moins de mon côté. Ce qui m’avait amené à écourter cette relation. Et en aucun cas je n’avais envie de m’épancher dessus.  « Je ne saute pas sur tous mes amis MOI ! ». Je fais évidemment référence à Jill qu’il a embrassé quelques semaines plus tôt ou Molly qui est soit disant qu’une amie désormais mais avec qui il espère plus. Mon sourire est alors amusé, plutôt fier même. « Et Noël chez les Mulligan, une note sur dix pour trip advisor ça donne quoi ? ». Je bois une gorgée de bière et enfile une frite dans ma bouche « Uhm. Je dirai 9. J’enlève un point parce qu’il y avait une de ces plaies ce jour-là. Un mec dénommé Peter Mulligan ». J’affiche un faux sourire, me foutant clairement de lui. Je retrouve un peu de sérieux « Non c’était parfait, 10. La bouffe, tes parents, Tessa, Molly, Link aussi. Et puis je le reconnais toi parce que j’ai vraiment passé un beau Noël». Et c’était sincère parce que sans sa proposition, je l’aurai passé seule. Donc je le remercie sans vraiment le dire, mais il le sait très bien.

« Et toi, à quel point tu as aimé ton réveillon avec Molly ? ». Je prends une frite de plus avant d’ajouter « Et le bal au fait ? Je vous ai vu, elle était magnifique. Tu faisais pingouin à côté d’elle mais bon vous êtes mignons quand même ».

 « Je ne saute pas sur tous mes amis MOI ! »  Mes yeux se lèvent vers le ciel dans une prière silencieuse de ne pas l’étrangler.  Je n’avais pas sauté sur tous mes amis. Pour moi Molly n’entrait pas dans la case d’amie étant passée uniquement par la carte copine. Il n’y avait que Jill. Bon et peut être Knox mais je n’étais pas non plus assez proche de lui pour que notre amitié un peu améliorée devienne un problème. Nos parties de jambes en l’air étant bien plus une conséquence de nos soirées arrosées qu’autre chose. Je lui fais un doigt d’honneur pour seule réponse, mangeant furieusement une frite.

« Uhm. Je dirai 9. J’enlève un point parce qu’il y avait une de ces plaies ce jour-là. Un mec dénommé Peter Mulligan ». Je suis outré et je le montre bien, malgré le sourire qui s’insinue sur mon visage.  « Non c’était parfait, 10. La bouffe, tes parents, Tessa, Molly, Link aussi. Et puis je le reconnais toi parce que j’ai vraiment passé un beau Noël».  « J’aime mieux çaaaaa ! » Je lance moqueur mais finis par afficher un sourire sincère. « On était content de t’avoir va ! T’étais moins relou que d’habitude ! » Je me moque en lui piquant la frite qu’elle allait prendre dans la barquette, buvant une gorgée de bière. « Et toi, à quel point tu as aimé ton réveillon avec Molly ? » Je laisse lentement la fumée sortir de mes poumons après avoir allumé ma cigarette, haussant les épaules. « On l’a pas fait finalement.. C’était peut être mieux après le bal.. Et le vingt cinq au moins c'était plus facile avec tout le monde présent. » Non j’avais passé mon vingt-quatre à picoler. Je ne dis rien un peu honteux.  « Et le bal au fait ? Je vous ai vu, elle était magnifique. Tu faisais pingouin à côté d’elle mais bon vous êtes mignons quand même ».  Deux émotions différentes me traversent. J’hoche d’abord la tête un sourire rêveur parce qu’elle était si belle dans sa robe rouge. Pus je me souviens de comment ça c’est terminé et je détourne le regard la fuyant, devinant parfaitement ce qu’elle va me dire. « On s’est pris la tête à la fin de la soirée…J’avais bu un peu trop de champagne…J’ai peut-être essayé de l’embrasser. » Je grimace ne mentionnant pas à quel point j’avais été odieux.

« J’aime mieux çaaaaaa ! » Evidemment, je le complimente, chose qui n’arrive pas souvent. C’était sincère car c’est vrai que j’ai passé un beau Noël grâce à lui, parce qu’immédiatement, en voyant que je risquais de passer les fêtes seule, il m’a proposé de me joindre à lui et sa famille. « On était content de t’avoir va ! T’étais moins relou que d’habitude ! ». Je lève les yeux au ciel, alors qu’il me pique en plus la frite que je m’apprêtais à manger, ce qui me fait le fusiller du regard. Ca me fait plaisir en tout cas de l’entendre dire ça, même s’il en va de son petit commentaire juste pour m’emmerder.

« On l’a pas fait finalement… C’était peut-être mieux après le bal… Et le vingt cinq au moins c’était plus facile avec tout le monde présent ». J’arque un sourcil car je comprends qu’il y a anguille sous roche, quelque chose qu’il ne me dit pas. « Dans ce cas tu as fait quoi si tu ne l’as pas passé avec Molly ? ». Mais finalement, ce qui m’intéresse peut-être le plus c’est pourquoi cela a été plus facile avec tout le monde autour d’eux. Alors j’évoque le bal qui visiblement, ne s’est pas si bien déroulé que ça « On s’est pris la tête à la fin de la soirée… J’avais bu un peu trop de champagne… j’ai peut-être essayé de l’embrasser ». Je m’apprêtais à nouveau à mettre une frite dans ma bouche mais ma main ne l’atteint même pas, redescendant mollement en fixant Pete, bouche bée « T’es pas croyable toi je te jure ! ». Je le fixe quelques secondes en silence « Tu penses pas que tu devrais sérieusement arrêter de boire autant ? Non en fait, faudrait que tu arrêtes de jouer au con tout court. Et LE pire c’est qu’elle est quand même venue pour Noël. Elle t’a pardonnée de l’avoir fait je parie ? ». J’adore Molly, c’est une éternelle gentille mais un peu trop gentille surtout avec Pete qui ne fait que lui en faire voir de toutes les couleurs. Il sait très bien ce que j’en pense, pour moi, il ne la mérite pas. Pas tant qu’il ne sera pas prêt à changer complètement. Et encore, si elle veut de lui. Car concrètement, même pour son bien à elle, je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée qu’un jour, ils renouent… Je bois une gorgée de ma bière « Bon, en tout cas, on a au moins ça en commun pour le bal. Bienvenue au club des personnes dont le bal a mal fini. Même Newman en fait partie ». Je lève ma bière comme pour trinquer puis finit par la reposer délicatement sur la table.

« Dans ce cas tu as fait quoi si tu ne l’as pas passé avec Molly ? » Je fuis son regard. « J’ai pas fait grand-chose. J’suis resté chez moi. » J’hausse les épaules. Je n’allais pas lui dire que j’avais passé la soirée à boire. « J’ai regardé un film ! » Je dis avec un enthousiaste plus d’apparence qu’autre chose. J’avais effectivement mis un film sauf que je n’avais pas vraiment le souvenir d’avoir vu les trois quarts. Je finis par lui expliquer ce qui s’est passé au bal. J’aurais pas dû lui dire, parce qu’elle me regarde bouche bée. « T’es pas croyable toi je te jure ! » Je grimace face à son silence « Tu penses pas que tu devrais sérieusement arrêter de boire autant ? Non en fait, faudrait que tu arrêtes de jouer au con tout court. Et LE pire c’est qu’elle est quand même venue pour Noël. Elle t’a pardonnée de l’avoir fait je parie ? » Je fume ma cigarette, elle m’a coupé l’appétit. Je ne sais pas si elle m’a pardonnée. Je pense surtout qu’elle a simplement accepté, choisissant d’avancer, mais le souvenir restera. « Je sais pas si elle m’a pardonnée… Mais oui je me suis excusé et… j’ai dit que j’allais arrêter mes conneries. » Je souffle, ne pouvant m’empêcher de me demander si cette fois ci j’allais vraiment la tenir cette promesse. Je n’ai pas réagi au fait qu’elle m’a conseillé d’arrêter de boire, je préfère ignorer cette remarque, comme j’en ai ignoré tant d’autre, persuadé que le problème n’est pas si grave que ça.

« Bon, en tout cas, on a au moins ça en commun pour le bal. Bienvenue au club des personnes dont le bal a mal fini. Même Newman en fait partie ». Je lève mon verre un instant comme pour trinquer mais ma bière se stoppe en pleine lancée et je la fixe curieux et suspicieux. « Il lui est arrivé quoi à Newman ? Mais attend, toi aussi ton bal a mal fini ? T’y allais pas pour le boulot ? »

« J’ai pas fait grand-chose. J’suis resté chez moi. J’ai regardé un film ! ». J’arque un sourcil alors « La tristesse. Pourquoi tu ne m’as pas appelé ? Tu serais venue avec moi chez Adam. Il aurait tellement eu pitié de toi, il aurait accepté ». En vrai, je le prends avec humour, en étant un peu vache avec lui mais je ne suis pas vraiment enchanté d’apprendre qu’il a passé le réveillon de Noël seul, chez lui. Ca me fait même de la peine. Enfin, c’est de courte durée surtout quand il m’explique pourquoi finalement il ne l’a pas passé avec Molly comme prévu. Il ne cessera jamais ses conneries avec elle. Il ne cessera surtout jamais de profiter de sa trop grande gentillesse. Parce que je suis persuadée qu’elle l’a pardonné ou, du moins, qu’elle l’a excusé pour son comportement, qu’il m’est évidemment sur  le dos de l’alcool « Je sais pas si elle m’a pardonnée… mais oui je me suis excusé et… j’ai dit que j’allais arrêter mes conneries » « Pfff, tu parles » Je lance alors en prenant la barquette de frite puisqu’il est trop occupé à s’empoissonner avec sa cigarette. Je tourne doucement la tête de droite à gauche comme un peu désespéré par ce qu’il me dit, continuant à manger les frites.

« Il lui est arrivé quoi à Newman ? Mais attend, toi aussi ton bal a mal fini ? T’y allais pas pour le boulot ? ». Sa curiosité me fait sourire « Il semblerait qu’il ait un peu effrayé la nana avec qui il y a été, en lui disant sincèrement ce qu’il voulait avec elle ». J’hausse les épaules, je me passe de lui dire que j’ai aussi une éventuelle part de responsabilité dans tout ça. Je soupire cependant, mais pour répondre à sa deuxième question « Si… » je fais, baissant le regard comme une gamine qui venait de se faire attraper en train de faire une bêtise « Mais j’y ai croisé Alec… ». J’attrape ma cannette, j’en bois une bonne gorgée « Et j’ai fini ma soirée avec lui… ma nuit aussi. Et sur le matin j’ai fui ».

« La tristesse. Pourquoi tu ne m’as pas appelé ? Tu serais venue avec moi chez Adam. Il aurait tellement eu pitié de toi, il aurait accepté ». Je ris un peu gêné parce que je n’aurais sans doute pas accepté l’invitation, préférant passer la soirée seul face à ma bouteille et ça en aurait dit long alors sur mon état. « T’inquièèètes, je voulais pas t’embêter ! J’ai passé un bonne soirée. » Je mens et je remercie les cieux de ne pas être comme Pinocchio où mon nez serait toujours allongé. Je m’étais senti seul, terriblement seul et pourtant incapable d’appeler qui que ce soit pour en parler, prisonnier d’une spirale qui ne faisait que débuter.

On parle de Molly et je grimace, bien trop conscient de tous les torts et de ma dernière connerie en date. « Pff tu parles. » Elle ne me croit pas quand je lui dis que je vais arrêter mes conneries et je commence à me rendre compte que pour ça il faudrait peut-être que j’arrête réellement de boire car c’est finalement là que ma volonté me lâche, que mes tentatives pour ne la blesser se soldent en échec cuisant.

Je tire longuement sur ma cigarette. « Je sais Mia… » Je ne dis rien d’autre que ça,  ne la regardant pas, parce qu’il n’y a rien d’autre à dire à vrai dire. « Faut que je change. » J’hausse les épaules et on sait tous les deux que je ne sais même pas si je suis prêt à ça.

Apparemment je ne suis pas le seul à avoir passé une soirée qui s’est mal terminée. « Il semblerait qu’il ait un peu effrayé la nana avec qui il y a été, en lui disant sincèrement ce qu’il voulait avec elle ». Je me marre, ça c’est bien un problème de Newman, trop de sentiments toujours.   Mais je suis plus curieux concernant la fin de sa soirée à elle. « Si… Mais j’y ai croisé Alec… et j’ai fini ma soirée avec lui… ma nuit aussi. Et sur le matin j’ai fui. » A ça j’éclate de rire. « Et ça me fait la morale non mais je rêve !  Je vois que je ne suis pas le seul à craquer et à faire des conneries ! T’as passé une bonne nuit j’espère ? » Je me moque, un large sourire narquois sur le visage.

« T’inquièèèètes je voulais pas t’embêter ! J’ai passé une bonne soirée ». Je reste perplexe, surtout quand il me raconte le programme qu’il a eu. Je me dis qu’il doit prétendre encore, comme toujours, et que même en insistant, je n’obtiendrai rien de sa part. Alors, je n’ajoute rien, me contentant de grimacer pour laisser sous-entendre que je suis moyennement convaincue.

On en vient donc à parler de Molly, parce qu’évidemment il a fallu qu’il est un coup de trop dans le nez pour tenter de l’embrasser. Il s’est visiblement excusé auprès d’elle et surtout lui a dit qu’il arrêterait ses conneries. A ça, je ne peux que réagir, là non plus, pas convaincue à ce qu’il le fasse vraiment « Je sais Mia… ».Il me regarde pas, fuyant comme toujours « Faut que je change ». Ca, il en est conscient mais il ne semble pas prêt à franchir le pas. On en a déjà discuté la dernière fois qu’on s’est vu, il sait ce que j’en pense. Un certain regard compatissant apparait malgré tout sur mon visage, peut-être un peu inquiet aussi parce que je sens une certaine lassitude dans sa voix.

Il se moque quand je lui raconte la fin pas plus glorieuse d’Adam le soir du bal. Et de la mienne, n’en parlons pas « Et ça me fait la morale non mais je rêve ! Je vois que je ne suis pas le seul à craquer et à faire des conneries ! T’as passé une bonne nuit j’espère ? ». Mon pied part contre son tibia parce qu’il se moque et pour sa dernière question « Il ne m’a pas rejeté, MOI » je lance avec un sourire narquois « Mais ouais t’a raison c’était une connerie aussi. Parce que ça fait encore plus mal ». J’hausse les épaules, terminant ma cannette plus vite que lui. Un sourire amusé apparait cependant sur mon visage alors que je regarde le fond de ma cannette « Et pour ta gouverne, ouais j’ai passé une très bonne nuit ». Je ris doucement en levant les yeux au ciel. « Bon, on fait quoi après ? Je veux pas de manège à sensation encore ».

On parle de Molly et je sais bien qu’il va falloir que je change. Mia a toujours eu le don de souligner mes quatre vérités, de me les envoyer à la figure sans pincette et c’est sans doute pour ça que j’apprécie autant notre amitié, qui malgré les provocations est sans doute une des plus sincères que j’ai. Elle n’appuie pas un peu plus là où ça fait mal, ne souhaitant pas enfoncer le couteau dans la plaie et pour ça je la remercie. Je n’ai pas besoin de me souvenir à quel fois j’ai tout foiré encore une fois.

Elle me raconte que je ne suis pas le seul pour qui la soirée aura pris une tournure désagréable. Elle m’explique finalement qu’elle a passé la soirée avec son cuisinier et je ne peux m’empêcher de me moquer, elle n’était vraiment pas bien placée pour me faire la morale.

« Il ne m’a pas rejeté, MOI » « PFFFFF. » Mon majeur se lève, ça ne sera ni la première ni la dernière fois de la soirée et je la fusille du regard pour lui faire comprendre mes sentiments fort peu sympathiques vis-à-vis de cette affirmation. « Mais ouais t’as raison c’était une connerie aussi. Parce que ça fait encore plus mal ». A ca mon sourire disparait un peu. « Sa situation a toujours pas changé ? Je veux dire si vous vous retrouvez constamment c’est bien pour une raison non ? » J’aimerais lui donner un peu d’espoir, mais je ne connais au final rien de leur relation.

« Et pour ta gouverne, ouais j’ai passé une très bonne nuit ». Je pouffe de rire, finissant ma bière à mon tour. « Bon, on fait quoi après ? Je veux pas de manège à sensation encore ». Je réfléchis, regardant autour de nous et là mon sourire s’agrandit. Je pointe du doigt le palais des glaces en face de nous. « Un labyrinthe de miroirs ça te dit ? C’est vrai que je voudrais pas que ton petit cœur lache, après tout t’es un peu fragile, ça me parait pas mal ! Tu me vomiras pas dessus au moins ! »

C’est à mon tour de parler de mon bal de Noël, celui qui aurait pu finalement être le début d’une relation, le début de quelque chose qui aurait pu être plus sincère. Pourtant, ce quelque chose s’est arrêté aussi subitement qu’il a commencé, ne laissant aucune chance à ce que cette relation aille plus loin. Non, ce n’est pas Alec qui m’a rejeté cette fois, ce n’est pas lui qui a fui. C’est moi. Prenant peur quand la réalité vous revient en pleine face et que vous vous dites que vous ne pourrez jamais accepté qui il est.

« PFFFFFF ». Quand je raconte tout ça à Pete, évidemment, j’essaye de dédramatiser, lui signifiant d’ailleurs que, contrairement à lui avec Molly, Alec ne m’a pas rejeté. Son doigt d’honneur me fait prendre un air outré alors que je me marre de plus belle. Je redeviens plus sérieuse, reconnaissant que c’était une erreur. « Sa situation a toujours pas changé ? Je veux dire si vous vous retrouvez constamment c’est bien pour une raison non ? ». Mon regard se pose dans celui de Pete, peut-être un peu perturbé par ce qu’il vient de dire « Et bien, là c’était clairement le fruit du hasard. Mais c’est vrai qu’à chaque fois, on finit par s’accorder un temps de répit… Même si on sait que ce ne sera qu’éphémère… Comme à chaque fois » Je souffle alors « Et non, sa situation n’a pas changé et je sais qu’il n’en changera pas… ». Parce que je ne vois pas comment je pourrais accepter qu’il puisse faire partie de ce Club, dont il est le bras droit, comment je peux envisager un futur avec quelqu’un qui mène une vie dans l’illégalité totale. Evidemment, je ne peux pas partager tout ça avec Pete. Parce qu’au fond, j’aimerai pourtant avoir un avis extérieur. Mais je ne pouvais rien dire.

« Un labyrinthe de miroirs ça te dit ? C’est vrai que je voudrais pas que ton petit cœur lâche, après tout t’es un peu fragile, ça me parait pas mal ! Tu me vomiras pas dessus au moins ! ». Je le fusille du regard, même ma bouche grimace pour montrer ma contrariété face à ses paroles. « J’espère que tu vas te prendre un miroir en pleine face, tu vas voir qui est le plus fragile dans l’histoire ». Je me lève, déterminée, finit la dernière frite de la barquette, ne lui laissant aucune chance de l’attraper et le tire par le bras pour nous diriger vers le palais des glaces.

« Et bien, là c’était clairement le fruit du hasard. Mais c’est vrai qu’à chaque fois, on finit par s’accorder un temps de répit… Même si on sait que ce ne sera qu’éphémère… Comme à chaque fois » A la façon dont elle m’en parle, je devine que ce Alec est important.  Il sera bien plus difficile à oublier que les autres parce qu’elle comme lui sont peut-être déjà trop attachés. « Et non, sa situation n’a pas changé et je sais qu’il n’en changera pas… » Je ne pose pas plus de questions sur sa situation, j’ai le sentiment qu’elle n’en dira pas plus, elle est réservée par rapport à cet homme, comme si elle gardait au fond ses secrets. « Comme à chaque fois…J’ai comme le sentiment que tu vas le revoir moi. » Je lance en haussant un sourcil, faisant tourner ma cigarette entre mes doigts. Cela fait des mois à présent que leur relation semble durer.

On finit nos bières, elle plus vite que moi à mon grand embarras. Il va être temps de trouver notre prochaine attraction. Mia ne veut plus de manèges à sensations à ça me fait rire.  Je manque de lui dire qu’elle est vraiment une poule mouillée mais je me retiens, mon regard tombant sur l’attraction non loin de là où nous sommes.  Le palais des miroirs.   Mia ne semble pas heureuse de ma remarque et mon sourire s’élargit, moqueur. « J’espère que tu vas te prendre un miroir en pleine face, tu vas voir qui est le plus fragile dans l’histoire ».  « Déjà voir ta tête dans la vraie vie c’est dur à supporter mais alors dans une glace mon dieu ! » Je me marre alors qu’elle prend la dernière frite dans la barquette. « VOLEUSE ! » je gronde tout en me laissant entraîner vers le palais des glaces, écrasant ma cigarette terminée.  On achète des tickets.  Évidemment dès l’entrée ça se complique.  Il faut passer sur des plaques tournantes pour arriver à l’intérieur. « Honneur aux dames ! »  

Win : Mia manque de se ramasser et je passe sans encombre.

So close : On est en galère dès le départ tous les deux. « Je regrette déjà mon idée. En plus je vais voir ta tête partout après. »

Fail : Mia passe avec succès, je manque de tomber à la dernière et je me rattrape sur elle « oups. »